CHAPITRE 5 : Espoir et perspectives
Hermione ressortie de la pensine le cœur battant à tout rompre et la respiration haletante. Elle se serait sans doute effondrée si elle n'était pas retombée dans le fauteuil. Snape s'avança pour récupérer la pensine qui était toute proche de se renverser au sol. Il la déposa sur son bureau puis se tint debout devant la jeune femme, les bras croisés sur la poitrine, son regard verrouillé sur elle, dans l'attente de sa réaction.
— Eh bien, on dirait que Miss-je-sais-tout reste sans voix, s'exclama-t-il pour la sortir de sa torpeur.
Mais elle l'entendait à peine. Le tourbillon d'émotions qu'elle venait de vivre la laissait vidée de toutes ses forces. Ses mains étaient crispées sur les accoudoirs. Elle se rendit compte qu'elle avait pleuré car elle sentait les sillons humides sur ses joues. Cela avait été intense et son esprit avait du mal à retrouver le rythme du temps réel.
— Granger ! Vous allez bien ? s'inquiéta cette fois Snape face à son manque de réaction.
Il s'accroupit à sa hauteur et posa la main sur son front.
— Vous êtes glacée. C'est le contre-coup, vous venez à peine de vous rétablir, vous avez du mal à l'encaisser.
Il fit magiquement apparaître une couverture dont il lui entoura les épaules.
— C'est pour ça que je ne voulais pas vous brusquer, poursuivit-il, mais vous ne m'en avez pas laissé le choix.
Snape décrocha les doigts de la jeune femme qui demeuraient serrés sur les bras du fauteuil puis, prit ses mains entre les siennes. Hermione les trouva étonnamment chaudes.
Les pensées de la jeune femme se calmèrent instantanément suite à ce contact humain.
Ce qu'elle avait vu, ce qu'elle avait ressenti, c'était clair, limpide, ce ne pouvait être que la vérité. Elle n'avait plus rien à craindre de l'homme qui lui faisait face. Ne pas lui faire confiance serait accepter de ne plus avoir foi en rien et elle s'y refusait.
— Je me suis posée tant de questions à votre sujet, articula-t-elle faiblement. Et Harry... j'avais tant espéré qu'il survive encore une fois mais, le temps passant, j'ai cessé de croire, murmura-t-elle tant bien que mal alors qu'elle était parcourue de frissons.
— Je sais. Vous aviez abandonné tout espoir, j'aurais aimé pouvoir agir plus tôt, lâcha -t-il avec une pointe de frustration. En réalité, je cherche a entrer en contact avec vous depuis quelques temps déjà Miss Granger. Par chance, il se trouve qu'Avry faisait des achats pour moi auprès des gobelins quand les traqueurs ont attaqué. Il m'a avertit.
— Mais alors, dit Hermione qui reprenait peu à peu le dessus, il y a de cela six mois environ, lors d'une mission au nord de Aberdeen, je suis persuadée d'avoir sentie une présence, c'était vous n'est-ce pas ?
— Oui, je vous avais suivi, je comptais me dévoiler mais vous n'êtes pas restée seule longtemps.
— Nous évitons le plus possible d'être une cible facile pour nos ennemis.
— Sauf pour faire diversion face à l'un des pires chasseurs de primes d'Angleterre... ironisa-t-il.
— Sauf en cas d'extrême nécessité, oui. Mais, si vous n'étiez pas intervenu cette fois, vous n'auriez pas eu d'autres opportunités.
— J'en suis plus que conscient, croyez-moi.
Hermione rompit alors la quiétude qui s'était installée.
— Par Merlin, Ginny ! Elle doit savoir la vérité.
Elle tenta de se lever, sans succès. Ses côtes et sa jambe la faisaient souffrir.
— Pas si vite Granger, vous n'êtes pas en état.
Il avait raison, elle était vidée, toutes ces révélations et les émotions qui allaient avec l'avaient épuisée, tant mentalement que physiquement.
— Que faites-vous, protesta-t-elle vainement alors que Snape la soulevait dans ses bras.
— Vous avez besoin de repos et je n'ai pas envie de débattre de ce point avec vous alors j'agis.
Emportée, elle n'eut pas d'autre choix que de passer un bras autour de ses épaules et il la porta ainsi jusqu'à l'étage.
— Vous semblez gênée, se moqua-t-il. Ce n'est pourtant pas la première fois que je vous porte ainsi.
Les joues d'Hermione se colorèrent suite à cette remarque et elle fut heureuse qu'il détourne son regard du sien alors qu'il la déposait sur le lit.
— Avry ! appela-t-il.
— Oui maître ? Que puis-je pour vous ? fit l'elfe en apparaissant quasi instantanément.
— Apporte-nous de la tisane je te prie et du chocolat.
— Tout de suite maître.
D'un geste élégant Snape fit apparaître une fiole dans sa main.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Philtre calmant, je vais en verser quelques gouttes dans votre tasse, cela vous fera du bien.
— Merci.
— C'est l'avantage d'être un maître en potion.
— Non, ce n'est pas ce que je voulais dire... même si bien sûr je vous suis reconnaissante pour ça aussi.
Hermione se stoppa, prit une inspiration et le regarda franchement.
— Merci pour tout ce que vous avez fait. Pour avoir veillé sur Harry toutes ses années, pour être demeuré fidèle à Dumbledore, pour être intervenu quand il le fallait...
