Personne n'aperçut James durant les minutes qui suivirent où Bud discutait avec Francesca. Ils supposèrent qu'il avait fini par aller se dégourdir les jambes pour se calmer. Chacun préférant laisser retomber la pression, les couples avaient décidé de rester près de Francesca et les enfants pour ne pas la laisser seule avec deux hommes sous tension. Il y avait aussi leurs enfants après tout, et il avait été convenu qu'au moindre comportement dangereux pour eux, la police serait prévenue. Selon Nora, leur amie prenait sûrement le temps de calmer chacun des deux hommes séparément afin d'éviter des représailles. À peine vingt minutes plus tard, elle revint par la porte arrière, cherchant son époux avant de dire quoi que ce soit. Son absence lui facilita les choses et les petits jouant dans leur coin, elle eut le champ libre.

- J'ai conseillé à Bud d'attendre un peu avant de partir. On a surtout parlé de sa fille. Ça me fait peur ce que Jamie a dit, mais Bud va en parler à Becca pour savoir si c'est vrai.

- Et si ça l'est ? demanda Lars, les yeux dans le vague.

Personne n'osa répondre, mais la chose qui les démangeait le plus était de savoir comment elle réagirait si James avait vraiment couché avec Becca.

- Tu vas le laisser repartir seul, ton voisin ? demanda Lucy.

Se souvenant de l'autre homme, Francesca jeta un regard furtif par la porte vitrée.

- Je préfère. Si James est quelque part autour de la maison, il va encore lui tomber dessus s'il nous voit ensemble. Je préfère que les choses se calment lentement.

Ses amis hochèrent la tête, d'accord avec elle. Francesca les remercia tout de même d'être restés et d'avoir manifesté leur soutien, tout en calmant leur ami au maximum. Seul Lars s'inquiétait de plus en plus au fur et à mesure que le temps passait. Il décida alors de sortir pour fumer car même si la chaleur californienne était oppressante, il commençait à se sentir confiné à fumer dans la cuisine. Étant seul dehors, il décida de retourner devant la maison, là où l'atmosphère était moins pesante. Alors qu'il entra dans l'allée, il s'en estima heureux et le regretta en même temps. Il trouva littéralement son meilleur ami en train de menacer son voisin une dizaine de mètres plus loin. Bien qu'il ne semblait pas y avoir eu de bagarre, James avait profité de l'absence des autres et le plaquait au mur. Les deux avaient le moral au plus bas et n'étaient probablement plus en état de se battre. Lars soupira et avança lentement, se questionnant sur l'approche à adopter pour ne pas énerver le chanteur.

- Sale pervers ! cracha Bud.

- Faire ça avec ta fille n'était pas prévu. Elle s'est ramenée et c'est venu comme ça. J'étais seul toute la journée, mais j'avais une sévère envie de tirer mon coup. Rassure-toi, j'y suis allé doucement. Je ne l'ai pas malmenée, et pourtant elle en demandait, elle en demandait... C'est dire à quel point tu l'as étouffée jusqu'à maintenant, ta fille chérie.

Peiné pour le père, Lars n'osa plus avancer. Cet homme blond, au visage d'ange et qu'il connaissait depuis toujours n'était plus du tout le même en cet instant.

- Ferme-la ! répondit Lambert.

- Elle était si excitée, tu aurais du voir ça ! On y a passé la journée, on a fait ça dans toutes les pièces de la maison. Si tu voyais comme son joli corps est bien détendu maintenant ! Même ma femme n'a jamais été aussi mouillée à cet endroit, j'y glissais comme dans du beurre.

- Mais qu'est-ce que je t'ai fait, putain ? dit Lambert, en larmes.

Hetfield haussa les sourcils pour lui prouver son indifférence.

- Tu veux dire juste aujourd'hui ? Tu vas vraiment faire semblant d'être innocent ?

- Depuis le début, tu me regardes de travers. Et maintenant, tu me voles ma fille.

Enragé mais cruellement satisfait de sa vengeance excessivement violente, James lui serra une main sur la gorge.

- Je l'ai sautée, je ne te l'ai pas volée. Et même si je n'avais pas prévu d'en arriver là, j'appelle ça une douce vengeance. Quant à toi, je ne sais pas qui t'a appris à mentir aussi mal parce que j'ai juste à voir vos regards pour savoir que tu as couché avec ma femme. Sans oublier tes putains de sous-entendus et ta façon de me regarder de haut. Maintenant, tire-toi de ma maison et n'y fous plus jamais un pied. Ne t'approche plus de Francesca ou je retournerai voir Becca.

Alors que le voisin fit quelques pas pour s'éloigner sans le quitter des yeux, ses lèvres laissèrent sortir plusieurs mots que Lars ne put comprendre, car trop bas. Mais même si Bud pleurait toujours, James fit un pas en arrière avant de le regarder partir en penchant la tête. Ulrich en profita pour s'approcher et vider son sac tant qu'il s'en sentait le courage. Bien qu'il se planta en face de lui, son meilleur ami continuait de regarder le vide.

- Qu'est-ce qui se passe là ? Tu es en manque d'alcool ? Je ne t'ai jamais vu te conduire d'une façon aussi immonde, je ne te reconnais plus. Tu étais obligé de lui parler comme ça de sa propre fille ? Il s'est peut-être tapé ta femme, bon... mais toi tu dis t'être tapé sa fille quand même ! Restez-en là tous les deux, d'accord ? C'était ignoble et inutile, ce que tu viens de faire. Ça te plairait que quelqu'un te parle comme ça d'une de tes filles ?

Lars se prit un regard meurtrier qui exprima une réponse tout à fait claire, et il n'éternisa pas le sujet sous peine de finir contre le mur lui aussi. Étrangement, Hetfield recommençait à fixer l'endroit où s'était tenu Lambert. Comme s'il était catatonique, il resta sans réaction aux tentatives de raisonnement de Lars. Ce dernier commença à s'inquiéter de son état alors que si l'aîné venait tout à coup à exploser, ce n'est pas lui qui pourrait l'arrêter. Les pensées du chanteur ne devaient pas être roses en cet instant et il craignait le pire. Au point où il en était, Ulrich posa une main sur sa joue.

