Hello !

Merci pour vos retours sur cette histoire. J'espère que la suite vous plaira !

Et plus que jamais, merci à Faanew, The White Quill et Rugueuse Goule pour leurs conseils, corrections et commentaires toujours pertinents.

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POMME ET DEPRAVATION

CHAPITRE 2

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C'était pitoyable à voir. Elle frétillait presque d'excitation sur sa chaise. Drago levait si souvent les yeux au ciel qu'il commençait à en avoir le tournis.

Son fils, encore une fois, avait fini par avoir raison de lui. C'était le deuxième cours particulier qu'il donnait à Weasley et déjà, il se mordait les doigts d'avoir accepté de la suivre chaque semaine jusqu'à la fin de l'année scolaire. Drago devait subir ses questions à n'en plus finir et ses soupirs de contentement tandis que son fils roucoulait il ne savait où avec le jeune Potter. Il lui en devait une belle, sur ce coup-là.

- Non, écrasez, Miss Weasley. Je ne vous ai pas demandé de couper, à ce que je sache !

Drago devait vraiment prendre sur lui pour ne pas s'emporter. Elle hochait la tête frénétiquement tout en continuant de se débattre avec sa gousse de courbaril. Drago commençait sérieusement à saturer.

- Mais ce n'est quand même pas compliqué ! Vous prenez la gousse dans vos doigts, vous posez la lame du couteau bien à plat et vous écrasez.

- J'essaye, Professeur, mais elle me glisse entre les doigts.

- Donnez-moi ça, s'agaça-t-il finalement.

Il se rapprocha d'elle, lui prit la gousse de courbaril d'entre les mains et l'écrasa soigneusement.

- A vous, maintenant.

Tremblante, elle tenta de reproduire le même geste, sans succès.

- Ça a l'air si facile quand vous le faîtes, soupira-t-elle finalement.

Drago leva les yeux au ciel.

- Parce que c'est enfantin, Miss Weasley. Mettez vos mains sur les miennes.

Il reprit une gousse entre les doigts et attendit qu'elle vienne se positionner. Mais Weasley ne bougeait pas, elle le regardait, les joues rouges, sans émettre le moindre mouvement.

- Qu'est-ce que vous attendez ? demanda-t-il sèchement.

Les mains tremblantes, elle s'approcha de lui pour les déposer sur les siennes. Ses doigts étaient étonnamment chauds sur la peau glacée de Drago. Avec douceur, elle épousa sa main de sa paume et un étrange frisson lui parcourut le corps. Il dû s'y prendre à deux fois pour réussir à correctement écraser sa gousse, ce qui l'agaça encore plus.

- Arrêtez de bouger, Weasley. Vous posez vos mains et vous ne faites rien d'autre, c'est compris ?

- Oui Monsieur.

Il fit une nouvelle tentative, fructueuse cette fois-ci et la regarda, un petit sourire de fierté sur les lèvres. Elle semblait n'avoir absolument rien suivi au processus, elle était comme figée, regardant fixement leurs mains l'une contre l'autre.

- Vous pouvez retirer votre main, Weasley. A moins que vous vouliez aussi que je vous apprenne à mélanger votre chaudron ?

Semblant enfin reprendre contenance, elle secoua la tête et se remit au travail. Drago plaça une nouvelle gousse devant elle et la regarda tenter d'en extraire le jus.

- C'est parfait, continuez comme ça. Vous m'en écrasez une douzaine et vous pourrez partir.

- Mais, et la potion ? protesta-t-elle.

- Ça attendra la semaine prochaine.

Weasley semblait déçue mais obtempéra. Elle s'attela consciencieusement à sa tâche, nettoya le plan de travail, ramassa ses affaires et se planta devant le bureau de Drago.

- Merci Monsieur. On se voit lundi, en cours ?

- C'est ça, répondit-il, sans même lever le nez de ses copies. Prenez un change, pour la semaine prochaine. Aux vues de vos prouesses, je crains fort que nous risquions tous les deux de finir recouverts d'empestine avant d'avoir terminé cette potion.

Elle ne réagit pas à la provocation, se contentant d'hocher la tête, elle lui souhaita une bonne soirée et sortit du cachot.

