La seconde journée du pari passa à toute vitesse, une agitation allant grandissante prenant place dans le sanctuaire jusque là paisible.
Yuji s'agitait dans tous les sens, excité comme une puce à l'idée de retrouver prochainement ses camarades et pouvoir à nouveau prendre part librement au monde des vivants. Il s'entrainait avec d'autant plus d'acharnement, enchainant les heures devant ses manuels puis avec ses mentors, Gojo et Nanami, l'emmenant s'exercer en extérieur.
L'exorciste aux cheveux blancs, d'ailleurs, après des jours et des jours à s'être donné tout le mal du monde pour éviter de croiser la rousse, vint, avant leur départ, se planter sur le seuil de la cuisine alors qu'elle s'y trouvait, la fixant au travers de son bandeau opaque. Après quelques secondes passées à simplement l'observer avec insistance, les bras croisés sur son uniforme corbeau, l'homme finit par prendre la parole, surprenant complètement l'européenne.
« Tu as changé de style un peu, Kali. »
L'intéressée fixa le porteur du sixième œil, stupéfaite, reposant son sandwich à moitié entamé dans son assiette. En effet, après les remarques de Sukuna la veille par rapport à sa potentielle stratégie vestimentaire, la maitresse des flammes d'ombres avait décidé de se vêtir de façon sensuelle dès la sortie de son lit. Juste par plaisir de contredire le démon millénaire…
Actuellement, elle portait donc une robe pourpre longue et vaporeuse à la fente vertigineusement haute sur ses jambes. Son décolleté en cœur était rebrodé de petites perles et de strass captant la moindre bride de lumière, attirant irrémédiablement l'attention à ce niveau là.
Avalant sa bouchée, l'hybride s'essuya le coin de ses lèvres avec un mouchoir, prenant son temps pour répondre. Elle s'était tristement habituée à ce que le professeur la batte à froid, elle ne s'était absolument pas attendue à ce qu'il vienne la trouver ainsi pour parler chiffon.
« J'essaie autre chose. » éluda-t-elle en se tournant vers lui, ne sachant pas trop comment se comporter.
« Pour changer, ça change. » répondit-il simplement, visiblement aussi un peu mal à l'aise.
Un silence un peu gêné s'étira quelques instants entre les deux interlocuteurs, arrachant une légère grimace aux deux.
« Tu as… » fini par lâcher Kali, ne tenant plus.
« Comment va… » commença en même temps Gojo, les faisant taire à nouveau tous les deux.
La rousse baissa un peu la tête, tortillant nerveusement son bout de sopalin entre ses doigts graciles. Le presque trentenaire la scruta une poignée de secondes, resserrant la prise de ses mains contre ses biceps. Cela faisait un petit moment qu'il boudait consciencieusement la jeune européenne, faisant tout son possible pour ne plus poser les yeux sur elle.
L'attirance flagrante que ressentait la toute jeune hybride pour le démon habitant le corps de son protégé l'avait, bien entendu, dans un premier temps profondément mis en colère, surtout en connaissant les sentiments qu'avait Yuji pour elle. L'homme aux yeux turquoise ne pouvait comprendre comme la rousse pouvait préférer le monstre sanguinaire auquel elle avait lié son âme pour échapper à la mort plutôt que le jeune et chevaleresque lycéen aux yeux noisette.
Au tout départ, quand il avait choisi de prendre Kali sous son aile, c'était parce qu'en tant qu'exorciste, il se devait de la protéger, elle qui était à moitié humaine. Puis Yuji était tombé amoureux d'elle, et il avait eu envie de jouer les cupidons en l'autorisant à demeurer dans le sanctuaire.
Quand Sukuna avait commencé à s'intéresser à elle, Satoru avait vu là une opportunité en or de le torturer un peu, misant sur le fait que la demoiselle ne pourrait résister à son adorable protégé. Ce qui, il avait l'impression, avait été le cas un court moment.
Hélas, la situation lui avait bientôt complètement échappé. La jeune femme aux yeux d'or avait progressivement développé une fascination pour le tatoué, avant de lui céder son âme pour échapper à la mort. Depuis cet instant, il avait été flagrant que ce qu'elle ressentait pour lui s'était mué peu à peu en amour, transpirant de son attitude, de ses mots, faisant grincer des dents au porteur de l'infini.
Son plan initial s'était retourné, non pas seulement contre lui, mais également contre Yuji qui avait vu l'objet de son affection s'éprendre petit à petit de l'être infâme désirant tout lui dérober.
Tout cela l'avait terriblement contrarié, indubitablement.
Pourtant, il ne pouvait changer le fait que Kali était à présent liée à Sukuna et faisait partie des éléments à prendre en compte dans ses dessins futurs.
Dessins, d'ailleurs, qui avaient commencé à prendre forme dans son esprit après le départ momentané de Kali du sanctuaire et son retour après quelques jours d'absence. Yuji, même s'il ne savait assurément pas tous les pendants et les aboutissants de la situation, lui avait appris des informations capitales et particulièrement intéressantes…
Pendant la disparition de l'hybride, le fléau millénaire s'était montré particulièrement sur les nerfs, tentant sans cesse de faire partir le jeune Itadori à sa recherche. Puis, une nuit, Sukuna, ayant pris le contrôle du corps de son protégé, avait carrément pris l'initiative de quitter le sanctuaire pour aller retrouver la rousse, allant jusqu'à prendre le risque de passer outre certaines conditions de leur pacte pour la récupérer.
Ça, c'était terriblement intéressant.
Visiblement, si Kali était tombée amoureuse de lui, lui, pour sa part, avait développé une sorte de possessivité obsessionnelle pour elle également.
Et ce point pourrait certainement lui servir à l'avenir.
Si la demoiselle pouvait lui servir pour museler le démon millénaire, il n'allait pas s'en priver !
Ce n'était assurément pas très sympathique pour l'européenne qui était devenu à ses yeux un simple pion, un otage potentiel, mais qu'importait. A ses yeux, tout ce qui pouvait protéger Yuji et empêcher Sukuna de le nuire, devait être mis en place, quoi que cela puisse couter.
C'était pour cela qu'il était venu la trouver ce jour là, afin d'agiter un drapeau blanc teinté d'un rien de culpabilité et d'hypocrisie. Cependant, à la guerre, tous les coups étaient permis. Se n'était pas sa faute si l'européenne avait choisi le mauvais camp.
« Tu as l'air en forme, Kali. »
En entendant les paroles du classe S, la demoiselle se figea, respirant profondément, braquant son regard doré vers lui. Elle qui pensait que l'exorciste la détestait de chacune de ses cellules ne se serait jamais attendue à ce qu'il vienne lui demander de ses nouvelles.
« Merci… » hésita-t-elle doucement, se tournant complètement vers l'homme aux cheveux blancs. « Toi aussi, tu as l'air de bien de porter. »
« Oué, moi ça va toujours, voyons. »
Il lui adressa un sourire doux plein d'assurance, un de ceux qu'il avait pour elle avant qu'elle ne passe le pacte avec Ryomen, faisant un peu se serrer son cœur au creux de sa poitrine tatouée. Elle avait compris sa colère, après son pacte. Elle avait accepté le fait qu'elle était une traitresse à ses yeux, pour avoir choisi Sukuna, pour le fait qu'elle ait des sentiments pour lui.
Le connaissant très entier, un peu comme le démon couronné, elle n'aurait jamais pensé qu'il reviendrait vers elle un jour, badinant comme avant, comme s'il lui avait pardonné ses choix.
« Tu as pris une décision, pour Kyoto ? » reprit le porteur du sixième œil, demeurant à distance de la demoiselle, sur le seuil de la cuisine, extirpant la jeune femme de ses pensées.
« Pour Kyoto ? » répéta-t-elle, surprise de son intérêt. « Oui… Je vais vous suivre. Je te remercie de m'avoir proposé de rester ici mais je préfère y aller également. »
*Pour suivre Sukuna…* ne put s'empêcher de penser l'homme, réprimant de justesse une grimace réprobatrice.
« Okay. Super. » se contenta-t-il de répondre, affichant toujours son sourire de façade. « Je pense que tu sais qu'il te faudra trouver un logement de ton côté, pas vrai ? L'école de Kyoto est beaucoup moins ouverte d'esprit que celle de Tokyo, je ne pense pas qu'ils t'accueilleraient à bras ouverts. »
« Plutôt avec des fourches et un bûcher ! » s'amusa Kali, se détendant un peu. « Prasad est déjà sur le coup, ne t'en fais pas. »
« Tu m'en vois ravi. » Gojo la fixa quelques instants supplémentaires, tiraillé entre des sentiments contradictoires. Si seulement elle avait choisi Yuji… Si seulement elle ne s'était pas laissée embobiner par l'autre monstre… « C'était sympa de discuter avec toi, Kali. Je te laisse, on part en session d'entrainement avec Yuji. »
« D'accord… » souffla l'intéressée, toujours déstabilisée par cette conversation inattendue. « Bonne journée alors, faites attention à vous ! »
Gojo glissa un dernier regard bandé à la demoiselle qui lui adressait un sourire plein d'espoir, serrant un peu son cœur dans sa poitrine. Rejetant ses émotions au plus profond de son esprit, l'homme fit volte face, s'éloignant à grandes enjambées de la cuisine et de son occupante. Tentant de faire taire la faible culpabilité qui essayait de poindre dans son esprit, le porteur du sixième œil se rassurait en se disant qu'il ne voulait aucun mal à la jeune hybride et qu'il ne faisait rien de mal.
Et que cela continuerait ainsi aussi longtemps que le démon tatoué restait sous contrôle…
Dans le couloir, Satoru croisa Hiroaki, lui adressant un léger signe de tête. Le blond le regarda partir avec un certain empressement, lui faisant légèrement froncer les sourcils. Sans attendre, le garde du corps alla retrouver son amie dans la pièce illuminée du fond, la découvrant en train de grignoter sereinement son encas. Apparemment, son entrevue avec l'exorciste n'avait pas été traumatisant, le rassurant un peu…
« Que voulait Gojo ? » demanda-t-il en allant s'assoir en face de la demoiselle, allant piquer dans son assiettes quelques tomates cerises à la couleur soyeuse.
« Savoir ce que je comptais faire pour Kyoto. » répliqua la demoiselle en se couvrant la bouche, reposant une nouvelle fois son sandwich à peine entamé. « Et… demander des nouvelles ? On aurait presque dit qu'il voulait me faire comprendre qu'il essayait de me pardonner… »
« Oh ? » lâcha Hiroaki, haussant un sourcil. « Tu n'es plus en disgrâce aux yeux du grand Gojo Satoru ? C'est une bonne nouvelle. Un souci de moins.»
« Hum… » soupira Kali, songeuse, faisant doucement rouler du bout d'un doigt un des petit légume écarlate. « Dans tous les cas, Kyoto se précise. Il faut qu'on ailler chercher de quoi faire des cartons en ville aujourd'hui. On déménage bientôt ! »
« Le bricolage, c'est pas mon shopping préféré, mais quand il faut, il faut ! » s'amusa le blond, se mettant en équilibre sur les pieds arrières de sa chaise, les bras croisés sur son torse. « Je t'accompagne volontiers, mais remballe ton pauvre bout de pain, on va se faire un vrai repas dehors. »
En entendant cela, la demoiselle jeta un regard compatissant à sa baguette insultée avant de hausser les épaules, cédant à la tentation. « Soit ! J'emballe ça, je le mets au frigo, et on décolle ! »
Hiroaki ne put s'empêcher de laisser échapper un léger rire en voyant l'hybride se dépêcher de s'exécuter, trottinant en souriant dans la pièce pieds nus alors qu'elle portait une robe de pin up, l'attendrissant terriblement.
Assurément, le concept de femme fatale lui échappait quelque peu, mais qu'importait ! Ils avaient quelques heures encore avant que le tatoué ne débarque, elle pouvait bien souffler un peu… Au fond, le pari était loin d'être gagné…
La nuit était venue, laissant place à un Sukuna plutôt impatient et toujours très sûr de lui. Sans perdre un instant, le démon se redressa dans le lit de son hôte, rejetant les draps à ses pieds. Instantanément, une vive tension apparut à travers le corps musclé qu'habitait le japonais millénaire, lui arrachant un grognement dans le silence de la chambre.
L'exorciste albinos cherchait-il donc à tuer son crétin de protégé avant son départ pour Kyoto ? Une chose était certaine, c'était qu'il le faisait s'entrainer comme une bête de somme, expliquant les innombrables courbatures qui tendaient chacun de ses muscles.
Sukuna soupira en se relevant, retirant le t-shirt et les chaussettes ouvertes que le lycéen ne s'était même pas donné la peine de retirer avant de se coucher. Franchement, celui là… Un vrai sauvage !
Se massant inconsciemment un peu une de ses épaules endolories, le fléau millénaire sortie de la pièce, se demandant si Kali accepterait de lui faire un massage complet ou si elle se braquerait inutilement en disant que c'était assimilable à une caresse, chose prohibée dans leur pari.
Il allait vraiment lui falloir la faire craquer rapidement. Ça l'ennuyait assurément un peu de ne pas pouvoir profiter d'elle comme bon lui semblait !
A peine eut-il atteint le couloir que de puissants éclats de rire masculins se firent entendre non loin, faisant naitre une certaine tension en son sein. Immédiatement, l'homme tatoué braqua son double regard vers la porte entre ouverte de la chambre de la rousse se trouvant non loin, une moue mécontente déformant un peu sa bouche.
Que foutait donc le baveur dans la chambre de la crevette ?!
« Arrête de te moquer de moiiii ! » entendit-il maugréer la jeune hybride alors qu'il s'approchait à pas de loups. « C'est tragique ! »
Un bruit sourd retentit alors, intriguant Ryomen qui se trouvait à présent juste à coté de l'entrée de la pièce, tendant l'oreille. Le baveur, quant à lui, avait visiblement du mal à calmer son hilarité exaspérante.
« Me jeter des oreillers dessus ne changera rien au fait que tu exagères, choupette ! Et d'ailleurs… Combien tu en as ? Tu fais une collection ? »
« C'est pour mieux t'ensevelir dessous, mon cher Hiro ! » répliqua l'européenne, de nouveaux bruits sourds se faisant entendre, résultant très certainement à de nouveaux jets de coussins. « Tu n'as aucune solidarité ! »
« Tout ça pour un ongle cassé… » s'amusa le garde du corps. « Y a pas mort d'homme ! »
« Mais c'est mooooche ! On l'a fait cette après midi, cette manucure… Et elle est toute bousillée maintenant ! »
« Olala, qu'est ce que tu couines, bébé… » Finit par dire théâtralement Sukuna, entrant dans la lumière de la chambre pour venir s'adosser nonchalamment à l'encadrement de porte, levant avec emphase ses yeux rubis au ciel. « Je t'entends depuis l'autre bout du couloir… Je peux savoir ce qu'il fout là, le baveur ? »
Le tatoué reporta alors son attention sur la pièce, y découvrant un capharnaüm absolument pharamineux. Les affaires de la demoiselle s'étalaient sur le moindre centimètre carré de l'espace, recouvrant presque la totalité du sol. Une pile de cartons vides se dressait dans un coin, présentant assurément un équilibre des plus instables. La jeune hybride se tenait aux pieds de son lit, portant un très large sweat à capuche violet lui disant quelque chose, encerclée par des monticules de vêtements multicolores, alors que son garde du corps était quant à lui assis directement sur le matelas, adossé au tigre géant en peluche, une multitude de coussins l'entourant.