- Jimmy ?

Le regard encore dans le vague, Hetfield fronça les sourcils avant de le regarder dans les yeux, le forçant à espérer qu'il n'allait pas payer le prix de leurs erreurs.

- Où elle est ?

- Elle est dans... non, non. D'abord, tu te calmes.

Lars s'était arrêté devant son air menaçant, voulant éviter qu'un esclandre ne se déroule parce qu'il lui aurait dit où aller retrouver sa femme.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit avant de partir ?

Son ami déglutit, puis ses yeux s'humidifièrent avant qu'une larme ne tombe du droit. Ce type avait-il touché un point sensible ? Sortant de sa torpeur lorsque Lars lui essuya sa larme avec tendresse, James eut un geste incontrôlé. Il glissa une main dans les cheveux de Lars en le regardant dans les yeux, s'y accrochant plusieurs secondes alors que son ami en frissonnait, puis partit à grandes enjambées en direction de la maison, le laissant ébahi. "Il vient de se passer quoi là ?" pensa Lars en rougissant.

Ne pouvant plus garder le silence en tournant en rond, Hetfield trouva son épouse dans la cuisine. Depuis le départ de Bud, les petits jouaient dehors et ses amis s'étaient éparpillés de nouveau, le laissant arriver à la cuisine sans être vu. Il ferma la porte et elle le regarda, blasée.

- Même tes amis qui ne connaissent pas Bud, ils l'ont très bien accueilli. Tu es vraiment un cas quand même ! Par contre, Lars a fait une de ces têtes... j'ai cru qu'il avait viré de bord en un clin d'œil.

James lui jeta immédiatement un regard noir.

- Ça te gênerait tant que ça ? demanda Francesca, amusée.

Agacé qu'elle ne change de sujet, Hetfield donna un coup de pied dans la table, la faisant sursauter.

- Laisse Lars en dehors de ça. Pourquoi il fallait que tu me rabaisses devant ce tas de merde tout à l'heure ? Rien que sa jolie petite tête de con me donne des envies de meurtres.

Tirant sur sa cigarette en haussant les sourcils, sa femme répondit :

- Eh bien mon amour, tu vas te retenir au moins là-dessus ! Le sexe, c'est déjà beaucoup trop à mon goût. Parce que même en public, tu ne sais pas te tenir. Je sais que tu m'as embrassée uniquement pour faire le mari jaloux et possessif.

James souligna le fait qu'un voisin insignifiant, pour lui en tout cas, n'avait rien en commun avec un public.

- Lui en tout cas, il n'a pas des idées tordues quand il s'agit d'amour.

Son mari eut une étincelle dans les yeux, car Francesca venait de lui faciliter les choses en amenant la conversation tout droit où il allait le faire.

- Qu'est-ce que tu en sais, tu couches avec lui ?

Elle afficha un sourire bref mais niais, trop pour prendre le sujet au sérieux.

- Ça ne va pas, non ?

James cessa de sourire et fit deux pas vers elle, très lents avec un regard inquisiteur.

- Oh si, ça va très bien. Mais à force de mentir, ma belle, tu vas finir par t'enterrer toute seule.

Se méfiant de son expression agressive, Francesca inclina légèrement la tête. Il venait de sous-entendre qu'elle lui mentait comme s'il avait une preuve solide. Alors qu'elle se tourna pour écraser son mégot dans le cendrier, la porte s'ouvrit sans bruit sur le batteur. Ce dernier s'était inquiété du départ de James après l'avoir vu pleurer, et il avait peur pour son mariage. D'un autre côté, il avait envie de savoir ce qu'il en était avec ce voisin, afin de les aider à régler le problème.

- Je me doute bien que si c'était le cas, tu l'aurais déjà frappé. Ben oui ! C'est bien beau tous tes flingues et tes voitures, mais ça sert souvent à compenser un manque. T'as déjà frappé au moins un mec dans ta vie ?

James la retourna et lui attrapa le visage des deux côtés.

- C'est quoi cette question ? Parce qu'il faut savoir cogner pour être un homme ? Sinon c'est quoi, une couille molle ? Une lopette ?

Bien que Lars fut révolté de voir son meilleur ami se faire diminuer de la sorte, il lui attrapa les bras.

- Jamie, ne fais jamais ça. C'est irréversible, et tu risques de ne pas pouvoir t'arrêter.

James se radoucit et face à la mine peu scrupuleuse de Francesca, il la relâcha doucement. Malheureusement, ce qui l'en empêchait était une autre "faiblesse" chez lui. Dès lors qu'il ressentait une poussée de violence envers une personne, quelque chose l'empêchait toujours d'y répondre physiquement. Il avait des armes, il connaissait la vue et le parfum du sang puisqu'il était chasseur, mais jamais de sa vie il ne s'était battu. James n'aimait pas l'idée de faire du mal, il n'était pas violent pour deux sous. Il aimait la vie et savourait les bonnes choses en profitant de sa famille. Il n'aimait juste pas que l'on vienne marcher sur ses plates-bandes.

- Alors désolé d'être une couille molle qui fait honte à sa petite femme.

- James, non...

D'un regard lourd de regrets, Francesca tendit les bras vers son visage mais il les arrêta en plein air, comme dégoûté par ce contact à venir.

- J'espère que ton amant cogne mieux que moi !

Pour être fixé, Ulrich reposa cette question qui s'éternisait sans avoir de réelle réponse.

- Tu l'as vraiment trompé alors ?

- Lars, ce ne sont pas tes oignons. Ne joue pas les accusateurs alors que pendant vos tournées, je suis sûre que vous sautez sur toutes les femmes.

Le batteur fut outré, car jamais il n'avait entendu ça. Pas une seule de ses copines n'avait ainsi manqué de confiance en lui au point de prétendre une chose pareille en pleine dispute.

- Tu en as des préjugés à la con ! Arrête de lire la presse, hein... J'espère que ce n'est pas en te basant sur cette idée fixe que tu as décidé de tromper James.

Elle jeta un œil à ses bras, encore posés sur son mari et chercha des explications ailleurs.

- À moins qu'en fait, Jamie ne soit homo ! Vous évitez les scandales en faisant ça entre vous, ça expliquerait ton regard sur Bud tout à l'heure.

Le batteur avait presque envie de rire, et il l'aurait fait si l'aîné n'était pas sur le point d'exploser.

- Non mais tu ne tournes pas rond, toi ! Tu sais quoi, tu as raison. Ce ne sont pas mes oignons.

Lars la fixa dangereusement et lâcha son ami de façon à savourer à quel point Francesca tombait dans une peur inexpliquée. Bien qu'après ce qu'elle venait de leur dire, les mains de James tremblaient, Lars savait qu'il ne lui ferait aucun mal.

- J'ai confiance en lui, il n'a jamais frappé les femmes et tu ne seras pas la première. Calme-toi, cow-boy !

Après un long moment où les regards menaçants furent rois, James se résigna au silence de celle qui avait pourtant entendu le pire de sa part. Il se tourna vers la porte, poussé doucement par Lars, mais la regarda une fois encore. Sans espoir, il l'encouragea à avouer qu'elle l'avait trahie. Mais alors que Lars lui conseilla de monter dans sa chambre, ils entendirent :

- Ça fait six ans, Bud et moi.

"Six ans, c'est pratiquement une double vie" pensa Lars, estomaqué sans le montrer. Il sentit avec peur les muscles de son ami se contracter, mais James resta un peu trop calme.

- Mais Jim, je te promets qu'il n'y a aucun sentiment là-dessous. C'est juste que je ne suis pas aussi résistante que toi quand je me retrouve seule, je suis désolée.

Ils l'entendirent respirer difficilement, puis il prit l'escalier sans prononcer un mot de plus. Lars partagea un regard muet mais plein de reproches à son amie, mais finalement ils avaient tous les deux commis cette trahison conjugale. James n'avait plus réagi ensuite, sûrement parce qu'il avait fini par obtenir sa réponse. Ulrich retourna alors dehors et embrassa Lucy, qui devina en même temps que les autres que les choses se passaient mal à l'intérieur. Karmen prit la main de Robert et l'interrogea du regard. Lars leur promit que James s'était calmé, mais qu'il allait monter d'ici une dizaine de minutes afin de s'en assurer. Ce qui le rassura, ce fut de voir Francesca les rejoindre une minute plus tard. Mais le groupe parvint à restaurer la chaleur précédente comme si rien ne s'était passé, les rires raisonnèrent... et près d'une demi-heure passa, avant qu'Ulrich ne réalise qu'il n'avait pas respecté sa pensée.

ooOOoo

Lars regretta d'avoir laissé l'autre homme sans surveillance. Lorsqu'il ouvrit la porte de la chambre, une infecte odeur d'alcool lui sauta au nez tellement elle était forte. Son ami ne dormait pas, il se soûlait. Il se tenait debout à sa droite, une main plaquée sur sa commode. Dessus se trouvaient un verre avec une bouteille à moitié vide, un petit coffre rectangulaire qu'il tapotait nerveusement, ainsi que plusieurs photos de lui et de sa famille. L'un des cadres était renversé devant lui, et Lars ne se demanda pas qui il représentait. Il approcha avec prudence, n'étant pas confiant de le voir dans cet état. James ne buvait pas n'importe quoi. De l'absinthe ! Voyant la bouteille à moitié vide, Lars tenta de la lui retirer mais l'expression de James le dissuada immédiatement. Son ami n'avait fait que rechercher une ivresse rapide. Ses yeux étaient rougis par les larmes et son visage brûlant, il était au bord du gouffre.

- Jamie, ne te laisse pas aller.

Il eut les larmes aux yeux de le voir souffrir ainsi, mais il se devait de l'empêcher de couler.

- Je sais que c'est dur pour toi, mais il faut lui pardonner. Vous êtes deux à avoir fait cette erreur.

- Non ! Non ! Parle pas...

Il croisa enfin son regard. James était totalement ailleurs et peu importe ce qu'il lui dirait, il n'encaisserait rien et ne se souviendrait sûrement de rien le lendemain.

- Tu ne veux pas aller te coucher ?

Hetfield découpa sa question et regarda son lit derrière.

- Elle va partir. Ma Francesca va me laisser, et partir avec lui.

- Ce n'est pas vrai. Elle t'aime et je la crois. Ce n'est pas parce que tu ne te sers pas de tes poings qu'elle te rejettera...

- Ah pourtant je la gifle au lit, elle aime ça... " coupa le blond, complètement perdu.

- Mmm... hein ?

Pas sûr d'avoir bien entendu, Lars se gifla mentalement. Il savait que si James se souvenait de lui avoir avoué une chose pareille le lendemain, il irait s'enterrer au fin fond du désert mais rien que la pensée de le voir rougir de gêne l'amusa.

- Tu la gifles au lit... que dire à ça ?

Il n'aurait jamais pensé apprendre un détail aussi croustillant sur la vie intime de son ami. Avec un sourire coquin, il poursuivit :

- Au lit, c'est différent. C'est le genre de douleur qui attise le désir. J'en reviens pas de parler comme ça, moi. C'est venu d'elle, l'idée ?

Le blond remua la tête en pointant son index vers lui-même.

- Moi ! J'ai trop b'soin de dominer, et d'baiser. J'ai tout le temps envie, ça lui plaît pas. C'est pour ça qu'elle le préfère lui. Mais je vais faire quoi sans elle ?