La semaine qui suivit donna raison à Drago. Weasley, qui était pourtant talentueuse en classe, semblait complètement empotée durant leurs cours particuliers. Il devait tout reprendre à zéro, comme s'il enseignait à une première année qui voyait un chaudron pour la première fois de sa vie. Il se demandait si cela menait vraiment à quelque chose. A ce rythme-là, il serait à la retraite avant qu'elle ne parvienne à décrocher son examen.

- Je crois que je n'y arriverai jamais, soupira-t-elle en remuant la boue infâme qui cramait au fond de son chaudron.

Drago se retint de rire.

- J'ai peut-être mis la barre un peu haute. Nous devrions changer de méthode. Nettoyez votre chaudron et aller me chercher de l'eau du fleuve Léthé, des baies de gui et des brins de valériane.

- Une potion d'amnésie ? s'insurgea Weasley. Mais c'est au programme de la première année !

- Justement, celle-ci, au moins, vous ne risquerez pas de la rater.

Furieuse, elle fit tomber son tabouret en allant chercher les ingrédients. Drago ricanait dans son coin, attendant patiemment qu'elle revienne. Evidemment, la potion était parfaite.

- Une seule goutte et j'oublierais pourquoi vous m'êtes aussi insupportable, Miss, décréta Drago en examinant le chaudron.

Elle se renfrogna, referma son livre et planta son regard dans le sien.

- C'est à cause de Scorpius ? demanda-t-elle finalement.

Drago leva un sourcil d'incompréhension.

- C'est pour ça que vous me détestez, parce que je sors avec Scorpius ?

De plus en plus perplexe, Drago finit par croiser les bras autour de sa poitrine.

- Vos fréquentations ne me regardent en rien, Miss Weasley.

- Et bien tant mieux, argua-t-elle d'un air supérieur. Parce que tout ça n'est qu'une supercherie.

- Tiens donc ?

- Scorpius et moi ne sommes qu'amis.

- Je vois.

- Tout le monde croit qu'on sort ensemble mais c'est faux.

- Et en quoi est-ce que ça me concerne ?

- Je… je ne voulais pas qu'il y ait de malentendus entre nous.

Drago se délectait de son petit air supérieur de Miss Je sais tout.

- Est-ce que Monsieur Potter est au courant de votre amour irrépressible pour mon fils ?

Brusquement, les rôles s'inversèrent. Weasley se mit à rougir et Drago jubilait.

- Je… comment ? Alors vous savez ?

Drago hocha sommairement la tête.

- Il n'y a aucun secret qui survit bien longtemps dans ce château, Miss Weasley.

- Je vois. Et bien, pour votre gouverne, Professeur, je suis ravie pour eux. Scorpius ne m'intéresse pas.

Drago hocha la tête tout en lui faisant comprendre qu'il n'en croyait pas un mot.

- Si vous le voulez bien, reprit-elle d'un insupportable air supérieur, peut-être pouvons-nous passer à quelque chose d'un peu plus complexe qu'une potion d'amnésie ?

- Qu'est-ce que vous proposez ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

- J'ai toujours voulu essayer de préparer du Veritaserum.

- La théorie est au programme de septième année, mais pas la pratique.

- Pas à Poudlard, non. Mais elle fait partie des potions que je pourrais réaliser lors de mon examen d'entrée à l'école de potionniste.

- C'est une préparation complexe qui demande beaucoup de concentration et de maîtrise. Vous vous sentez à la hauteur ?

- Absolument, affirma-t-elle, décidée.

- Très bien. Allez chercher les ingrédients.

Drago n'était en rien impressionné par son assurance. Au contraire, il se demandait à quelle étape elle allait échouer. Il misait pour la seconde, Weasley n'était clairement pas préparée à l'horreur de dénerver une langue de Murlap.

Et pourtant, elle s'exécuta avec brio, sans broncher. Drago lui-même n'était jamais à l'aise avec cette partie dégoûtante du processus. Il l'aida à venir à bout d'un nerf fermement accroché, se plaçant derrière elle pour tirer fermement sur la pince qu'elle tenait entre ses doigts. Galvanisée par sa réussite, Weasley jeta le nerf dans le chaudron, se retourna, toute souriante vers lui et clama joyeusement :

- On va y arriver, Drago !

