Le fruit de la mort.
Titre du 22/11/2021 : Le fruit de la mort
Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)
Y : Yara Greyjoy
Yara Greyjoy
Prompt 120 : « Je t'aime. »
Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
Prénom 67 : Marina
Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert
UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT
Quatre aspects de… Wesper (SoC) : Pas que les filles : écrire sur un personnage bisexuel ou sur quelqu'un qui attend une bonne nouvelle
137) 100 façons d'écrire du drama
257) 50 nuances de personnages LGBT
12 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, prompts infinis, cassons les préjugés, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
On approche de plus en plus de la fin, et ce chapitre va être plus long par rapport à d'habitude.
Quand Marina décida de partir avec Lancel passer avec lui une journée en amoureux, Yara n'en fut pas vraiment étonnée.
Dans la ville, le chaos était très certainement en train de se répandre et de régner un peu partout, et elles faisaient clairement partie des responsables.
Même si pour l'instant, personne ne le savait, le journal, Talisa et Myrcella étant les seuls qui risquaient d'en subir les conséquences.
Mais en un sens, la fer-née s'en moquait bien, se moquait aussi que les habitants apprennent qu'elle avait provoqué cela aujourd'hui, même si ce qu'elle avait fait était mal, illégal, qu'elle n'en avait pas le droit.
À Kintzheim, le mensonge avait enfin pris fin, dévoilé au grand jour et la vérité avait pris sa place.
Même si ça avait été fait de la pire manière possible, même si le groupe devenait hors-la-loi après tout, eux qui avaient été obligés d'utiliser les mêmes armes que leurs ennemis pour les combattre, même s'il y avait un risque pour que personne n'y croit tant ça semblait trop invraisemblable pour être vrai.
Ils l'avaient fait pour de bonnes raisons, eux.
Aussi, ce fut le cœur léger et pleine d'espoir qu'elle sortit de la maison Stark, laissant le reste de la maisonnée, composée d'Eddard Stark et de Catelyn Baelish (enfin, Baelish… Plus maintenant désormais, et peut-être comprendraient-ils enfin à quel point c'était un mensonge ça aussi.) ainsi que de Sansa à qui Yara adressa un sourire d'encouragement avant de sortir.
Quand la rousse lui sourit, la guerrière sentit son cœur s'envoler.
C'était pour elle qu'elle se battait, pour elle et tous les autres habitants de la ville, pour qu'ils retrouvent enfin leur identité et leurs souvenirs perdus.
Et là tout de suite, il n'y avait qu'une seule et unique réaction dans toute la ville qui l'intéressait réellement.
Celle de Theon Greyjoy.
La réaction de ce petit frère qu'elle avait perdu pendant si longtemps, qu'elle avait enfin retrouvé et qui l'avait côtoyée pendant des semaines entières sans avoir la moindre idée de qui elle était réellement pour lui.
Est-ce que…
Est-ce qu'il y croyait, à ces analyses ADN ou bien pensait-il comme d'autres que ce n'était rien de plus qu'un mensonge ?
Est-ce qu'il allait encore la regarder comme si elle n'était qu'une vague connaissance, à peine une amie, ne toujours pas la reconnaître, elle qui était pourtant sa sœur aînée ?
Elle n'avait qu'un seul moyen de le savoir, et, hésitante, elle frappa à la porte de l'appartement du kraken.
§§§§
Quand Theon lui ouvrit la porte, la seiche dut se retenir de toutes ses forces de ne pas se jeter sur lui pour le serrer dans ses bras.
Et son regard…
Oh, son regard avait changé, et elle n'arrivait pas encore à déterminer si c'était une bonne chose ou pas.
« Oh bonjour… Esgred.
Elle nota l'hésitation quant à l'emploi de ce prénom, comme s'il ne savait plus vraiment qui elle était au juste, qu'il doutait de son identité et elle ne savait pas encore s'il pensait seulement qu'elle lui avait menti ou s'il pensait avoir reconnu sa sœur morte en elle.