Le visage de son interlocuteur se crispa.
— Arrêtez-vous là Granger.
— Qui est gêné à présent ? le taquina-t-elle.
— Ce n'est pas de la gène, fit-il durement, il n'est pas nécessaire de me remercier, c'est tout.
— Je crois que si, au contraire. Je n'arrive toujours pas a y croire, vous avez été de notre côté tout ce temps ! Vous avez dû prendre tellement sur vous, vous retrouver seul dans des situations impossibles. Si j'avais su je...
— Vous n'étiez qu'une enfant et je n'ai fait que faire face aux conséquences de mes actes. Ne me plaignez pas, je n'en vaut pas la peine et surtout ne me voyez pas comme un héros car c'est très loin d'être ce que je suis.
— Je sais que vous avez votre part de responsabilité mais tout cela n'est pas uniquement votre faute. Vouer votre vie à Le combattre, à protéger Harry...
— Ne croyez pas me connaître juste après avoir vu certains de mes souvenirs Granger. Je suis un mangemort, j'ai fait des choses qui vous ferait frémir et il y a bien des moments où je ne me suis pas forcé à être désagréable avec vos amis ou avec vous.
— Sans doute mais, personne n'est tout blanc ou tout noir, poursuivit malgré tout la jeune femme, je le sais bien, j'ai moi même dû franchir certaines limites pour que nous puissions continuer à survivre et je sais que peu de sorcier aurait agit comme vous l'avez fait durant toutes ces années.
— Faut-il que je vous félicite d'avoir conscience que la vie n'est pas un long fleuve tranquille, Miss Granger ?
— Je ne réagirai pas à vos sarcasmes alors ne vous donnez pas cette peine. Ce que je voulais dire, c'est que nous ne vous avons pas rendu la tâche facile.
— Potter surtout. Je pouvais compter un peu sur vous pour faire preuve d'un minimum d'intelligence et retarder l'inévitable.
— Dire que j'ai mis le feu à votre cape en première année, que... j'ai volé dans votre réserve pour confectionner du polynectar et que...
— Cessez là cette énumération Granger, je suis au courant de vos méfaits et ils sont prescrits depuis longtemps, dit-il en se détournant l'air soudain très las.
— Que faites-vous ?
— Il est tard et vous êtes épuisée. La journée a été longue pour nous deux. Si vous le permettez, ironisa-t-il, je compte prendre une douche et vous laissez vous reposer.
— Non, attendez, le retint-elle. Il y a encore tellement de choses dont nous devons discuter, vous venez de me révéler l'envers du décor et vous me plantez là alors que je me doute que le plus important reste encore à faire. Vous avez un plan n'est-ce pas ? Nous allons sauver Harry et renverser Voldemort une bonne fois pour toute ?
— En effet, c'est ce que j'espère mais, ne vous en faites pas, nous aurons tout le temps pour parler stratégie dans les jours qui viennent, dit-il tout en se dirigeant vers la salle d'eau. Nous ne sommes pas encore arrivés au bout de nos peines, il va vous falloir être patiente. Après tout, que serait hier sans demain, Miss Granger ? acheva-t-il énigmatique avant de disparaître derrière la porte.
La jeune femme ne prit pas ombrage de cet abandon mais se rencogna plutôt dans ses oreillers sentant la fatigue prendre le dessus. Il était bon de pouvoir espérer à nouveau, une partie d'elle était euphorique face aux nouvelles perspectives qui s'ouvraient à présent et une autre plus pragmatique se doutait que rien n'était gagné d'avance. Quoiqu'il en soit le philtre calmant et les anti-douleurs eurent tôt fait de dissiper ses interrogations et de la faire glisser dans un sommeil apaisant.
Lorsque Severus Snape sorti de la salle de bain, Hermione était endormie. Il prit un instant pour la contempler, pour s'assurer qu'elle était bien là, qu'il avait réussi. Il était prévu qu'il la contacte plus tôt mais ses tentatives précédentes avaient été des échecs cuisants sans compter qu'il avait eu d'autres affaires délicates à gérer à cause du Lord.
Potter ne s'était pas trompé en lui désignant Granger, elle était forte.
A présent, il n'était plus seul et le moment était enfin venu pour lui de sortir de l'ombre. Il n'était pas un homme que le doute assaillait car il l'avait depuis longtemps comme compagnon. Néanmoins, ce soir, alors que se dessinait ce qui serait certainement son dernier combat, il espérait plus que jamais réussir à offrir à Potter et à ses amis l'opportunité de dissiper les ténèbres et de vivre une vie meilleure.
D'un geste qui le surprit lui-même, il rajusta la couverture au niveau des épaules d'Hermione. Il allait devoir la conduire sur un chemin dangereux mais, sans elle, il ne pourrait rien.
— Nox, murmura-t-il.
Il descendit et s'installa devant la cheminée avec un verre de whisky pur-feu. Il était temps de réviser son plan.
HG-SS
A peine Hermione se réveilla-t-elle que ses pensées furent submergées par les révélations de la veille. Fort heureusement, le cadre dans lequel elle se trouvait n'avait pas changé durant la nuit et confirma qu'elle n'avait pas rêvé tout cela. Elle était toujours dans le même lit, situé dans la même chambre aux murs couverts de livres mais son appréhension vis à vis de son hôte n'était plus du tout la même. Elle se tapota le visage comme pour s'assurer qu'elle était bien réveillée. Alors qu'elle s'apprêtait à se lever, l'elfe de la demeure fit son apparition dans un pop caractéristique.
