Un pardon inespéré.
Titre du 17/06/2023 : Un pardon inespéré
Gémeaux : Regina (OUAT)
R : Regina Mills
Créature 38 : Sorcière
Prénom 41 : Neal
Quatre aspects du… sultanat des femmes : Kösem: Écrire sur un parent adoptif ou écrire sur un perso qui devient veuf jeune.
137) 100 façons d'écrire du drama
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
La pièce tournait autour d'elle.
Cette sensation qui l'envahit au réveil, ce sentiment de perte de contrôle de son corps, le brouillard dans lequel elle se trouvait encore plongée, cette confusion dont elle avait du mal à sortir, toute cette liste de choses diverses fut la seule raison pour laquelle elle ne ressentit pas la moindre once de peur.
Et ce même si elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où elle se trouvait.
Même si son dernier souvenir était celui d'elle faisant face à une fée aux yeux emplis de colère, de rage et de rancœur.
La brune cligna des yeux à plusieurs reprises et elle se figea brusquement en constatant qu'elle n'avait pas rêvé une seule seconde les événements qui avaient précédé sa perte de connaissance.
Parce que devant elle, il y avait Clochette, qui l'observait les bras croisés et un air déterminé sur le visage.
Reprenant lentement ses esprits, elle ne mit pas très longtemps à réaliser que la blonde ne l'avait pas attachée, ce qui était plutôt logique.
Même si elle avait eu les mains nouées elle aurait toujours eu sa magie et elle avait affronté assez de fées durant son règne de méchante reine pour savoir que si duel il y avait entre elles, elle l'emporterait aisément.
À moins que son ancienne amie n'ait appris à utiliser la magie tortueuse du Pays Imaginaire.
Si c'était le cas, elle était un peu moins confiante quant à ses chances de gagner…
Sans compter qu'elle n'était pas là pour l'affronter et encore moins se battre contre elle, non, elle voulait lui demander son aide et chaque minute passée à lui faire face était une minute de perdue dans sa recherche d'Henry.
Elle se redressa, les jambes encore tremblantes, tentant de garder son équilibre avant de froncer les sourcils.
Il y avait quelque chose qui clochait dans la manière dont Clochette l'avait endormie plus tôt, mais elle n'arrivait pas à trouver quoi, les pensées encore un peu embrouillées et elle sentit l'irritation l'envahir.
Contre son corps qui n'avait toujours pas récupéré et contre elle-même surtout.
Comment avait-elle pu se faire avoir aussi si facilement, être piégée sans même s'en rendre compte, sans avoir le temps de réagir ?
Elle comprit au bout de quelques secondes de réflexion.
Elle n'était pas dans son état normal, elle n'était pas dans son élément, elle était fatiguée, épuisée, stressée, et ses sens ainsi que sa concentration étaient émoussés, elle n'avait pas eu une seule nuit de sommeil paisible depuis son arrivée sur l'île, ironiquement sa capture par Clochette était le seul moment au Pays Imaginaire où elle avait dormi sans se réveiller en sursaut.
(Ce qui n'était pas surprenant puisqu'il s'agissait d'un sommeil magique.)
Elle n'aurait pas dû être étonnée de s'être faite avoir comme ça, surtout que la fée avait attendu qu'elle soit seule.
Elle fit quelques pas en direction de la fée qui n'avait même pas un tant soit peu l'air effrayée.
Avant, quand elle était encore la méchante reine, elle se serait sans doute sentie vexée, en colère.
Mais ici et maintenant ça n'avait plus d'importance.
Tout ce qui comptait c'était de gagner le plus de temps possible.
Tout ce qui importait, c'était de convaincre Clochette de la laisser partir et de les aider.
« Bonjour Clochette.
- Bonjour… Regina. »
Et vu l'attitude de la blonde, c'était tout sauf une partie gagnée d'avance…
§§§§
« Regina ! »
Le cri, non, le hurlement d'Emma déchira l'air et le silence dans lequel leur coin de l'île était plongé.
Blanche-Neige faillit lui demander de se taire ou du moins de ne pas parler aussi fort afin de leur éviter de se faire repérer avant de finalement se raviser.
D'abord parce qu'ils avaient eux-mêmes été bruyants plus tôt en cherchant la brune, ensuite parce qu'il était un peu trop tard pour ça et que s'ils n'avaient pas été repérés jusque-là ils l'étaient probablement désormais.
Et enfin parce que de toute façon, il aurait été très improbable que Peter Pan les laisse déambuler sur son île sans les surveiller, sans épier leurs moindres mouvements, avec sa magie ou des espions, alors tenter d'être discret était probablement complètement inutile.
