Le piège
– M. Diaz ? s'enquit-elle en lui montrant la porte ouverte de son bureau.
Elle vit le jeune homme lever les yeux sur elle et fit de son mieux pour retenir un sourire de satisfaction.
Quand elle avait reçu l'appel du LAFD, lui demandant un rendez-vous en urgence pour l'un de ses pompiers en souffrance, elle avait pensé immédiatement à Evan Buckley.
La personne avait semblé étonné qu'elle ne l'ait pas encore vu et elle en avait profité pour lui glisser qu'il y avait de quoi s'inquiéter qu'il ne se soigne pas sérieusement.
Elle avait même laissé entendre que ses divers traumatismes de ces derniers mois, pouvaient même être la véritable origine de cette tentative de procès contre la ville, qu'il avait même certainement été manipulé par un avocat véreux, attiré par l'argent facile. On lui avait promis de rappeler au jeune pompier, le caractère obligatoire de la séance.
Elle prévoyait d'ailleurs déjà qu'il y en aurait plusieurs.
Elle devait admettre qu'elle avait toujours été attirée par les pompiers. Toujours fort et courageux, et si plein de doutes et de faiblesses dû à ce qu'ils voyaient sur chacune de leurs interventions.
Ils étaient aussi trop fiers et si pleins d'égo et c'était la raison pour laquelle jamais aucun d'entre eux ne s'était plaint à leur hiérarchie.
Après tout, ils étaient lucides.
Personne ne croirait jamais qu'une frêle et jolie fille comme elle, puisse abuser d'hommes fort et courageux comme eux.
En plus, elle était belle et sexy, ils ne perdaient pas vraiment au change.
Elle devait quand même admettre qu'Evan Buckley était son préféré. Peut-être parce qu'il avait été le premier, peut-être parce qu'il était vraiment doué mais il l'avait marqué et elle voulait mieux avec lui que cette première fois bâclée. Elle voulait lui donner envie de revenir et elle était consciente que celui qu'elle cherchait chez les autres, c'était lui.
Elle pensait aussi qu'il se trouvait sur une pente dangereuse.
Son obsession pour lui ne l'empêchait pas de voir à quel point il était psychologiquement instable. Elle restait une bonne psychologue et elle était persuadée qu'elle pouvait l'aider à aller mieux.
Elle savait qu'elle tenait sa vie entre ses mains, son avenir, et il le savait aussi. Pour le moment, il semblait réfractaire mais quand il aurait accepté cette réalité, elle ferait de lui tout ce qu'elle voulait.
Peut-être pourrait-elle devenir sa petite amie, officiellement, quand il irait mieux, quand elle l'aurait sauvé. Si elle lui permettait de redevenir ce pompier magnifique qu'il était lors de leur première rencontre, alors il lui demanderait sûrement de l'épouser.
Elle allait tout faire pour le ramener entre ses griffes et le garder près d'elle, quitte à le détruire psychologiquement pour le reconstruire comme elle le souhaitait. Evan Buckley serait bientôt à elle et ils seraient heureux ensemble.
Le pompier Diaz se leva de sa chaise et vint la rejoindre.
Elle observa sa démarche assurée et devina sa musculature développée à travers le tissu de ses vêtements. Il était parfait dans les moindres détails et elle savait déjà sur quels leviers elle pourrait appuyer pour obtenir ce qu'elle voulait.
Elle le laissa entrer et referma la porte derrière lui, le laissant s'installer sur le canapé. Elle récupéra son dossier sur le bureau sur lequel elle s'appuya en le feuilletant, le connaissant déjà pour l'avoir étudié juste après la prise de rendez-vous.
– Vos supérieurs ont beaucoup insistés pour que nous nous voyons rapidement, lança-t-elle en guise de préambule.
– Ouais, j'ai… déconné, admit-il en fuyant son regard.
– Une histoire de colère mal gérée, si j'ai tout compris.
– J'ai un peu… pété les plombs sur une intervention, raconta-t-il.
– Pourquoi ?
– Parce que… Ecoutez, je sais que vous faite votre job, ok et je respecte ça mais je ne suis pas doué pour ça, pour parler de moi.
– Pourtant, il va falloir le faire, M. Diaz. Si vous voulez retourner à votre travail, vous devez me parler.
– Pour vous dire quoi ?
– Je ne sais pas, sourit-elle gentiment. Je lis ici que vous avez servi en Afghanistan, deux fois.
– Ouais, lâcha-t-il en haussant les épaules.
– Nous pouvons commencer par là.
– Désolé mais non, c'est… classifié.
– D'accord, soupira-t-elle. Alors, parlons du décès de votre femme dans ce cas.
– Elle a été renversé par une voiture, il n'y a rien d'autre à en dire.
– Je pense que si. C'est encore récent, et j'imagine que de se retrouver seul avec un enfant aussi jeune doit-être perturbant.
– Ce n'est pas comme ça. Je veux dire, Shannon et moi on était… séparés… depuis longtemps. Quand je me suis m'installé ici, à Los Angeles, avec notre fils, c'était pour recommencer à zéro. J'ai dû la contacter pour l'inscrire à l'école et elle est revenue dans notre vie, juste pour demander le divorce. Elle est morte le lendemain.