A peine eut-il vu le tatoué qu' Hiroaki se tendit instantanément, se renfermant comme une huitre.
« Bébé, sans déconner ? » siffla-t-il entre ses dents, fusillant le japonais millénaire des yeux émeraudes.
La rousse regarda alternativement les deux hommes présents dans la pièce, pouvant presque sentir l'animosité électrique régnant entre eux. Courageusement, elle prit la parole pour mettre fin au silence tendu qui s'étirait désagréablement depuis quelques secondes.
« Ne sois pas comme ça, Hiro… C'est juste un surnom affectueux, rien de méchant ! » tenta-t-elle dans un sourire, intérieurement étonnée que le démon millénaire s'avère être du genre à user de telles marques d'affection.
« Ah mais je te corrige de suite, crevette… » intervint Sukuna, un sourire terriblement narquois étirant ses lèvres. « C'est pas un surnom affectueux. C'est un fait. Tu es un bébé. »
En entendant cela, la demoiselle ouvrit légèrement la bouche, estomaquée. Après quelques secondes, elle reprit ses esprits, venant enserrer son buste de ses bras, une moue boudeuse aux lèvres, vexée. « Pour une fois que tu étais mignon… »
« je suis le roi des fléaux, je n'ai pas à être mignon ! » répliqua l'intéressé, levant à nouveau les yeux au ciel. « Je n'ai pas à être mignon ! »
« Heureusement que vous le répétez toutes les 30 secondes, se serait bête qu'on l'oublie… » ironisa Hiroaki, se laissant tomber un peu plus contre le tigre en peluche. « Si je touchais à chaque fois 100 yen, je serai rapidement aussi riche que Prasad ! »
A ces mots, le démon tatoué se tendit imperceptiblement, foudroyant du regard le garde du corps. Ne le quittant pas des yeux, il s'adressa à son hybride dans un souffle d'une voix menaçante.
« Tu es vraiment certaine de ne pas pouvoir te passer de lui, crevette ? »
« Non ! » Kali se redressa d'un bond, allant se planter face au japonais millénaire pour attirer son attention sur elle, encrant son regard déterminé dans le sien. « C'est mon ami ! »
Sukuna scruta une poignée de secondes sa vis-à-vis, observant la lueur implacable animant l'or de ses iris félines. Il finit par laisser échapper un profond soupire, enfonçant les mains dans les poches de son short sombre.
« Quand je dis que tu es un bébé… Qui a besoin d'ami, franchement ? »
L'européenne vint croiser les bras sous sa poitrine, haussant légèrement un de ses fins sourcils roux. « Et ce Uraume ? N'est ce pas ton ami ? Tu avais pourtant l'air content de le revoir, l'autre soir ! »
« Lui ? Mon ami ? Absolument pas voyons ! » Il se fit alors songeur, venant se saisir de son menton entre deux doigts. « Même si je dois admettre que je suis plutôt ravi de le savoir en vie…J'irai même jusqu'à dire qu'il m'avait manqué. »
« Kuwa ? » s'étrangla la jeune hybride, la couleur désertant son visage. « Il t'a manqué ? C'était même plus que ton ami, du coup !»
En sentant la jalousie perlant dans les mots de l'européenne, Ryomen ne put s'empêcher de ricaner, s'amusant ouvertement à ses dépends.
« Et voilà, tu recommences à chouiner… Que tu es jalouse, pour une crevette.»
« Absolument pas ! » se défendit-elle, se détournant un peu de lui. « J'ai juste été… surprise. C'est tout. Je ne vois pas pourquoi je serai jalouse de ton… ton je-ne-sais quoi ! »
« Mon cuisinier. » lâcha finalement l'homme, un large sourire amusé aux lèvres.
« De ton cuisinier ! » répéta-t-elle avec force, revenant lui faire face, le toisant du regard avant d'assimiler cette nouvelle information, une vive surprise l'étreignant toute entière. « Ton… Cuisinier ? »
En voyant sa tête, le roi de l'ère Heian ne put s'empêcher d'éclater de rire, vexant un peu plus la demoiselle. « Oui, crevette, Urauame était, entre autre, mon cuisinier. C'était l'une des seules personnes que je tolérais à mes côtés. Il avait des qualités indéniables. »
Hiroaki, qui observait toute la scène depuis le lit de la jeune fille, leva les yeux au ciel en voyant le démon jouer ouvertement avec elle en titillant sa jalousie, l'agaçant terriblement. Mais qu'est ce qu'elle pouvait bien lui trouver, à ce nigaud…
Kali, pour sa part, tombait complètement dans le panneau, rebondissant sur les dires du tatoué. « Hum huuum. Des 'qualités indéniables', dis tu ! »
« Plutôt oui… » s'amusa le fléau, commençant à les énumérer, les comptant sur ses doigts. « Il connait parfaitement mes gouts alimentaires. Il sait les assouvir. Il reconnait ma toute puissance, même si lui est assez puissant par lui même. Et il sait où est sa place. »
Au fur et mesure de sa tirade, les épaules de la maitresse des flammes d'ombres s'affaissèrent progressivement, un profond dépit envahissant son esprit tout entier, lui faisant regretter amèrement d'avoir posé la question. « Pas grand-chose à voir avec moi, pour ainsi dire… A croire que tout ce qui s'est passé entre nous n'est vraiment qu'un coup du hasard. Tout ça… C'était juste parce que j'étais la seule sur qui tu pouvais mettre la main. »
En entendant cela, le sourire amusé du démon s'effaça complètement, lui faisant froncer les sourcils. Sa jeune hybride avait détourné son regard de lui, une ombre douloureuse obscurcissant l'or de ses yeux. Il vint se saisir du menton de la demoiselle afin de la forcer à le regarder à nouveau, étrangement sérieux.
« Ce non sens là, je ne l'apprécie pas beaucoup, crevette. Si tu avais été inintéressante et ennuyeuse, même si tu avais été la seule que j'avais sous la main, comme tu dis, je n'aurais pas perdu mon temps ni mon énergie à te proposer un pacte. Tu es pourtant bien placée pour savoir comment je suis, non ?Je ne m'encombre jamais de chose ne comblant pas mes attentes. »
Les paroles du tatoué rassura un peu l'européenne qui lui adressa un petit sourire, la peine ayant alourdit son cœur s'allégeant rapidement.
« J'ai déjà Uraume pour satisfaire mes gouts passés. » continua-t-il, venant donner une pichenette sur le front de sa vis-à-vis, taquin. « Ça te laisse toute la place pour être l'improbable petite sauvageonne que tu es ! »
Il fixa quelques secondes la demoiselle, comme pour vérifier l'efficacité des ses dires.
« Bon, maintenant que les choses sont clarifiées, parlons de choses plus importantes. J'ai faim, crevette ! »
« Incroyable, j'aurais cru que vous auriez déjà englouti le sandwich entamé de Kali qui est dans le frigo, avant d'essayer de la retrouver… » ricana Hiroaki demeuré silencieux tout ce temps, se contentant d'observer avec intérêt la scène.
« Tu me prends pour un raton laveur, le baveur ? » répliqua instantanément l'intéressé, outré. « Je ne mange pas les restes des autres ! »
En entendant cela, Kali eut envie de se mordre la langue pour s'empêcher de souligner le fait que piquer dans son assiette était l'un de ses passe-temps préférés.
« Tu veux qu'on commande quelque chose pour dîner, du coup ? » questionna la rousse, cherchant à attirer l'attention du fléau sur elle plutôt que sur son ami quelque peu suicidaire.
« Je veux qu'on aille manger dehors. » lâcha le tatoué, une vive lueur faisant briller le feu de ses yeux.
« Dehors ? » s'étonna un peu la demoiselle. « Au restaurant, tu veux dire ? »
« C'est souvent là où on trouve à manger, crevette… » taquina le japonais tatoué, se penchant un peu vers elle.
La remarque arracha une petite moue à la rousse, se faisant plus moqueuse. « Si tu veux qu'on sorte, tu connais ma seule condition, Sukuna… »
En entendant cela, le maitre des lames laissa échapper un soupir théâtral, amusant terriblement l'européenne. « Je sais, je sais… Je dois m'habiller. Vous êtes vraiment contradictoires, dans votre société moderne. Les femelles peuvent se balader à moitié nue mais les hommes doivent se couvrir… C'est le monde à l'envers ! »
« Victime de ton charisme… » rigola doucement la demoiselle, croisant les bras sous sa poitrine. « Tu es déjà en short, tu veux que je te rende ton sweat pour compléter ta tenue ? »
Le roi se tut un bref moment, scrutant l'européenne plus intensément, finissant par reconnaitre le top qu'elle lui avait fait porter à leur dernière sortie nocturne. « Je me disais bien que ce truc violet me disait quelque chose… Tu n'as pas assez de vêtements, pour en plus venir voler ceux du gamin ? »
« Yuji ne l'a jamais porté, je te signale. » corrigea doucement Kali, venant jouer avec la tirette de la fermeture éclaire. « Tu le veux ou pas, du coup ? »
« Allez, au moins on pourra partir rapidement… » finit-il par acquiescer, un peu de mauvaise grâce. « J'espère que tu portes quelque chose dessous, je le prendrais mal si tu déshabiller devant… l'autre. »
Hiroaki se contenta d'encaisser la remarque, un sourire terriblement malicieux étirant le coin de sa bouche, intriguant un rien le démon millénaire. Mais le soupire que laissa échapper Kali lui fait ramener son attention sur elle, le faisant se figer dans l'instant.
La demoiselle ouvrit doucement le vêtement pour ensuite s'en extraire, dévoilant la tenue qu'elle revêtait en dessous : Il s'agissait d'une robe bustier à la jupe patineuse terriblement courte et virevoltante, entièrement faite d'une dentelle crème dévoilant la peau laiteuse de la jeune femme par un jeu complexe de transparence. Des manches vaporeuses indépendantes couvraient ses bras, attachées par des rubans clairs noués au dessus de ses coudes.
Réajustant délicatement le tissu contre sa peau, Kali tendit le sweat à Sukuna d'une main, lui adressant un sourire espiègle. « Je ne m'amuserai pas à faire une telle chose, voyons… »
« Qu'est ce que… » commença le démon, sentant son sang ne faire qu'un tour dans ses veines. « Qu'est ce que c'est encore que cette tenue indécente ? Autant te balader nue, si c'est pour porter un tissu cachant aussi peu de ta peau !»
« C'est seulement un trompe l'œil, Sukuna… » corrigea patiemment l'hybride, bougeant un peu de gauche à droite pour faire onduler les pans de sa jupe contre ses cuisses. « Il n'y a que les manches qui sont vraiment en dentelle sans doublure ! »
Elle vint se saisir délicatement du bord du tissu, glissant ses doigts dessous afin de prouver ses dires à son terrible amant, toujours visiblement peu convaincu. Il l'imita alors, scrutant l'étoffe douce d'un regard perçant.
« Moué… » bougonna à contre cœur Sukuna, récupérant le top violet que tenait toujours son hybride, le lui tendant fermement. « C'est quand même sacrément suggestif, je trouve ! Tu devrais remettre ça, finalement !»
« Hier tu disais que tant que tu étais avec moi, je pouvais porter ce que je voulais… » minauda-t-elle, s'approchant un peu plus de lui.
« Il me semble que j'ai plutôt dit que je préfèrerais que tu t'abstiennes, me semble-t-il, petite impertinente… »
« Ah bon ? » se contenta d'éluder la jeune femme, lissant avec délicatesse une mèche d'automne ayant échappé au nouveau chignon emprisonnant sa lourde chevelure, ignorant ouvertement le vêtement tendu par le démon. « Je n'ai aucune envie de me changer, cette tenue est tout à fait acceptable. Du coup, tu ne veux pas qu'on y aille, plutôt que de perdre du temps ? »
Adressant un petit signe de main complice à son ami toujours silencieux, l'européenne n'attendit pas la réponse de son amant, allant se saisir d'une paire de sandales à talon et de son sac avant de quitter la pièce, laissant un Sukuna un rien interloqué dans son sillage.
« Mais qu'elle mouche l'a piquée ? » bougonna-t-il pour lui-même avant de se tourner vers Hiroaki, lui jetant un regard noir « Toi, je n'aime pas l'influence que tu as sur ma crevette ! Tu la transformes en gourgandine insolante! »
Il quitta alors la pièce, la voix du jeune japonais lui collant aux talons. « Une femme libre et épanouie n'a rien d'une gourgandine, il y a que des petits hommes étroits d'esprit, vieux shnock ! »
Enfilant d'un geste un peu brusque son sweat violet et le zippant à la va vite, Sukuna traversa le couloir, retrouvant la rousse aux pieds de l'escalier, perchée sur ses chaussures, l'attendant en souriant.
« Dis donc crevette, je n'apprécie pas trop ton comp… » commença-t-il avec humeur, sa récrimination mourant finalement dans sa gorge alors que l'hybride s'approchait de lui, venant se saisir de la tirette de son top afin de la faire coulisser avec application de quelques centimètres supplémentaires vers le haut, lui glissant un regard terriblement malicieux.
« Même habillé aussi simplement, tu demeures incroyablement attirant, Sukuna. C'est un peu exaspérant, tu sais ? »
La remarque de l'hybride prit un rien de court l'intéressé, se redressant un peu alors que son interlocutrice encrait son regard félin dans le sien, vibrant de cette déconcertante honnêteté la caractérisant si bien.
« Imagine un peu si j'étais aussi apprêté que toi, crevette. » s'amusa-t-il, allant frôler sa nuque dégagée du bout des doigts. « Tu abandonnerais très certainement le pari dans la minute. »
« Je ne suis pas certaine que cette robe t'aille au teint, mon roi. » le taquina-t-elle avec espièglerie, posant une main au niveau du cœur du démon, savourant terriblement son battement puissant qu'elle pouvait sentir à travers le tissu coloré.
« Petite insolente… » souffla-t-il tout bas, enfonçant ses mains dans ses poches tout en se penchant vers elle, approchant dangereusement son visage du sien. « Admet tout de même que nos styles actuels sont quelques peu… dissonant. »
« La belle et le clochard… » lâcha Hiroaki avec dédain tout en les dépassant soudainement dans le couloir, se dirigeant apparemment vers la cuisine pour se sustenter.
« Qu'est ce qu'il a dit, le baveur ? » s'embrasa brutalement le fléau millénaire, voulant partir à la suite du blondinet pour lui faire ravaler ses paroles désobligeantes. Cependant, deux mains douces et chaudes vinrent saisir en coupe son visage strié de noir afin de reporter son attention ailleurs, faisant un peu retomber sa contrariété.
