Chapitre 34 - Deus Ex Machina

Note de l'auteur : Les nonnes fictives peuvent être détraquées, pour faire plaisir. Profitez de l'hommage à Orgueil et Préjugé (2005) dans la dernière partie du chapitre.


Le ciel fut assombri par les tourbillons des robes noires.

"Qu'est-ce que c'est ?" demanda un loup-garou.

"Qui est-ce ?" demanda un autre.

"... Des nonnes ?" dit le premier.

"Est-ce que tu plaisantes ?" dit Greyback.

Les loups-garous regardèrent au-dessus d'eux avec confusion.

Puis ils recommencèrent à rire.

Les nonnes bougeaient ensemble dans les airs avec une fluidité collaborative qui aurait pu être un avertissement pour Greyback, s'il n'avait pas été si occupé à hurler de rire.

Quelques loups-garous lancèrent des sorts. Ils reçurent d'impitoyables contre-sorts qui les laissèrent défigurés sur le sol, la majorité de leur visage ayant disparu.

Il y eu un peu de choc, un peu de dissonance cognitive contre laquelle lutter. Certains des loups-garous commencèrent à crier et à se regrouper. Greyback était toujours hors d'haleine à force de moquer.

Les nonnes s'alignèrent au-dessus d'eux et, baguettes pointées vers le bas, lancèrent ensemble une sorte de Petrificus totalus actif sur un grand périmètre qui figea tout le monde sur place.

Drago sentit ses membres se raidir en plus des effets du sort qu'il avait reçu. Granger devint anormalement raide. Le rire de Greyback se figea sur son visage ensanglanté.

Le silence tomba.

Une petite nonne aux cheveux blancs, qui volait au-dessus des autres, lança un sort de détection sur le cratère.

Greyback fut illuminé en rouge.

La nonne claqua la langue en signe de désapprobation. Avec un mouvement de baguette, elle fit flotter le corps rigide de Greyback jusqu'au centre du cratère et le fit tomber avec un craquement dans la boue et le sang près du rocher.

"Enlevez les innocents," dit-elle en français, agitant la main.

Il y avait de l'impériosité dans son geste - elle était habituée à commander. C'était la Prieure.

Un contingent de nonnes vola plus bas et fit léviter des silhouettes hors du champ de bataille. D'après les insignes sur leurs capes, c'était les Aurors et les agents du Département de la Justice Magique. Drago vit les formes de Tonks-Granger, Buckley et Goggin s'élever.

Puis voilà qu'il était lui aussi en lévitation, heurtant Granger, Potter et Weasley. Ils furent déposés tout au sommet de la crête.

Quand les innocents furent tous écartés et que seuls les hommes de Greyback demeurèrent dans le cratère, la Prieure reprit de l'altitude.

"Pouvons-nous faire l'Invocation ?" demanda-elle.

Les nonnes, ricanant de nouveau, tournoyèrent au-dessus du champ de bataille sur leurs balais. Des fils de magie violets brillèrent entre elles jusqu'à former un pentagramme flottant.

La Prieure leva sa baguette, tout comme ses sœurs. Elles entonnèrent un chant grave en latin. Des décharges de magie occulte parcoururent l'air - sombres, interdites et dangereuses.

Une forme se matérialisa là où les courants de magie se concentraient au centre du cratère. C'était un crâne de bouc souriant, silencieux et inerte.

"Qui sera notre agneau sacrificiel ?" demanda la Prieure.

Une nonne fit flotter un sorcier à la tête ensanglantée - l'un de ceux qui avait commencé à attaquer les nonnes. "J'ai un pêcheur."

Le pêcheur fut lévité vers le crâne du bouc.

Ses cris, étouffés par sa langue pétrifiée et sa mâchoire serrée, résonnaient dans le cratère silencieux.

La nonne vola au-dessus de lui et le rapprocha, jusqu'à ce que son front s'appuie contre l'arrière du crâne.

Il y eut un éclair de lumière rouge. L'homme se relâcha. Il avait maintenant l'air grotesque, une marionnette suspendue avec une tête cornue surdimensionnée.

La nonne reprit sa place dans le pentagramme aéroporté.

Le crâne trembla, puis frémit, puis se secoua.

Ses orbites, enveloppées d'ombre, furent éclairées par deux flammes rouges.

Le corps de l'homme s'allongea et se déchira. De l'intérieur de lui, une forme se tordit et prit naissance - un être de Feudeymon et de ténèbres, déchirant le tissu entre les mondes.

Granger avait bel et bien ouvert les portes de l'enfer.

Alors qu'elle se frayait un chemin vers l'existence, la chose vomit un son provenant du crâne du bouc qui était à moitié un rire impie, à moitié un cri de douleur. C'était de la souffrance, mais il y avait dedans une hideuse impatience.

Les membres prirent forme. La chose était grande. Le crâne pendait au bout d'un long cou. Des ailes filandreuses, noires et dégoulinantes d'abominables sécrétions, se déployèrent.

Deux sabots fendus se posèrent sur le sol et en firent une terre impie.

Il n'y avait aucune lueur de conscience dans les yeux flamboyants de la chose. Seulement une terrible soif de mort.

Les nonnes, éclatant de rire, levèrent leur sort de paralysie dans l'enceinte du pentagramme.

Ce n'était pas pour donner une chance aux loups-garous.

C'était pour le jeu.

Le rire déchirant du démon se mêla à celui des nonnes. L'enfer dans les yeux, il se jeta sur les loups-garous.

