Merci pour vos reviews !
D'ailleurs, pour répondre à une review, Ginny est plutôt fidèle au canon dans le chapitre précédent. A 11 ans, elle était totalement fangirl (cf sa réaction quand elle le voit au Terrier ou le poème de St Valentin).
Pour la énième fois, Harry remercia intérieurement Voldemort, ou Marvolo comme il l'appelait.
Sans lui, jamais il n'aurait appris à lancer des sorts sans baguettes, et donc indétectables par le Ministère ni, plus particulièrement ce sort de compulsion. Un sort relativement innocent et tout à fait légal, très loin de l'Imperium, qui ne faisait que suggérer une attitude. Il était régulièrement utilisé par les parents sorciers pour inciter leurs enfants à bien se tenir ou à ranger leurs affaires.
Utilisé quotidiennement pendant près de deux semaines sur oncle Vernon, le sortilège d'Incitamentum permit au jeune garçon de ranger une autorisation de sortie pour Pré-Au-Lard bien à l'abri dans sa malle.
Oh, bien sûr, Vernon n'avait pas volontairement signé quelque chose qui faisait plaisir à son bon à rien de neveu. Non, le sort ne portait pas sur le fait de signer une autorisation de sortie, il n'était pas assez puissant pour aller contre la haine des Dursleys envers Harry. Il portait tout simplement sur le fait de ne pas lire les détails du document. Et quand le jeune enfant tremblant, tête baissée, épaules voûtées, présenta un papier qu'il présenta comme une autorisation parentale pour l'usage des châtiments corporels en cas de délits justifiant une telle sanction, le gros bonhomme sauta sur l'occasion et signa avec un grand sourire.
Sans le sort, il aurait tout de même jeté un œil, pour être sûr. Mais influencé comme il l'était, sa joie d'imaginer son neveu recevoir une bonne trempe surpassa sa maigre prudence.
L'été commençait plutôt bien, selon Harry, jusqu'à ce qu'il apprenne que la sœur de Vernon allait venir passer une partie des vacances avec eux.
Pour être honnête, ça n'avait pas été le paradis jusque là non plus. Aucun sortilège plus léger que l'Imperium ne pourrait forcer les Dursley à ne pas maltraiter leur neveu. Mais, au moins, ils n'avaient pas été pires que l'année précédente.
L'arrivée de « tante Marge » allait changer la donne. De tous ses tortionnaires depuis sa plus tendre enfance, elle avait toujours été la pire. Marge était aussi grosse que son frère mais semblait avoir une meilleure endurance quand elle battait un enfant. Elle pouvait administrer des coups de trique pendant un quart d'heure sans faiblir, contrairement à Vernon qui soufflait comme un buffle au bout de trois minutes. Et elle avait dressé son chien préféré, Molaire, à attaquer le garçon à son signal.
Une fois, elle l'avait laissé grogner sous un arbre dans lequel Harry s'était réfugier. Il avait dû attendre minuit pour que la mégère ne rappelle son molosse. Et le tout, bien sûr, avec une belle morsure saignante au mollet. Contrairement à Vernon et Pétunia, elle se moquait totalement du fait que les sévices soient sur des parties visibles du corps et ne se gênait pas pour le prouver.
Et tout ceci n'était que l'aspect physique. La maltraitance psychologique et émotionnelle dont elle faisait preuve aurait suffit à la faire arrêter et passer quelques années en prison, si quelqu'un daignait un jour s'intéresser à son cas.
Le jour redouté de son arrivée sembla venir trop tôt.
En arrivant dans la maison, elle jeta ses bagages sur Harry qui tomba lorsqu'un coin de valise entra en collision avec sa joue. Les quatre Dursley rirent pendant quelques secondes, le temps que le jeune garçon ne se relève et commence à monter les bagages dans la chambre d'amis. Pendant que le plus jeune s'attelait à la tâche, la grosse femme embrassa rapidement tante Pétunia avant de se jeter avidement sur « Dudlinouchet » en lui pinçant les joues. Elle lui mit, aussi discrètement qu'elle le pouvait (c'est-à-dire autant qu'un lot de casseroles tombant d'une étagère) une liasse de billet dans la main en même temps qu'elle lançait une remarque acerbe sur le jeune délinquant qui prenait trop de temps à monter ses bagages et menaçant de lancer Molaire à ses trousses pour qu'il se dépêche.
.oOÔOo.
Trois jours que Marge était présente. Trois jours qu'Harry goûtait à nouveau aux coups de ceinture de son oncle qui ne voulait pas passer pour un faible auprès de sa sœur, bien qu'il semblait déterminé à rester au dessus des vêtements, visiblement mal à l'aise avec l'idée que les « monstres » ne puissent voir les traces de coup à la rentrée. Trois jours que les insultes sur lui étaient permanentes, et deux jours depuis que les insultes sur ses parents avaient fait surface.
Le masque de « Harry, le garçon brisé, soumis et obéissant » n'avait jamais été aussi dur à tenir que maintenant qu'il avait goûté à des masques plus faciles comme le « Harry Potter, brillant et sympathique élève de Poudlard » ou « Harry, le gentil garçon qui se lie d'amitié avec une Gryffondor de première année ». Le bavardage incessant de la Weaslette, aussi pénible était-il, était d'une incroyable douceur en comparaison des « bâtard », « parents dégénérés », « complètement stupide » et autres compliments made in Marge Dursley.
Aussi Harry avait-il pris l'habitude de passer un maximum de temps à l'extérieur de la maison. Dès que ses corvées étaient terminées, il s'éclipsait dans le parc à proximité. Les nouvelles de l'évasion de Sirius Black aux informations tenaient les Dursley en alerte, interdisant à leur petite baleine de fils toute sortie. Harry était donc certain d'avoir la paix.
Il n'avait pas encore eu de nouvelles de Marvolo à propos de la remise du journal à Fenrir mais il pensait que ça n'allait plus tarder.
Alors que le jour commençait à décliner, il se décida à rentrer pour préparer le dîner. En arrivant dans le jardin, il vit la porte s'ouvrir et Marge sortir. Elle n'était pas sobre si l'on en croyait son léger titubement.
- Ah te voilà, toi. Qu'est-ce que tu fous dehors ? Tu deales, c'est ça ? Comme ton père ? Où t'es une pute, peut-être, comme ta mère ? Aussi inutile et bon à rien que tes parents, charogne. Et dire que mon si gentil frère a été obligé de t'accueillir. Il aurait mieux fait de te noyer, tiens. Ça aurait évité que tu ne gâches la vie de cette famille et que tu crées autant d'ennuis pour mon parfait Dudlinouchet. Douze ans qu'ils t'ont accueilli et comment tu les remercies ? Tu sors alors qu'un assassin est dans la nature ? ET POUR QUOI ? Ta dose de drogue ? Tu sacrifies la bonté de mon frère pour tes conneries !
Elle avançait lentement en même temps qu'elle parlait, son regard vicieux fixé sur le garçon. Celui-ci reculait lentement au même rythme. Marge sobre, c'était déjà quelque chose. Marge ivre pouvait devenir vraiment… tordue. La dernière fois que c'était arrivé, après un repas de Jour de l'An trop arrosé, elle l'avait enfermé dans le garage pendant toute la nuit après ne lui avoir laissé que son slip et un fin t-shirt. Et c'était après avoir tordu son poignet au point de le casser et l'avoir arrosé d'eau glacée. Le garage, non chauffé, était devenu un enfer pour Harry qui passa la nuit blotti dans un coin de la pièce où il avait trouvé de vieux tapis de voiture. Seule sa Magie l'avait sauvé de l'hypothermie.
