Je suis ravie de lire vos reviews, merci !


Finalement, il se trouva que le professeur ressemblant à un gobelin était le Professeur Flitwick qui était à la fois le directeur de sa Maison et son professeur de Sortilèges. Il accueillit les nouveaux élèves de Serdaigle en leur rappelant que le savoir était une bonne chose mais pas une fin en soi et qu'ils devraient trouver des moyens d'utiliser ce qu'ils apprennent.

Harry comptait bien mettre ce conseil à profit. Et si ce qu'il apprenait différait du cursus habituel… Et bien, il mettrait ça sur le dos de la curiosité, après tout. Ça faisait partie des défauts des Serdaigles.

La Salle Commune était chaleureuse et invitait à la lecture. Les murs étaient couverts de bibliothèques pleines d'ouvrages qu'Harry avait hâte de parcourir. La salle était divisée en deux zones qui se distinguaient par leurs meubles. D'un côté, de grandes tables bordées de nombreuses chaises permettaient aux élèves de faire leurs devoirs tandis que l'autre côté comportait de grands fauteuils visiblement très confortables et invitaient à la lecture.

Lorsque les cours commencèrent, Harry apprit rapidement que le professeur de Potions était Severus Snape, autrement dit son parrain de naissance, et que leur relation promettait d'être houleuse. Il ressemblait apparemment énormément à son père adoptif et cela semblait déplaire fortement à cette espèce de chauve-souris graisseuse. Visiblement, James Potter n'était pas aussi angélique que décrit dans les livres et les paroles larmoyantes d'Hagrid. Si ce que Snape disait était vrai, il était terriblement arrogant et pourri gâté. Un Dudley magique, en somme.

Pas grave, il avait déjà retenu une bonne partie du manuel de cette année et avait lu plusieurs livres sur les diverses méthodes et préparation et sur la théorie en la matière. Même si Snape essayait de le faire échouer en classe en lui lançant des remarques humiliantes pour rien (une très légère teinte trop claire à une étape de brassage, un millimètre de décalage dans sa découpe…), Harry comptait bien réussir. Les potions étaient quelque chose de très utile pour quelqu'un qui ne pouvait se servir de la magie en dehors de l'école jusqu'à ses dix-sept ans.

S'il y avait une chose qui déconcertait Harry, c'était le faible niveau scolaire général dans l'école. En dehors des Serdaigles et de quelques Serpentards, les élèves semblaient prendre leur scolarité à la légère. Les Gryffondors préféraient jouer dans les couloirs plutôt que d'aller à la bibliothèque (Harry avait littéralement bavé la première fois qu'il y était rentré !) et les Poufsouffles semblaient survoler la vie sans se poser de questions. Dans un autre contexte, Harry les aurait comparé à des hippies…

Harry avait déjà lu et retenu le cursus de la première année tandis que ses camarades traînaient, préférant se comporter de manière purement immature. Aurait-il été ainsi s'il n'avait pas dû mûrir avant l'âge ? Probablement.

Le jeune Serdaigle partageait son temps entre la bibliothèque dans laquelle il faisait ses devoirs et approfondissait ce qu'il apprenait en cours mais aussi s'initiait à des sujets qui n'étaient pas enseignés, sa salle commune où ses camarades des années supérieures s'échangeaient des informations à voix haute (quoi de mieux pour savoir à quoi s'attendre pour la suite) et les salles de cours où il excellait dans toutes les matières (quand le professeur était intègre, on ne compte pas Potions, hein).

C'était extrêmement nouveau pour lui de pouvoir afficher ses capacités réelles. La première fois qu'il avait rapporté un contrôle où il avait eu une meilleure note que Dudley, il avait été sévèrement grondé et enfermé tout le week-end dans le placard, pouvant seulement sortir pour aller aux toilettes. Étrangement, depuis cette fois-là, il s'était évertué à faire pire que son cousin. C'était loin d'être simple car il refusait de ne pas apprendre et tricher de manière convaincante pour avoir une mauvaise note alors qu'on connaît toutes les bonnes réponses, c'est plus dur qu'il n'y paraît.

Mais sa tante et son oncle se contrefichaient royalement de ses résultats à Poudlard donc Harry s'en donnait à cœur joie. Il trouvait les matières passionnantes et réussissait presque toujours le premier à lancer les nouveaux sorts appris.

À côté de ses études, il se montrait comme un élève sociable et poli. Il refusait de laisser les autres trop s'approcher et n'avait donc pas vraiment d'amis mais aidait souvent ses camarades pour leurs devoirs et leurs révisions et se montrait aimable avec les élèves de toutes les maisons sans pour autant en faire trop. Il évitait d'attirer l'attention, il en avait déjà trop à son goût de par son statut de Garçon-qui-a-Survécu (oh que ce surnom est débile !) et présentait le portrait de l'élève parfait. Si son oncle et sa tante le voyaient, ils seraient bien incapables de faire le lien avec l'enfant soumis qu'ils espéraient avoir façonné.

