Severus était sorti rayonnant de la cérémonie de remise de prix. Au grand dam des autres élèves de sixième année, il avait raflé les meilleures notes dans toutes les matières – excepté en métamorphose, où le quatuor des Maraudeurs, Dieu savait comment, l'avait emporté sur lui. Dumbledore était descendu de son estrade pour le féliciter personnellement, allant jusqu'à lui tapoter la joue. Severus avait l'impression de rêver. En cette fin d'année scolaire, ses efforts payaient au-delà de toutes ses espérances. Cette revanche, écrasante, compensait les heures qu'il avait passées à étudier pendant que ses congénères s'amusaient. Le dépit de Sirius, à lui seul, valait un royaume ! Après cela, se demandait Severus, James oserait-il encore le prendre pour souffre-douleur ? Le jeune Gryffondor, qui lui jetait un regard torve, semblait impressionné par sa réussite. Mais peut-être n'était-ce que l'euphorie qui lui faisait croire cela…

Les bras chargés des livres reçus en récompense, Severus était ensuite passé au bureau de Slughorn, comme celui-ci l'en avait prié. Son directeur lui avait offert un siège avant de lui déclarer, d'une voix solennelle, qu'« à une exception près », il était l'élève le plus doué qu'il eût jamais eu en classe. Il avait, notamment, souligné ses « aptitudes exceptionnelles » en défense contre les forces du mal. Les pieds de Severus ne touchaient plus le sol, car cette matière était, de loin, sa favorite et la seule qui comptât réellement à ses yeux.

Puis Slughorn l'avait brusquement pris par les épaules :

« Maintenant écoutez-moi bien, Mr Rogue, avait-il ajouté en plantant son regard dans le sien. Vous êtes brillant, très brillant. Mais, de toute évidence, ce savoir ne vous vient pas seulement de ce que vous apprennent vos professeurs à Poudlard. Alors ne vous trompez pas de voie. »

Severus n'avait pas écouté Slughorn : il s'était seulement étonné qu'il se crût obligé de parler aussi bas alors qu'il n'y avait personne pour les entendre. Slughorn lui avait encore dit :

« Il me déplairait fortement, ainsi qu'au professeur Dumbledore, que vous tourniez aussi mal que votre prédécesseur ».

Severus, qui n'était pas dans les secrets de Poudlard, n'avait pas osé demander quel était ce « prédécesseur » ni ce que Slughorn entendait au juste par « tourner mal ». Certes, comme tout le monde, Severus avait entendu parler des mages noirs, de leurs pouvoirs hors-normes et de la traque dont ils faisaient l'objet de la part des Aurors. Mais il ne comprenait pas ce qu'on pouvait reprocher à des sorciers qui n'avaient cherché, selon son interprétation, qu'à porter la science magique à son plus haut degré d'excellence – fût-ce au prix de la morale. Au fond de lui, ces êtres en marge les fascinaient. Et la perspective de finir à Azkaban n'y changeait rien.

Severus avait hoché mollement la tête face à Slughorn puis, sans plus y penser, il était reparti avec son tas de livres. Il aurait de quoi s'occuper cet été, pensait-il, se régalant d'avance. Mais tous ces livres, qui pesaient lourd, l'encombraient. Aussi prit-il le chemin de sa chambre avec l'idée de les ranger sous son lit avant d'aller déjeuner. Il traversa le hall, puis s'engagea dans l'interminable couloir conduisant à l'escalier qui desservait les dortoirs des garçons. Son pas était léger, sa tête ailleurs et les silhouettes qu'il croisait par intermittences n'avaient, pour lui, pas plus de consistance que des ombres.

Soudain, Severus sentit qu'on le bousculait ; une épaule venait de heurter la sienne. Les livres lui échappèrent des mains, lui tombant un à un sur les pieds. Son regard interloqué rencontra alors le reflet d'une fenêtre dans les lunettes de James. Le Gryffondor, dont le visage était, en cet instant, indéchiffrable, l'avait forcément fait exprès : le couloir était assez large pour qu'on pût y passer à deux. D'autant qu'en cet instant, ils s'y trouvaient seuls.

Severus, résigné, s'attendit à ce que James l'insultât ou le frappât, comme il l'avait si souvent fait par le passé : il n'avait pas dû digérer les louanges que Dumbledore lui avait adressées lors de la remise des prix.

C'est alors que l'impensable se produisit : sans cesser de dévisager Severus, James murmura d'une voix nerveuse, presque inaudible : « Excuse, Rogue ». Severus s'entendit répondre : « Pas grave… Potter ». Severus avait eu une légère hésitation au moment de prononcer le patronyme de James, qui mettait entre eux une distance incongrue. Mais James ne venait-il pas lui-même de l'appeler Rogue ?