Ce fut également la seule fois où Marge sembla regretter ce qu'elle avait fait. Pas par bonté d'âme, évidemment, mais parce qu'elle ne voulait pas être accusée de meurtre. C'était une limite qu'elle tenait à ne pas dépasser. Depuis ce jour, elle n'avait jamais bu plus que de raison. Sauf ce soir, visiblement.
- Tu sais, garçon… T'es un peu petit et frêle, comme le rejeton d'une portée. Y en a toujours un plus petit que les autres. Celui-là, je me charge tout de suite de mettre fin à ses souffrances. Molaire adore jouer un peu avec eux avant de leur briser la nuque ceci-dit. C'est peut-être la solution avec toi, après tout. Un chien errant qui passait par là alors que tu étais dehors à faire ce que font les délinquants. Ce n'est pas comme si tu manquerais à quelqu'un. Oui, c'est parfait, Vernon sera enfin libéré de toi, Pétunia sera enfin débarrassé du dernier souvenir de sa ratée de sœur et Dudley aura enfin tout l'amour de ses parents. Oui... MOLAIRE, ATTAQUE !
Le chien sortit de derrière l'imposante femme, babines retroussées, prêt à mettre fin à la vie de cet humain chétif comme il l'avait fait avec de nombreux chiots. S'il avait été plutôt hésitant avec les premiers, il avait pris goût à ce jeu de mort.
Harry partit en courant dans la direction opposée. Il savait qu'en cas de chien menaçant, il ne fallait pas courir mais Marge venait tout simplement d'ordonner à son molosse de le tuer. Qu'il soit un peu plus excité par la chasse ou pas, ça ne changerait pas grand-chose.
La panique envahissait son cerveau, bloquant toute réflexion. Il n'était plus un sorcier capable d'être sauvé grâce à un sort, il n'était plus le Harry qui avait échappé tant de fois à son cousin et ses amis, il ne voyait plus le paysage qui défilait autour de lui, il n'entendait plus rien d'autre que les grognements de Molaire, le bruit de ses pattes dont les griffes raclaient le bitume et se rapprochait de plus en plus. Ses côtes lui faisaient mal tant il respirait vite et les muscles de ses jambes brûlaient sous l'effort.
Ses pas l'amenèrent inconsciemment au parc. Là, il entendit un deuxième grognement, sans pouvoir déterminé d'où il venait.
Il sauta par dessus la barrière, sachant qu'il ne gagnerait même pas quelques précieuses secondes s'il allait jusqu'au portillon. C'est alors que, de derrière le toboggan, surgit un énorme chien noir.
D'un grognement féroce, celui-ci se jeta sur Molaire, le plaquant au sol et le mordant au flan. Le bouledogue se releva rapidement et une bataille pleine de crocs et de sang prit place.
Harry ne put rien faire d'autre que de s'écrouler par terre. Il était trop essoufflé pour s'enfuir, son corps arrivait au bout de ses capacités. Il avait des écorchures sur les avant-bras et les genoux suite à sa chute mais ça aurait pu être tellement pire qu'il n'y fit pas plus attention. Il se retourna sur le dos avant de s'asseoir péniblement et observa les deux molosses qui se battaient. Clairement, le chien noir avait l'avantage, Molaire saignait abondamment de plusieurs plaies tandis que l'animal inconnu ne semblait avoir subit que quelques morsures légères.
Dans un gémissement pathétique, Molaire finit par s'effondrer. Pour un autre chien, Harry aurait eu pitié de ces bruits d'animal blessé. Pour celui-là, il n'avait que du mépris. Ce n'était pas entièrement sa faute, évidemment, il avait été dressé par Marjorie Dursley. Mais vu le nombre de cicatrices qu'il possédait et qui avaient été engendrées par ces crocs, il ne pouvait pas ressentir de pitié. Peut-être en aurait-il eu s'il n'avait pas été une de ses victimes.
Le regard d'Harry se tourna vers le chien noir. Celui-ci fixait le chien mourant en se léchant les babines. Ses crocs étaient teintés du sang de son adversaire. Puis, lentement, comme ayant déterminé que Molaire ne représentait plus de danger, il se tourna vers le garçon.