La moitié d'entre eux essaya de s'enfuir, l'autre moitié lança des sorts. Une serre courbée frappa cinq d'entre eux et laissa des cadavres dans son sillage. Du feu liquide fut dégorgé et en brûla une douzaine sur place. Le coup brûlant d'une aile laissa un groupe d'hommes debout, sans la partie avant de leur corps - sans visage, sans peau, seulement des tripes et des os. Ils tombèrent avec un bruit humide.

Ceux qui essayaient de courir se retrouvaient encerclés par le pentagramme, repoussés et rejetés vers les sabots fourchus du démon.

Il y eut un bruit de crânes écrasés et un rire rauque et surnaturel de la créature.

Dix sorts mortels fusèrent dans un éclair vert et frappèrent le démon en même temps. Ils n'eurent aucun effet. La chose n'était pas vivante - c'était le prince d'un monde souterrain, et ils ne firent qu'attiser son feu.

Les lanceurs de sorts furent éviscérés.

Les nonnes tenaient leur pentagramme. Le démon n'osait pas ou ne pouvait pas aller au-delà, mais cela n'avait pas d'importance - il trouvait son plaisir dans ces limites impies.

Son déchaînement était écœurant, hideux, parfait. Les cris et les rires se mêlaient en un chœur épouvantable. Les cris devenaient de plus en plus faibles à mesure que le démon progressait dans son festin. Il n'y avait plus que le bruit de son terrible plaisir et du fracas des os.

Il garda Greyback pour la fin.

Greyback s'enfuit d'un bout à l'autre du pentagramme, le martelant désespérément de malédictions. Les religieuses rirent. Il leur lança des sorts mortels. Elles esquivèrent et rirent de plus belle.

Le démon aperçut sa dernière victime. Le crâne du bouc s'inclina. Un panache de flammes sortit de ses narines noires.

Greyback paniqua et courut. Il se fraya un chemin dans le pentagramme et fut repoussé en arrière.

Il atterrit aux pieds du démon. Il planta un sabot fourchu au centre du torse de Greyback.

Drago eut le grand plaisir de voir Greyback déchiré, membre après membre, et mangé.

Le massacre était terminé.

Il y avait eu deux cents hommes de Greyback dans ce pentagramme. À présent, rien ne bougeait plus à l'intérieur, sauf le démon. L'air était fétide de soufre et de sang coagulé par la chaleur.

Les religieuses entonnèrent un autre chant d'une voix haute et pure : le Notre Père.

Pater noster, qui es in caelis,

Sanctificetur Nomen Tuum;

Adveniat Regnum Tuum;

Fiat voluntas Tua,

Sicut in caelo, et in terra.

Tandis que la prière se déroulait , les religieuses avançaient sur leurs balais. Le pentagramme se mit à rétrécir.

Un halo céleste brillait à présent au-dessus de la tête de chaque nonne. Leurs crucifix flottaient autour de leur cou et une lumière pieuse en émanait.

Le démon siffla et cracha des panaches de feu infernal alors que les limites du pentagramme se rapprochaient de lui. Le cratère tremblait de ses cris discordants et infernaux alors qu'il était poussé vers l'intérieur, et encore vers l'intérieur, jusqu'à ce qu'il se recroqueville en une boule sombre.

mais délivre nous du mal.

Car c'est à toi qu'appartiennent

Le règne, la puissance et la gloire

Pour les siècles des siècles.

Amen.

Tout ce qui resta du démon fut le crâne du bouc, puis celui-ci disparut à son tour dans un éclair rouge.

Les auras sacrées entourant les nonnes disparurent. Elles brisèrent le pentagramme et commencèrent un survol tranquille du champ de bataille, frappant de sortilèges tout membre de la meute de Greyback qui tressaillait encore.

La Prieure survola Drago et Granger, sa baguette levée. Elle regarda son insigne d'Auror et la blouse de laboratoire de Granger et continua son vol.

Drago, pétrifié par elle, à la fois physiquement et métaphoriquement, n'avait jamais été aussi heureux de ne pas avoir retenu l'attention.

Les nonnes étaient satisfaites de leur victoire absolue. Elles invoquèrent une pluie battante - d'eau bénite, du déluge de la Genèse - qui éteignit les feux laissés par le démon et lavèrent le sol impie.

Elles levèrent la paralysie du reste du champ de bataille.

Alors que les sorcières et les sorciers commençaient à s'asseoir avec des exclamations et des gémissements, une des nonnes jeta une boîte entière de poudre de Cheminette dans le feu de Granger.

Il devint vert. Les nonnes se jetèrent dans les flammes et disparurent.

Les suites de la bataille furent un désordre de boue, de sang et de confusion. La protection Anti-Transplanage était tombée. Quelqu'un convoqua des Médicomages, qui transplanèrent dans le cratère et distribuèrent des potions et des soins à ceux qui en avaient le plus besoin.

Deux d'entre eux travaillèrent sur Drago et Granger jusqu'à ce qu'ils se soient assurés qu'ils étaient stables. Ils passèrent à Potter et Weasley, qui gémissaient tous les deux suffisamment pour confirmer qu'ils étaient bien vivants.

Drago et Granger se regardèrent - sales, découpés, meurtris et battus. Le visage de Granger était constellé d'une grande éclaboussure de sang. Des gouttelettes décoraient ses joues dans une fine brume, ruisselant à présent alors que la pluie les emportait. Drago sentit l'humidité sur son visage et sut qu'il était décoré façon similaire ; un peu du sien, un peu de celui des autres.