— Bonjour Miss.
— Bonjour Avry.
— Le maitre a demandé à Avry de demander à Miss si elle était disposée à ce qu'il vienne changer ses bandages ?
— Oh... Oui, bien sûr. Dans une dizaine de minutes ?
— Très bien Miss, Avry va donc rapporter votre réponse au maître. Avry, souhaite également informer Miss, qu'un petit déjeuner l'attendra dans la salle à manger quand elle sera prête à descendre.
— Merci Avry.
La rouge et or tenta de se rendre la plus présentable possible, ce qui consista principalement à attacher ses cheveux indisciplinés en un rapide chignon et se passer un peu d'eau sur le visage.
Snape arriva quelques instants après qu'elle eut quitté la salle de bain. Il portait un simple pantalon noir et une chemise blanche. Hermione le trouva moins impressionnant sans sa redingote bleue nuit. N'était-ce qu'une question de vêtement ou bien lui trouvait-elle à présent un visage plus humain ?
— Bonjour Miss Granger.
— Bonjour Professeur, fit-elle hésitante sur le terme à employer alors qu'elle regagnait son lit.
Il déposa des bandages, une paire de ciseaux, des fioles de diverses couleurs et un petit pot gris sur la table de nuit.
— Nous allons être amené à travailler ensemble à présent et je souhaite que cela se fasse sur un pied d'égalité, dit-il en s'asseyant à son chevet. De plus, nous n'aurons pas de temps à perdre avec des appellations polies. Severus suffira.
— Et ce sera Hermione dans ce cas.
— Je pensais que vous auriez des tas de questions après les évènements d'hier, constata-t-il.
— Et je pensais que vous ne voudriez pas que je les pose de si bon matin, répondit la jeune femme.
— Tiens donc, ce serait bien la première fois que vous me feriez ce plaisir.
Elle ne pu s'empêcher de sourire face à cette remarque.
— Vous savez, je ne crois pas être celle qui a le plus besoin de réponses.
Elle pensait à Harry et il en avait conscience.
— De toute évidence, fit il avec un léger sourire en coin appréciant sa répartie. Si on regardait où en sont vos blessures ? Ressentez-vous encore beaucoup la douleur ?
— Tant que je ne fais pas de gestes trop brusques cela reste supportable.
— Vous permettez ? demanda-til s'apprêtant à toucher le bandage de sa cuisse.
La jeune femme acquiesça d'un signe de tête.
— La brûlure est propre, constata-t-il.
Il s'empara du petit pot gris.
— Voici un onguent. Mettez-en une bonne dose chaque jour avant de prendre votre douche cela empêchera l'eau de venir ramollir les chaires et améliorera la cicatrisation.
— D'accord.
Il commença à en appliquer une couche généreuse sur la cuisse d'Hermione qui se crispa.
— Je sais que ce n'est pas très agréable mais la sensation de froid devrait rapidement prendre le dessus.
— Ah oui, en effet, constata la jeune femme quasi au même moment.
Il s'essuya les mains dans une petite serviette blanche avant de reprendre la parole.
— A présent, si vous voulez bien vous allongez que je puisse examiner votre abdomen.
Elle s'exécuta.
Prévenant, il attendit qu'elle relève elle même son T-shirt. Ensuite, il défit le bandage qui entourait ses côtes et palpa son ventre et ses flans tout en observant ses réactions. Certaines zones étaient sensibles et Hermione serra les dents.
— L'hématome commence déjà à se résorber, c'est une bonne chose. Si vous voulez bien vous redressez un peu, demanda-til en remontant les oreillers.
Il glissa une main dans son dos et posa l'autre au niveau de son diaphragme.
— Bien, inspirez pleinement par le nez puis expirez fort par la bouche.
Hermione s'exécuta une première fois, puis une seconde. Ses expirations étaient saccadées.
— Encore difficile n'est-ce pas ?
— Oui.
— Cela ne sera plus le cas très longtemps.
Son touché était professionnel mais Hermione s'étonna de ne pas trouver ça désagréable, au contraire la chaleur émanant des mains de Severus sur sa peau nue était loin de la déranger ce qui, quand elle s'en rendit compte la fit se sentir gênée. Elle pria alors pour qu'il n'ait pas remarqué son trouble.
— D'où vous viennent toutes ces connaissances médicales ? l'interrogea-t-elle afin de penser à autre chose.
— Cela s'est vite avéré une question de survie pour moi. J'ai appris les bases et j'ai expérimenté de nombreux sortilèges et remèdes sur mes propres blessures au fil des années.
Ces mains cessèrent leur inspection au grand soulagement de la jeune femme. Severus se saisit alors de sa baguette pour lancer un sort diagnostic.
— Tout semble sur la bonne voie, fit-il quelques secondes plus tard, la douleur devrait s'estomper d'elle même d'ici peu, il faut simplement laisser le temps à vos cellules et à votre magie de reprendre le dessus, dit-il en rangeant sa baguette.
— Et quelles sont vos recommandations ?
— Il vaudrait mieux garder vos côtes bandées encore quelques jours puis il vous faudra pratiquer des étirements progressifs et réguliers. Dès que vous le pourrez, il serait bon pour vous de prendre l'air et de marcher. Il y a un sentier protégé derrière le cottage, il mène a une petite clairière, vous pourrez vous y rendre pour faire de l'exercice. Veillez également à bien vous hydrater tout au long de la journée.
