Sa mère sourit en le voyant dans son beau costume. Il sait qu'elle a du mal à croire qu'il se décide enfin à passer le cap. Rachel et lui sont ensemble depuis seulement deux ans mais Jonas est sûr que c'est elle. Elle est la bonne, celle avec qui il a envie de fonder une famille. Il essaye de ne pas penser à Molly ou Catrin. Avec elles aussi, il pensait que ce serait pour toujours ! Mais Rachel n'est pas Molly. Rachel est encore moins Catrin.

Il sourit en pensant à la première fois qu'il l'a vue. C'était son premier jour d'essai au centre d'entraînements des Frelons de Wimbourne. Il jouait pour eux à l'époque et aimait bien observer les nouvelles pousses. Il se souvient qu'elle l'avait impressionné. Elle était rapide et lui avait donné le sentiment de faire corps avec son balai. Elle semblait avoir ça dans le sang.

Pourtant, Rachel ne venait pas d'une famille de joueurs de Quidditch. Son père était défendeur privé – il avait même défendu Jonas lors de ses démêlés avec la Fédération britannique de Quidditch. Sa mère, quant à elle, était aussi défenderesse mais travaillait au Service de Protection des Créatures Magiques, dont elle avait la première employée sous la direction d'Hermione Granger lors de sa création.

Ses parents avait d'ailleurs eu quelques difficultés, au début surtout, à comprendre sa passion et son choix de carrière. Toutefois, ils avaient fini par l'accepter, comme ils avaient fini par approuver son mariage avec Jonas. Toutefois, la potion avait été plus difficile à avaler pour son père, Theodore Nott, qui ne voyait pas d'un très bon œil le fait que Jonas ait déjà une fille. Alicia avait fêté ses onze ans au mois de janvier de cette année deux mille quarante.

— Tu trouves mon nœud papillon bien mis, Maman ? Demande-t-il inquiet. J'ai l'impression qu'il est de travers, déclare-t-il sans lui laisser le temps de répondre.
— Il est très bien, mon chéri, réplique-t-elle malgré tout.
— Je suis stressé, souffle-t-il. Désolé !

Sa mère sourit doucement.

— Tu étais stressée, toi, quand tu as épousé Papa ? Demande-t-il. Tu n'as jamais douté ?
— J'étais stressée oui. Quant au fait de douter, c'est normal de se poser des questions mais je n'ai jamais douté du fait que je voulais que notre mariage marche, tout comme ton père. Tu sais, Jonas. On n' en arrive pas à quarante-cinq ans de mariage sans dispute et sans conflit. Tout ça fait partie d'une relation, mais je suis certaine que tu le sais déjà, dit-elle en caressant doucement son visage.

Sa mère va fêter ses soixante-cinq ans cette année. Toutefois, malgré son âge, seuls quelques cheveux blancs parsèment ses boucles désormais courtes. Les rides au coin de ses yeux trahissent sa tendance au rire. Eurydice décrit toujours leur mère comme une personne froide, pourtant Jonas a l'impression de ne l'avoir connue que souriante.

Deux coups frappés à la porte leur font tourner la tête, et Marcus glisse son visage dans l'entrebâille de la porte. Avec les années, ses cheveux ont fini par devenir complètement blancs tout comme sa moustache, qu'il arbore depuis près de dix ans.

— Vous faites quoi ? Tout le monde vous attend ! Lance-t-il.
— Rachel est déjà là ?
— Elle t'attend devant le mage marieur.
— Merde ! s'exclame Jonas en se dirigeant vers l'entrée de la pièce.

Son père se décale pour le laisser passer mais Jonas s'arrête net et fait demi-tour.

— Merci Maman, dit-il en se penchant pour l'embrasser sur la joue.

Jonas a beau ne faire qu'un mètre soixante-quinze, sa mère, elle, atteint tout juste le mètre soixante avec ses chaussures à petits talons.

— Et moi ? Tu ne me remercies pas ? demande son père en souriant.
— Bien sûr que si, Papa, réplique-t-il avant de le prendre aussi dans ses bras.
— Je suis fier de toi, mon fils, souffle son père. Allez ! Vas-y !

Jonas se dirige d'un pas décidé vers la salle dans laquelle va avoir lieu la cérémonie. Il a les mains moites tant son stress est important. Les invités sont assis en cercle autour de l'autel sur lequel l'attend Rachel. Ils se lèvent tous en le voyant pénétrer dans la pièce et Jonas a l'impression d'être en retard à son propre mariage, et ce sentiment est accentué lorsqu'il voit que ses parents sont déjà installés à leur place au premier rang. Ils ont certainement transplané pour arriver avant lui et voir son entrée.

Son regard se pose sur Rachel. La jeune femme est magnifique dans sa robe blanche sur laquelle sont accrochés de magnifiques papillons ensorcelés. Jonas sait que ce ne sont pas des vrais mais l'illusion est parfaite.

— Désolé, murmure-t-il en glissant sa main dans la sienne. Désolé, répète-t-il à cause de l'état de ses mains.
— C'est pas grave, réplique-t-elle en souriant. Le principal c'est que tu sois là.
— Êtes-vous prêts ? demande le mage marieur.

Ils hochent la tête en même temps. La cérémonie commence. Ils échangent leur consentement puis leurs mains gauches sont liées, le mage jette le sort qui scelle leur union. Des fils de couleurs s'enroulent autour de leur main et de leur poignet et se resserrent jusqu'à disparaître sous leur peau. Le mariage est un engagement important chez les sorciers et leur société compte bien moins de divorces que celle moldue, bien que les statistiques montrent une montée progressive depuis le début du vingt-et-unième siècle.

Jonas n'attend pas que le mage lui dise qu'il peut embrasser sa nouvelle épousée pour le faire. Il entend les rire dans la salle puis les applaudissements.

— Vous avez oublié les alliances, fait remarquer le mage marieur lorsqu'ils mettent fin à leur baiser.

Jonas se sent rougir de gêne tandis que le rire de Rachel lui vient aux oreilles. Ses yeux pétillent de joie et son visage entier respire le bonheur. Il ne se rappelle pas l'avoir jamais vue aussi heureuse. Son cœur se gonfle d'allégresse alors qu'il glisse l'alliance en or autour de son annulaire. Son épouse fait de même et, de nouveau, les applaudissements retentissent.

Jonas entrelace ses doigts à ceux de Rachel. Cette dernière lève leurs mains unies en l'air ; quelques sifflets appréciateurs et rires amusés se font entendre. Jonas tourne son regard vers sa femme qui n'a pas cessé de sourire depuis le début de la cérémonie. Rachel est une femme merveilleuse et il sait au fond de lui qu'elle est la femme de sa vie.