« Si tu veux, Sukuna, je t'achèterai des vêtements plus élégants, histoire qu'on soit raccord, toi et moi. » souffla Kali, le regardant avec intensité, peu désireuse de le voir s'en prendre à son garde du corps. « Sortons, allons au restaurant. On regarde des fringues sur mon téléphone en attendant les plats. D'accord ? »
Le démon ancestral demeura brièvement silencieux, scrutant son improbable vis-à-vis, comme cherchant à soupeser les différentes possibilités qui s'offraient à lui en cet instant.
Aller dérouiller le décolorer et braquer complète sa petite hybride indécente ou laisser passer pour le moment et profiter d'une soirée en extérieur avec elle, la torturant délicieusement afin de la pousser à abandonner le pari ?
Le choix était indéniablement facile à faire.
« Je te suis, crevette. » finit-il par déclarer, s'éloignant un peu d'elle pour lui laisser le passage libre. « Ne m'amène pas dans une gargote ! »
« Comme si je t'avais déjà traité autrement que comme un roi… » soupira, amusée, Kali, avant de commencer à gravir les marches.
Le démon mit quelques secondes avant de lui enchainer le pas, déglutissant faiblement en observant les jambes galbées et presque entièrement dénudées de son amante, sa taille terriblement marquée par le haut de sa robe ainsi que son dos cambré offert pour ainsi dire à sa vue, échauffant son sang en ses veines. Les talons qu'elle portait, périlleusement fins et s'élevant sur plusieurs centimètres, la forçaient à affronter l'escalier pour ainsi dire sur la pointe des pieds, tendant les muscles de ses mollets sous sa peau diaphane, éveillant en lui bien des envies sensuelles.
Etait il devenu fou, pour la laisser sortir ainsi ? Peut être… Surement. Jamais auparavant il n'aurait fait une telle concession.
Pourtant, il aurait été indéniablement dommage de ne pas pouvoir admirer la rousse un peu plus longtemps dans son indécente tenue…
Soupirant faiblement, enfonçant nonchalamment ses mains dans les poches de son short, Sukuna se décida enfin à suivre sa petite hybride ayant entre temps atteint le sommet des marches, l'appelant avec un certain étonnement.
« Moi, j'ai une liste longue comme mes vrais bras qui prouve le contraire, crevette… »
Il la rejoignit promptement, un sourire taquin aux lèvres alors qu'elle l'attendait, les bras croisés sous sa poitrine, faisant outrageusement bomber son alléchant décolleté. De tels vêtements devraient vraiment être interdits…
« Où vas-tu donc m'amener, alors ? »
« J'ai trouvé un Izakaya très bien noté et assez intimiste. » répondit l'intéressée, se faisant énigmatique. « Il n'y a pas plus qu'une quinzaine de places autour de la cuisine ouverte. Je pense que tu vas apprécier l'ambiance ! »
« L'ambiance, c'est une chose, crevette… » vint susurrer le tatouer à la demoiselle, les yeux malicieux. « Mais le plus important dans un restaurant… C'est la cuisine. »
« Elle est très bien notée également… » répondit-elle, levant un peu les yeux au ciel. « Je ne suis peut être pas ton cuisinier ancestral, Sukuna, mais je te connais assez pour savoir que tu apprécies les bons plats. »
L'européenne commença à s'éloigner d'une démarche chaloupée, se retournant vers son terrible roi une fois le seuil protecteur du sanctuaire atteint, le poignardant d'un regard alourdit de suggestions honteuses. «Et bien d'autres autres choses encore, qui ne sont hélas pour le moment plus sur le menu… Donc, à moins que tu n'ais quelque chose à me dire par rapport à un certain pari, allons enfin dîner ! Moi aussi, j'ai faim.»
« Moi ? » ricana-t-il en la toisant, haussant un sourcil. « Rien à dire, navré. Toi, peut être ? »
« Non plus. » affirma la maitresse des flammes d'ombres, sûre d'elle. « C'est parti alors ! »
Les deux amants quittèrent enfin le sanctuaire, s'enfonçant dans les ruelles désertes de la ville portuaires.
Il était plus de 23h à présent, en pleine semaine, et il n'y avait pas grand monde dans les rues saturées de chaleur de Kamakura. Guidés par la voix nasillarde du téléphone portable de la rousse, il ne leur fallut pas plus d'une quinzaine de minutes afin de se rendre à leur destination.
L'établissement se trouvait là, au fond d'une impasse paisible parallèle à l'artère principale, la lumière éclairant son intérieur perçant doucement à travers les portes coulissantes traditionnelles en marquant l'entrée. De faibles bruits de conversations parvenaient jusqu'à leurs oreilles, mêlés de rires étouffés et de confessions nocturnes.
Son enseigne était discrète, faite d'une pancarte peinte à la main de caractères élégants écarlates surlignés de doré, se détachant sur le fond clair de papier de riz. Un lampion rougeoyant marqué du kanji 'ouvert' se ballotait doucement au bout d'une tige de bambou au grès de la brise estivale, attirant imperceptiblement le regard de ceux qui se prêteraient aux détails.
Kali prit l'initiative de faire coulisser la porte en bois, une vague de parfums agréables venant les envelopper dans l'instant. Une voix forte et rauque se fit lors entendre depuis l'intérieur, les interpellant dans l'instant.
« Bienvenue, les jeunes ! Z'êtes deux ? Restez pas plantés devant la portes, y a tout l'air de la clim qui se carapate ! »
La remarque arracha un léger rire à la demoiselle qui obéit sagement, pénétrant dans l'établissement, son démon personnel sur les talons.
L'intérieur du bar nocturne était accueillant, les murs de bois étaient couverts d'affiches diverses et d'estampes traditionnelles, créant un patchwork multicolores. Un haut ilot trônait au milieu de la pièce étroite, encerclé par un large retour de bois devant le quel étaient installés quelques clients. Le patron, un homme buriné et courbé par les années portait un haori gris souris et un bandeau bleu marine orné de motifs de vagues, se tenait en hauteur derrière son bar, maitre incontestable des lieux. Il leur adressant un sourire franc, une lueur amusée animant ses yeux marrons surmonté des cils poivre et sels touffus.
« Quel joli p'tit couple nous avons là ! V'nez vous assoir, les tourtereaux, ça fait plaisir de voir de nouveaux visages au milieu de mes habitués ! »
En entendant ces mots, une très légère rougeur monta aux joues pâles de la rousse qui glissa un regard vers le tatoué se tenant à ses côtés, se demandant intérieurement comment il allait pouvoir réagir face à cette idée.
L'intéressé se renfrogna un peu, prenant le parti de se diriger vers un siège sur le côté déserté du bar, s'installant sur la chaise haute.
« On est pas un couple. » finit par bougonner, attrapant le menu se trouvant face à lui pour commencer à le parcourir du regard, faisant se hausser avec surprise les sourcils du vieil homme.
Il glissa un regard vers la rousse qui leva imperceptiblement les yeux au ciel, lui arrachant un sourire amusé. Elle finit par rejoindre le maitre des lames, s'installant précautionneusement à ses côtés, posant son sac sur la chaise vide près d'elle afin de pouvoir farfouiller dedans.
« Si la mignonette est libre, j'veux bien qu'elle vienne s'assoir à coté de moi plutôt ! » lâcha un des clients se trouvant de l'autre côté de l'ilot, une large bouteille de saké entamée trônant face à lui.
Immédiatement, Alors que Sukuna lui jetait un regard assassin par-dessus son menu, son collègue vint lui donner une puissante tape dans le dos qui résonna entre les murs de l'établissement, faisant sursauter Kali. « Mais kesstudiiii, gros cochon ? Elle est bien trop jeune pour toi, zidiot ! »
« Vous allez surtout lui faire peur, tous les deux ! » déclara d'une voix ferme le patron, venant se planter devant ses habitués, une large spatule de métal à la main. « Faites pas fuir mes clients ou je vous assomme ! »
« Oui patroooon ! » couinèrent en cœur les intéressés, replongeant leur nez dans leur verre en gloussant niaisement, visiblement coutumier de la menace.
La scène arracha un léger rire à l'européenne dont le tabouret fut brusquement tiré vers la droite, lui arrachant un hoquet de surprise. Elle se tourna alors vers son terrible amant qui avait tiré sa chaise vers, la collant littéralement à la sienne, une certaine tension crispant ses mâchoires tatouées. Un lourd silence surpris et quelque peu gêné tomba sur l'établissement, tendant un rien la jeune hybride qui voyait le pire scénario qu'elle avait imaginé commencer à se réaliser sous ses yeux.
Peu désireuse de voir les choses dégénérer, la demoiselle se pencha vers le démon, collant sa cuisse contre la sien, y posant une main caressante.
« Ils sont souls, Sukuna… » murmura-t-elle tout bas, scrutant avec douceur le roi millénaire. « Et je ne suis qu'à toi, je n'ai d'yeux que pour toi… Tout va bien. »
L'intéressé encra son regard de lave un peu assombrit par la contrariété dans l'or du sien, la scrutant de longues secondes avant de finalement relâcher imperceptiblement ses épaules, rassurant un peu la demoiselle. Elle aurait très volontiers déposé un baiser sur ses lèvres pour le rassurer, s'ils n'étaient en plein milieu d'un pari mettant en jeu son ego.
« Bon, les jeunes… » Les interrompit le maitre des lieux, extirpant Kali de ses pensées. « Z'avez eu le temps de zieuter la carte ? J'vous sers quelque chose à boire pour commencer ? »
« J'ai pas encore regardé… » avoua la jeune hybride, un peu gênée. « Mais je vous prendrai volontiers un verre d'umeshu, s'il vous plait. Et toi, Sukuna ? »
« Tu es sure de vouloir boire de l'alcool, crevette ? » répliqua le tatoué en se redressant un peu, faisant claquer le menu entre ses mains, un sourire narquois aux lèvres. « Vu l'effet que ça a sur toi, ça va te rendre le pari encore plus difficile, tu t'en rends bien compte ? »
Une vive rougeur monta aux joues de l'européenne, une moue boudeuse déformant ses lèvres pulpeuses. « Mais absolument pas ! Si, toi, tu as peur de perdre le contrôle, tu peux rester à l'eau plate, pour ta part ! »
Il ricana doucement, piquant un peu plus à vif l'égo de sa partenaire. « Ne t'en fais donc pas pour moi, crevette… » Il reporta alors son attention vers l'homme leur faisant face, prenant un air plus sérieux. « Si tu as un bon Shochu, je t'en prends une bouteille. »
« Une bouteille ? » s'étrangla Kali, se souvenant que la dernière fois que Sukuna avait bu de façon conséquente pendant la nuit, Yuji s'était réveillé le lendemain avec une certaine gueule de bois. S'il partait ainsi, il lui faudrait penser à lui faire faire un sort d'inversion pour soulager le corps peu coutumier à l'alcool du lycéen.
« Oh ? » s'étonna le barman, haussant un sourcil. « C'est rare pour un jeune de demander à boire ça. Pas de souci, par contre me faudrait juste vérifier vos âges, j'veux pas de problème avec les flics. »
Préparée à la demande, Kali extirpa d'une des poches de son sac deux cartes d'identité, les tendant avec sérénité au tenancier, glissant un regard complice au démon tatoué un rien surpris. Le soixantenaire scruta brièvement les rectangles plastifiés avant de les rendre à la demoiselle, acquiesçant de la tête avec un sourire.
« Les jeunes d'aujourd'hui, on peut vraiment plus leur donner d'âge ! Tout es en règle pour moi, j'vous apporte vos boissons de suite. »
A peine eut-il prononcé ses mots qu'il s'éloigna prestement d'eux, se dirigeant derrière un rideau qui devait certainement mener à la réserve du bar. Ryomen se pencha alors vers sa jeune amante, une lueur taquine animant le feu de ses yeux.
« Depuis quand le morveux à plus de 20 ans, crevette ? »
« Mais depuis que je t'ai fait faire une carte d'identité affirmant cela, voyons… » répondit-elle dans un sourire, montrant le rectangle plastifié au japonais millénaire qui scruta rapidement le précieux sésame, ricanant tout bas.
« Petite maline… Je dois reconnaitre que c'est plutôt bien penser. »
« Vu qu'on va être séparés. » continua Kali, tournant quelques secondes le dos au fléau pour recommencer à fouiller dans son sac. « Je me suis dit qu'il vaudrait peut être mieux que tu la gardes avec toi. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver… »
A ces mots, le tatoué se renfrogna un peu, faisant tourner entre ses doigts le document frauduleux. D'un coup, la rousse déposa devant lui une boite sombre entourée d'un joli ruban d'un parme délicat, le surprenant un peu.
« Qu'est ce que c'est ? » demanda-t-il, soulevant le cadeau avec précaution.
« Ouvre, et tu le sauras. » s'amusa la demoiselle, s'accoudant nonchalamment sur le comptoir.
Ne perdant pas un instant, le japonais défit l'emballage, ouvrant la boite pour y découvrir à l'intérieur un téléphone flambant neuf, son large écran sombre et lisse lui renvoyant son regard surpris.
« Je me suis dit que se serait bien si tu avais un téléphone à toi… » expliqua doucement l'hybride alors que son amant extirpait l'appareil de son emballage, le tournant entre ses mains. « Je l'ai déjà entièrement calibré et protégé. Je t'ai installé les applications qui pourraient t'être utiles et j'y ai rentré mon numéro, celui d'Hiroaki, de Prasad et ceux de quelques autres de ses hommes se trouvant au Japon. On ne sait jamais… »
Délicatement, l'européenne vint se saisir de l'appareil des mains de son amant, retirant la coque de protection pour venir y placer la fausse carte d'identité avant d'y ajouter un autre bout de plastique, intriguant encore un peu plus le démon.
« Je t'ai fait une carte bancaire aussi. Le code est marqué dessus, alors il vaut mieux pas que tu la perdes. Avec tout ça, quoi qu'il arrive, tu devrais pouvoir évoluer dans la ville sans le moindre souci. »
« Parce que tu comptes disparaitre du paysage prochainement, crevette ? » finit par lâcher Sukuna, ne sachant comment prendre tous ces présents inattendus.
« Je… » commença-t-elle, se faisant interrompre par le patron des lieux qui vint finalement leur apporter leurs boissons.
« Et voilà pour nos non tourtereaux ! » s'amusa-t-il, déposant un haut verre rempli de glaçons et d'une liqueur délicatement ambrée devant Kali, puis une large bouteille décorée de cordelettes encerclant toute sa partie inférieure à destination du tatoué qui vint immédiatement s'en saisir, déchiffrant rapidement les kanjis la recouvrant. « C'est du Black Sakyu, jeune homme. Plus traditionnel que ça, j'ai pas. Tu m'en diras des nouvelles. »
Il lui tendit alors une coupelle d'un bleu marine profond dont il se saisit, songeur. Le barman récupéra ensuite la bouteille d'alcool, l'ouvrant avec des gestes précis avant de la rendre au démon, un sourire aux lèvres.
« Z'avez regardé pour ce que vous voulez manger ? J'vous conseille de prendre quelque chose pour éponger un peu, surtout toi, garçon ! »
« On va te prendre une portion de chaque. » répondit au tac au tac le tatoué, glissant un regard étrangement sérieux à sa jeune hybride.
« Merci beaucoup. » compléta-t-elle en adressant un large sourire au patron des lieux, ne cherchant même pas à savoir quelle quantité de nourriture la commande de Sukuna pouvait bien représenter. Certains combats ne méritaient pas d'être menés.
Un rien surpris, l'intéressé acquiesça cependant avant de faire le tour de ses autres clients, se dirigeant ensuite vers sa cuisine de poche.
« Donc, crevette ? » reprit Sukuna, encrant son regard dans celui de la demoiselle, lui arrachant une petite grimace.
« Je ne compte partir nulle pas, Sukuna… » soupira-t-elle, faisant tourner son verre entre ses doigts fins. « C'est juste… une sécurité. A Kyoto, on ne sera plus sous le même toit. Et par la suite non plus, très certainement. Alors je préfère prendre les devant et assurer nos arrières… »
Il réfléchit quelques secondes aux paroles de la rousse, profondément songeur. « Il est vrai que tant que je ne serai pas libre de mes mouvements, le fait d'être physiquement séparé est un risque réel. Mais inutile de te tracasser autant, la situation va bientôt évoluer à notre avantage, c'est certain ! »
Il se saisit alors de sa bouteille de shochu, s'en versant dans sa coupelle avant de la diriger vers la demoiselle, visiblement plus serein. « Allez, crevette. Lève donc ton verre à ma future liberté. »
Soupirant doucement, ne parvenant pas à être aussi sûre que lui par rapport à l'avenir, la demoiselle prit son verre et alla doucement le faire tinter contre celui de son partenaire, lui adressant un léger sourire. « Santé, Sukuna. Ça me fait terriblement plaisir d'être là avec toi. »
« Hum… » se contenta-t-il de répondre, portant sa coupe à ses lèvres afin de gouter sa liqueur, en savourant le puissant parfum boisé contre sa langue. Là, assurément, il retrouvait un alcool correspondant bien plus à ses gouts que la boisson pétillante habituelle de la demoiselle.
Il déglutit doucement, un sourire appréciateur lui échappant alors qu'il pouvait percevoir la puissante chaleur emplir sa gorge et ses entrailles, lui rappelant de très lointains souvenirs.
« ça à l'air de te plaire… » commenta Kali, un rien attendrie, n'ayant toujours touché à sa propre boisson, bien trop occupée à scruter le visage du charismatique japonais ancestral.
« Plutôt… » éluda-t-il, se tournant doucement vers elle en s'accoudant au bar. « Je te proposerais bien de gouter, crevette, mais se n'est pas une boisson pour les fillettes. Déjà que tu chouines pour du poisson fermenté…»
En entendant cela, l'européenne ne put s'empêcher de faire la moue, avalant de longues gorgées de sa liqueur fraiche à la prune, ne quittant pas le tatoué des yeux. « Prasad, lui, est un très grand amateur de whisky. Et il accepte de me faire gouter. Lui.»
« Lui… » reprit Sukuna, ricanant contre sa coupe. « Ne sait pas te mettre la moindre limite, crevette. Et puis c'est quoi, le whisky ? »
« Une boisson de bonhommes… » s'amusa la rousse, continuant à siroter son verre. « Et je suis navrééée de te contredire, mais Prasad ne me dit pas toujours 'oui' ! »
A ces mots, le japonais haussa un sourcil peu convaincu. « C'est cela… J'aimerai bien voir ça tient. Si ça avait été le cas, tu ne serais pas la petite sauvageonne ingérable et suicidaire que tu es actuellement… »
« Je suis pas une sauvageonne… » bougonna-t-elle tout bas, ne voyant pas son impossible interlocuteur farfouiller devant lui. « Et je suis pas non plus suicid…. »
D'un coup, Ryomen déposa devant elle un petit ramequin à sauce soja rempli d'un liquide transparent, coupant sa tirade dans un vif étonnement. L'hybride se tourna vers lui, perplexe.
« Tu n'espérais tout de même pas que je te laisserai baver dans ma coupe, crevette ? »
L'intéressée posa avec lenteur son verre, plissant un peu les yeux alors qu'elle récupérait précautionneusement le petit récipient, le portant, suspicieuse à son nez. L'odeur boisée était intense, presque violente, n'annonçant rien de bon pour elle. Cependant, il était hors de question pour elle de l'admettre face à son amour démoniaque.
« Oh ? » se moqua-t-elle, taquine, rassemblant intérieurement son courage. « Depuis quand l'idée d'avoir un peu de ma salive sur ta langue te dérange-t-il. »
« Voyez vous ça… » ricana l'homme, s'attrapant le menton entre deux doigts. « Mais qu'est donc devenue la petite ingénue qui rougissait sous le moindre de mes regards ? »
« Elle a grandit. » répondit simplement la rousse dans un haussement d'épaules désinvolte, sentant déjà l'umeshu lui échauffer doucement le sang. D'un geste vif, elle porta alors le ramequin à ses lèvres, basculant la tête en arrière afin de faire glisser le plus rapidement possible la liqueur qu'elle savait terriblement puissante le long de sa gorge.
Immédiatement, une vive brulure emplit l'intégralité de son palais et de sa gorge, lui arrachant une forte grimace et un froncement de sourcils marqué qu'elle ne put juguler. Venant plaquer une main contre ses lèvres qui lui paraissaient enflammées, la jeune hybride détourna son regard de celui du fléau qu'elle devenait ravi de son calvaire prouvant qu'il avait raison, allant avaler avec un rien de précipitation l'intégralité de son propre verre dans le but de faire passer la désagréable sensation.
Elle renifla faiblement, à la fois vexée et dégoutée par l'expérience.
« Elle a peut être grandit… » finit par reprendre Sukuna, un large sourire condescendant aux lèvres. « Mais visiblement pas assez pour être capable de boire du Shochu ! »
Un puissant rire retentit alors près d'eux, faisant braquer leur attention sur le patron qui revenait vers eux depuis sa cuisine, les bras chargés.
« En même temps, mon garçon… » commença le tenancier, déposant une multitudes de plats entre les deux amants. « Peu de gens peuvent boire du shochu comme tu le fais, sans même le diluer ! Tu as une sacrée tolérance ! »
Depuis son ilot, le soixantenaire se pencha un peu plus vers Kali, lui adressant un clin d'œil complice. « Il est sacrément taquin, ton chérie, pitchoune ! »
« Je ne suis pas son… Chéri ! » s'offusqua dans la seconde le concerné, se redressant sur son tabouret comme s'il venait de recevoir une décharge électrique. « Vous êtes décidément tous fous, dans cette ère… » ajouta-t-il comme pour lui-même, se servant une nouvelle coupelle de liqueur qu'il avala d'une traite, allant ensuite se saisir de baguettes pour commencer à picorer dans les innombrables plats qui avaient été servis.
Le patron, déposant délicatement la dernière assiette devant la rousse, lui adressa un petit sourire compatissant. « Il a un sacré caractère, ton pas-chéri… »
« Digne d'un tigre… » S'amusa-t-elle en lui souriant en retour, lui tendant son verre à moitié vide. « Je vais vous en prendre un autre, je vous prie. Et merci pour le repas. »
Acquiesçant sans ajouter un mot, le barman s'exécuta, ramenant rapidement une deuxième dose de liqueur de prune glacée à la jeune femme. Elle en prit quelques gorgées tout en scrutant l'étalage impressionnant de nourriture devant elle, l'amusant un peu. Il y avait là, comme elle s'y était attendue, un éventail complet de la nourriture typique d'un Izakaya : salade de wakame, yakitoris, gyozas, okonomyakis, tempuras, udons et bien d'autres encore…
« Tout ça à vraiment l'air excellent… » soupira-t-elle en sirotant son verre, un sourire flottant sur les lèvres.
« C'est plutôt pas mal, oui. » confirma Sukuna qui déchiquetait avec application un grand tentacule de pieuvre grillée entre ses dents implacables. « Tu devrais gouter, crevette… Si tu continues à boire sans manger, même si se n'est que de l'umeshu, tu vas finir complètement soule et ingérable. »
« Pardon ? » s'indigna Kali, posant, offusquée, son verre contre le bois sombre du bar. « C'est complètement faux ! »
Le démon leva théâtralement ses yeux au ciel, attrapant une assiette dont il avait dévoré le contenu pour commencer à y entasser un peu de tout, venant la poser avec fermeté devant la reine des flammes d'ombres. « soule et ingérable, crevette. L'alcool te fait perdre la notion de la réalité et te pousses à faire des choses étranges… La preuve étant, la première fois que tu as… essayé de m'embrasser, tu étais sous influence me semble-t-il ! »
« J'étais à peine pompette, ce soir là ! » se défendit la demoiselle, terminant d'une traite son verre, comme pour montrer au roi millénaire qu'elle était parfaitement capable de gérer la situation. « Je n'étais absolument pas ingérable ! J'étais juste… Terriblement attirée par toi. Tu étais là, devant moi, à me faire du charme… Navrée d'avoir eu à ce moment là envie de prendre l'initiative ! De suivre mes envies ! Tu t'amuses non stop à les attiser, tu ne peux pas t'étonner par la suite que je cherche à les assouvir ! »
En entendant cela, le démon posa doucement ses baguettes, se redressant pour mieux scruter le visage un rien empourprée de sa vis-à-vis, un large sourire ornant ses lèvres. « Une chose est certaine, crevette… Non… Plutôt deux… la première, c'est que tu es déjà pompette. La seconde… C'est que des comme toi, il n'y en a pas deux. »
« … C'est un compliment ?» questionna Kali, préférant faire la sourde oreille concernant la première supposition du japonais.
« Prend le comme tu veux. » éluda ce dernier dans un haussement d'épaules, reprenant son festin. « On pourrait voir ça aussi dans le sens où le monde n'aurait pas pu survivre à une seconde crevette. »
« Eh ! Tout le monde n'est pas toi ! »
« Hélas… » soupira-t-il avec emphase, enfournant un takoyaki dodu. « Si c'était le cas, j'aurai au moins des adversaires dignes de ce nom à affronter ! »
Elle se tut quelques secondes, songeuse, sirotant son verre. « Tu ne crains pas de finir par être battu, à force ? »
« Si cela venait à arriver… Cela signifierait que j'aurais finalement trouvé plus puissant que moi. Et, si c'était le cas… je me battrais jusqu'à ne plus avoir en moins la moindre once de pouvoir occulte, sans hésitation si limite. Je mourrais sans regret, parce que j'aurai été dépassé par un guerrier qui me surpasse. »
« Je… » commença-t-elle, jouant avec son verre. « Je n'aime pas du tout cette idée. »
« Tu serais pour ainsi dire la seule ! » s'amusa-t-il, un rien narquois. « Le grand monstre cannibale et cruel serait enfin vaincu, le monde serait sauvé… »
« Quelle connerie hypocrite. »
En entendant cela, Sukuna ne put s'empêcher d'être surpris, haussant les sourcils. C'était rare d'entendre Kali être vulgaire devant lui. Pour sa part, elle avait reposé avec virulence son verre sur le bar, le regard étréci et mauvais.
« C'est ce discours débile que sortent tous les exorcistes. Comme si, depuis 1000 ans, le monde était un paradis sur terre ! Les humains sont des monstres par eux-mêmes, que tu sois là où non, des atrocités arriveront encore et encore. » Elle termina son umeshu d'une traite, se tournant un peu vers lui. « SI je devais décortiquer tes dires, il n'y a que le côté 'grand' que je ne pourrais pas réfuter. Trois mètres de haut, c'est beaucoup ! Après… Un monstre ? Pourquoi ? Parce que tu étais différent ? Parce que tu étais plus doué et puissant que les autres ? C'est juste différer de la masse, ça n'a rien de négatif. Bon, après, oui, tu tuais des gens, mais tu n'es ni le premier ni le dernier à le faire ! Cannibale ? Là encore, je pourrais argumenter sur le fait que si tu as commencé à becter de l'humain une fois devenu fléau, c'est pas du cannibalisme mais juste un mode d'alimentation. Cruel ? Là aussi, je ne suis pas d'accord ! Depuis que je te connais, tu ne l'as jamais été. Dur, irascible, intransigeant, hautain, narquois, violent, impatient, obsessionnel, oui. Mais jamais cruel….. Patron, un autre s'il vous plait ! »
« Et de l'eau, aussi ! » compléta le démon millénaire, s'accoudant au comptoir, une lueur très amusée animant son regard de lave. « D'aussi loin que remonte mes souvenirs, crevette…Il me semble bien que c'est la première fois que quelqu'un prend avec autant de détermination ma défense. Tout en m'offrant un sacré florilège d'adjectifs assez peu élogieux !»
« Tout le monde a des défauts. » répliqua simplement Kali, versant une longue rasade de sauce soja salée dans un ramequin avant d'y ajouter une énorme noix de wasabi. « Tant que les qualités restent plus lourdes dans la balance, ça fait juste le relief d'une personnalité ! »
« Dans mon cas, apparemment… » souffla l'intéressé en regardant l'européenne plonger des morceaux de sashimis dans sa mixture avant de les enfourner avec un plaisir flagrant. « C'est plus du relief mais des vraies chaines montagneuses ! Tu essaie de t'assurer que le poisson est bien mort en l'immergeant comme ça ? Au point où tu en es, tu devrais boire directement la sauce soja au goulot... »
« A personne hors du commun, personnalité hors norme ! » répliqua la rousse, noyant un nouveau bout de chaire rosée dans son petit bol. « Moi, j'ai eu la 'chance' de me réveiller amnésique. Je n'ai pas eu d'autre choix que d'apprendre les mœurs actuelles. Toi, tu as gardé toute ta mémoire et ton histoire. C'est très différent. Et j'assaisonne juste ! »
« Sacré euphémisme… » ironisa le tatoué, voyant le patron apporter son troisième verre à la demoiselle. « Ça ne te tracasse plus de ne pas connaitre ton passé ? Un temps, il me semblait que tu t'y intéressais beaucoup… »
Kali suspendit quelques secondes ses baguettes, fronçant un peu des sourcils. Elle reposa le morceau de thon qu'elle s'apprêtait à déguster dans son ramequin, le faisant doucement tourner au milieu de la sauce sombre. « Plus vraiment… Je suis heureuse de qui je suis aujourd'hui. Qui j'étais avant… ça n'a plus vraiment d'importance. »
« Etre ma crevette vaut tous les passés potentiels ? » taquina Sukuna, le regard étincelant.
« Va savoir… » éluda doucement l'européenne, attrapant un takoyaki du bout des doigts pour l'enfourner avec malice. « Quoi que j'ai pu être, quoi que j'ai pu traverser, ça m'a mené jusqu'à toi. Et j'en suis sincèrement heureuse. »
Le fléau multi centenaire se contenta de fixer la jeune hybride quelques instants, assimilant difficilement ses dires insensés. « Tu divagues encore, crevette… A t'entendre, ta situation serai presque enviable. »
« Hum… Je ne sais pas… » soupira Kali, tapotant un doigt contre sa joue, pensive. « Une chose est sûre, je ne l'échangerai pour rien au monde. Quoi que puisse en penser certaines… »
Le ton lourd d'amertume de la manipulatrice des flammes d'ombres interpella immédiatement son amant qui se redressa un peu, intrigué. « Certaines ? De qui tu parles, crevette ? Je ne te vois toujours qu'entourée d'hommes… »
La remarque de Sukuna arracha un soupire lourd à la rousse. « Il y avait une japonaise, employée par Prasad et qui formait à la base un binôme avec Hiroaki. Une vraie poupée traditionnelle. Et cette garce, en plus de m'avoir droguée la nuit où on s'est retrouvé pour me forcer à quitter le pays, a sous entendu que pour toi… » Elle respira profondément, resserrant ses doigts autour de son verre, visiblement tiraillée entre la colère et la douleur en repensant à cet évènement. « Elle a sous entendu que pour toi, je n'étais rien d'autre qu'un trou, parfaitement interchangeable et sans importance. De quoi te distraire de ta main, le temps de te lasser… »
Ryomen fixa le visage un rien déformé par la tension de la demoiselle, haussant les sourcils, surprit et outré par rapport à ce qu'elle venait de lui rapporter. La jeune européenne était à lui et, de ce fait, personne n'avait le droit de lui manquer ainsi de respect.
« Dis moi… » finit par dire Sukuna d'une voix grave, un vif énervement grondant dans son esprit. « Que tu lui as fait ravaler ses paroles, crevette ! »
L'intéressée secouant doucement la tête, reprenant une gorgée de liqueur ambrée. « Je portais toujours le scellé d'Hiroaki. Ma priorité était de les fuir pour ne pas me retrouver dans un avion de force, et de te retrouver. Mais si jamais mon chemin venait à recroiser le sien, ne t'inquiète pas que je lui ferais payer son impudence en la cramant jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'elle que des cendres.»
« Ma parole… » s'amusa-t-il, s'apaisant rapidement alors qu'une certaine fierté gonflé en son sein. « On dirait que je déteins sur toi plus que je ne le pensais ! C'est quoi, son nom, à cette greluche ? Histoire que je te la laisse vivante, si nos chemins venaient à se croiser… »
« Maeda. » cracha Kali avec un dégout mal voilé. « Elle s'appelle Maeda. »
« Et elle travaille pour ton vieil indou… » compléta Sukuna, mettant soigneusement ce nom dans un coin de son esprit.
« Je ne sais pas. Je lui ai dit de la virer ou de la caser ailleurs, donc je ne sais pas où elle se trouve à présent. Heureusement pour elle d'ailleurs ! » conclut-elle avec virulence, claquant son verre à moitié vide sur le bar.
« Une vraie tigresse… » ricana Ryomen, entassant avec application toutes les assiettes qu'il avait vidé pendant qu'il écoutait la jeune femme, un sourire ravi aux lèvres. « Si tu ne manges pas ce que je t'ai mis devant toi, je vais récupérer ta part, je te préviens ! On ne gâche pas la nourriture, sauvageonne ! »
«Maiiiis… » bougonna-t-elle doucement, laissant choir son regard d'or vers le plat lui faisant face.« Yen a beaucoup trop, Sukuna… Et j'ai envie de mochis glacés ! »
« Après les tempuras de crevette, les mochis… » susurra le tatoué en commençant à piocher dans l'assiette de la rousse, terriblement espiègle. « Ton cannibalisme ne connait donc pas de limite, sauvage ! »
La remarque arracha un éclat de rire cristallin à la demoiselle, encore plus réceptive à l'humour hasardeux du démon ancestral que d'habitude. « Ce qu'il faut pas entendre ! »
Sukuna ne répondit rien, se contentant de scruter la demoiselle aux yeux d'or terminer son verre, dévorant la légère rougeur empourprant délicatement ses pommettes pâles, la lueur vive et complexe pétillant au fond de ses yeux légèrement embrumés par l'alcool, sa nuque déliée complètement dégagée par son chignon déstructuré, les courbes de son bustes galbées par sa robe en trompe l'œil indécente… Elle était… Incontestablement… Plaisante et distrayante.
« Monsieur le chef ! » Interpella doucement l'européenne un peu ivre, faisant se hausser le coin des lèvres du démon qui s'affairait à terminer tous les plats. « Vous auriez des mochis glacés, par hasard ? J'adore ceux au sakura ou au sésame… »
En entendant cela, le soixantenaire, qui était en train d'essuyer un verre avec un torchon clair, vint jusqu'à eux, un large sourire aux lèvres. « Ah, désolé, pitchoune. J'ai pas ça, mais y en aura surement au seven eleven du coin ! Je te ressers ? Verre vide se plaint, verre plein se vide comme on dit ! »
« Soyons fou… » répondit-elle, amusée, ne remarquant pas le regard effaré que lui glissait son amant ayant l'impression d'observer un accident au ralenti.
« Ton… Pas-copain a un sacré coup de baguette en tout cas ! » commenta le patron en ramener le nouveau verre d'umeshu à la rousse, récupérant par la même occasion les assiettes vides empilées par ce dernier. « Et une sacrée descente aussi ! Je suis impressionné, jeune homme ! »
« Et encore… » soupira Kali, couvrant le tatoué d'un regard dont transpirait une affection débordante. « Vous êtes loin d'imaginer à quel point il est impressionnant ! »
« Za part cha ! » bougonna l'un des salary men toujours présent de l'autre coté du bar, à présent vautré sur sa bouteille vide. « Y chont pas en couple… »
« Balivernes… » acquiesça son ami, la tête posé entre ses bras croisés sur le comptoir. « Ch'ils sont pas enchemble, ch'suis le futur empereur du chapon ! »
« Alors longue vie à toi. » lâcha Sukuna, déposant, victorieux, ses baguettes après avoir dévoré le dernier sashimi de leur commande, satisfait et repus. « On est pas en couple. Mais elle est à moi… Pour faire court, bat les pattes et bat les yeux ! »
A ces mots, le patron du restaurant laissa échapper un léger rire alors que Kali levait brièvement les yeux au ciel face à l'air un rien ahuri des deux comparses alcoolisés assimilant à grandes peines les paroles du fléau.
« Mais… » commença le plus jeune des deux, profondément perplexe. « On pochède pas les gens, mon garchon. On les zaime. On… On leur… Donne notre affecchion en espérant qu'ils nous la rendent en retour, auchi longtemps que pochible… On est orgueilleux, nous les zommes… On s'invente des zexcuses, on se roule dans notre fierté, on se gargarise avec notre égo… Comme si c'était cha qui était important. Les apparenches… Mais, les femmes… Les femmes, elles… Ch'sais pas trop pourquoi… Mais elles voient mieux que nous autres. Elles voient par delà nos armures, par delà nos stratagèmes… Et malgré tout ça, alors qu'on est tous des gros nigauds, elle nous zaiment quand même…»
Il voulu prendre une nouvelle gorgée de saké, découvrant avec étonnement que sa dernière bouteille était vide. « Tu as de la chance, mon garchon. La gâche pas en jouant au zidiot… Tu finirais par t'en mordre les doigts. »
Un silence un rien surprit s'étira quelques instants dans le bar après la tirade étonnamment philosophique de l'habitué retournant mirer le fond de verre vide. Le patron finit par éclater de rire, plantant ses mains sur ses hanches. « T'es jamais aussi clairvoyant qu'après ta deuxième bouteille de saké, Tanaka ! Quand on dit que la véritable honnêteté est l'apanage des leggings, des enfants et gens saouls… »
« Qu'il ne s'inquiète donc pas, le soulard… » maugréa Sukuna en avalant la dernière coupelle de son Shochu. « Des doigts, j'en ai 20 ! »
Le barman haussa un sourcil, glissant un regard perplexe à la rousse qui extirpa sa carte de crédit de la coque de son téléphone, la lui tendant dans un sourire. « Il compte ses orteils également, ça lui donne plus de marge… Je vais payer l'addition s'il vous plait. C'était excellent. »
« Et en plus elle l'invite… » commenta l'employé de bureau, tirant un peu sur sa cravate pour la desserrer. « Faut l'époucher, mon garchon. »
« Les gens qui tiennent pas l'alcool, franchement… » bougonna Sukuna en se relevant, mettant le téléphone offert par Kali dans la poche arrière de son short. « Quelque soit l'époque, ils sont toujours aussi insensés ! »
Il se dirigea rapidement vers la sortie, s'adossant près de la porte pour attendre la demoiselle qui récupérait sa carte et ses affaires. Elle se remit précautionneusement sur ses talons, rejoignant, large sourire aux lèvres, son amant tatoué.
« Je suis étonné que tu tiennes encore sur tes échasses, crevette… » ricana-t-il doucement avant d'ouvrir la porte, l'eau chaud de la nuit d'été venant lui balayer le visage.
« Au plaisir de vous revoir, les pas tourtereaux ! » leur adressa le patron, réajustant son bandeau contre son front ridé.
Sukuna se figea alors, surprenant l'européenne, jetant un regard par-dessus son épaule vers le propriétaire. « Mis à part tes non sens, ta cuisine n'est pas mal, cuisinier. »
Il sortit ensuite, laissant Kali se retourner à son tour vers le soixantenaire, affichant une mine un rien désabusée. « Ça façon à lui de dire qu'il a passé un bon moment. Une très bonne soirée à vous ! »
Elle s'inclina avec un rien de maladresse, se précipitant à la suite du tatoué qui l'attendait à quelques mètres de là, le bruit de ses talons résonnant dans la ruelle déserte.
« Ah… La jeunesse… » soupira le vieil homme, dodelinant délicatement de la tête avant de retourner à son travail, un sourire attendrit aux lèvres.
« Sukuna ! » La rousse trottinait derrière son amant terrible, les mains enfoncées dans les poches. « Sukuna, attend moi ! Où tu vas comme ça ? »
« Au commerce nocturne ! » jeta-t-il sans même ralentir le pas. « J'ai envie d'étrenner le bout de plastique magique que tu m'as donné. Et puis, se n'est pas toi qui voulais des sucreries ? »
Il s'arrêta enfin, laissant le temps à Kali de le rattraper, un sourire taquin aux lèvres. A peine fut-elle arrivée à sa hauteur qu'il passa avec rapidité un bras autour de sa taille, l'attirant avec fermeté contre son torse. Il glissa son autre main sous son menton, la faisant relever le visage vers lui, s'approchant dangereusement d'elle.
« Su… Sukuna... ? » souffla la rousse dans murmure surprit, une vive rougeur empourprant ses pommettes, ses yeux félins cheminant entre le regard de lave de son vis-à-vis et ses lèvres aguicheuses. « Qu'est ce que tu… »
Délicatement, le démon passa son pouce contre la bouche de la demoiselle, faisant mourir ses mots dans sa gorge. Elle sentait son cœur s'emballer au creux de sa poitrine à l'idée de pouvoir sentir les lèvres du démon sur les siennes… Hélas, comme elle s'y était attendue, le baiser ne vint pas, seule une vive lueur moqueuse embrasant les lacs rubis des prunelles du japonais lui indiqua à quel point il se jouait d'elle en cet instant.
« A quoi t'attendais-tu, petite obsédée ? » demanda-t-il, ravi et espiègle. « Je voulais juste vérifier ton état d'ébriété. Qui est assez avancé, pour tout dire. »
« Même pas vrai ! » objecta l'intéressée en se dégageant de l'étreinte de son amant, croisant les bras sous sa poitrine, une moue boudeuse aux lèvres. « C'est de la vile manipulation, ce que tu fais là… C'est pas joli joli ! Et comment ça se fait que toi, tu paraisses complètement sobre ! »
« Parce que moi… » ricana le démon, croisant à son tour ses bras sur son torse alors qu'il se rapprochait à nouveau d'elle, prédateur, toisant l'européenne de toute sa hauteur. « Je ne suis pas une petite crevette ne sachant pas boire… Et qui, entre autres, ne se donne pas la peine de manger suffisamment par rapport à la quantité d'alcool ingurgitée. »
« J'suis certaine qu'il y a pas que ça… » bougonna-t-elle, peu convaincue. « Et je vous arrête là, Monsieur le roi des fléaux ! » Elle tendit fermement un bras devant elle, pointant l'homme d'un doigt accusateur venant frôler son sweat violet, le faisant se figer avec étonnement. « J'établis dès lors un périmètre de sécurité ! Tu t'approcheras pas plus de moi, c'est trop dangereux pour ma vertu ! »
« Pour ta… » répéta le maitre des lames, les sourcils haussés, un large sourire aux lèvres. « Te côtoyant depuis quelques temps à présent, crevette, je me demande si tu n'en as jamais eu… Qui plus est, le gamin a beau avoir un corps correct… Je pense que tu surestimes un peu sa longueur. A moins, bien sur, que tu n'essaies déjà de prévoir celle que j'aurais avec mon vrai corps, vu que cela semble énormément te préoccuper. »
A ces mots, Kali prit un air offusqué, récupérant vivement son bras. « Obsédé ! »
« Réaliste ! » répliqua le tatoué en éclatant de rire, regardant la demoiselle s'éloigner à grandes enjambées, le visage cramoisi.
D'un pas précipité, la jeune hybride voulu s'éloigner de son amant hilare et moqueur dans son dos, descendant du trottoir avec un empressement mal venu au regard de la hauteur de ses talons, son inexpérience à marcher avec sur de longues distances et la grande quantité d'umeshu circulant dans ses veines. L'inévitable arriva alors, le bout du talon de la demoiselle ripant sur un gravillon, se défaussant sous la jambe de l'européenne qui trébucha alors, tombant lourdement en avant. « AH ! »
Réagissant au quart de tour, Ryomen sauta vers l'hybride en mauvaise posture, l'attrapant à bras le corps pour venir la plaquer contre son torse, la retenant de justesse dans sa chute. Ils demeurèrent quelques secondes figés, Kali respirant profondément, le cœur battant à tout rompre.
« Mer… merci… » murmura-t-elle, se tournant légèrement vers l'homme étrangement silencieux, posant ses mains sur ses bras fermement croisés autour de sa taille.
« Voilà ce que c'est de vouloir porter des échasses ! » siffla brusquement le japonais millénaire, venant jeter la rousse sur son épaule, un rien de mauvaise humeur. « J'aurais du me douter que c'était là une nouvelle de tes idées suicidaires ! Te maintenir en vie, c'est un travail à plein temps, tu t'en rends compte ? »
« Pas du tout ! » couina l'européenne, gigotant contre le dos du maitre des poisons, vexée. « C'était pour aller avec ma tenue ! Pour que se soit plus… féminin ! »
« Je ne savais pas qu'une démarche mal assurée ou une cheville fracturée étaient quelque chose de féminin… » ironisa-t-il, levant les yeux au ciel. « Des chaussures, c'est fait pour marcher. Si tu n'y arrives pas, ça ne sert à rien ! »
« Je peux marcher, Sukuna, j'ai juste trébuché ! » Kali s'agita de plus belle, tentant d'échapper à l'étau qu'était le bras de fléau la maintenant sur son épaule. « Tu peux me reposer s'il te plait ? Je n'aime pas quand tu me portes comme un sac de patates ! »
« Arrêtes de chouiner, crevette… » soupira l'homme, reprenant sa route vers le seven eleven. « Je t'évite juste de te retrouver les 4 fers en l'air ! »
« Ma robe est trop courte pour ça, Sukuna, tout le monde va voir mes fesses ! » siffla-t-elle, ne sachant plus comment le raisonner.