— C'est noté.
Hermione remarqua que son regard avait accroché les mots ancrés sur la peau de son bras. Il les fixait intensément.
— Cette marque, c'est l'oeuvre de Lestrange n'est-ce pas ? questionna-t-il soudainement.
— J'imagine que son style est reconnaissable, répondit-elle.
— Je ne savais pas que vous vous étiez retrouvée entre ses mains, quand cela s'est-il passé ?
— C'était lors de notre chasse aux Horcruxes, nous venions de récupérer l'épée de Godrick Gryffondor, en passant, je dois dire que le coup du patronus c'était bien joué de votre part et je suppose que c'est également vous qui aviez initialement laissé Bellatrix s'emparer d'un faux ?
— 10 points pour Gryffondor ! clama-t-il faussement.
Hermione sourit. Severus attendait la suite.
— Je n'ai pas pour habitude d'en parler, soupira-t-elle.
— Je ne vous oblige à rien.
Il allait se lever mais Hermione le retint en posant la main sur son bras.
— Non, attendez.
Elle détourna le regard de ses deux prunelles onyx et débuta son récit.
— Nous nous étions fait prendre par des rafleurs, ils nous ont amené dans un vieux manoir, où résidaient les Malfoy je crois, pour toucher leur prime. Bellatrix était là. J'avais lancé un sort à Harry afin qu'il soit moins reconnaissable mais elle a vu l'épée que détenait l'un des rafleurs... Autant dire qu'ils sont tous devenus hystériques. Ils voulaient être sûr de bien comprendre et contrôler la situation avant d'appeler Voldemort.
— Oui, j'ai eu vent de cet épisode.
— Ensuite, le choix de Bellatrix s'est porté sur moi. Elle a tenté de me faire parler en me jetant le sortilège doloris et m'a laissé ce charmant souvenir indélébile.
— Je suis désolé que vous ayez dû subir cela.
— Vous n'y êtes pour rien, s'étonna Hermione.
— Peut-être mais, je sais de quoi Bellatrix est capable et, je sais trop bien ce que ces mots en particuliers infligent... Si vous le souhaitez, il me serait peut-être possible de les faire disparaître.
— Je croyais que c'était impossible, s'étonna la jeune femme.
— Je ne peux rien vous promettre mais si vous me laissez voir comment Lestrange s'y ait prise, il y a une chance que je trouve un moyen.
— J'apprécie votre offre mais, je ne sais pas, elle fait partie de moi aujourd'hui. Le plus ironique c'est que c'est au moment où elle me torturait que j'ai pu récupérer un de ses cheveux.
— Ce qui vous a permis de prendre son apparence pour pénétrer à Gringotts, de vous emparer de la coupe et de poursuivre votre quête.
— C'est étrange n'est-ce pas de voir comment les évènements se succèdent et s'enchaînent parfois alors qu'on a l'impression de ne rien maîtriser.
— A qui le dites-vous, fit-il ironique.
— Vous croyez au destin Severus ?
— La seule certitude que je possède, Hermione, c'est que certains de nos choix sont déterminants pour le meilleur ou pour le pire. A présent, je vous laisse vous préparer et prendre votre petit déjeuner, nous discuterons de ce qui nous attend ensuite.
HG-SS
Hermione avait dévoré son petit déjeuner composé de thé, d'œufs, de bacon et de toasts. Avry venait d'apparaître pour débarrasser.
— Merci Avry, ce petit déjeuner était parfait, c'est de loin le meilleur que j'ai prit depuis des années.
Le serviteur semblait très heureux du compliment fait par la jeune femme, le bout de ses oreilles pointues frémissait de plaisir.
— Où est ton maître ?
— Le maître est dans son bureau, il va vous rejoindre d'ici peu. Miss serait plus à l'aise au salon en attendant.
Hermione écouta ce conseil et se leva pour se diriger dans la pièce attenante. Elle parcourue a nouveau les livres et s'arrêta sur un exemplaire intitulé "Magie noire : blessures et traumatismes – niveau intermédiaire".
Hermione était plongée dans sa lecture lorsque Severus vint la rejoindre une bonne vingtaine de minutes plus tard.
— Aurais-je déjà une mauvaise influence sur vous Hermione ?
— Vous avez des livres très intéressants.
— A ne pas mettre entre toutes les mains.
— C'est certain.
Hermione referma précautionneusement l'ouvrage tandis que Severus s'installait dans son fauteuil.
A peine fut-il assit qu' Avry lui apporta une tasse de café.
— Le colis pour Ste mangouste a bien été réceptionné, Maître.
— Sainte Mangouste ? questionna la jeune femme.
— J'essaye tant bien que mal de mettre mes compétences de potionnistes au service de tous.
— Comment faites-vous pour...
— Pour que le Seigneur des ténèbres n'en sache rien ? Ce n'est pas la chose la plus importante que j'ai à lui cacher.
Hermione se rendit à l'évidence. Il bu une gorgée de son café avant de reprendre.
— Bien, vous avez sans doute des questions plus pointues que celle-ci mais peut-être puis-je, en premier lieu, vous faire un point sur la situation ?
— Ca me convient.
