Tout le reste du voyage, Alice sentit le regard de Nathaniel Poe sur elle. L'homme semblait la surveiller et scruter le moindre de ses faits et gestes. Toutefois, il ne sembla pas avoir parlé de sa petite incartade à sa sœur. Cette dernière partageait son temps entre celui qui allait très certainement devenir son fiancé et sa sœur.

Enfin, peu avant midi, le septième jour de marche, le petit groupe arriva à Albany. La tante d'Alice et Cora habitait une ferme un peu à l'écart de la ville, aussi purent-ils éviter la plupart des regards curieux qu'auraient pu leur lancer les colons.

Les employés de leur tante étaient en train de rentrer le foin dans la cour de la ferme et s'arrêtèrent dans leur travail en les voyant. Alice les vit se murmurer des choses entre eux mais ne put rien entendre – peut-être valait-il mieux de toute manière. Cora fut celle qui frappa à la porte de la maison. Des pas se firent entendre de l'autre côté de la porte et une femme d'une trentaine d'années leur ouvrit. Mrs Donovan, la gouvernante de la maisonnée, écarquilla les yeux en les reconnaissant.

— Miss Munro ! Miss Alice ! Tout le monde vous croyait mortes !

— Que se passe-t-il Mrs Donovan ? questionna la voix de leur tante.

— Miss Munro et Miss Alice sont là, Madame ! Rétorqua-t-elle.

— Miss ? Mais que racontez-vous comme soti...

La voix de Mrs Elizabeth MacAllister, leur tante, mourut dans sa gorge lorsqu'elle les vit. Elle resta quelques secondes immobile puis éclata en sanglots avant de se précipiter vers elles.

— Cora ! Alice ! s'écria-t-elle en les prenant dans ses bras.

— Tante Eliza ! répliquèrent les deux sœurs en chœur.

Elle s'éloigna de ses nièces et examina rapidement leur apparence. Alice vit le regard de sa tante s'arrêter sur la natte qui dépassait de ses cheveux défaits. Elle se sentit rougir légèrement. Il était très mal vu pour une femme de sa condition d'être en cheveux.

— On nous avait annoncé votre mort, déclara-t-elle. Que vous est-il arrivé ? Et qui sont ces... messieurs ? demanda-t-elle en posant ses yeux sur les trois hommes.

— Ce sont les hommes qui nous ont sauvé la vie, ma tante, répondit Cora. Nathaniel Poe, son père, Chingachgook, et son frère, Uncas.

Le regard d'Elizabeth MacAllister les détailla quelques secondes avant qu'elle ne dise :

— Eh bien, merci à vous d'avoir porté ainsi assistance à mes nièces.

Le ton était poli mais extrêmement froid. Comment leur tante pouvait-elle traiter ainsi les hommes qui leur avaient sauvé la vie au moins une bonne demi-douzaine de fois ?

— Que désirez-vous comme récompense ?

— De la nourriture et un endroit pour dormir une à deux semaines, répliqua Nathaniel.

Tante Elizabeth le fixa quelques secondes, visiblement éberluée qu'il puisse demander tant.

— Très bien. Vous êtes libres d'aller dormir dans les écuries. Il reste quelques box de libres, répondit-elle. Je parlerai de vous à notre cuisinière, elle vous prépara des repas en conséquence.

— C'est tout ? demanda soudainement Cora. Ces hommes nous ont sauvé la vie un nombre incalculable de fois et tout ce que vous trouvez à leur proposer est une place dans les écuries ?

Alice et Tante Elizabeth tournèrent un regard surpris vers elle. La première pensait la même chose que son aînée mais son caractère ne lui permettait pas de le dire à haute voix.

— Les écuries nous conviennent parfaitement. Ne vous en faites pas, Co... Miss Munro ! intervint Nathaniel.

Alice croisa le regard d'Uncas quelques secondes avant que sa tante ne les invite à entrer. Elle l'entendit appeler un de ses employées pour qu'il montre aux trois hommes où ils pourraient dormir.

— Saperlipopette ! s'exclama Tante Eliza. Je n'ose imaginer ce que vous avez vécu. Mrs Donovan, préparez un bain pour mes nièces.

La femme hocha la tête avant de se diriger à l'étage. Cora et Alice avaient toujours eu pour habitude de partager une chambre depuis qu'elles étaient enfants.

— Ces... hommes vous ont bien traitées au moins ?

Alice ouvrit la bouche pour répondre que c'était le cas mais Cora fut plus rapide :

— N'avez-vous pas entendu lorsque je vous ai dit qu'ils nous avaient sauvé la vie un grand nombre de fois.

Si Tante Eliza fut gênée par le ton qu'avait sa nièce, elle ne le montra.

— Si, bien sûr que si mais c'est juste que... Ce... Ils sont des Indiens, voyez-vous ! Ces... personnes ne sont pas comme nous.

— Mr Poe est Américain, rétorqua Cora, et Chingachgook l'a tout de même élevé comme son propre fils. J'imagine que cela nous montre la valeur de ces personnes, comme vous dites.

— Certainement, très certainement, rétorqua Tante Eliza. Il faut... Je vais écrire à votre oncle pour lui apprendre la bonne nouvelle.

Alice suivit sa tante du regard tandis qu'elle pénétrait dans la petite bibliothèque où la femme aimait se retirer.

— Dans les écuries, vraiment ? Quelle honte ! marmonna Cora avant de monter à l'étage.

Une honte en effet mais que pouvaient-elles faire ? Alice savait que sa tante n'avait pas mauvais cœur mais comme la majorité des personnes de leur cercle, la femme ne voyait pas les Indiens comme des humains mais au mieux comme des animaux doués de parole.

La jeune fille monta à l'étage à la suite de sa sœur. Cette dernière était déjà dans leur chambre et s'était installée devant leur coiffeuse pour se peigner les cheveux. Dans un coin de la pièce, Mrs Donovan était en train de vider un seau dans la baignoire.

— Souhaites-tu te laver en premier Alice ? questionna Cora.

— Si cela ne t'ennuie pas.

Dans le miroir, l'aînée des sœurs offrit un sourire à sa cadette. Cette dernière retira ses souliers et entreprit de défaire le bandage que Cora lui avait fait la veille.

— Le bain est bientôt prêt, Mrs Donovan ? demanda Cora.

— Dans une quinzaine de minutes, Miss Munro, répliqua la femme avant de quitter la pièce.

Alice s'assit sur le lit et, après quelques hésitations, entreprit de défaire la natte qui ne l'avait plus quittée depuis plus d'un mois.

— Puis-je avoir un peigne, s'il te plaît, Cora ? questionna-t-elle.

— Bien entendu, rétorqua sa sœur en ouvrant l'un des tiroirs.

Elle en sortit le peigne favori d'Alice et lui lança. L'objet décrivit une courbe parfaite avant d'atterrir sur le lit.

— Merci, dit-elle en le prenant.

Alice commença à se démêler les cheveux tandis que Mrs Donovan revenait avec une jar pleine d'eau qu'elle vida dans la baignoire. La jeune fille mit de longues minutes avant de défaire tous les nœuds qui s'étaient formés dans sa chevelure. Elle remarqua toutefois que Cora avait encore plus de mal à les enlever que les siens. Sans doute, n'avait-elle pas eu la chance qu'on lui prête un peigne durant leur aventure.

— Attends ! Je vais t'aider, déclara-t-elle en se levant.

La jeune Écossaise se plaça derrière sa sœur et après qu'elle lui eut donné son peigne et commença à s'occuper de sa chevelure. Cora avait les cheveux naturellement plus bouclés que ceux d'Alice et qui formaient facilement des nœuds.

— Que vas-tu dire à notre tante ?

— Concernant ?

— Concernant Mr Poe.

— La vérité, répondit Cora calmement. Que je désire l'épouser.

— Mr Poe est-il au courant ?

— Je désirerais lui faire part de ma décision aujourd'hui.

— Penses-tu qu'il te reconnaîtra toute pimpante et propre ? plaisanta Alice.

— J'espère bien, répliqua sa sœur avant de rire.

Alice esquissa un sourire et ne put s'empêcher de se demander comment Uncas réagirait en la voyant habillée normalement ? Serait-il blessé qu'elle ne puisse plus porter la natte qu'il lui avait fait derrière la cascade ?

— A quoi penses-tu ? Tu sembles troublée, remarqua Cora.

— Ah rien ! Juste que... Je suis pressée de pouvoir enfin me laver.

Alors qu'elle finissait sa phrase, Mrs Donovan pénétrait dans la pièce avec une troisième jar remplie d'eau.

— Le bain est prêt, déclara-t-elle.

— Vas-y, Alice, l'encouragea sa sœur.

La jeune fille se dirigea vers la gouvernante et passa derrière le paravent. La femme l'aida à se déshabiller et ce fut en voyant son visage dégoûté qu'Alice comprit que ses vêtements étaient très certainement fichus.

— Vous devriez enlever votre chemise aussi, Miss Alice.

Se laver nue ? La jeune fille n'avait jamais fait cela par le passé.

— Votre chemise est vraiment très sale, expliqua la femme.

Alice finit par hocher la tête et lui tourna le dos avant de la retirer. Elle tendit sa chemise à Mrs Donovan qui la laissa seule. La jeune fille pénétra dans le bain et poussa un soupir de bien-être. Elle qui avait pris pour quelque chose d'acquis l'hygiène comprenait que cela était bien plus compliqué parfois.

Après s'être frottée partout et s'être lavée parfaitement les cheveux Alice quitta la baignoire et constata que l'eau était devenue marron. La jeune fille passa la chemise que la gouvernante lui avait laissé sur le paravent avant de revenir vers le lit.

— Margaret ! Vide le bain et prépares-en un pour Miss Cora, déclara Mrs Donovan.

Les yeux d'Alice se posèrent sur la petite servante aux cheveux roux et au visage constellé de tache de rousseur. Elle se rappelait l'avoir vue durant son bref séjour chez leur tante juste avant leur départ pour Fort Henry.

— Venez avec moi, Miss Alice. Je vais vous aider à vous habiller, dit-elle.

Les yeux d'Alice se posèrent sur les vêtements qui avaient été posés sur le lit qu'elle partageait avec sa sœur. Une robe bleu clair qu'elle trouva fort joli et qui venait certainement du Vieux Continent. Après que Mrs Donovan l'eut aidé à passer tous ses vêtements, la jeune fille dut s'asseoir à la coiffeuse pour qu'elle puisse la coiffer.

— Ne vous inquiétez pas, Miss Alice, vous n'aurez plus à vous promener avec les cheveux libres et...

Elle s'arrêta dans sa phrase mais Alice devina qu'elle faisait référence à la natte qui avait orné ses cheveux pendant presque toute leur aventure. Mrs Donovan sécha ses cheveux du mieux qu'elle put avant de commencer à la coiffer. Le chignon était formé par des nattes mais n'avait rien avoir avec sa coiffure précédente. Mrs Donovan posa sur son chignon une petite coiffe.

— Vous n'aurez plus à aller en cheveux comme ça, déclara-t-elle avec un gentil sourire. Souhaitez-vous aller dehors ?

— Euh... Oui, répliqua-t-elle ses pensées allant vers Uncas.

Mrs Donovan retourna vers le lit et prit le petit chapeau qui était posé dessus. A l'aide d'une épingle elle le fixa sur les cheveux de la jeune Munro.

— Merci Mrs Donovan, déclara Alice en se fixant dans le miroir.

Elle n'avait plus rien à voir avec la jeune fille qu'elle avait aperçue dans le miroir près d'une heure plus tôt. Elle se leva et descendit les escaliers. La porte de la bibliothèque était toujours fermée. Sa tante ne devait pas avoir fini de rédiger sa lettre. La jeune fille passa devant la pièce sans s'arrêter et sortit de la maison. Elle sentit les regards sur elle alors qu'elle se dirigeait vers les écuries et vit plusieurs personnes murmurer entre elles. Toutefois, Alice décida de ne pas y prêter attention. Elle savait que ce qu'elle avait vécu ferait le plaisir des commères d'Albany.

Lorsqu'elle pénétra dans les écuries, la seule personne que la jeune Écossaise trouva fut le palefrenier de sa tante, dont elle avait oublié le nom. Le jeune homme d'une vingtaine d'années lui jeta un regard surpris.

— Nos invités ne sont pas là ? questionna-t-elle d'une voix neutre.

— Ils se sont rendus aux cuisines pour déjeuner, répliqua-t-il.

— Merci Monsieur, dit-elle avant de faire demi-tour.

Alice préféra ne pas s'imaginer ce qu'il pouvait penser d'elle. Croyait-il qu'elle s'était compromise avec l'un des trois hommes ? Avait-il deviné son affection pour Uncas ? Elle secoua la tête. Comment aurait-il pu savoir ? Il ne les avait jamais vus ensemble et même Cora qui les avait côtoyés tous les jours pendant près de cinq semaines, n'avait rien vu.

Alice pénétra dans la cuisine par la porte de service. Tous les regards se tournèrent vers elle et les hommes qui étaient en train de parler en Mohican cessèrent leur conversation.

— Bonjour Miss Alice, déclara la cuisinière.

— Bonjour Dotty, répliqua-t-elle.

Elle tourna son regard vers les trois convives et put constater le regard étrange qu'Uncas posait sur elle.

— Souhaitez-vous vous asseoir avec nous, Miss Alice ? questionna Nathaniel qui s'était tourné vers la porte en l'entendant entrer.

— Avec plaisir, répondit-elle avant de se rendre compte de ce que cela impliquait.

Uncas se leva presque d'un seul coup du banc sur lequel il était assis et où il y avait le plus de place, puis attendit qu'elle s'assied avant de faire de même et de le rapprocher de la table.

— Puis-je avoir une tasse de thé, Dotty, s'il vous plaît, demanda-t-elle.

— Bien sûr, Miss Alice, répliqua la femme avant de commencer à faire chauffer l'eau.

— Êtes-vous bien installés ? Questionna Alice après quelques secondes de silence.

— Parfaitement, Miss Alice. Ne vous en faites pas pour nous ! Rétorqua Nathaniel en souriant.

— Combien de temps comptez-vous rester ?

— Une à deux semaines, puis Père et Uncas partiront pour le Can-tuck-kee.

Alice tenta de masquer le petit pincement au cœur qu'elle sentit en entendant cela. Uncas allait se marier. Elle le savait déjà, mais l'entendre de la bouche de Nathaniel et non pas de sa sœur changeait la donne. Elle hocha la tête en souriant, faussement.

— Tenez Miss Alice, dit la cuisinière en posa la tasse devant elle.

— Merci Dotty, rétorqua-t-elle.

Alice ne put manquer le regard méfiant que la femme, âgée d'une trentaine d'années, jeta à leurs sauveurs avant de retourner surveiller son ragoût.

— Nous sommes tellement pressés qu'Uncas se marie enfin, continua Nathaniel.

Alice le fixa tout en portant la tasse à ses lèvres. Elle pouvait deviner sans difficulté que l'homme faisait exprès de la provoquer, il voulait qu'elle réagisse.

— Je suis sûre que Mr Uncas trouvera une épouse sans difficulté, répondit-elle sur un ton neutre.

— Vous n'avez pas idée, Miss Alice. Toutes les jeunes filles en âge de se marier de la tribu sont complètement folles de lui, rétorqua-t-il. Il...

L'homme s'arrêta dans sa phrase et grimaça légèrement avant de jeter un regard interrogatif à son frère. Que se passait-il ? Nathaniel haussa les épaules et elle le vit glisser une main sous la table sans comprendre.

— Et vous que comptez-vous faire, Mr Poe ? Vous ne me l'avez pas dit, demanda-t-elle souhaitant changer de sujet.

— Cela ne dépend pas de moi, Miss Alice, répliqua-t-il.

Cora. Nathaniel attendait la réponse de Cora à sa demande en mariage avant de décider où il allait passer l'hiver.

— Je suis certaine que vous n'allez pas tarder à savoir, déclara-t-elle l'air de rien.

— Vraiment ? interrogea-t-il plein d'espoir.