Severus s'avisa que c'était la première fois que James et lui s'adressaient la parole sans s'alpaguer. Alors, même si ce qu'ils venaient de se dire était d'une platitude absolue, il y vit un progrès dans leur relation. Comme pour signifier à James que l'incident était clos, il se pencha afin de ramasser ses livres, mais James, pris d'une impulsion, le précéda. Genou à terre, il se mit à rassembler les livres épars en une pile un peu désordonnée. Severus le regardait faire. Lorsque James les lui remit dans les bras, ce fut avec une telle brusquerie que Severus, déséquilibré par leur poids, faillit tomber à la renverse.

Le jeune Serpentard avait alors senti les mains de James effleurer ses poignets comme si celui-ci, craignant de le voir tomber, avait cherché à retenir sa chute.

« Décidément, grommela James, tête baissée, en rangeant ses mains dans les poches de son pantalon. Ce n'est pas mon jour. »

Puis il recula d'un pas et fit volte-face, laissant Severus à ses conjectures.

Bientôt l'attention de Severus fut distraite par Mulciber, son camarade de maison, qui, sans qu'il sût comment, avait fait irruption à côté de lui. Malgré la couleur peu seyante de l'uniforme des Serpentard – une sorte de vert de vase qui donnait l'air malade – Mulciber était d'une beauté indécente.

« Félicitations, Severus ! lui dit-il avec un grand sourire. Tu nous as tous épatés ! Heureusement que tu étais là pour sauver l'honneur de Serpentard ! »

Et, faute de pouvoir serrer la main de Severus, il le contourna pour lui donner une brève accolade. Severus, pantois, se cramponna à ses livres. Il s'efforçait de chasser de son esprit le souvenir du corps nu de Mulciber, la source de ses premiers émois.

« Merci, s'était-il contenté de bredouiller une fois qu'il eût repris sa respiration.

– Avery et Rosier proposent qu'on fête ça demain aux Trois Balais, qu'en penses-tu ? »

Mulciber lui avait presque soufflé ces derniers mots à l'oreille. Severus se sentit vaciller. Des félicitations, une attention de James, de nouveaux amis. Cela commençait à faire beaucoup de bonheurs en une seule journée.

Et puis les grandes vacances étaient venues. Chacun, de son côté, était retourné dans sa famille. Pour Severus, cela signifiait réintégrer le taudis où se terraient ses parents, au fond de l'impasse du Tisseur, à la triste réputation. Et, de nouveau, endurer les vociférations de son père et l'indifférence inhumaine de sa mère. Pauvre comme l'étaient ses parents, Severus n'avait jamais goûté à l'insouciance que donnent les voyages.

Severus passa ainsi une grande partie de l'été reclus dans sa chambre, à lire et à annoter ses livres. Sa bibliothèque recouvrait, à présent, la totalité du mur. Dans son appétit insatiable de connaissances, il avait assimilé depuis bien longtemps le programme de la septième année, qu'il était censé étudier l'année suivante. Désœuvré, il inventait des sorts qu'il expérimentait sur les créatures qui grouillaient autour de lui, consignant soigneusement chacune de ses trouvailles en marge de son manuel de potions. Il progressait si vite dans ses expériences qu'il arrivait, certains jours, qu'il se fasse un peu peur à lui-même. Mais sa passion pour la magie noire le dévorait trop pour qu'il songeât à faire machine arrière. Et puis c'était le seul moyen, avec Lily, qu'il avait trouvé pour s'évader de son quotidien désespérant.

Severus et Lily se voyaient plusieurs fois par semaine. Car Lily avait décidé, cette année-là, de passer l'été au domicile de ses parents : elle n'avait plus l'âge des colonies ni des vacances en famille. Au fil des semaines, la relation entre Lily et Severus avait pris une tournure intime : la jeune femme ne craignait plus d'inviter son ami à la maison en soirée – lui n'aurait jamais osé l'inviter chez lui tout court – même en présence de sa sœur, laquelle s'abstenait désormais de critiquer leur « amitié ».

Leurs conversations tournaient principalement autour des recherches de Severus. Car ce dernier ne manifestait aucun intérêt pour les « sujets de moldus », comme il disait : le scandale politique en cours, les chansons qui passaient à la radio, les derniers résultats de la coupe du monde de football, tout indifférait le sorcier qu'il se vantait d'être.

Parfois, ils se faisaient des confidences. Severus parlait alors à Lily de ses doutes, de ses peurs et même de ses sentiments pour elle. Depuis qu'il avait révélé sa vraie nature, il se sentait libre de le faire. Les contacts physiques ne lui répugnaient plus comme autrefois. Il lui arrivait même, les soirs où ils étaient seuls, de partager le lit de Lily ou de la serrer contre lui. Quant à Lily, sans cacher son attirance pour Severus, elle semblait s'être fait une raison. Bien sûr, ils évitaient de parler de James.

