Déjà un deuxième chapitre, histoire de bien commencer l'année. Par contre, la publication ne gardera pas le rythme d'un chapitre par jour, hein, c'est vraiment pour le Jour de l'An ;)
Harry trouva facilement la voie 9 3/4 malgré l'idiotie de Hagrid qui ne lui avait donné aucune information utile à ce sujet. Il dû juste suivre une famille de roux qu'il avait repéré rapidement.
Honnêtement, Hagrid lui avait dit que le monde sorcier était un secret absolu à cacher des moldus et cette bonne femme criait presque les mots « voie 9 3/4 », « moldus » et autres. Avec des gens comme ça, il était étonnant que le secret n'ait pas déjà fait la Une des journaux. Et puis, ce hibou dans sa cage et ces malles d'un autre temps, très suspect. Lui avait envoyé Edwige voler jusqu'à Poudlard, ce serait mieux pour elle plutôt que de rester enfermée dans sa cage pendant tout le trajet et avait placé sa malle rétrécie dans sa poche.
En plus, vu le nombre d'enfants, dont trois plus âgés, qui l'accompagnaient et ne faisant sûrement pas leur première rentrée à Poudlard, le cerveau de cette femme devait mal fonctionner pour qu'elle ait déjà oublié où se situait la voie.
Il suivit discrètement la famille et les observa passer par le mur situé sur un poteau entre les voies 9 et 10. Le poteau était situé en plein milieu entre les deux voies et Harry se demanda si les sorciers avaient bien compris le système des fractions. Pourquoi 3/4 ? La question ne resta pas longtemps dans son esprit, cependant, car il vit que la famille avait complètement disparu.
Il marcha nonchalamment vers le poteau, sans courir comme il avait vu les deux plus jeunes de la famille de rouquins faire, et passa à travers le mur. Il resta quelques secondes immobiles en voyant le quai devant lui. C'était un bazar sans nom, des enfants courant partout, des adultes tout aussi excités, des animaux hululant, miaulant, croassant dans leurs cages. Sur le moment, il maudit son oncle qui l'avait emmené si tardivement à la gare. Le train partait dans moins d'une demi-heure et l'énervement était à son comble.
Harry se faufila discrètement vers l'entrée d'un wagon, évitant de se faire remarquer. Il aurait bien le temps, plus tard, de mettre son masque de Garçon-qui-a-Survécu (et, sérieusement, qui a imaginé un tel surnom ?) dont il avait glané des informations dans les livres sur l'Histoire récente des sorciers britanniques. Il avait passé les dernières semaines à le peaufiner dans sa chambre : timide (il était censé l'être après avoir passé dix ans avec des moldus) mais sociable, courageux (comme ses parents adoptifs) sans être irréfléchi, bon en sortilèges et potions (comme sa mère adoptive) ainsi qu'en métamorphose et en défense contre les forces du mal (comme son père adoptif). Il ne comptait par contre pas se lier d'amitié avec qui que ce soit. Des connaissances, des alliés, oui, mais pas des amis. D'une part car quelqu'un se rapprochant trop de lui compromettrait son masque, d'autre part car même s'il se considérait comme un bâtard sans cœur (ses mots à lui), il ne souhaitait pas jouer avec les sentiments des autres.
Il ne comptait pas non plus finir à Gryffondor. Ses lectures diverses lui avait fait comprendre que ce seraient des gens trop sincères, trop exubérants et pas assez studieux pour qu'il puisse tenir sept longues années dans cette ambiance. Tout le monde s'attendait à ce que ce soit sa maison mais sa santé mentale n'y survivrait pas. Serpentard était également rayé de sa liste. Il y avait trop de risques que son masque n'y soit découvert et ça ne collerait pas du tout avec son image de Garçon-qui-a-survécu. Après tout, le meurtrier de ses supposés parents avait été dans cette maison qui avait très mauvaise réputation. Il avait également lu dans un livre sur les grandes familles anciennes que la famille Malfoy était traditionnellement répartie à Serpentard avec quelques exception à Serdaigle. Son frère serait sans doute un serpent et il ne tenait pas à s'en approcher de trop près si rapidement. Il comptait l'analyser de loin pour commencer avant de voir s'il valait la peine d'être approché ou pas.
