Bonne lecture à tous !

Merci à toi Louva pour avoir traduit ce chapitre

VINGTIÈME CHAPITRE

Un soupir de soulagement échappa à Harry alors qu'il s'allongeait sous l'arbre, appréciant la façon dont la lumière du soleil réchauffait son visage alors qu'il fermait les yeux et que ses bras s'enroulaient autour de sa tête.

- Tu vas bien ? demanda Neville, assis contre l'arbre, une lettre de trois pages posée sur ses genoux.

Harry tourna la tête et ouvrit un œil.

- Oui. Talyn a annulé les leçons de vol. Il dit qu'Hermione et moi sommes doués dans ce domaine. On a le droit d'en profiter pour se détendre.

- C'est bien. Tu devrais faire attention à ne pas te surmener.

Harry gloussa.

- Je suis juste reconnaissant d'avoir un moment de libre.

Il ouvrit alors les deux yeux pour bien regarder son ami. C'était la première fois qu'il pouvait observer Neville depuis le début de la journée. Et maintenant qu'il le pouvait, Harry se demandait pourquoi personne ne l'avait remarqué auparavant.

- Ne t'inquiète pas pour moi. Tu devrais te préoccuper davantage de toi-même en ce moment.

Neville fronça les sourcils en reposant la lettre.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Tu t'es regardé dans un miroir récemment ?

Harry se redressa et claqua des doigts. Un miroir apparut et flotta devant le visage de Neville, qui y étudia son reflet avec stupeur. Depuis qu'il s'était réveillé tard ce matin-là, il ne s'était pas regardé dans un miroir avant de se précipiter pour prendre son petit déjeuner et n'avait pas conscience qu'il se promenait avec un visage qui était le sien mais légèrement différent. Ses traits étaient désormais plus lisses et mieux définis, sans parler de la pâleur de sa peau. Levant une main, Neville toucha les pointes de ses cheveux bruns qui lui descendaient jusqu'au cou. Ils étaient presque aussi longs que ceux de Harry.
- Au moins, ils n'ont pas poussé autant que ceux de Drago et les miens pendant notre transformation. Tom et Hermione ont eu de la chance avec ça aussi. Je ne sais pas trop pourquoi. Quoi qu'il en soit, tu as l'air en forme, poursuivit-il pour rassurer Neville qui commençait à passer ses doigts sur ses pommettes et son nez ciselés, puis sur ses lèvres, qui paraissaient plus foncées maintenant par rapport à sa peau pâle. Duds ne se plaindra pas.

Harry sourit et donna un coup de coude dans l'estomac de Neville lorsque celui-ci rougit et laissa tomber le miroir.

- Je me demandais pourquoi on m'avait dévisagé toute la matinée, marmonna Neville, avant de relever la tête et de regarder Harry avec de grands yeux. Tu crois qu'ils savent ?

- Non, heureusement que tes oreilles n'ont pas encore poussé. Oh et fais attention à tes dents parce que je vois tes crocs quand tu parles.

Neville acquiesça. Il avait déjà entendu parler des crocs, mais il ne pensait pas qu'ils étaient si visibles que ça, et ces derniers temps, il ne parlait pas vraiment à quelqu'un qui n'en avait pas déjà.

- A partir de maintenant, je porterai un glamour à l'école.

Harry reprit sa place tandis que Neville se remettait à lire la lettre qu'il avait reçue de Dudley ce matin-là. Au bout de quelques minutes, le rire léger de Neville fit rouvrir les yeux à l'autre Gryffondor, qui se tourna sur le côté et regarda la lettre avec curiosité.

- Dudley dit que Rabastan court toujours après Amortia et qu'elle s'obstine à l'ignorer. Ou alors, elle n'a vraiment pas conscience de ses avances. Et d'après la description qu'en fait Dudley, ses avances sont aussi franches qu'elles peuvent l'être.

- A-t-il essayé de l'inviter au mariage en tant que cavalière ?

- Je ne sais pas. Dudley n'en a pas parlé, fit Neville, avant de se remettre à rire. C'est marrant... à chaque fois que Rabastan revient sans succès, il est en état de choc total, et quand ça s'estompe, il ne fait que bouder jusqu'à ce qu'il la voie et qu'il essaie à nouveau. Il réessaie toujours.

- Je parierais qu'un sorcier comme lui n'a pas l'habitude d'être rejeté.

- Surtout depuis qu'il a retrouvé son apparence d'avant Azkaban, acquiesça Neville. Ces derniers temps, elle n'est pas venue au Manoir Malefoy et ça a l'air de l'énerver aussi.

- Alors elle essaie de l'ignorer si elle évite le Manoir.
- C'est ce que j'ai pensé au début, mais Dudley dit qu'Amortia rend visite à sa mère presque tous les jours, ainsi qu'à ma mère et à Mme Weasley.
- Oh oui, fit Harry en se mettant à nouveau sur le dos, passant un bras sur ses yeux pour bloquer le soleil. Elles nous aident à organiser le mariage. Je vais faire quelque chose pour eux, afin de les aider.

- Tu devrais, répondit Neville avec fermeté. Ils travaillent très dur.
- Bon sang, je viens de dire que je le ferais, grommela-t-il en fermant les yeux, décidé à faire une sieste pendant que Neville retournait à sa lettre.

Harry fut tiré de son sommeil léger lorsqu'il sentit une lourde caresse mentale. Au lieu d'ouvrir les yeux, il chassa l'air et se tourna sur le côté, frottant sa joue contre l'herbe ensoleillée. Il entendit vaguement le gloussement léger de Neville, mais n'en tint pas compte et se laissa porter par les vrilles persistantes du sommeil, tout en pensant que Drago pouvait bien aller se faire voir ailleurs jusqu'à ce qu'il se soit endormi.

Ledit Serpentard se tenait au-dessus du Gryffondor têtu, qui avait manifestement plus envie de dormir qu'il n'avait envie de lui. Au lieu de se sentir insulté, Drago sentit une montagne de tendresse l'envahir en regardant son fiancé se blottir dans l'herbe, sans se soucier des plis qu'il infligeait à son uniforme d'écolier.

Son regard se porta brièvement sur Neville, remarquant instantanément les changements qui s'opéraient en lui. Il sourit, leva le pouce au Gryffondor et reçut un roulement de yeux en retour, alors que Neville se levait. Drago le regarda partir en haussant les sourcils, réalisant que celui-ci avait veillé sur Harry. Il n'avait pas reçu l'ordre de le faire, mais il l'avait fait uniquement parce qu'il le voulait.

Drago se laissa tomber et avança en rampant jusqu'à ce qu'il soit au-dessus de Harry, à quatre pattes.

- Harry, chuchota-t-il en écartant des mèches de cheveux noirs du visage de son amant et en les plaçant derrière son oreille. Réveille-toi, mon amour.

- Non, marmonna Harry en essayant de s'enfoncer plus profondément dans le sol. Il reste encore du temps. Va torturer un élève de première année.

- Rien n'est comparable à te torturer, rétorqua Drago en le retournant sur le dos. Tu es mon passe-temps favori, Harry.

Le Gryffondor émit un son agacé et ouvrit enfin un œil pour le fixer.

- Tu n'es pas censé être en cours ?

Drago s'assit sur les cuisses de Harry.

- Il vient de se terminer. Ce qui veut dire qu'on devrait tous les deux se rendre à nos prochains cours.

- Je déteste l'Histoire de la Magie, râla Harry en se redressant avec ses coudes, jetant un regard vers le château. La seule chose que je ferai dans cette salle de classe, c'est dormir, alors autant rester ici sous le soleil et faire la même chose.

- Tu es de bonne humeur, n'est-ce pas ? ironisa gentiment Drago.
Harry fronça le nez et se laissa tomber au sol.

- Et alors ?
- Je suppose que c'est mieux que de te voir pleurer, dit-il en riant et rattrapant le poing de Harry avant qu'il n'atteigne son épaule. Il va falloir que tu ailles plus vite que ça si tu veux me faire mal.
- C'est vrai, ricana à moitié Harry. Parce que tu es Drago Malefoy, Super Serpentard Extraordinaire.

Drago n'avait pas encore relâché sa main et Harry regarda le Serpentard ouvrir son poing et lever sa paume pour l'embrasser tendrement.

- J'adore quand tu es grincheux, chuchota-t-il

- Alors tu es fou, murmura Harry, essayant d'ignorer le picotement de sa paume là où les lèvres de Drago continuaient à s'attarder.

Le Serpentard lâcha la main de son fiancé, avant de s'étendre sur son compagnon. Il porta ses mains aux cheveux du Gryffondor et écarta les mèches sombres de son visage.

- Seulement de toi, Harry.

Harry grogna, frustré de voir son humeur grincheuse s'envoler d'un coup. Drago sourit juste avant qu'une main n'attrape l'arrière de sa tête et que les lèvres de son amant ne se précipitent sur les siennes. Le faible gémissement du blond emplit la bouche du jeune Potter tandis que la langue du Gryffondor effleurait sa lèvre inférieure, avant de plonger pour goûter chaque parcelle de la bouche de son amant.

Au bout d'un moment, Drago réussit à passer un bras autour de son dos et tira Harry vers le haut lorsqu'il se mit en position assise. Ce dernier gémit lorsque le baiser fut rompu quelques secondes plus tard, et le jeune Malefoy le regarda dans les yeux après avoir basculé sa tête en arrière.

- Nous nous marions dans deux jours.

Le Gryffondor se détendit et laissa son front tomber contre la poitrine de Drago.

- J'ai hâte. J'ai l'impression d'avoir attendu une éternité depuis que tu m'as demandé en mariage.

Harry ne savait pas exactement comment, mais d'une manière ou d'une autre, après cela, Drago parvint à se lever et à le tirer sur ses pieds et, avant qu'il ne s'en rende compte, ils étaient en train de retourner au château. Le Gryffondor se renfrogna en voyant le sourire suffisant de son compagnon. Ils étaient à mi-chemin des grandes portes en chêne lorsque le blond lui jeta un coup d'œil du coin de l'œil.

- Essaie de te contrôler, Harry.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Tu es un gros bébé, mais on n'a vraiment pas besoin que tu pleures à chaudes larmes pendant la cérémonie.

Harry s'arrêta et plissa les yeux.

- Comment viens-tu de m'appeler ?

Drago ne s'arrêta pas de marcher, au contraire il se mit à courir.

- Tu m'as bien entendu !

Il rit tandis que Harry se lance à sa poursuite, lui lançant des insultes et des promesses de violence extrême dans le dos.

… … …

Amortia Bluemoon était occupée à prendre les dernières notes sur l'un de ses nombreux cas spéciaux. Son service étant presque terminé, elle avait hâte de quitter le travail aujourd'hui pour rendre visite à Molly, Pétunia et Alice, et s'occuper des préparatifs du mariage Potter-Malefoy. Elles avaient toutes les quatre proposé de s'occuper des moindres détails pour Harry et Drago afin de soulager la charge de travail des garçons.

Amortia n'avait jamais été une adepte des mondanités, elle n'avait jamais aimé cela et ne voyait pas l'intérêt des bavardages inutiles, mais elle s'aperçut qu'elle aimait beaucoup la compagnie des femmes plus âgées. C'était très amusant de contribuer à rendre le mariage de Harry et Drago mémorable. Elle aimait bien les garçons et leur histoire d'amour... et après avoir entendu les détails macabres des sévices subis par Harry, Amortia et les autres voulaient s'assurer que Harry serait comblé par ses noces. Ils voulaient s'assurer que le Gryffondor sache qu'il était gâté et qu'il était pris en charge par un grand nombre de personnes.

