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Je me réveillai presque douze heures après m'être allongée à côté d'Edward qui dormait encore. C'était la première nuit que nous passions ensemble sans qu'il ne prenne toute la place ou ne vole les couvertures, ce qui était un progrès. C'était aussi la première nuit que nous passions ensemble sans faire l'amour mais je n'étais pas aussi enthousiaste à ce sujet.
Je déplaçai délicatement son bras et sortis du lit, laissant mes yeux s'attarder sur lui pendant une minute ou deux avant de m'habiller aussi discrètement que possible et de me diriger vers la porte.
"D'un peu plus je me réveillais une deuxième fois sans toi." Je me retournai et il me sourit d'un air endormi, les yeux à peine ouverts. "Où vas-tu ?"
"M'habiller," lui dis-je.
"Tu n'as pas l'air d'être nue," dit-il et je ris.
"Ce sont les vêtements que je portais hier." Je montrai ma jupe froissée et ajoutai : "Le reste de mes affaires est dans ma chambre."
"Ramène-les ici." Il se redressa et se passa une main dans les cheveux. "Je veux toujours que tu restes ici avec moi."
Je soupirai et retournai m'asseoir sur le lit avec lui. "Je pense qu'il faut se rappeler que c'est une question de travail, Edward. Je sais que je n'aurais pas d, mais je pense que je m'attendais à ce que tu sois toi-même avec moi et tu..."
"J'ai été un vrai trou du cul, je sais." Il sourit tristement et me tendit la main. "Je suis vraiment désolé."
"J'allais dire que tu étais M. Cullen, mais trou du cul me convient," dis-je avant de lui faire un clin d'œil, ce qui sembla le rendre plus heureux. "Ecoute, pourquoi on ne serait pas M. Cullen et Mlle Swan tant qu'on est ici ?" suggérai-je, mais il fit la grimace. "Je suis sérieuse, Edward. Quand tu en auras fini avec Laurent et Jenks, nous pourrons redevenir Bella et Edward."
"Nous étions censés passer du bon temps en étant simplement nous-mêmes pendant que nous étions ici," me dit-il en prenant ma main dans la sienne. "J'ai tout gâché hier, je sais, mais nous avons aujourd'hui pour nous seuls - nous ne reverrons Laurent que demain matin."
"Qu'est-ce que tu suggères ?" demandai-je timidement et il prit le temps de réfléchir.
Finalement, il leva le doigt et sourit. "J'ai une idée. Je dois m'occuper de certaines choses, tu devrais aller te préparer."
"Euh... d'accord." Je fronçai les sourcils, ce qui le fit rire bruyamment. "Je m'habille pour quoi ?"
"Si je te le disais, ce ne serait plus une surprise, n'est-ce pas ?" Il me poussa vers la porte et me dit de le retrouver à l'extérieur de l'hôtel dans quatre-vingt-dix minutes.
"Est-ce que j'ai droit à un petit indice ?" demandai-je, en faisant la moue et il se pencha en avant pour embrasser le bout de mon nez.
"Tu es vraiment un connard," grommelai-je et il rit. "Je serai dehors dans quatre-vingt-dix minutes, essaie de ne pas être en retard cette fois-ci."
Il riait encore lorsqu'il ferma la porte.
A l'aide ! J'ai une urgence vestimentaire. Je sors pour la journée mais Edward ne veut pas me dire où. B x
Je savais qu'il était ridiculement tôt, mais j'espérais que les mots "urgence vestimentaire" inciteraient Amber à réagir immédiatement.
Alors, c'est encore Edward ? Qu'est-il arrivé à Tête de bite Cullen ?
Je souris à moi-même. Je l'appelle peut-être Edward, mais j'ai toujours l'intention de le faire travailler pour ça. B x
As-tu couché avec lui ? Tu as couché avec lui, n'est-ce pas ? A x
Non ! Enfin si... J'ai dormi dans le même lit que lui... mais pas de sexe. B x
Maintiens l'embargo sur le sexe et fais-le vraiment payer. Bon, revenons à l'urgence de ta tenue. Qu'est-ce que tu as en tête ? A x
Je n'ai aucune idée de l'endroit où il m'emmène. Et si je m'habille bien et qu'on part en randonnée ? Mais si je m'habille pour faire de la randonnée et qu'il m'emmène dans un endroit sympa ? B x
Au lieu d'un message, mon téléphone se mit à sonner et je répondis en souriant. "Salut toi."