- Tout le temps envie ? Tu es tout le temps excité, tu veux dire ?

Après avoir répondu négativement, l'aîné porta son verre à ses lèvres, le terminant en deux gorgées qui laissèrent le batteur admiratif. "Quelle descente ! T'es un boss, toi" pensa t-il. Salivant légèrement sous la force de la boisson, James s'essuya la bouche et fronça les sourcils avant de saisir à nouveau la bouteille. Cette fois, le plus jeune l'en empêcha.

- Jim, arrête ça, tu as assez bu. Et rappelle-toi ce que Francesca a dit, c'est juste qu'elle se sent seule quand tu es en tournée. Elle veut de la compagnie mais ce mec n'est rien pour elle. Non, stop !

Il rit en voyant son ami pouffer comme un enfant. Le corps de James commença à s'affaisser mais Lars l'empêcha de se laisser entraîner au sol, de peur d'avoir du mal à le relever.

- Mais euh... " pesta l'aîné.

Le côté enfantin de l'homme qui buvait trop commençait à pointer le bout de son nez alors cette fois, Lars y vit une occasion de le faire parler sur un sujet épineux.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit avant de partir ? Ton voisin ! Il t'a dit quoi ?

La mémoire de son meilleur ami semblait encore fraîche, car ses yeux s'inondèrent immédiatement. Les mots qui sortirent ensuite de sa bouche furent hachés, mais à la fois tristes et alarmants. Le batteur fit tout ce qu'il put et termina dans ses bras à le consoler, à lui prononcer des mots qu'il n'aurait jamais prononcé avant et le soutenant autant que possible. Sachant désormais ce qui forçait le chanteur à taquiner la bouteille, Lars sut qu'il lui fallait à tout prix veiller à ce qu'il ne s'endorme, sinon il quitterait la maison. Il lui proposa de s'allonger, mais leva les yeux au plafond en voyant son ami prendre son verre avec lui. "Avec un peu de chance, ça l'endormira plus vite" pensa Lars. D'abord, il lui fit ôter son jean et son gilet afin de ne pas avoir trop chaud s'il finissait sous les couvertures. Il lui déposa ensuite un grand baiser sur le front et lui prit la main plusieurs secondes, avant de lui souhaiter un aussi bon sommeil que possible. Néanmoins, il ouvrit suffisamment la fenêtre pour faire partir l'odeur et, après avoir vérifié que son ami regardait ailleurs, il prit le coffre sur la commode.

James avait continué de boire au lit après le départ de Lars, contre l'avis de celui-ci mais pas longtemps. Ce qu'il voulait, c'était perdre le plus de souvenirs possibles de ce jour au réveil, même si son mal de tête allait le laisser à terre. À plus forte raison, s'il ne se concentrait pas sur cette bouteille, il allait repenser à celui qui lui avait chuchoté cette horreur. Et s'il végétait là-dessus, il finirait par se rendre chez lui, passant le barrage de ses amis par la force s'il le fallait. Ne voulant pas leur faire peur ni leur faire du mal, il avait fait son choix. C'était par miracle qu'il avait pu arrêter de penser et enfin fermer les yeux.

Il se voyait sonner à sa porte en toute aise, et entrer comme s'il était chez lui. Lambert le regardait passer, impuissant ou ignorant, alors que Becca accourait vers lui et lui sautait dans les bras. D'abord de façon à l'accueillir comme son père, puis ensuite pour dévorer ses lèvres goulûment. Sous les yeux de celui qui était pétrifié d'être ainsi trahi et humilié par sa seule famille, James commença à la déshabiller puis la mit à genoux. Il la tourna délibérément afin que son père ne la regarde lui faire une fellation, perdant rapidement patience et cherchant à atteindre lui-même le fond de sa gorge. Lorsqu'il en eut assez de la faire suffoquer, il la souleva et la plaqua brutalement au mur à quelques centimètres seulement de son père. Il la ravagea sauvagement, la faisant hurler de plaisir alors que Bud n'avait pas la présence d'esprit de les séparer. Dès qu'il voulait poser une main sur Becca, il lui semblait qu'elle passait à travers elle, comme si sa fille s'éloignait encore plus de lui pour aller vers James. Ce dernier grognait, insultant de façon obscène celle qu'il prenait contre le mur car il savait à quel point elle aimait ça. Le plus cruel étant que Hetfield ne quittait pas Lambert des yeux, rien que pour lui montrer à quel point prendre sa fille devant lui l'excitait.

- T'as vu comme elle aime ça ? T'as vu ? Ce n'est plus ta petite fille, Lambert, c'est ma petite salope. Hein, Becca ? Dis-le à ton père, dis-lui que tu es ma chienne.

En guise de réponse, la jeune fille fit un sourire lascif et écœurant à son père avant de se lécher la lèvre. Dans les yeux du chanteur apparurent alors une étincelle de sadisme, et il cessa de sourire.

- Tu entends comme elle mouille quand ma queue la baise ? Écoute ça !

James la bombarda rapidement de coups de reins afin que Bud n'entende ce qu'il cherchait justement à ignorer.

- Je te l'avais dit, elle est ouverte pour moi. Becca est à moi, je peux en faire ce que je veux. Regarde bien ton bébé, et admire ce que je vais lui faire.

Bud l'insulta, mais chaque parole retomba dans l'oreille d'un sourd. James reposa Becca, l'embrassa tout en mêlant bien visiblement sa langue à la sienne, avant de la mettre à quatre pattes et la sodomiser. La surprise fut totale pour elle mais malgré ses hurlements de douleur, elle lui ordonna de continuer. Pourtant, cette fois, il sembla à James recevoir un coup de la part du père. Ce dernier avait du se pousser à réagir.