Ses pensées furent bouleversées lorsque quelqu'un frappa à la porte du bureau. Elle étudia le sorcier qui se tenait de l'autre côté, visible à travers la petite vitre de la porte. Il était plutôt grand, certainement plus grand qu'elle. Le haut de la fenêtre n'atteignait que les sourcils du sorcier. Il semblait être d'âge moyen, avec une courte barbe brune et une moustache, et des yeux sombres qui souriaient lorsqu'elle le regardait. Il y avait de petites rides autour des yeux, ce qui suggérait qu'il souriait ou riait beaucoup. Amortia avait l'impression de connaître vaguement cette personne, même si son visage ne lui était pas familier.

Elle sourit et se leva.

- Puis-je vous aider, demanda-t-elle après avoir ouvert la porte.

Le sourire du sorcier s'agrandit.

- Vous m'avez déjà aidé, Guérisseuse Bluemoon. C'est pourquoi je suis ici. Pour vous remercier comme il se doit d'avoir pris grand soin de moi lorsque j'étais blessé.

Le sourire de la Guérisseuse ne changea pas, mais elle était désemparée. Elle ne se souvenait pas avoir déjà soigné ce sorcier. - C'est mon travail, Monsieur…

- Oui, c'est votre travail, continua le sorcier sans lui donner de nom, ce qui la mit immédiatement sur ses gardes.

Elle glissa une main dans la poche de sa robe où sa baguette était bien rangée. Les yeux du sorcier suivirent le mouvement et son sourire s'élargit une fois de plus lorsqu'il réalisa ce qu'elle venait de faire.

- Même si c'est votre travail, je tenais à venir vous exprimer ma gratitude en personne.

Une fossette apparut de chaque côté de la bouche d'Amortia et elle ouvrit la bouche pour lui rappeler encore une fois, plus fermement, que c'était son travail, mais un bouquet de magnifiques fleurs sauvages masqua soudainement le visage du sorcier.

- Pour vous, dit ce dernier, caché par les fleurs.
Amortia étudia le bouquet. Il était beau et son parfum était agréable. Elle avait toujours aimé les fleurs sauvages. Il était dommage qu'elle ne puisse pas les accepter.

- Elles sont très belles, mais je crains que ce ne soit contraire à la politique de l'hôpital de…, finit par répondre la Guérisseuse, avant que son regard ne s'arrête sur la main de l'homme, plus exactement sur la bague à son doigt. As-tu perdu la tête, reprit-elle avec une douceur teintée d'agacement. Quelle folie t'a poussé à venir ici ?

Le sorcier la regarda un instant avec surprise. Puis un sourire narquois traversa son visage tandis qu'il s'installait sur une chaise, laissant tomber le joli bouquet sur ses genoux. Tu es vraiment une sorcière impressionnante pour avoir compris cela si rapidement. Quant à la raison de ma présence ici... je l'ai déjà dit.

Amortia rit et secoue la tête.

- Ce n'est pas si impressionnant que ça, rétorqua-t-elle en s'asseyant sur sa propre chaise. Tu seras pris en flagrant délit d'idiotie.

Se penchant, Amortia tapota l'anneau portant l'insigne de la famille Lestrange avant de revenir aux notes devant elle.

- Ce n'est pas le moment de faire des erreurs d'inattention, Rabastan.

- Je voulais vraiment te remercier, assura-t-il en plaçant les fleurs au-dessus des dossiers que la Guérisseuse regardait.

Tu m'as remercié, lui sourit-elle, radieuse. Maintenant, sors et rentre chez toi. Et retire cette bague jusqu'à ce que tu sois de retour au manoir.

Rabastan fit la moue.

- Tu es si cruelle, Amortia. Tu n'es jamais aussi impoli avec les autres.

La moue de son déguisement n'était pas très attrayante. Elle était reconnaissante qu'il soit déguisé, car elle aurait été affectée par celle-ci s'il avait eu sa véritable apparence. Le sorcier était bien trop beau pour son propre bien. Et il le savait. Et maintenant, il la regardait avec impatience. Elle se leva et commença à rassembler ses dossiers pour les ranger, repoussant négligemment les fleurs.

- Je n'ai pas le temps pour ça. Mon service est terminé et je dois aller quelque part.

Rabastan se laissa aller dans son fauteuil.

- Tu as rendez-vous avec un homme ?

C'était une question désinvolte, mais son regard s'était aiguisé et était devenu dur.

- Tu n'es pas censé être en mission, demanda-t-elle en accrochant sa robe de Guérisseur au porte-manteau.

- Pas avant demain, mon amour. Rabastan se leva langoureusement et ramassa à nouveau les fleurs.

- Alors je te suggère de rentrer chez toi et de dormir un peu.

- Est-ce un ordre de la Guérisseuse, voulut-il savoir en se rapprochant. Ou bien de la femme ?

Amortia en avait assez de cette situation. Il la mettait mal à l'aise et ce n'était pas tolérable.

- Je suis en retard.

Elle ouvrit la porte et lui fit signe de partir.

- Je t'en prie, pars. Je n'ai pas le temps pour ça.

Rabastan couvrit sa main de la sienne et referma la porte.

- En retard pour quoi ?

Amortia retira sa main de la sienne.

- Ce ne sont pas tes affaires ! s'écria-t-elle, se surprenant elle-même à le faire.

Personne n'avait réussi à l'agacer à ce point. Elle réussit à le faire sortir de son bureau et l'empêcha d'y entrer à nouveau.

- Je ne peux pas accepter ça, reprit-elle en collant le bouquet de fleurs contre la poitrine de Rabastan, avant de refermer la porte sur lui.

Elle décida d'ignorer son expression – était-ce de l'échec, de la misère et de la déception qui se lisait sur son visage ? – car elle était persuadée qu'il ne faisait que jouer pour s'amuser. Rabastan Lestrange avait toujours été comme ça. Il avait beau être plus âgé qu'elle de plusieurs années, elle avait entendu les histoires du Serpentard. Il faisait ce genre de choses pour passer le temps. Elle ne prêtait pas attention à ses flirts absurdes parce qu'elle savait, non, elle était absolument certaine qu'il n'y avait aucune signification derrière tout cela. C'était un Lestrange pour l'amour de Merlin ! Et, bon... Amortia était juste... Amortia Bluemoon. Elle n'avait rien de spécial. Aucun homme avec une telle apparence et une telle fortune ne serait sincèrement intéressé. Aucun homme, quelle que soit sa classe sociale, ne l'avait jamais été par elle.

… … …

Rabastan se laissa tomber sur une chaise en face de son frère, ignora l'inspection spéculative et jeta les fleurs sauvages sur la table avec un juron.

- Ça ne s'est pas bien passé, commenta inutilement Rodolphus, avant de se replonger dans son livre, avec un rictus en coin amusé. Tu devrais laisser tomber si c'est si difficile. Ça ne peut pas en valoir la peine.

- Ce n'est pas comme ça, idiot. Ce n'est pas comme si je cherchais une occasion unique. Et je refuse d'abandonner !

Quelque chose dans la voix de son frère amena Rodolphus à le regarder de plus près.

- Tu es en colère...

Il plissa les yeux, surpris de voir dans le regard de son frère une autre expression, rare ces derniers temps.

-Et tu es inquiet. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Je crois qu'elle voit quelqu'un.

- Qui voit qui ? intervint Sirius, alors que Dudley et lui arrivaient sur les lieux.

- Amortia.

- Vraiment ? dit Sirius en haussant un sourcil surpris.

- Pourquoi penses-tu cela ? voulut savoir Dudley.

- Elle était pressée de me faire partir tout à l'heure. Elle a dit qu'elle devait aller quelque part et qu'elle serait en retard. Elle était aussi bien habillée.

- Non. Elle va juste chez nous, gloussa Dudley, ce qui réjouit immédiatement Rabastan. Elle, Maman, Madame Weasley et Madame Londubat y organisent régulièrement des goûters ou quelque chose comme ça.

Sirius le frappa à la tête en roulant des yeux.

- Pas des goûters. Elles organisent le mariage.

- C'est vrai, ça aussi. Elles ont aussi prévu d'autres choses qui n'ont rien à voir avec un mariage, mais je n'ai pas encore réussi à savoir quoi. Elles sont très discrètes à ce sujet.

- Et comme tu n'es pas très doué pour écouter aux portes, tu ne sauras jamais de quoi il s'agit, ricana Rodolphus

- J'entends mieux que toi maintenant, Rudo, rétorqua Dudley sans crainte et en souriant, sachant très bien que le sorcier pouvait voir ses crocs.

Sirius grogna lorsque Rodolphus sauta de sa chaise et pointa sa baguette sur Dudley, comme prévu.

- Si tu prononces encore un mot arrogant, je jure sur Merlin...

- Quoi ? se moqua Dudley. Qu'est-ce que tu vas faire ? Comme si ta petite baguette pouvait me faire du mal.

- Très bien, alors ! lança joyeusement Rabastan en se levant. Allons-y.

Les trois se tournèrent vers lui.

- Où ça ? demanda Sirius.

… … …

- Tout semble être en ordre, annonça Molly Weasley alors que les quatre femmes parcouraient leurs notes. Je suis allée chez Rococo's Blossoms ce matin pour vérifier la commande et ils m'ont assuré qu'ils seraient prêts à apporter les compositions florales la veille du mariage. C'est donc réglé.

Pétunia jette un coup d'œil à son parchemin.

- Le plan de table est également en ordre.

Molly lui sourit.

- Tu es très douée pour ça, compte tenu du fait tu ne connais pas la plupart de ces gens.

- C'est juste une question de savoir quelles sont leurs occupations et quels sont les cercles dans lesquels ils évoluent. Je sais comment faire des recherches et c'était amusant à faire.

- Qu'en est-il des vêtements des mariés ? demanda Alice.

Molly tapota une lettre sur la table.

- Hermione m'a écrit à ce sujet. Drago a son costume et celui d'Harry est en train d'être apporté du royaume d'Ukatae. Les autres sont déjà allés chercher leurs robes et leurs costumes au Chemin de Traverse.

- C'est bien. Tout est réglé.

Les trois femmes se tournèrent vers leur jeune connaissance, remarquant pour la première fois à quel point elle était silencieuse. Amortia ne remarqua pas tout de suite qu'on la regardait. Son visage était détourné et il était clair qu'elle était perdue dans ses pensées. Honnêtement, c'était la première fois que l'une des femmes voyait autre chose qu'un sourire sur le visage de la Guérisseuse.

- Amortia ? se risqua doucement Molly. Quelque chose ne va pas ?

La sorcière en question se tourna rapidement vers eux, clignant rapidement des yeux comme pour chasser les pensées dans lesquelles elle s'était noyée. Elle sourit joyeusement et secoua la tête.

- Non. Tout est merveilleux.

Avant qu'elle ne puisse être interrogée davantage, Amortia tapota les parchemins sur ses genoux.

- L'orchestre à cordes au complet a été réservé…

- Et bien sûr, je suis sûr que vous nous autoriserez, nous les sorciers non méritants, à vous faire faire le tour de la piste de danse au moins une fois, quand le moment sera venu, dit Rabastan en entrant.

Dudley s'excusa auprès de sa mère en haussant les épaules, tandis que Sirius, Rodolphus et lui-même entraient à la suite du sorcier excité.

Amortia résista difficilement à l'envie de lever les yeux au ciel lorsque Rabastan sourit de manière charmante à ses amies et qu'elles réagirent comme il s'y attendait probablement : en rougissant et en se laissant emporter par ses paroles enthousiastes. Et puis, à sa grande horreur, dissimulée bien évidemment, Pétunia les invita rapidement à entrer et demanda à l'elfe de maison plus de thé.

Rabastan eut un sourire de loup lorsqu'une chaise apparut à côté de la Guérisseuse, et il s'y enfonça, passant son bras par-dessus le dossier de sa chaise. Si Amortia pensait obtenir l'aide de Molly ou d'Alice pour renvoyer les intrus de leur petite fête, elle se trompait lourdement.