— Tout d'abord, j'imagine que l'état de votre ami vous préoccupe. Sachez qu'il va bien. Le dernier sort diagnostic que j'ai jeté sur lui donnait des constantes viables. Avant que vous ne demandiez, c'est un puissant sort d'illusion couplé à un rituel de magie noire et une version améliorée de la potion de mort vivant que Potter et moi-même avons convenu d'utiliser sur sa personne.
— Voldemort n'a jamais rien soupçonné ? s'étonna la jeune femme.
— Là encore, j'ai peur que nous n'aurions pas cette discussion si cela avait été le cas.
— Oui bien sûr encore une fois c'est évident, pardonnez mon étonnement, c'est juste que tout cela me paraît tellement...
— Invraisemblable ?
— Inespéré !
Il déposa sa tasse sur la petite table à sa droite avant de reprendre ses explications.
— J'aimerais que les choses soient claires, Hermione. Je sais que vous demander de me faire confiance, même après ce que vous avez vu hier, serait sans doute présomptueux de ma part. Je suis quelqu'un de solitaire, de taciturne et de secret. Je n'ai guère eu l'occasion de collaborer avec qui que ce soit depuis des années. Mais, vous êtes une jeune femme intelligente qui, je n'en doute pas, saura faire la part des choses et tiendra compte de mes recommandations compte tenu de la situation délicate dans laquelle nous nous trouvons.
— Cela va de soi.
— Vous allez devoir rester ici pour l'instant, le temps de vous rétablir complètement. Ce cottage est un lieu sûr. Vous pouvez sortir pendre l'air dès aujourd'hui si vous le voulez, j'ai modifié les sortilèges de protection en ce sens. Néanmoins, vous devez être en permanence sur vos gardes, prête à parer à toute éventualité. Nos statuts respectifs et notre intérêt commun nous place dans une position extrêmement dangereuse. Bien entendu, vous allez devoir contacter vos amis mais, là encore, il est crucial qu'un minimum de personne ait connaissance de la vérité. Vous allez devoir faire preuve d'une extrême prudence. Pensez-vous ne pouvoir avertir que Kingsley et Minerva dans un premier temps ?
— Comment savez-vous que ce sont eux qui sont aux commandes ?
— Cela me semble logique, tout comme j'imagine que vous faites partie de ce que l'on pourrait qualifier de premier cercle ?
— Conseil restreint, répondit-elle en acquiesçant. Je suis d'accord avec tout ce que vous venez de dire Severus et je ferai de mon mieux.
Echapper aux questions de ses amis n'allaient pas être facile.
— Comment dois-je m'y prendre selon vous ?
— J'imagine que Minerva n'aura pas grand mal à croire sa protégée. Pour ce qui est de Kingsley, en revanche, ce sera plus dur mais vous en viendrez à bout. C'est un Serdaigle, il admirait Albus et je pense qu'il n'a jamais douté de lui, allez droit au but, donnez lui quelques éléments concrets et le tour sera joué.
— J'aurai besoin de votre aide pour arriver à les contacter.
— Je vous écoute.
— Nous avons un protocole très stricte à suivre dans le cas où nous nous retrouverions sur la touche comme je le suis actuellement. Nous n'avons pas la possibilité de regagner directement le QG. Pour commencer, il me faudra l'exemplaire de l'Ombre du Phoenix du jour où nous voudrons initier le contact. Ensuite, trois balises magiques créées par mes soins devront être activées dans des endroits spécifiques afin que je puisse leur envoyer un message. Alors seulement, le code que je recevrai en retour m'indiquera un lieu de rendez-vous. Dès réception de ce code, j'aurai une fenêtre de six heures pour me rendre sur les lieux, seule. Si je passe le test de confiance alors je serai rapatriée.
— Très bien, je vous aiderai donc dans ce sens le moment venu.
— Et ensuite, qu'est-ce qui nous attend exactement ?
— Notre but, Hermione, est de dérober à Voldemort son précieux trophée et de le ramener en lieu sûr.
La jeune femme souria et ils échangèrent un regard complice.
— Quel est votre plan ?
— Potter est le seul à pouvoir détruire Voldemort, cela n'a pas changé. La prophétie est claire sur ce point. Par contre, je suis le seul à pouvoir le faire quitter le château et à savoir comment le sortir de sa léthargie. C'est pourquoi ma priorité est de vous enseigner la potion et le rituel qui le feront revenir parmi nous.
— Comment allons-nous nous y prendre ?
— Vous allez devoir vous infiltrer dans le château. Il nous faudra travailler là bas ce sera bien plus commode et puis, je ne peux quitter les lieux trop longtemps. Vous maîtrisez le sortilège de tête-en-bulle je présume ?
— Oui.
— Alors vous devriez très bien vous en sortir. J'activerai le passage secret pour vous. Celui-ci prend son origine dans le lac noir juste avant la limite imposée par les sortilèges de protection. Une fois que vous l'aurez emprunté votre présence sera indétectable. Néanmoins, je dois vous mettre en garde Hermione, Poudlard a bien changé. Le château se nourri de la magie de ses hôtes, il est lui même devenu maléfique... Vous ne devrez nullement vous imaginez que vous connaissez les lieux, vous devrez oublier vos repères ou cela pourra vous jouer des tours. Ce qui se cache et rode entre les murs est loin d'être bienveillant. Maintenant tout est à SON image, les tableaux, les fantômes... plus rien n'est tel que vous le connaissiez.