Poufsouffle ou Serdaigle, peu lui importait, les deux avaient des avantages. Personne ne soupçonnerait un blaireau de porter un masque et d'avoir des intentions pas forcément pacifiques, l'idéal pour passer inaperçu. Et la maison des intellos lui permettrait d'augmenter ses connaissances en toute discrétion puisque tous les élèves feraient la même chose.
Malgré le grand nombre de compartiments déjà occupés, Harry en trouva un de libre vers l'avant du train. Il s'installa rapidement, agrandit sa malle et en sortit un livre passionnant sur les runes de protection. Il comptait bien en utiliser autour de son lit, ne serait-ce qu'au début, avant de voir qui serait hostile et qui serait amical dans sa Maison.
Une partie du livre parlait des runes en Fourchelangue qui était un langage rare en Grande-Bretagne et vu comme un Art sombre alors qu'il était très prisé dans d'autres pays, notamment en Asie. Il se rappelait parfaitement avoir conversé avec le boa au zoo de Londres et parvenait tout à fait à lire les quelques exemples présents dans le livre. D'un côté, il était ravi d'avoir cette capacité qui allait lui permettre d'utiliser un langage inconnu des autres et donc impossible pour eux à reconnaître et à saboter. D'un autre côté, les livres d'Histoire insistaient sur le côté sombre du don, principalement à cause des deux personnes très connues pour le posséder en Grande-Bretagne : Salazar Serpentard et Lord Voldemort. Aussi le choix le plus pratique serait de cacher ce don au public mais de l'utiliser intelligemment en privé.
Le train démarra avant même qu'il ne finisse de lire le chapitre qu'il venait de commencer. Il allait vraiment devoir faire attention les prochaines années à ce que Vernon l'amène plus tôt. Il ne pouvait pas risquer de rater le train.
Il eut le temps de lire trois chapitre avant qu'un des rouquins qu'il avait vu dans la gare ne se présente et s'installe dans son wagon. Harry resta poli mais légèrement indifférent afin de faire comprendre à ce Ron Weasley qu'il n'était pas intéressé par une discussion. L'autre garçon tenta plusieurs fois de tirer le brun de son livre, sans succès, et finit par abandonner en soupirant et sortir du compartiment afin de trouver quelqu'un de moins ennuyeux. L'intérêt qu'il lui avait porté était clairement dirigé par les rumeurs sur la présence de Harry Potter dans le train, il avait passé plusieurs secondes à fixer son front avant même de se présenter. Son attitude criait « Gryffondor » et Harry préférait éviter, du moins pour le moment, de sociabiliser avec quelqu'un comme ça. Et puis, mince, il était intéressant ce livre !
Le trajet passa rapidement selon Harry qui termina son livre quelques minutes avant l'arrivée à la gare de Pré-au-Lard (mais qui nommait les endroits ? Sérieusement ?). Il avait subtilement ignoré une jeune fille aux cheveux en bataille qui cherchait un crapaud perdu par un autre futur élève. À la place du garçon, Harry n'aurait même pas cherché, un crapaud n'avait strictement aucune utilité.
Le gros balourd qui l'avait introduit au monde sorcier appelait les élèves de première année. Super… Vu comme c'était un irresponsable (laisser un enfant de onze ans tout seul pendant que lui va boire, ça laisse à désirer), Harry doutait de plus en plus du sens commun des sorciers.
Et faire traverser un lac sur des bateaux à des enfants qui viennent de passer des heures assis dans un train ? Cela ne l'étonnerait pas que des enfants finissent à l'eau de temps en temps. Il espérait que ce ne serait pas le cas pour lui, sa famille n'avait jamais vu l'intérêt de lui apprendre à nager et ce lac avait l'air bien profond.