- Les garçons ! commença Molly avec enthousiasme. Je dois dire que vous faites un travail formidable au Chemin. Et les rumeurs sont-elles vraies ? Au sujet de la nouvelle entreprise de construction ?

Sirius s'assit à côté de Dudley et lui ébouriffa les cheveux.

- C'était l'idée de Duds, tu sais. Transformer notre mission en entreprise.

- Ce n'est pas encore sûr, répondit Dudley en haussant les épaules, lorsque les femmes se tournèrent vers lui pour obtenir plus d'informations à ce sujet. Mais il semble que ce soit la chose la plus intelligente à faire. Nous allons construire un peu partout. Cela paraîtra moins suspect si nous avons les références et l'authenticité d'une véritable entreprise à faire valoir au cas où Shacklebolt devrait aller fouiner.

Sirius éclata de rire lorsque Pétunia regarda son fils avec stupéfaction.

- Il a un cerveau, Pétunny. Il pense comme Lucius quand il est question de cacher de véritables projets derrière une façade. Et on n'a pas fait que ça ! On a aussi récupéré de futures missions, on a déjà fait gagner de l'argent à l'Organisation, juste à partir d'une rumeur... On sera tout à fait réglo à ce niveau-là.

- Ce n'est pas grand-chose, marmonna Dudley avec embarras lorsque sa mère le regarda avec fierté. Et comme je l'ai dit, ce n'est pas sûr…

- Pourquoi es-tu si modeste ? s'esclaffa Rabastan.

- Il n'y a pas de quoi se vanter…

- Et ce carnet que tu emportes avec toi lors de nos voyages ? Le carnet rempli de dessins d'architectes…

- Ne parle pas de ça.

- Ou du fait que le nom de Londubat est griffonné dessus, fit remarquer Rodolphus, souriant malicieusement lorsque Dudley rougit.

Alice étudia Dudley un instant avant de lui sourire.

- Sur quel Londubat ferais-tu une fixation, Dudley ?

Sirius rit.

- « Fixation » est le terme approprié !

Dudley tenta d'ignorer le regard qui passa entre Madame Londubat et sa mère.

- Je pensais seulement à ce que j'allais mettre dans la prochaine lettre…

- Je veux en savoir plus sur tes créations, intervint Amortia pour la première fois. Quel genre de designs as-tu ?

- Hum... Je n'aime pas les designs normaux. Vous savez, les bâtiments qui suivent un code régulier. Ça devient ennuyeux. J'aime utiliser des inspirations de toutes sortes de cultures différentes pour les mélanger. Créer quelque chose d'unique est la meilleure partie.…

- Même Rodolphus aime ses dessins, ajouta Rabastan.

Tout le monde regarda Rodolphus avec surprise, Dudley n'étant pas le plus surpris. Rodolphus se contenta de hausser les épaules.

- Il a manifestement le don de voir ce qu'il veut et d'y donner vie.

Le sorcier regarda Dudley et ricana.

- C'est étonnant quand on sait à quel point son esprit est petit.

- Je te renvoie la balle, grogna Dudley avant de se tourner vers sa mère. Tu as besoin d'aide pour les préparatifs avant notre départ demain ?

- Je pense que nous avons pris toutes les dispositions nécessaires., dit Pétunia en jetant un coup d'œil à ses amies. Pensez-vous que nous avons oublié quelque chose ?

- Non, répondit Molly. On s'est occupé de tout.

- Bien ! fit Rabastan en se levant, tendant la main à la sorcière à ses côtés. Puisque vous n'êtes plus occupées, cela te dérangerait-il que je te parle en privé ?

Merlin, c'est reparti. Amortia ignora sa main, mais se leva tout de même. Les autres femmes n'allaient pas l'aider à s'en sortir. En fait, elles lui adressaient toutes des sourires encourageants. Traîtresses.

- Peut-être devriez-vous avoir un chaperon, suggéra Rodolphus avec un sourire en coin.

Amortia sortit rapidement de la pièce tandis que Rabastan se tournait vers son frère avec un regard noir.

-Tu veux que je raconte à ces dames la fois où nous sommes partis en voyage en France après avoir obtenu notre diplôme de Poudlard ? Tu étais tellement ivre que tu t'es perdu et tu as fini par vendre ton…

- Non, mon frère.

Rabastan hocha sèchement la tête avant de se lancer à la poursuite d'Amortia.

- Vendre quoi ? demanda Dudley, à l'affût de la moindre information pour appâter le vieux sorcier.

Pétunia, Molly et Alice étaient toutes penchées en avant, également désireuses d'entendre ce que Rodolphus avait pu faire. Sirius savait exactement ce que Rodolphus avait vendu.

- Son corps.

- L'avez-vous vraiment fait ? souffla Pétunia en regardant le sorcier renfrogné et en essayant d'imaginer à quoi il ressemblait plus jeune. S'il était aussi beau à l'époque qu'aujourd'hui...

- Maman ! Pourquoi as-tu l'air intéressée ?

Pétunia repoussa rapidement l'embarras pour plus tard, quand elle serait seule de préférence, et haussa légèrement les épaules.

- J'étais seulement curieuse, répondit-elle d'une voix neutre.

Elle sursauta lorsque Rodolphus se leva rapidement et sortit de la pièce en jetant un regard de dégoût à Sirius.

Dudley étudia sa mère. Il y avait de la méfiance dans ses yeux lorsqu'elle regardait partir le sorcier. Il savait d'où cela venait. Mais les émotions qui se dégageaient d'elle étaient variées et contradictoires. Il n'aurait pas dû s'en imprégner. C'était comme écouter aux portes. Souvent, on entend des choses que l'on ne veut pas entendre quand on écoute les conversations des autres. Ce n'était pas différent. Sa mère était attirée par ce salaud. Malgré sa peur, elle était attirée et c'était quelque chose que Dudley ne voulait jamais savoir. Avec un frisson, il se leva de sa chaise, marmonna quelque chose à propos de ses études et s'éloigna précipitamment des sentiments de sa mère.

Un peu après, il fut surpris par l'apparition de Rabastan.

- Je ne sais pas comment elle fait, marmonna le sorcier en s'affalant sur une chaise. Cette sorcière rusée s'est enfuie avant que je puisse dire quoi que ce soit.

- Comment a-t-elle fait ?

- Sa baguette s'est mise à vibrer. Sainte-Mangouste a appelé. Elle est partie très vite après ça.

Dudley secoua la tête tout en prenant des notes sur le livre qu'il était en train de lire.

- Rabastan, je suis le dernier à devoir te donner des conseils, mais je peux te dire comment je vois les choses ? Parce que sérieusement, je me sens mal pour toi.

- Tout conseil, aussi stupide soit-il, serait le bienvenu.

- Je ne te connais pas depuis longtemps, mais j'ai entendu des choses sur toi. Lucius m'a raconté quelques histoires et Sirius aussi. Et certaines histoires que j'ai entendues venaient directement de ta bouche... Jusqu'à présent, Amortia et toi n'avez été que des associés des Mangemorts, alors elle ne te connaît pas vraiment non plus, sauf qu'elle a entendu les mêmes histoires. Tu es un play-boy, ou du moins tu l'as été. Pas vrai ? Ça joue contre toi, maintenant.

- Elle pense que je joue avec elle ? Rabastan eut l'air surpris et Dudley se demanda pourquoi le sorcier n'avait jamais pensé à cela.

- Ce n'est que mon avis.

Rabastan se leva d'un bond de son siège. Dudley vit qu'il était déjà en train de préparer un plan.

- Merci, Dudley. Maintenant, comment faire comprendre que je suis tout à fait sérieux à son sujet... se mit à marmonner le sorcier.

Dudley rit pour lui-même et repousse le livre pour commencer une autre lettre à Neville.

… … …

- Vas-tu nous expliquer pourquoi tu nous as fait venir ici ? demanda Drago à Blaise.

Son meilleur ami s'était agrippé à lui et à Harry et avait tiré les deux âmes-sœurs à travers le château jusqu'à ce qu'ils se retrouvent devant la Salle sur Demande.

- Je voulais vous parler seul à seul, à l'abri des oreilles et des regards indiscrets, répondit Blaise avec un sourire.

Un sourire qui ne manqua pas d'éveiller la méfiance des deux personnes qui lui faisaient face. Blaise était clairement en train de faire des bêtises.

- Pourquoi on ne pouvait pas parler dans la salle commune de Drago ? voulut savoir Harry.

Blaise soupira.

- Fermez les yeux et venez avec moi. J'ai une surprise pour vous deux.

Drago étudia son meilleur ami depuis seize ans. Il se méfiait de beaucoup de gens, mais il faisait entièrement confiance à celui-ci.

- Très bien.

Drago prit la main de Harry et ferma les yeux. Une fois que le blond l'eut fait, Harry lui emboîta le pas et ferma les yeux à son tour.

Blaise sourit devant cette preuve de confiance.

- C'est parfait ! Maintenant, gardez-les fermés jusqu'à ce que je vous le dise.

Il ouvrit alors la porte et les fit entrer dans la pièce. Aussitôt, les sens des deux Ukataes furent assaillis par le bruit des respirations et des battements de cœur de nombreuses personnes. L'excitation régnait dans l'air. La poigne de Drago sur la main de Harry se resserra.

- Ouvrez-les.

Comme prévu, la salle était remplie, regorgeant de camarades de septième année de toutes les Maisons. Ce qui n'était pas prévu, c'était l'assemblée criant des « SURPRISE ! », des « FÉLICITATIONS ! » et des « JOYEUX ANNIVERSAIRE ! »

Harry et Drago restèrent bouche bée tandis que tous se tournaient vers les deux personnes qui avaient crié cette dernière phrase. Fred et George souriaient sans retenue, tandis que Ginny se précipitait sur eux pour leur donner une tape sur la tête. Severus était là, la main sur le visage, secouant la tête devant les pitreries des jumeaux, et Lucius se tenait à côté de lui, souriant devant les expressions de goguenardise sur les visages de ses fils.

Harry balaya la salle du regard et sourit.

- Merci à tous !
- Nous aurions probablement dû faire ça avant, commença Hermione, le ton légèrement désolé. Mais...

- Pas de soucis, la rassura Drago.

- Oui, intervint Pansy, en regardant Hermione. Quand aurais-tu eu le temps ?
- Certaines de ces personnes n'ont pas été invitées, murmura Blaise à l'intention de Drago. Mais elles l'ont quand même appris.

- Ils seront mis dehors en quelques secondes si l'un d'eux pose problème, assura Tom, les yeux rivés sur un certain Poufsouffle qui lorgnait déjà sur un certain Gryffondor.

- Tom ! C'est l'heure de la fête ! rappela Luna avant d'étreindre Harry puis Drago.

Ce dernier gloussa devant le froncement de sourcils exaspéré de Tom.

- Oui, mon frère. L'heure de la fête, pas celle des homicides sociopathiques.

Tom prit la main de Luna lorsqu'elle revint à ses côtés.

- Ai-je parlé de meurtre à un moment ou à un autre au cours des cinq dernières minutes ?

- Non, répondit Neville, le sourire aux lèvres. Mais nous savons tous que tu y as pensé. Ça ne te quitte jamais, n'est-ce pas ?

Tom cligna des yeux en regardant Neville pendant ce qui lui sembla être une éternité. Neville ne paraissait pas le moins du monde inquiet d'être dévisagé par le Seigneur des Ténèbres. Il lui rendit son regard, son sourire ne se démontant jamais.

- Tu es devenu très audacieux, répondit-il finalement.

- Bien sûr. Rien de moins avec nous, n'est-ce pas ?