Ils se redressèrent et se touchèrent les mains, le visage, les épaules, laissant échapper une série de questions - es-tu blessé, bon sang, est-ce qu'ils t'ont eu, est-ce que tu vas bien, peux-tu te lever, es-tu sûr que tu vas bien, je t'ai vu te faire toucher, peux-tu marcher, oh, Dieu merci, tu vas bien, tu vas bien, tu as failli te faire tuer, espèce de stupide et foutu idiot-

Ils se remirent sur pied. Il tenait son cher visage meurtri dans ses mains et elle tenait le sien dans les siennes.

Il l'embrassa, doucement, sous l'averse, doucement, contre sa lèvre fendue, doucement, dans les larmes, la pluie et le sang.

Elle glissa ses bras autour de son cou, se leva sur la pointe des pieds et lui rendit son baiser. Drago connut alors le bonheur. Le bonheur était elle, vivante, ses yeux remplis de larmes qui débordaient, son cœur qui battait à tout rompre contre son torse. C'était de savoir que la plus grande menace qui pesait sur elle était morte et avait disparu, c'était la beauté des jours à venir qu'il osait à peine imaginer, c'était la sensation de ses doigts dans ses cheveux, c'était le frisson d'elle, mi-pleurant, mi-riant, c'était son murmure de tu es vraiment un idiot contre sa bouche.

Elle enfouit son visage contre son torse et laissa échapper des sanglots de soulagement et de joie.

Il y avait du mouvement autour d'eux. Potter et Weasley étaient debout. Tonks, ayant de nouveau son apparence habituelle, boitait vers eux, tout comme Goggin et Buckley.

Alors qu'il tenait Granger contre son cœur, Drago, franchement, n'en avait rien à faire des opinions de ses collègues. Il ne se souciait que d'elle - de cela - de cette catastrophe exquise, de ce beau et stupide désastre.

Il y eut des exclamations, puis des sourires, puis Weasley gloussa et dit "Continue, mon pote," et Potter éclata de rire et dit "Je te l'avais dit, je te l'avais dit, putain."

Granger cacha son visage dans la cape de Drago, secouée par ce qui devenait un fou rire hystérique.

Tonks, un œil enflé et fermé, mis un poing sur sa hanche et les observa avec des lèvres pincées. "Je suppose que c'était à propos de ceci que tu voulais me parler ?"

"Oui," dit Drago. "Je - heu - ne suis plus capable d'être objectif-"

"C'est marrant, j'avais deviné à l'instant, en te regardant te jeter devant un sort pour elle," dit Tonks. "Tu n'es plus sur la mission Granger, Malefoy."

"Parfait," dit Drago, un large sourire sur son visage.

Tonks secoua la tête, mais il y avait un sourire sur son visage aussi.

"Désolé d'interrompre vos ébats, mais quelqu'un peut-il expliquer ces foutues nonnes ?" demanda Goggins avec un geste vers le ciel.

Tous les yeux étaient maintenant tournés vers Granger.

"Elles - heu - elles me devaient une faveur," dit Granger.

"Une faveur ?" dit Potter, la regardant avec émerveillement. "Tu as carrément fait appel à la cavalerie, Hermione."

"Je suis inspirée," dit Tonks. "Je pense que ce démon ferait un bon Auror."

Le groupe parcourut le champ de bataille boueux, à la recherche de collègues, de baguettes ou - dans le cas de Drago - de morceaux de bijoux de famille.

La baguette de Drago était située près du feu de Granger. Celle de Granger était dans un tas gluant de ce qui ressemblait étrangement à de la chair humaine mâchée par un démon près du rocher.

Elle l'en arracha avec une grimace. "Je crois que c'est tout ce qu'il reste de Fenrir Greyback."

Drago pointa sa baguette vers le tas de viande hachée carbonisée et dit, "Accio bague Malefoy."

Une pièce d'argent déformée surgit vers lui - pas du tas mais d'un endroit quelques mètres plus loin.

Granger grimaça. "Oh non - il me l'a arrachée et l'a réduite en miettes, aussitôt qu'il m'a vue la tourner-"

"C'est réparable," dit Drago, empochant la bague endommagée. "Tout l'est."

Elle le regarda avec un petit sourire. "Tout l'est, oui."

"On rentre à la maison ?"

"Oui, s'il te plait - allons-y."

ooo

Au Manoir, ils se douchèrent et se retrouvèrent dans le petit salon à l'arrière de la maison.

Granger descendit dans son pyjama le plus épouvantable.

Henriette et Tupey reçurent une version expurgée des événements de la journée, afin qu'ils ne deviennent pas hystériques. De l'opimum fut infusé pour apaiser le choc et atténuer le bilan émotionnel de la journée.

Granger raconta son enlèvement - tel qu'il était. "Quelqu'un a trafiqué la Cheminette du labo."

"Quoi ?!"

"Oui, je sais. Il était censé n'y avoir que deux connexions - le labo et le Manoir. Je suis entrée dedans pour venir ici - et je te promets que j'ai dit Manoir Malefoy - et l'instant d'après, j'en émergeais dans un cratère et ce monstre était devant moi. Ils m'ont désarmée dès mon arrivée. Greyback m'a vu tourner la bague et me l'a arrachée - je pensais qu'il allait m'arracher les doigts, il était tellement violent. Il m'a frappée parce que j'avais essayé d'appeler à l'aide. Cette enflure. Et, bien sûr, Fernsby ne m'avait pas suivie dans la cheminée - je venais directement ici, il n'avait aucune raison de le faire…"

Drago se mit à faire les cent pas. "Qui a trafiqué la putain de Cheminette ? Je vais - je ne vais même pas utiliser ma baguette, je vais les étrangler à main nues. Et les putains de nonnes ?"

Granger, qui était blottie sur un canapé avec ses bras qui entouraient ses jambes, enfouit son visage dans ses genoux et rit. "Je n'arrive toujours pas à croire que ça ait marché."

"Comment ?"

"Après avoir eu un aperçu de ce dont elles étaient capables au monastère, quand j'ai rendu le crâne, j'ai pensé qu'il serait utile de - heu - d'exploiter les nonnes pour notre bénéfice, si c'était possible."

"Evidemment."

"Lorsque j'ai renvoyé le crâne, j'ai fait semblant d'être une collectionneuse qui l'avait acheté à un gang de voleurs. J'ai dit aux Bonnes Sœurs que je le leur rendais parce qu'il était conscient et qu'il méritait d'être dans sa propre maison - cela me semblait mal de le garder. J'ai dit que s'ils voulaient se venger du gang, je pourrais les aider. Je leur ai dit à quel sort de pistage il fallait prêter attention - que je l'activerais quand le moment serait venu pour elles d'exercer leur vengeance.

Granger avala sa salive. "Je ne m'attendais pas à ce qu'elles l'exercent avec autant d'intensité… Quoi qu'il en soit, je m'entraîne à ce foutu sort de Cheminette depuis des semaines et des semaines. Finalement, j'ai réussi à le faire en trois minutes. C'est aussi difficile que Portus - peut-être même pire - je déteste ça et je ne le lancerai plus jamais. Le spécialiste de la Cheminette qui est venu dans mon laboratoire m'a donné un tutoriel décent et j'ai étudié le reste. Je savais que les nonnes ne pourraient pas transplaner de l'autre côté de la Manche, mais si j'avais une connexion de Cheminette ouverte où que je sois lorsque j'activerais le sort de suivi, alors nous aurions une chance…"

Drago était trop abasourdi pour faire un commentaire articulé. Il dit simplement. "Putain, Granger," et frotta ses paumes contre son front.

"Je sais," dit Granger. "Je suis peut-être la plus grande goule opportuniste d'entre nous deux."

Il la regarda fixement. Elle rit encore dans ses genoux.

"Mais - en parlant de suivi - comment m'as-tu trouvée ?" demanda-elle. "Quand Greyback a détruit la bague, j'étais convaincue que j'étais bonne pour - il n'y avait aucune chance que tu aies eu le temps de tenter de transplaner jusqu'à moi."

"Tes épingles à cheveux," dit Drago.

"Mes… épingles à cheveux ?" Granger cligna des yeux.

Drago fit un geste vers ses cheveux. "Elles sont partout et tu en as toujours sur toi. J'ai fais ça depuis notre première réunion. Elles se sont révélées utiles une ou deux fois."

Granger sortit une épingle de ses cheveux et lança un sort de révélation. Elle brilla d'une lumière verte.

"Bien sûr," continua Drago, "à côté de Miss J'Introduis Les Putains de Nonnes Par Cheminette, ça a l'air plutôt nul, maintenant."

"Je pense que c'est brillant," dit Granger, souriant devant l'épingle à cheveux. "Les idées les plus simples le sont souvent."

"C'est vrai."

"Ceci explique Uffington."

"Oui."

"Tu es un malin."

"Toi aussi."

Henriette apparut. "Pardonnez-moi*, Monsieur, Mademoiselle - Madame Tonks à la Cheminette. Elle voudrait venir, si c'est un moment approprié ? Elle est avec une Mademoiselle Brimble."

"Envoie-les nous," dit Drago.

Un moment plus tard, la voix de Tonks résonna dans le couloir alors qu'elle questionnait Henriette. "On n'interrompt rien, n'est-ce pas ? Ils ne font rien de particulier ? Pas de claques ou de chatouilles ?"

"Euh - non, Madame*…"

Granger avait les pommettes roses.

Tonks fit irruption dans la pièce avec une vigueur ridicule, considérant ce qu'ils avaient traversé quelques heures plus tôt.

"Hermione, quelle tenue," dit-elle, repérant le pyjama de Granger. "Pas étonnant que Drago ne puisse pas garder ses mains loin de toi."

Granger devint encore plus rose. "Tonks !"

"Quoi ? Ce n'est pas vrai ?"

Brimble entra docilement derrière Tonks, s'agrippant à une pile de parchemins.

Cela détourna l'attention de Tonks du pyjama. "Bien. Brimble a des informations. Dis-nous ce que tu as trouvé pour que l'on puisse s'indigner proprement tous ensemble"

Henriette apparut de nouveau. "Tellement désolée - Messieurs Potter et Weasley sont à la Cheminette et ils -"

Messieurs Potter et Weasley n'avaient pas attendu d'être invités à entrer. Leurs pas et leurs cris "Hermione ? Malefoy ? Où êtes-vous ?" résonnèrent dans le Manoir jusqu'à ce que Tonks passe la tête par la porte pour leur faire signe.

La vision de Drago d'une soirée tranquille de repos et de récupération (et de baisers avec Granger) s'estompait rapidement.