Si, jusqu'ici, il avait conservé un air plutôt avenant devant ses réussites, son visage se ferma. Il la regarda avec tant de dureté que son sourire s'évanouit sur le champ, son teint blêmit et sa bouche, restée ouverte, commença à bredouiller.

- Restez à votre place, Miss Weasley. Je ne suis ni votre collègue, ni votre oncle et encore moins votre ami.

Elle hocha la tête, les yeux baissés et les joues couvertes de honte.

- Je suis désolée, Professeur. Je me suis emportée.

- C'est quoi votre problème, Weasley ? J'accorde à Scorpius le droit de vous faire passer quelques jours au manoir et au retour des vacances, vous m'appelez par mon prénom en plein cours. Vous réussissez une tâche ridicule et vous vous sentez pousser des ailes ? Il faut vous ressaisir, Weasley. Avec ce genre d'attitude puérile, nous n'intégrerez jamais l'école de potionniste.

Elle tenta de bredouiller quelque chose mais il ne lui en laissa pas le temps, reprenant sa diatribe de reproches. Alors, elle tenta de se retourner, pour attraper la louche dans son chaudron mais il se mit à hurler de plus belle.

- Ayez au moins la décence de ne pas me tourner le dos lorsque je vous fais la leçon ! Mais c'est quoi cette génération d'impertinents ?

- Professeur, je voulais simplement…

- Et vous osez me couper ? Sortez d'ici, Weasley, les cours particuliers ont suffisamment duré, c'est terminé.

- Mais je voulais juste…

- Ne discutez pas. Ramassez vos affaires et… C'est quoi cette odeur pestilentielle ? Oh non, la potion…

Avant même qu'il n'ait eu le temps de terminer sa phrase, Weasley le vit écarquiller les yeux. Vif, il la prit par les épaules, échangea sa place avec elle et l'encercla de ses bras. En moins d'une seconde, l'atmosphère changea brusquement. Le cachot s'emplit de fumées et brusquement, une détonation les expulsa à l'autre bout de la pièce. La potion, faute d'avoir été mélangée, venait d'exploser.

Drago laissa échapper une plainte. En échangeant leurs positions, le liquide l'avait majoritairement atteint, brûlant une partie de sa robe de sorcier. Weasley avait le visage noircis par la suie et le regard terrifié. L'explosion les avait brusquement fait chuter au sol, à plusieurs mètres du chaudron. Drago ne l'avait pas lâchée, accusant la majeure partie du choc sur son épaule. Toujours fermement serrée entre ses bras, elle le regardait, tremblante.

- Tout va bien, Weasley ? demanda-t-il après avoir finalement repris son souffle.

Elle hocha la tête, visiblement encore sous le choc. Et puis, alors qu'il tentait de se relever, gémissant sous la douleur, elle se jeta dans ses bras. Et ce fut à son tour d'être hébété. Nichée contre son torse, elle se serrait contre lui, la respiration hagarde.

Drago aurait dû la repousser, lui dire que tout cela était particulièrement inconvenant mais elle semblait terrifiée par ce qui venait de se passer. Elle avait raison. Si Drago n'avait pas bougé, elle se serait retrouvée face au chaudron, le liquide aurait directement giclé sur son visage, la défigurant à vie. Elle resta dans ses bras, comme si sa vie en dépendait et Drago se surpris à passer une main à l'arrière de son crâne, lui caressant les cheveux. Derrière l'odeur âpre du brûlé, elle sentait la pomme. Sous ses doigts, sa chevelure folle n'était plus que douceur. Elle lui rappelait une autre femme, qu'il avait jadis tenu entre ses bras. C'était agréable de la sentir se blottir contre lui, trop agréable pour être sain, trop agréable pour pouvoir durer. Lentement, elle remonta ses yeux mouillés vers les siens et la respiration de Drago se bloqua. Une sensation étrange lui rongea les entrailles comme si, soudainement, il pouvait sentir chaque goutte de sang ruisseler entre ses veines. Comme si son estomac rebondissait, comme si tous ses organes cherchaient à fuir la chaleur réconfortante de son corps. Une sensation que désormais, il connaissait bien et qui, plus encore que les fois précédente, le terrifia.