– Et ça vous a mis en colère, qu'elle vous abandonne encore une fois ?
– Ouais, admit-il. J'ai juste envie de frapper, encore et encore jusqu'à ce que ça fasse mal, juste pour… vous voyez.
– Pour ne plus souffrir de sa perte, encore une fois.
– Je l'aimais, admit-il.
– M. Diaz, la violence n'est pas la réponse à apporter à votre colère, affirma-t-elle en posant le dossier sur le bureau. Elle ne fait qu'alimenter votre colère.
– Je ne connais pas d'autre moyen de l'évacuer.
– Il y en a pourtant, lui sourit-elle en se rapprochant pour venir s'asseoir en face de lui. Des moyens plus doux et plus efficaces.
Elle posa sa main sur son genou, guettant sa réaction.
– Je ne suis pas sûr de ce que vous proposez, affirma-t-il en fronçant les sourcils, confus.
– Vous avez très bien compris ce que je propose. Vous souffrez d'un SSPT évident et non traité datant de votre séjour dans l'armée, dont vous refuser de parler…
– Je n'ai pas le droit, c'est différent.
– Pour moi c'est la même chose, affirma-t-elle en se glissant sur ses genoux, le faisant reculer contre le dossier du canapé.
– Je ne suis pas sûr que le sexe soit une forme de thérapie très réglementaire, tenta-t-il.
– Oh M. Diaz, c'est le seul moyen de dépenser toute cette énergie nerveuse qui bouillonne en vous. Et contrairement à la violence, cela vous aidera à reprendre pied.
– Je ne suis pas intéressé, lâcha-t-il clairement.
Elle fut amusée par sa tentative désespéré de lui échapper mais il était autant sans défense qu'une petite souris et elle était le chat qui le tenait entre ses griffes.
– Votre retour au travail dépend de moi M. Diaz. Bien sûr, vous pourriez voir un autre thérapeute qui finirait par vous faire retourner au travail mais seulement quand vous lui auriez raconter tout ce que vous refusez de dire. Moi, je vous propose de signer votre autorisation de retour, dés que nous aurons terminé notre petit échange.
– Pas sûr que votre hiérarchie apprécie que vous échangiez un rapport médical positif contre des faveurs sexuelles.
– Pas sûr qu'on vous croit, M. Diaz. Il me suffira de dire que vous vous vengez parce que je refuse votre retour au travail, parce que vous n'êtes pas prêt, ce que n'importe quel autre psy pourra confirmer. Ça sera votre parole contre la mienne, souffla-t-elle dans son oreille avant de la tirer entre ses dents.
Le jeune homme se leva brusquement la faisant tomber sur le sol violemment.
– Quand je dis non, c'est non, gronda-t-il.
Elle sentit la colère monter en elle.
Jamais aucun d'entre eux n'avait oser se rebeller de cette façon. Elle serra les poings, prête à lui faire mordre la poussière, lorsque la porte s'ouvrit brusquement sur une femme en uniforme de police, suivit par une autre, passablement inquiète.
– Oh Dieu merci, s'exclama-t-elle en se redressant. Je ne comprends pas ce qui se passe, il est devenu très violent, il a essayé de me violer.
– Sérieusement ? siffla le pompier. Vous avez vraiment de la chance qu'on m'ait inculqué des valeurs qui signifie de ne jamais frapper une femme parce que là ça me démange.
– Sa hiérarchie me l'a envoyé pour des problèmes de gestion de la colère…, l'ignora-t-elle en rabattant les pans de son chemisier.
– Qui pour elle, se règlent en me grimpant dessus comme une chienne en chaleur, s'énerva-t-il.
– Est-ce que tu vas bien ? s'inquiéta la seconde femme en venant rejoindre le pompier.
– Ouais, grogna-t-il. Qu'est-ce que vous faites ici toutes les deux ?
– Karen m'a raconté votre entrevue et tes intentions, j'ai prévenu Athena et nous sommes venues.
– Vous auriez pu tout faire rater, grogna-t-il alors qu'un homme en uniforme de pompier cette fois arrivait à son tour. Vous avez tout entendu ?
– Et tout enregistré, confirma-t-il alors que le jeune pompier retirait son téléphone de sa poche pour le couper. Et nous déposons une plainte contre vous pour viol et tentative de viol sur des pompiers de la ville. Je suis certain que la liste de vos victimes ne fera que s'allonger maintenant.
– Vous m'avez piégé, s'écria-t-elle alors que la policière lui passait les menottes.
– Mon premier projet était de vous tuer, alors estimez-vous heureuse, cracha-t-il.
– Espèce de sous merde, l'insulta-t-elle avant d'être coupé par un coup de poing en plein visage.
Elle s'écroula contre la policière qui la maintint debout et vit le jeune pompier retenir l'autre jeune femme qui semblait très en colère.
– Espèce de salope, tu ne lui feras plus jamais de mal, cracha-t-elle.