Hermione en avait froid dans le dos. Poudlard avait été sa maison, un lieu chaleureux, vivant, dans lequel elle avait trouvé sa place et s'était épanouie.
— Il faudra vous attendre à voir et entendre des choses déplaisantes et qui vous révolteront, poursuivit-il, nombre de vos ennemis parcourront l'enceinte du château, pire certaines de vos connaissances y sont asservies, maltraitées ou torturées. Vous ne devrez agir sous aucun prétexte, il faudra absolument garder votre calme, contrôler vos émotions sinon nous serons aussitôt repérés.
Elle comprenait la mise en garde et les inquiétudes de l'espion. Elle allait ni plus ni moins pénétrer dans le sanctuaire de Voldemort et de ses sbires tous plus sadiques les uns que les autres.
— Une fois dans mes quartiers et dans le laboratoire vous pourrez relâcher une peu votre vigilance mais jamais vous ne devrez vous penser en sécurité. Jamais. Est-ce que tout cela est clair Hermione ?
— Très clair Severus, répondit-elle fermement. Où se trouve Harry ?
— Voyons, j'imagine que vous en avez bien une petite idée ?
— Voldemort a fait de Harry son trophée dans ce cas, je dirais dans la grande salle, exposé aux yeux de tous.
Il acquiesça.
— Le Seigneur des ténèbres est un psychopathe doublé d'un mégalomane mais c'est presque une aubaine pour nous car, sans cela, Potter n'aurait pas pu détruire les Horcruxes, nous n'aurions pas pu le duper et nous ne serions pas prêt à agir de nouveau.
— Quelle est la deuxième étape ?
— La préparation. Nous allons avoir besoin de deux potions. L'une dont je m'occuperai et que je devrai administrer à Potter le plus tôt possible après avoir mis un terme au sortilège d'illusion. L'autre que je vais vous enseigner et qui s'accompagnera d'un rituel spécifique.
— Pour quelle raison me les apprendre ?
— Je vous aiderai à quitter le château avec Potter mais je devrai rester auprès du Seigneur des ténèbres. La préparation est complexe et l'une des contraintes de cette potion c'est qu'elle doit être ingérée dans un laps de temps très court suivant son achèvement et accompagnée de l'exécution du rituel, par conséquent, il m'est impossible de la préparer par avance. Une fois de retour à votre QG il vous faudra préparer cette potion puis la faire ingérer à votre ami tout en réalisant le rituel.
Hermione sentit la pression se hisser sur ses épaules.
— Ne serait-il pas mieux que le professeur Slughorn s'en charge ? Il a bien plus d'expérience que moi.
— Non, il s'agit là de mes propres inventions et, en dehors de ses petits trafics, Horace ne sort guère des sentiers battus. Quand bien même je pense avoir bien plus de chance d'arriver à vous enseigner qu'à lui.
— Si vous le dites.
— Pensez-vous ne pas être à la hauteur, Miss-je-sais-tout ?
— On dirait que tout va dépendre de ma capacité à apprendre.
— Alors nous avons de la chance que vous y excelliez. Une fois prêts, reprit-il, nous pourrons passer à la dernière étape, qui sera sans conteste la plus dangereuse : passer à l'action. Nous devrons nous rendre jusqu'à la grande salle, approcher Potter et le sortir de là. Je devrai m'occuper moi même des sortilèges présents car seul quelqu'un possédant la marque des ténèbres le peu et dans la foulée, nous devrons injecter à Potter la première potion.
— Harry reviendra-t-il à lui ?
— Non, ce ne sera pas pour toute suite, s'il se réveille...
— Comment ça ?
— Je me suis basé sur un ancien rituel de magie noire mais il y a aussi une part d'expérimentation et puis... pour être honnête avec vous, il s'est écoulé plus de temps que nous le pensions. Il était prévu qu'il reste dans cet état moins d'un an alors il est possible que son corps ait subit des dommages irréversibles.
— Mais il y a un espoir tout de même qu'il revienne à lui et que tout aille bien par la suite ?
— Oui mais je voudrais que vous gardiez à l'esprit que rien n'est gagné d'avance qu'il s'agisse de notre mission ou de l'état de Potter.
— J'ai compris, ne vous en faites pas. C'est d'Harry dont il s'agit, si quelqu'un peut déjouer les pronostics c'est bien lui.
Il hocha la tête.
— Pour quelle raison cette première potion juste après l'ouverture ? le questionna-t-elle.
— Vous savez ce qui se passe si on expose un livre ancien d'un seul coup à l'air et à la lumière du soleil ?
— Il se désagrège.
— En effet. Cette potion permettra à l'organisme de Potter de supporter le transplannage.
— Et ensuite ?
— En tant qu'ancien directeur, j'ai conservé le privilège de pouvoir transplanner dans le château. Il y a deux zones où cela m'est possible. La tour d'astronomie mais tenter de l'atteindre serait du suicide et le bureau directorial.
— Ce dernier n'est-il pas occupé par Voldemort ?
— En fait, non, c'est la seule partie du chateau qu'il n'a pas réussi à atteindre et que sa magie n'a pu corrompre. Je crois que Poudlard tente de préserver ce lieu comme s'il était...
— Son cœur.
— Oui. J'ai tenté de pénétrer dans le bureau à maintes reprises sans succès jusqu'ici mais je pense que la gargouille nous ouvrira le moment venu.