D'un coup, l'intéressé le figea sur place, se tournant un peu vers sa prisonnière. De sa main libre, Ryomen vint se saisir du bord de la robe en dentelle de son amante, tirant dessus avec fermeté pour le faire un peu plus redescendre contre ses cuisses dénudées. Le tissu se redressa cependant obstinément, faisant se froncer les sourcils du multi centenaires. « Tout le monde peut voir mes fesses… » murmura l'homme, contrarié.
« Comme quoi, l'alcool a peut être un peu d'effet sur toi… » soupira Kali, amusée. « C'est MES fesses qui sont exhibées à la vue de tous. »
« Tu es à moi. Elles aussi sont à moi. Donc c'est mes les miennes. » expliqua Sukuna d'une voix ferme et assurée, visiblement très sur de son raisonnement. D'un mouvement souple, il fit glisser la rousse de son épaule pour la prendre dans ses bras, s'assurant de maintenir le bas de sa robe contre ses jambes. « Au moins aujourd'hui, il me semble que tu as mis des dessous… »
L'européenne réajusta un peu son chignon avant de se réinstaller aussi confortablement que possible contre le démon, comprenant qu'il était en pleine l'une de ses lubies obsessionnelles et qu'il était donc inutile de tenter de le raisonner. « J'en mets tous les jours, des dessous, Sukuna… »
« En comptant hier… » répliqua-t-il, repérant non loin l'enseigne lumineuse de la supérette ouverte en continue, s'y dirigeant d'un bon pas. « Tu t'es quand même déjà retrouvé deux fois sans rien face à moi ! A moins, bien entendu, que tu n'attendes que je me réveille pour te dénuder, petite gourgandine… »
« La première fois je les avais cramé pendant un combat, et hier c'était juste parce que la robe était super moulante, ça faisait une marque disgracieuse ! »
« Moué… Si tu le dis…» Enfin arrivés tous près du magasin, Sukuna déposa la jeune hybride sur un banc, la pointant d'un doigt un rien paternaliste. « Tu m'attends bien sagement là, crevette. Et tu ne parles pas aux inconnus non plus ! Je reviens vite, alors pas de folie en attendant. »
« Je suis pas une enfant ! » maugréa-t-elle, boudeuse, regardant son amant s'éloigner prestement. « Tu me prends des mochis, hein ? »
« Et le mot magique, sauvage ? » lança l'intéressé par-dessus son épaule, n'attendant cependant pas sa réponse pour entrer dans la boutique, abandonnant la demoiselle sur son banc.
Se retrouvant brusquement seule, la jeune femme aux yeux se mit à regarder un peu autour d'elle, dodelinant un peu sur place. Lâchant un soupire, elle retira doucement sa sandale à talon droite, celle de son pied s'étant tordu, caressant du bout des doigts sa peau échaudées et un peu endolorie.
Pas de fracture… Juste une petite entorse, au pire. Plaquant sa main contre son articulation malmenée, l'hybride usa de son sort d'inversion pour effacer son élongation ligamentaire, lui arrachant un sourire satisfait. Elle était devenue, avec le temps, de plus en plus douée à ce jeu là, notamment grâce à sa maladresse qui lui apportait régulièrement des raisons de s'entrainer.
Sur sa lancée, Kali retira également sa seconde chaussure de torture, la déposant à coté de la première, parcourant ses pieds dans le but de faire disparaitre toutes les petites ampoules ayant déjà fait leur apparition. Comment des femmes pouvaient-elles porter cela des journées entières ? Mystère…
Une fois cela fait, la demoiselle se redressa, ne sachant pas quoi faire pour s'occuper en attendant le retour du démon. L'envie de le rejoindre dans le seven eleven se mit à gronder en elle, lui arrachant une moue un rien enfantine.
Immédiatement, elle dégaina son téléphone, pianotant rapidement afin de trouver le numéro du mobile qu'elle venait d'offrir au démon, ouvrant la conversation entièrement vierge. Se mordillant l'intérieur des joues tout en balançant doucement les jambes, la rousse hésita de longues secondes, tapant et effaçant tour à tour un premier message. Ne sachant quoi écrire, la demoiselle poussa un lourd soupire avant qu'une idée ne vienne jaillir dans son esprit. Vérifiant qu'elle était bien seule dans la ruelle déserte, l'européenne aux yeux d'or s'arma de son appareil photo en mode selfie, commençant à se prendre en photo sous des angles terriblement avantageux, mettant en avant sa poitrine galbée et ses jambes dénudées, se faisant aussi féline et sensuelle qu'elle le pouvait.
Choisissant rapidement un des clichés pris, elle l'envoya sans plus attendre à son terrible amant qui prenait visiblement tout son temps dans la boutique, un sourire malicieux aux lèvres.
*Juste au cas où tu t'amuserais bien trop avec ton shopping, je suis toujours là, Sukuna *
L'icône d'envoie passa rapidement en mode 'vue', prouvant que le fléau millénaire avait bien réceptionné sa photo. Hélas, il ne la gratifia d'aucune réponse, faisant maugréer tout bas la demoiselle.
« Quel goujat quand même, celui là… »
A peine eut-elle prononcé ces mots que le tintement musical accompagnant l'ouverture des portes automatique du magasin se fit entendre, faisant un peu se redresser la rousse sur son banc. Immédiatement, le tatoué fit son apparition, portant entre ses bras un large sac de papier, arrachant un sourire amusé à la demoiselle.
« La chasse a été fructueuse ! » s'amusa-t-elle alors que l'homme venait se planter devant elle, fouillant son short pour en extraire son téléphone portable. « On dirait que la carte fonctio… »
Sukuna lui brandit le mobile sous le nez, la photo qu'elle lui avait envoyé quelques minutes auparavant illuminant l'écran tout entier. « Là, tu vois mieux à quel point ta tenue est indécente ? Sur photo, c'est encore plus flagrant ! »
« Moi je la trouve très bien, cette photo… » répliqua l'hybride, croisant les bras sous sa poitrine.
« Si tu le dis… » Ryomen se mit à fouiller dans son sac, en extirpant un objet coloré qu'il jeta vers Kali, la prenant de court.
Elle s'en saisit en vol, découvrant avec surprise une paire flashy de tongs vertes grenouilles, ornées d'une énorme marguerite pailletée. « Qu'est ce que… »
« Pour le retour. » éluda le démon en se laissant tomber à côté d'elle, continuant à creuser au milieu de ses nombreux achats. « Pour éviter que tu ne couines si je te porte. »
« Mer…ci ? » souffla la rousse, enfilant ses nouvelles chaussures avec un amusement terrible. Elle tendit alors les jambes devant elle, pointant les marguerites d'un doigt. « ça, c'est le style ! Coco Chanel peut aller se rhabiller !»
« Si tu te moques, je te donne pas tes mochis, petite cannibale ! »
« Je me moque pas ! » mentit-elle éhontément, se rapprochant un peu du japonais pour venir essayer de regarder à l'intérieur du sac qu'il avait ramené, curieuse.
Immédiatement, l'homme le plaqua contre sa poitrine, terriblement taquin. « Hin hin ! Tu oses manquer de respect à mon cadeau, tu n'auras rien d'autre de moi ce soir ! »
« Mais pas du tout, je les adore ! » répondit aussi innocemment que possible l'accusée, venant encore un peu plus se coller à son amant, tirant un peu sur la manche de son sweat shirt. « S'il te plait, Sukuna… J'suis sure que tu aimes même pas ça, les mochis.»
« Les yeux de chatons, ça ne marche toujours pas sur moi, crevette ! » soupira le maitre des lames, retournant tout de même fouiller dans son sac. « Et peut être que j'adore ça, qu'est ce que tu en sais ? »
« Tu as un palais plutôt salé. » affirma Kali, réfléchissant à haute voix alors qu'elle fouillait sa mémoire. « Je vois bien vers quoi tu vas spontanément quand tu prends des trucs dans le frigo ou les placards ! »
Le roi millénaire se figea quelque secondes, glissant un coup d'œil à son interlocutrice, amusé par le fait qu'elle ait remarqué ce genre de détail. Une vraie petite groopie… « Même si c'était le cas… Ne parle pas de moi comme si j'étais un raton laveur ! Je ne prends pas des trucs, je me sustente. Le gamin mange n'importe comment.»
« C'est un adolescent. » Kali leva légèrement les yeux au ciel. « L'alimentation des adolescents est basée sur la junk food et les boissons énergétiques, c'est bien connu ! »
« Comme celle des crevettes est basées sur les patates salées, les mochis et… les alcools de fillettes? » A peine eut il finit sa phrase qu'il glissa un regard taquin à la demoiselle, extirpant théâtralement un sachet de pâtisseries à la pâte de haricot rouge du sachet en papier, faisant naitre une vive étincelle d'intérêt dans les prunelles d'or de la jeune femme.
Immédiatement, l'européenne tendit une main pour venir se saisir de son futur dessert, bien évidemment mis hors de sa portée par son terrible maitre. « Sukuna ! C'est pas bien de jouer avec la nourriture ! »
« Un mochi contre un baiser ? » susurra l'intéressée, passant un bras dans le dos de la demoiselle pour la plaquer contre lui, une lueur joueuse au fond des yeux. « Sinon je les mange tous ! »
« Tu voudrais que j'abandonne le pari pour une pâtisserie ? » s'étonna la rousse, se redressant dans l'instant. « Dois-je y voir là le signe que tu n'es plus aussi sûr de toi qu'au départ ? Et n'y compte pas une seule seconde ! »
« Je testais juste… » susurra-t-il avant de poser le paquet au sommet du crâne de l'européenne, s'amusant clairement à ses dépend. « Une telle force de caractère mérite bien une sucrerie ! »
« Moque toi autant que tu veux, démon… » Elle récupéra l'emballage en plastique, l'ouvrant rapidement pour en extraire une des petites sphères rondes et pâles, y mordant avec voracité. « Je n'abandonnerai pas ! »
« On verra ça… » souffla Sukuna, allant dérober un des desserts dans le sachet ouvert, l'enfournant sans attendre. « Pas trop sucré… C'est pas mauvais. »
« Tu vois ! » s'exclama Kali, victorieuse, avant de venir se saisir du bord du paquet se trouvant toujours sur les genoux de son amant, y jetant un œil avec curiosité. « Tu as un truc à boire, dans ton sac ? »
La demoiselle se figea en découvrant le nombre impressionnant d'articles qu'avait acheté Ryomen, aussi bien pour leur quantité, leur variété, ou le fait qu'il avait mis un temps record à faire tous ces achats. « Tu as… un talent inné pour faire chauffer les cartes de crédit apparemment… Combien de sortes de viandes séchées tu as acheté ? »
« Toutes celles que j'ai trouvé. » répondit simplement le démon dans un haussement d'épaules décontracté, venant extirper l'unique bouteille dont il avait fait l'acquisition. « Et ça, c'est la seule chose qui se boit, mais je ne suis pas certain que se soit pour les petite crevette comme toi ! »
« Elle énorme cette bouteille ! » commenta l'hybride, arrachant un ricanement un rien lubrique au fléau. « Tu es impossible, Sukuna… »
« Mais oui mais oui… » Le démon tatoué retira prestement la protection de son impressionnante bouteille de saké, la débouchant d'un geste de poignet puissant. Il la porta ensuite à ses lèvres, en dégustant plusieurs longues lapées, un sourire satisfait aux lèvres. « Ah, ça, c'est quand même autre chose. Si tu veux gouter, se sera à tes risques et périls, crevette ! »
Refusant de se laisser impressionner, la demoiselle vint prendre des mains du fléau le récipient de verre, humant un peu le goulot avant d'en avaler rapidement une large gorgée, réprimant autant que possible une vive grimace alors qu'un gout terriblement amer emplissait son palais tout entier. Posant une main sur sa bouche le temps de retrouver contenance, Kali regarda la ruelle déserte, sentant une vive chaleur envahir tout son corps.
Sukuna, pour sa part, scruta le visage un peu empourprée de son hybride avant de remarquer une petite tâche de couleur dégringoler entre eux, attirant son attention. Doucement, le tatoué vint s'en saisir au creux de sa main, découvrant une fleur étrange qu'il n'avait jusque là jamais vu.
Petite de taille, elle était formée de 6 pétales longs et ovoïdes, alternant deux jeux de couleurs, trois d'entre eux étaient d'un jaune profond tacheté de marron, les autres d'un orange vif barré d'une ligne rouge intense. Un sourire étira le coin des lèvres du démon qui fit tournoyer la petite fleur entre ses doigts, levant les yeux pour découvrir un large buisson en étant complètement parsemé. Le tatoué reporta alors son attention vers la jeune européenne assit à ses cotés, comparant mentalement la couleur de ses cheveux et celle de ses yeux à celles de la petite plante.
« Une fleur-crevette… » murmura-t-il, venant poser la fleur sur le sommet du crâne de la demoiselle, reportant toute son attention sur lui.
Elle récupéra la plante au milieu de ses cheveux, la scrutant de son regard doré félin, appréciatrice. « C'est un lys inca… Il y en a un peu partout en ville, elles sont magnifiques. »
« Je préfère fleur – crevette. Elle te ressemble un peu, au niveau des couleurs. » commenta Sukuna, allant en cueillir d'autres, les déposant avec malice dans les cheveux de la rousse. « Et maintenant tu es une crevette en fleur ! »
La remarque arracha un gloussement à l'intéressée, faisant tiquer Sukuna qui se pencha vers elle, glissant un doigt contre sa joue pour venir encrer son regard dans le sien, un peu trouble. « Ma parole, pour rigoler à cette blague, tu dois sacrément être imbibée, ma belle. Heureusement que je t'ai acheté des chaussures plates, tu te serais tuée, sur tes échasses. »
« Tu aurais du me porter, du coup… » soupira Kali, venant attraper avec délicatesse la main du démon contre son visage. « Quel drame ça aurait été… »
« Et la distance de sécurité que tu voulais établir, alors ? » souffla-t-il, se rapprochant un peu d'elle, son front frôlant celui de la jeune femme. « Vu ton degrés d'ébriété, c'est assurément plus dangereux à présent pour toi que jamais auparavant… »
« J'ai bien peur… » Elle hésita un bref instant, encrant son regard dans le sien avec une profonde intensité. « Qu'aucune distance au monde ne pourra jamais me protéger de l'attirance que j'ai pour toi. » Elle alla d'un coup se blottir contre son épaule, posant son visage au creux de son cou, savourant, les yeux fermés, l'aura et le parfum du tatoué.
Presque instinctivement, ce dernier posa une main dans sa nuque découverte, caressant inconsciemment sa peau de velours. Il se pencha vers elle, venant murmurer à son oreille, sa voix grave et puissante faisant naitre une chaire de poule le long de ses bras graciles. « Tu as de la chance, crevette. Si je réussissais à te faire abandonner maintenant, vu que ton jugement est faussé par l'alcool, se ne serait pas drôle… Tu geindrais pendant des semaines en disant que j'ai triché.»