Harry déglutit, ne sachant pas si le chien l'avait protégé ou s'il était sa prochaine victime. Constatant que l'enfant reculait, le chien poussa un gémissement puis s'abaissa sur ses pattes avant, remuant légèrement la queue dans une posture non agressive et plutôt joueuse.
- HARRY !
Le garçon et le chien sursautèrent tous les deux en entendant cette voix grave. Harry n'eut pas le temps de se retourner qu'il se sentit attrapé par deux bras puissant et relevé. Ses yeux verts plongèrent dans deux yeux ambrés visiblement inquiets.
- Fenrir !
Harry ne savait pas trop quoi dire. Il laissa le grand homme l'examiner sous toutes les coutures, s'arrêtant au niveau de ses écorchures comme pour en juger la sévérité. Une fois son examen complété, l'homme ferma ses bras autour de lui, l'enlaçant dans une étreinte puissante.
Le chien qui avait observé Fenrir en retroussant les babines jusque là sembla immédiatement se calmer. Sa tête était penchée sur le côté comme s'il trouvait la situation bien curieuse.
- Je vais bien, Fenrir. Ce chien noir m'a aidé, il m'a défendu contre Molaire.
- Je sais louveteau, je sais. Il n'empêche que t'as dû avoir une sacré frayeur. Heureusement que ce clébard était là pour te sauver, je ne serais pas arrivé à temps.
Harry ne put que hocher de la tête. Maintenant que l'adrénaline commençait à retomber, il se rendit compte qu'il se sentait atrocement faible, aussi bien physiquement que moralement. Une sensation piquante avait fait son apparition dans ses yeux. Il se rendit alors compte qu'il commençait à pleurer. Il n'avait pas pleuré depuis bien longtemps mais la peur qu'il avait eu suivit de l'étreinte presque paternelle du grand homme avait relâché une pression en lui dont il n'avait pas conscience avant.
- Chhhht, tout va bien louveteau, chhhh.
Sentant les jambes du plus jeune lâcher, Fenrir les fit descendre lentement, s'asseyant par terre et prenant Harry sur ses genoux. Le chien s'approcha d'eux et s'allongea, gardant la tête haute pour observer la scène.
- Nan, tout va pas bien ! Elle a voulu me tuer ! Putain !
De gros sanglots sortirent de sa gorge.
- Qui, louveteau ? Qui a osé lâcher cet animal sur toi ?
- La sœur de mon oncle ! Je… J'ai toujours su qu'elle me détestait. Ils me détestent tous dans cette famille mais… Mais merde ! Putain ! Cette salope a voulu me tuer, vraiment me tuer !
- Chhhh… Tu sais quoi, petit. Tu vas venir avec moi. Rien à foutre de ce que veut le vieux bouc ou notre ami commun. Je te laisse pas une seconde de plus avec ces ordures.
- Mes affaires sont là-bas…
- Hmm… Je peux pas m'approcher de ta maison. Y a comme une barrière autour contre les gens comme moi.
- Comme vous ?
- Ils vont se coucher quand, ton oncle et tes tantes ?
- Oh, dans au moins deux ou trois heures.
- Hmmm… Quand ils seront couchés, tu iras dans la maison et tu récupéreras tes affaires. Après, tu reviens ici et je t'emmène.
Harry regarda l'homme. Si, lors de leur première rencontre, il avait ressenti une certaine crainte envers l'homme, il se sentait à présent totalement en sécurité dans ses bras. Mais il restait quelqu'un d'assez rationnel pour insister. Faire confiance aveuglément n'était pas son style.
- Qu'est-ce que vous entendez par « des gens comme vous » ?
- Ah, tu lâches pas l'affaire hein. Bon, un indice, je n'ai pas pu venir la semaine dernière à cause de ce que je suis.