Henriette servit de l'opimum aux nouveaux arrivants tandis qu'ils s'installaient dans les canapés.

Brimble les informa de ses découvertes. En fin de compte, le Bureau des Aurors avait vraiment fait tout ce qu'il pouvait. Granger avait été trahie par deux quasi-inconnus qui auraient été difficiles à appréhender.

"Première information - il y a eu une arrestation," dit Brimble. "Un Mr. Terris s'est rendu. Un technicien de la Cheminette du Département des Transports Magiques. Il dit qu'il est responsable du détournement de la Cheminette du laboratoire de la Guérisseuse Granger. Greyback a kidnappé sa femme et ses enfants hier et lui a donné douze heures pour obtempérer, ou ils mourraient."

"Non !" s'exclama Granger.

"La famille va bien - ils ont été retrouvés ligotés et bâillonnés, mais sains et saufs. Mr. Terris est coopératif - il a l'air d'être repentant, en fait - pas mal de pleurs."

Granger regarda Drago. "Pas d'étranglement."

"Si, étranglement," dit Drago, qui ne trouvait pas l'excuse adéquate pour ce que l'homme avait fait.

Tonks les observa avec les lèvres pincées. "Vous serez gentils de discuter de vos plans pour la chambre à coucher une autre fois - Brimble parle."

Granger rougit. Weasley éclata de rire. L'un des yeux de Potter tressaillit.

"Et pour ma seconde information," dit Brimble, sortant un long rouleau de parchemin. "C'est une liste des morts. Ceux dont les restes ont pu être identifiés, en tout cas."

Elle tint la liste. Un nom était entouré dessus.

Une Miss Clotilde Fiddlewood.

"Qui ?" dit Granger.

"Quoi ?" dit Potter.

"Non," dit Weasley.

"L'assistante de Shacklebolt," dit Tonks, ses lèvres formant une ligne mécontente.

"Cette vieille pie ?" dit Drago.

Il y avait eu une sorcière qui avait parue familière sur le champ de bataille - celle qui avait réparé les protections, leur coupant la fuite.

Brimble hocha la tête. "Nous ne pouvons pas l'interroger - évidemment - mais nous pensons qu'elle a peut-être entendu des extraits de la toute première conversation de la Guérisseuse Granger avec le Ministre. Celle qui a déclenché sa demande de protection. Il lui aurait fallu des mois pour informer Greyback - il était bien caché à ce moment-là. Nous enquêterons autant que possible et nous ne le saurons peut-être jamais avec certitude - mais elle était l'une des rares personnes à pouvoir savoir quoi que ce soit. Et, bien sûr, la retrouver ensuite en train de courir avec la meute de Greyback est une preuve plutôt accablante…"

Ils se tirent en silence. Granger avait l'air choqué. Drago secoua la tête.

Puis, dans le silence, Potter dit, "Greyback est mort."

Le dire rendait la chose réelle.

Granger posa les mains sur ses joues. "Greyback est mort."

"Greyback est mort, putain" répétèrent Drago et Tonks.

"Ce trou du cul est mort !" dit Weasley.

Ils trinquèrent avec leur tasse d'opimum.

"Bien," dit Weasley après avoir bu la sienne. Il tapa dans ses mains. "Qu'est-ce qu'un mec doit faire pour avoir une vraie boisson par ici ?"

Ils décidèrent d'en faire une véritable fête. Des Patronus et des messages par Carnet furent envoyés. Bientôt, le salon fut rempli de famille et d'amis - Lupin et les enfants, la femme et les enfants de Potter, Luna Lovegood errant rêveusement, les collègues et étudiants les plus doués de Granger, Shacklebolt (endurant beaucoup de critiques sur son choix d'assistante), les Aurors et leurs familles, une foule de Guérisseurs. La nouvelle de la victoire et de la fête se répandit et de plus en plus de gens commencèrent à affluer, beaucoup en vêtements de nuit à cause de l'heure tardive - Londubat et Pansy, Zabini et Patil, tout le clan Weasley (que les dieux aident Drago), Macmillan et d'autres collègues du Ministère, et enfin, Théo, dans un pyjama pour homme ridiculement transparent.

Henriette, Tupey et les elfes de cuisine furent ravis de participer aux réjouissances. Tupey réjouit particulièrement Weasley en sortant les boissons les plus corsées de la cave.

À un moment donné pendant les festivités, Potter et Weasley attaquèrent Drago alors qu'il se dirigeait vers Granger. Drago se retrouva coincé dans un coin par ses collègues préférés.

Ils étaient tous correctement imbibés.

"Quoi ?" dit Drago.

"Je le savais. Je savais que tu mijotais quelque chose," dit Potter, se penchant si près que son haleine alcoolisée flotta jusqu'au nez de Drago. "Je t'ai vu la regarder."

Drago le repoussa. "Dégage, espèce d'enfoiré."

"Quelles sont tes intentions avec Hermione ?"

"Mes intentions ? Sommes-nous de retour à l'ère victorienne ? Es-tu son père ?"

"Répond à la qu-question, Malefoy," dit Weasley, avec ce qui devait probablement être une approche menaçante. (Cela fut moins qu'intimidant car il finit son mouvement en posant la tête sur l'épaule de Drago.)

"Je n'ai aucune intention," dit Drago. "Lâche moi."

Il repoussa Weasley à un bras de distance.

"Tu sens bon," dit Weasley. "Il sent bon," répéta-il à Potter.

"Ah oui ?"

Potter s'approcha en reniflant.

"Va t'en," dit Drago, tenant à présent également Potter à un bras de distance.

"Est-ce que tu as fait quelque chose à Hermione ?" demanda Weasley, un œil plissé par la suspicion (l'autre était fermé et faisait la sieste). "Lui donner une potion d'amour ?"

"Mais bien sûr que non - les femmes tombent amoureuses de moi tout le temps - je sais que c'est un concept inédit pour toi-"

"Et toi alors ?" demanda Potter. "Es-tu amoureux d'elle ?"

"Je - ce ne sont pas tes affaires - et pourquoi tu ne lui demandes pas à elle si elle m'a donné une potion ?"

"Parce qu'elle n'est pas une - une scélérate comme toi," dit Potter.

"Un m-mécréant," dit Weasley.

Drago tenta de dire "Tss", mais il était si saoul que ça sonna comme de la dérision. "Vous êtes tous les deux sous l'illusion qu'elle est un ange parfait mais elle est - d-dix fois plus scélérate que moi et c'est pour ça que je -"

"Tu quoi ?" demanda Potter.

"... l'aime bien."

"Tu l'aimes bien."

"Oui."

"Tu es son Auror, tu sais," dit Potter, pointant vaguement un doigt en direction de Drago. "Ce n'est pas professionnel. Pas autorisé."

"Pas pof - pas poffess - pas professionnel," répéta Weasley.

"J'étais son Auror. Et je n'ai jamais - nous n'avons pas franchi la ligne - ou si on l'a fait, ce n'est pas réellement arrivé -"

Potter cligna des yeux, le regard flou. "C'est arrivé ou pas ?"

"Des rêves. Sur le rebord de la fenêtre. Des fantasmes. En Espagne. Rien de réel. C'était Samhain, tu sais. On était bourrés à cause du feu - sincèrement - il faut reconnaître ça aux espagnols, ils savent faire les boissons - ou était-ce les celtes ? Enfin, c'était tout - des fantasmes - de merveilleux fantasmes-"

"Arrête de parler de tes fantasmes," dit Weasley, l'air alarmé.

"Ils sont excellents, quand même. Bien, mon préféré est celui où elle-"

"Non," dit Potter, pressant sa main contre la bouche de Drago. "Ne fait pas ça."

Drago chassa sa main. "Pourquoi tes doigts sont-ils collants ?"

Potter regarda ses doigts avec une intense concentration. "Tarte à la mélasse," déclara-il avec un ferme hochement de tête.

"Il n'y a pas de tarte à la mélasse."

Weasley, tentant d'être utile, renversa son Whisky Pur-feu sur la main de Potter et partout sur les chaussures de Drago.

"Merci," dit gravement Potter à Weasley en s'essuyant la main sur sa robe. "Tu es un véritable ami-"

"Idiot. Maintenant mes orteils sont humides," cracha Drago.

"-Contrairement à Malefoy qui est un glandeur. Ecoute, Malefoy - si tu fais quoi que ce soit qui la plesse -"

"La plesse ?"

"-La blesse, on va te puer. Te tuer."

"T-te tuer de sang froid," dit Weasley. "Mettre le feu à ta maison. Libérer tes elfes."

"Je ne ferais jamais rien qui la plesserait," dit Drago avec un rare plongeon dans la véritable honnêteté.

"Ah oui?"

"Non. Elle est - je - bien, ce ne sont pas vos foutues affaires, comme je l'ai dit-"

Weasley attrapa le col de Drago et, avec une sorte de désespoir plaintif, dit "Tu promets que tu ne feras jamais rien qui puisse la blesser ?"

"Oui."

Weasley pressa son front contre celui de Drago et le regarda dans les yeux. "Je pense qu'il dit la vérité."

"Arrête ça - lâche moi - tu n'es pas un Légilimens-"

"Est-ce qu'on lui donne notre bénédiction ?" demanda Potter, fronçant les sourcils dans le vide.

"Je n'ai pas besoin de votre foutue bénédiction," dit Drago.

"Ça compterait pour Hermione," dit Weasley.

"Elle n'en a pas besoin non plus," dit Drago.

"Dis-lui qu'on le tuera s'il la blesse," dit Potter.

"On l'a déjà fait," dit Weasley. "Je pense."

"Bien."

"Tu penses qu'on devrait juste - le tuer maintenant ?" demanda Weasley.

"En prévention ?" demanda Potter.

"Ouais. Je pense que ça serait proactif de notre part."

"J'aime ça."

Drago repoussa Weasley. "Putain - arrête de me respirer dessus, Weasley - euh, pourquoi es-tu si humide - pourquoi tout est humide et collant - va-t-en. Bien. Je ne lui ferais jamais de mal. Elle est vraiment importante pour moi. Je tiens à elle. Beaucoup. Trop, vraiment. À un degré ridicule. J'aurais aimé que ça ne soit pas le cas. Mais - c'est le cas et c'est - de toute façon, ce n'est pas une conversation que je souhaite avoir avec vous, imbéciles baveux. Tu peux me tuer si je lui fais du mal - mais je ne le ferai pas - je ne le ferai jamais - c'est elle qui me fera du mal, au contraire – c'est ma peur – mon putain d'Epouvantard - d'accord ? En avons-nous fini ?