Il se comportait de la même manière avec son frère, adoptant l'attitude respectueuse due à un héritier d'une grande famille sans pour autant s'aplatir devant lui. Le Serpentard s'était montré curieux les premières semaines avant d'adopter une attitude neutre envers lui. Il n'était visiblement qu'une partie du décor à présent, ce qui lui convenait très bien. Il est bien plus simple d'analyser l'attitude de quelqu'un si cette personne ne prête pas attention à vous. Et, pour l'instant, ce qu'il voyait ne l'impressionnait pas. Draco Malfoy était un bon élève mais il passait son temps à se chamailler de manière puérile avec les Griffondors et il déplaçait dans le château comme s'il en était le roi. Il lui faudrait mûrir avant qu'Harry ne désire vraiment l'approcher.

La seule élève qui l'exaspérait était une élève de Gryffondor, Hermione Granger, qui semblait prendre ombrage du fait qu'il avait systématiquement des meilleures notes qu'elle. Ils partageaient pourtant assez peu de cours ensemble, ils étaient plus souvent avec les Poufsouffles mais elle semblait toujours connaître ses notes. Elle ne cessait de l'approcher à la bibliothèque, regardant quels livres il consultait, tentait parfois même de jeter un œil sur ses devoirs. Cela l'obligea à ruser lorsqu'il souhaitait lire un livre qui n'était pas en rapport avec les cours de première année.

Le problème Granger, comme il l'avait appelé, se régla de lui-même à Halloween. Le Professeur Quirrell avait interrompu le dîner en criant au troll dans les cachots avant de s'évanouir. Les Serdaigles avaient tous religieusement suivi les instructions du directeur et s'étaient rendus dans leur salle commune pour finir leur repas. Harry se fit la réflexion que Dumbledore n'était pas plus logique que le reste de la population sorcière, mettant en danger deux des maisons qui avaient leur salle commune dans les cachots. Mais ça ne le regardait pas, après tout, il espérait jusque que son frère serait assez malin pour échapper à un troll, quitte à jeter un de ses camarades devant lui pour faire diversion.

Ce n'est que le lendemain matin qu'il apprit que deux élèves de Gryffondor avaient été gravement blessés par le troll dans des toilettes. Il semblerait, d'après les rumeurs (et l'oreille traînante d'Harry avait recoupé assez d'informations pour avoir une assez bonne idée de la réalité) que Granger était en train de pleurer dans les toilettes suite à une remarque désobligeante de Weasley peu avant le festin. Quand celui-ci s'est rendu compte que sa camarade n'était pas dans la Grande Salle lorsque le directeur avait ordonné à tout le monde de retourner dans les salles communes, il avait trouvé mieux de partir à sa recherche plutôt que d'informer un professeur. Le troll n'était visiblement pas dans les cachots puisqu'il les avait trouvé en pleine dispute et leur avait asséné un bon coup de massue.

Heureusement, aucun n'avait subit de blessure fatale mais les parents moldus de Granger avaient décidés de retirer leur fille de cette école trop dangereuse à leur goût (comme quoi, certains moldus avaient plus de jugeote que les sorciers).

Weasley avait reçu une Beuglante quelques jours plus tard. Sa mère semblait se rendre compte de la bêtise de son fils qui avait préféré plonger sans réfléchir et se désolait qu'il n'ait pas pu sauver sa camarade. Harry avait été atterré par l'attitude de cette mégère. OK, Ron Weasley n'était pas le couteau le plus aiguisé du tiroir mais c'était un Gryffondor ! Se jeter dans le danger sans réfléchir faisait presque partie des prérequis pour entrer dans cette maison ! Et mettre ainsi la honte à son fils en plein milieu du petit-déjeuner… Putain qu'il était content que les Dursleys ne connaissent pas l'existence des Beuglantes. Il n'osait pas imaginer le plaisir sadique qu'ils prendraient à lui en envoyer régulièrement. Enfin, s'ils n'avaient pas une peur viscérale de la magie, évidemment.

Harry observa de plus près encore le Professeur Quirrell par la suite. Il était vraiment très suspect et son évanouissement était aussi faux que la scène de mort de Bülent Kayabaş dans Sous l'empire de la haine (oui, il l'avait vu en passant la serpillière pendant que son oncle regardait le film, il avait dû se mordre la joue jusqu'au sang pour s'éviter de rire et de recevoir ainsi une mandale). Sa cicatrice le picotait à chaque fois que le professeur lui tournait le dos, c'était assez étrange.