« Je ne suis pas ivre, Sukuna. » se défendit faiblement la demoiselle, se redressant un peu. « Et même si c'était le cas, je serai capable de résister ! Je suis têtue, tu le sais bien…»
« Une vraie tête de mule, en effet… » confirma l'homme, s'éloignant un peu plus de son amante pour pouvoir observer son minois, caressant doucement ses lèvres du bout des doigts. « Mais entre ton entêtement et ta lubricité, je me demande bien ce qui va gagner. »
« On dirait que tu parles de toi, mon terrible roi… » répliqua la rousse, venant faire se frôler le bout de son nez contre le sien, aguicheuse et charmante.
Ils se turent alors quelques secondes, se fixant l'un et l'autre avec un désir mutuel débordant.
Indubitablement… C'était dangereux… Aussi bien pour lui que pour elle…
D'un coup, un bruit métallique retentit non loin, faisant sursauter les deux amants qui se retournèrent d'un même mouvement. Un chat de gouttière tigré déguerpit à toute vitesse en remontant la ruelle déserte, la cannette de soda qu'il avait renversé dans sa course roulant doucement sur le bitume sombre jusqu'à eux, s'arrêtant à quelques mètres de leur banc.
Sukuna laissa échapper un léger ricanement, rejetant ses cheveux en arrière. « Eh bien, tu peux remercier ce chat, crev… »
« HIC ! »
En entendant cela, le fléau millénaire se retourna vers son hybride, les sourcils haussés, la découvrant les deux mains plaquées sur la bouche, l'air médusé.
« C'est toi qui… » commença-t-il, la pointant du doigt.
« HIC ! » fut la seule réponse que put donner l'intéressée, ses épaules se retrouvant violemment secouées par la puissante crise de hoquet que lui avait provoqué son sursaut.
La situation arracha un léger rire au japonais millénaire, faisant vivement rougir la demoiselle. « C'est pas… HIC ! C'est pas drôle, Sukuna, te moque pas ! »
« Je me moque pas ! » mentit ouvertement le démon, espiègle, croisant les bras sur son torse puissant. « Comment on soigne ça, dans votre époque moderne ? De mon temps, on disait qu'il fallait faire peur aux gens pour arrêter un hoquet. Tu veux que je te fasse peur ? »
« N… HIC ! Nan, ça va passer tout seul ! » objecta la rousse, récupérant la bouteille de Saké délaissée pour en avaler une gorgée, frissonnant à cause de l'amertume. « HIC ! Merdouille, ça marche pas… »
Elle inspira alors profondément avant de bloquer sa respiration en gonflant ses joues, se pinçant le nez avec détermination, regardant droit devant elle dans le but d'éviter à tous prix le regard du démon. Ce dernier la regarda faire, intrigué, récupérant sa bouteille d'alcool pour en boire un peu à son tour, comptant mentalement le temps que tenait la jeune femme.
« Passionnant… » se moqua-t-il, un large sourire aux lèvres. « Si tu deviens bleue, je t'arrête ? Ou faut continuer jusqu'à la perte de connaissance ?»
« HIC ! » Un nouveau sursaut secoua l'européenne en apnée, l'exaspérant terriblement alors qu'elle relâchait sa respiration, une moue boudeuse aux lèvres. « Merdouille… ça marche pas non plus ! »
« Ma proposition pour te faire peur tient toujours, tu sais ! »
« Nan…HIC ! J'ai pas très envie que tu me fasses peur. J'ai très envie de savoir comment tu ferais pour me faire peur. Moi, j'aurais qu'à te dire… HIC ! Je sais pas… Que je suis enceinte par exemple, et ça couperait tout ! Vu ce que tu disais la dernière fois par rapport aux enfants…»
« Une idée très déplaisante, pour sûr… Et heureusement impossible ! » confirma le tatoué, se faisant ensuite pensif, observant avec intensité la maitresse des flammes d'ombres.
« Qu'est ce que… HIC ! Qu'est ce qu'il y a ? »
« Rien… » répondit Sukuna, s'attrapant le menton entre deux doigts. « Je me disais juste… Que même si j'essayais de te faire peur, ça ne fonctionnerait pas de toute façon. Tu te comportes avec moi comme si… tu ne me craignais pas, comme si tu ne te rendais pas vraiment compte de qui j'étais en réalité. »
« Bien sur que… HIC ! Bien sur que si, je sais qui tu es. » réfuta la demoiselle, se tournant complètement vers lui, étrangement sérieuse. « C'est pas parce que je tremble pas devant toi que je ne… HIC ! Le sais pas. Mais en quoi le fait d'avoir peur changerait le fait que tu pourrais me tuer n'importe quand, quand ça te chantera, à la moindre contrarié ou si je finis par t'ennuyer ? »
Les dires de la jeune hybride lui firent froncer les sourcils, une certaine perplexité l'étreignant tout entier. « Comment ça ? »
« Que j'ai… HIC ! Peur ou non, ça diminuera ta puissance, ou le risque potentiel que tu représentes pour ma survie ? Assurément pas… Me focaliser sur ça et sur la peur… HIC ! ça m'empêcherait juste de profiter du temps que je peux passer avec toi. Tu préfèrerais peut être que je sois plus … HIC ! A l'ancienne. Une poupée japonaise parfaite, agenouillée, le dos bien droit et la nuque baissée. Mais c'est… HIC ! C'est pas moi. C'est pas comme ça que je veux passer le temps que l'on partage. Se serait tellement chiant ! Tu es… HIC ! Une force immuable. Comme la gravité terrestre, les marées, les séismes ou les tsunamis. En avoir peur n'a ja … HIC ! Merdouille ! En avoir peur n'a jamais empêché aucun d'entre eux de s'abattre sur le monde. Ça gâche juste la vie. Et je ne veux pas gâcher la chance que j'ai de pouvoir te côtoyer ainsi en la ternissant par de telles inepties, le temps que ça durera… HIC !»
Sukuna reçut les paroles de la jolie rousse avec autant de surprise que de sérieux, prenant quelques secondes afin de pleinement les assimiler. Une nouvelle fois, elle parvenait à le prendre de court, le fil de ses pensées prenant un chemin qu'il n'avait par le passé jamais connu. A travers ses mots, la demoiselle été parvenue à lui montrer qu'elle savait pertinemment le risque qu'il pouvait représenter mais qu'en plus de l'accepter comme tel, c'était son souhait de l'encourir, juste pour pouvoir être à ses côtés…
Improbable… Incompréhensible…
Et pourtant… Il ne pouvait nier que cela lui plaisait terriblement, aussi fou que cela puisse être.
« Le temps que ça durera ? » finit-il par répondre, venant planter une pichenette au milieu du front de la jeune hybride qui hoqueta. « Ne pense même pas t'échapper crevette… Tu es à moi, je préfèrerai te dévorer vivante plutôt que te laisser filer… Le passé c'est le passé, et les poupées dont tu parles m'ont toujours ennuyé… Je ne regrette pas d'avoir pu mettre la main sur l'improbable petite bestiole que tu es, quoi que tu puisses penser.»
Ils se regardèrent une poignée de secondes, silencieux, seul le hoquet tenace de Kali venant résonner dans la ruelle déserte. D'un coup, l'attention du démon tatoué fut attirée par quelque chose plus loin dans la rue, lui faisant froncer les sourcils, une profonde incompréhension troublant la lave de ses yeux.
« Suku… ? » commença la jeune femme, intriguée par son comportement.
« Crevette… » la coupa-t-il, pointant du doigt une direction dans le dos de son hybride. « Mais… Qu'est ce qu'il fait là, ton indou ? »
« QUOI ? » En entendant cela, Kali se releva d'un bond, le feu aux joues et le cœur battant, bien consciente que ni sa tenue ni son état d'ébriété seraient du gout de son protecteur… Qui plus était, la situation devait être particulièrement grave pour que son protecteur à la santé fragile se soit donné la peine de venir jusqu'à elle, traversant la moitié du monde.
Cependant, alors qu'elle s'était retournée, elle ne découvrit qu'une ruelle entièrement vide, la plongeant d'une profonde perplexité.
« Mais… Sukuna… Il n'y a personne ! »
Derrière elle, le démon millénaire laissa échapper un profond éclat de rire, la surprenant un peu plus encore. Doucement, elle commença à comprendre le plan du japonais, de la glace coulant dans son dos.
« Tu as bluffé ! » l'accusa-t-elle alors qu'il vint passer un bras autour de ses épaules, terriblement taquin.
« Et j'ai bien fait ! Tu n'as plus le hoquet, crevette ! » ricana-t-il contre son oreille, ravi de sa prestation. « Moi, que tu compares aux forces de la nature, je n'y serais très certainement pas arrivé. Mais la seule idée que ton tuteur puisse te voir habillée comme tu le fais ces derniers jours suffit à te terroriser ! Je vais peut être devoir me méfier de lui, en fin de compte ! »
A peine eut-il finit de prononcer sa phrase qu'il commença à s'éloigner dans la rue, tenant les anses de son sac de course enfilées sur son avant bras, la bouteille de saké à la main, son rire grave résonnant dans son sillage.
Sans perdre une seconde, Kali alla récupérer son sac et ses talons près du banc à présent abandonné, trottinant d'un pas claquant pour rattraper son amant démoniaque. « Sukuna… Tu es impossible, franchement ! Utiliser Prasad, c'est moche !»
« Pas si tu ne te sentais pas coupable de ta tenue indécente, crevette ! » jeta le japonais par-dessus son épaule, souriant en entendant le bruit des tongs qu'il avait acheté à la demoiselle se rapprocher rapidement. Elle apparut bientôt à ses cotés, une petite moue aux lèvres.
Tout en la fixant, il but un peu à sa bouteille avant de la lui tendre, malicieux. Elle vint s'en saisir, imitant son amant, sauf pour la grimace qui en suivit. « Ou pour cela ! » s'amusa-t-il, récupérant son bien. « Il va vraiment falloir que tu boives ton poids en eau si tu ne veux pas avoir l'impression d'avoir les cheveux qui poussent à l'intérieur de ton crâne demain matin. Ou user d'un bon sort d'inversion ! »
« Je ne sais pas ce qui serait le mieux, mais je vais devoir faire quelque chose, tu as raison… » soupira-t-elle, s'arrêtant un bref instant, passant une main sur sa tempe. «J'ai… Un p'tit coup de chaud, je crois. Ton truc c'est vraiment costaud ! »
« Je t'avais prévenu ! » ricana le tatoué avant de se figer à son tour, se retournant vers la rousse toujours immobile qui passait à présent ses mains dans sa nuque, lui arrachant une grimace. Il marcha jusqu'à elle, posant le dos de sa main libre contre son front pour estimer sa température avant d'attraper son menton pour regarder ses yeux, les trouvant un peu plus flous encore que lorsqu'ils étaient sur le banc. « C'est monté vite… Je disais bien que tu ne savais pas boire, les mochis ça éponge pas grand-chose, visiblement ! »
« ça va… » souffla l'européenne, attrapant la main fraiche de son démon personnelle, lui adressant un sourire un peu flottant, dodelinant doucement sur place. « J'suis juste… La, tu peux dire que je suis pompette. J'ai l'impression d'avoir la tête dans du coton… »
Sukuna observa encore une poigné de secondes la demoiselle avant de plaquer son sac de course contre sa poitrine, qu'elle attrapa dans un réflexe. Il alla ensuite la prendre dans ses bras, la faisant basculer contre son torse pour la ramener plus vite au sanctuaire. « Insortable, vraiment… »
« C'est quand même vachement mieux que quand tu me portes comme un sac à patate… » souffla-t-elle en entassant toutes ses affaires sur son ventre avant d'aller nicher son visage contre le biceps puissant de son amant, visiblement aux anges.
« Je pourrais presque croire que tu as bu de ma bouteille exprès pour que je finisse par te porter malgré les chaussures plates que je t'ai acheté ! » répliqua le tatoué, arrachant un éclat de rire à son hybride.
« Je suis pas aussi fine stratège que toi, Sukuna… »
« Moué… » murmura Sukuna, jetant un coup d'œil suspicieux à la jeune femme jouant doucement avec la fermeture éclair du sweat shirt, balançant doucement des jambes dans le vide. « Parfois je me demande quand même… »
Ils arrivèrent bientôt au sanctuaire silencieux, le roi millénaire les guidant à travers les couloirs obscurs. Arrivé devant la chambre de sa protégée, il alluma la lumière d'une main, retombant nez à nez face au fabuleux capharnaüm régnant dans les lieux. Précautionneusement, il se fraya un chemin jusqu'au lit de l'européenne, la déposant doucement dessus. Le tatoué la fixa un bref instant alors qu'elle posait maladroitement les sacs qu'elle portait au sol ainsi que ses chaussures, un sourire un rien attendrit étirant ses lèvres.
Il finit cependant par reprendre la parole, se faisant plus taquin. « Crevette… Je veux bien que tu ne sois pas une fée du logis, mais là il y a un sacré foutoir ici ! Il y a eu un séisme très localisé ou quoi ? »
« Mais nan… » s'amusa Kali, poussant doucement le japonais millénaire d'une main, lui arrachant un nouveau sourire. « On fait les cartons pour le déménagement ! »
« Hum hum… » L'homme aux yeux rubis la poussa à son tour, taquin. « Le principe, dans ce cas là, n'est pas normalement de mettre les affaires DANS les cartons ? Là, elles sont partout sauf à l'intérieur ! »
« J'en profite pour faire du tri ! » affirma la rousse en se laissant tomber en arrière sur son matelas, se tortillant afin d'aller récupérer la bouteille à moitié vide de saké abandonnée aux pieds de son lit.
« Hum HUM ! » Le tatoué se pencha plus vite qu'elle, extirpant juste à temps l'objet en verre des mains de la demi démone, la ramenant hors de sa portée. « Pas une bonne idée, crevette. Et niveau tri, c'est pas très flagrant ! Tu as tellement de vêtements que tu pourrais te faire un ou deux nids avec tout ça… »
« Maaaaaais ! » s'offusqua-t-elle en se redressant, offrant une moue mécontente au démon.
« Tu en as largement assez eu pour ce soir, crevette ! » Il porta alors le goulot à ses lèvres, terminant son contenu en quelques longues gorgées. « Crois moi… Demain matin tu me remercieras ! »
« Tu m'infantilises… » bougonna-t-elle, s'asseyant tout près de lui, les jambes repliées sous elle, les bras croisés sous la poitrine.
« Uniquement parce que tu fais l'enfant, 'bébé' ! » Il attrapa l'un des innombrables coussins se trouvant sur le lit, le lui jetant dessus. « Maintenant au lit ! »
« J'ai pas envie de dormir ! » protesta-t-elle, réprimant pourtant un bâillement avant de s'étirer comme un chat, amusant terriblement son interlocuteur.
