Dispositions légales : Wakfu appartient à Ankama. Je ne possède rien dessus.
Ta main pour la mienne
« Je savais que je te trouverai ici. »
Amalia était assise dans la clairière devant les arbres de sa famille, lorsqu'elle entendit cette phrase et sursauta de surprise. Elle se retourna pour voir Yugo se rapprocher d'elle en souriant.
« Tu voulais quelque chose en particulier ?
- Oui, effectivement... Est-ce qu'on peut parler ? »
La Sadida hocha la tête et lui tendit une main pour qu'il l'aide à se relever. Une fois debout, elle s'épousseta un peu les jambes, tentant de se faire présentable, et sourit à Yugo alors même qu'elle avait le cœur qui battait la chamade. La question « peut-on parler » n'était que très rarement un bon signe...
« De quoi voulais-tu parler, lui demanda-t-elle ?
- Je voulais... hésita-t-il un peu. Hum...Hum... Est-ce qu'on peut marcher un peu ? S'éloigner, seuls ?
- Bien sûr. »
Ils quittèrent la clairière pour s'enfoncer dans la forêt, Amalia faisant signe aux gardes qu'ils croisaient de les laisser tranquille. C'était une très belle journée, les rayons du soleil perçant doucement à travers les feuillages, et une douce brise berçant les branches.
« Je voulais... reprit Yugo, mal assuré. À présent que les combats sont terminés, maintenant que – je l'espère – nous sommes tranquilles... Je voulais qu'on parle de l'avenir. De nous. De nous deux, je veux dire. Notre relation. »
Amalia ne put s'empêcher de se tendre à ses mots. Elle savait parfaitement qu'ils allaient finir par en parler, c'était nécessaire, mais cela ne l'empêchait pas de craindre la conclusion de cette conversation. Son seul soulagement était de voir que Yugo ne semblait pas en mener plus large qu'elle...
« Je sais que je n'ai pas été très correct envers toi, reprit Yugo, notamment dans la tour d'Oropo... J'ai dit et fait des choses que je regrette. Te repousser notamment... Je t'en demande pardon. »
Amalia hocha la tête pour accepter ses excuses, et attendit qu'il continue. Yugo hésita, chercha ses mots, commença à parler, renonça, recommença... Plus il traînait à parler, plus Amalia se sentait bouillonner intérieurement, le cœur battant la chamade par anticipation. Après ce qu'il lui sembla d'interminables secondes de silence, elle se décida à parler.
« Maintenant que nous avons réglé ce problème...
- Amalia, l'interrompit Yugo, veux-tu m'épouser ? »
La Reine Sadida eut un petit mouvement de surprise, prise au dépourvu par sa question. Puis elle sentit toute sa tension s'envoler, se sentant si légère et contente qu'elle se sentait prête à s'envoler, les joues un peu rouges. Bien qu'elle tentât de le cacher, elle ne put s'empêcher de sourire, avançant la cadence pour qu'il ne le voit pas.
« Une demande en mariage, hein, le taquina-t-elle. Tu es bien évidemment conscient que je n'accepterai pas sans condition, n'est-ce pas ?
- Lesquelles, demanda-t-il la voix un peu tremblante ?
- Premièrement, dit-elle d'un ton un peu chantant, je veux que notre situation soit bien claire. Même si tu te maries avec moi, tu ne deviendras pas souverain du Royaume Sadida. J'en suis la reine, et tes ordres passeront toujours après les miens. Après moi, ce sera nos enfants – si nous en avons bien sûr. Est-ce clair ? »
Elle pouvait presque deviner Yugo soupirer de soulagement derrière elle à l'idée de ne pas à avoir à gouverner les Sadida. Il acceptait avec trop de joie pour qu'elle en doute.
« Deuxièmement, continua-t-elle, tu devras toujours te battre à mes côtés, défendre et protéger mon peuple.
- Évidemment.
- Non, je veux que tu comprennes bien. Tout mon peuple, Yugo, insista-t-elle en se tournant pour le regarder dans les yeux. Pas seulement les Sadida.
- Oui, déglutit Yugo. J'ai bien compris. »
Amalia hocha la tête, soulagée, et reprit sa marche un peu plus vite qu'elle ne le voulait. Yugo n'essaya pas de la rattraper, mais restait deux-trois pas derrière elle.
« C'est tout, demanda-t-il ?
- Non. Troisièmement... Tu devras toujours rester avec moi.
- C'est un peu le principe du mariage, répondit-il d'un ton un peu ironique, non ?
- Promets-le, exigea-t-elle. »
Il y avait quelque chose dans le ton de sa voix qui ne permettait pas d'en rire. Yugo remarqua qu'elle tremblait un peu, le poing serré.
« Je te le promets Amalia. Tu as ma parole. (Il y eut un moment de silence avant que Yugo n'ose parler à nouveau.) Alors... C'est oui ?
- Évidemment, gros nigaud ! »
Yugo soupira de soulagement et la prit dans ses bras pour la faire pirouetter, tandis qu'Amalia ne pouvait s'empêcher de rire. Lorsqu'il la reposa, elle lui prit les mains, et après quelques secondes de silence, elle reprit la parole.
« Pourquoi maintenant ?
- Comment ça ?
- Ta demande. Nous deux. Pourquoi maintenant ? Juste parce que tu es plus grand que moi maintenant ?
- Je ne vais pas te mentir, en partie. Cela a rendu les choses beaucoup plus simples à mes yeux, en tout cas. Mais ce n'est pas ce qui m'a décidé.
- Alors quoi ?
- Quand je t'ai vu embrasser Oropo, j'ai compris que je ne supporterai pas de ne pas être à tes côtés. Ça a été le déclic pour comprendre que je t'aime trop pour te laisser à quelqu'un d'autre. Je t'aime Amalia, je t'aime plus que je ne saurais jamais l'expliquer. Et lorsque je me suis retrouvé prisonnier de Toross... »
Malgré lui, il se mit à frissonner en repensant à l'agonie de se faire arracher son wakfu pour nourrir les Nécromes, dont il conservait encore des douleurs fantômes, comme de la lave coulant dans ses veines. Et la stasis qu'il avait appris à manipuler, mais qui lui faisait peur, parcourant son corps comme un courant électrique luttant contre son wakfu... Amalia, inquiète, lui prit le visage entre les mains, et il ferma les yeux pour profiter de la douceur de ce contact, comme un moyen de se concentrer sur le moment, sur là où il était. Il était sauf, il était libre. Tout allait bien.
« Lorsque j'étais là bas, reprit-il en déglutissant, c'est à toi que je pensais. Lorsque j'étais de nouveau dans le Nécromonde à me battre, c'était toi qui m'accompagnais. J'ai failli mourir, et la seule chose à laquelle je pensais c'était que je ne te reverrais jamais et ne pourrais jamais te dire ce que je ressentais. »
Il lui attrapa les mains et les embrassa avec douceur dans un mélange d'affection et de respect.
« Honnêtement, j'ai peur de ce que l'avenir nous réserve. Mais je refuse de fuir. Peu importe ce que le Monde décide de nous lancer au visage, je veux l'affronter à tes côtés. Jusqu'à ce que la mort nous sépare. »
Amalia le tira un peu vers elle, le forçant à se mettre à sa hauteur, et colla son front contre le sien. Elle guida la main de Yugo jusqu'à son cœur et posa sa main sur le sien, dans un geste de promesse plus ancien que toutes les traditions. Des vœux dignes du mariage, qui n'appartiendraient jamais qu'à eux deux, qu'à la forêt qui en était le témoin.
« Jusqu'à ce que la mort nous sépare, lui promit-elle. »