Quelqu'un fourra une bouteille de bière dans les mains vides de Harry et Drago, leur donna une tape dans le dos, puis disparut rapidement dans la foule. Neville prit immédiatement la bouteille de Harry et la posa sur la table avant d'aller lui chercher quelque chose qui n'était pas alcoolisé. Comme Harry était enceinte, il ne devait pas boire d'alcool, mais il n'allait pas en faire toute une histoire parce que ce fait devait rester secret. Neville se rendit compte qu'il devrait garder l'œil ouvert pour que Harry ne soit pas mis dans une position qui attirerait les soupçons.

Tom et les autres le regardèrent partir.

- C'était.…

- Parfait, soupira Luna, heureuse.

Tom la regarda.

- J'allais dire « bizarre ».

Neville atteignit la longue table juste à temps pour empêcher les jumeaux de corser le punch.

- Ne faites pas ça.

- Qu'est-ce qui ne va pas, Nev ? demanda Fred. C'est prévu.

- Et qu'est-ce qu'Harry est censé boire ? chuchota-t-il. Il y a suffisamment d'alcool qui circule, vous pouvez laisser le punch tranquille.
Les jumeaux eurent l'air bien intimidés par le ton ferme de Neville.

- Il se peut qu'il ait déjà été mélangé à de l'alcool, murmura George.

- Vérifiez-le alors.

Lorsqu'il apparut que le punch n'avait pas encore été touché, Neville demanda aux jumeaux de trouver un moyen d'empêcher la boisson d'être corsée à l'alcool par autrui.

- Vous pouvez le faire, tous les deux, n'est-ce pas ?

- Bien sûr, Nev. Bien sûr.

- Merci.

Neville attendit que les jumeaux aient jeté un sort très puissant sur le bol de punch, s'assurant que personne ne pourrait le corser, et ce n'est qu'alors qu'il prit un verre pour Harry.

- Neville.

Le Gryffondor se retourna, surpris et plus qu'agacé d'entendre son prénom sortir ainsi de la bouche de Smith.

- Smith.

- Que fais-tu tout seul ? interrogea Smith.

Quand il fit un pas de plus, Neville leva le gobelet de punch vers sa poitrine, comme pour mettre un obstacle entre eux deux.

- A ton avis ? Je prends un verre.

Smith sourit.

- J'aime ta nouvelle attitude, Neville. Vraiment, j'aime bien. Mais tu avais l'air d'être de meilleure humeur avant. Heureux quand la fête a commencé.

Il se rapprocha encore d'un pas et leva la main.

- Excité même.

Il essaya de toucher l'épaule de Neville, mais ce dernier recula rapidement, sachant qu'il ne ressentirait que dégoût et panique si le Poufsouffle posait ne serait-ce qu'un doigt sur lui.

- Quelque chose t'a démoralisé ?

- Je ne vois pas ce que tu veux dire. Je m'amuse bien.

- Et si tu venais t'asseoir avec moi pour qu'on puisse parler. J'ai envie de parler de quelque chose avec toi.
De l'autre côté de la pièce, Harry se tourna vers eux et remarqua immédiatement le malaise de Neville. Il donna un coup de coude à Drago et lui fit signe de regarder.

Drago n'était pas content, c'était compréhensible. En fait, pas content était un euphémisme.

- Putain de Smith.

Blaise se retourna à son tour et grimaça.

- Ce n'est pas comme si nous étions allés le prévenir.

- C'est quelque chose que Neville n'apprécierait pas, dit Harry alors que ses yeux se rétrécissaient dangereusement lorsque Smith essaya de toucher Neville une seconde fois. En plus, Neville va dire à Smith qu'il est pris et ce sera tout.

Blaise et Drago ricanèrent.

- Quoi ? demanda-t-il.

Drago entoura Harry d'un bras affectueux.

- Tu es si naïf, mon amour.

Le rougissement du visage de Neville n'avait rien à voir avec la flatterie, mais tout à voir avec le dégoût et la colère.

- Non merci.

Smith ne comprit manifestement pas et suivit Neville jusqu'à l'endroit où se tenait Harry, et ce n'est que lorsque le Poufsouffle lui saisit le bras et le fit tourner que Neville perdit patience.

- Laisse-moi tranquille, Smith. Je ne suis pas intéressé.

Neville revint et tendit à Harry le punch sans alcool. Smith se tenait là où Neville l'avait laissé et au lieu d'avoir l'air décontenancé, il sourit. Drago connaissait suffisamment Smith pour savoir qu'il considérait désormais Neville comme un défi et que le Poufsouffle n'abandonnerait pas si facilement.

Et il semblait avoir effacé l'humeur détendue que Neville avait eue au début de la fête. Il était rare de le voir détendu ces derniers temps. Il était constamment en train de bouger ou de travailler sur quelque chose afin de ne pas penser à Dudley, et la seule chose qui semblait avoir un effet positif sur Neville était les lettres qu'il recevait de son petit ami. Harry savait que ces lettres étaient les seules choses qui permettaient à Neville d'avoir l'esprit tranquille ces derniers temps et qu'il n'était vraiment détendu que lorsqu'il les lisait. Mais maintenant, Smith avait réaffirmé le besoin de Neville pour Dudley, et son ami retombait dans une de ses humeurs dépressives.

- Sale branleur ! Harry cracha sur Smith lorsque Neville s'éloigna pour se cacher dans l'ombre.

Celui-ci se laissa glisser le long du mur, ramena ses genoux contre sa poitrine, s'allongea et se couvrit la tête de ses bras tremblants.

- Je vais tenir compagnie à Neville pendant un moment.

Drago acquiesça et le regarda partir avant de se retourner vers Blaise.

- Quelqu'un a pensé à inviter Dursley ? demanda-t-il alors qu'ils s'éloignaient des deux Gryffondors.

- Désolé, Harry, marmonna Neville lorsque Harry s'assit à côté de lui. J'essaie pour toi.

Harry lui donna un coup d'épaule.

- Tu te souviens de mon anniversaire à l'Antre des Sorciers ? Quand Smith m'a attrapé le cul et que Drago a passé une demi-heure à le poursuivre ?

Neville leva la tête et rit.

-Drago a-t-il jamais dit ce qu'il avait fait à Smith quand il l'a enfin attrapé ?

- Non, fit Harry en balayant la pièce du regard. Mais je suis sûr qu'il lui a fait une peur bleue. Smith ne m'a même pas regardé depuis.

Harry et Neville restèrent ainsi pendant un certain temps, le jeune Potter s'efforçant de garder l'autre de bonne humeur et se réjouissant de voir que cela fonctionnait. Au bout d'un moment, Drago vint les rejoindre. Le Serpentard fit apparaître des coussins et jeta un regard noir à Harry avant de déclarer qu'aucun de ses camarades ne resterait assis sur le sol sale. Son âme-sœur se contenta de sourire et de s'asseoir sur les genoux du blond, puis il se mit à ronronner de contentement lorsque celui-ci commença à lui prodiguer des baisers dans le cou.

- Oh, ne faites pas attention à moi, gloussa Neville à côté d'eux.

- Ne t'inquiète pas, je ne le ferai pas, répondit Draco en glissant une main sous la chemise de Harry. D'ailleurs, Père m'a dit que Sirius et Dursley viendraient ce soir. Ils sont en retard, comme d'habitude.

- Vraiment ? Neville s'efforça de ne pas montrer toute l'étendue de son exaltation sur son visage, mais c'était une bataille perdue d'avance. Surtout quand le Serpentard acquiesça.

- Oui, alors tu pourras le rejoindre, continua Draco. Et quand il arrivera, embrasse-le devant tout le monde pour qu'ils sachent que vous êtes pris, et tout ira bien.

Harry rit derrière sa main tandis que Neville se lève rapidement et se dirige vers la porte, avec l'intention d'attendre Dudley dans le couloir.

- Il est vraiment mignon quand il rougit comme ça.

Drago prit le brun dans ses bras et lui ramena la tête sur son épaule.

- Plus mignon que moi, grogna-t-il.

Harry se tourna lentement sur les genoux de Drago pour se mettre à califourchon sur lui, en veillant à se frotter le plus possible contre son amant, si bien que lorsqu'ils se retrouvèrent face à face, les yeux du blond étaient des orbes d'argent brûlantes.

- Tu n'as jamais été mignon, dit-il à voix basse en enroulant ses bras autour du cou de Drago.

Le Serpentard saisit les hanches de Harry et souleva les siennes, souriant lorsque les yeux de Harry se fermèrent et qu'un doux gémissement s'échappa de ses lèvres.

- Jamais ?

Harry se pencha en avant pour l'embrasser.

- Non. Tu as toujours été d'une beauté agaçante.

Neville n'arriva jamais jusqu'à la porte. Lorsque plusieurs sorcières le surprirent en train de traverser la pièce seul, elles décidèrent que c'était l'occasion idéale pour lui tendre une embuscade et le questionner dans l'espoir d'obtenir des informations et de lui faire comprendre qu'il pourrait vouloir demander à l'une d'entre elles de sortir avec lui. Après tout, il était la nouvelle coqueluche de Poudlard, même s'il ne s'en rendait pas compte. Et juste au moment où il était encerclé, Dudley et Sirius arrivèrent.

L'Animagus sourit et fit un signe de la main à la foule.

- Tu vas chercher le tien et je vais chercher le mien.

Dudley n'eut pas besoin de se le faire dire deux fois et il n'eut pas besoin de chercher longtemps. En fait, il aurait pu fermer les yeux et se diriger directement vers le Gryffondor. Il y avait un tiraillement dans sa poitrine qui s'atténuait à chaque pas qu'il faisait vers son petit ami. Il trouva Neville coincé par trois filles et l'air extrêmement agité.

- Alors, Neville, dit la blonde, sans savoir que Dudley entendant parfaitement. As-tu déjà trouvé une cavalière pour le mariage ?

Neville réprima un gémissement. Il n'était vraiment pas d'humeur à se laisser faire. Non seulement il n'était pas intéressé, mais il n'avait même pas envie d'essayer de les dissuader gentiment. Cela prendrait trop de temps. Il s'apprêta à se retirer lorsqu'il réalisa que Lavande avait déjà repris la parole.

- … et tu sais qu'il est de bon ton d'amener une cavalière à ce genre de soirée.

- Peu importe le mariage, lança une Serdaigle de septième année.

Neville la reconnut comme étant Mandy Brocklehurst.

- Pourquoi restes-tu seul à l'école, Neville ? Tu devrais déjà avoir une petite amie.

Lavande et Parvati se tournèrent vers la jeune fille et lui jetèrent un regard noir. Ce faisant, Lavande aperçut Dudley qui se tenait à quelques mètres d'elles, les bras sur la poitrine, l'air complètement amusé et les regardant fixement.

- Qui est-ce ? chuchota Lavande à sa camarade Gryffondor, toute excitée.

Un sourire se dessina sur le visage de Neville lorsqu'il sentit que Dudley se tenait à quelques mètres de lui, toujours aussi beau.

- Peu importe qui il est, chuchota Brocklehurst. Il est grand, beau et doit être un ami de Potter ou de Malefoy. Parfait.

Alors que la jeune fille faisait un pas vers Dudley, Neville réagit sans réfléchir et avec le même sourire, attrapa la queue de cheval de la jeune fille et tira douloureusement dessus, jusqu'à ce qu'elle retombe sur ses fesses. Plusieurs personnes furent témoins de l'incident et leurs amis se retournèrent bientôt pour les observer à leur tour. La fille de Serdaigle ne s'était pas encore relevée. Elle était un peu choquée et fixait Neville, ne sachant pas vraiment quoi dire. En fait, tous ceux qui l'avaient vu l'attaquer ne savaient vraiment pas quoi dire. C'était Neville Londubat. Il ne se permettait pas d'attaquer les gens. C'était impensable et pourtant ils en avaient été témoins.