- Retournez dans votre salle commune vous débarbouiller, dit-il en se levant précipitamment. Je m'occupe du rangement.

Drago eut besoin d'une longue pause, assis à même le sol, adossé contre le mur en pierre, pour se remettre les idées en place. Qu'est ce qui venait de se passer ? Tout s'était enchaîné si vite qu'il se demandait encore s'il avait bien été là, si cette histoire lui était arrivée à lui. Il venait de sauver une élève d'une brûlure certaine. Voilà ce qui c'était passé. C'était la seule chose à retenir. Ni son étreinte, ni l'odeur de ses cheveux, ni l'étrange sensation qui s'en était suivie. Rose Weasley était son élève, la meilleure amie de son fils et avait tout juste dix-sept ans. Tout ça n'avait été qu'une malencontreuse péripétie, une suite d'événements à l'achèvement perturbant. Et il y avait de quoi être perturbé, Drago et elle avaient frôlé un grave accident. Tout le monde était sauf et après un bon nettoyage de la salle de classe, tout serait effacé. La suie, les résidus de potions, leur étreinte, l'odeur de ses cheveux. Drago s'épuisait, essuyant rageusement le sol à la moldue, tentant de laver son âme en même temps que les paillasses.

Lorsque Weasley revint en cours, le lundi suivant, Drago fit de son mieux pour l'ignorer. Il se tint à bonne distance d'elle, restant vissé à son bureau. Il récitait son cours d'un ton monocorde, ne montrant aucune passion. Il ressemblait à s'y méprendre au professeur Binns ; le teint blême, la voix morne et l'air désintéressé, Drago était l'archétype de l'enseignant assommant.

- Tout va bien, papa ?

Drago avait renvoyé tous ses élèves mais Scorpius avait traîné à ranger ses affaires. Drago l'avait ignoré, espérant vainement qu'il sortirait de la salle avec les autres étudiants. Mais son fils le connaissait bien et son attitude du jour n'avait rien d'habituelle.

- A merveille, mentit-il éhontément. Comment s'est passé ton week-end ?

- C'était incroyable.

Le visage de Scorpius s'était illuminé. Si Drago était soulagé que sa diversion ait fonctionné, il n'aurait pas pu être plus satisfait qu'en voyant son fils rayonner.

- Albus et moi nous nous sommes baladés toute la journée dans les rues de Pré-Au-Lard. Je lui ai montré la cabane hurlante.

- Tu sais qu'il est formellement interdit aux élèves d'y pénétrer.

Scorpius leva les yeux au ciel.

- Alors pourquoi tu m'as montré le passage secret qui permet d'y accéder ?

Drago eut un sourire tendre pour son fils.

- Je suis content que tu passes du bon temps avec Potter. Vous avez fini par officialiser votre relation ? Tout le monde ne parle que de ça.

- Vraiment ? Moi qui croyait qu'on était discret.

- Rien que la semaine dernière j'ai dû faire demi-tour trois fois pour ne pas vous interrompre, Scorpius. Si vous vouliez vraiment être discrets, vous ne passeriez pas votre temps à vous embrasser dans les couloirs. Ce n'est finalement pas une mauvaise idée de lui avoir montrer la cabane hurlante.

Les joues de Scorpius s'embrasèrent alors que Drago se mit à ricaner.

- Merci de me soutenir, papa.

- Tout ce qui compte pour moi c'est que tu sois heureux, Scorpius. Je pense que tu aurais pu trouver bien mieux que le fils Potter, évidemment, mais c'est ton choix et je le respecte. Mais dis-moi, qu'est que ce tu reproches au petit Zabini ? Il a l'air sympa, non ?

- Papa…

- Je dis juste qu'il vient d'une bonne famille. Vous vous entendiez bien quand vous étiez enfants, non ?

- Papa !

- D'accord, d'accord, j'arrête. Allez file maintenant, tu vas être en retard en cours de métamorphose. Et malgré les années, Minerva nous file encore à tous la chair de poule.

Drago regarda son fils partir, secouant joyeusement la main dans sa direction avant de fermer la porte et un sourire tendre vint s'installer sur sa bouche. Scorpius était un gamin adorable et le voir s'épanouir, de jour en jour, le comblait plus qu'il n'aurait pu l'admettre.

Drago s'installa derrière son bureau, dans sa salle de classe. Il avait terminé ses cours pour la journée et n'avait aucune envie de corriger ses copies. Rester oisif n'était pourtant pas une très bonne idée, son esprit avait alors tout le loisir de vagabonder. Son souffle paniqué contre sa chemise, son odeur entêtante, ses yeux mouillés l'invitant à la luxure. Drago ferma les yeux, tentant de chasser ces horribles pensées mais alors son image s'imposa à lui, plus limpide encore. Et l'histoire prenait une nouvelle direction. Rose Weasley lui susurrant des paroles impures, Drago frottant son érection contre elle, se délectant de sentir sa nuque se courber en arrière alors qu'elle jouissait sous ses doigts.

Et puis, alors qu'il allait se rendre fou, quelques coups de becs contre la fenêtre le firent sortir de sa divagation. Drago était un malade. Un homme dangereux, ignoble et malsain. Il se détestait. Comment pouvait-il penser à ça ? Comment pouvait-il, ne serait-ce qu'une seconde, imaginer sa jeune élève dans cette position ?

Alors, rageusement, en colère contre lui-même, il décrocha la lettre des serres de son hibou, déchira presque l'enveloppe et sortit le parchemin, la mâchoire serrée.

Drago,

Je n'ai pas eu de nouvelles de ta part depuis la dernière fois. Je pensais que nous pourrions de nouveau sortir, une prochaine fois ? Peut-être pourrais-tu enfin me montrer ce château en Irlande dont tu n'arrêtes pas de me parler ?

J'attends ton hibou.

Affectueusement,

Iris.

Drago poussa un long soupir. Iris. Il ne l'avait pas vu depuis des jours, n'avait même pas songé à elle depuis. La dernière fois qu'ils s'étaient parlés, dans ce restaurant prétentieux qu'ils aimaient tous les deux, il s'était promis de lui renvoyer un hibou dès le lendemain, de lui faire savoir qu'il aimerait la revoir, peut-être chez lui, dans son manoir, cette fois-ci. Mais Drago avait enchaîné avec des cours particuliers, une potion ratée et Weasley avait pris toute la place dans ses pensées.

Cette lettre vint lui apporter une bouffée d'oxygène, comme si, avec ce courrier, il trouvait enfin une porte de sortie, un échappatoire à ses délires pernicieux qui lui brouillaient l'esprit.

Iris,

N'attendons pas les vacances, pour nous revoir. Un dîner à Londres, ce soir ? Vingt heures au Pumpkin ?

Je t'embrasse,

Drago.

Il avait revêtu l'un de ses plus jolis smoking. La chemise blanche, collant à son torse, révélait subtilement la forme de ses pectoraux. Son pantalon en laine à chevrons lui donnait des airs de prince italien et ses cheveux, tirés en arrière, le ramenaient à sa position d'aristocrate anglais.

Elle était divine dans sa robe de soie carmin, perchée sur ses talons hauts. Son chignon haut laissait gracieusement échapper quelques mèches brunes, savamment bouclées. Son regard était profond, son sourire enjôleur et sa conversation délicieuse.

- Tu te moques de moi, rit-elle alors qu'il frissonnait sous son timbre élégant.

- Je t'assure, insista-t-il, amenant sa coupe de champagne à ses lèvres. Elle était complètement nue dans la fontaine.

- Alors ce qu'on dit sur vous est vrai ? demanda-t-elle en se penchant vers lui. Les Malefoy sont des hommes à femmes ?

A son tour, il s'approcha d'elle, reposant sa coupe sur la table et arborant son éternel sourire en coin.

- Seulement celles qui en valent la peine, susurra-t-il avec sensualité.

Elle laissa ses joues se pâmer de rose, papillona des yeux dans un savant mélange de grâce et de pudeur alors qu'il la dévorait du regard. Iris était une femme charmante. Distinguée sans être guindée, amusante dans ses répliques toujours subtiles et d'une sensualité telle qu'elle semblait flotter, laissant l'air autour d'elle se gorger d'un parfum sucré d'aisance et de volupté.

- J'ai passé une magnifique soirée, déclara-t-elle alors qu'il déposa un baiser sur sa joue, devant la porte de l'hôtel particulier qu'elle louait lors de ses séjours londoniens. La prochaine fois, n'attends pas que je le fasse pour me proposer un rendez-vous, sourit-elle avec espièglerie.

Drago hocha la tête, lui promit d'un regard qu'il ne se ferait plus si négligeant et la regarda monter les quelques marches de son perron avant de s'engouffrer dans son appartement. Il fit glisser ses mains dans les poches de son pantalon, remonta la rue et s'engouffra dans une échoppe aux néons clignotants.

- Qu'est-ce qu'yaura pour vot' beau plaisir jeune homme ?

La femme revèche qui s'acoudait au comptoir ne prit pas la peine de retirer la cigarette de ses lèvres pour s'adresser à lui.

- Je souhaiterais utiliser votre service postal nocturne.

- A l'étage, première porte à gauche. Mais j'vous préviens, ça va vous coûter une p'tite blinde. A c't'heure là, la majorité des piafs dorment déjà.

Drago hocha la tête, déposa plus de pièces qu'il n'en fallait sur le comptoir et monta rédiger sa missive. Dix minutes plus tard, Iris lui ouvrait la porte de son appartement, l'air rieur. Drago était appuyé sur le chambranle de sa porte, l'air serein, les mains toujours fourrées dans les poches de son pantalon. Il la toisa d'un regard séducteur, son sourire sublimant ses traits.

- Je ne voulais pas prendre le risque de te faire attendre, déclara-t-il alors qu'elle se mettait à rire.

Elle tendit la main vers lui pour qu'il entre avec elle, il laissa ses doigts se nouer aux siens et déposa ses lèvres sur sa bouche. Elle était douce et subtile quand elle fit glisser sa main contre son bras. Il était brûlant et fier quand elle lui retira sa veste.

Iris sentait le raffinement et l'élégance, le parfum chic des grandes avenues, l'odeur des femmes qui ont l'assurance de déjà se connaître. Drago fit courir ses lèvres sur sa joue, sa mâchoire et son cou.

Elle avait dénoué ses cheveux et retiré ses talons hauts, se révélant plus petite que lui de quelques centimètres à peine. Il laissa la cascade brune lui chatouiller le nez, posa une main possessive sur sa hanche et admira son allure. Elle l'emmena jusque dans sa chambre, pris une bouteille de champagne au passage, qui reposait dans un seau de glace et fit sauter le bouchon alors que, riant, il déboutonnait sa chemise. Il ajouta sa langue à la sienne autour du goulot et elle laissa la bouteille se vider sur le tapis.

Iris était la femme idéale. Elle connaissait son monde mais savait en enfreindre les règles. Elle amuserait son fils, rendrait sa mère fière de lui et séduirait ses amis. Iris était faite pour lui et l'espace d'un instant, Drago se laissa croire qu'elle était tout ce qu'il désirait.

Mais Iris était une fleur précieuse, confiante et déterminée. Il connaissait déjà tout d'elle, eux deux n'étant que le reflet de l'autre. Drago voulait s'écorcher les doigts sur une épine, s'enivrer du parfum de sa Rose et s'offrir à elle par bouquet de cent. Alors, quand relevant la tête d'entre les cuisses de son amante, Drago ne vit qu'une chevelure flamboyante et quelques taches de rousseur, il ne se laissa pas aller à feindre la surprise. Et quand, alors qu'il s'enfonçait lentement au creux de ses chairs, elle susurra son prénom, il n'entendit qu'une autre faire rouler le r sous sa langue juvénile.

Rose abondait son jardin, chassant de ses épines les autres fleurs, s'immisçant dans chaque recoin de son esprit. Quand Drago prit un des seins d'Iris en coupe, s'imaginant qu'il en goûtait un autre, il ne réalisa pas qu'il venait de signer sa condamnation. Quand il se répandit en elle, laissant flotter le prénom de sa rose sur ses lèvres, il admit finalement qu'il était perdu.