Ce soir-là, les parents de Lily étaient absents : ils passaient la semaine chez un couple d'amis, dans la villa que ceux-ci possédaient au bord de la mer. Quant à l'encombrante Pétunia, elle était sortie dîner avec un jeune homme rondouillard prénommé Vernon – il était venu la chercher tout à l'heure, engoncé dans un costume ridicule, un bouquet bon marché à la main. Lily et Severus, hilares, les avaient discrètement regardés s'embrasser depuis la fenêtre de la chambre de Lily.

Allongés face à face sur le lit de Lily, les amis d'enfance flirtaient gentiment :

« J'ai l'impression que, depuis qu'il nous a vus au parc, mon père me méprise un peu moins, racontait Severus avec un sourire triste. Selon sa conception des rapports entre les sexes, si on discute avec une femme, c'est pour la draguer.

– Pourtant, tu ne faisais que me parler de ce que tu avais trouvé sur l'occlumancie...

– J'imagine que cela a suffi pour faire germer un fol espoir dans sa cervelle de Moldu, poursuivit Severus d'un ton ironique. La créature efféminée qui lui sert de fils serait-elle, au final, un homme ?

– D'autant qu'il commence à te pousser un début de barbe, le taquina Lily en lui frottant le menton.

– Tu vas voir : il va me filer du fric pour que j'aille au bordel.

– Tu te fais du mal, Sev'. Tu t'en fiches de ce qu'il pense ! »

Ils furent interrompus par un hibou, qui toquait à la vitre avec son bec. Lily se leva pour ouvrir la croisée. Le hibou portait un message attaché à la patte. Lily défit le lien, lut l'identité de l'expéditeur : « Leonor », glissa le papier dans son corsage et renvoya le hibou. En cette fin d'été, il faisait très chaud dans la chambre, située sous les combles. Lily laissa la fenêtre ouverte et revint s'assoir à côté de Severus. Lui était toujours allongé, ses souliers usés posés à côté du lit, bien alignés. Il avait un peu défait sa chemise – il avait mis celle qu'il portait à Poudlard car c'était la seule qui fût présentable.

À présent, avec Lily, ils ne parlaient plus ; ils s'observaient. Severus sentait que Lily brûlait d'envie de lui dire quelque chose.

« Ça me manque, finit-elle par geindre. Ces vacances sont interminables. Ça ne te dirait pas que… qu'on se fasse un peu plaisir tous les deux ? »

Severus la regarda d'un air intrigué :

« Plaisir comment ? demanda-t-il, subodorant que ce « plaisir » n'avait rien de chaste.

– C'est très simple, repartit Lily d'un ton faussement détaché. On fait souvent ça avec mon amie. On ne se déshabille pas, on ne se parle pas, on ne se regarde pas…

– On ne se touche pas », coupa ironiquement Severus.

Lily eut un petit sourire, puis elle acheva sa phrase :

« On se fait juste des choses avec les mains et chacun a le droit de penser à qui il veut. »

Il fallut moins d'une fraction de seconde à Severus pour comprendre. Il faisait vraiment très chaud dans cette chambre.

« Et on ne s'embrasse pas non plus ? tint-il à s'enquérir.

– C'est une obsession, chez toi ! s'exclama-t-elle dans un rire. Tu as peur qu'on t'aspire l'âme façon détraqueur ? Mais rassure-toi : l'idée n'est pas du tout de faire l'amour… juste de se… dépanner. »

L'expression arracha un éclat de rire spontané à Severus. Cela ne lui arrivait pas souvent de rire. Aussi Lily ouvrit-elle de grands yeux.

« Oh, Lily ! ahanait Severus. Tu es vraiment… mais alors vraiment…

– Sans-gêne ? tenta Lily.

– Pragmatique ! compléta Severus qui riait toujours. Tu as dû être un homme dans une autre vie ! »

Lily le regardait avec un sourire hésitant, comme si elle s'interrogeait sur la manière d'interpréter sa réponse. Severus retrouva vite son sérieux :

« S'il est bien clair que tout ceci n'engage à rien, alors d'accord. »

Vu l'état de ses relations avec Lily, Severus n'était pas certain que ce « dépannage » fût une bonne idée, mais sa frustration était telle qu'il se sentait désarmé face à la proposition de Lily. Cela faisait au moins deux mois qu'il n'avait pas touché un garçon. Clairement, il n'en pouvait plus de se contenter tout seul. Et il ne se voyait pas aller braconner chez les Moldus. Enfin et surtout, il ne doutait pas que Lily, qu'il avait déjà eu l'occasion d'échauder, respecterait les termes de ce drôle de marché.

« Montre-moi juste comment tu fonctionnes, acheva-t-il, pris d'un léger malaise à la pensée que Lily était une fille.

– Ce n'est pas compliqué, lui répondit Lily en s'allongeant tout contre lui. Mais d'abord, fermons les yeux ».

Severus s'exécuta. Lily déboutonna à peine son pantalon, juste assez pour pouvoir y couler sa main et agripper sa verge. De son autre main, elle s'empara de sa main à lui et la guida sous sa jupe avant de la faire glisser dans sa culotte. Severus sentit alors sous ses doigts des replis chauds et humides au milieu desquels saillait une espèce de renflement turgescent. Il comprit, au geste qu'imprima Lily à son poignet, qu'elle voulait qu'il la caresse là, précisément. Alors il le fit. La sensation était étrange, mais pas aussi désagréable qu'il l'aurait imaginée. D'abord il frotta avec son pouce, comme s'il cherchait à gommer quelque chose, puis il se mit à alterner pincements et effleurements. Il entendait Lily qui respirait très fort dans son cou. Manifestement, il s'y prenait bien.

« Minute, Sev', il faut qu'on le fasse en même temps. »

Elle aussi se mit à le masturber, mais sans entrain, désorientée par le zèle avec lequel les doigts de Severus la titillaient. Soudain, la pression de sa main sur le sexe de Severus se relâcha : au petit gémissement qui lui échappa et à la manière dont son corps se contorsionna, Severus comprit qu'elle était en train de jouir. Il ne résista pas à la tentation de déciller légèrement les paupières pour regarder son visage ; mais Lily enfonçait sa tête dans l'oreiller.

Après quelques secondes d'hébétude, la main de Lily reprit ses mouvements. Mais Severus, qui avait laissé la sienne là où elle se trouvait, était curieux d'emprunter de nouvelles pistes ; avec son index, il fit le tour du petit renflement, explora l'intérieur des plis, qui devenait de plus en plus poisseux, puis se hasarda à introduire un doigt, qui fut immédiatement happé par le sexe de Lily. Les hanches de la jeune femme se soulevèrent. Tout en remuant légèrement l'index qu'il avait glissé en elle, Severus caressa à nouveau le petit renflement. Cette fois-ci, il voulait la faire crier un peu, pour voir ce que ça faisait. Il y parvint sans peine. Lily, maintenant allongée sur le dos, vint une seconde fois, sans plus chercher à lui dissimuler le plaisir qu'il lui procurait.

Severus la fit ainsi jouir plusieurs fois d'affilée, émerveillé de la facilité avec laquelle il parvenait à lui faire atteindre l'extase juste en manœuvrant le bouton de chair dont elle lui avait révélé l'existence. Tout à son plaisir, Lily avait complètement cessé de s'occuper de lui. Mais cela ne dérangeait pas Severus : il trouvait le sien à la voir toute rouge et décoiffée. Elle ne lui avait jamais semblé aussi belle. Il enviait sa capacité à avoir des orgasmes si rapprochés. Et, lorsqu'à l'approche de l'acmé il la sentait vibrer contre lui, il jalousait l'homme qui, un jour, saurait l'aimer. En attendant, cela ne lui coûtait pas grand-chose de lui rendre ce service, pensait-il.

« Sev', arrête de jouer avec moi ! le disputa Lily entre deux spasmes. Je n'en peux plus ! Comment veux-tu que je me concentre sur toi !

– Je ne suis pas pressé, lui répondit Severus d'un ton nonchalant. Vu comme je suis en manque, je viendrai bien assez vite. »

Et il ajouta malicieusement :

« Et puis j'adore te regarder prendre ton pied.

– On avait dit qu'on ne regardait pas ! » tonna Lily en rouvrant les yeux.

Elle eut une moue vengeresse, mais ne semblait pas si fâchée :

« N'espère pas t'en tirer comme ça ! »

Lily retourna la main fouineuse de Severus dos sur le matelas et l'immobilisa fermement par le poignet. Puis, de son autre main, elle empoigna sa verge et se mit à l'ouvrage avec une telle ardeur qu'au bout de deux minutes, à peine, Severus ondulait des hanches en roulant des yeux.

« Pas si vite, méchante », haleta-t-il d'une voix suppliante.

Mais Lily, les yeux dans les siens, ne semblait pas vouloir lui accorder le moindre répit. Bien au contraire, elle redoublait d'efforts. Les paupières de Severus se crispèrent : il agrippa les draps et se mit à penser très fort à James. Quelques secondes plus tard, il se déversait dans la main de Lily avec un râle qu'il s'efforça d'étouffer du mieux qu'il put – au cas où Pétunia rentrerait plus tôt que prévu. Après cela, ils restèrent immobiles quelques minutes.

Lily rabattit sa jupe sur ses genoux, se leva, essuya sa main dans un mouchoir qui traînait sur sa coiffeuse puis elle revint se coucher, s'allongeant sur Severus, qui s'était reboutonné. Joue contre joue, ils s'étreignirent longuement. Lily, épuisée de plaisir, finit par s'endormir entre ses bras.