Donc…
Il devait être au courant, forcément, presque tout le monde en ville l'était probablement désormais, l'annonce des résultats avait été faite plusieurs heures plus tôt.
Et s'il y avait bien une chose qui se propageait vite à Kintzheim, c'était une rumeur.
- Salut Theon, je… je peux entrer ?
Il hocha la tête et s'écarta sans la moindre hésitation avant de refermer la porte.
En voyant l'endroit où il vivait, loin de Ramsay et libre, elle ne put empêcher le soulagement de l'envahir.
Plus jamais il ne souffrirait à cause de ce monstre ou de qui que ce soit d'autre.
Elle s'en faisait la promesse.
Une fois dans le salon, il se tourna vers elle et croisa les bras.
Il avait l'air plus curieux et perdu qu'énervé, ce qui était probablement bon signe.
Du moins elle l'espérait.
- Tu es là pour ça, pas vrai ? Lui demanda-t-il d'un ton direct. Pour ces… ces résultats qui n'auraient sans doute jamais dû être diffusés… ni même être effectués tout court.
Dans d'autres circonstances, oui.
Mais dans une ville injuste où la liberté n'existait même pas, Yara se foutait complètement d'être ou non dans la légalité.
- C'est exact. C'est bien pour ça que je suis là. Ces résultats sont bien réels, ils ne sont que la stricte vérité et c'est moi qui ai demandé ces analyses. Je… Theon, c'est moi. C'est Yara et je… je suis ta sœur.
Je suis rentrée à la maison.
Mais en voyant l'expression de son regard, elle eut bien du mal à considérer ces retrouvailles comme une réelle victoire.
Parce qu'il la croyait, ça, elle n'en avait pas le moindre doute.
D'un autre côté, non seulement les analyses étaient fiables, mais de l'autre, il ne pouvait désormais plus que constater leur ressemblance physique, prouvant bien qu'ils faisaient partie de la même famille.
Pourtant, ce n'était pas la joie qui brillait dans ses yeux.
Mais bien plutôt de la colère.
Et ça faisait si, oh, si mal.
- Pourquoi ? Laissa-t-il finalement échapper après quelques secondes de silence. Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?
Il lui en voulait d'avoir disparu, d'avoir mis des années à revenir, de l'avoir laissé seul dans une famille où il n'était pas aimé, où il avait perdu tous ceux à qui il avait tenu, elle, leur mère…
Elle aurait dû s'y attendre dans le fond au vu des souvenirs qu'il possédait.
Comme elle aurait aimé pouvoir lui dire que ce n'était pas de sa faute, qu'elle n'était pas responsable de ce qu'il s'était passé.
Mais elle ne le pouvait pas.
Une fois de plus, elle maudit Cersei Lannister et les autres.
Parce que tous ces souvenirs étaient peut-être faux, mais la souffrance qui les accompagnait, elle, était bien réelle.
- Je suis désolée.
- Désolée ? Tu dis que tu es désolée ? Tu crois vraiment que ça change quelque chose ? Tu crois que ça efface le fait que tu ais disparu pendant toutes ces années, le fait que j'ai dû vivre sans sœur ? Je… Yara, je croyais que tu étais morte ! Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi est-ce que tu n'es pas revenue, et si tu voulais fuir cette ville… pourquoi est-ce que tu ne m'as pas emmené avec toi ? Pourquoi est-ce que tu m'as abandonné ?
Pourquoi ?
Chaque fois qu'il répétait ce mot, elle avait le sentiment qu'il lui enfonçait une dague dans le cœur, parce qu'elle n'avait aucune réponse à lui offrir, pas la moindre justification, pas même de véritables excuses, rien du tout.
- C'est… je ne pouvais pas.
- Soit, admettons que tu n'ai pas eu le choix. Mais je ne comprends pas… Pourquoi n'avoir rien dit ? Pourquoi, en rentrant à la maison, ne pas avoir dit qui tu étais ? Pourquoi as-tu menti sur ton identité ? Pourquoi avoir demandé ces tests ADN alors qu'il te suffisait de me dire la vérité ?