Finalement, Lavande se ressaisit tandis que Parvati aidait Mandy à se relever.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? cria-t-elle.

Neville haussa les épaules. L'absence de culpabilité sur son visage surprit tout le monde.

- Il n'y a rien qui cloche chez moi, dit-il en pointant, par-dessus son épaule, de son pouce à l'attention de l'élève de Serdaigle et se dirigea vers son petit ami qui souriait. Je vais bien. C'est elle qui a un problème.

Dudley rit lorsque Neville s'arrêta devant lui.

- Il y a quelque chose qui ne va pas chez moi parce que j'ai trouvé ça incroyablement sexy, que tu lui tires les cheveux comme ça, dit Dudley en enroulant ses bras autour du dos de Neville et en écrasant son petit ami contre son torse.

Neville étouffa un rire contre la chemise de Dudley alors que son visage était pressé contre sa poitrine où il était heureux de rester car cela lui permettait de respirer l'odeur du jeune Dursley sans que cela ne paraisse trop évident. Mais les doigts de Dudley s'emmêlèrent dans ses cheveux, l'agrippant et le tirant en arrière jusqu'à ce que le visage de Neville soit incliné vers le haut. Neville n'avait pas vraiment prévu de l'embrasser en public, mais Dudley souriait et ses yeux l'encourageaient. Il sentit l'espièglerie que son petit-ami faisait toujours naître en lui s'élever pour effacer ses insécurités à ce sujet et se mit sur la pointe des pieds pour frôler les lèvres de l'Ukatae plus grand.

Les murmures commencèrent et la nouvelle que Neville avait un petit-ami se répandit dans la pièce comme une traînée de poudre. Dudley et le concerné s'échappèrent de la pièce, désireux d'avoir un moment de tranquillité dans le couloir vide. Hermione les rattrapa juste avant de s'engager dans le couloir.

- Pas de regards noirs, s'il vous plaît, déclara-t-elle lorsqu'ils plissèrent les yeux. Je sais que vous voulez être seuls, mais Neville, souviens-toi du cadeau. Maintenant que Dudley et Sirius sont là, nous pouvons commencer.

- D'accord, Hermione. Donne-nous juste un peu de temps.

Hermione accepta et ils se retrouvèrent enfin seuls dans le hall.

- Désolé d'être en retard, fit Dudley alors qu'ils marchaient le long du couloir avant de s'arrêter dans un coin.

- Je ne savais même pas que tu venais, chuchota Neville. Je suis juste content que tu sois là.

- Tu n'as pas idée du soulagement que je ressens d'être ici avec toi. J'ai cru que j'allais craquer. Merci Merlin pour tes lettres.

Neville ne put qu'émettre un petit son d'acquiescement. Maintenant qu'ils étaient de nouveau ensemble, le sentiment de besoin avait grandi et il avait du mal à former des pensées dans son esprit. Il n'aurait jamais pu parler correctement s'il avait essayé. Ce besoin dévorait tous ses sens. Merlin, c'était comme être en feu et convoiter la chaleur brûlante.

La voix de Dudley, lorsqu'il prit la parole, reflétait le désir du Gryffondor.

- Neville.

Il saisit la main de Dudley et l'entraîna dans le couloir jusqu'à la salle de classe vide la plus proche. Dès que la porte fut refermée, ils se retrouvèrent l'un sur l'autre.

- Tu as mis cette cravate juste pour moi ? murmura Dudley en commençant à enlever la cravate.

- Je ne savais pas que tu venais, lui rappela Neville.

- Je vais faire comme si tu l'avais portée juste pour moi.

Neville n'eut pas le temps de rire que sa cravate était déjà défaite et qu'une bouche se frayait un chemin le long de sa gorge. Il savait où cela le mènerait. Il en rêvait toutes les nuits. Il imaginait les sensations, rêvait de la chaleur et de la montée d'adrénaline. Il avait rêvé des mains qui essayaient de toucher chaque partie de son corps. Et maintenant, le mal le brûlait. Il voulait tellement Dudley et l'attraction exigeante gonflait en lui, tentant Neville d'aller plus loin et d'ouvrir les cuisses pour Dudley à chaque fois qu'il le demanderait. Tout ce qu'il avait à faire, c'était de faire savoir au concerné qu'il était prêt. Il le savait.

Même si ses doigts agrippaient douloureusement les épaules de Dudley, tirant d'un coup sec celui-ci pour un autre baiser à couper le souffle, Neville savait aussi ce qu'il en serait après qu'ils se soient unis. Il savait que la douleur ne ferait que croître lorsque Dudley ne serait pas là et que la souffrance serait bien pire qu'elle ne l'était aujourd'hui. La séparation serait insupportable et le Gryffondor ne pensait pas pouvoir supporter d'être aussi malheureux.

A cette pensée, il rassembla assez de force pour s'éloigner de son petit ami.

- Il faut qu'on arrête.

Il fallut un moment à Dudley pour assimiler ce qu'il venait de dire. Puis il secoua la tête.

- Pas question, Neville. Viens là. J'ai envie de toi.

Neville dut détourner le regard.

- Il faut qu'on y aille. Le cadeau d'Harry…

- Harry ? Dudley resta bouche bée et regarda Neville arranger rapidement ses vêtements. Tu plaisantes, n'est-ce pas ?

- Non, répondit fermement le Gryffondor en se passant une main dans les cheveux alors qu'il se dirigeait vers la porte.

L'embarras de la situation le submergea. Il était trop embarrassé pour dire à Dudley pourquoi exactement il ne voulait pas continuer et il se sentait également coupable. Il essaya de calmer sa respiration en s'arrêtant devant la porte.

- Tu viens ? chuchota-t-il.

Dudley n'avait aucune idée de ce qui se passait, mais il savait que Neville s'était arrêté pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec la fête de fiançailles. Dans d'autres circonstances, il aurait probablement été en colère et frustré, mais pour l'instant, il était tellement heureux d'être de retour avec Neville qu'il allait essayer de laisser couler, pour l'instant tout du moins. De plus, il pouvait voir et sentir l'embarras de son petit ami et s'il y avait une chose qu'il détestait, c'était que Neville se sente mal à l'aise pour quoi que ce soit.

Il se dirigea vers Neville et passa un bras autour des épaules raides du Gryffondor.

- Bien sûr. Allons-y.

Neville se détendit instantanément contre lui et laissa Dudley le ramener dans le hall. Mais l'embarras persistait et celui était prêt à le chasser également.

- Tu ne croiras jamais ce que j'ai découvert aujourd'hui, sourit-il intérieurement lorsque Neville le regarda avec des yeux curieux. Ma mère est attirée par ce rustre de Lestrange !

Il frissonna à cette idée et se félicita d'avoir trouvé un moyen rapide et facile de se débarrasser de son excitation actuelle.

- Je suppose que tu parles de Rodolphus.

- Oui. C'est horrible, Nev. Horrible ! Pourquoi quelqu'un serait-il attiré par quelqu'un d'aussi ennuyeux, quelqu'un qui ne fait rien d'autre que se plaindre ? Honnêtement, je crois que Maman est en train de perdre la tête...

Le rire de Neville les suivit dans la Salle sur Demande.

… … …

- Excusez-moi, tout le monde ! intervint Hermione en grimpant sur une table. Si vous pouviez tous vous asseoir et former un cercle autour de cette table, ce serait chouette. Il est temps de présenter à Harry et Drago un cadeau collectif que nous avons préparé.

Elle se retira ensuite pour permettre à Tom de placer le bol agrandi de la Pensine au centre de la table. De gros coussins apparurent sur le sol et tout le monde se précipita pour s'asseoir. Au bout de quelques minutes, tous avaient pris place, formant un cercle de plusieurs anneaux de profondeur selon les instructions d'Hermione et attendant patiemment.

Tom resta debout et jeta un regard circulaire à la salle.

- C'est pour Harry et Drago. Si cela déplaît à quelqu'un, qu'il se lève et parte. Mais je ne veux pas entendre un seul mot jusqu'à ce que ce soit terminé. C'est compris ?

Les sourcils de Harry se haussèrent lorsque les élèves confirmèrent qu'ils avaient compris à l'unisson. Ha ! Il a déjà son armée de Poudlard. Lorsque Tom eut terminé, il s'assit et attira Luna sur ses genoux.

- Qu'est-ce que c'est que cela Hermione ? demanda Draco tandis que Harry se tortillait sur ses genoux pour être plus à l'aise.

Les lumières se tamisèrent et Luna sourit d'un air malicieux dans l'obscurité.

- C'est un cadeau pour vous deux. Nous y travaillons depuis un moment déjà.

- J'ai vu ce sourire ! chuchota Harry, alarmé. Qu'avez-vous fait exactement ? Et qui est ce « nous » dont tu parles ?

Neville gloussa doucement en laissant retomber sa tête contre l'épaule de Dudley.

- Tais-toi et regarde, Harry.

En regardant autour d'eux, Harry et Draco aperçurent des sourires similaires sur Pansy, Blaise, Luna et Tom... même Crabbe et Goyle souriaient par anticipation. Soudain, l'intérieur d'une maison apparut autour d'eux. La dernière fois que Harry avait vu un souvenir de l'intérieur de cette maison, il avait été témoin de la pire trahison et des meurtres de ses parents. Les bras de Draco se resserrèrent autour de lui et son regard se posa sur Hermione, cette fois avec des yeux écarquillés d'inquiétude.

Elle se pencha rapidement vers lui et couvrit sa main.

- C'est un bon souvenir, Harry. Tu vas l'aimer.

Harry se détendit contre la poitrine de son amant et regarda curieusement le souvenir se dérouler, sachant qu'il pouvait se fier aux paroles de sa sœur.

« Qu'est-ce qu'on va faire, mon petit ? J'ai failli l'avoir cette fois. » Sirius était à quatre pattes au milieu du salon, à côté d'un bébé aux cheveux noirs.

Le bébé tourna ses yeux verts vers l'Animagus. « Ta ta baaa ! », gazouilla bébé-Harry avant de ramper sur le sol en direction du canapé. Sirius rit et se leva au moment où Lily Potter entra. Elle gratifia immédiatement Sirius d'un regard suspicieux.

« Et qu'est-ce que tu fabriques ? »

Sirius essaya de prendre un air innocent, sans y parvenir. « Je ne vois pas ce que tu veux dire, Lils. »

« Ta ta ba ba ba ! », continua de gazouiller Harry, en tournant lentement autour du canapé. Les yeux de Lily se rétrécirent sur Sirius.

« Je t'ai déjà dit de ne pas l'encourager avec ça. Ce n'est pas gentil, Sirius !

- Oh, bien sûr. Je suppose que le fait de voir ses meilleures chaussures réduites en miettes était agréable alors ? », demanda-t-il avec un sourire. Harry se mit soudain à plat ventre sur le côté du canapé et commença à gémir de mécontentement. Lily se précipita et prit son fils malheureux dans ses bras, le berçant contre sa poitrine. Mais ses doux gazouillis et ses bercements ne réconfortèrent pas Harry. Ses bras s'étirèrent vers le canapé, ses poings s'ouvrant et se fermant…

« Lily ! », l'appela une voix excitée depuis une autre pièce. « Lily, viens ici ! Vite ! »

Sirius arracha le petit Harry des bras de Lily avant qu'elle ne puisse s'y opposer. « Ne t'inquiète pas, Lily. Je m'occupe de Harry. Toi, va voir ce que veut James. » Sirius blottit Harry contre sa poitrine et commença à caresser le bébé sous son menton. Harry rit et s'agrippe au gros doigt.

Lily gloussa et se dirigea vers le couloir. « Arrête d'essayer de le transformer en casseur, Sirius. Je te jure ! »

Dès que Lily fut partie, Sirius remit Harry sur le sol. « Quel culot ! Nous ne sommes pas des casseurs, n'est-ce pas, mon garçon ? Non, pas du tout. Nous sommes des délinquants ! Des Maraudeurs jusqu'au bout ! »

Harry émit un gargouillis d'assentiment et se mit à plat ventre pour regarder sous le canapé.

Lucius se tourna vers son mari, qui souriait.

- Tu es un modèle à suivre. Tu es fou si tu crois que je laisserai nos enfants seuls avec toi après ça !

Le sourire de Sirius se fissura légèrement.

- Peut-être que tu ne devrais pas regarder la suite alors.

Lucius haussa un sourcil et se replongea dans ses souvenirs.

Sirius traversa la pièce et redressa Harry en position assise avant de contourner le canapé et de s'accroupir à l'extrémité opposée. Il passa sa baguette sous le canapé et fit jaillir de vives étincelles.

Harry poussa un cri de joie lorsqu'une chose blanche à fourrure sortit précipitamment de sous le canapé et passa devant lui dans le couloir. Harry se retourna et commença à ramper à la suite de la créature blanche, aussi vite que ses petits membres le lui permettaient. Sirius rit et suivit Harry dans le couloir jusqu'à la cuisine.

« Sirius ! Je t'avais dit de ne pas encourager Harry à courir après Tambulan. Maintenant, le pauvre a une peur bleue de sa queue ! », s'exclama Lily en regardant l'armoire où le fléreur s'était réfugié, tout en haut.

Sirius s'appuya sur la porte de la cuisine. « Je ne l'ai pas encouragé, pas vraiment.

- Menteur. », marmonna James, assis à la table, penché sur un journal. Harry était alors en train de ramper dans la cuisine à la recherche du fléreur, regardant sous la table et autour des jambes de ses parents.

« Hey, mon petit. Regarde-

- N'ose pas, Sirius Black ! », cria Lily lorsque l'Animagus commença à pointer du doigt l'endroit où se cachait le fléreur.

James quitta le papier des yeux et sourit à son meilleur ami. « Arrête pendant que tu le peux encore, Patmol.

- Ta ta ! Ta ta !

- MEOW. »

Pour un petit bébé, Harry fut rapidement capable de déterminer d'où venait le bruit.

« Voilà ! Tu vois, Lils. Ce n'est pas moi qui encourage. Ce chat sait exactement ce qu'il fait. Il veut que Harry l'attrape.

- C'est un fléreur, Sirius. Combien de fois dois-je te le dire ?

- Les fléreurs ont des taches. Tambulan n'en a pas. Je refuse de croire qu'il est autre chose qu'un chat. »

Harry rampa rapidement jusqu'à l'armoire. La tête du fléreur était posée sur le bord, comme pour narguer le bébé. « Ta ta ! », fit Harry, avant de saisir l'étagère du bas.

Lily sursauta en prononçant le nom de James avant de se couvrir la bouche de surprise lorsque le petit Harry se hissa sur ses pieds. « Ta ta ! »

Comme Harry ne parvenait pas à faire sortir son animal en étant simplement debout, il tendit la main vers le plafond, vacillant de façon précaire maintenant qu'il n'était plus agrippé à l'étagère.

Lily se précipita, félicitant Harry qui tenait debout tout seul pour la première fois. Au moment où elle se pencha pour le ramasser, il y eut un petit bruit sec, et ses mains traversèrent l'air à l'endroit où Harry se trouvait. « Harry ! » Cette fois, le visage de Lily était plein d'horreur.

Le rire du bébé calma instantanément les adultes paniqués et ils cherchèrent immédiatement partout, jusqu'à trouver Harry sur le dessus de l'armoire avec Tambulan serré contre sa poitrine et une queue blanche tenue fermement dans la main. Lentement mais sûrement, cette queue était portée à sa bouche. « Ta ta ! », s'écria-t-il joyeusement, ses yeux brillants braqués sur les trois adultes stupéfaits qui se trouvaient en bas.

James avait l'air aux anges et sortit de la cuisine en criant d'aller chercher un appareil photo, tandis que Sirius se tenait à l'écart et regardait Harry, qui ne se souciait pas de sa position et s'occupait de se mettre à l'aise en posant sa tête sur le dos du fléreur. Lily seule voyait le danger que courait son fils.

« Ne reste pas planté là, Sirius ! Descends-le ! James, oublie cette foutue caméra ! Harry, ne mange pas la queue de Tambulan. C'est un bon garçon- JAMES ! »

Le souvenir se termina peu après, lorsque Lily prit finalement Harry dans ses bras et lui murmura à quel point elle était fière qu'il ait transplaner à l'âge de dix mois. À la fin, les joues de Harry étaient mouillées, mais il souriait tellement que Sirius sut qu'il avait eu raison d'évoquer ce souvenir.

Le souvenir suivant fut celui de Drago, lorsqu'il était lui aussi un bébé. Il était choyé et gâté à l'extrême par Lucius, à la grande surprise de tous ceux qui le regardaient. Personne n'était plus surpris que Drago. Surtout lorsqu'il vit qu'il était allongé sur une couverture au milieu du bureau privé de son père et que ce dernier était assis sur la couverture, les jambes tendues de chaque côté de son petit garçon. À première vue, le petit Drago semblait un peu plus âgé que Harry dans son premier souvenir. Et l'air détendu du visage de son père laissait penser qu'il s'agissait d'une époque postérieure à la disparition du Seigneur des Ténèbres.

« En tant que Malefoy, tu dois toujours rechercher et apprécier le meilleur de ce que le monde peut t'offrir. », dit Lucius en agitant un hochet doré au-dessus d'un Drago qui babillait doucement. « Nous n'acceptons rien de moins. C'est compris ? »

Draco gloussa et rit. Lucius sourit avec des yeux si doux qu'ils étaient presque méconnaissables. « Oui, monsieur, tu veux dire. Ou oui, Père. Selon ce qui te convient le mieux... » Draco sourit et émit un son ravi lorsque Lucius abaissa le hochet pour que son fils puisse l'attraper avec sa petite main. Lorsqu'il eut le hochet doré, le bébé le porta immédiatement à sa bouche.

Lucius prit son fils dans ses bras et se dirigea vers son bureau. Il s'assit et continua à bercer bébé-Drago tout en examinant des papiers et en écrivant des lettres, parlant à voix basse à son fils de ce qu'il faisait et l'instruisant sur les points les plus délicats de ses affaires.

Une fois ce souvenir terminé, Draco fixait son père, les yeux humides d'avoir vu quelque chose qu'il n'aurait jamais cru voir. Il n'aurait jamais cru que son père était ainsi avec lui. Et ce n'était pas fini.

Drago et son père étaient en visite chez Fleury et Bott. Drago se précipita sur son père, un livre serré contre sa poitrine.

« Drago, qu'est-ce que je t'ai dit sur le fait de courir comme un vulgaire imbécile ? », réprimanda Lucius à voix basse. Il soupira lorsque l'excitation dans les yeux de son fils s'estompa. « Qu'as-tu trouvé ?

- Ceci, Père. », répondit Drago en mettant le livre fin dans les mains de son père.

« Tu plaisantes, mon fils... », marmonna Lucius en regardant la couverture.

« C'est Harry Potter. N'est-ce pas ? » Draco récupéra le livre et toucha l'image. « Il a la cicatrice. Tu vois ?

- Bien sûr que je vois. La cécité n'est pas une condition qui m'est familière.

- Où penses-tu qu'il soit maintenant ?

- Potter ? »

Drago roula des yeux. « Bien sûr, Père. De qui d'autre pourrais-je parler ?

- Sois certain que je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où il se trouve. Maintenant, rend le livre et nous y allons. » Lucius tendit la main pour récupérer le livre, afin de le remettre au libraire. Ses sourcils se haussèrent lorsque Drago ne fit pas ce qu'on lui demandait.

« Je le veux. », déclara Drago en serrant à nouveau le livre contre sa poitrine.

« Je te demande pardon ?

- Il a l'air... je veux lire à son propos. S'il vous plaît, Père. Puis-je l'avoir ? »

Lucius semblait réellement mal à l'aise à ce moment précis, balayant du regard la librairie bondée. « Non, Drago. Remets-le à sa place.

- Mais tu as dit que je pouvais choisir le livre que je voulais ! Je veux celui-là !

- Pourquoi diable voudrais-tu ce... déchet ? »

Drago fronça furieusement les sourcils devant le mot choisi par son père. « Je n'en sais rien. C'est juste que je le veux. » Il se détourna, puis reprit en marmonnant. « Et ce n'est pas un déchet. »

Lucius fixa le livre et en sortit une petite pochette. Le blond tendit la pochette à son fils. « Vas-y, alors. Je ne me laisserai pas surprendre en train d'acheter une telle chose. C'est probablement plein de mensonges aussi... » Drago était déjà à mi-chemin du comptoir quand il eut fini de parler.

Sirius se tourna vers son mari.

- Quel âge avait Drago à l'époque ?

- Huit ans. Je crois bien que c'est à cet âge que l'obsession a commencé.

Drago leva la tête de l'épaule de Harry où il essayait de cacher son rougissement.

- Je n'étais pas obsédé ! cria-t-il, assez fort pour que ses paroles soient entendues par toute la salle.

- Il avait l'air plus qu'excité d'avoir ce livre, dit Luna avec un soupir rêveur.

- Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, murmura Harry. Tu étais vraiment mignon.

- Tais-toi, Potter.

Harry ricana et se tourna vers sa sœur, toujours aussi perspicace.

- Comment se fait-il qu'un livre ait été imprimé sur moi à cette époque ? Et une photo ? Je vivais dans le monde des Moldus.

Hermione réfléchit un instant. « On dirait une photo d'école. On te prenait en photo à l'école, comme moi, non ? C'est probablement ce qu'il s'est passé. Il aurait été facile pour un sorcier ou une sorcière de la découvrir s'ils la cherchaient vraiment. Et le livre était fin, il ne contenait donc pas beaucoup d'informations sur toi.

- Père avait raison, dit Drago. Il était plein d'absurdités.

Lucius sourit.

- Au bout d'un moment, il a découpé l'image avant de jeter le livre.

- Père !

Lucius haussa les épaules.

- Je t'assure, annonça Drago à voix haute. Je l'utilisais simplement comme cible d'entraînement.

- D'accord, Malefoy. Bien sûr, cria George.

Harry rit. Il savait que Drago disait la vérité. À un moment donné, il l'avait utilisé pour s'entraîner au tir. Il vit qu'Hermione avait l'air troublé.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

- Je n'ai jamais pensé à chercher tes photos moldues prises à l'école.

- Je te remercie de ne pas l'avoir fait, répondit-il fermement.

A la suite de ce souvenir, une série de photos d'Harry et de Drago apparurent. Davantage du jeune Drago que de Harry. La raison pour laquelle aucune photo de Harry n'apparaissait après l'âge d'un an était claire : il n'y en avait pas. Pour autant, Harry ne s'en formalisa pas. Il s'amusait trop à regarder défiler les photos de son compagnon. Et puis vint le moment où ils eurent tous deux onze ans et où Harry et Drago comprirent enfin les sourires terrifiants sur les visages de leurs amis. Ils avaient tous contribué aux souvenirs du passé volatile des âmes sœurs.

C'était amusant de regarder maintenant les combats passés. Leurs disputes étaient toujours empreintes de passion furieuse, de têtes perdues et de jurons lancés, de longs regards furieux destinés à masquer une émotion sous-jacente dont les deux protagonistes n'étaient même pas conscients à ce moment-là.

- Ah, dit Ginny après qu'un souvenir se soit éteint. Il s'agissait d'une bagarre particulièrement violente qui avait envoyé les deux garçons à l'infirmerie. Vous vouliez vraiment baiser.