« Flagrant… » souffla-t-il, allant récupérer le sac contenant ses courses, se relevant d'un mouvement souple. La nuit n'était pas encore aussi avancée que cela, et il avait bien envie d'aller regarder un peu la boite magique. « Allez crevette. Je te laisse te repo… »
Il s'était retourné vers la demoiselle, la découvrant en train de batailler un peu maladroitement avec les rubans maintenant en place ses manches en dentelle ainsi que son bustier, lui arrachant un léger soupire.
« Quand je dis que tes vêtements sont insensés… Tu as besoin d'aide pour t'en débarrasser, peu être ? »
La rousse réfléchit quelques instants avant qu'un large sourire s'épanouisse sur ses lèvres pulpeuses, une lueur mutine embrasant l'or un rien trouble de ses yeux. Féline, elle vint s'assoir sur le rebord de son matelas, les mains posées en arrière, bombant un rien le torse.
« Oui… S'il te plait, je veux bien un coup de main… »
Sukuna la fixa quelques instants, sentant une certaine faim inassouvie gronder sourdement en lui, le faisant doucement déglutir. Reposant son sac à ses pieds, le fléau millénaire fit marche arrière, jusqu'à venir se planter devant son hybride, encrant ses prunelles de lave dans les siennes, s'y noyant une poigné de secondes.
Doucement, il glissa une main contre sa joue, savourant la douceur de sa peau tiède sous ses doigts. « Tu auras beau m'aguicher, tu ne m'auras pas comme ça, sache le… »
« Je te demande juste un peu d'aide, que toi-même tu m'as proposé… Sukuna… » susurra-t-elle en ne le perdant pas un instant des yeux.
« Démone… » Lentement, le maitre des lames fit remonter sa main jusqu'au chignon complexe retenant prisonniers les cheveux de feu de son hybride, en extirpant le long pic de bois sculpté maintenant toute la structure en place. La crinière d'automne se déversa alors sur les épaules pâles de la jeune femme, le parfum fruité de son shampoing allant immédiatement caresser les narines du tatoué. « Tu passes de l'innocence d'un chaton à la sensualité d'une tigresse, tu es vraiment difficile à suivre, tu sais ? »
« Niveaux montagnes russes… » murmura-t-elle, alors que son interlocuteur vint se saisir du ruban maintenant fermement clos le bustier de sa robe, tirant dessus avec une décontraction feinte pour en défaire le nœud, amplifiant encore plus son décolleté. « J'ai le meilleur des professeurs. »
D'un coup, Sukuna tira sur le ruban défait pour forcer l'européenne à se relever, venant la plaquer contre son corps, leur regard ne se perdant d'une seconde pour autant. Il se pencha imperceptiblement, faisant se frôler leur visage, alors qu'il faisait glisser ses mains le long de son corps félin jusqu'à ses cuisses, agrippant le tissu épais de son vêtement. « Seulement pour les 'montagnes russes' ? »
« Pour ça… et bien d'autres choses encore… »
Lentement, le japonais remonta la robe de la jeune femme le long de son corps, faisant consciencieusement passer ses mains contre ses courbes, sentant son sang s'embraser dans ses veines. L'hybride se laissa docilement faire alors qu'il lui passait sa tenue par-dessus la tête, lui arrachant un soupire brulant tandis qu'elle se retrouvait presque nue sous son regard enflammé.
Ryomen laissa choir le bout de tissu à leurs pieds, ses mains allant naturellement se poser sur les hanches de son amante, la simple sensation de sa peau nue sous ses doigts l'électrisant tout entier. Il n'avait aucunement besoin de quitter ses yeux félins du regard pour parfaitement visualiser la moindre de ses courbes, de l'arrondi parfait de ses épaules à celui de ses seins, de ses fesses… Ce corps… Il le connaissait par cœur. Pire que sa chaire, ne l'ayant connu qu'une seule fois dans cette réalité, c'était son âme qui le connaissait. Son parfum, ses intonations, ses gémissements, sa façon de se mouvoir, de le toucher, de l'embrasser, même celle de prononcer son nom… Tout ça, toutes ces choses qu'il était parvenu à ne faire que siennes, plus que son être physique, c'était son esprit qui les réclamaient à corps et à cris en cet instant, le saturant d'un désir difficilement jugulable.
Resserrant un rien sa prise contre les os du bassin de sa captive consentante, le tatoué la repoussa lentement, la faisant délicatement s'allonger sur son lit alors qu'il venait la surplomber, la dévorant du regard. « Démone… Ton stratagème ne fonctionnera pas.»
L'intéressée laissa échapper un léger rire, venant attraper la tirette du top violet du tatoué, la faisant délicatement glisser vers son nombril, dégageant son torse sculptural de son carcan de tissu. « Il n'y a aucun stratagème, Sukuna… Mais… Qu'est ce qu'on avait dit, déjà, pour notre pari ? » Elle vint frôler du bout de l'ongle le nombril du fléau, le faisant très légèrement bloquer sa respiration, remontant progressivement vers son cou. « Pas de caresse… »
« Pas de baiser. » compléta-t-il, alors qu'elle faisait remonter son doigt le long de sa jugulaire, puis, après avoir suivi l'os de sa mâchoire, vint caresser ses lèvres, laissant échapper un soupire de frustration.
« On a le droit à rien du tout, c'est vrai… » murmura la rousse, faisant serrer les poings du démon sur les draps immaculés de son amante, traduisant la vive tension le parcourant tout entier.
« Si tu veux céder maintenant, crevette… » finit-il par dire, respirant profondément. « Je saurais me montrer complaisant. »
« J'adorerai… Tellement… » finit-elle par répondre après de longues secondes d'une hésitation flagrante, l'alcool enflammant ses veines amplifiant plus encore son désir pour lui. « Mais je vais devoir décliner. Je sais. Me. Contenir.»
En entendant ça, l'intéressé crispa un peu plus ses doigts autour du drap, ses phalanges blanchissant sous la tension. « Vraiment, crevette ? »
« Vraiment. » confirma-t-elle, les mâchoires un rien crispées. « Mais si toi, tu as envie de craquer, je serai ravie que tu me prennes dans l'instant. Aussi longtemps que tu le voudras. Et comme tu le voudras… »
Sukuna expira longtemps, sentant son sexe douloureusement dressé dans son short objecter fortement avec son entêtement à poursuivre le pari. Il préféra cependant ne pas y prêter attention. « Très bien… Si tu le prends comme ça… »
Le japonais vint alors attraper avec une rapidité fulgurante le bord de drap immaculé du lit, se redressant dans un mouvement souple alors qu'il commençait à rouler la jeune hybride dedans, l'enserrant tel un sushi dans une feuille de nori couleur neige.
« Sukuna, arrêtes, ça me donne le tournis ! » s'offusqua la jeune femme, se retrouvant complètement saucissonnée dans le bout de tissu, gigotant vainement alors que le fléau terminait son œuvre, se redressant avec un sourire moqueur aux lèvres.
« Comme ça au moins tu seras sage ! » déclata-t-il fièrement, les point enfoncés sur les hanches, son top presque totalement ouvert. « Et maintenant, je te laisse, crevette, tu es bien trop butée ! »
« Nan ! » Le démon se figea, se retournant un peu vers la démi fléau qui se tortillait comme une anguille immaculée sur son lit, seule sa crinière rousse bougeant librement dans tous les sens, s'emmêlant de plus en plus. Après quelques secondes de vain combat, l'hybride se laissa retomber sur le dos contre son matelas, un peu essoufflée, jetant un regard un peu attristé au tatoué. « Sukuna, s'il te plait, part pas ! Je resterai sage comme une image ! »
« Et pourquoi je ferai ça ? » interrogea-t-il, un sourire taquin aux lèvres, se rapprochant un peu, la voyant adopter une autre technique afin de libérer au moins un de ses bras.
« Parce que je veux encore restée avec toi… C'est trop tôt ! » Elle extirpa enfin de son carcan de tissu son bras droit, se retournant ensuite sur le ventre pour se redresser un peu, encrant son regard dans celui de son terrible amant. « Au moins jusqu'à ce que je m'endorme, s'il te plait… »
« Je veux regarder la boite magique. » rétorqua l'intéressé, croisant les bras sur son torse.
« Je t'ai installé toutes les implications de streaming possible sur ton téléphone. Tu en as encore plus que dans le salon. » marquant indéniablement un point. Sukuna renifla doucement, récupérant son nouveau mobile dans la poche arrière de son short, appuyant dessus afin de faire s'illuminer l'écran. « S'il te plait ? »
Le tatoué réfléchit quelques secondes, son regard allant de son téléphone à la demoiselle qui avait entre temps réussi à sortir son second bras de son drap, se rasseyant doucement sur son matelas en réprimant difficilement un profond bâillement. « Si c'est jusqu'à ce que tu t'endormes, ça ne prendras pas très longtemps… »
« D'autant plus alors… » murmura l'hybride, se frottant doucement un œil en penchant la tête sur le coté. « J'ai juste envie de profiter de toi un peu plus longtemps. Y a aucune stratégie, de toute façon je suis roulée comme une momie ! »
En disant cela, elle leva les bras en l'air, montrant au roi des fléaux son corps enroulé dans le tissu clair, lui arrachant un ricanement. Il traversa la distance le séparant du lit, déposant son sac à ses pieds avant de s'assoir à coté de la demoiselle, lui glissant un regard amusé.
« ça te donne une idée de ce que ça peut donner, le shibari. » se moqua-t-il doucement alors qu'il retirait son sweat, le jetant sur la tête du tigre en peluche dépassant des monticules de vêtements entassés un peu partout. Il attrapa alors quelques coussins se trouvant à portée de mains, les jetant au bout du matelas avant d'aller s'y installer confortablement, prenant son portable tout neuf entre ses mains. « Je peux savoir ce que tu attends, crevette ? »
A ces mots, la jeune hybride ne put empêcher un sourire radieux d'éclairer son visage et de faire pétiller ses yeux. Elle se tracta jusqu'au fléau qui avait un peu levé ses bras, lui premettant ainsi se laisser aller contre lui, se blottissant avec un plaisir immense flagrant contre son torse.
« Merci, Sukuna… » soupira-t-elle tout bas, son souffle chaud chatouillant la peau tatouée de son amant millénaire.
« Hum… » se contenta-t-il de répondre, glissant un regard complexe à la jeune femme respirant à pleins poumons le parfum de son épiderme, recommençant à pianoter sur son téléphone afin d'y découvrir toutes ses applications. L'européenne s'était donnée la peine de toutes les classer par sorte afin de lui faciliter les choses, passant de 'vidéos' à 'recherches' ou 'shopping', et bien d'autres. C'était terriblement pratique, il fallait l'admettre.
« C'était vraiment une super soirée… » chuchota faiblement Kali alors que le démon jetait un regard contrarié au luminaire toujours allumé au dessus de leur tête, attrapant un magasine qui trainait à coté pour le jeter vers l'interrupteur, les plongeant dans l'obscurité. « Je voudrais pas que ça finisse… »
« Toute les choses ont un début et une fin, crevette… » déclara simplement le japonais, reprenant son exploration de son nouveau jouet.
« Moi, j'ai pas envie que ça en ait une… » Délicatement, elle tendit son bras au travers du torse de son amant, l'agrippant doucement, se lovant un peu plus encore contre lui.
« Tu me prends pour ta peluche ? » s'offusqua faussement l'homme millénaire, lançant une de ses applications de streaming, venant poser une main au sommet du crâne de l'hybride qui rigola faiblement, glissant déjà progressivement dans le sommeil.
« J'ai une super idée… » finit-elle par murmurer, entendant au dessus de sa tête le son d'un générique inconnu et entrainant. « Je vais acheter un van et te kidnapper. On pourra visiter tout le pays comme ça. On s'en fout de mon orbe. On s'en fout de tes reliques. On part en voyage, juste tous les deux… Comme ça y aura pas de fin… »
En entendant cela, Sukuna tiqua, lui glissant un regard amusé. « Tu ne m'avais pas dit que tu savais pas conduire ? »
« Faut juste rester au milieu des deux lignes blanches… ça doit pas être si compliqué que ça… »
« Et qu'est ce qu'on ferait, une fois que tu m'aurais kidnappé ? » demanda-t-il, remettant quelques mèches de ses cheveux fous derrière son oreille.
« On traverserait le pays… Et après le monde…» répondit-elle tout bas dans un large bâillement. « On irait voir les érables rouges, les daims de Nara, le mont fuji. J'ai jamais vu de la neige, tu sais ?... On découvrirait le japon d'aujourd'hui ensemble. On mangerait toutes les spécialités de toutes les régions et on dormirait dans les plus beaux endroits possibles pour avoir les plus beaux réveils possibles… Et on ferait l'amour aussi... On finira gros comme des ratons laveurs, mais les ratons laveurs les plus chanceux du monde…»
Sukuna mit brièvement sa nouvelle série meurtrière sur pause, un léger sourire aux lèvres. « Le menu est alléchant, crevette… Même si ça ne reste qu'un rêve. »
« Suffit… de le rendre réel, alors. » Elle bailla une nouvelle fois, enfouissant son visage contre ses côtes, le chatouillant un peu. « C'est décidé… tu es mon prisonnier. Je vais demander… à Prasad de me trouver… un van. »
« Essaie de dormir, crevette, plutôt que de dire des non sens… » chuchota l'homme, posant la main sur l'épaule dénudée de la demoiselle, savourant la douceur de sa peau sous ses doigts.
Un très léger bougonnement incompréhensible lui répondit, prouvant que la rousse venait de sombrer dans un sommeil alourdi par l'alcool, lui arrachant un sourire attendri.
« Improbable petit bout de femme… » souffla-t-il, fermant l'application de vidéo de son appareil, posant une main contre sa chevelure afin d'activer un léger sort d'inversion, faisant ainsi en sorte d'éviter une terrible gueule de bois à l'intéressée. « ça, c'est juste pour pas t'entendre chouiner toute la journée de demain… »
Il pianota alors sur son portable, se rendant rapidement dans le répertoire pré enregistré par les bons soins de la rousse. Il tapa alors que l'un des numéros, portant son téléphone contre son oreille au creux de laquelle il entendit résonner de longues sonneries.
« Allo ? » Une voix un rien fatiguée l'interpella de l'autre coté de la ligne téléphonique, rendant tout son sérieux au double regard du démon qui continuait cependant de caresser la chevelure de son hybride d'une main, la couvrant d'une attention complexe et possessive.
« Vieil homme… » commença Sukuna, s'adressant au tuteur de son amante assoupie d'une voix ferme et sans détour. « Il faut qu'on parle, toi et moi. Il va falloir que tu fasses travailler ton réseau…»
Mot de l'auteur :
M : coucou tout le monde ! J'espère que vous allez bien ! Voilà le chapitre le plus long de cette histoire pour cette seconde nuit, battant de plusieurs pages le Tanabata !
Je ne développe pas trop le post chapitre par contre, je suis en partiels dans 2 jours lol En plus Sukuna boulotte les trucs qu'il a acheté au seven eleven après avoir dérangé Prasad et Kali dort d'un sommeil de plomb !
J'espère qu'il vous aura plu en tous cas ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ou à liker, ça fait toujours plaisir !
A très vite pour la prochaine nuit !