Tellement de questions qu'elle était obligée de laisser sans réponses.
Elle lui sourit avec tristesse.
- Parce que c'était trop dangereux.
Ça au moins, ce n'était même pas un mensonge.
- Je ne comprends pas.
- Je sais. Et je suis désolée. Mais je te promets que tu comprendras bientôt, que tout s'éclaircira. Je te demande juste de me faire confiance… petit frère.
Elle vit la digue s'effondrer alors qu'il craquait et s'écroulait dans ses bras avant d'éclater en sanglots.
Elle le serra contre lui, le plus fort qu'elle put et il savait, enfin, son petit frère savait qui elle était et ce qu'il lui restait de sa famille lui avait été rendu, même si seulement partiellement.
Elle aussi elle se mit à pleurer.
- Tu m'as tellement manqué. »
Toi aussi Theon.
Tu n'as pas idée d'à quel point.
§§§§
Renly Baratheon possédait quelques certitudes dans la vie.
D'abord, celle qu'il aimait son époux Loras et que celui-ci l'aimait.
Ensuite, que même si sa relation avec lui était compliquée, il aimait son grand frère Stannis.
Et enfin, que sa fille Shireen ne lui était pas liée par le sang mais qu'il l'aimait malgré tout elle aussi.
Cette dernière certitude avait été en partie remise en question le matin même, dans un article de journal qui n'aurait probablement jamais dû être publié.
Sa fille adoptive était en réalité sa nièce biologique.
Et ça n'avait tout simplement pas le moindre sens ou une quelconque logique, lui et Loras l'avaient adoptée peu de temps après sa naissance, il s'en souvenait bien.
Selyse et Stannis n'avaient jamais eu d'enfant, l'épouse du cerf avait enchaîné fausse couche sur fausse couche et ils n'avaient jamais adopté.
Pourtant, ici et maintenant, noir sur blanc, il lisait une information qui n'aurait jamais dû être crédible.
À laquelle il n'aurait jamais dû croire, qui aurait dû le faire rire aux éclats, lui et son mari ainsi que leur fille.
Mais cependant…
Cependant, alors qu'il regardait sa fille, il la voyait avec un autre regard, il percevait les traits Baratheon en elle, tout ce qui faisait d'elle un membre de leur famille, par le cœur mais aussi par le sang.
Alors dans ce cas-là, pourquoi ?
Pourquoi ne s'en était-il jamais rendu compte avant, pourquoi Stannis et Selyse, tant désireux d'avoir un enfant, n'avaient jamais su que Shireen était leur fille ?
Qu'est-ce qui avait bien pu se passer durant la naissance de l'enfant ?
§§§§
Stannis ne se souvenait pas avoir déjà vu Selyse être aussi bouleversée.
Elle, qui n'avait jamais réussi à donner naissance à un enfant, apprenait tout à coup qu'elle avait été mère et qu'on lui avait volé cette chance de l'être pleinement.
Stannis savait que ça ne changeait rien, officiellement, elle était toujours la fille de Renly et de Loras, mais pour lui, c'était largement suffisant.
Shireen allait savoir la vérité, qu'il était son père, et c'était tout ce dont il avait besoin en attendant que la malédiction ne soit brisée et qu'elle s'en souvienne pour de bon au lieu de juste le savoir en théorie.
Elle se souviendrait du reste, bien sûr, de l'horreur de la guerre contre les marcheurs blancs mais elle se rappellerait du plus important.
Que son père l'aimait et avait toujours tout fait pour veiller sur elle, quoi qu'il arrive.
§§§§
Quand elle s'était levée ce matin-là, Sansa avait pertinemment conscience que plus rien ne serait plus jamais comme avant.
Yara l'avait prévenue la veille que les résultats seraient bientôt dévoilés et qu'ils étaient parfaitement conformes à ce à quoi ils s'attendaient.
Et, en croisant le regard de ses parents (oui ses parents, ils étaient bien tous les deux ses parents et elle en avait la preuve désormais, une preuve irréfutable autre que ses seules intuitions), elle faillit se mettre à sourire.
Oui, ce qui leur tombait dessus était terrifiant, mais au moins avec un peu de chance, ils allaient enfin ouvrir les yeux.
Aussi lorsque, en fin d'après-midi, elle les vit tous les deux réunis dans le salon, elle sut que l'heure des choses sérieuses avait sonné.
Lysa n'était pas là, digérant la révélation ailleurs, peut-être avec Selyse qui sait, n'ayant sans doute aucune idée de ce qui était en train de se passer comme à peu près tout le monde.
« Je ne comprends pas comment on a fait pour ne jamais s'en rendre compte, lâcha alors Catelyn, désabusée. Parce que… hé bien… D'un seul coup ça semble si… si vrai. À part Sansa, mes… nos enfants, à ce qu'il semblerait, ne me ressemblent que peu. Mais les autres, ils… Robb, Arya, Bran, Rickon… Ils… ils te ressemblent.
- C'est de la folie, réagit alors Ned, ça n'aurait pas pu arriver, pas… pas cinq fois, on devrait s'en souvenir si c'était le cas et pourtant ça… ça semble logique maintenant.
- Je suppose que tout le monde est au courant maintenant, déclara Sansa.
Catelyn hocha la tête.
- Oui, j'ai eu des coups de fils ou des SMS de tous tes frères et de ta sœur, Jon aussi a téléphoné. Ils sont tous paniqués à vrai dire, ils ne comprennent pas ce qu'il se passe, et si jamais c'est vrai…
- C'est vrai, annonça Sansa, les surprenant tous les deux. Tout est vrai et je… j'y ai participé. À ces tests ADN. Parce que j'avais des soupçons depuis un bon moment et je… Je suis heureuse. D'avoir eu raison. Je suis heureuse que tu sois mon père. »
Ils ne comprenaient sans doute pas, ils doutaient, de toute évidence.
Mais le monde savait désormais la vérité sur qui était son père et Sansa Stark ou Tully n'aurait pas pu en être plus heureuse.
§§§§
Lorsque Tyrion Lannister lut le journal ce jour-là, ce ne fut pas la révélation sur la réelle filiation des enfants Baelish, celle de Shireen Baratheon ou encore celle sur le lien de frère et de sœur que partageaient Theon Greyjoy et Esgred Miller (ou plutôt Yara Greyjoy selon toute vraisemblance) qui attira le plus son attention.
Non, ce fut bien évidemment celle qui concernait sa propre famille et à laquelle il ne s'attendait aucunement.
Lui qui se targuait pourtant d'être si intelligent et de prévoir à l'avance certains événements n'avait absolument rien vu venir.
Comment ça, sa belle-sœur était en réalité sa sœur aînée et la sœur jumelle de Jaime ?
Comment était-ce bien possible ?
Et surtout…
Comment se faisait-il qu'il n'avait jamais rien su, qu'il n'avait rien vu malgré les indices qui semblaient maintenant, oh, si évidents que ça crevait les yeux ?
Et il ne s'agissait pas seulement de Jaime et Cersei, non, maintenant qu'il pensait aux autres résultats, à chaque fois il réalisait que ce n'était pas un mensonge parce que même si ça aurait dû être improbable, c'était en réalité parfaitement logique.
Ça n'avait absolument aucun sens.
Et il avait beau faire, il n'arrivait pas à comprendre ce qui était en train de se passer, pourquoi ça arrivait maintenant, qui au juste…
Ce fut à ce moment précis que la réalisation le frappa.
Esgred Miller.
C'était pour ça qu'elle était venue le voir, pour ça qu'elle lui avait demandé une mèche de ses cheveux, pour ça que c'était arrivé, tout venait d'elle, de toute évidence.
C'était donc de ça qu'elle parlait en évoquant le fait qu'ainsi, il aurait la possibilité de pourrir la vie de Cersei.
Il n'arrivait cependant pas le moins du monde à s'en réjouir…
Il avait même surtout de la peine.
Pas pour elle, même si un peu, mais principalement pour Jaime qui venait de découvrir qu'il était marié à sa sœur jumelle, pour Myrcella, Tommen et même Joffrey qui venaient eux aussi de découvrir la vérité, et il grimaça.
Un véritable ouragan était sur le point de déferler sur la ville, prêt à tout dévaster sur son passage.
Et le nain n'était pas certain qu'ils puissent en réchapper sans en subir les dommages ou les conséquences.
§§§§
Le chaos.
Ce simple mot était largement suffisant pour résumer ce qui se passait en ville.
Ça ne se voyait pas, pas complètement, mais Yara savait observer et elle connaissait cette ville désormais, sa ville, et il était évident que la confusion l'avait envahie.
La jeune femme ne savait pas encore quel genre de conséquences allait s'abattre sur elle, Talisa, le laboratoire, le journal et tous ceux qui les avaient aidés mais là tout de suite elle s'en moquait.
Parce que son petit frère avait peut-être oublié qui il était mais il savait qui elle était, il savait qu'il n'était plus seul et qu'il ne le serait plus jamais.
Et c'était déjà tellement mieux que ce à quoi elle avait eu droit depuis son arrivée en ville.
En songeant à la manière dont Cersei avait probablement dû réagir, elle ne put s'empêcher de sourire.
La blonde lui avait volé sa famille.
Elle venait tout juste de lui infliger la même chose et de lui rendre la pareille.
§§§§
C'était un cauchemar.
Juste cela, rien de plus, rien qu'un mauvais rêve, et il allait bientôt se réveiller.
Ces mots, Jaime Lannister se les répétait en boucle encore et encore depuis qu'il avait lu le journal et vu une information qu'il aurait préféré ne jamais connaître ou croire.
Pourtant, toutes les fibres de son être lui hurlaient actuellement que ce n'était rien de plus que la stricte vérité, même si cette dernière lui faisait horreur.
Même s'il aurait préféré qu'elle soit un mensonge.
Quand il croisa le regard de Cersei en rentrant chez eux, dans leur maison, leur foyer qui ressemblait désormais plus que jamais à un mensonge, il n'y lut ni tristesse, ni horreur, ni surprise, ni le moindre effroi.
Juste de la peur panique, et il sut.
Il sut qu'elle savait, qu'elle avait toujours su et pourtant elle n'avait rien dit.
Et il ne comprit pas.
Depuis quand savait-elle, comment se faisait-il qu'elle ait été la seule à savoir, pourquoi n'avaient-ils pas compris avant ?
Pourquoi est-ce que ça leur arrivait à eux ?
« Tu le savais, lui asséna-t-il d'une voix glaciale et emplie de colère.
C'était la seule explication logique.
C'était la seule chose qui pouvait justifier son comportement incohérent et incompréhensible de ces derniers temps, sa haine contre Esgred Miller et ses tentatives pour la faire quitter la ville, pas parce qu'elle ne lui faisait pas confiance.
Mais parce qu'elle connaissait un secret que la mairesse refusait que qui que ce soit apprenne.
C'était pour ça que…
- Tu savais déjà et c'est pour ça que tu as menacé Talisa Maegyr. C'est pour ça que tu as envoyé ces cambrioleurs, c'était toi, ne le nie pas… Tu… Tu le savais, répéta-t-il, accusateur et le cœur brisé. Et pourtant tu…
- Je t'aime, lui répondit-elle, comme si ça justifiait quoi que ce soit, comme si ça pouvait une seule seconde être suffisant.
- Ce n'est pas de l'amour ça ! Hurla-t-il. L'amour n'est pas un mensonge, où on cache la vérité à quelqu'un pour le garder enfermé, tu… si tu savais à quel point tu me dégoûtes. Je voulais te le dire depuis un long moment déjà Cersei, je… Je pars. Je m'en vais. Je te quitte.
Les yeux de la lionne s'écarquillèrent d'horreur.
- Tu ne peux pas faire ça ! Tu n'as pas le droit !