Cette cicatrice était le résultat de l'Avada Kedavra de Voldemort. Pour qu'elle réagisse ainsi, c'est que quelque chose de louche se tramait autour de son professeur de DCFM et il comptait bien faire la lumière sur tout ça. Avec un peu de chance, il en apprendrait un peu plus sur le sorcier qu'il était censé avoir vaincu.

Quirrell dégageait une aura assez sombre lorsqu'on savait comment regarder, une aura en totale contradiction avec son apparente faiblesse. Il n'était pas aussi bon acteur qu'il le pensait, clairement, ses épaules se tenaient trop droites alors même que sa voix chevrotait, par exemple. Pour quelqu'un chez qui observer les autres est une question de survie, la supercherie était évidente.

C'est au mois de Décembre qu'Harry se décida qu'il devait parler avec lui. Il attendit la fin de la leçon du mercredi, c'était le dernier cours de la journée et lui permettait donc de discuter tranquillement.

- M… Monsieur Po… Potter ?

- Professeur, est-ce que je peux vous parler s'il vous plaît ?

- Ou… Oui, bien bien sûr.

Le jeune garçon décida de prendre un très gros risque, un risque qui pouvait tout lui faire perdre de ce qu'il avait accompli depuis la rentrée. Mais il avait une bonne idée de ce qui pouvait causer les picotements dans sa cicatrice et il voulait être sûr. Et, surtout, il avait observé à plusieurs reprises de petits regards soupçonneux de la part de Dumbledore et Snape vers Quirrell après l'histoire du troll, ce qui avait cimenté l'impression d'Harry envers celui-ci.

Il décida donc de laisser tomber partiellement son masque. Son visage se fit plus fermé, plus neutre, et son regard se fit plus perçant.

- Professeur, je me demandais quelle était la raison pour laquelle on apprenait la Défense contre les Forces du Mal sans jamais aborder exactement les sorts contre lesquels on apprend à se protéger. Ne faudrait-il pas apprendre tout autant les sorts sombres que leurs contre-sorts si l'on souhaite réellement s'en défendre ?

- V… Vous m'étonnez, mon… sieur Potter. L'enf… enfant d'une fa… famille du cô… côté de la L...l...lumière qui s'intéresse aux A… Arts sombres ?

- Oh, vous savez, professeur, il ne faut pas croire tout ce qu'on lit dans les livres. D'ailleurs, j'ai du mal à croire qu'un enfant de moins de deux ans puisse arrêter un sorcier aussi puissant que le Seigneur des Ténèbres. Et puis je trouve ça ridicule de tout classer entre la Lumière et les Ténèbres. Après tout, je peux tuer quelqu'un avec un sort de lévitation si je relâche la personne trop haut ou au dessus de quelque chose de dangereux et c'est un sort considéré comme de la magie blanche. C'est une question de perspective. Si l'on prend l'exemple du Fourchelangue, c'est considéré comme un don dangereux et maléfique en Grande-Bretagne alors que les personnes capables de parler aux serpents sont très recherchées en Inde car la magie guérisseuse en Fourchelangue est très puissante.

- Vous soulevez de très bon points. Mais n'allez pas parler de cela à d'autres professeurs, monsieur Potter. Tous n'ont pas un point de vue aussi ouvert que vous et moi. Que pensez-vous qu'il se soit passé le jour où vos parents sont morts si vous doutez de votre rôle lors de cet évènement ?

- Et bien, je pense que Lily Potter était très douée en runes. Il y a de fortes chances qu'elle ait effectué un rituel utilisant un sacrifice volontaire, le sien, pour me sauver et tenter de tuer le Seigneur des Ténèbres.

- C'est une théorie intéressante, en effet. Et plus crédible que la théorie sur l'Amour du directeur. Vous appelez votre mère par son nom ? Je ne perçois pas de tristesse particulière lorsque vous parlez de son sacrifice.

- Ah, c'est que j'ai été adopté par les Potter, donc ça n'est pas vraiment ma mère, n'est-ce pas ? Peut-être que si je l'avais plus connue, je la considérerais comme telle, mais ce n'est pas elle qui m'a élevé, au final.

- Oh ? Je n'étais pas au courant. Pourquoi me le dire, c'est une information à ne pas mettre entre toutes les mains.

- Je sais que je prends un risque, professeur. Mais je pense que vous garderez ce secret. En échange, je ne dirai à personne que vous faites semblant de bégayer et que ma cicatrice réagit quand vous me tournez le dos. Je suis sûr que Dumbledore adorerait être mis au courant de ça.

