Bon, j'ai déconné, je n'ai plus aucune avance, c'est fabuleux xD Je tente de m'y remettre mais c'est loin d'être fructueux (je sors de maladie, ça n'aide pas, bien sûr)

Bonne lecture !


— Tu ne trouves pas que Green se comporte bizarrement ?

Red chuchotait alors qu'il se penchait à l'oreille de Vio, profitant de sa lecture du moment pour camoufler les mouvements de sa bouche.

Certes, leur troisième frère avait des sens aiguisés, comme n'importe lequel d'entre eux, mais pas au point de pouvoir percevoir les murmures de Red depuis l'antre de Vio. Disons que le sens du ridicule pouvait aller de pair avec le sens de la discrétion.

— Nous sommes les quatre facettes incarnées d'une seule personne, Red. Il va falloir être plus précis pour que je comprenne sur quelle norme tu te bases.

Levant les bras en l'air et soupirant théâtralement, il se redressa et recula jusqu'au fauteuil que Shadow occupait lorsqu'il tenait compagnie à son pas-petit ami, s'y affalant.

— Tu sais très bien ce que je veux dire. Il se comporte comme Blue, c'est trop bizarre !

— Ah, c'est de ça dont tu parles. C'est finement observé, en effet. Mais ça fait quelques jours qu'il est comme ça.

— Quoi ? Tu l'avais déjà remarqué et tu n'as rien dit ? Ou fait ?

— Red, malgré tous tes efforts, tu ne pourras pas être plus dramaqueen que Shadow. Mais bien tenté.

Boudeur, son frère abandonna son air exagérément surpris pour croiser les bras et gonfler les joues, se rejetant en arrière contre le dossier.

— Tu n'es vraiment pas drôle.

— Apprends-moi quelque chose que j'ignore.

— Quand il est encerclé par les flammes, le scorpion ne se suicide pas vraiment, énonça-t-il fièrement.

— C'est une expression, Red… Pourquoi es-tu venu me parler de ça, au fait ?

— Parce que Blue est trop susceptible et qu'il m'attaquerait si je lui annonçais que notre frère a adopté le même comportement que lui.

— Logique. Mais tu pouvais te contenter de dire qu'il n'agissait pas comme à son ordinaire, sans rentrer dans les détails.

— On parle de Blue, là. Et puis, on est tous les quatre trop curieux, on voudrait tous en savoir plus, même quand on sait qu'on ne va pas aimer la réponse.

Surtout, tu veux dire.

Ils rirent tous les deux un court instant avant de se calmer, se redressant tous les deux dans leurs sièges respectifs, reprenant leur sérieux.

— Bref, tu t'inquiètes pour Green.

— Je m'inquiète pour chacun d'entre nous. Green est juste plus préoccupant qu'à l'ordinaire, balaya Red d'un geste de la main. Il a l'habitude de jouer les petits chef, le Link d'origine, mais là, il est tombé de son piédestal et se traîne en ronchonnant. Même grand-père n'agit pas ainsi !

— Je comprends ton point de vue. À quoi penses-tu ?

— Soit notre très estimé frangin a la goutte, soit il a la grippe. Ou n'importe quelle maladie banale expliquant son humeur de chien et son pas hasardeux.

— Aux dernières nouvelles, nous sommes bien trop semblables pour qu'il existe une différence au niveau du fonctionnement de notre organisme, donc je vais plutôt pencher pour une grippe qu'un affaiblissement de ses organes. Mais aucun de nous n'est médecin, donc ce n'est qu'une supposition.

— Et nous allons devoir rester à cette étape, car jamais ô grand jamais notre très cher frère ne passera le pas de la porte du cabinet du médecin !

— Au pire, je connais un bon nécromancien, commenta distraitement Vio.

Il ne modifia pas sa posture pensive malgré l'exclamation faussement moralisatrice. S'il fallait réagir à chaque son qu'émettait Red, vingt-quatre heures ne suffiraient pas. Il était très expressif. Et absurdement bavard. D'une certaine manière, on pouvait dire qu'il parlait pour quatre personnes.

— Plus sérieusement…

— Plus sérieusement, que pourrait-on faire ? Tu connais autant que moi l'entêtement prononcé de ces deux-là, Blue ne dépasse Green que d'une courte tête. Et uniquement par son côté sûr de lui. Un jour, cet imbécile nous fera tuer.

Il ignora de nouveau la réaction de son frère qui lui asséna une œillade assassine. Il avait parfaitement raison. Juste que Blue n'était pas le seul à pouvoir provoquer cette situation. Ils étaient quatre têtes brûlées oubliant trop souvent la prudence ou la réflexion. Et oui, même lui, selon la situation.

Link était bien connu pour avoir le cœur en bandoulière et être facile à vivre – quand vous n'étiez pas le capitaine des chevaliers d'Hyrule – à aimer sans condition et à défendre ceux qu'il aimait. Sinon, jamais il ne se serait précipité tête la première dans cette quête.

— On doit trouver un moyen de le persuader d'aller consulter, reprit Red.

Il s'était à nouveau affalé en arrière, observant le plafond cette fois, tapotant l'accoudoir du bout des ongles.

— Pourquoi donc se fatiguer ? Faisons comme d'habitude : à la seconde où il se sera évanoui, il n'y aura plus qu'à le traîner chez le médecin puis supporter ses plaintes une fois qu'il se réveillera, attaché au lit.

Reprenant sa lecture, