Vocabulaire :
- Seijun : Innocence, pureté
- wo : particule japonaise. Ici sert à désigner le COD (seijun)
- torareru : passif du verbe toru, voler
Check Mate DxD
Chapitre 10 : Innocence volée / Seijun wo torareru
.
« Bonjour Eleanor » dit Hariel avec un grand sourire.
La jeune fille, assise sur l'un des sièges de l'amphithéâtre, leva la tête du livre qu'elle lisait puis poussa un soupir courroucé avant de s'y replonger.
Hariel sourit et défit le ruban de sa capeline ainsi que celui de sa coiffe en dentelle et les tendit à Heathcliff, son majordome.
Heathcliff n'était pas son vrai nom. Le Majordome personnel d'Hariel était un membre de la maisonnée Gremory et répondait au nom de Heal'va. Heathcliff était le nom que lui avait donné Hariel pour passer un peu plus inaperçu sur Terre.
Très officiel, il portait un uniforme impeccablement repassé composé de chaussures cirées noires, d'un pantalon gris au pli aussi affûté qu'une lame de rasoir, d'une chemise d'un blanc immaculé recouvert d'un gilet gris retenant une cravate d'un rouge couleur sang munie d'une pince à cravate dorée avec, dessus, un cabochon représentant le monogramme personnel d'Hariel sur la rose stylisée de Gremory. Par-dessus cela, il portait une jaquette noire à queue parfaitement ajustée et des gants blancs. Son visage était à l'image de son apparence, pâle, long et fin. Ses cheveux noirs gominés lui donnait un air de début de siècle de même que son air flegmatique et mystérieux renforcé par ses yeux gris anthracite.
Heathcliff prit les affaires de son maître et les plia soigneusement sur son bras. Il tendit ensuite ce qu'il tenait à la main à son maître puis s'inclina et partit.
Les deux objets qu'il avait tendu à Hariel était un rehausseur en bois garni d'un coussin qui permettait à Hariel de voir par-dessus les tables et surtout de prendre des notes, ainsi que mallette contenant ses affaires de cours.
« Tu amène toujours ton larbin ? » demanda Eleanor d'une voix moqueuse sans lever les yeux de son livre.
« Mes affaires sont trop encombrantes pour moi seul. »
« Tu dois toujours avoir réponse à tout ? » grogna le jeune fille.
« Oui, c'est pour ça que je suis ici à mon âge »
« Et c'est parce que tu es ici à ton âge que tu as besoin de tout ce fatras. »
« La vie est un éternel cercle vicieux tu ne trouve pas ? » dit Hariel avec un sourire.
La jeune fille grogna mais ne dit rien. Posant la valise au sol, Hariel se mit à genoux en prenant bien garde d'étaler sa jupe autour de lui pour ne pas l'abîmer. Il portait aujourd'hui l'une de ses tenus préférés, une robe noire garnie de dentelles. La partie haute faisait comme un manteau moulant serré au col par un collier de chien et dont les pans étaient attachés jusqu'à la taille où ils s'évasaient en une gracieuse forme arrondie garnie de frou-frou et recouvrant une succession de jupons eux aussi d'un noir d'encre. Les manches étaient légèrement bouffantes aux épaules, serrés à jusqu'à deux tiers des avant bras où elles s'évasaient en une manchette de dentelle qui recouvrait ses mains.
Le temps déjà frais de cette mi septembre avait contraint Hariel à compléter sa tenue d'une coiffe en dentelles, d'une capeline de velours ainsi que de collants de laine noir par-dessous ses souliers vernis de la même couleur.
De la valise, Hariel sortit un petit ordinateur noir et rouges aux angles arrondis ainsi que les deux livres qui servait à ce cours de fondements de la programmation qu'il allait suivre avec Eleanor, une introduction aux mathématiques ainsi qu'un autre sur la mathématique de programmation.
Hariel se hissa sur son rehausseur et regarda le livre qu'Eleanor lisait. C'était celui sur les bases des mathématiques. « Base » était un bien grand mot puisque les calculs qu'il présentait était déjà bien au dessus de ce que pouvait faire un lycéen.
Bien qu'on ne soit qu'en septembre, le livre de la jeune fille était déjà bien abîmé à force d'avoir été lu. Hariel savait pourtant qu'il avait du être neuf deux semaines auparavant lors de la rentrée puisqu'il s'agissait de l'édition de cette année sortie pendant l'été afin d'être disponible à la rentrée.