Même si la princesse l'aurait voulu, ils n'étaient pas en mission d'infiltration et même s'ils avaient tenté de l'être, elle avait le sentiment que ça n'aurait pas fonctionné.
Continuant les recherches avec les autres, elle examina sa fille à plusieurs reprises et ne tarda pas à remarquer une chose qui lui sauta rapidement aux yeux.
Emma semblait terrifiée.
Pas seulement inquiète, ou effrayée, comme le reste du groupe, une peur que Blanche-Neige partageait également, qu'était-il advenue de la sorcière, avait-elle été enlevée, risquaient-ils le même sort ?
Elle comprenait que la crainte puisse l'envahir.
Mais ça allait bien au-delà de la simple peur.
Elle était tout bonnement en train de paniquer.
Et Blanche-Neige connaissait sa fille depuis finalement très peu de temps (et oh comme ça restait toujours aussi douloureux d'y penser, de songer au fait qu'elle avait raté vingt-huit ans de sa vie à cause de Regina et qu'elles restaient encore des étrangères l'une pour l'autre) mais elle ne l'avait vue perdre ses moyens que dans peu de circonstances.
Ce moment en faisait parti.
Et, en la voyant à deux doigts de s'effondrer, en lisant dans ses yeux toute la peur et la détresse du monde, comme lorsque Henry avait disparu, les deux fois, elle réalisa qu'elle avait probablement eu raison, que ces moments furtifs qu'elle avait surpris entre son ancienne belle-mère et sa fille n'étaient pas anodins.
Est-ce que…
Est-ce que Emma était amoureuse de Regina ?
Est-ce qu'elle l'aimait, est-ce que sa tendresse pour elle et maintenant sa peur étaient de l'amour ?
Avant, l'envisager l'aurait horrifiée.
Avant, elle n'aurait pas compris.
Parce que Regina était leur ennemie.
La Blanche-Neige d'autrefois, celle qui avait donné naissance à sa fille dans un monde menacé par une malédiction et qui avait dû renoncer à son bébé et l'abandonner en hurlant de désespoir n'aurait pas compris.
Parce qu'à ce moment-là, Regina n'avait pas encore changé.
Parce que celle qu'elle était vingt-huit ans plus tôt n'avait rien à voir avec celle qu'elle était devenue.
Parce que, même si ça n'effaçait rien, elle n'était plus la même, elle faisait tout pour se faire pardonner, elle n'était plus le même monstre qu'autrefois.
Et Emma l'aimait.
Ou du moins c'était une possibilité qu'elle se devait d'envisager et elle maudit les circonstances, le fait de ne s'en rendre compte que maintenant, soit au pire moment possible et imaginable parce que s'il y avait bien une chose dont la Sauveuse ne voulait de toute évidence pas parler pour le moment c'était de ses sentiments pour Regina Mills, qu'ils soient amoureux ou pas.
Alors Blanche-Neige enfouit ses doutes et ses craintes au fond d'elle-même, cette hypothèse que son unique enfant puisse être amoureuse de la femme qui avait autrefois ruiné leurs vies, elle y réfléchirait plus tard, et là seulement elle choisirait quoi en penser, au-delà de la confusion qu'elle ressentait.
Pour le moment, sa fille avait besoin d'elle, plus que jamais.
Elle se rapprocha d'elle et la serra dans ses bras, contre elle, le plus fort possible, pour lui rappeler qu'elle était là, qu'elle la soutenait, qu'elle ne la laisserait jamais tomber.
« Nous allons la retrouver. Puis nous trouverons Henry, nous vaincrons Peter Pan, et nous quitterons cette île. Je te le promets Emma. »
Quand la blonde répondit à son étreinte et fondit en larmes contre elle, Blanche-Neige tenta de ne pas penser à ce qu'elle venait tout juste de découvrir.
Tout ce qui comptait pour l'instant c'était de retrouver Regina et Henry.
§§§§
Regina ne pouvait s'empêcher de se dire que d'une certaine manière, elle ne faisait que recevoir son juste karma.
Parce que dans l'ensemble, elle n'avait au final subi que peu de répercussions après la fin de la malédiction concernant ses actes passés.
Elle avait été enfermée, oui, elle avait reçu la haine des habitants en plein visage, elle avait été traitée en paria pendant un temps, même si son aide face à Cora et les efforts qu'elle avait faits pour devenir meilleure et améliorer leurs vies avaient changé la vision qu'ils pouvaient avoir d'elle.
Mais c'était tout.
Aucun habitant ne s'en était pris à elle, n'avait tenté de lui faire de mal, de se venger, alors qu'ils auraient pu essayer de le faire.
Jusqu'à maintenant, elle n'avait pas souffert à cause d'une personne à qui elle avait fait du mal, jamais elle n'avait été en danger.
Avec Clochette, qui était pourtant une de celles à qui elle avait fait le moins de mal, c'était en train de changer.
Parce qu'elle l'avait enlevée, parce qu'elle ralentissait leurs recherches par ce geste, parce qu'elle risquait de refuser de les aider à aller plus vite dans cette course contre la montre qui était peut-être finie avant même d'avoir commencé et elle ne pouvait rien y faire.
C'était très certainement mérité, pour la faire payer pour toutes les horreurs qu'elle avait pu commettre par le passé, et elle l'acceptait, pleinement.
Mais pourquoi ?
Pourquoi fallait-il que ça se produise maintenant, alors même que le temps pressait plus que jamais ?
Pourquoi est-ce que la seule personne pouvant les aider se trouvait être une femme qui la détestait ?
Elle se demanda si ça aussi Peter Pan l'avait prévu, si ça faisait parti de son plan, de la confronter à son passé, si c'était pour ça qu'elle se trouvait au Pays Imaginaire, si c'était lui qui l'avait fait venir.
« Je dois bien l'admettre, lui dit la fée, ce monde doit probablement être le dernier dans lequel je m'attendais à te trouver.
- De même, lui rétorqua aussitôt son ancienne amie. Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Ça n'a pas d'importance, répondit Clochette en haussant les épaules, et je doute que ça t'intéresse de toute façon.
Elle comprit alors qu'elle n'en saurait pas plus.
- Contrairement à ce que tu penses, c'est le cas, la détrompa Regina, mais si tu préfères éviter le sujet… comme tu veux.
La blonde haussa un sourcil surpris mais ne rajouta rien.
- Étonnant, se contenta-t-elle de dire, après tout à l'époque tu n'as jamais cherché à savoir ce que j'étais devenue.
- Je… »
Regina aurait aimé pouvoir dire le contraire.
Elle aurait voulu avoir quelque chose à dire, n'importe quoi, une justification valable, mais elle n'avait rien.
Parce que Clochette disait vrai.
Parce qu'elle n'avait jamais essayé de la revoir après leur dernière discussion, après sa fuite, parce qu'elle n'avait même jamais su qu'elle avait changé de monde pour atterrir au Pays Imaginaire.
En partie par indifférence, sans doute, mais aussi pour ne pas avoir devant elle la preuve qu'une autre vie aurait pu exister pour elle et qu'elle n'avait même pas essayé de saisir cette opportunité qui lui tendait pourtant les bras.
Mais aussi et surtout parce qu'elle savait bien que si Clochette l'avait revue plus tard après sa transformation en méchante reine, elle aurait eu honte d'elle et parce qu'elle ne voulait de rien dans sa vie qui puisse lui rappeler qu'autrefois elle avait été quelqu'un d'autre.
Quelqu'un de bien.
Mais ça ne changeait rien à la vérité.
La fée avait un jour disparu de sa vie, sans crier gare, et elle ne s'en était jamais souciée.
Peut-être même s'était-elle presque sentie soulagée.
Maintenant qu'elle n'était plus là, elle pouvait l'oublier, se convaincre du fait qu'elle n'avait jamais eu le moindre choix, que la route qu'elle avait choisie était la seule possible pour elle, ce qui n'était rien de plus qu'un mensonge.
« C'est vrai, admit-elle sans la moindre difficulté là où elle n'en aurait probablement pas été capable avant. Tu as raison.
La fée parut déstabilisée par cet aveu auquel elle ne s'attendait probablement pas.
- Tu…
Cette fois-ci, ce fut elle qui resta sans voix, et Regina sourit.
Ça aurait presque pu être amusant dans d'autres circonstances.
Puis, la brune fronça les sourcils en observant son interlocutrice de plus près.
Maintenant qu'elle était bien réveillée et consciente de son environnement, elle mit enfin le doigt sur ce qui l'avait gênée à son réveil, et en un éclair, elle comprit.
Et en comprenant elle sentit un frisson glacé la traverser parce que si elle avait raison alors ça voulait dire que…
Elle n'avait même pas envie d'envisager cette possibilité en réalité.
- Ce que tu as utilisé pour m'endormir, pour me faire perdre connaissance, c'était… de la poudre de pavot. Pas un sort de sommeil. Tu n'as pas utilisé ta propre magie et tu… Je ne vois pas tes ailes, Clochette, est-ce que tu…
Elle sentit l'horreur l'envahir au fur et à mesure qu'elle prononçait ces mots à voix haute, qu'elle en mesurait l'implication et surtout qu'elle voyait la fée rester de marbre et ne rien démentir.
Ce n'était jamais arrivé avant, à personne pour ce qu'elle en savait, même durant la malédiction, ils n'avaient pas perdu leur magie, elle avait seulement été mise en sommeil pendant vingt-huit ans.
Elle se résolut enfin à prononcer à voix haute ces mots qu'elle aurait aimé ne jamais avoir à dire.
Parce que si c'était vrai, si c'était réel, alors ça signifiait qu'ils étaient venus chercher son aide pour rien.
- Clochette, est-ce que tu as perdu ta magie ?
Le regard de la fée se posa sur elle, empli de toute la dureté et de toute la colère du monde.
- Oui Regina, j'ai perdu ma magie, cracha-t-elle. J'ai perdu mes ailes. Et c'est entièrement de ta faute.
La sorcière se figea, stupéfaite.
- Quoi ?
Elle avait fait bien des choses cruelles et abominables dans sa vie.
Mais elle savait très bien qu'elle n'avait jamais fait une chose pareille, elle s'en serait souvenue si ça avait été le cas et elle ne savait à vrai dire même pas si elle en était capable, si elle était assez puissante pour ça.
- Je… je ne comprends pas, reconnut-elle.
Les yeux de Clochette se teintèrent de mépris.
- C'est la fée Bleue qui m'a fait ça, clarifia-t-elle. Elle m'a pris ma magie et mes ailes, et tu veux savoir pourquoi ? Tout ça parce que j'ai simplement voulu t'aider.
La voix de la résidente du Pays Imaginaire se brisa sur ces derniers mots et son masque se fissura pendant quelques secondes, montrant à Regina celle qu'elle avait été autrefois et qu'elle était sans doute encore un peu.
- Mais… mais pourquoi ?
C'était un acte cruel et injuste, et elle savait que la fée Bleue n'avait pas toujours pris les meilleures décisions, mais elle n'arrivait pas à comprendre ses raisons.
Est-ce que…
Est-ce qu'elle pensait, déjà à l'époque, qu'il n'y avait aucun espoir pour elle, qu'elle ne pouvait pas être sauvée, qu'il était déjà trop tard pour elle ?
Regina repoussa le sentiment de colère et d'injustice qui s'insinua en elle, ce n'était pas le moment, pas encore.
- Je ne sais pas. Je ne l'ai jamais su. Mais vu ce que tu as fait plus tard, je comprends qu'elle ait voulu m'éloigner de toi.
Une fois de plus, elle ne put pas lui donner tort.
- Je suis désolée. Je suis sincèrement désolée, je… je ne savais pas, je ne l'ai jamais su et je…
- Oh parce que ça aurait réellement fait une différence si tu l'avais su ? Siffla Clochette.
Regina vit pourtant l'expression de surprise sur son visage au moment où elle entendit ses excuses avant qu'elle ne se reprenne et que son visage ne redevienne impénétrable.
Dieux…
Qu'avait-elle donc pu vivre dans ce monde si vide et si froid pour que la fée autrefois pleine de vie, d'enthousiasme, d'optimisme et d'espoir ne disparaisse pour être remplacée par une femme au regard de glace et emplie de colère ?
En un sens, elles étaient toutes les deux semblables, elles avaient toutes les deux été changées en quelqu'un d'autre par un monde cruel et impitoyable.
À la différence que Clochette, elle, n'avait à sa connaissance jamais arraché le cœur de qui que ce soit…
- Non. Pas à l'époque.
- Parce que maintenant oui ? Ironisa la fée.
- Oui, sans aucun doute, lui répondit Regina en la regardant droit dans les yeux.
Elle vit ses certitudes vaciller et le doute l'envahir.
- Qu'est-ce que tu fais ici Regina ? Lui demanda-t-elle, probablement pour détourner la conversation.
- Je suis venue chercher mon fils.
Nouvelle lueur de surprise dans ses yeux.
- Je ne savais pas que tu avais un fils.
Je ne savais pas que j'avais gâché ta vie sans même le vouloir, songea-t-elle avec regret.
- Je l'ai adopté quand… quand ma victoire sur Blanche-Neige n'a plus été suffisante. Et Peter Pan me l'a enlevé et je… Je suis venue te demander ton aide. Aide-moi à sauver mon fils, je t'en supplie.
Le regard de Clochette se posa sur elle, toujours empli de colère et elle sut sa réponse avant même qu'elle ne la lui donne.
- Non. »
Regina avait su dès l'instant où elle avait appris que la fée était sans doute leur seule chance que gagner son pardon et son aide ne seraient pas une mince affaire.
Elle aurait préféré avoir tort à ce sujet…
A suivre…
