Petit mot de l'auteure : les gens seront surprit de la tournure du texte (non)


Texte 11 : Tyrion & Bronn

Contexte : UA post saison 8


Bronn était extrêmement bizarre.

Certes, Bronn était toujours bizarre, mais aujourd'hui, cela atteignait des sommets.

Cela avait commencé au petit-déjeuner. Bronn l'avait rejoint, quelque peu débraillé. Cet état de fait n'était pas inhabituel, bien au contraire. Là où Tyrion avait trouvé la situation étrange, c'est que Bronn n'avait pas fait de commentaire sur son apparence. Celle-ci hurlait pourtant le découchage et si il y avait bien une chose que le mercenaire aimait plus que l'argent, c'était vanter ses conquêtes. Combien de fois Tyrion n'avait-il pas entamé en entendant les exploits nocturnes de son ami ? Le voir donc être muet à ce sujet alors qu'il avait de toute évidence quelque chose à raconter était donc bizarre.

Tyrion avait néanmoins mit cette information de côté, pour se concentrer sur le conseil à venir. Celui-ci devait en effet déterminer le montant alloué à chaque couronne, sujet épineux.

Quand le conseil débuta, Tyrion était parvenu à oublier l'étrange comportement de Bronn, lorsque celui-ci fit une chose étonnante : il fut très sérieux. Or, cela n'arrivait jamais. Bronn était au contraire l'incarnation parfaite du conseiller qui n'avait de conseiller que le titre et qui en réalité se fichait totalement de ce qui pouvait bien se dire autour de la table. Combien de fois Tyrion ne lui avait pas demandé de s'investir un peu plus dans son rôle de grand argentier, en vain ? Il ne pouvait donc qu'être étonné de le voir ainsi assagit.

Quand le conseil se clôtura, Tyrion n'eut alors qu'un objectif : arrêter Bronn pour lui demander ce qui se passait. Peut-être était-il malade ? Il n'en eut toutefois pas l'occasion. Dès que le roi leur signifia qu'ils pouvaient partir, Bronn se précipita vers la sortie. Son geste finit de convaincre Tyrion que quelque chose n'était pas normal. D'ordinaire, quand Bronn partait si précipitamment, c'était pour rejoindre une prostituée ; chose dont, encore une fois, il ne se privait pas de déclarer haut et fort.

Il allait donc partir à sa poursuite lorsque Bran lui demanda de rester. Tyrion n'eut alors d'autre choix que de regarder les autres conseillers filer vers la liberté, avec pour seul complice un Jaime qui lui adressa un petit sourire compatissant.

Heureusement, au bout de cinq minutes, il fut libéré. Après avoir prit une bouteille de vin qui n'avait pas été consommée lors du conseil, il fonça immédiatement vers les quartiers de Bronn, espérant avoir une conversation avec son ami. Il allait frapper à la porte lorsqu'il comprit qu'il n'était pas seul :

- Alors ? Ça te va comme preuve ? disait en effet Bronn à quelqu'un.

L'agacement qui pointait de sa voix ne fut qu'augmenter son inquiétude. Celle-ci descendit toutefois un peu lorsqu'il entendit l'interlocuteur de Bronn lui répondre : ce n'était autre que Jaime.

- Quelle preuve ? lui demandait ce dernier.

- Pendant le conseil. Tu as vu comment j'étais sérieux ?

Là, Tyrion fut partagé par deux sentiments opposés : d'un côté, sa raison qui lui disait qu'il ferait mieux de partir, maintenant qu'il savait que Bronn n'était pas en danger immédiat et qu'il serait toujours temps de lui parler plus tard ; de l'autre, sa curiosité qui voulait comprendre de quoi il en retournait.

Finalement, ce fut ce que dit Jaime qui décida pour lui.

- Attends... ne me dit pas que si tu as été aussi sérieux c'était par rapport à ce matin ?

Comment ça « ce matin » ? De ce qu'il en savait, Jaime n'avait vu Bronn aujourd'hui qu'au conseil. Il avait dû mal comprendre... non ?

- Bien sûr que c'est par rapport à ce matin ! gronda le mercenaire. Cela fait un mois qu'on baise ensemble, tout ça pour que Monsieur me dise qu'il a des doutes ?

- Évidemment que j'ai des doutes sur le sérieux que tu donnes à cette relation vu que tu ne prends jamais rien au sérieux ! rétorqua alors Jaime.

- La preuve que non ! J'ai extrêmement prit au sérieux cette putain de réunion, tu l'as vu toi-même, alors crois-moi quand je te dit que je prends au sérieux ce truc entre nous et que je t'aime !

- Quoi ?

Selon toute logique, ce « quoi » aurait dû être prononcé par Jaime. Tyrion se rendit toutefois compte lorsque Bronn ouvrit la porte, attiré par le bruit, que c'était lui-même qui avait laissé échapper cette interjection.

Prit sur le fait d'espionnage, ses pensées s'emmêlèrent.

Bronn.

Amoureux.

Dans n'importe quelle autre circonstance, Tyrion aurait été plus que ravi d'entendre une telle phrase.

Mais Bronn amoureux de Jaime...

C'était plus qu'il ne pouvait arriver à assimiler.

- Je... j'ai du vin, bredouilla-t-il. Je... le pose là.

Il lança un dernier regard à la scène, à savoir Jaime toujours dans la chambre de Bronn avec un rougissement aux joues tel qu'il n'en avait jamais connu, avant de s'enfuir précipitamment.

Ce ne fut qu'une fois arrivé dans ses propres quartiers que la phrase de Bronn lui revint en tête.

« Cela fait un mois qu'on baise ensemble »

Oui, vraiment, c'était trop gros pour qu'il arrive un jour à vraiment assimiler ces informations ! Peut-être qu'il aurait dû garder la bouteille de vin pour lui, tout compte fait...