Chapitre publié le 25 décembre 2021
Voilà, ça fait longtemps.
J'ai décidé de me remettre à cette fic, mais cette fois-ci, fini de travailler sur trois-quatre fics en même temps ! De toute manière, je n'y arrivais pas. Je me concentre uniquement sur celle-là jusqu'à ce qu'elle soit terminée.
Par contre, ma longue pause implique certaines choses. J'ai relu l'intégralité des chapitres publiés, mais il est fort possible que certains détails dans les prochains chapitres et certains traits de caractère des personnages ne collent pas. Les chapitres 28 à 31 étaient déjà écrits depuis des années, donc pour ceux-là, ça devrait pas trop poser problème, mais pour les suivants... Hé bien je vais faire de mon mieux. Sachant aussi que ça fait longtemps que je n'ai pas joué à KH...
Réponse au commentaire (de Skrilsho):
Je ne sais pas si tu verras cette réponse de sitôt mais merci de ton commentaire! J'étais assez surprise d'avoir encore des lecteurs sur cette vieille fic. Enfin bon, tu arrives au bon moment!
Bref, joyeux Noël et bonne lecture !
Chapitre 28 : Répercussions
Un silence dense et annonciateur de menaces planait dans la salle perdue au cœur des mondes et du temps, écrasant l'assemblée qui s'y était réunie avec tant de poids qu'il en paraissait presque tangible. Dans l'abysse de blanc pur qui constituait l'essence de cette salle se démarquaient les quelques figures enveloppées de noir, assises au sommet de hauts piliers d'inégale hauteur qui formaient un cercle en son cœur.
Bien qu'ils aient l'habitude de se retrouver en ces lieux, l'atmosphère était légèrement différente. Si Demyx affichait la même moue d'ennui qu'ordinairement, Luxord, qui avait renoncé à sortir ses cartes, et Xaldin, qui avait l'air davantage renfrogné que d'habitude, indiquaient clairement que cette réunion était imprévue. Axel, de son côté, était anormalement tendu, son visage fermé évitant résolument de se tourner vers Roxas. Quant à ce dernier, il regardait avec une insistance anxieuse la plus haute des chaises, qui était encore vide.
Ils n'eurent pas à attendre longtemps avant que des volutes de ténèbres tourbillonnent sur le trône du Supérieur, qui se matérialisa aussitôt, de marbre en posture comme en expression. Il contempla ses confrères d'un regard indéchiffrable ses yeux s'arrêtèrent légèrement sur Roxas.
« Xion a disparu », dit-il.
Ses mots résonnèrent dans la salle creuse, descendant entre les piliers de l'assemblée. Les réactions prirent des formes différentes : Demyx haussa les sourcils mais ne parut guère concerné, Luxord porta une main songeuse à son menton, Xaldin grommela quelque chose d'inaudible. Pour les autres, l'annonce n'avait rien d'une nouvelle : Saïx et Axel ne changèrent pas d'expression, mais Xigbar se fendit d'un rictus déplaisant et Roxas ravala de peu un grognement de reproche, fixant le Supérieur comme s'il craignait et désirait à la fois en entendre davantage.
« Bah, cette gamine ne cesse de nous faire perdre notre temps, grommela Xaldin. Est-ce vraiment nécessaire de partir à sa recherche maintenant qu'elle nous est inutile ? »
Il ne cilla pas quand Roxas tourna brusquement la tête vers lui, une exclamation furieuse sur le bout des lèvres, mais Saïx rappela à l'ordre le Numéro Treize d'un regard froid sans lui donner la possibilité de parler.
« C'est exact, reprit Xemnas, imperturbable. Xion ne nous est plus d'aucune utilité. C'est pourquoi il est inutile de la ramener ici.
-Que comptez-vous faire alors ? s'enquit Luxord. C'est une déserteuse devrait-elle connaître le sort de ceux qui trahissent l'Organisation ? »
Il avait annoncé ces mots avec une nonchalance désintéressée qui lui valut un regard scandalisé de la part de Roxas. Xigbar ricana.
« Déserteuse ? Comme si ! Il aurait d'abord fallu qu'elle fasse partie de notre groupe ! »
Roxas retrouva enfin sa langue.
« Xion n'est pas une déserteuse ! protesta-t-il avec véhémence, courbé en avant, ses yeux lançant des éclairs. Et elle fait partie de l'Organisation ! Elle ne s'est pas enfuie, elle...
-Silence, numéro Treize, cingla Saïx d'une voix tranchante telle une lame glaciale tandis que la moitié de l'assemblée levait les yeux au ciel. Tu parleras quand tu te seras débarrassé de ce sentimentalisme idiot. »
Nullement perturbé par la tension qui montait entre ses membres, Xemnas continua. Sa seule aura suffit à lui assurer l'écoute de tous.
« Xigbar a raison. Xion n'a jamais été l'une d'entre nous.
-Oh ? Vous allez leur révéler le projet Replica ? ricana Xigbar avec le délice de celui qui savait en savoir plus que les autres.
-Projet Replica ? Qu'est-ce ? » fit Luxord en inclinant la tête sur le côté. Roxas reformait silencieusement ces deux mots sur ses lèvres, ses yeux passant d'un membre à l'autre.
-Oui, vous pourriez nous éclairer sur ce projet secret ? » renchérit Xaldin avec pour une fois une once de curiosité, même s'il avait toujours l'air de vouloir être ailleurs.
Un sourire félin étira brièvement les lèvres de Xemnas alors qu'il commençait à ses révélations, Roxas ne perdant pas une miette de ses mots, son regard se faisant de plus confus et désespéré au fur et à mesure que les explications descendaient sur lui.
« Xion n'est que le produit final, l'objet du dernier grand projet de Vexen avant sa disparition. Le but était de créer une réplique du héros du Keyblade pour nos intérêts, une marionnette vide qui aurait absorbé les pouvoirs et les talents du héros afin de devenir l'arme qui nous permettrait de construire Kingdom Hearts et d'atteindre notre but. Mais – les yeux de Xemnas glissèrent vers Roxas et le reste de l'assemblée suivit son regard – ce n'est plus nécessaire à présent. De plus, Xion est un projet défectueux comme vous l'avez remarqué il semble qu'elle se soit constituée sa propre identité en plus d'échouer à conserver la Keyblade. Son corps est en train de périr, et sans Vexen avec nous, nous ne pouvons renverser le processus même si nous le voulons. Elle ne nous est plus d'aucune utilité. »
Son corps était en train de... Les yeux écarquillés, Roxas arracha son regard du trône du Supérieur pour le reporter désespérément dans la direction d'Axel, qui demeurait obstinément détourné de lui, sourd à ses appels à l'aide silencieux. Mettant fin au murmures qui avaient commencé à parcourir l'assemblée devant les révélations – Xaldin semblait davantage vexé de n'avoir pas été dans la confidence que choqué par la véritable identité de la quatorzième membre – Xemnas continua sans manifester la moindre sympathie.
« Xion est bientôt en fin de vie cependant, elle connaît de nombreuses informations qui seraient regrettables entre des mains ennemies. De plus, il est impossible de prévoir sa réaction si l'on venait à la croiser. Ses motivations peuvent être directement opposées aux nôtres nous avons de fortes raisons de croire qu'elle est en contact avec l'Imposteur. C'est pourquoi, je vous demande à tous de faire le nécessaire si vous la rencontrez durant vos missions. Cela n'est pas négociable.
-A-Attendez un peu ! cria Roxas sans se soucier des yeux qui se tournaient vers lui. Qu'est-ce que vous voulez dire par faire le nécessaire ? Vous ne pouvez pas... !
-Roxas, tais-toi ! » l'interrompit Axel d'un ton sec. Il ne le regardait toujours pas quand Roxas se tourna vers lui, un air outré sur son visage. Xigbar ne masqua pas son ricanement.
Imperturbable, Xemnas reprit la parole.
« Le conseil est terminé. »
« Tu étais au courant ? »
Le silence buté d'Axel fut plus que révélateur et Roxas sentit les traits de son visage se tordre sous la contrariété. Quelque chose de douloureux enfla désagréablement dans sa poitrine, lui donnant envie de crier.
« Alors pourquoi tu n'as rien dit ?! Et depuis combien de temps ?! » s'exclama-t-il, sans se soucier d'être entendu.
De toute manière, à part quelques Reflets qui tournèrent leur tête au visage vide vers eux mais ne s'intéressèrent pas davantage à eux, la salle grise était vide.
Axel se gratta l'arrière du crâne et soupira, toujours réticent à croiser le regard de son meilleur ami.
« Je l'ai découvert il y a pas longtemps. Crois-moi, je n'ai rien à voir avec ce projet, j'ai dû fouiner dans les vieilles archives de Vexen pour...
-Je... je m'en fiche ! cria Roxas. Tu aurais pu m'en parler ! Tu aurais pu intervenir ! Tu aurais dû faire quelque chose !
-Et quoi ? » Pour une fois, Axel le défia du regard, haussant le ton à son tour. « Qu'est-ce que j'aurais pu faire ?
-Tu aurais pu l'empêcher de s'enfuir !
-Qu'est-ce que ça aurait changé ? Tu l'as entendu comme moi, Xion est en train de …
-Tais-toi ! »
Axel obtempéra, regardant avec dépit Roxas qui s'était bouché les oreilles, les yeux clos. Il semblait à deux doigts de fondre en larmes, ce qui était pourtant impossible pour un Simili.
Mais Roxas n'était pas un Simili comme les autres.
« Roxas... Ecoute-moi, s'il te plaît. »
La voix soudainement calme de son partenaire sembla inciter le jeune garçon à sortir légèrement de l'état d'hébétement dans lequel il s'était enfermé.
« Roxas... sais-tu ce qui se serait passé si le projet avait réussi ? continua Axel avec gravité. Si Xion était devenue celle qu'elle aurait dû être ? Elle aurait absorbé la puissance qui est en toi afin de devenir complète et... tu serais...
-Qu'est-ce que tu veux dire ? »
Roxas le regardait en plissant des yeux.
« Je croyais que Xion était censée être une réplique de – il écarquilla les yeux comme venant de réaliser quelque chose. Le héros de la Keyblade ! C'est... c'est de moi dont parlait Xemnas ! Xion était censée être... était censée être... »
Axel hésita. Il ne voulait pas lui parler de Sora. Les conséquences potentielles en seraient trop dangereuses. Aussi se contenta-t-il de hocher la tête.
« … Oui.
-Mais pourquoi ? s'écria Roxas, l'air trahi et blessé. Pourquoi voulaient-ils... Est-ce qu'ils pensaient que je... Je n'étais pas assez utile ? »
Axel ne répondit rien, mais Roxas ne se lamenta pas longtemps. La détermination revint rapidement dans son ton et sur son visage.
« Enfin, ce n'est pas le sujet ! Il faut aider Xion, Axel ! C'est notre meilleure amie. Tu as dit... Tu disais qu'on devait s'entraider... »
Ses mots ralentirent et il baissa d'un ton, comme à court d'air. Il avait l'air désorienté et Axel put sentir son cœur se serrer.
« Nous pouvons continuer à la chercher, dit-il avec douceur. Xemnas ne nous l'a pas interdit. »
Lui non plus souhaitait éviter qu'il lui arrive malheur.
Roxas hocha vigoureusement la tête sans le regarder.
« Oui. Il faut au moins l'avertir ! … Est-ce que tu sais comment la... la soigner ? Il doit bien y avoir un moyen !
-On y réfléchira quand on l'aura retrouvée d'accord ? » éluda Axel. Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui pour vérifier qu'ils étaient toujours seuls. « Alors...
-Est-ce que tu sais où elle est allée ? le prit de vitesse Roxas, qui plissa aussitôt des yeux, la méfiance réapparaissant sur son visage. Oui, n'est-ce pas ? Tu le sais depuis le début. Axel, où est-ce que Xion est partie ? »
Axel hésita à nouveau et détourna le regard, même en sachant que cela le trahissait immédiatement. Que pouvait-il lui dire ? Plus que tout, il ne voulait pas que Roxas entende parler de Sora...
« Elle... » Il choisit ses mots avec soin. « Je crois que les derniers jours avant son départ, elle cherchait des informations sur sa création. Je pense qu'elle avait des soupçons.
-Vraiment ? reprit Roxas à voix basse. Je savais qu'il y avait des choses qu'elle ne disait pas mais... Mais pourquoi elle ne nous en a pas parlé ? » Il fronça les sourcils et releva la tête. « Mais alors, où elle est allée ? Elle a été créée ici, non ?
-Pas vraiment. Je t'ai parlé du Manoir Oblivion, tu te souviens ? » Comme Roxas hochait la tête, Axel continua même s'il devinait que l'autre avait déjà compris, vu la manière dont ses yeux brillèrent soudainement. « C'est, ou plutôt c'était, une base de recherche spécialisée de l'Organisation. C'est là-bas qu'ils l'ont créée.
-Donc Xion est allée là-bas ?!
-C'est très probable. Saïx a dit que peu de temps avant sa disparition, quelqu'un s'était introduit dans son ordinateur et avait cherché des informations sur le manoir Oblivion, notamment comment s'y rendre. Mais elle n'y est sans doute plus maintenant.
-Si on y était allé dès le début, on l'aurait retrouvée ! » rétorqua Roxas.
Axel faillit lever les yeux au ciel et répliquer plus vertement que nécessaire mais il se contint.
« Ecoute, reprit-il calmement. On fait comme on a dit, ok ? Pas d'imprudence, c'est clair ? On continue à chercher Xion mais on ne se fait pas remarquer.
-... D'accord. » Roxas plissa des yeux et lui jeta un regard presque sévère. « Tu promets que tu ne me cacheras plus des trucs sur Xion ? »
L'expression d'Axel ne fléchit pas.
« Je te le promets. »
Le paysage désolé s'étendait où qu'elle porte le regard, écrasé sous un ciel sombre et immuable, où ne brillait nul astre. Kairi avançait au sein de ces ruines de pierre, au sol de roche inégal qui tentait de la faire trébucher à chaque pas, qui parfois s'élevait en des monticules de pierre aux formes déchirées qui peuplaient le paysage, entravant sa vue. Mais elle ne s'inquiétait même pas d'un potentiel danger tapis dans l'ombre : il n'y avait pas âme qui vive au sein de ce désert de pierre, plongé dans un silence lourd et vide, comme figé dans le temps.
La jeune fille ignorait où elle était, et en réalité, s'en moquait bien. Elle avait suivi au hasard le sentier de pierre en sortant du manoir et avait erré ainsi depuis... Elle ignorait combien de temps. Elle ne se souvenait même plus de comment elle avait quitté le manoir : elle avait vagabondé sans but dans les halls blancs sinistres et... elle avait dû finir par quitter les lieux. Peut-être. Ou bien errait-elle encore à l'intérieur, sans même le réaliser. Elle avait l'impression que son corps avançait automatiquement.
Le monde n'avait plus de sens, tout comme le temps : elle ignorait depuis combien de temps elle marchait, mais elle ne ressentait aucune fatigue à part celle, émotionnelle, qui alourdissait son cœur. Et au fond d'elle-même, elle se sentait mal, un mal qui ne tenait pas seulement du choc de la révélation.
Kairi força ses pieds à s'arrêter. Son corps s'était comme embourbé dans une suite de mouvements mécaniques et il lui fut difficile de trouver la volonté et le contrôle de s'immobiliser. Elle regarda autour d'elle : où qu'elle porte le regard, seulement un paysage nu et déchiqueté figé dans un silence pesant, sous un ciel noir. Elle plissa les yeux, mais elle ne discernait toujours rien de nouveau à l'horizon. Rien qui n'ait changé depuis qu'elle avait commencé sa longue marche. Mais ça devait bien mener quelque part, n'est-ce pas ? Quand elle se retourna derrière elle, elle constata avec un frisson que l'horizon se dissolvait dans les ténèbres, au sein duquel une minuscule lueur blanche était tout ce qu'il restait du manoir Oblivion. Oui, elle avait bel et bien parcouru du chemin.
La jeune fille avisa une pierre un peu plus plate que les autres et s'y assit précautionneusement. Elle se doutait que le mal tenace qui ne la lâchait plus – un mal qui lui labourait le crâne, rendait ses pensées confuses et ses sens embourbés, lui donnant l'impression que son corps rechignait de plus en plus à lui obéir – ne saurait être atténué par un peu de repos, mais la familiarité de l'action lui parut attrayante, et elle prit même soin de lisser son manteau noir et d'en chasser la poussière imaginaire avant de se décider à reprendre sa longue marche. Elle se replongea une fois encore dans ce qu'elle venait d'apprendre.
Maintenant, je sais tout.
Elle avait tout compris. Tout ce qu'il lui avait suffi pour rétablir la vérité, les pièces manquantes du puzzle, lui avaient été dévoilées par la sphère de cristal, un pan d'archives oubliées dans l'ancienne base de l'Organisation.
J'ai tant cherché cette vérité, et pourtant, j'ai du mal à m'en réjouir. Au fond de moi, je souhaiterait presque n'avoir rien découvert.
Sora, son ami d'enfance, avait sauvé les mondes d'un sort funeste, mais pour ensuite tomber dans les griffes d'une autre menace. Elle avait lu avec horreur les plans sinistres de l'Organisation pour s'emparer des pouvoirs de son ami. Mais quelque chose ne s'était pas passé comme ils l'avaient souhaité, et nombre d'entre eux étaient tombés sous les coups du héros de la Keyblade avant que celui-ci ne disparaisse, succombant à leurs manipulations. Où était-il passé ? Elle n'en savait rien et c'était ce qui terrifiait la jeune fille, cette note finale qui concluait les rapports entreposés dans la boule de cristal au sein du manoir : Le héros de la Keyblade nous a échappé et est, jusqu'à présent, introuvable. Cependant, il est certain qu'il est désormais hors d'état de nuire.
Et, d'un autre côté, ses soupçons sur Roxas avaient été confirmés. Kairi n'était pas vraiment sûre de savoir qui était Roxas, mais il s'agissait d'une partie de Sora, son « ombre » comme inscrit dans les rapports. Un garçon sans souvenir qui possédait le pouvoir du héros et avait pris la relève, et que l'Organisation avait récupéré pour ses propres plans. Et elle avait entraperçu lesdits plans, et elle en frissonnait encore. Tout son être repoussait cette hérésie affreuse commise envers les mondes et les cœurs : l'Organisation, pour une raison qu'elle ignorait, désirait s'accaparer un pouvoir proche de celui de Kingdom Hearts, en construisant le leur, amassant dans ce but des cœurs qu'ils volaient aux habitants du monde par l'intermédiaire des Sans-coeur... et de la Keyblade.
Les archives n'avaient que brièvement mentionné les machinations de l'Organisation pour s'assurer que toujours des Sans-coeur ravagent les mondes, mais elle en avait vu assez. Quant à la Keyblade... Ils désiraient tant ce pouvoir dont dépendait la réussite de leur but qu'ils avaient même tenté de créer un clone de Sora. Les détails de la fabrication de ce clone étaient obscurs et compliqués, et elle les avaient rapidement survolés. Mais elle savait que c'était la raison pour laquelle Sora avait été piégé et avait disparu, et pour laquelle ils avaient récupéré Roxas, afin de servir de nourriture à une réplique parfaite et obéissante, ombre de son ami perdu. Rien que d'y pensait la dégoûtait.
Parce que c'était la véritable nature de cette « Xion » dont elle avait pris le corps. Une réplique sans volonté créée de toute pièce. Mais dans ce cas, pourquoi avait-elle ses propres traits ? Cela, elle l'ignorait.
Xion n'avait pas de volonté, parce qu'insérer une âme en elle serait contre-productif, et bloquerait même le processus de développement de la réplique, dont le corps inachevé finirait par se détruire (il était vrai que le rapport admettait que sur le long terme, il était possible que Xion développe sa propre conscience, quoique cela était exprimé avec un langage clairement sceptique). C'était rassurant, d'une certaine façon : elle n'avait pas à se soucier d'absorber son ami sans le vouloir.
Mais elle comprenait aussi ce qu'il allait lui arriver.
Et, après tout ce chemin, elle ignorait toujours où trouver Sora, le vrai Sora, son ami disparu. Kairi savait au plus profond d'elle-même qu'il n'était pas perdu, qu'il était là, quelque part, mais il lui était toujours inaccessible. Son corps d'emprunt était en train de mourir...
Combien de temps lui restait-il encore ?
Kairi sentit quelque chose d'humide glisser sur ses joues. Il ne pleuvait pas ici, alors ce ne pouvait être qu'une chose. Elle pleurait malgré la lumière de son cœur. Elle avait peur, seule dans ce paysage inconnu, peur d'y mourir loin de tous, et sans même avoir revu Sora.
Elle ferma les yeux. Ses pas continuèrent de la guider.
« Mais qu'est-ce qui lui est passé par la tête ! »
Le poing de DiZ s'abattit sur la table, faisant trembler le meuble. Riku ne broncha pas et garda le silence. Il se tenait à quelques pas de l'homme enfoncé dans son fauteuil dans la pénombre de la salle de séjour, trop occupé à fulminer pour lui prêter attention.