Il faut dire que ce livre était utilisé par de nombreux professeurs dont les matières étaient liés aux mathématiques dans les cours de leur programme départemental ainsi que dans les cours du tronc commun. Mais seul l'usage répété qu'en faisait Eleanor était responsable de son état.
Hariel alluma son ordinateur et se mit à patienter. Le visage appuyé contre son poing fermé, il détaillait la jeune fille qui se trouvait à côté de lui.
« Toujours aussi négligée Eleanor » soupira Hariel.
La jeune fille serra les dents et marmonna un « occupe toi de tes affaires » à peine audible.
Inscrite tout comme Hariel pour une licence en Science et Ingénierie Informatique, Eleanor avait immédiatement pris Hariel en grippe. Pourtant le jeune garçon n'avait rien fait pour cela, au contraire, il se montrait particulièrement gentil avec la jeune fille contrairement à beaucoup d'autres personnes qui, soit l'ignoraient, soit se moquaient d'elle. C'était peut-être parce qu'elle était britannique comme lui mais pas forcément. En fait, Hariel se montrait gentil et aimable avec la plupart des gens surtout les filles qui adoraient ses allures de poupée.
Mais selon Eleanor, tout l'insupportait chez Hariel : sa richesse, son assurance et sa popularité. Elle était une boursière qui devait travailler tout les soirs pour gagner de quoi vivre puisque sa bourse disparaissait entièrement en frais scolaires. Tout les temps libres qu'elle avait, elle les passait à la bibliothèque à travailler sur leurs devoir ou à réviser.
C'est pour cette raison qu'elle n'avait pas vraiment le temps de s'occuper d'elle. Le matin elle prenait une douche rapide et s'habillait de ce qui lui tombait sous la main. Aujourd'hui elle portait un pantalon cargo kaki et un pull gris aux manches relevés. Ses cheveux épais et noirs étaient attachés par un simple élastique en un pseudo chignon qui avait pour seule mérite de les empêcher de tomber dans ses yeux ou de lui chatouiller la nuque. Sous ses lunettes de lectures, ses yeux marrons étaient entourés de poches noirâtres qui jurant sur son teint pâle à cause du manque soleil.
« Tu sais, un peu de sommeil, quelques heures au soleil et un coup de brosse feraient l'affaire. »
Excédé, la jeune fille referma son livre et se tourna vers l'enfant.
« Je ne suis…c'est quoi ça ? » dit elle brusquement en détaillant Hariel pour la première fois.
« Ça ? » demanda Hariel en effleurant la monture métallique de ses petites lunettes ovales. « Elles sont bien non ? Je les ai acheté hier. Bon, ce n'est pas des vrai mais je trouve que ça me donne un air plus intelligent. »
Pour illustrer son propos, le petit garçon prit la pose, son avant bras droit ramené en travers de son corps et tenant son coude et sa main gauche tenant son menton comme pour une réflexion profonde que démentait son large sourire.
Eleanor allait répondre mais le professeur Leyton arriva sur ces entrefaites et le cours commença. Comme à son habitude, Hariel prit un ton sérieux qui ne semblait pas de son âge et répondait parfaitement à toutes les questions que le professeur lui posait en même temps qu'il notait chacune de ses paroles sur son ordinateur avec une vitesse de frappe proche de la parole.
Eleanor, elle, plutôt adepte de la prise de note manuelle, grattait sur ses feuilles tout en jetant des regards à ses livres ouverts devant elle. Tout comme elle, les autres élèves tentaient de prendre des notes tout en se référant à leur livres dont ils tournaient furieusement les pages. Hariel était le seul dont les livres étaient sagement rangés sur le côté de sa table, presque aussi neufs que le jour de leur achat.
A la fin du cours, Hariel rangea ses affaires dans la valise qu'Heathcliff, qui était entré entre dans la classe, récupéra.
« N'oublie pas que nous nous voyons samedi chez moi » rappela Hariel à la jeune fille.
Eleanor grogna un son qui semblait ressembler à un « oui » et commença à s'éloigner pour rejoindre le centre sportif où elle et les autres allaient avoir un cours de natation.
Hariel en était dispensé à cause de son âge et il profitait de ces cours pour s'entraîner avec Argai qui venait spécialement du Makai pour le voir.
« Enfin natation ! » dit une voix moqueuse dans leur dos. « Au moins on ne verra plus l'atroce coiffure d'Eleanor sous son bonnet de bain. »
Celui qui avait parlé s'appelait Edward Fould, Eddy pour ses amis, ou plutôt pour ses groupies. Hariel connaissait quelques séries américaines dont certaines se passaient au lycée et à l'université. Il avait pensé à une exagération de leur part mais en arrivant ici, il s'était rendu compte que c'était tes réel.
Edward était l'archétype du fils de riche qui était entré dans l'université à la force de l'argent (pas le sien évidemment) et qui n'avait pas vraiment de talent dans les études. Ça ne l'empêchait pas de se croire tout à fait légitimement à sa place contrairement à quelqu'un d'aussi « plébéien » qu'Eleanor dont le talent avait payé les études.
Il avait pensé s'entendre avec Hariel dès la rentrée. Le nom de Gremory était aussi connu dans certaines sphères de la Terre pour sa richesse et son prestige. Edward avait sans doute espéré prendre celui qu'il pensait être une jeune fille intelligente mais timide sous son aile. La demoiselle s'était avéré plus coriace et plus masculine qu'il ne le pensait et l'avait envoyé sur les roses d'une manière suffisamment humiliante pour que 1, Edward le prenne en grippe mais que 2, il le laisse tranquille pour des cibles plus facile.
Ces cibles étaient bien sûr les boursiers qui faisaient tout pour éviter les problème pour ne pas se voir retirer leurs subventions.
C'est pour cela qu'Hariel vit Eleanor tressaillir mais ne pas s'arrêter pour répondre. Elle l'avait fait la première fois et Edward avait prit cela comme un défi et se concentrait dorénavant sur elle.
Admirant son self contrôle (Edward en avait déjà sortit des pires) Hariel sourit. Décidément cette Eleanor Granger était des plus intéressante.
0OoO0
Son sac sur l'épaule, Eleanor levait la tête pour regarder la haute maison où habitait son camarade.
Elle se trouvait dans Mission Hill, quartier où elle ne serait jamais allé si elle ne connaissait pas Hariel. La rue était bordée de maisons à trois étages, toutes de briques rouges, protégés par des arbres assez haut disposés entre la rue et le trottoir comme une barrière naturelle.
Les maisons étaient en quelque sorte surélevés si bien que les caves étaient pratiquement au niveau du sol et que pour atteindre le rez-de-chaussée, il fallait monter une volée de marches.
Eleanor soupira et sonna à la porte. Il ne fallu que quelque secondes pour qu'elle s'ouvre.
« Bonjour Miss Granger » dit Heathcliff de sa voix posée « Monsieur vous attends dans le salon »
Alors que la jeune fille soupirait d'énervement, le majordome la fit pénétrer dans le vestibule et ouvrit la première porte à droite qui se trouvait être une double porte coulissante.
« L'invitée de Monsieur » annonça Heathcliff alors que l'horloge sonnait neuf coups.
Hariel était assis dans un fauteuil à côté d'une petite table buvant une tasse de thé tout en lisant un livre assez épais.
« J'admire ta ponctualité » dit-il en reposant sa tasse.
Il était vêtu d'une tunique chinoise fine et longue, attaché sur le côté, d'un pantalon tout aussi fin et raide ainsi que de chaussons, le tout noir décorés de broderies rouges. Il portait encore ses petites lunettes mais ses cheveux étaient relevés et attachés par des baguettes d'ivoire dont les extrémités étaient décorés d'or et d'un cabochon rouge tout au bout.
Dès qu'Eleanor fut rentrée, une femme habillée d'une robe de domestique grise avec un tablier entra dans la pièce et posa sur la table un plateau sur lequel trônait une grande cloche métallique.
« Je te remercie Catherine » dit Hariel.
La dénommée Catherine, de son vraie nom Cath'na fit une petite révérence avec un sourire avant de s'éclipser.
La démone était le second membre du personnel de la maison. Si Heathcliff était chargé de son service personnel, Catherine s'occupait de la maison : repas, ménage, lessives, courses, elle s'occupait aussi des comptes et des différentes commandes à faire. D'une nature gentille et douce, elle avait l'apparence de gentille mamie joviale avec son visage rond, sa petite taille et ses boucles châtains avec des touches blanches par endroit. Mais nombreuse étaient ceux qui avaient regretté de l'avoir sous estimait, elle pouvait se montrer intransigeante dans le service et sans pitié sur le champs de bataille.
« Je suis sur que tu n'as pas petit déjeuné » dit Hariel avec fatalisme une fois que la domestique fut partie. « J'ai donc prit la liberté de te faire préparer ceci. »
Il souleva la cloche de métal et révéla une assiette avec un petit déjeuner complet : bacon, œuf a la coque encore chaud, croissant, beurre ainsi qu'un verre de jus d'orange.
« On a pas le temps pour ça » soupira la jeune fille, excédée.
« Foutaise ! » jura l'enfant « Si tu ne prends pas plus soin de toi tu vas t'effondrer et alors adieu les études. »
Comme son argument n'avait pas l'air de l'atteindre, il décida de faire son sale gosse. Il avait le droit, il était un gosse.
« Je refuse de travailler tant que tu n'aura pas mangé »
« Mais… ! »
« Non, non, non »
« Toi alors t'es… »
Elle ne finit pas sa phrase et s'assit a table pour manger.
« C'est quoi ton bouquin ? » demanda-t-elle la bouche pleine.
« Chimie organique » dit Hariel sans lever les yeux.
« Cours de biologie ? »
« Non, c'est l'un des cours que je suis en ingénierie biologique »
La jeune fille fit une grimace. Hariel ne pouvait décidément pas faire comme tout le monde. Non seulement il était dans la prestigieuse MIT a seulement 7 ans, mais en plus pour pas moins de trois diplômes. Avec les cours, les révisions et les travaux personnel, tout le monde préférait ne passer qu'un seul diplôme, surtout que ça laisser plus de temps pour s'amuser.
Hariel, lui préparait, en plus du diplôme de Science et Ingénierie Informatique, un autre en Ingénierie Biologique et un troisième en Mathématiques et Sciences Informatiques.
« Au fait, comment tu compte passer les trois ? » demanda Eleanor en finissant son œuf à la coque.
« Les unités du tronc commun comptent pour chacune d'elles et pour les différents programme de département, je me débrouille »
Chaque élève voulant passer un diplôme du MIT avait un certain nombre d'unités à avoir. Chacun des cours en donnait un nombre défini en fonction des notes. Par exemple la majorité des cours pouvait donner un maximum de 12 points. Le but pour obtenir son diplôme était d'en avoir au moins la moitié partout à alors qu'il y ai un équilibre entre les cours réussit et ceux qui ne l'étaient pas. Il y avait bien sûr de nombreux cours en rapport avec leur programme départemental, c'est a dire celui du diplôme qu'ils cherchait à obtenir, mais tous avaient aussi un tronc commun constitué de matières scientifiques (mathématique, biologie, physique et chimie), littéraires, artistiques et sociales avec des cours au choix de même que des cours de sport et une activité en labos.
Les étudiants devaient s'inscrire leur cours dans l'ordre qu'ils préféraient il fallait seulement qu'en fin de 3ème année ils les aient tous complétés.
Hariel, tout comme Eleanor avaient commencé par une majorités de cours du tronc commun car certains étaient nécessaire pour accéder à des cours de leur programme départemental.
Par un hasards que Hariel n'avait même pas forcé, Eleanor et lui étaient ensemble non seulement dans des cours de sciences et ingénierie informatique mais aussi dans des cours du tronc commun en particulier en science et en littérature art et sciences sociales. Eleanor avait accusé le petit garçon de la harceler mais celui-ci s'était défendu avec la dernière énergie.
Elle avait été encore plus énervé quand il les avait inscris comme binômes pour le cours d'introduction à la littérature anglaise. Eleanor n'était pas une grande fan de littérature anglaise mais c'était l'un des seuls cours qui collait avec son emploi du temps. La moitié de la note leur serait donné par un dossier à rendre au dernier cours. Pour ne pas faire de jaloux, le professeur, avait fait tirer les sujets au sort. Quand il était arrivé à leur groupe il avait tendu son chapeau ou se trouvait les sujets en faisant une remarque sur la main innocente. Elle ne devait pas être si innocente que cela car Hariel avait tiré un sujet sur « The Swimming Pool Library » de Alan Hollinghurst.
Eleanor ne connaissait pas ce livre mais le visage rouge du professeur Tapcott et son empressement à vouloir leur faire changer de sujet était assez révélateur du contenu du livre. Le sujet était aussi assez évocateur puisqu'il s'agissait de « l'expression générationnel du désir homosexuel ». Hariel avait refusé de rendre le sujet et le professeur avait dû passer à la suite.
Dès le lendemain, Eleanor avait trouvé un paquet contenant le livre se trouvait dans sa boîte au lettre. Hariel avait joué les ignorants mais lui avait donné une carte avec son adresse pour qu'ils commencent à travailler ensemble et lui avait donné rendez-vous pour ce jour là.
« Tu as lu le livre ? » demanda Hariel quand Eleanor eut complètement finit son petit déjeuner.
La jeune fille acquiesça.
« Bien »
Hariel referma son livre et demanda à la jeune fille de le suivre jusqu'à son bureau. Ils montèrent les escaliers jusqu'à premier étage et entrèrent dans la seconde pièce sur leur droite.
« Au fait, et si tu l'expliquais pourquoi on bosse ici et pas…à la bibli… »
Eleanor s'arrêta sur le seuil en clignant des yeux. La pièce semblait plus être une bibliothèque qu'un bureau. Les murs étaient recouverts d'étagères sur lesquels étaient rangés des centaines de livre.
« Qu'est ce que tu disais ? » demanda Hariel avec un petit sourire.
« Mais…que…c'est quoi tout ça ? »
« Ma bibliothèque de travail. » dit Hariel en s'asseyant sur l'une des chaise de la table de travail. « C'est tout les livres nécessaire de l'année plus ceux cités dans les bibliographies des description de cours et aussi des exemplaires de tout les livres présent dans les bibliothèques d'ingénierie, de biologie et de mathématique. Comme ça je n'ai pas à les prendre en bibliothèque. »
« T'es vraiment un bourge » dit la jeune fille en sas ayant sur sa chaise. »
« En fait, je suis noble. Et je ne vois pas quel mal i réaliser sa propre bibliothèque puisque j'en ai les moyens. »
« Et comme ça tu n'as pas à te mêler au commun des mortels »
« Ça n'entre pas en ligne de compte »
« Bien sûr »
« Qu'est ce qui te dérange tant que ça chez moi ? Que ma famille ai de l'argent ? Qu'ils l'utilisent pour que je puisse mener à bien mes ambitions ? »
« Je n'aime pas les gens qui pensent que tout s'achète même les places pour les meilleurs écoles »
« Parce que tu pense que j'ai acheté ma place ? »
La jeune fille le regarda droit dans les yeux sans répondre. Elle savait qu'elle était de mauvaise foi. Elle avait bien vu comment il agissait en cours, comment il répondait aux questions des profs avec exactitude. Il était non seulement très mâture mais aussi très intelligent.
« C'est en partie vrai » concéda Hariel. « Mais seulement à cause de mon âge. Pour le reste je n'ai pas besoin de privilèges et je peux te le prouver. »
Il se leva et se dirigea vers une commode qui se trouvait sous la fenêtre. Il ouvrit l'un des tiroir d'où il tira une pochette.
« J'avais prévu le coup » dit-il en la jetant sur la table.
« Qu'est ce que c'est ? »
« Mes résultats de SAT. Tu verras que j'ai les résultats maximum non seulement dans le Reasoning Test mais aussi dans mes Subject Test. »
Eleanor ouvrit la pochette et regarda les feuilles.
« Mais tu as pris combien de matière ? »
« Toutes, y comprit une dizaine de langues. Et à chaque fois j'ai eu les résultats optimaux. Et ce n'est pas tout. Est-ce que tu sais pourquoi je n'ouvre jamais mes livres en cours ? C'est parce que je les connais par cœur après les avoir lu une fois et c'est pareil pour une partie de ceux-là » dit-il en désignant les livres autour d'eux. « Alors ? Est-ce que je mérite d'être ici ou non ? »
« Ce que je vois, c'est que tu es un putain de génie qui a profité de sa supériorité pour piquer la place de quelqu'un »
« Oh mais quelle tête mule ! Et d'abord je n'ai piqué la place personne. La donation de mon grand-père était suffisamment substantiel pour exiger que je sois ajouté en plus des effectifs sans prendre la place de quelqu'un. »
« Donc tu as bien des privilèges »
« Et toi tu es vraiment de mauvaise foi » soupira Hariel.
Eleanor le savait mais elle s'en fichait. Elle se promit cependant d'arrêter ses mauvaises têtes avec lui et d'essayer de le supporter. N'ayant plus aucune autre objection, ils se mirent donc au travail et n'arrêtèrent que tard le soir à peine interrompu par Catherine qui leur avait apportés de quoi se sustenter.
0OoO0
Le reste du semestre se passa sans trop d'incident. L'amitié en dent de scie entre Hariel et Eleanor se développa et ils finirent par être bons amis…du moins selon l'avis d'Hariel et des autres.
Ils formaient un drôle de couple : le petit garçon habillé en fille et la bosseuse mal fagoté. Souvent en train de travailler à la bibliothèque (Eleanor avait refusé qu'ils travaillent à chaque fois chez Hariel) ils avaient été rejoins par d'autres personnes de leur promotion et avaient, sans vraiment le vouloir, formé un groupe de travail.
Gérer un groupe ce n'était pas grand-chose pour Hariel. Il était charmant, intelligent et se liait facilement avec les autres. Il lui arrivait souvent de penser que son passé chez les Dursley lui semblait loin, vieux de plusieurs dizaines d'années, comme une autre vie.
Eleanor, elle, restait plus réservée. Elle était satisfaite de l'émulation apportée par le groupe mais elle avait plus de mal avec les relations sociales surtout quand celles-ci l'empêchait de travailler.
Il avait fallu toute la persuasion d'Hariel pour faire comprendre à Eleanor que la détente était toute aussi nécessaire aux études que le travail.
Ses efforts avaient portés ses fruits car avec leur groupe d'amis il leur arrivait de sortir ensemble en journée.
On était déjà à la mi décembre et de nombreuses fêtes s'organisaient pour la fin du semestre. On était vendredi soir. La semaine prochaine serait ce qu'on appelait la 13ème semaine, une période permettant de rattraper des cours annulés ou de rendre des devoirs. Beaucoup, notamment dans leur groupe de travails s'étaient suffisamment avancés pour que cette semaine ne soient qu'une formalité et tous avaient décidés d'aller a l'une ou l'autre des fêtes étudiantes que l'on donnait ce soir là.
Malgré sa grande maturité, Hariel n'avait pas le droit de se rendre à ces fêtes mais il l'avait proposé à Eleanor qui, à la grande surprise tous, avait accepté.
0OoO0
Assis dans l'un des profonds sièges de son salon, Hariel lisait un livre de sciences politiques recommandé par le professeur Rabbih dans le cadre de son cours intitulé « Comment diriger le monde », un cours que le jeune démon suivait avec avidité, espérant se former à son futur devoir de Satan.
Dans sa main il tenait un mug presque vide. Arrêtant momentanément sa lecture, il se tourna vers la petite table à ses côtés sur lequel était posé un samovar très spécial. Au lieu de verser du thé, l'un des robinets versait du chocolat chaud et un second de la crème. Un réceptacle dans la machine contenait de petits chamallows à mettre dans le chocolat.
La pendule avait sonné minuit depuis quelques temps déjà quand on sonna à la porte. Hariel releva la tête de son livre mais déjà Heathcliff était près de la porte.
« Monsieur ! » dit la voix forte du majordome « Il me semble que vous devriez venir »
Hariel fronça les sourcils. Il n'était pas dans les habitudes d'Heathcliff de crier comme cela dans la maison, il préférait se déplacer pour parler à quelqu'un.
Il posa son livre sur la petite table et se leva, puis, après avoir resserré la ceinture du kimono de soie écrue décoré de fleur qui recouvrait sa chemise de nuit, il se dirigea vers l'entrée.
A peine fut-il sortit du salon qu'il se figea. Eleanor se trouvait sur le seuil. Elle était hagarde, ses lunettes fendus et sa tenue, la seule jolie tenue qu'elle ait et qu'elle avait mit spécialement pour cette soirée, déchirée. Sa lèvre et son arcade sourcilière étaient fendues et des bleues apparaissaient sur son visage et son cou. Le manteau qu'Hariel lui avait vu porter dans la journée avait disparu et sa peau était bleuie par le froid. Ses chaussures, elles, était tellement détrempé par la neige du dehors qu'elles faisant une flaque autour d'elle.
Hariel se força à reprendre ses esprits et se précipita vers son amie.
« Eleanor ! que t'es t'il arrivé ? »
« Je…je… » balbutia-t-elle en claquant des dents.
Heathcliff prit son manteau sur l'une des patères de l'entrée et voulut le poser sur les épaules de la jeune fille mais celle-ci s'écarta avec un petit cri. Elle jeta des regards affolés autour d'elle et se mit à reculer. Finalement son dos toucha le mur et des larmes commencèrent à couler. Elle se laissa tomber au sol et se recroquevilla en pleurant.
« Préparez la voiture Heathcliff » dit Hariel « Nous allons à l'hôpital »
Utilisant ses pouvoirs démoniaques, il contacta Catherine par la pensée et lui demanda de lui amener une tenue facile à passer. Puis ils s'agenouilla près d'Eleanor.
Il voulut essayer de lui demander ce qui s'était passé mais la jeune fille restait mutique. Il réussit à lui mettre le manteau sur le corps et lui enleva ses chaussures et ses chaussettes. Il se défit son kimono et commença à lui frotter les pieds puis les mains avec sans se soucier du fait qu'il allait être perdu.
Catherine descendit juste après. Elle portait la tenue d'Hariel sur un bras ainsi que des serviettes chaudes dans l'autre. Elle donna les vêtement à Hariel et prit sa place auprès de la jeune fille.
Le jeune démon enfila rapidement sa robe anthracite de coton épais à double épaisseur, ses collants en laine pourpre et ses bottines.
La porte s'ouvrit et Heathcliff leur dit que la voiture était prête. Hariel enfila son manteau ses gants et son bonnet et suivit Catherine qui portait Eleanor dans ses bras. Ils montèrent dans la voiture chauffée qui démarra rapidement en direction du centre hospitalier de Bingham sur St Francis Street.
Heathcliff les déposa devant et Catherine porta Eleanor à l'intérieur. Celle-ci fut aussitôt prise en charge et on l'installa dans un lit. Une jeune interne se précipita et commença par vérifier ses réflexes pupillaires avant de regarder le reste.
« Que s'est-il passé ? »
Elle s'adressait à Catherine mais se fut Hariel qui répondit.
« Elle est arrivée comme ça chez nous. Elle devait aller à une fête sur le campus du MIT ce soir, il est possible qu'elle a marché jusque chez nous depuis cet endroit. Je suspecte aussi…une agression sexuelle »
« hum…et vous êtes ? » demanda l'interne en clignant des yeux d'étonnement.
« Hariel Gremory, je suis l'un de ses camarades de classe au MIT. »
« Vous voulez rire ? »
« Pas du tout. Je pourrais vous montrer ma carte d'étudiant mais il y a des choses plus importante à faire comme pratiquer un kit de viol sur mon amie »
« Non ! » cria Eleanor.
C'était sa première réaction depuis qu'elle était ici.
« j'ai pas été violée…pas violée…pas violée… » se mit-elle à répéter inlassablement.
« Il le faut Eleanor » dit Hariel.
« Je veux pas…il faut pas…je…pas… »
« Eleanor ! » cria brusquement Hariel en posant la main sur celle de son amie.
Il plongea ses yeux dans ceux d'Eleanor et fit quelque chose qu'il s jura de ne jamais plus refaire : il utilisa ses pouvoirs démoniaques pour la convaincre. Eleanor abandonna toute résistance et accepta les prélèvements.
« On l'emmène en salle de consultation pour faire les prélèvements, la changer et la soigner. Vous, vous restez ici jusqu'à l'arrivée de la police, ils auront sûrement des questions à vous poser. »
Alors qu'elle ait partir, Hariel lui tendit les chaussures d'Eleanor qu'il avait gardé avec lui.
« On les lui a enlevé quand elle est arrivée en même temps que ses chaussettes et on lui a frotté les pieds et les mains pour éviter les engelures. »
« Vous avez bien fait. On les emballera avec le reste pour le donner à la police. »
Une fois que le médecin fut partie, Hariel et Catherine allèrent s'assoir et Heathcliff les rejoignit peu après. Ils attendaient depuis à peu près une heure quand ils virent un couple de personnes venir vers eux, un homme et une femme vêtue de manteaux chauds. Hariel vit briller à leur ceinture une plaque argenté et il devina la forme des armes sous leur manteau.
« Bonjours, je suis l'inspecteur Landers de la BPD et voici ma collègue le lieutenant Matheson. C'est vous qui avez amené la dénommée… » Il vérifia dans son calepin « Eleanor Granger ? »
De nouveau l'homme s'était adressé à une figure adulte, en l'occurrence Heathcliff, mais ce fut Hariel qui répondit.