James aurait pu sentir et travailler la douloureuse érection qui s'était emparée de lui à son réveil, si ce dernier n'avait pas été provoqué par un choc violent, impliquant une douleur déchirante. Malgré son ivresse, elle le paralysa tellement elle était profonde et il se retrouva coincé entre rêve et réalité. Qu'est-ce que c'était que ce cauchemar ? Encore faible de son sommeil à cause de l'alcool, mentalement et physiquement, il sentit cette douleur rester vive au fur et à mesure qu'il réalisait être réveillé. Cette douleur était réelle et il sentait qu'il n'était pas seul. Il y avait d'ailleurs comme un poids sur ses jambes qui l'empêchait de se retourner. Mais cette douleur... Il ne put que hurler désespérément le temps d'être pleinement conscient de ce qui lui arrivait. Que se passait-il ? Cette personne était la responsable de sa douleur, elle lui infligeait intentionnellement. Alors il hurla et hurla encore, son peu de conscience lui rappelant soudain qu'il avait de quoi se défendre. Il remua aussi violemment que possible pour atteindre le bord du lit, même si son mal n'en fut que plus atroce. Il passa une main sous le lit et attrapa un pistolet qu'il gardait toujours en cas d'attaque. Sans attendre, il réussit à ôter la sécurité avec son pouce et tira le premier coup de feu vers l'arrière, parvenant à retirer le poids sur ses jambes. Cette personne avait paniqué et s'était relevée, alors James se releva en chancelant et eut un bref aperçut de son visage. La douleur étant trop forte, il s'accula dans l'angle du mur, les yeux en larmes et le pistolet en avant. La vision floue sous l'alcool mais la douleur un peu moins intense, il pointa son arme sur la silhouette et tira encore. Malheureusement, sa main trembla violemment et il manqua sa cible, donnant l'occasion à cette personne de s'enfuir par sa fenêtre. Le temps qu'il ne réalise être complètement seul, James regarda autour de lui. Sa vue redevenant normale, il sentit sa douleur et hurla encore une fois.

- JAMES !

Des hurlements retentirent, lui paraissant trop lointains pour être réels. Ils l'appelaient de façon trop agressive et il se méfia en pointant son arme un peu partout. Lorsque la porte s'ouvrit brusquement, il plissa les yeux et pointa inévitablement son pistolet vers celui qu'il pensa être son agresseur. Lars se tint dans l'encadrement de la porte malgré les tentatives de dissuasion des autres. Il écarquilla les yeux sous le choc en voyant son ami avec le caleçon baissé, du sang partout entre ses jambes et sur le lit.

- Jamie !

Pleurant et hurlant à l'autre bout de la chambre, ce dernier se battit contre lui-même afin de se persuader qu'il était en sécurité. Mais à voir que le batteur faire un pas en avant, Robert le disputa littéralement à cause de son inconscience.

- NE RENTRE PAS !

Ce cri inconsidéré alarma de nouveau le chanteur, et Lars réalisa qu'il allait en payer le prix. Effectivement, James tira mais ne rata sa cible que par miracle, atteignant le mur à quelques centimètres de lui. James était un très bon tireur, mais l'alcool sauva la vie de son meilleur ami. Tremblant de peur, celui-là se jura de mettre un coup de poing au bassiste si jamais il sortait de là vivant. Les autres restèrent derrière le mur et tentèrent de raisonner James. La voix calme de Lars se fit entendre, ensuite celle de Francesca puis enfin Robert pour lui rappeler qu'ils étaient là.

- Hé mon grand ! C'est moi, Lars... shhht...

- James, c'est nous. Ta famille ! dit Francesca.

- On veut juste t'aider ! ajouta Robert.

- Qu'est-ce qui lui prend ? demanda Kirk.

Les larmes aux yeux en regardant la zone atteinte, Lars leur détailla rapidement la situation mais sa voix trembla.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais il y a du sang partout. Il lui faut une ambulance au plus vite.

Il les entendit débattre et ses mots motivèrent ses amis, qui n'hésitèrent plus à s'approcher et entrer. "Au point où j'en suis... " pensa Lars en les voyant, il fit un pas de plus sans craindre l'arme. Face à son époux quasi-dénudé et vraisemblablement mutilé, Francesca plaqua une main sur sa bouche en voyant tout le sang.

- Seigneur, chéri ! Qu'est-ce que tu as fait ?

Lars ne fut plus qu'à quelques centimètres de lui et décala tout doucement sa main armée.

- Vas-y mollo hein !

- Jamie, regarde-moi.

- Vous croyez qu'il s'est tiré dessus ?

- Non ! Bébé, lâche ce pistolet !

James s'agita violemment en les voyant tous si proches de lui. Il hurla et tenta de frapper son batteur, mais Robert et Kirk parvinrent à le canaliser en plaquant ses bras au mur. Lorsque James réalisa qu'ils n'étaient pas là pour lui faire du mal, il laissa son meilleur ami lui prendre doucement son pistolet mais il refusa de se décoller du mur, craignant que l'un d'eux ne porte la main à la zone blessée. Il ne savait toujours pas ce qu'il avait mais les autres avaient besoin de le savoir pour renseigner les secours. Ulrich s'en occupa, laissant les deux plus costauds gérer physiquement leur ami et son épouse lui parler calmement. James pleurait désormais.

- Lars ! Dis-leur bien qu'il est bourré et que ça va être très difficile. Il ne va pas du tout se laisser faire, il leur faudra de quoi le calmer ici. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé mais ça l'a traumatisé. Shhht...

Alors que Lars hocha la tête, il constata en se tournant que la fenêtre était grande ouverte par rapport à la façon dont il l'avait laissée. Comprenant en quelques secondes qu'ils s'étaient trompés, il ouvrit grand la bouche et se tourna encore une fois vers les autres.

- Mec, tu attends quoi ? Lars ! le bouscula kirk.

Le concerné déglutit.

- C'est de ma faute. Quelqu'un est rentré par ma faute...

- Quoi ? demanda Kirk.

Mais Lars était soudain tétanisé, tremblant et à deux doigts de faire un malaise. Il leur montra la fenêtre du doigt.