- Et qui va me stopper au juste, la railla-t-il, toi ? Je viendrai chercher mes affaires demain et tu n'entendras plus jamais parler de moi après cela. Et n'essaie même pas de m'en empêcher. »
Quand il partit, elle s'écroula immédiatement, le cœur en morceaux.
Cette fois-ci, c'était sûr et certain.
Elle avait vraiment tout perdu…
§§§§
Brienne ne put pas vraiment dire qu'elle était réellement surprise de voir Jaime venir la voir après ce qu'il venait tout juste d'apprendre.
« J'imagine qu'il est inutile que je te demande comment tu vas.
Le policier acquiesça.
- C'est… je… Tu as raison, ce n'est pas la peine.
- Mais je vais quant même te le demander… Comment tu vas, est-ce que tu tiens le coup ?
- Non. Pas vraiment non, admit-il.
- Et les enfants ?
Il eut un faible sourire en constatant qu'elle pensait aussi à eux.
- Je ne parle plus à Joffrey, alors je ne sais pas pour lui mais Tommen… Tommen était horrifié, dévasté, il ne voulait pas y croire, quant à Myrcella… (Il fronça les sourcils). Myrcella ne semblait pas étonnée.
- Je vois… Les gens… enfin, ils ne réagissent pas forcément toujours de la manière dont on s'y attend.
- Tu as sans doute raison… Brienne ?
- Oui ?
- Est-ce que… est-ce que tu veux bien me prendre dans tes bras ?
Sa voix se brisa, signe qu'il n'encaissait définitivement pas bien le choc.
Elle sourit.
- Bien sûr.
Quand elle le serra contre lui, elle eut le sentiment diffus de se trouver enfin à sa place, pour la première fois depuis bien longtemps.
- Je l'ai quittée tu sais. Cersei. Je suis parti, pour de bon.
- Si jamais tu préfères attendre… Si tu penses que c'est mieux pour toi, le temps que tu te sentes mieux, si tu as besoin de temps, je…
- Non, la contra-t-il immédiatement, justement, je ne veux pas attendre, je ne veux plus. Je veux qu'on soit ensemble pour de vrai, comme on aurait sans doute dû déjà l'être et je veux… je veux oublier, aide-moi à oublier s'il te plaît.
Oh, s'il avait saisi toute l'ironie de ses paroles.
Brienne sourit.
- Ça peut s'arranger. »
Quand ils s'embrassèrent enfin, pour la première fois, ce fut encore bien plus beau qu'elle n'aurait pu l'imaginer.
§§§§
Vendredi 21 juin 2019.
Elle devait agir.
Il le fallait, elle ne pouvait plus attendre, sinon elle allait…
Elle ne savait même plus ce qu'elle allait faire et alors qu'elle serrait la seringue contenant le poison dans ses doigts, Cersei prit une profonde inspiration.
Elle y était presque.
Tout s'écroulait autour d'elle mais elle pouvait au moins faire ça.
Détruire cette maudite Brienne de Torth qui ne méritait rien d'autre.
Elle avait tout perdu de toute façon, et puis Jaime était parti alors autant tout brûler, tout réduire en cendres.
Et ça commençait avec elle.
En voyant le repas ou plutôt les restes et le dessert qu'elle n'avait pas encore mangé, en constatant qu'il s'agissait d'une pomme, elle ne put s'empêcher de sourire, narquoise.
Elle n'avait jamais oublié la farce de Yara Greyjoy, le tour qu'elle lui avait joué, la pomme qu'elle avait mise à la place du cœur de son frère jumeau.
Ce n'était qu'une juste vengeance de se servir de ce qu'elle lui avait fait contre elle, et une fois sûre qu'elle était seule elle fit ce qu'elle avait à faire.
Elle sortit et n'eut pas à attendre plus de quelques minutes.
Quand elle entendit le bruit d'un corps qui s'effondre suivi d'un cri, elle eut un sourire satisfait.
Elle avait peut-être perdu sur tout le reste, mais elle avait au moins gagné sur ça.
A suivre…