Severus, lui, était resté éveillé, les yeux grand ouverts. Il se demandait si Lily avait pensé à lui ou à un autre pendant qu'elle jouissait. Au fond, il n'était pas sûr de vouloir savoir.

Cet été-là, sur un coup de tête, Sirius avait fugué du domicile familial, trois jours à peine après y être revenu. Il n'avait pas même emporté une valise avec lui. C'est ainsi que les parents de James, d'un naturel compréhensif, lui avaient proposé de l'héberger pour le reste des vacances. Sirius ne s'était pas fait prier. Mais lorsque James avait cherché à en savoir davantage sur les raisons qui l'avaient poussé à prendre la clef des champs, Sirius était resté évasif : il n'était pas du genre à s'épancher, lui avait-il expliqué en se roulant une cigarette. James avait dû lui céder une partie de ses habits, sous-vêtements compris. Et il avait fallu découdre l'ourlet des pantalons, car Sirius mesurait une bonne demi-tête de plus que lui. En plus, il mangeait comme un ogre.

Les premières semaines, les deux complices, grisés par la liberté d'aller et de venir comme ils voulaient, avaient enchaîné les blagues d'un goût douteux et les coups pendables : lancer des bombabouses sur d'innocents passants, se rendre à des fêtes clandestines où on fumait de drôles de produits ou encore s'introduire de nuit chez une famille de Moldus avec l'intention de les faire hurler de peur en ensorcelant leurs objets du quotidien. Ils couraient toutes les filles qu'ils pouvaient, même les moches. Plusieurs fois, ils s'étaient retrouvés, ivres morts, à dormir dans un fossé.

Mais, un mois plus tard, pour James, le cœur n'y était plus. Certes, Sirius avec ses fous rires, sa désinvolture étudiée et son rejet absolu des règles continuait d'exercer sur lui le charme de l'insouciance. Mais James s'était rendu compte qu'il grandissait plus vite que son ami. Sirius était resté un gamin : en toutes circonstances, il se comportait de manière puérile, inconséquente, parfois cruelle. James, lui, avait entamé un début d'auto-critique. Il trouvait irrespectueux de réduire les filles à des proies comme le faisait Sirius. Il surveillait désormais son langage. Et uriner sur les fraises du voisin ne le faisait plus rire.

Un jour que la maisonnée déjeunait sur la terrasse, l'odorat de James fut attiré par un melon éventré dont s'échappait un écœurant parfum de sucre cuit. Oublié en plein soleil sur une desserte, il avait fini par éclater sous l'effet de la chaleur. Bientôt, des guêpes se mirent à tournoyer autour de la béance de chair d'où dégoulinait une lave de jus et de pépins.

« James, veux-tu bien remporter le melon à l'intérieur ? cria sa mère en fendant l'air de sa tapette à mouches. Vous ne trouvez pas que les guêpes sont mauvaises, cette année ? C'est bien la cinquième fois que je me fais piquer ! »

James se leva de mauvaise grâce. Pourquoi fallait-il toujours que ce fût à lui qu'on demandât des services et pas à Sirius, qui se levait à midi, se promenait en caleçon devant sa mère et vidait le réfrigérateur en pleine nuit ?

Alors que James ramenait le melon à la cuisine, il remarqua qu'un frelon s'était immergé dans la pulpe du fruit. Il s'affairait à l'en déloger avec le manche d'une cuillère lorsqu'une image remonta à la surface de sa conscience avant d'éclater à la manière d'une bulle d'air. James revoyait Severus assoupi, la tête renversée en arrière ; au-dessus de lui, Remus se penchait pour chasser le frelon qui s'était posé sur son front.

Ce souvenir fit à James l'effet d'un éblouissement. Il en avait le tournis. C'était incompréhensible, grotesque même. Il connaissait à peine Severus. Il n'avait jamais eu de vraie conversation avec lui. Il lui semblait qu'ils n'avaient aucun point commun. Il aurait même été incapable dire ce qu'il ressentait au juste lorsqu'il le croisait. Malgré tout, en ce mois d'août torride, où il n'avait pas plu une goutte et où le sommeil était impossible, sa présence lui manquait.

« James, mais qu'est-ce que tu fabriques ! aboya Sirius depuis la terrasse. Encore en train de te branler ? »

Échappant aux mains de James, le melon explosa au sol en répandant partout son contenu.

James fut déçu de ne pas croiser Severus sur le quai 9 ¾. Alors il inspecta chaque compartiment du Poudlard Express à sa recherche. En pure perte. Il n'eut pas davantage de succès à la descente des diligences. Il ratissa ensuite la cour du château où se pressait la foule des élèves, là encore en vain. Cela ne fut qu'au moment de monter le grand escalier du hall d'entrée qu'il l'aperçut enfin.

Severus lui tournait le dos. Il avait coupé ses cheveux de quelques centimètres – ils ne touchaient désormais plus ses épaules – et semblait s'être encore étiré : avait-il grandi ? Ses omoplates pointues creusaient un pli horizontal dans le dos de sa cape de voyage. Le cœur de James se mit à battre plus vite. Et il cessa de prêter l'oreille aux récits que se faisaient Sirius, Remus et Peter, tout à leur joie de se retrouver après deux mois de vacances.

Severus tourna alors son visage anguleux vers Lily, qui gravissait les marches à ses côtés, et James décela l'ombre d'une barbe sur ses joues. Indifférent à la cohue qui les entourait, Severus montra à Lily un petit livre à la couverture usée qu'il avait tiré de sa poche. Fronçant les sourcils, Lily lui fit signe de le ranger. Une fois arrivés en haut de l'escalier, les deux amis se séparèrent pour suivre leurs groupes respectifs. Et James perdit Severus de vue.

« Hé, James, arrête donc de la zieuter comme un puceau ! pouffa Sirius, qui avait remarqué que son ami ne l'écoutait plus. Tu ferais mieux de te secouer pour la mettre dans ton lit. »

James sentit monter en lui une vague envie d'égorger Sirius. Par chance, Remus, qui semblait, lui aussi, avoir eu une absence, changea habilement de sujet de conversation.

Comme elle semblait loin, l'époque où James mettait la tête de Severus dans le porridge, s'amusait à bourrer les poches de sa cape de souris mortes ou le faisait léviter tête en bas devant ses amis hilares ! Désormais, leurs relations se résumaient à un évitement systématique.

Depuis la rentrée, ils avaient réussi à n'échanger aucun mot ni le moindre regard. Lorsqu'ils se trouvaient dans la même pièce, leurs yeux jouaient à cache-cache. L'un relevait la tête quand l'autre la baissait. lls s'arrangeaient pour n'être jamais à côté ou en face l'un de l'autre. Et lorsqu'ils devaient se dire quelque chose, ils passaient par des intermédiaires.

Si James avait fini, après bien des réticences, par s'avouer ses sentiments pour Severus, il s'accrochait à l'espoir qu'ils allaient lui passer, comme pour un mauvais rhume. Severus, lui, s'était résigné à ce qu'ils durent aussi longtemps qu'ils se côtoieraient. Bref, les deux garçons trouvaient une forme d'apaisement à se tenir à distance.

Et puis il y avait eu, un samedi après-midi, ce match de Quidditch où ils n'avaient pas pu s'éviter.

Ce jour-là, l'équipe de Gryffondor devait affronter celle de Serpentard. James abordait la rencontre avec sérénité. Bien que les Serpentards, pris isolément, fussent des joueurs de valeur, ils manquaient cruellement d'esprit d'équipe : chacun semblait vouloir tirer la couverture à soi. Il n'était pas rare qu'ils se querellent en plein match ou claquent la porte en cours d'année. Comme les années précédentes, il n'avait fallu que deux mois aux Gryffondor pour prendre une avance confortable sur eux. James, qui officiait au poste d'attrapeur, avait joué un grand rôle dans ce succès.

Mais quand James entra dans le stade à la suite de ses coéquipiers, sa confiance en lui s'envola. Il ne lui avait fallu qu'une fraction de seconde pour le reconnaître : parmi ses adversaires, déjà alignés au milieu du terrain, balai à la main, se tenait Severus, les cheveux attachés. Flottant dans sa tenue censée être moulante, il détonait complètement au milieu des carrures athlétiques de ses coéquipiers. James le trouva inexplicablement beau.

« Mais qu'est-ce qu'il fout ici, celui-là ? souffla-t-il à Jones, son capitaine, en montrant Severus du menton.

– Tu n'avais pas remarqué son nom sur la liste des joueurs ? répondit Jones d'un ton détaché. Paraît que c'est Mulciber qui l'a convaincu de s'y remettre. Depuis un mois, il l'entraîne chaque jour pour le remettre à niveau. D'ailleurs, Rogue monte un de ses balais, un Nimbus princeps. Ça n'a pas l'air de t'enchanter, James. Pourtant, vu ses résultats il y a quelques années, je pense qu'on n'a aucun souci à se faire. Les Serpentards doivent être à l'os pour avoir recruté un bras cassé comme lui.

– Il joue à quel poste ? avait demandé James d'une voix blanche ; il détestait déjà ce Mulciber.

– Au même que le tien. Gardien de but, ça ne lui a pas trop réussi. Avance un peu, James ! » lui intima Jones d'une tape dans le dos.

Il était d'usage que les adversaires se donnassent l'accolade avant de s'élancer dans les airs. Mais lorsque James et Severus se retrouvèrent face à face, ils se regardèrent à hauteur d'épaule sans faire un geste l'un vers l'autre. Croyant qu'ils se snobaient, l'arbitre les rappela à l'ordre :

« Le fair play, messieurs, le fair play ! »

Leurs coéquipiers respectifs commençaient à les fixer d'un regard intrigué.