— C'est risqué mais si c'est là notre seule possibilité. Qu'en est-il de la salle sur demande ?
— Il ne vaut mieux pas s'y fier, c'était déjà un lieu instable avant. Le bureau directorial reste notre meilleure option, je vous le garanti. Il ne sera déjà pas aisé pour nous de nous y rendre mais si nous y pénétrons alors vous pourrez vous échapper.
— Mais pourquoi ne pas vous enfuir avec nous ?
— Comme je vous l'ai dit ma place est à Ses côtés. Dans la mesure du possible, j'essayerai de contenir la rage du Seigneur des Ténèbres et de le tenir hors de votre portée.
— Cela ne va pas être simple. Nous pourrions prévoir des renforts ou bien une diversion peut-être ?
— Non. Il est impératif que nous agissions seuls au sein du château, le contraire éveillerait trop les soupçons et j'ai peur qu'une diversion ne soit guère utile dans ces circonstances particulières. Et puis, il me restera une mission à accomplir.
— Laquelle ?
— Détruire le dernier Horcruxe.
— Nagini.
— Oui. Même si tout venait à se passer pour le mieux, il faudra à Potter un peu de temps pour se remettre. Il est essentiel que le Seigneur des ténèbres sache le plus tard possible qu'il est vulnérable. C'est pourquoi je m'attaquerai au serpent le plus tard possible. Une fois le dernier horcruxe détruit il vous faudra agir quasi immédiatement. IL sera affaiblit et mortel. Potter devra l'affronter et en finir cette fois.
— Bien, je comprends, c'est donc un sacré programme qui nous attend.
— J'imagine que vous retrouver du jour au lendemain dans pareille situation ne doit pas être facile à appréhender.
— Cela m'effraye un peu mais je suis heureuse d'avoir la possibilité d'agir. Ces derniers mois m'ont conduit dans des situations bien moins enviables après tout alors je suis plus déterminée que jamais à tout donner pour cette mission.
— Je n'en doute pas une seule seconde et croyez-moi vous allez devoir vous dépasser Hermione.
Le silence qui s'imposa alors à eux n'était pas pesant mais sonnait plutôt comme un aboutissement. L'essentiel était dit, l'objectif en vu, il ne restait plus qu'à se préparer et avancer petit à petit.
— Si vous me parliez un peu de la résistance, de la manière dont vous vous êtes organisé, de ceux qui ont survécu ?
— Vous semblez déjà en savoir beaucoup... répondit Hermione ne sachant par où commencer.
— Des données stratégiques surtout, j'aimerais que vous me parliez un peu de la vie au QG.
— Oh, bien sûr, fit-elle en prenant conscience qu'il en avait été écarté depuis plus de deux ans.
La jeune femme lui donna des détails sur leur organisation, les survivants, leurs alliés. Elle fut étonnée par l'ampleur des choses dont il avait connaissance, des informations qu'il avait pu obtenir et des déductions qu'il avait faites mais surtout, elle se sentit honteuse d'avoir pu penser que cet homme, de part son statut d'espion et l'image qu'elle avait eu de lui à Poudlard, serait insensible à ce genre de détails. En tuant Dumbledore, il avait tué la seule personne qui connaissait sa véritable allégeance et il s'était retrouvé seul, prisonnier de son statut d'agent double.
Au fils de leurs échanges, Hermione découvrait un homme différent du professeur qu'elle avait eu. Elle le soupçonnait d'avoir fait plus que de « garder un œil sur elle », comme il le lui avait dit plus tôt. Ce qu'elle avait souvent pris pour de la chance était en fait dû à une intervention plus ou moins prononcée de Severus, comme cela avait déjà été le cas du temps de Poudlard.
Il n'était pas étonné que McGonagall l'ait choisit comme bras droit et apprentie, il ria de bon cœur quand elle lui raconta certaine de ses mésaventures dans la pratique des exercices de métamorphose avancée ou encore quand elle lui rapporta certains commentaires de Minerva à son égard et elle s'étonna de l'ambiance décontractée, presque conviviale qui avait pris place entre eux au fil de cette discussion.
— Je vous assure qu'elle peut se montrer aussi sarcastique que vous.
— Je reconnais bien là Minerva, elle était la seule capable d'un peu de répartie, c'était appréciable. Quant à la comparaison, j'imagine qu'elle s'arrête là car je ne doute pas qu'elle ait bien meilleur caractère que moi et qu'elle sache se montrer plus pédagogue.
— Vous êtes encore plus exigeant qu'elle, c'est certain.
— Et vous êtes bien aimable de vous en tenir à cela. Je sais parfaitement comment je vous ai traité durant vos études. Ne me cherchez aucune excuse alors que c'est moi qui vous en doit pour vous avoir rabaissé toute au long de votre scolarité. J'étais admiratif vous savez, vous êtes la seule à avoir tenue si longtemps face à moi, à persévérer malgré tout. J'ai même cru à un moment que vous parveniez à voir clair dans mon jeu. D'ailleurs, Albus m'a dit un jour de me méfier de votre perspicacité. Cela aurait été un comble que je berne le Seigneur des ténèbres en personne et qu'une adolescente me perce à jour.
— Que voulez-vous que je vous dise, c'était... je voulais faire mes preuves, j'avais besoin de reconnaissance.
—Non. C'était plus que cela. Pourquoi chercher de la reconnaissance auprès de celui incapable de vous en donner ?
— Justement, même injuste, blessant et avare de compliment comme vous l'étiez, je ne sais pas, j'avais cette impression que même si c'était infime j'avançais dans votre estime. Les compliments que me faisaient les autres professeurs étaient bien trop faciles à obtenir pour moi, de plus, certaines de vos remarques étaient pertinentes.
— Je représentais donc un défi à vos yeux ?
— Un peu, je dois l'avouer.
Soudain le visage de Severus se crispa et il porta sa main à son avant bras gauche.
— Il vous appelle c'est ça ?
— Oui, on dirait que je n'ai pas vu le temps passer. Je vais devoir m'absenter. Avry va vous apporter des ouvrages qui vous permettront de mieux appréhender l'état de Potter, ainsi que mes notes concernant la potion et le rituel en question. Étudiez-les, nous en parlerons plus tard. Je devrais être de retour dans un jour ou deux.
Ils se regardèrent dans les yeux quelques instants, c'était quelque chose d'intriguant, un genre de compréhension mutuelle. En peu de temps un lien s'était créé entre eux, un lien qu'Hermione ne savait comment qualifier et qu'elle peinait à identifier clairement mais qui était teinté avant tout de respect.
— Avry vous fournira l'exemplaire de l'Ombre du Phoenix dont vous aurez besoin, reprit-il. Lorsque je reviendrai, si vous êtes aptes a transplanner alors je vous escorterai pour déposer vos balises. Une fois que vous aurez averti la résistance de notre tentative future nous nous rendrons au château et commencerons à travailler.
— Entendu.
Alors qu'il s'apprêtait à sortir de la maison pour transplanner, Hermione l'interpella.
— Severus.
Il s'arrêta la main sur la poignée de porte.
— Soyez-prudent.
Il aurait préféré qu'elle ne dise rien mais ces mots lui allèrent droit au cœur.
— Comme toujours.
HG-SS
Les journées se succédaient, Hermione se remettait et étudiait.
Un soir, alors qu'elle était plongée dans les notes que Severus lui avait laissées, Avry vint lui tenir compagnie.
— Avry est content que Miss accorde sa confiance au maître, dit-il alors.
— Et je suis contente de pouvoir le faire. Je peux te poser une question Avry ?
— Tout ce que vous voulez Miss.
— Est-ce que tu sers Severus depuis qu'il est enfant ?
— Non Miss, Avry est à son service depuis 17 ans seulement, depuis que le maître l'a sauvé.
— Que veux-tu dire ?
— Tout d'abord, Miss doit savoir qu'avant de servir le maître Avry était au service d'une famille de sorciers réputée. Tout allait bien pour Avry et ses maîtres, jusqu'à ce qu'un soir un groupe d'homme en noir portant des masques pénètrent la demeure. A l'époque, Avry ne savait pas qui ils étaient. Avry avait réussi à se cacher mais pas à fuir et fuir de toute façon Avry ne l'aurait pas fait car Avry aimait ses maîtres surtout Alicia sa plus jeune maîtresse. Plus tard, lorsque les mangemorts avaient commencé à s'en prendre à elle, Avry avait tenté de s'interposer et avait été blessé gravement. Lorsque les cris avaient cessé et que les hommes avaient peu à peu tranplanné, Avry attendait la mort. Avry se sentait inutile car il n'avait plus de maîtres à servir, plus de maison et il n'avait pas réussi à sauver son amie... Avry se vidait de son sang depuis un moment déjà, Avry était faible et se sentait quitter ce monde lorsque tout à coup une chaleur s'était répandue en lui, faisant cesser la douleur et lui redonnant des forces. Avry avait alors ouvert les yeux et découvert l'un des hommes en noir agenouillé à ses côtés, Avry en entendaient d'autres dehors qui étaient visiblement restés pour mettre le feu à la maison et ainsi effacer les traces de leur passage. L'homme qui venait de sauver Avry avait enlevé son masque et regardait Avry avec compassion. Ses yeux étaient d'un noir profond comme Avry n'en avait jamais vu mais le regard de l'homme était aussi vide et douloureux. Avry avait ressenti sa profonde tristesse. L'homme lui aussi avait tout perdu, Avry pouvait voir cela en lui. C'est pourquoi Avry n'avait pas eu peur lorsque cet homme lui avait déposé une clef dans le creux de la main.
— C'était Severus et il t'a donné la clef de ce cottage.
— Oui, Miss a tout compris. Avry vit ici et sert son maître depuis ce jour.
HG-SS
Durant les jours qui suivirent Hermione repensa régulièrement aux échanges qu'elle avait eut avec Severus ainsi qu'à son comportement. Elle avait parlé avec lui de davantage de choses personnelles en une journée qu'avec ses proches depuis plusieurs mois. Elle avait été surprise de découvrir l'homme qu'il était en dehors de tout le reste. Il s'était montré respectueux, à l'écoute, prévenant. Comment cet homme avait-il pu duper ainsi tant de monde sans se perdre lui même ? Le masque de froideur et de dureté qu'il portait habituellement pour repousser les autres était tombé et, à plus la jeune femme apprenait à le connaître à plus elle était curieuse et admirative. Combien d'hommes et de femmes étaient ainsi capable de montrer un visage qui n'était pas réellement le leur et de cacher ce qu'il y avait de meilleur en eux ?