« Comme je l'ai dit précédemment au médecin qui la amené ici, elle a sonné à notre porte peu avant 0h30 dans cet état. »
« Le médecin a dit que tu étais…un collègue d'université ? » demanda l'inspectrice, sceptique.
« En effet, au MIT » répondit Hariel qui s'était préparé et qui leur présenta sa carte d'étudiant. »
« Et…et tu a quel âge ? »
« Sept ans »
« C'est précoce… »
« Tu n'es pas un petit peu jeune pour l'université ? » demanda l'homme avec un ton légèrement condescendant.
« Monsieur est inscrit très officiellement comme élève de l'institut de technologie du Massachusetts » dit Heathcliff avec raideur. « Il est très intelligent et très mâture. De plus je vous prierais de ne pas vous montrer aussi familier avec Monsieur ».
Hariel posa sa main sur le bras de son majordome.
« C'est bon Heathcliff. Veuillez l'excuser » ajouta-t-il en se tournant vers les inspecteurs « Il est très à cheval sur les bonnes manière. »
« hum…très bien » dit l'inspecteur Matheson « tu…vous avez dit a l'interne que vous soupçonniez une agression sexuelle. Pourquoi cela ? »
« Quand elle est arrivé à la maison, Heathcliff à voulut mettre un manteau sur ses épaules, à cause du froid, elle a sursauté et s'est mise à reculer avant de pleurer »
« Et quand l'avez-vous vu pour la dernière fois ? »
« Ce soir vers 20h. Nous avons passé le début de la soirée ensemble avec un groupe d'ami. Puis nous nous sommes séparés. Ils devaient aller à une soirée et moi je n'ai pas le droit d'y aller. Je vous donnerez les noms et les coordonnés de ceux qui l'ont accompagnés. »
« Merci bien. Voyez-vous quelqu'un qui aurait voulu lui faire du mal ? »
Hariel réfléchit quelques instants.
« Elle était plutôt solitaire. J'ai du en quelque sorte m'imposer à elle pour qu'on travail ensemble mais elle continue à avoir du mal à se lier aux autres. Il y'a bien quelques garçons qui se moquent d'elle…surtout Edward Fould et sa bande. »
« Fould ? » releva l'inspecteur « un rapport avec Alistair Fould ? »
« Son fils »
« Hum » grogna l'homme en prenant des notes.
« Une dernier chose » demanda la femme « savez-vous comment contacter ses parents ? »
« Elle est britannique, comme moi. Ses parents vivent à Londres je crois. Je pensais les contacter et leur donner les billets et le gîte pour venir en Amérique. »
« C'est généreux »
« C'est mon amie » répondit Hariel du tac au tac. »
Les policiers partirent laissant Hariel et ses domestiques seuls. Il était maintenant un peu plus de deux heures du matin. Hariel calcula qu'il devait être à peu près sept heures en Angleterre. Il n'avait pas son téléphone portable sur lui mais un peu de magie démoniaque suffit à le faire apparaître.
Il composa un numéro vu au hasard un jour sur le portable d'Eleanor et plaça le téléphone contre son oreille.
Il entendit deux sonnerie puis quelqu'un décrocha. C'était une femme.
« Allo ? Maud Granger à l'appareil. »
« Madame Granger ? Je me nomme Hariel Gremory, je suis un ami de votre fille Eleanor à Boston. Il lui est arrivé quelque chose de grave… »
A suivre…
Et voilà un nouveau chapitre. J'espère qu'il vous a plus et qu'il n'était pas trop embrouillé…bon, je sais, je décris beaucoup les fringues des gens…surtout celles d'Hariel…j'y peux rien j'adore ça 😆…
Pour ceux qui connaissent, sachez que le Couple Heathcliff/Catherine s'est fait à l'insu de mon plein gré…c'est mon inconscient qui parle, j'ai pas fait exprès de les nommer comme les héros des hauts de Hurlevent d'Émilie Brontë…
Le cours « Comment dominer le monde » existe vraiment au MIT, je l'ai pas inventé
Bref, sinon rien d'autre à dire…juste me dire si vous avez pas comprit le fonctionnement des cours du MIT…je pense pas changer le texte mais je mettrais une explication en début du prochain chapitre…
Donc voilà, je vous dis à bientôt et à dans deux semaines !