Tout le monde rit et acquiesce.

- Ouais ! cria quelqu'un. On pouvait le voir dans leurs yeux.

- Impossible, grommela Harry, en envoyant son coude dans l'estomac de son compagnon qui riait.

Neville n'y avait pas vraiment pensé lorsqu'il avait assisté à certaines de ces bagarres, mais maintenant qu'il pouvait les regarder à nouveau avec un œil critique, il se rendait compte que c'était la vérité. Il y avait toujours un moment où Harry ou Drago aurait pu s'éloigner et mettre fin à la bagarre, avec en résultat seulement des mots cinglants et des sentiments blessés. Mais à chaque fois, c'était l'un des deux qui déclenchait la partie physique de la bagarre. Et autant l'un que l'autre. Le désespoir d'un contact quelconque était clair dans leur langage corporel.

Le souvenir suivant se déroulait pendant la quatrième année, lors d'une nouvelle bagarre. Tout le monde regardait Drago pousser Harry à lancer un sort et une fois que le Gryffondor l'eut fait, le Serpentard en lança un à son tour, ce qui fit qu'Hermione et Gregory furent accidentellement touchés par ces derniers. Hermione rougit d'embarras en regardant sa version plus jeune se mortifier lorsque ses dents de devant poussèrent.

- Qui a contribué à ce souvenir ? siffla-t-elle en regardant tous ceux qui avaient participé à la création du diaporama.

Personne ne lui répondit car ils étaient encore en train de regarder le souvenir. C'est alors que Severus, dans ledit souvenir, arriva et continua à humilier Hermione, lui lançant des piques acerbes, s'amusant des conséquences du sort qu'elle avait reçu.

Hermione tourna la tête et découvrit son salaud d'amant aux côtés de Lucius et Sirius.

Severus se maudit mentalement.

- Qui a ajouté ça ? siffla-t-il à son tour en jetant un regard à Sirius pour faire bonne mesure.

- Ne me regarde pas, répondit Sirius en riant. Je n'étais pas dans le coin pour ça.

Lucius gloussa sous son souffle.

- Tu étais vicieux, Severus. Tu es dans le coup maintenant, n'est-ce pas ?

Il avait oublié cet incident, et il semblait qu'Hermione l'avait oublié aussi. Mais maintenant qu'ils s'en souvenaient tous les deux, Severus n'avait plus à deviner comment les choses allaient se passer. La seule chose qui lui évita de se faire engueuler tout de suite fut le fait qu'Hermione voulait rester pour regarder le reste des souvenirs. Elle voulait voir les réactions de Harry et de Drago.

Mais pour l'instant, Hermione ignorait le diaporama. Elle se tourna vers son frère et lança un regard noir au Serpentard.

- Je crois que des excuses s'imposent.

Drago acquiesça et embrassa l'arrière de la tête de Harry.

- Désolé, mon amour. C'était horrible de ma part d'essayer de te maudire.

- Espèce de crétin ! hurla Hermione tandis que les gens autour d'eux se mirent à rire.

- Au moins, tu as pu te faire soigner les dents, répondit Harry. En fin de compte, tu as été récompensée.

Hermione ruminait et se contentait de savoir qu'elle allait se venger de Severus pour avoir été si méchant avec elle.

Les souvenirs suivants furent plus sombres, car ils concernaient Harry et Drago séparément. La plupart se déroulaient l'année dernière, pendant leurs crises de dépression, après qu'ils aient cessé de se battre et essayé de s'ignorer l'un l'autre. L'un des souvenirs montrait le Serpentard en train d'arracher la vie à son compagnon. Même s'il s'agissait d'un souvenir, le blond pouvait encore sentir le désespoir d'Harry et il souhaitait que ce souvenir ne soit pas montré au reste de leurs camarades de classe.

Harry traînait près des tribunes de Quidditch, regardant le ciel pendant un entraînement des Serpentard. Plusieurs expressions traversèrent le visage de Harry tandis qu'il regardait Drago zapper d'un bout à l'autre du terrain. Le Gryffondor sembla d'abord en colère, son visage se tordant en une grimace, mais lorsque Drago attrapa le Vif et poussa un cri de joie, cette colère se transforma et Harry parut envoûté par le sourire du blond. Mais alors qu'il continuait à regarder, une tristesse semblait s'emparer de tout l'être de Harry.

Neville sortit de l'endroit où il s'était caché, observant Harry regarder le Serpentard. « Allez, Harry. Tu as promis de m'aider avec le projet de DFCM. », dit-il en éloignant Harry des gradins. Neville engagea ensuite la conversation avec Harry en entraînant son ami loin du terrain de Quidditch, et il était évident qu'il essayait d'éloigner la dépression de Harry.

Lorsque le souvenir se termina, Drago et Harry fixaient Neville qui s'agitait sous le regard intense de ses amis. Harry remarqua que Dudley regardait l'arrière de la tête de son petit ami avec une expression fermée et se demanda ce que cela signifiait.

- Ce n'est pas la seule fois où tu m'as servi de bouclier, maintenant que j'y pense, dit Harry à Neville. Tu as toujours essayé de me protéger de moi-même. Parce que tu savais. Même Ron et Hermione ne s'en sont pas rendu compte...

Neville haussa les épaules.

- Je ne l'ai compris que l'année dernière. Et je pense qu'Hermione ne s'en est jamais rendu compte parce qu'elle ne pensait pas du tout qu'il était possible que vous ressentiez autre chose que de la haine l'un pour l'autre.

Harry continua à réfléchir à ce qu'il venait de comprendre au sujet de son ami tandis que le diaporama se poursuivait. Neville était bien plus loyal qu'il ne l'avait jamais pensé. Il avait été tellement obsédé par Drago qu'il n'avait jamais remarqué à quel point Neville était souvent là pour lui. Il avait toujours servi de tampon lorsque Harry pensait mourir sous le coup d'émotions accablantes qu'il ne pouvait ni comprendre ni combattre.

Dès que le diaporama se termina, Harry et Drago se levèrent et tirèrent Neville sur le côté. Étonnamment, le blond fut le premier à bouger et il prit Neville dans ses bras, serrant le Gryffondor choqué contre lui.

- Je ne peux que te remercier, chuchota Drago. Tu as toujours été là pour lui et j'espère que tu le seras toujours.

- S'il le permet, répondit Neville en chuchotant, essayant d'ignorer le groupe d'yeux braqués sur eux trois, dont un regard plissé de jalousie, et essayant d'ignorer à quel point il était étrange de voir Drago le serrer dans ses bras avec une affection et une gratitude sincères.

- Malefoy, avertit Dudley lorsqu'il estima que le concerné s'était attardé assez longtemps sur son petit ami.

Drago relâcha Neville et jeta un regard cinglant à Dudley. Cependant, comme il connaissait les règles à propos des compagnons, Drago laissa passer le ton d'avertissement de Dudley pour cette fois.Harry serra Neville dans ses bras et posa une main sur l'épaule de son ami.

- Tu es vraiment mon Mar'raeh.

A l'annonce du titre Ukatae, une vrille magique d'un rouge éclatant tourbillonna autour des deux hommes pendant quelques secondes. Harry afficha un sourire radieux.

- Et maintenant, c'est officiel.

… … …

Harry et Neville apparurent au manoir Malefoy à la fin des cours le lendemain, emmenant avec eux quatre Saen, ainsi qu'Ozemir et Brumek. Les deux gardiens Ukataes partirent faire des rondes autour du manoir et établir des périmètres de sécurité, tandis que les deux Gryffondors se rendirent dans la grande salle à manger pour un dîner matinal, les Saen les suivant mais en restant silencieux et hors de vue.

Au cours de la soirée de la veille, sa sœur les avait coincés, Drago et lui, emmenant avec elle Luna, Pansy et Ginny en renfort, et avait ordonné aux deux amants de se séparer avant le mariage, comme le veut la tradition. Harry était tout à fait d'accord pour se séparer avant le mariage, il aimait l'idée de suivre cette tradition. Mais maintenant qu'il était assis pour le dîner, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait fait une erreur en acceptant. Surtout avec la règle de la non-télépathie. A quoi avait-il bien pu penser ?

- Je ne pense pas... commença-t-il en poussant la nourriture dans son assiette. Je ne pense pas que…

- Si, tu peux, répondit Neville, sachant exactement ce que pensait son ami. Tu peux le faire. Ce n'est que pour un petit moment.

Harry s'apprêtait à répliquer : 'comment le sais-tu ?', mais il se souvint rapidement. Neville ne se rendait peut-être pas compte pourquoi, mais inconsciemment, il le savait. Et avec eux, leur lien était pratiquement naissant.

Neville fit semblant de manger tout en regardant Harry les yeux mi-clos, se demandant pourquoi on l'étudiait si intensément.

- A quoi penses-tu ?

- Pas grand-chose, répondit Harry en haussant les épaules, baissant le regard sur son assiette. Où est Dudley d'ailleurs ? J'étais persuadé qu'il était avec toi lorsque nous avons transplané.

- Ils sont toujours au Chemin de Traverse, en train de travailler sur les magasins, lui apprit Neville en se remettant à mâcher, sachant que Harry s'expliquerait si c'était vraiment important et que, si ce n'était pas le cas, il n'avait vraiment pas à s'inquiéter.

Au bout d'un moment, Neville vit que le Gryffondor s'était remis à déplacer la nourriture dans son assiette.

- Harry, tu devrais vraiment manger.

- Oui, Maman.

Neville rit doucement. A vrai dire, Drago avait chargé ce dernier de surveiller Harry, de s'assurer qu'il mangeait suffisamment, qu'il se sentait bien, toutes ces choses qu'il savait que Neville serait capable de détecter. Et il pouvait faire ce travail facilement parce qu'il connaissait Harry, et qu'il était très doué pour gérer le tempérament capricieux du brun. C'est pourquoi le lien Mar'raeh s'était facilement formé entre les deux Gryffondors. Ozemir avait été choqué quand on le lui avait annoncé. Il s'était réjoui du fait que la magie s'était instantanément enroulée autour des deux Gryffondor, les liant en quelques secondes seulement. Apparemment, le lien Mar'raeh des précédents souverains avait mis du temps à se créer.

- As-tu déjà rêvé qu'un jour nous serions assis ici, en train de dîner au manoir Malefoy ? demanda Neville, essayant de rompre le silence. Je veux dire... Je suis complètement à l'aise ici. Je n'aurais jamais cru que cela arriverait.

- Moi non plus. Je n'ai jamais espéré rêver d'une chose pareille, même quand j'ai réalisé que j'avais envie de Drago. Je veux dire, c'était le repaire de Voldemort ! s'exclama Harry. La malveillante Maison des Malefoy. Mais c'est tellement naturel maintenant !

- C'est une bonne chose que l'emprise de Dumbledore sur Tom se soit affaiblie au moment où Drago et toi êtes enfin devenus un couple.

- C'est certain. S'il était toujours à mes trousses, je n'ose imaginer où nous en serions tous aujourd'hui.

Deux elfes de maison firent alors leur apparition, chacun avec deux assiettes chargées et fumantes de dîner. Un des duos fut déposé à côté de Harry, et l'autre à côté de Neville. Un instant plus tard, la porte fut poussée.

- Mon chiot ! Sirius se précipita et serra Harry dans ses bras. C'est super de te voir ! dit-il après avoir déposé un baiser sur la tête de Harry.

- Sirius, on s'est vus hier soir.

- Je sais. Je suis heureux de te retrouver ici et de pouvoir te voir marié à mon beau-fils.

Le soupir joyeux et dramatique de Sirius fait rire Harry.

- Dudley vient ? Ou il est rentré chez lui ?

- Il sait que tu es ici ce soir, Neville. Bien sûr qu'il vient, le rassura Sirius en s'asseyant à côté d'Harry.