"S'il te connaît un tant soit peu, il ne t'emmènera pas faire de la randonnée, Bella," dit Amber en riant. "Parle-moi de ta garde-robe."
"Hum..." J'étais de retour dans la chambre, alors j'allai voir les vêtements suspendus dans le placard. "A part les vêtements de travail, j'ai trois jolies robes pour les soirées. J'ai deux jeans et... Ah oui, j'avais oublié ça." Je sortis une robe et souris. "J'ai cette robe Matthew Williamson avec moi, j'attends depuis longtemps de la porter."
"Celle qui est fleurie ? Oh, j'adore ça et ça marcherait, à moins qu'il..."
"M'emmène en randonnée ?" terminai-je.
"Dis-lui simplement que la seule randonnée qui t'intéresse implique une utilisation considérable de sa carte de crédit et un voyage à Los Angeles pour faire le tour des magasins."
"Ça, c'est mon genre de randonnée !" m'esclaffai-je. "Je crois que j'ai apporté ces chaussures compensées Lanvin, elles seront parfaites."
"Tu vois, mon style et mon bon goût se transmettent par téléphone et t'inspirent," dit Amber d'un air suffisant. "Pas de sexe, tu te souviens ?"
"Pas de sexe," dis-je, déterminée.
"Pas de frotti-frotta, de fellation ou d'attouchement avec les doigts non plus. Vous pouvez vous embrasser mais ne le fais pas et laisse-le te supplier. Fais-lui comprendre qu'un comportement de trou du cul n'est pas acceptable et qu'il sera sévèrement puni." Elle bâilla.
"Retourne dormir et je t'appellerai plus tard, d'accord ?" lui dis-je et elle fit un bruit pour me répondre.
"Je t'aime," dit-elle, puis silence sur la ligne.
Je jetai mon téléphone sur le lit et commençai à me préparer. Quatre-vingt-dix minutes, c'était trop long et après avoir pris beaucoup plus de temps que nécessaire pour me coiffer et me maquiller, je pensai à la nuit dernière et à ce que j'avais dit à Edward.
Je t'aime.
A quoi pensais-je ? Au moins, si je l'avais dit dans mon sommeil, je n'aurais eu aucun contrôle mais le fait d'être assise là, bien réveillée, ne me donnait aucune raison plausible de nier. Je secouai la tête et allumai la télévision, parcourant toutes les chaînes et ne trouvant rien à regarder. Je vis que la météo annonçait une autre journée chaude et lumineuse, ce qui rendit mon choix de tenue approprié - je me demandais juste si les prévisions personnelles d'Edward étaient également chaudes et lumineuses ou si les siennes incluaient la possibilité de nuages sombres et de tempêtes orageuses ?
Bien que je sois prête à temps, je réussis quand même à avoir cinq minutes de retard pour retrouver Edward. En passant la porte, je le vis adossé à une vieille voiture de sport argentée, il se redressa et sourit en me voyant.
"Au moins, tu as attendu ici sous un beau soleil, j'ai dû t'attendre dans le froid hier," lui rappelai-je.
"Tu aimes la voiture ?" demanda-t-il avec enthousiasme. "C'est une Aston Martin DB5, la voiture ultime de James Bond.
"Aston Martin te paie pour que tu parles d'eux à chaque occasion ou dois-je commencer à cacher les pots d'échappement des voitures que nous croisons dans la rue ?" le taquinai-je en m'approchant lentement de lui.
"J'allais dire qu'avec cette voiture, tout est possible, mais pas quand tu es là. Tu es magnifique," murmura-t-il en pressant une fois ses lèvres contre les miennes.
Edward portait un pull blanc en coton à manches longues, un pantalon cargo beige et des baskets, ce qui était incroyablement sexy mais aussi incroyablement décontracté. Je regardai ma robe et mes chaussures et je me suis sentie très mal habillée.
"Où allons-nous ?" demandai-je nerveusement en tripotant mon sac à main. "Je devrais peut-être aller me changer ?"
"Absolument pas," dit-il en m'embrassant à nouveau. "Tu es parfaite telle que tu es."
"Tu vas me dire ce qu'on va faire ?" lui demandai-je et il rit. "J'ai eu beaucoup de mal à décider ce que je devais porter. Je ne suis toujours pas convaincue d'avoir fait le bon choix."
"J'ai faim." Il attrapa ma main, la porta à sa bouche et l'embrassa. "J'ai un panier de petit-déjeuner dans le coffre, alors on va d'abord aller dans un endroit pittoresque pour le manger."
"Et après ?" insistai-je alors qu'il ouvrait la portière pour moi.
"Et puis, on va faire du tourisme et pour l'instant, c'est tout ce que tu auras comme information." Il sourit et referma la portière.
Un endroit pittoresque s'avéra être l'aire de pique-nique d'East Beach avec une vue incroyable sur Alcatraz et le Golden Gate Bridge - c'était certainement le plus beau petit-déjeuner que j'aie jamais pris. Edward déposa la nourriture, composée de croissants, de fruits et de jus d'orange fraîchement pressé, sur un banc de pique-nique surplombant la baie.
"Croissant ?" me proposa-t-il et je hochai la tête. "Jus d'orange ?"
"Merci," répondis-je poliment.
Comme nous n'avions pas dîné la veille, nous avions tous les deux un appétit féroce et il ne restait que quelques miettes et un trognon de pomme. Après avoir terminé, je demandai : "Que voit-on exactement ?"
"Là." Il me montra l'île d'Alcatraz et m'a dit : "J'ai toujours voulu y aller."
"Alors, pour notre journée ensemble, tu m'emmènes en prison ?" Je ne m'attendais pas à cela et je n'étais absolument pas habillée pour cela. "Je ne veux pas passer pour la fille la plus capricieuse qui soit mais tu as vu mes chaussures ? Elles ne sont pas exactement conçues pour une randonnée sur le Rocher."
"Je t'achèterai de nouvelles chaussures," dit-il, puis il plaqua sa main sur ma bouche quand j'essayai d'argumenter. "Chut, Bella. Ce sera amusant."
Je retirai sa main et tirai la langue. "Ce sera quelque chose... amusant n'est pas le mot que j'aurais choisi personnellement."
"Fais-moi confiance." Il rassembla nos affaires et me tendit la main. "Venez, Mlle Swan. Passons un peu de temps ensemble en taule."
Je le laissai me tirer jusqu'à la voiture, en traînant volontairement les pieds, ce qui le fit rire. Alors qu'il mettait le panier dans le coffre, son téléphone se mit à sonner. Je jetai un coup d'œil à l'affichage et je compris que la journée à Alcatraz n'aurait pas lieu aujourd'hui.
"Bonjour, Jenks," dit froidement Edward en appuyant sur le bouton du haut-parleur. "Je ne m'attendais pas à avoir de vos nouvelles aujourd'hui. Je pensais que M. Marchand voulait nous rencontrer demain matin."
"Changement de programme. Mon client est prêt à parler maintenant et il veut vous raconter son histoire," dit Jenks avec suffisance. "J'ai essayé de vous joindre à l'hôtel."
"Je profite d'un petit-déjeuner à l'extérieur," lui a-t-il dit. "Quand M. Marchand veut-il nous rencontrer ?"
"Il veut que vous veniez chez lui pour parler sans oreilles indiscrètes." Jenks rit. "Il a invité votre assistante, peut-elle être là ?"
"Je ne comprends pas pourquoi il a besoin d'elle." Edward avait l'air sur la défensive et j'attendais qu'il recommence à redevenir Cullen.
"Je crois qu'il a été assez décontenancé par la façon dont vous l'avez congédiée hier," dit Jenks, l'air désintéressé. "Il a un côté sensible que je ne comprends pas tout à fait."
"Mlle Swan sera avec nous," dit-il en s'excusant auprès de moi.
"Alors nous sommes impatients de vous voir."
Jenks raccrocha et Edward soupira. "Tant pis pour Alcatraz."
"Nous pourrons aller en prison une autre fois." Je souris et me levai pour lui embrasser la joue. "Pour l'instant, M. Cullen, vous devez vous occuper d'un client très important."
Je proposai de retourner dans ma chambre pour me changer mais Edward refusa, insistant pour que j'aille à la réunion telle que j'étais. Dès que nous arrivâmes à l'hôtel, Edward fit venir Emmett dans sa suite et ils discutèrent du plan d'action pour le déjeuner avec Laurent.
Edward voulait rester en retrait et écouter ce que Laurent avait à dire avant de lui faire une quelconque proposition. Ensuite, lorsqu'Edward aurait décidé s'il était toujours aussi désireux de conclure l'affaire, il proposerait l'un des deux contrats. Le premier était l'offre de départ, qu'ils s'attendaient à voir Jenks refuser ; le second était le contrat sérieux, celui qu'Emmett pensait qu'il lui serait impossible de refuser.
J'avais encore des doutes sur cette histoire - un livre révélateur sur un homme puissant qui trompe sa femme, ce n'était pas de la littérature pour moi, c'était juste de la presse à scandale et j'étais surprise qu'Edward veuille ce contrat autant qu'il le voulait. Je ne dis rien parce que ce n'était pas mon travail de m'impliquer dans tout ça mais le concept ne me plaisait pas du tout.
Laurent envoya une voiture pour nous chercher et nousroulâmes jusqu'à une maison très impressionnante à la périphérie de la ville. Laurent nous attendait à l'extérieur, tout sourire. "Comment un collaborateur du gouverneur Charles peut-il s'offrir une telle maison ?" chuchotai-je à Edward. "Un collaborateur au chômage, devrais-je ajouter."
"Jenks doit probablement payer la note," me dit Edward, mais il se pencha vers Emmett et ajouta : "Quand nous en aurons fini ici, nous devrons trouver à qui cela appartient."
La voiture s'arrêta et Laurent vint directement à ma portière pour m'aider à sortir de la voiture. "Mlle Swan, je suis ravi que vous soyez venue. Puis-je vous faire visiter les lieux ?"
"Laurent, je crois qu'il faut qu'on se mette au travail," dit sèchement Jenks.
"Nous avons tout le temps pour cela," lui dit Laurent en le congédiant et en reportant son attention sur moi. "Vous êtes magnifique dans cette robe."
"Merci." Je jetai un coup d'œil à Edward qui essayait de rester impassible, mais je connaissais ce regard et je pouvais voir qu'il était très énervé sous la surface. "Peut-être pourriez-vous me faire visiter les lieux plus tard, M. Marchand."
Laurent regarda Edward et sourit. "Plus tard alors, mais j'insiste pour que nous partagions un verre ensemble. Ce serait un tel gâchis pour vous de rentrer chez vous sans avoir eu l'occasion de mieux vous connaître."
Edward se racla la gorge et dit : "Y a-t-il un endroit où nous pouvons parler ?"
"Suivez-moi," dit Jenks en nous faisant entrer dans une salle à manger avec une grande table au centre et un bar dans le coin. Il me regarda et inclina la tête vers le bar. "Mlle Swan, vous pouvez peut-être nous servir à boire ?"
Je ne voulais pas réagir devant un client aussi important pour Edward, alors au lieu de lui dire de bouger son gros cul et de se servir lui-même un verre, j'acquiesçai. "Bien sûr."
"Assieds-toi, Bella", dit Edward doucement en me tendant une chaise. "Jenks, Mlle Swan n'est pas serveuse, et elle ne travaille pas pour vous. Je suis sûr que vous pouvez vous servir tout seul, moi je sais que je peux le faire."
Jenks eut l'air fâché mais il laissa tomber et nous nous assîmes tous à la table. Laurent commença à parler presque immédiatement, "Venons-en au fait, voulez-vous," suggéra-t-il et Edward accepta. "Comme vous le savez, j'ai été l'assistant du gouverneur Michael Charles pendant plusieurs années."
"Comment en êtes-vous arrivé à ce poste ?" demanda Emmett.
"Est-ce que cela a de l'importance ?" demanda Laurent et Emmett acquiesça. "Très bien. J'étais un ami de la famille et je n'avais pas de travail. J'ai d'abord été employé comme chauffeur de M. Charles et, au fil des ans, je suis devenu un confident et un ami proche."
"C'est pourquoi les clauses de confidentialité ne posent aucun problème. Jenks sourit d'un air suffisant. "Michael Charles ne l'a pas jugé nécessaire."
"Cela semble très étrange pour cette famille, compte tenu de son passé," dit Edward, dubitatif. "Ils auraient sûrement insisté ?"
"Je ne pense pas que ses parents savaient qu'il était si détendu avec son personnel. De plus, le gouverneur Charles aime faire les choses à sa façon et sa façon implique la confiance. Il m'a fait confiance," dit Laurent et je secouai la tête avec dégoût. Il le remarqua et me demanda : "Ça vous déplaît ?"
Tout le monde me fixa et je pensai à dire non mais je décidai de dire la vérité. "Oui, ça me déplaît. Vous étiez censé être son ami et pourtant vous vous apprêtez à nous vendre cette histoire ou à celui qui vous fera la meilleure offre. Je ne pense pas qu'un véritable ami puisse faire ça."
"Je dis toujours qu'il faut se méfier du numéro un," dit Jenks en riant. "Michael Charles est celui qui fait des choses sournoises et trompeuses, Mlle Swan. Mon client refuse simplement de le couvrir plus longtemps."
Edward me regarda et secoua discrètement la tête. "Veuillez continuer, Monsieur Marchand."
"A l'extérieur, Michael Charles mène une vie parfaite. Il est beau, bien éduqué, a une belle femme et une carrière prometteuse en politique. Intérieurement, il est très différent. Je pense que la pression d'être issu d'une famille aussi importante l'a poussé vers une vie qu'il n'a jamais vraiment voulue." Laurent marqua une pause et soupira. "Lorsque j'étais encore son chauffeur, il me parlait comme si nous étions dans un confessionnal. C'est au cours d'une de ces conversations qu'il m'a révélé que son mariage n'était qu'une façade."
"En quoi ?" demanda Edward avec prudence.
"Excusez ma franchise mais Michael préférait les couilles aux seins." Laurent sourit et Emmett laissa échapper un long sifflement. "Compte tenu de sa notoriété, il devait être extrêmement discret mais au fil des ans, je connaissais plusieurs hommes qui partageaient une relation étroite avec lui. J'avais l'habitude de le conduire et de le ramener d'un appartement qu'il louait uniquement pour ces rencontres."
"Quelqu'un de sa famille était-il au courant ?" demanda Edward, en écrivant des notes sur son bloc-notes.
"Il m'a dit qu'il avait approché sa mère et son père des années auparavant pour leur dire ce qu'il ressentait mais ils ont refusé de le croire. Ils sont très doués pour manipuler les gens et ils ont convaincu Michael que c'était une phase et ont fait comme si rien ne s'était passé. Il a essayé de mettre ses sentiments de côté, a cédé à leurs pressions et à leurs menaces et a fini par épouser Mallory à l'âge de vingt-sept ans. Il voulait que les choses marchent avec elle, mais ça ne marche jamais tout à fait comme ça, n'est-ce pas ?" Laurent sourit avec dépit et je me penchai en avant, impatiente d'en savoir plus.
C'était peut-être une bonne idée de livre après tout.
"Avec tout le respect que je vous dois…" commença Edward, "... c'est peut-être une bonne histoire potentielle, mais le conduire à des rendez-vous avec ses amants secrets n'est pas suffisant. Nous avons besoin de beaucoup plus pour justifier l'impression de cette histoire."
"Oh, il y a plus," dit Jenks en souriant. "Mais nous devons commencer à parler de chiffres."
"Pas encore," dit Laurent, ignorant les protestations de Jenks. "Je sais comment ça marche, M. Cullen. Vous écoutez ce que j'ai à dire, vous me faites une offre timide pour que lorsque vous sortez la vraie du sac, j'accepte sans hésiter. Corrigez-moi si je me trompe ?"
Edward ne dit rien mais je pouvais voir le sourire ironique sur son visage.
"Je serai franc et je vous donnerai toute l'histoire, afin que vous puissiez à votre tour faire votre meilleure offre. Il n'y a pas de jeu. J'espère que nous parviendrons à un accord et que je pourrai me mettre au travail. Je n'ai aucun intérêt à courtiser une centaine d'autres éditeurs mais je le ferai si votre offre ne me satisfait pas." Laurent attendit qu'Edward acquiesce.
"Cela nous convient." Edward acquiesça une fois, puis dit à Jenks, amusé : "Je crois qu'il n'a pas du tout besoin de vous."
"Vous faites une erreur en jouant cartes sur table maintenant. Il faut que vous retenir," répondit Jenks en grognant, puis il essuya son front moite avec son mouchoir.
"Je n'ai pas le temps de jouer, Monsieur Jenks," lui dit Laurent d'un ton sévère. "Si vous n'aimez pas ma façon de procéder, n'hésitez pas à partir. Je suis sûr qu'il y a beaucoup d'agents qui sont prêts à travailler avec moi."
Jenks ne répondit pas et Laurent prit cela comme un signe qu'il n'irait nulle part. "Où en étais-je ? Ah oui, M. Cullen, vous vouliez des détails croustillants."
J'étais doublement intriguée, même Emmett avait commencé à se pencher en avant sur la table pour écouter avidement. Edward était le seul à garder son calme et sa nonchalance, s'asseyant sur sa chaise avec l'expression la plus impassible que j'aie jamais vue.
"Comme je l'ai dit, au fil des ans, il y a eu plus d'un homme dans sa vie et après la fin d'une de ces relations, Michael était désemparé. Nous sommes restés assis dans la voiture devant chez lui pendant près de trois heures à parler et, pour la première fois de ma vie, j'ai découvert que j'étais attiré par un autre homme. Je ne sais pas encore aujourd'hui si c'était le tabou de m'impliquer avec quelqu'un d'interdit, la vulnérabilité que je voyais chez un homme perçu comme si fort et puissant, ou si c'était simplement de l'attirance, mais après ce moment, mon monde entier a changé." Laurent me chuchota : "Jusqu'à présent, c'était toujours des femmes."
"Hum... oh... d'accord," dis-je, ne sachant pas trop comment je devais réagir à cette déclaration.
"M. Marchand, s'il vous plaît." Edward lui fait signe de continuer.
Laurent acquiesça et poursuivit : "Michael l'a senti aussi et au cours des semaines qui ont suivi, notre relation a évolué vers quelque chose de plus. Nous avons passé le plus de temps possible ensemble et il m'a même promu assistant pour que nous puissions passer le faire. Personne ne s'est douté de rien - pourquoi le feraient-ils ? Même sa femme n'en a toujours pas la moindre idée."
Un silence s'installa autour de la table et pendant quelques minutes, personne ne parla. Emmett était manifestement choqué par la tournure que prenait la conversation mais Edward notait question sur question.
"Combien de temps tout cela a-t-il duré ?" demanda-t-il.
"Presque un an," nous dit Laurent, puis il baissa les yeux sur la table. "Tout s'est arrêté quand j'ai eu envie de plus. Je ne voulais plus qu'un rendez-vous secret ou des moments volés dans des hôtels. Je lui ai dit que ce n'était pas assez, qu'il fallait que je sois celui avec qui il partageait sa vie."
"Il y a mis fin ?"
"Je ne lui ai pas laissé le choix. J'ai dit que soit il me choisissait, soit je m'en allais. Je ne pouvais plus vivre comme ça, j'étais tombé amoureux de lui et je le lui ai dit." Laurent avait l'air visiblement bouleversé et ça toucha un point sensible... c'était presque comme s'il décrivait la relation que j'avais avec Edward, même si c'était à une échelle beaucoup plus petite.
"Et la preuve ?" Edward continua et Laurent prit un moment pour se calmer.
"J'ai des mails de son compte privé, des messages vocaux, et même des images de nous que j'ai prises avec mon téléphone... des images osées." Laurent brandit son téléphone et nous montra l'une des photos qui montrait un gouverneur très nu.
"Osé en effet," dit Emmett.
"Je pense que c'est plus que suffisant pour l'instant," dit Jenks en se frottant les mains. "Maintenant, parlons chiffres et ne venez pas avec une offre secondaire stupide, Cullen. Vous et moi savons tous les deux que c'est une histoire que vous voulez."
Edward acquiesça et tambourina ses doigts sur le bureau. "Une histoire controversée."
"La controverse fait vendre." Jenks haussa les épaules et je secouai la tête avec dégoût.
"Nous pensions…" commença Edward, mais Laurent l'interrompit et me regarda.
"J'aimerais entendre ce que Mlle Swan a à dire." Il sourit. "J'avais une bonne raison d'insister pour que vous veniez ici. Je voulais entendre l'opinion de quelqu'un qui n'avait aucun intérêt dans cette histoire - aucune motivation financière pour la voir publiée."
"Laurent, qui se soucie de ce que…" s'emporta Jenks mais Laurent l'écarta rapidement.
"S'il vous plaît, Mlle Swan," dit-il encore.
"Je pense que vous ne l'avez jamais vraiment aimé," dis-je sans ambages et Laurent sembla pris au dépourvu.
"Oh ? Qu'est-ce qui vous a donné cette idée ? Je l'ai beaucoup aimé, je l'aime encore."
"Comment pouvez-vous dire que vous l'avez aimé alors que vous vendez votre histoire au plus offrant ? Une histoire qui va ruiner sa vie... même si sa vie est fabriquée. Le fait de lui causer de la peine vous causerait sûrement de la peine ?" Je vis Edward me regarder et son expression était comme de la pierre. "Vous saviez avec qui vous vous engagiez, M. Marchand. Vous saviez qu'il menait une double vie sans avoir l'intention d'assumer publiquement sa sexualité et pourtant vous le punissez pour cela maintenant. Parfois, il faut être prêt à prendre du recul, à soutenir les gens et à leur laisser le temps de briller. Si vous ressentez vraiment de l'amour pour lui, vous comprendriez que vous ne pouvez pas le détruire quand vous n'obtiendrez pas la fin heureuse typique. Faire passer les autres en premier et les accepter tels qu'ils sont, c'est ça l'amour, pas vendre son âme à quiconque vous offre un dollar."
J'avais l'impression que ma tirade était plutôt un défoulement sur ma propre relation foireuse avec l'homme assis à quelques mètres de moi. Emmett avait l'air amusé, Jenks furieux, et l'expression d'Edward n'avait pas changé.
"Je vois," dit Laurent en me regardant attentivement.
"Maintenant qu'ils ont toute l'histoire, peut-être que vous et Mlle Swan pouvez faire le tour de la maison maintenant, Laurent ?" Jenks donnait des instructions à son client, qui avait l'air troublé. "Nous pouvons nous occuper des détails."
"C'est d'accord ?" me demanda Laurent et j'acquiesçai.
Edward ne regarda pas dans ma direction et je me demandai si le vomissement émotionnel l'avait offensé d'une manière ou d'une autre. Je suivis Laurent hors de la pièce et j'attendis qu'il me fasse visiter les lieux, mais il nous emmena dans le jardin et nous nous assîmes à une petite table.
"Cette maison a été payée par les parents de Michael," dit-il.
"Ils savaient pour vous ?" demandai-je, choquée.
Laurent sourit. "J'ai oublié quelque chose là-bas, quelque chose que je n'avais pas l'intention de partager avec qui que ce soit. Lorsque j'ai posé un ultimatum à Michael, il m'a choisi. Il allait quitter la politique, quitter sa femme et nous avons parlé d'ouvrir un bar ou un café aux Caraïbes".
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" demandai-je et il s'adossa à sa chaise.
"Il a commis l'erreur de faire part de ses intentions à ses parents. Le pouvoir qu'ils ont est vertigineux et une fois de plus, ils l'ont intimidé pour qu'il reste sur place et qu'il mette fin à sa relation avec moi. J'ai reçu un e-mail... cet e-mail." Il sortit son téléphone et me le montra.
Je ne peux pas faire ça. Je suis désolé. J'ai travaillé trop dur pendant trop longtemps pour tout gâcher maintenant. S'il te plaît, pardonne-moi.
"Ses parents sont arrivés avec les clés de cet endroit." Il regarda autour de lui puis se prit le visage dans les mains. "Ils voulaient que je signe une clause de confidentialité et quand j'ai refusé, ils ont dit qu'ils reprendraient les clés. Je leur ai dit que je ne voulais ni cette maison ni quoi que ce soit d'autre de leur part, mais Michael est intervenu une dernière fois. Il a insisté pour que je prenne la maison afin qu'il sache que j'étais en sécurité et il a déchiré le contrat. C'est la dernière fois que j'ai entendu parler de la famille Charles."
C'était triste, indéniablement triste, mais cela me dérangeait toujours qu'il ait l'intention de le vendre comme ça. "Je comprends que vous soyez bouleversé mais si vous faites ça, toutes les chances que vous aviez de le récupérer - aussi lointaines soient-elles - s'envolent."
"Je pense que cette chance a déjà disparu depuis longtemps."
"Ce sera définitif si vous nous vendez cette histoire." Je touchai son bras doucement. "Je ne vous en veux pas d'être en colère contre lui, mais vous saviez dans quoi vous vous engagiez, vous ne pouvez pas le punir pour cela."
"Je ne pense pas que votre patron sera content si vous me dissuadez de vendre mon histoire." Il rit une fois et je haussai les épaules.
"Il s'en remettra."
Nous restâmes assis au soleil pendant un moment et je l'écoutai me raconter toutes les choses romantiques qu'ils avaient partagées et les endroits où ils étaient allés - j'avais l'impression qu'il se dissuadait lui-même de vendre son histoire. Nous étions encore en train de bavarder quand Edward nous trouva.
"Je crois qu'il faut qu'on parle," dit-il et Laurent acquiesça.
Je me levai pour partir mais Edward secoua la tête. "Ce ne sera pas long."
"Où est Jenks ?" demanda Laurent.
"Emmett lui remplit la tête de chiffres bidons." Edward sourit et se pencha en avant sur la table. "Vous n'allez pas aller jusqu'au bout, n'est-ce pas ?"
"Quelqu'un m'a fait remarquer que les dégâts seront probablement irréparables si je le fais." Laurent me fit un clin d'œil et je grimaçai.