« Je savais qu'on ne pouvait pas faire confiance à ceux de son espèce, marmonna l'homme, les yeux lançant des éclairs. C'est impossible, quand ils ne connaissent ni la loyauté, ni le remord.
-Dois-je aller m'assurer que personne ne nous a suivis quand nous sommes revenus ? » demanda Riku, sans dissimuler sa tentative de quitter les lieux.
A vrai dire, lui aussi ignorait la raison des agissements étranges de Naminé depuis quelques temps. La jeune fille, avant si ouverte, semblait à présent réticente à lui parler. Il regrettait un peu l'ancienne Naminé, si simple et transparente.
DiZ lui jeta un regard perçant.
« Non, reste, ordonna-t-il. J'ai encore des questions. »
Il prit son temps avant de poursuive, se renfonçant dans son fauteuil, les traits sombres.
« Peux-tu me redire ce qu'il s'est passé ? Ne vois-tu pas quelque chose qui aurait pu la pousser à agir ainsi ?
-Je vous ai déjà tout dit. J'ai retrouvé Naminé dans une ruelle de la Cité. Je ne sais pas ce qu'elle voulait faire. »
Bien qu'il lui était loyal (du moment que ses intentions n'interféraient pas avec le réveil de Sora), cela ne signifiait pas qu'il l'appréciait ou lui faisait pleinement confiance. Il était réticent à lui en dire plus que nécessaire et ne savait que trop bien comment il aurait réagi s'il ne s'était pas gardé de lui révéler qu'il avait trouvé Naminé en train de tenter d'approcher des membres de l'Organisation. Cela, DiZ n'avait pas besoin de le savoir. Surtout qu'en y repensant, il avait une petite idée sur la raison pour laquelle Naminé avait tenté d'entrer en contact avec eux.
« Il est peut-être même possible qu'elle soit une espionne pour le compte de l'Organisation, marmonna DiZ. Elle est comme tous les Similis... Ils sont tous pareils... On devrait se débarrasser d'elle... Je suis sûr qu'elle nous leurre en nous disant qu'elle ne peut plus reconstruire la mémoire de Sora. C'est sans doute un mensonge aussi. Elle est leur complice... elle essaye de saboter le processus... »
Riku le laissa parler en ne l'écoutant qu'à moitié, sachant que le vieil homme était tant la proie de sa paranoïa qu'il serait futile d'essayer de le dissuader d'écouter ses doutes.
Le regard que Naminé lui avait jeté quand il l'avait empêchée d'aller rejoindre les deux membres de l'Organisation... Il l'avait déjà vu quelque part, mais ne venant pas d'elle. C'était un regard qui était d'ordinaire totalement étranger à la jeune fille.
Pourquoi est-ce qu'il a fallu que tu viennes t'en mêler ? Si tu n'étais pas intervenu, j'aurais pu...
D'une certaine manière, lui et Naminé étaient semblables. Il se voyait en elle elle aussi avait commis des erreurs funestes, et elle aussi tentait de les réparer, et devait porter le poids de ses fautes. Cela expliquait sans doute pourquoi il était aussi à l'aise pour parler avec elle... Du moins était-ce toujours vrai quelques semaines plus tôt, avec son changement soudain de comportement.
« Peut-être qu'elle essayait de retrouver Roxas pour lui demander son aide », se dit-il tout haut, mettant des mots sur la suggestion qui lui était venue à l'esprit.
DiZ se contenta de ricaner avec mépris.
« Bien sûr. Enfin peu importe. Nous devons faire en sorte que cela ne se reproduise jamais, tu m'entends ? Je te demanderais de surveiller Naminé dans les prochains jours essayons d'éviter coûte que coûte une nouvelle fugue. Et si cela venait à se reproduire... »
Son visage s'assombrit avec la menace qui demeura tacite.
Riku hocha pensivement la tête. Ses pensées avaient déjà pris un autre chemin.
Quelques pans de la conversation entre les deux Similis étaient parvenus jusqu'à ses oreilles. Il l'avait entendu comme Naminé : Xion avait disparu. L'Organisation n'avait pas la moindre idée de sa localisation.
C'était donc à lui de la retrouver si elle avait décidé de fuir ses anciens alliés.
Peut-être avait-elle finalement décidé de suivre ses conseils.