Potter et Weasley plissèrent les yeux, mais il n'était pas clair s'ils étaient en train de suivre la diatribe de Drago ou s'ils s'endormaient simplement.

"Je pense qu'il est réglo," dit Weasley.

Potter hocha la tête et dit, "Je suis satisfait."

"Oh ?" dit Drago. "Tu l'es ? Bien. Maintenant cassez-vous. J'ai besoin de changer de chaussures parce que tu es littéralement incapable de tenir un verre droit - Tupey ! Des chaussures et chaussettes propres, s'il te plait, Weasley a eu un accident."

Ils se rejoignirent à la fête, se saoulèrent encore plus et passèrent la nuit de bonne humeur.

ooo

Drago s'était endormi sur l'un des canapés. Il se réveilla aux aurores avec un cou raide et une migraine lancinante.

Il se leva et enjamba des corps dans divers états d'inconscience. Granger n'était nulle part.

Henriette se frayait un chemin à travers le salon, déposant un croissant et une potion contre la gueule de bois à côté de chaque invité ronflant.

"Où est Mademoiselle ?" demanda Drago.

"Je crois qu'elle est partie prendre l'air, Monsieur," dit Henriette. "Dois-je l'appeler ?"

"Non, non - je la trouverai."

Drago descendit l'une des potions contre la gueule de bois. Puis il se tint à la fenêtre et soupira mélodramatiquement.

"Est-ce que tout va bien ?" demanda Henriette.

Drago pressa son front contre la fenêtre froide. "Non."

Henriette approcha. "Quel est le problème ?"

"Henriette ?"

"Oui*?"

"Je suis - je suis ensorcelé*."

"Ah!"

"Je l'aime de tout mon cœur, Henriette. De tout mon être.*"

Henriette posa son assiette de croissants et se tordit les mains.

"Ne te réjouis pas trop vite," dit Drago.

"Non ?"

"Non. Je ne lui ai pas encore dit. Mais je vais aller lui dire. Je pars mettre mon âme à nu, Henriette."

Henriette le regarda s'éloigner avec les larmes aux yeux et les mains regroupées sur sa poitrine.

"Bon courage, Monsieur*," dit-elle dans un murmure.

L'aurore de décembre illuminait l'est du ciel.

Drago trouva Granger parmi les bouleaux argentés et la brume montante, marchant lentement à travers les arbres. Il faisait froid.

Elle avait l'air pâle et fatigué alors qu'elle marchait sur le chemin. Elle s'était enveloppée dans une sorte de châle qui ressemblait étrangement à l'un des mouchoirs de Drago métamorphosé. Ses cheveux n'étaient qu'à moitié attachés et tombaient dans son dos.

Elle le repéra de loin. Elle s'arrêta et le regarda venir à elle au milieu des ajoncs et des carex gelés.

Tout en elle semblait distinct et net, étrangement. Le souffle vaporeux entre ses lèvres entrouvertes. Les doigts agrippant le châle. Ses cils foncés autour des ses yeux brillants.

"Tu es bien matinal," dit-elle avec une sorte de légère surprise.

Quand Drago continua à la fixer comme un crétin fou amoureux, elle demanda. "Tu vas bien ? Il y a un problème ?"

Il fut pris d'une sorte de courage de fou. Un courage d'idiot.

C'était un vrai courage, malgré tout. Après ça, les choses ne seraient plus jamais les mêmes.

"Oui, il y a un problème," dit Drago.

"Oh ?"

"Un gros problème. J'ai besoin de - j'ai besoin de te dire quelque chose. C'est stupide et probablement une mauvaise décision, mais j'ai l'impression que ça va me tuer si je ne le fais pas, donc -"

Granger le regardait avec curiosité, avec sérieux - avec le regard qu'elle avait quand elle cherchait à résoudre des énigmes. Elle resserra le châle autour d'elle.

Hé bien, il allait résoudre cette foutue énigme pour elle, tout de suite.

"Je ne veux pas maintenir l'équilibre," dit Drago. "Je ne veux plus réprimer."

"Le… L'équilibre ?" répéta Granger. "Réprimer ?"

"Les - les changements d'avis - ne pas oser en faire plus - ne pas franchir la ligne. Blâmer l'alcool pour mes erreurs. Prétendre que je ne me soucie pas de toi - que je ne mourrais pas pour toi - je suppose que ça s'est déjà vu, de toute façon. Le déni - l'étouffement - la lente suffocation de mon cœur - tout ça."

Drago prit un moment pour se ressaisir.

Pas ressaisi du tout, il continua. "Tu es - absolument géniale et belle, au-delà de - tout. En vrai c'est plutôt injuste qu'une seule personne puisse avoir tous ces - attributs. Et je veux être plus que ton Auror, et je veux que tu sois plus que ma Cible, ou ma Guérisseuse, ou que tous tes - nombreux et divers - titres. Je suis - je suis tombé amoureux de toi malgré ce qui a été, je te le jure, une lutte sincère contre tout ça. Je savais que c'était mal - inapproprié - à l'encontre de tous les protocoles - tout ces trucs nazes. J'ai fait tout ce qu'un homme peut faire pour réprimer ces choses, mais j'ai - échoué. Tu es trop. Je ne pouvais pas te résister. Tu trouvais les fissures dans mes défenses et tu les transformais en foutues déchirures, et tu es venue vivre dans mon cœur, comme une sorte de - lumière dans un endroit sombre. Et le pire c'est que tu ne l'as pas fait exprès. Je sais que tu ne l'as pas demandé. Je sais que tu étais juste - toi, ton toi stupide, génial et bienfaisant. Mais tu es - comme il s'est avéré - tout ce que je veux."