A ma grande surprise, Edward se mit à rire. "Elle est très douée pour vous faire comprendre ce que vous devez faire pour arranger les choses."
"Et maintenant ?" demanda Laurent.
"Nous disons à mes employeurs que vos preuves n'étaient pas étayées et qu'il était trop risqué de publier sans aucune preuve. Vous direz à Jenks que ses services ne sont plus nécessaires et nous serons là quand vous le ferez." Edward avait l'air étrangement heureux de la tournure drastique que prenaient les événements.
"C'est dommage, parce que cela aurait fait un très bon livre," soupirai-je. "S'il y avait une fin qui n'impliquait pas que le personnage principal soit un vrai vendu, bien sûr."
Les sourcils d'Edward se froncèrent, puis un air plus calculateur se dessina sur son visage. "C'est quelque chose dont nous pourrions parler."
"Je ne comprends pas," dit Laurent, perplexe. "De quoi pourrait-on parler ?"
"Peut-être qu'au lieu de Laurent et Michael... nous pourrions avoir John et Fred. Au lieu de gouverneur du Texas, on pourrait dire sénateur de Caroline du Nord ou de Floride."
"Une fiction au lieu d'une réalité ?" dis-je et Edward acquiesça. "Le chauffeur du sénateur - l'ultime romance interdite."
"Vous publieriez ça ?" demanda Laurent, sceptique.
"Nous devrions faire des changements pour nous assurer qu'aucun lien ne puisse être fait avec les Charles, bien sûr, et nous pourrions publier sous un autre nom pour que Michael ne soit pas du tout impliqué. Prenez le temps d'y réfléchir, mais si vous voulez en parler, appelez-moi". Edward fit glisser sa carte sur la table. "Je peux vous mettre en relation avec un bon agent si vous ne retenez pas Jenks."
Laurent avait l'air stupéfait, presque ému. "Je ne sais pas trop quoi dire. Merci."
"Souvenez-vous d'une fin différente, s'il vous plaît," dis-je en riant. "Peut-être qu'ils pourraient acheter un bar quelque part dans les Caraïbes et vivre heureux jusqu'à la fin de leurs jours."
"Peut-être qu'ils le feront," acquiesça-t-il.
"Nous allons nous mettre en route," dit Edward, puis il se leva pour serrer la main de Laurent.
"Combien de temps resterez-vous en ville ?" nous demanda-t-il.
"Maintenant que nos affaires sont terminées, nous devons retourner à Seattle." Edward me regarda et sourit tristement. "J'avais espéré passer quelques jours de plus ici."
"Eh bien, à chaque fois que vous reviendrez en ville, vous serez les bienvenus ici. J'ai beaucoup de place." Laurent s'approcha de moi et me serra dans ses bras. "Je suis désolé de ne pas avoir pu passer plus de temps avec vous, Mlle Swan."
"Bella, je vous en prie," lui dis-je.
"Michael est le seul homme avec qui j'ai eu une relation," me dit-il délibérément. "J'apprécie toujours une belle femme. Peut-être pourrions-nous aller dîner ce soir et passer un peu de temps ensemble ?"
"Hum... Je..."
"Elle a des projets pour ce soir," dit Edward avec détermination.
"Je vois," dit-il avec un sourire complice. "Juste pour préciser que si elle était à moi, je ne l'aurais pas virée du restaurant à la demande d'un homme en surpoids et en sueur."
"Non, vous auriez juste essayé de vendre l'histoire à une maison d'édition," rétorqua Edward et Laurent rit.
"Touché."
Nous retournâmes dans la salle à manger et Laurent annonça à Jenks qu'il avait changé d'avis et qu'il n'était plus intéressé par la vente de son histoire. Pendant un instant, je crus que Jenks allait fondre en larmes mais il devint d'un rouge malsain et a tapé du poing sur la table.
"Pourquoi changer d'avis ?" fulmina-t-il.
"Je voulais une fin heureuse," dit simplement Laurent.
"Comme tout le monde," ajouta Edward avec un sourire doux, juste pour moi.
Edward...
Je me demande si j'ai laissé mes couilles à Seattle ? Où qu'elles soient, je n'arrive pas à croire que j'ai laissé faire. Je n'ai rien fait pour empêcher Laurent de changer d'avis parce qu'au fond de moi j'étais d'accord avec Bella ou pour la rendre heureuse ? Je suis vraiment dans la merde. Sans couilles et foutu. Sans couilles, foutu, et sur le point de rentrer à la maison bien plus tôt que prévu. Putain.