Un instant plus tard, les frères Lestrange entrèrent à grands pas, l'air en pleine forme. Harry haussa un sourcil en les voyant. - Vous avez l'air en meilleure santé à chaque fois que je vous vois !

- Bien sûr, répondit Rabastan en regardant le dîner qui l'attendait.

- Alors, où est-il ? demanda Neville lorsque Rodolphus entra rapidement après son frère.

- Merlin, commenta Sirius en s'enfonçant dans la chaise à la droite de Harry. Tu es vraiment impatient de voir ton amant.

Neville détesta le rougissement qui colorait son visage et fixa la table.

- N-Nous ne le sommes pas.

- Vraiment ? s'étonna Rabastan, s'asseyant de l'autre côté de Harry et examinant attentivement Neville. C'est vraiment surprenant... Dudley, qu'est-ce qui te prend ? Je suis très déçu. Ne t'ai-je donc rien appris ?

Le regard de Neville se releva juste à temps pour voir Dudley entrer à grands pas dans la pièce, ses yeux noisette ne se posant sur personne d'autre que sur son petit ami qui était tout sourire maintenant qu'il était dans la pièce. Sa gêne disparut rapidement.

- Qu'est-ce que tu racontes, Rab ? interrogea Dudley en contournant la table et en s'asseyant à côté de Neville, laissant sa cuisse reposer contre celle du Gryffondor.

- Tu as ce garçon... déclara Rabastan, pointant Neville du doigt … qui te supplie pratiquement à chaque regard et tu n'en as pas encore fait ton amant. Je pensais que tu avais plus de bon sens.

Harry cacha son rire derrière une fourchette pleine de légumes, tandis que Dudley et Neville restaient immobiles. Sirius n'essaya pas de cacher son amusement et rit légèrement à côté de lui. Rodolphus se contenta de ricaner comme d'habitude et se contenta de manger son dîner sans faire de commentaires, bien qu'il soit tout aussi surpris que son frère.

- Ce n'est pas...

Dudley jeta un coup d'œil à Neville, mais celui-ci étudiait la table, refusant de croiser le regard de qui que ce soit.

Sentant la détresse de Dudley et de Neville face à quelque chose qui ne devrait pas provoquer ce genre d'émotions contradictoires, Harry les étudia et se demanda pourquoi la question de l'inévitable inquiétait tant son cousin et son ami. Ils étaient compagnons, après tout. Cela devait arriver. Il n'était pas sûr que les inquiétudes de Neville soient les mêmes que celles de Dudley, mais au vu des émotions qui nageaient dans les yeux de Neville, Harry était presque certain que c'était Neville qui était le plus réticent.

Pendant son observation, Neville sursauta soudain et rougit fortement. Harry se tourna vers son cousin juste à temps pour voir le regard hébété de ce dernier disparaître en entendant le sursaut de son petit-ami. Dudley avait dû penser à de vilaines choses.

Ce dernier se racla la gorge et regarda son dîner.

- Hum... j'ai faim. Tu n'as pas faim, Neville ? Je suis affamé.

- J'ai l'impression d'être affamé, murmura Neville d'une voix épaisse.

Harry eut pitié et se tourna vers Sirius.

- Alors, comment se passe la reconstruction ?

Rodolphus répondit immédiatement avec son habituel rictus.

- A part le fait que mon frère et moi devons porter de ridicules glamours, tout se passe comme prévu.

- Pourquoi faut-il toujours que tu te plaignes ? demanda Sirius avant de se tourner vers Rabastan. Il n'y a pas moyen de le faire taire ? On ferait plus de choses s'il travaillait au lieu de rester là à râler.

- Il a toujours été comme ça. Je suis heureux que nous n'ayons jamais partagé la même cellule dans cette horrible prison, fit Rabastan, adressant un sourire à son frère et s'assurant qu'il savait que ce n'était qu'une plaisanterie.

Cependant, Rodolphus s'était tourné vers Dudley avec une expression d'attente sur le visage.

- Pourquoi le regardes-tu ? demanda Harry avec curiosité.

- Je me demande quand il va se plaindre à mon sujet.

- Je n'ai rien à dire, marmonna Dudley.

- C'est une première.

Sirius se racla la gorge et se tourna vers Harry.

- Excité ?

Harry hocha la tête avec enthousiasme pendant un moment, puis il s'arrêta et fronça les sourcils en regardant la table. Neville soupira, sachant exactement ce qui se passait dans la tête de son ami.

- J'ai eu du mal à détourner son attention de…

- Je veux un dessert ! annonça soudainement Harry en repoussant son assiette propre.

Ses yeux s'écarquillèrent de satisfaction lorsqu'une grande portion de tarte à la mélasse apparut devant lui.

- Y'a pas mieux que ce dessert !

Il commença alors à s'empiffrer, sans se soucier des regards dégoûtés que Rodolphus lui lançait. Cependant, Rodolphus ne pouvait se taire.

- Où as-tu appris à te tenir à table ? Tes habitudes alimentaires sont répugnantes.

Harry l'ignora et continua à savourer son dessert. Finalement, son cousin sembla sortir de sa stupeur et se tourna vers Rodolphus pour le fusiller du regard.

- Est-ce que quelqu'un t'a demandé ton avis ?

- S'il te plaît, ne commence pas à te battre à table, murmura Neville.

Harry grimaça intérieurement. Dudley cherchait à évacuer les tensions refoulées, et la bagarre avait toujours été un exutoire pour lui. De toute évidence, Neville comprenait également cela chez le jeune Dursley. Lorsque ledit Neville se pencha en arrière pour regarder Rodolphus avec des yeux durs, Harry l'observa silencieusement sous sa longue frange noire, appréciant immédiatement la froideur qui se répandait sur le visage de son ami.

- Lestrange. Ne t'adresses pas à Harry, à moins qu'on ne te le demande directement, si tu ne peux pas lui parler avec le respect qu'il mérite. Tu sais qui il est, Rodolphus... Harry et Drago sont des membres de la famille royale. Tu es bien en-dessous d'eux et il est stupide d'essayer de prétendre le contraire. Ton ton dépréciatif ne sera plus toléré.

Harry acquiesça lorsque tout le monde regarda Neville avec surprise.

- Et c'est pour cela que Neville est mon Mar'raeh.

Rabastan haussa un sourcil. C'était la première fois qu'il entendait Harry parler dans le langage Ukatae.

- Qu'est-ce que cela signifie ?

- En termes simples, c'est mon bras droit.

Rodolphus ricana.

- Ce qui veut dire qu'il est ta nounou.

Harry laissa tomber sa cuillère et regarda enfin le sorcier avec des yeux plissés. Neville se leva de son siège et montra les crocs à Rodolphus. Lorsque le jeune Potter sortit ses griffes, Rabastan se leva rapidement et leva une main apaisante pour l'empêcher, ainsi que Neville, de s'en prendre à son idiot de frère.

- As-tu perdu la tête, demanda Rabastan, exaspéré. Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Rodolphus resta silencieux et continua à manger comme s'il n'avait pas insulté le chef des Ukatae, mais Rabastan remarqua le regard de son frère et sut que tout n'allait pas bien pour lui, ce qui expliquerait son idiotie actuelle.

- Harry, dit Neville en se retournant avec raideur et en quittant la table pour se diriger vers la porte. La négativité est la dernière chose dont tu as besoin en ce moment.

- Mais je n'ai pas fin…

- J'en demanderai plus une fois que nous serons dans ta chambre, répondit Neville avec fermeté.

Harry acquiesça et repoussa sa chaise. En se levant, il aperçut le visage de Dudley et grimaça d'amusement. Apparemment, la fermeté de Neville fonctionnait aussi bien que les phéromones des ailes d'un soumis.

- Dudley, rejoins-nous quand tu auras fini de dîner, lui dit-il.

- D'accord, Harry.

Neville adressa un petit sourire à Dudley avant de suivre Harry hors de la salle à manger. Une fois qu'ils furent partis, Dudley retourna à son dîner. Après quelques bouchées, il s'éloigna de la table et se dirigea vers la porte.

- Neville. On peut parler, demanda Dudley immédiatement après être entré derrière eux.

Harry arqua un sourcil en entrant dans le dressing, dans le but exprès d'en savoir plus. Peut-être parleraient-ils davantage s'il restait à l'abri des regards. Vaguement, Harry se rendit compte qu'il était vraiment curieux et se demanda pourquoi il ne pouvait pas contenir sa curiosité lorsqu'il s'agissait de ces deux-là.

- Tu veux jouer aux échecs des sorciers, proposa une voix désespérément pleine d'espoir.

Apparemment, Neville ne voulait pas en parler. Dudley poussa un soupir audible.

- Je ne sais pas jouer.

- Je peux t'apprendre.

- Très bien. D'accord.

Et apparemment, le sujet rendait Dudley si nerveux qu'il suivit Neville et l'oublia pour le moment. Harry soupçonnait que le fait que Dudley ait cédé était dû en grande partie à son désir de plaire à Neville, d'empêcher son compagnon de se sentir mal à l'aise.

Harry prit une chemise noire dans le sac qu'il avait apporté de l'école et se changea, l'étoffe éclipsant sa taille quand il l'enfila, tant elle était grande. Lorsqu'il retourna dans la pièce, Neville était déjà en train d'installer les pièces du jeu d'échecs de Drago, et Dudley regardait les pièces avec un mélange de doute et de curiosité. Ils jouèrent pendant un certain temps et Dudley devint accro dès qu'il découvrit qu'on déplaçait les pièces en leur parlant et qu'elles se déplaçaient à leur tour. Il aimait particulièrement le fait que les pièces attaquaient réellement les pièces adverses.

Ce n'est qu'après son départ que Harry réalisa à quel point Neville voulait éviter le sujet. Celui-ci avait réussi à entraîner Harry dans une partie avec Dudley et ils étaient tous les deux tellement absorbés par le jeu que Neville s'était éclipsé de la pièce et avait quitté le manoir bien avant qu'ils ne s'en aperçoivent. Lorsqu'ils s'en rendirent compte, Harry appela Ozemir. Au lieu de l'érudit, Vendyl répondit et annonça rapidement que ce dernier ainsi que le guerrier étaient partis en voyage avec Neville.

- Ils ne sont pas censés te demander la permission, demanda Dudley après que Vendyl fut renvoyé dans le hall.

- Ils avaient déjà la permission.

- Et Neville ?

- Je ne savais pas qu'il partait, mais il sera en sécurité avec Brumek et Ozemir, où qu'ils soient allés.

Dudley se leva et commença à faire les cent pas, les doigts dans ses cheveux.

- C'est la troisième fois qu'il part comme ça pour fuir, murmura-t-il.

- Il ne s'enfuit pas, contra Harry, défendant Neville.

Dudley lui lança un regard noir.

- Pouvons-nous au moins pour cette fois prétendre que je le connais mieux que toi ?

Harry haussa les épaules, ce qui eut pour effet d'énerver encore plus son cousin.

- Il n'y a pas lieu d'être sur la défensive, Dudley.

- Es-tu déjà sorti avec Neville ?

Cette question soudaine surprit tellement Harry qu'il n'eut rien à dire. Les yeux de Dudley s'écarquillèrent lorsqu'il réalisa ce qu'il avait demandé.

- Euh... peu importe, Harry, fit Dudley, avant de se précipiter vers la porte. Tu devrais dormir un peu. Demain, c'est une grosse journée.

- Qu'est-ce qui se passe dans sa tête ? se demanda Harry, peu après le départ de Dudley, en s'allongeant dans le grand lit vide.

Il tira le col de la grande chemise sur son nez, inhalant l'odeur de Drago et espéra que cette seule odeur suffirait à le satisfaire jusqu'à ce qu'il puisse être à nouveau avec son compagnon.