Il osa la regarder. Il y avait des larmes dans ses yeux.

"Bien - maintenant je te fais pleurer - génial-"

"M-moi ?" dit Granger d'une voix tremblante. "Je suis celle qui trouve les fissures ? C'est moi qui ne pouvais pas te résister."

"Quoi ?"

Granger prit une inspiration. "J'essaye de garder le contrôle mais c'est - plus fort que moi. Je ne le veux pas - je ne le voulais pas - je ne sais pas ce que je veux. Si, je sais - je veux une putain de nuit sans penser à toi. Je veux être dans la même pièce que toi sans avoir l'impression que je vais mourir si je ne te touche pas - ou si je te touche. Je veux que ma tête m'appartienne de nouveau, et mon cœur. Mais tu es dans les deux, espèce d'idiot - tu me rends folle -"

Elle essuya une larme. "Je veux juste connaitre - un foutu moment de paix, sans toi dans mon cerveau, mais c'est, apparemment, trop demander."

"Et moi alors ? Je ne peux pas - je ne peux pas te chasser de mon esprit. Tu - ton sourire - toi qui fait de l'arithmancie - cette foutue nuit en Espagne -"

"Sais-tu ce que sent mon Amortentia ?"

"Sais-tu à quel point tu hantes mes nuits ?"

"Je déteste ça," renifla Granger. "C'est ridicule. Je déteste ne pas - ne pas avoir le contrôle - je ne devrais ressentir aucune sorte de sentiment pour toi - c'est de ta faute -"

"Ma faute ?"

"Pourquoi avais-tu besoin d'être aussi-?"

"Aussi quoi ?"

Granger agita les mains dans les airs. "Aussi tout ! Tu étais censé être un Auror arrogant et modérément compétent ! Tu n'étais pas censé être drôle, attachant, héroïque et - galant quand c'était important. Tu n'étais pas censé - littéralement me déshabiller et - encore pire - trouver le chemin de mon cœur-"

"Parle pour toi," dit Drago, outré. "C'est de ta faute. Tu étais censée être une insupportable je-sais-tout dont je ne supportais pas la présence, pas quelqu'un dont la compagnie - les rires - les baisers - tout - j'ai fini par ramper comme un imbécile ensorcelé, en mal d'amour. Sais-tu combien de rendez-vous galants j'ai eu pour essayer de te sortir de ma tête ?"

"J'ai accepté un rendez-vous avec ce stupide jardinier !"

"Quoi ?"

"Tu m'y as poussé."

"Mon dieu."

"Comment puis-je être amoureuse de toi ? Tu es Drago Malefoy."

"Et moi ? Amoureux d'Hermione Granger ? Cul par dessus tête ? L'amour n'est pas mon genre. Je ne peux même pas prononcer ce mot, ça fait une sensation horrible dans la bouche."

"Je n'aurais jamais dû accepter cet arrangement," dit Granger, s'adressant au ciel. "J'aurais dû insister pour que ça soit quelqu'un d'autre, dès le moment où j'ai vu ton stupide nom sur cette stupide lettre me disant que tu m'avais été assigné."

"J'ai essayé," dit Drago. "On m'a dit que j'avais un complexe à propos de Granger - enfin, nous y voilà-"

"Un complexe ?"

"- Et maintenant j'en ai un - oui, un complexe - un grand putain de complexe à propos de Granger, bien au delà de leurs plus folles attentes."

"Je ne veux pas de ton complexe."

"Hé bien, tu l'as - et bien plus que ça."

Le silence tomba. Granger essuya une larme. Drago s'approcha d'un pas. Leurs mains se joignirent.

"J'ai l'impression de t'avoir donné une partie de moi que tu pourrais briser," dit Granger. "S'il te plait, ne la brise pas-"

"Je ne la briserais pas. Jamais. Potter et Weasley m'ont informé qu'ils me tueraient si je te blessais - non qu'ils comptent pour quelque chose. Et tu possèdes une partie de moi. Ça me rend malade - tu ne ferais mieux de ne pas la briser -"

"Jamais."

"-Et pourquoi dois-tu être aussi belle, même quand tu pleures ?"

"Comment fais-tu pour rendre le look de vampire à la gueule de bois si attirant ?"

"Je vais t'embrasser jusqu'à ce que mort s'en suive."

Son sourire trouva un chemin à travers ses larmes, un rayon de soleil.

Elle était du bonheur en perfusion dans ses veines. Elle possédait son petit cœur noir dans son entièreté.

Il réduisit la distance entre eux. Il tint son visage dans ses mains. Leurs souffles se mêlèrent dans l'air froid.

Le soleil se levait à l'est, illuminait la neige, verdissait l'herbe, et les enveloppait de lumière.

Il l'embrassa.

Et c'était la chose la plus douce, la plus brûlante, la plus merveilleuse, de pouvoir enfin le faire, sans interruption, sans excuses, sans devoir s'éloigner après. Le faire en sachant que son tourment était partagé, et était donc devenu autre chose - un soulagement, une joie tonitruante.

Il avait une partie d'elle et elle avait une partie de lui et ça allait être - ça allait être quelque chose de beau. Pourrait-il y avoir quelque chose de plus doux, pourrait-il y avoir plus de bonheur que cela ?