James, décontenancé, exécuta alors une espèce de prise de lutte gréco-romaine qui faillit faire chuter Severus. Quant à ce dernier, il lui marcha sur les pieds. Dans la confusion, leurs joues s'étaient frôlées. Ils se dévisagèrent alors avec l'air de ne plus savoir où ils habitaient. L'arbitre leva les yeux au ciel d'un air consterné. Puis, la main en l'air, il siffla le début de la partie. Les deux garçons mirent bien cinq secondes à s'arracher de la pelouse.

Ce jour-là, James fit le pire match de sa vie. Et Severus, le meilleur – ce qui, vu le contexte, n'avait rien d'un exploit. Et ce furent les Serpentard qui gagnèrent.

Depuis une semaine, Remus semblait dépérir comme une plante privée d'eau. Ce n'était pas comme les autres fois. À la fatigue, dont Remus était coutumier, s'ajoutait une tristesse si tenace qu'elle lui faisait régulièrement venir les larmes aux yeux. Severus, assis face à lui, s'évertuait à lui tirer les vers du nez. Mais Remus restait muet comme une tombe.

« Remus, tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il y a ? » chuchota Severus pour la troisième fois au-dessus d'un grimoire qui sentait le moisi.

Comme Remus et Severus n'appartenaient pas à la même maison et que l'automne était déjà bien avancé, les lieux où ils pouvaient se retrouver sans éveiller les soupçons n'étaient pas nombreux. Attablés dans un coin de la bibliothèque, ils faisaient mine de faire leurs devoirs d'histoire de la magie.

« Un coup de fatigue, c'est tout, chuchota Remus à son tour. Je dors mal en ce moment, comme je te l'ai dit. C'est pour cela que je suis à fleur de peau. Mais pourquoi t'inquiètes-tu, Severus ? Te serais-tu décidé à m'aimer ?

– Je t'aime bien, ce n'est déjà pas mal, non ? rétorqua Severus, toujours sur le qui-vive. Je te rappelle que tu es mon seul ami à Gryffondor. Mais peut-être est-ce précisément cette amitié qui te pèse ? Devrions-nous arrêter de nous voir ? »

Severus n'en pensait rien : il ne disait cela que pour pousser Remus à lui confier la vraie raison de sa mélancolie.

« Ton amitié est l'une des choses qui donnent du sens à ma vie, murmura Remus en décochant un regard qui retourna les entrailles de Severus. Ça m'a permis de relativiser beaucoup de choses, à commencer ce que je ressens pour les garçons. Seulement…

– Quoi ? rebondit Severus, qui sentait que l'écheveau des confidences était sur le point de se dévider.

– Je ne sais pas si je devrais te le dire, mais… tu sais, il y a quelques mois, quand on… l'a fait dans les toilettes… quelqu'un nous a entendus… et, vu qu'à un moment on a dû crier nos prénoms, il nous a reconnus… »

Le cœur de Severus lui descendit dans le ventre ; il se sentit suer.

« Qui ça ? » chevrota-t-il en jetant des regards anxieux autour de lui.

Heureusement, autour de lui, il ne vit que des têtes studieusement penchées.

« Stebbins, un Poufsouffle, tu le remets ? »

Severus posa son livre à la verticale, comme un paravent, et fit doucement non de la tête.

« Je ne sais pas à combien de personnes ce type l'a raconté, ni… dans quel niveau de détails il est entré, mais cela a fini par arriver aux oreilles de Sirius. Il l'a mal pris, forcément ; lui « ne mange pas de ce pain-là », comme tu sais. »

Severus eût voulu rentrer sous terre ; forcément, cela devait finir par se savoir.

« Depuis, Sirius n'arrête pas de me faire de prétendues « plaisanteries ». Avec toi, il prend moins de gants, il répand des rumeurs : tu sucerais les garçons dans les douches ; tu te ferais prendre par Slughorn sur son bureau après les cours ; et le mieux : lors d'un après-match arrosé, toute ton équipe de Quidditch te serait passé dessus.

– Je ne suis pas un parangon de vertu, mais tu n'en crois rien, n'est-ce pas ? » feignit de s'amuser Severus.

Avec Remus, ils se racontaient sans gêne leurs expériences sexuelles respectives – c'était la seule personne au monde avec laquelle Severus osait faire ce genre de choses.

« Mais dis-moi, Black a beaucoup d'imagination ! ironisa Severus. Je vais finir par croire qu'il fantasme sur moi ! Il ne baise pas assez, peut-être ? Regarde ton livre, bon sang, les autres vont finir par nous remarquer.