Harry accompagna sa dernière phrase d'un clin d'œil et d'un sourire en coin. Quirrell fronça les sourcils avant de se rendre compte qu'il avait effectivement oublié de bégayer, pris dans la conversation avec ce jeune garçon. Celui-ci ne correspondait déjà pas à l'image qu'il s'était fait du Survivant avant la rentrée, se montrant très talentueux et studieux, mais il venait à nouveau de changer de visage.

Comment Harry Potter ne s'était-il pas retrouvé à Serpentard ? Il manipulait tout le monde avec son visage d'élève modèle ! Tous les professeurs, excepté Severus, lui mangeaient dans la main et chantaient ses louanges en Salle des professeurs.

- Très bien, jeune homme, je garderai votre secret si vous gardez le mien. Je souhaite vous poser quelques questions avant que ce ne soit l'heure du dîner, si vous me le permettez.

- Je ne vous promets pas de répondre mais demandez-moi ce que vous voulez.

- Si vous avez été adopté, qui sont vos parents biologiques ? Le savez-vous ? Comment l'avez-vous appris ?

- Ah… Je préférerais ne pas le dire pour le moment, professeur. Je l'ai découvert lorsque j'ai été pour la première fois à Gringotts. J'ai passé un test d'héritage car je voulais en savoir plus sur ma famille et j'ai appris plus de choses que ce à quoi je m'attendais. Sachez juste qu'il ne s'agit pas d'une famille qui a l'air d'apprécier notre très cher directeur.

- Une famille sombre vous voulez dire ? Étonnant… Que pensez-vous de cela ? Et de la guerre qui a eu lieu ?

- Comme je vous l'ai dit, je trouve la distinction entre la magie blanche et la magie noire ridicule. Ce sont les deux facettes d'une même pièce, la magie est la magie, c'est tout. C'est la manière dont on l'utilise qui fait de nous quelqu'un de bon ou pas. Quant à la guerre… aaaaah, que dire… J'ai appris que j'étais un sorcier l'été dernier et les seules informations que j'ai eu à ce propos viennent soit d'Hagrid, donc de Dumbledore, soit des livres, donc du côté de la Lumière. Comment se faire un avis éclairé dans ce cas ?

- En effet. Par curiosité, qu'avez-vous entendu sur les objectifs du Seigneur des Ténèbres ?

- Oh, c'est le grand méchant, le monstre sous le lit. Il veut tuer tous ceux qui ne sont pas comme il faut, les moldus et les nés-moldus. Ou les réduire en esclavage, ça dépend du livre. Ah, et il distribue les sorts de torture comme des petits pains auprès de ses serviteurs et des sorts de morts auprès de tous ceux qui sont contre lui. Il ne vit que pour la torture, le viol et le meurtre.

- Et votre avis personnel ?

- Je n'ai pas assez d'informations à son sujet. J'aurais bien aimé m'approcher un peu plus des enfants de familles sombres mais Dumbledore me surveille. J'ai constaté que les tableaux tendent un peu plus l'oreille quand je suis proche, donc je ne peux pas me montrer plus que seulement poli avec eux dans l'enceinte de l'école. Par contre, ça m'étonnerait qu'il soit aussi mauvais que ça. Oh, je ne dis pas qu'il n'est pas capable d'être cruel ou de tuer, les Potter en sont un parfait exemple, mais je pense que le côté de la Lumière exagère grandement. Après tout, il n'aurait pas eu autant de personnes pour le servir si la seule récompense à attendre de lui avait été de ne pas être torturé. Et le côté « tueur fou » ne colle pas avec ses actions.

- Je vois. Je pense que nous allons nous arrêter là pour aujourd'hui, c'est bientôt l'heure du dîner. Toute cette conversation reste entre nous, évidemment. Et évitez de regarder Dumbledore ou Snape dans les yeux.

- Je sais. Je les ai senti plusieurs fois tenter de scanner mes pensées. Heureusement, j'ai trouvé un pendentif très utile dans un catalogue, il permet de repousser les lectures superficielles de l'esprit. Ça m'a coûté une petite fortune et ne bloquerait pas une attaque directe mais c'est déjà ça. Bonne soirée, professeur.

Harry repartit de la salle de classe après avoir remis son masque en place, rangeant seulement maintenant son livre dans son sac afin de donner l'impression d'avoir passé plusieurs minutes à poser des questions au professeur sur sa matière.

Cette entrevue avait été très enrichissante et le garçon n'avait plus aucun doute sur l'allégeance de Quirrell. Contrairement à ce qu'il avait pensé, il ne s'était pas senti menacé comme lorsque Dumbledore s'intéressait à lui. Au contraire, il s'était senti plus à sa place qu'il ne l'avait jamais fait. Étrange.