La jeune fille ne répondit pas, se contentant de le fixer tandis qu'elle buvait une autre gorgée de son thé. La porte s'ouvrit violemment derrière elle, la faisant par la même sursauter et avaler de travers. Elle toussa et sentit la main d'Uncas lui tapoter le dos.

— Ah ! Alice, tu es là ! s'exclama la voix de sa tante. Nous n'allons pas tarder à passer à table.

La main d'Uncas s'éloigna d'elle tandis qu'elle reprenait sa respiration.

— J'arrive Tante Eliza, répliqua-t-elle. Messieurs ! Veuillez m'excuser !

Uncas se leva et déplaça quelque peu le banc pour l'aider à en sortir. Elle le remercia d'un sourire avant de quitter la cuisine.

— Que faisiez-vous là ? demanda sa tante dès qu'elles furent dans le couloir menant à la salle à manger.

— Je discutais avec nos invités, Tante Eliza, répondit-elle le plus naturellement du monde.

— Alice, je sais que vous avez bon cœur mais... mais vous ne pouvez pas vous asseoir avec ce genre de personnes. Que va penser Dotty ?

Alice baissa la tête ne sachant que répondre.

— Dotty va certainement s'imaginer que vous vous accoquinez avec ces peaux-rouges et que... Elle risque de ne pas tenir sa langue et à la fin de la semaine, tout le monde à Albany pensera que vous vous êtes compromise avec l'un d'eux.

— Je n'ai fait que parler avec Mr Poe, répondit Alice comptant sur le fait que Nathaniel était blanc.

— Très bien. Passons à table, déclara-t-elle en pénétrant dans la salle à manger.

Le valet de la maison vint tenir la chaise de sa tante pour qu'elle s'assied avant de faire de même pour Alice. Moins de cinq minutes plus tard, Cora entra dans la pièce. Dans sa robe beige, sa sœur rayonnait de santé.

— Excusez-moi de mon retard, dit-elle.

— Vous êtes pardonnée, Cora, répliqua Tante Eliza tandis que Cora prenait place à sa droite.

Durant le repas, Tante Eliza leur posa un nombre conséquent de questions. Elle voulait tout savoir dans les moindre détails. Cora lui raconta les événements du mieux qu'elle put tandis qu'Alice mangeait le ragoût en silence. Ses pensées étaient entièrement tournées vers Uncas. Il allait partir pour épouser une jeune fille de son peuple, et elle allait rester à Albany. Comment ferait-elle ? Le dernier baiser qu'ils avaient partagé lui revint en mémoire et elle se sentit rougir. Elle n'aurait jamais dû se laisser faire. Alice se sentait stupide, tiraillée entre deux émotions contradictoires. D'un côté, la seule chose que la jeune fille désirait était de pouvoir se trouver dans ses bras. De l'autre, elle savait que cela relevait de l'impossible. Personne à Albany n'accepterait une telle union.

— Mais si nous ne restons pas à Albany, marmonna-t-elle dans ses dents.

— Pardon ? Qu'avez-vous dit, très chère ? questionna sa tante.

— Je... Rien...

— Vous ne souhaitez pas rester à Albany ?

— Je... J'aimerais y réfléchir, avoua Alice.

Elle devina que sa sœur aussi bien que sa tante pensait qu'elle faisait révérence à un départ pour Boston ou Londres alors qu'elle pensait à la possibilité de quitter la ville pour les grands espaces.

— Alice. Vous savez que je suis désormais votre seule famille dans les Colonies. Si vous ne souhaitez pas rester ici, il faudra aller retrouver votre oncle à Londres.

L'oncle Dougal était celui qui les avait sa sœur et elle hébergées pendant leur année à Boston. L'homme était retourné vivre à Londres quelques semaines plus tôt.

— Je sais, répondit Alice.

Tante Eliza hocha légèrement la tête tandis que sa sœur lui lançait un regard éberlué. Elle ne s'attendait pas à ce sa cadette tienne ce genre de propos.

— Réfléchissez bien et si vous désirez toujours partir dans quelques semaines, vous prendrez un bateau pour Londres au printemps prochain.

— Merci ma tante.