La semaine dernière ? Harry réfléchit en fronçant les sourcils. Qu'est-ce qui était différent entre la semaine dernière et cette semaine ? Quelque chose de naturel, forcément, si ça avait un rapport avec ce qu'il était. Fenrir était-il une créature ? Si oui, quel type ?
Il remit les pièces du puzzle en perspective par rapport à ce qu'il avait lu sur les créatures magiques humanoïdes. Yeux ambrés, grande force physique (il l'avait soulevé comme s'il ne pesait pas plus qu'une feuille, quelques minutes auparavant). Pas un vampire, il faisait grand jour la première fois qu'il l'avait vu. Et… mais bien sûr ! Depuis qu'il le connaissait, Fenrir l'avait appelé « louveteau » et c'était la pleine lune le mercredi de la semaine dernière. Harry se serait bien frappé le front de frustration quant à son aveuglement. C'était tellement évident !
- Loup-garou ?
- Yep, loup-garou. Je n'ai pas la moindre idée de la raison pour laquelle une barrière contre les loups-garous a été installée autour de chez toi, par contre. Contre les Mangemorts, je comprends, et elle existe, j'en suis sûr, mais contre les lycans… On n'est pas si nombreux que ça et on en a rien à foutre du Garçon-qui-a-Survécu, sans vouloir te vexer.
- Hmm… Quand j'ai été dans le coffre à Gringotts, j'ai trouvé un journal de mon père et de ses amis. Apparemment, un de ses amis proches était un loup-garou.
- Oh ? Qui donc ? Je le connais forcément.
- Remus Lupin. Et… Oh je suis stupide. Sirius Black était un ami de mon père. Je savais bien que j'avais entendu parler de lui quelque part ! Il est désigné comme mon parrain d'adoption sur mon test d'héritage.
Le chien sembla relever les oreilles, comme s'il était surpris de ce que venait de dire Harry. Le regard du garçon, lui, se fixa intensément sur l'animal.
- D'adoption ?
- Longue histoire, plus tard.
- Ok. Lupin… ça me dit quelque chose. Je sais que j'ai volontairement contaminé le fils de Lyall Lupin, ça doit être lui.
Le chien sembla grogner sourdement mais semblait attendre la suite.
- Le gamin était malade. Malformation cardiaque. Incurable. Il aurait dû mourir avant son dixième anniversaire. Je savais que de devenir un loup-garou le sauverait mais son père était un imbécile. Selon Lyall, les loups-garous étaient des « créatures dépourvues d'âme, diaboliques, ne méritant que la mort » et tant pis si son gosse crève alors que je pouvais le sauver. Je ne supporte pas la douleur des enfants, mon loup ne supporte pas qu'un jeune souffre. Donc je l'ai mordu.
Les deux discutèrent encore un long moment de nombreuses choses. Harry en apprit plus sur la nature du loup-garou et sur ses instincts, se rendant compte que ce qu'il avait lu avait été écrit par des gens qui n'y connaissaient pas grand-chose. D'après ce qu'il avait compris, Remus Lupin aurait dû avoir pour instinct de protéger Harry comme s'il était son propre louveteau. Et pourtant, le garçon n'avait jamais vu ni entendu parler de lui.
Lorsque minuit sonna, les trois se relevèrent et se dirigèrent vers Privet Drive. Fenrir s'arrêta au bout de la rue, il ne pouvait pas aller plus loin. Il demanda à Harry de prendre le chien avec lui. Celui-ci semblait intelligent et semblait s'être rapidement attaché au garçon. Si son oncle ou son horrible tante se réveillaient pendant qu'il était dans la maison, il serait défendu.
Harry se faufila jusqu'au numéro 4 et ouvrit la porte d'un Alohomora sans baguette. Le chien le suivit sans hésitation dans la maison, reniflant partout où il passait. Harry dû supprimer un ricanement lorsque l'animal décida soulager sa vessie sur les chaussures posées dans l'entrée. Au pire, ils croiront que le chien de Marge était encore plus dégoûtant que ce qu'ils pensaient.
D'un pas léger, habitué à faire le moins de bruit possible dans cette maison où faire comme s'il n'existait pas était la norme, il monta l'escalier jusque dans sa chambre. Attrapant sa malle, il lui rendit sa taille normale afin d'y ranger les quelques affaires qu'il avait sorti pendant son séjour.
Une fois la malle rétrécie et rangée dans sa poche, Harry posa un genou au sol, se mettant au niveau du chien.
- Merci, Sirius.
Le chien sembla sursauter.
- Non, reste comme ça. On aura le temps de parler plus tard. Mais je voulais que tu saches que je ne pense pas que tu sois celui qui a trahi les Potter. Mais il faut aussi que tu saches plusieurs choses sur moi avant que tu décides de m'accompagner ou pas. Et si tu décides de ne pas m'accompagner, ça n'est pas grave non plus. Je te demanderais juste de garder tout ce que je vais dire pour toi si tu me rejettes.
Le chien poussa un petit gémissement.
- Tout à l'heure, j'ai dit que tu étais mon parrain d'adoption et c'est la vérité. Avant ma première rentrée à Poudlard, les gobelins m'ont fait passer un test d'héritage. Je ne suis pas le fils des Potter. Lily était bien enceinte mais a perdu le bébé mi-juillet. Moi, j'étais né en juin avec mon jumeau. Lily et James m'ont adopté le 31 juillet, date à laquelle Henry Potter aurait dû naître. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui s'est passé mais mes parents biologiques ne savent même pas qu'ils ont eu deux fils et pas un. Il ne s'agit pas d'un abandon mais bien d'un kidnapping. Je ne sais pas si les Potter sont ceux qui m'ont kidnappé, on m'a dit que ça ne leur ressemblait pas, ou si quelqu'un d'autre m'a pris et m'a confié à eux… Toujours est-il que c'est louche.
Harry laissa quelques minutes à Sirius pour digérer la nouvelle. Il finit par hocher de la tête, comme pour signifier que cela ne changeait rien pour lui.
- Oh attends, ça n'est pas tout. Je me doutais que ce ne serait pas cela qui te ferait fuir. Mon père biologique est un Mangemort, Sirius, membre du Cercle intérieur. Et… Disons que je suis moi-même très loin d'être un fan de Dumbledore.
Les poils du chien se hérissèrent.
- Oh, ça va hein. Tu crois que c'est qui qui m'a placé ici après la mort des Potter ? Dumby est parfaitement au courant de ce qui se passe ici, il est impossible qu'il en soit autrement, je suis trop important à ses yeux. Et il s'en fout. Pire, il semble d'accord si j'en crois toutes les fois où quelqu'un s'est inquiété et a mystérieusement changé d'attitude quelques jours plus tard. Et puis, j'ai vraiment lu le journal que vous avez écrit. Tu ne trouves pas ça bizarre que Dumbledore accepte un loup-garou à Poudlard, comme ça, par bonté d'âme, et pas les autres. Pourquoi faire une exception pour le fils de Lyall Lupin, un homme qui voue une haine sans nom aux loups-garous si ce n'est pour se le mettre dans sa poche ? Et pourquoi placer des barrières contre les loups-garous si le dernier ami de mon père libre de venir me voir est un loup-garou ? Fenrir n'est pas un tendre, ça se voit et ça se ressent. Mais tu as vu comme il a réagi ce soir quand il a pensé que j'étais blessé. Et, ne te leurre pas, on n'est pas des amis de longue date. En fait, on s'est vu moins d'un quart d'heure l'été dernier.
Le chien sembla se calmer.
- Je ne te demande pas de réponse immédiate, bien sûr. Mais si tu souhaites vraiment faire partie de ma vie comme tu sembles vouloir le faire, tu vas devoir remettre beaucoup de choses en question.
Le chien hocha tristement de la tête. Tout n'était pas réglé mais Harry avait l'impression que Sirius allait sérieusement réfléchir avant de prendre une décision.