– Hier soir, en ouvrant les rideaux de mon lit, j'y ai trouvé une fille nue, reprit Remus, l'air choqué. Elle m'avait fait du pied quelques jours plus tôt. Poli comme je suis, je n'avais pas osé la détromper. Là-dessus, Sirius, qui avait remarqué son manège, l'a embobinée en lui disant que j'étais trop timide pour me déclarer, que je voulais coucher avec elle. Il l'a aidée à entrer dans le dortoir des garçons et elle est allée se fourrer dans mon lit pour m'y attendre. Imagine ma gêne ! C'est comme si Sirius essayait de me salir.

– Il espère plutôt te guérir, rectifia Severus en mettant la main devant sa bouche. Mon Moldu de père aussi, il croit que c'est une maladie. »

Il eut un sourire triste.

« Et James, tu penses qu'il sait ? osa-t-il enfin demander ; la question le tracassait en réalité depuis le début.

– Il n'y a pas fait allusion, mais… comme il est cul et chemise avec Sirius, je suis quasiment certain qu'il est au courant. Du reste, depuis quelques jours, je le trouve distant avec moi. Tout comme Peter, d'ailleurs. On s'est même disputé hier, pour une broutille… »

Par-dessus l'écran que formait le livre, Remus lança à Severus un regard désappointé qui semblait dire « pardon » :

« Je sais que cela ne fait pas tes affaires vis-à-vis de James…, murmura-t-il.

– Au point où on en est, de toute façon », rétorqua Severus en tournant une page.

Tout en faisant semblant de regarder par la fenêtre, Remus laissa échapper un soupir à fendre l'âme :

« Et dire que j'étais fier d'être leur ami… d'avoir réussi à me faire accepter d'eux... Sirius, surtout, c'était mon modèle : beau garçon, je-m'en-foutiste, une prestance incroyable. James, je le voulais le voir comme un type adorable sous ses airs m'as-tu-vu. Quant à Peter… intellectuellement, certes, il est limité, mais, en tant que camarade, je me disais qu'il n'y avait rien à redire : loyal, discret, toujours prêt à donner un coup de main !… Je crois que j'ai tout foutu en l'air… »

Remus mit une main devant les yeux. Il ne pouvait plus parler. Par la fenêtre tourbillonnaient les feuilles mortes. Après un temps d'hésitation, Severus saisit la main de Remus sous la table et la serra très fort. S'il n'y avait pas eu, autour d'eux, tous ces gens pour les juger, il l'aurait pris dans ses bras.

Personne n'avait trop su pourquoi les choses avaient dégénéré. Cela s'était passé en cours de potions, un matin où ils étaient censés étudier les philtres de recouvrance. Désireux de prévenir toute velléité de bavardage, Slughorn avait eu la mauvaise idée de placer Sirius et Severus l'un à côté de l'autre. Le ton était rapidement monté entre les deux élèves. Des insultes avaient fusé. Puis des claques. Severus avait vidé un flacon entier d'Empestine sur la tête de Sirius. En réaction, ce dernier s'était jeté sur lui avec l'intention manifeste de lui mettre la tête dans son chaudron. Lily avait hurlé. Sous le regard médusé de Slughorn, James et Mulciber étaient intervenus pour séparer les deux garçons.

Mulciber avait alors tenté de raisonner Severus, mais celui-ci ne paraissait pas décidé à se calmer. Alors que Sirius était toujours ceinturé par James, Severus en avait profité pour lui allonger une droite en plein visage. Sirius s'était débarrassé de James, qui avait fini dans l'armoire à manuels, puis il avait attrapé Severus par les cheveux, le forçant à s'agenouiller devant lui avant de lui bourrer le ventre de coups de genoux. James avait cru bon de s'interposer. Il en avait été récompensé d'un coup de tête de Severus, qui pensait viser Sirius. Peter avait alors jailli de sa place pour régler son compte à Severus avant d'être rattrapé in extremis par Remus. Tout le monde avait sorti ses baguettes.

Dans la confusion générale qui suivit, plusieurs chaudrons furent renversés ; un début d'incendie se déclara ; Shughorn s'égosillait ; il fallut évacuer la salle en catastrophe. Tout le monde échoua à l'infirmerie. Sirius en fut quitte pour un œil au beurre noir et une cloison nasale déviée. Severus s'en tira avec trois côtes fêlées. Quant à James, il n'avait à déplorer que des contusions et une grosse douleur à la mâchoire. Les belligérants finirent dans le bureau de Dumbledore, que personne n'avait jamais vu aussi furieux. Comme ni Sirius ni Severus ne voulurent s'expliquer sur les motifs de leur rixe, ils furent placés en retenue jusqu'à Pâques.

« Je ne t'avais jamais vu te battre, fit remarquer Lily à Severus le lendemain. Je ne savais même pas que tu en étais capable.

– Moi non plus », murmura Severus d'un air songeur.