Il fut rejoint par le blond qu'il avait rencontré chez Madame Guipure ainsi que par deux élèves qui faisaient plus armoire à glace qu'autre chose.
- Tiens, comme on se retrouve. Nous n'avons pas eu le temps de nous présenter, la dernière fois. Malfoy, Draco Malfoy.
Le blond lui tendit la main et Harry l'observa quelques secondes avant de la serrer. Et merde. Le petit con de la boutique de vêtement était son frère jumeau.
- Harry Potter, enchanté.
- Hmm… Ah, ça c'est Crabbe et Goyle, des… amis d'enfance.
Ok donc non seulement son frère était un petit prétentieux mais en plus il avait des gardes du corps. Soit, il pourrait faire avec. Après tout, il avait quelques années pour apprendre à le connaître.
Contrairement aux autres élèves, Harry ne s'émerveilla pas devant le château, même s'il fit semblant. Il observait du coin de l'œil les réactions dans les autres bateaux, analysant les réactions. Il se fit une idée du caractère de certains à partir de cette observation. Ron Weasley était visiblement impressionné et l'affichait clairement tout comme le garçon qui avait perdu son crapaud. Dans une autre barque, les quatre élèves cachaient mieux leur réaction même si leurs yeux brillaient. Visiblement éduqués à masquer leurs émotions, donc. Tout comme son frère, apparemment qui, bien qu'ayant les yeux brillants et un petit sourire, tentait de maintenir un visage neutre.
Les élèves de première année furent menés à une salle de taille moyenne et rencontrèrent le professeur MacGonagall qui avait l'air assez sévère. De ce qu'il avait lu dans un livre sur Poudlard, elle enseignait la Métamorphose depuis de nombreuses années. Il écouta distraitement son discours, préférant continuer à analyser ses futurs camarades de classe. Le professeur partit, leur demandant d'être présentable quand elle reviendrait les chercher. Plusieurs élèves étaient relativement débraillés, il s'observa donc un instant. En dehors de sa tignasse indomptable (et il avait essayé de la dompter, croyez-le), il était impeccable.
Il rangea Weasley dans la case « terriblement naïf et peut-être un peu simplet » lorsqu'il l'entendit raconter que ses frères lui avaient dit qu'ils allaient devoir battre un troll pour être réparti. Une petite dispute entre le rouquin et son frère classa celui-ci dans la case « absolument pas subtil ni rusé » (pas très malin de commencer une dispute alors que le professeur peut revenir d'une seconde à l'autre), mais ça pourrait peut-être s'arranger avec les années.
Heureusement, la dispute s'était déjà arrêtée lorsque MacGonagall revint les chercher et les fit entrer dans la Grande Salle.
Ok, là, Harry était quand même un peu émerveillé. Il avait vécu presque toute sa vie dans une maison de banlieue totalement ordinaire alors, oui, la Grande Salle était impressionnante.
Par contre, l'idée de mettre un vieux chapeau sur sa tête était beaucoup moins impressionnante. Il espérait sincèrement qu'il était auto-nettoyant vu le nombre de têtes qu'il couvrait successivement.
Il passa le temps en regardant les professeurs.
Le gros balourd était là, un grand sourire affiché. Qu'il était horripilant, ce sourire. Il y avait à côté de lui une femme assez ronde qui avait visiblement de la terre séchée sur son chapeau, sans doute le professeur de Botanique. Elle avait l'air d'être toute aussi joyeuse que Hagrid et couvait les élèves d'un regard affectueux. La même stratégie s'appliquerait pour elle : sourire timide et regard de chien battu. Facile.
Plus loin, un professeur ressemblait vaguement à un gobelin, en moins agressif. À observer avant de déterminer d'une stratégie. Les gobelins étaient des créatures très intelligentes, il devra utiliser son cerveau pour se mettre ce prof dans la poche.
Le professeur de Potions était facilement reconnaissable aux tâches qu'on pouvait voir sur la main qui tenait son verre. Il hocha de la tête vers Draco lorsque celui-ci fut réparti à Serpentard d'une manière qui indiquait une certaine familiarité. Un ami de la famille ? Dans tous les cas, il avait l'air rusé et avait un regard observateur, Harry devra s'en méfier.
Le professeur Quirrell était assis à ses côtés, Harry le reconnaissait de sa rapide rencontre au Chaudron Baveur. Il tremblait tout autant que la première fois qu'il l'avait vu. Très étrange pour un professeur dans une telle école, surtout un professeur de Défense. À surveiller de très près, il y avait quelque chose de louche.
Et, bien sûr, en plein milieu, sur une chaise rappelant plus un trône qu'autre chose, portant une robe qui donnait vaguement la migraine si on la regardait plus de quelques minutes, Albus Dumbledore. Harry avait lu beaucoup de choses sur lui mais rien qui ne l'impressionnait. Les livres étaient écrits par les vainqueurs, il attendrait de connaître l'homme pour se faire un avis. Il avait toujours été un peu parano, selon lui-même, mais ça lui avait évité pas mal d'ennuis (notamment avec ce « gentil » monsieur qui traînait près de l'école et qui offrait des bonbons aux enfants et que tout le monde appréciait avant qu'il ne soit surpris en train de demander des faveurs à une fillette). Jouer l'innocent, porter parfaitement son masque face à lui, l'alarme interne d'Harry ne cessait de hurler au danger face à ces yeux bleus scrutateurs.
- Harry Potter !
Ah, c'était à lui. Il s'avança et s'installa sur le tabouret.
- Monsieur Potter, enfin nous nous rencontrons. Vous êtes dans les pensées de nombreuses têtes que j'ai vu ce soir et les années précédentes. Voyons voir, voyons voir.
- Euh, monsieur le chapeau, juste, avant que vous ne commenciez, vous pouvez voir tout dans ma tête ?
- Pas d'inquiétude, jeune homme, je ne peux rien révéler des secrets que je vois dans les têtes. Mirus Malfoy, hein ? Je crois que même Albus n'est pas au courant. Et personne ne le sera tant que vous ne le révélerez pas. Bien, maintenant, où vous répartir… Pas Gryffondor ni Serpentard, c'est ça ? Hmmm… Poufsouffle n'est absolument pas fait pour vous, vous n'êtes loyal qu'envers vous même. Serdaigle serait un bon deuxième choix. Vous avez tout de même le profil typique du Serpentard, encore plus que votre frère. Ce serait vraiment dommage qu'un tel élément n'aille pas où il doit être.
- Pas Serpentard !
- J'ai quand même bien envie de vous y… que faites-vous ? C'est quoi ça ? Arrêtez tout de suite ! AAAAH mais… Stop ! Stop ! C'est d'accord, je vous envoie à... SERDAIGLE !
Le nom de la maison avait été crié à voix haute et Harry se dépêcha de reposer le Choixpeau sur le tabouret avant de se diriger vers la table des bleus et argents qui applaudissaient bruyamment. Les Gryffondors avaient l'air extrêmement déçus, ils s'attendaient visiblement à avoir « Harry Potter » dans leurs rangs.
Finalement, repenser à la fois où il avait surpris sa tante nue dans la salle de bain et à la fois où il avait dû aider son oncle à mettre de la crème sur ses varices n'aura pas été inutile. Maintenant, il faudrait juste essayer d'oublier ces scènes à nouveau… Heureusement que le Choixpeau avait cédé rapidement, Harry n'avait pas envie de devoir à penser à des choses pires que ça.
Pour ceux qui ont lu Lokison, ça change énormément entre le Harry ami de tous et ce Harry. Mais j'avoue que le tout mignon commençait à me casser les pieds :p