- Quelqu'un lui a fait ça, ce n'est pas un accident avec son arme. J'avais ouvert sa fenêtre, juste un peu pour faire partir l'odeur... et elle est entièrement ouverte.

Sachant désormais qu'il s'agissait d'une grave et violente agression, ses amis se regardèrent. Francesca serra son mari contre elle. Kirk en eut les larmes aux yeux mais alors que Lars pleurait sous la culpabilité, Robert se bouscula et alla passer les coups de fil nécessaires car ses amis n'étaient plus en état de le faire. Cette fois, il n'allait pas seulement prévenir une ambulance mais la police aussi.

Comme ils s'y étaient attendus, les ambulanciers eurent grand besoin de leur aide afin d'emmener le chanteur. Il avait fait usage d'une violence complètement inconnue chez lui mais par chance pour eux, il avait fini par s'écrouler d'épuisement. Les ambulanciers ayant refusé les sédatifs par sécurité à cause de l'alcool, James avait fini contentionné. Kirk dut ensuite calmer Lars et le maintenir tellement il tournait en rond en hurlant que tout était de sa faute. Le pire pour lui était de devoir rester ici, car ils devaient d'abord parler à la police, et de toute façon James devait être pris en charge sans attendre. Quant à la police, des scientifiques avaient accompagné un haut responsable en voiture banalisée, l'inspecteur George Camden. L'ambulance n'était déjà pas passée inaperçue, alors il leur fallait à tout prix éviter tout bruit courant sur une agression sexuelle qui aurait eu lieu dans la maison des Hetfield.

La chambre étant une scène de crime, elle était interdite et Lars se tenait dans le couloir, soutenu par Lucy alors que les professionnels faisaient leur travail. Bien qu'elle l'avait accompagné, ils avaient rompu il y a moins de deux mois mais ils étaient restés très bons amis, alors il lui avait proposé de l'accompagner en ce jour. Repensant au moment où il avait été l'embrasser dehors, Lars s'excusa mais elle le serra contre elle sans lui en vouloir.

- Cette journée n'est facile pour personne. Tu iras le voir dès que tu pourras, alors arrête de dire que c'est de ta faute.

Alors qu'ils redescendirent, le chef scientifique les suivit pour parler à l'inspecteur. Ils s'entretenaient tout en jetant des regards sur la terrasse, où se trouvaient tous les autres. Puis ils firent le tour de la maison afin de chercher tout élément pouvant les aider, et il n'en manquèrent pas. À peine une demi-heure plus tard, Camden s'approcha de la table. Kirk serra Nora contre lui, puis elle alla garder les petits tandis que lui s'asseyait avec les autres. Tous étaient encore sous le choc.

- Madame ! Connaissez-vous quelqu'un qui aurait pu en vouloir à votre mari ?

- En vouloir au point de faire ça ? demanda t-elle.

La blonde était impossible à calmer depuis le départ de son mari en ambulance. Par chance pour elle, Lars n'avait pas révélé son adultère mais c'était une question de temps, car le représentant de l'ordre allait lui demander divers détails.

- On ne va pas chercher loin. Après ce qu'on a vu et entendu, c'est le voisin ! trancha Robert.

Tous les autres semblèrent du même avis et la blonde dévoila l'identité du voisin. Ce dernier risquant la fuite si ce n'était pas déjà fait, Camden appela le commissariat pour demander une descente immédiate à son domicile. S'il y était, il ne s'était peut-être pas encore débarrassé de l'arme du crime. Bien évidemment, il chercha à savoir pourquoi cet homme était le premier désigné par tous, car lui ne pouvait pas accuser sans preuve concrète.

- Et dire que Bud est juste venu récupérer une tondeuse... c'est quoi cette journée ? Lui et James n'ont pas arrêter de se provoquer et ils ont failli se battre. James faisait le jaloux comme d'habitude, mais Bud avait l'air de le chercher. Il n'a jamais cherché l'affrontement mais aujourd'hui, il a carrément essayé de l'humilier devant tout le monde.

- Alors on s'est levés de nos chaises Kirk et moi, histoire de lui montrer qu'il allait bien tôt en prendre une de notre part s'il manquait de respect à notre ami.

Kirk hocha la tête positivement après les mots du bassiste, puis ils virent un des scientifiques s'approcher.

- Madame ! Le treillis mural dehors était-il déjà endommagé ?

Francesca fut totalement surprise.

- Endommagé ? Non ! Il est récent et James en prend vraiment soin, même les enfants n'y touchent pas. Pourquoi ?

- Parce qu'il est fichu. Celui ou celle qui a attaqué votre mari l'a escaladé pour atteindre la toiture. Il va nous falloir une échelle si vous en avez une. On ne peut pas passer par la fenêtre, on risquerait de faire disparaître des indices.

L'épouse accepta, mais Kirk lui proposa d'aller la chercher à sa place car le policier avait encore besoin d'elle.

- Et apparemment, la fenêtre était déjà ouverte, ce qui lui a facilité la tâche.

- Putain ! pesta Lars en se relevant brusquement.

Devant l'air interrogateur de Camden de le voir s'éloigner énervé, Francesca expliqua :

- Il pense que c'est de sa faute. James a trop bu et ça sentait l'alcool dans la chambre. Lars nous a dit avoir ouvert pour faire partir l'odeur, alors il s'en veut.

- Je vois. Cette haine entre votre époux et monsieur Lambert, depuis quand existe t-elle ?

Après un long instant de réflexion, Francesca sentit la main de Robert se poser sur la sienne. Il l'encouragea d'un hochement de tête, et elle souffla avant d'organiser ses souvenirs.

- L'histoire est assez longue et compliquée, pleine de non-dits. Certaines choses sont juste devinées, mais n'ont jamais été exprimées. Pour remonter tout au début, on a toujours été voisins. Bud et sa femme Sofia sont arrivés en même temps que James et moi. Sofia était méchante avec lui, et même avec tout le monde. Elle l'empêchait de sortir, de parler avec les gens... une vraie mégère. On n'a pas eu le temps de la connaître plus. Elle a fini par le quitter quand il a découvert qu'il ne pouvait pas avoir d'enfant. Ça faisait des années qu'ils essayaient alors elle l'a forcé à faire un spermogramme. Quand on aime une personne, on ne la quitte pas pour ça. Il s'est retrouvé seul alors il allait si mal... mais au moins, il a commencé à sortir et fréquenter un peu les gens. Après quelques années, on a fini par se rapprocher lui et moi. Mais là ça fait six ans que...

Ce silence s'avéra très parlant pour celui et celles qui n'étaient pas encore au courant : l'inspecteur et les compagnes.

- Que vous avez entamé une liaison extra-conjugale ? demanda t-il.

S'abstenant de juger, Lucy et Karmen baissèrent tout de même la tête, mais l'inspecteur fut au moins satisfait qu'elle n'omette aucun détail pouvant affiner sa réflexion.

- Oui ! Et on peut dire que James m'a rendu la pareille, parce qu'il a récemment couché avec la fille de Bud, Becca. C'est ce qui a fait éclater la bulle aujourd'hui, et ils ont failli se battre sur le gazon. Inspecteur, Becca a dix-huit ans alors Bud a pété un plomb. Il l'a tellement surprotégée qu'il ne se rend pas compte qu'il la prive de vie. Alors que pourtant, lui et moi...

- Si cette petite est majeure, votre époux n'a rien à se reprocher hormis d'avoir été infidèle.

- Mais on est deux. Je ne voyais pas assez mon mari et je n'en pouvais plus. Ça n'a pas trop changé d'ailleurs. On est mariés depuis quinze ans et avoir un homme qui part tout le temps, ça fait mal. Quand il se mêle à la foule ou qu'il prend l'avion, j'ai toujours peur qu'il lui arrive quelque chose.

Lucy et Karmen baissèrent les yeux, partageant totalement son avis cette fois. Lars revint s'asseoir avec eux, calmé, mais ses yeux étaient légèrement rougis. Nora revint du salon et Karmen la remplaça pour aller garder les enfants, se faisant remercier au passage. Lars accueillit son amie près de lui et lui prit la main. Il aurait tout donné pour pouvoir lui faire l'amour à cet instant, mais il n'en avait plus le droit.

- Bud était seul et ça lui pesait aussi, alors on se consolait à notre façon.

- Vous êtes certaine qu'il n'a pas fini par tomber amoureux avec le temps ? Ça expliquerait sa façon de défier votre mari !

Francesca, pas sûre, haussa les épaules.

- Malgré le temps et ma compagnie, il n'allait toujours pas bien. Il voulait vraiment un enfant même s'il lui fallait s'en occuper sans une mère. Alors je lui ai parlé d'adoption, et c'est ce qu'il a fait. Il est revenu avec la petite Becca, qui avait huit ans. Elle était sage et timide. Il s'en est occupé au mieux, et Becca l'a toujours aimé comme son vrai père. Il n'y avait pas plus heureux qu'eux, et on a vu Becca grandir. Je lui ai dit qu'il pouvait venir avec elle quand il voulait, comme ça elle verrait d'autres enfants. En plus, ils avaient vraiment besoin de s'intégrer tous les deux. Mais à cause de Sofia, Bud est devenu très solitaire et il a trop couvée la petite, ça l'empêchait d'avoir une vie aussi. Il fallait que je le bouscule, mais ils venaient quand même de temps en temps. Même si nos enfants étaient encore trop petits pour jouer avec Becca, ils ont grandi ensemble. Pour autant que je me souvienne, cette gamine a toujours été proche de James. Il faut dire qu'il adore les enfants, et il a tout fait pour qu'elle se sente acceptée. Becca a continué à venir à la maison pendant très longtemps. Parfois, elle venait sans Bud. Que ce soit après l'école ou pour jouer les week-end... elle a fini par passer plus de temps ici que chez elle. Petite déjà, elle adorait quand James jouait de la guitare et elle venait souvent pour le regarder. Il l'a pratiquement initiée au heavy metal, elle n'écoute que ça. Bud m'a même dit qu'il lui a acheté une guitare sèche, parce qu'elle apprend la guitare avec James quand il a le temps.

Francesca fit une pause, en repensant à cette "excuse" de visites quotidiennes, auxquelles elle aurait du faire plus attention.

- Je ne sais pas s'ils ont agi sous l'impulsion, ou par attirance chez l'un, l'autre ou les deux. Comment j'aurai pu savoir que ça allait arriver un jour ? Elle a toujours traité mon mari comme un second père, ce n'était pas censé arriver.

Lars, qui semblait avoir apprécié qu'elle n'avoue la vérité ainsi, décida de l'aider.

- Je parle pour moi, mais je pense que c'est une pulsion chez les deux. Je connais suffisamment mon ami pour savoir quel genre de femme l'attire, et je sais qu'il ne ressent rien pour des filles qui pourraient être les siennes. C'est arrivé alors que ça n'aurait pas du et eux seuls savent pourquoi, alors c'est à toi d'en parler avec Jamie.

Concentré après avoir emmagasiné cette pile d'élements, Camden se pencha sur la table.

- C'est peut-être ce qui explique pourquoi monsieur Lambert déteste autant votre mari. Il considère qu'il lui a volé sa fille, alors qu'il a tout donné pour elle. Il ne pouvait pas en avoir et a du adopter, alors il considère qu'elle lui appartient. Elle est toute sa famille mais elle va passer son temps chez une autre, ce qu'il fait qu'il se retrouve encore seul. Et c'est peut-être pour ça que lui a arrêté de venir vous voir avec le temps. Il ne voulait pas voir l'homme que sa fille préférait à lui ! Je me place de son point de vue... mais vous êtes sûre qu'il n'a pas recherché une relation avec vous pour se venger de monsieur Hetfield ?

Francesca fit les gros yeux devant la profondeur de cette question.

- Comment je pourrais savoir alors que moi-même j'ai cherché cette relation ? Ça tient debout sinon, tout ce que vous dites. Mais ça n'explique pas pourquoi James l'a toujours pris en grippe. Il n'a jamais rien eu à lui reprocher.

- Peut-être qu'il avait déjà senti qu'il se passait quelque chose entre vous ?

- Ce n'est pas seulement ça.

Ulrich recommença à s'énerver et Trujillo dut l'avertir de ne pas s'emballer.

- Peu importe parce que s'ils s'en étaient tenus aux coucheries tous les deux, on aurait pu calmer le jeu aujourd'hui. Mais chacun d'eux a fait une connerie en plus aujourd'hui, à notre insu. J'en ai surpris une et pour l'autre, c'est ton mari qui m'a mis au courant. James ne lui reproche pas seulement votre aventure depuis longtemps. Il était si énervé dans la chambre qu'il répondait à peine. Il avait les mains qui tremblaient et il n'arrêtait pas de taper sur le coffre de son arme, et j'avais peur qu'il ne fasse une connerie. J'ai fini par le détendre un peu en lui parlant de vous deux... et crois-moi, qu'est-ce qu'il t'aime ! Mais ce flingue, il allait s'en servir. Il aurait buté ce mec si je ne lui avais pas parlé. Vous n'avez fait que vous renvoyer la balle aujourd'hui, mais c'est autre chose qui a provoqué sa rage. D'après les dires de Jamie, et ce sera ma version officielle... ton voisin a à peine posé les yeux sur lui qu'il a commencé les sous-entendus comme quoi il venait te voir, toi. Il lui a parlé de votre couple qui battait de l'aile, dont j'imagine que tu lui as parlé toi-même ? Il a ensuite prétendu que ça devait être une histoire de longueur, mais Jamie a frappé sous la ceinture en répondant que lui au moins, il avait pu avoir des enfants.

- Ça c'est malin, un vrai concours de bites ! murmura Francesca, la tête dans les mains.

- On peut le dire, et ils ont tous les deux monté d'un cran. Quand tu as laissé ton voisin partir seul en faisant le tour de la maison, j'ai surpris James en train de le prendre à partie contre le mur.

Francesca regretta son initiative de lui avoir conseillé l'allée, après avoir attendu que les enfants ne partent promener Rocco, le chien de Robert.

- Ils ont tous les deux dépassé les bornes à ce moment-là, mais c'est ton mari qui a commencé. Je parle par honnêteté, j'aime James mais là, ce qu'il s'est pris dans la figure est le reflet de ce qu'il a envoyé à ce type.

- Accouche là, tu nous stresses ! avoua Kirk, la main tremblante.

- J'étais à plusieurs mètres mais j'entendais. James lui a balancé des détails sordides sur ce qu'il a fait avec sa fille. Même moi, j'étais complètement dégoûté. Comme quoi ils y auraient passé la journée, et qu'elle en redemandait encore. Même qu'il avait fini par y glisser comme dans du beurre. J'imagine assez bien ce qu'un père peut ressentir. Lambert pleurait, et je le comprends. Alors il a soufflé ce truc que James m'a dit dans la chambre... il lui souhaite d'avoir un "bel accident de bus".

Il y eu un moment de silence, durant lequel ses amis se demandèrent s'il s'agissait bien d'un cruel sous-entendu. Mais Lars voulait tout balancer tant que ses souvenirs et sa volonté étaient là. Il avait déjà suffisamment le cœur en miettes de devoir en parler.

- Je vais tuer vos questions dans l'œuf, c'était bien une référence à Cliff.

Kirk serra la mâchoire, les larmes aux yeux.

- Mon Dieu !

- Je ne sais pas si c'était une façon de dire à James qu'il voulait le voir mort, ou si c'était pour lui rappeler l'accident par méchanceté.

Triturant ses cheveux, Trujillo ne sut plus quoi penser. Personne n'avait ni tort ni raison, ces hommes avaient perdu les pédales.

- Je vais te dire, au point où ils en sont, il n'y a plus aucun retour en arrière possible. Ils se sont tellement déchirés le cœur mutuellement que l'un tuera l'autre s'ils se recroisent. C'est inhumain de se parler comme ça, c'est fou.

L'épouse expliqua sa totale incompréhension de voir ces deux hommes se déchiqueter comme des bêtes à cause de la trahison, chacun l'ayant vécu différemment. Ils étaient pourtant si doux et bienveillants individuellement.

- En sortant, j'ai pris le coffre avec moi mais j'ignorais qu'il en avait un autre.

- Tu ne pouvais pas savoir. James adore les armes, il en a beaucoup. En cas de cambriolage, il en a une juste sous le lit, prête à servir.

- S'il était à deux doigts d'aller le tuer, comment tu as réussi à l'en empêcher ? demanda Nora.

- Je... je me suis glissé entre son coffre et lui. Je lui ai rappelé que ce jour-là, il n'était pas tout seul. Qu'il n'était pas le seul à avoir vécu cette tragédie, ni à avoir vu le corps de notre ami écrasé sous ce bus. On était tous impuissants. Je l'ai serré très fort contre moi, comme ce jour-là, et je l'ai conduit à son lit. Il m'en a fait pleureur, ce con.

L'inspecteur hocha la tête et les remercia tous pour leur franchise, puis il reçut un appel annonçant l'arrivée de l'unité d'intervention. Suivant son devoir, il allait les accompagner chez Lambert pour fouiller la maison, puis il reviendrait parler aux scientifiques. En attendant, le groupe put respirer un peu et ils décidèrent d'aller dehors afin de vérifier le retour des enfants. Ils ne devaient ni aller faire les curieux à côté, ni aller à l'étage de la maison.

à suivre...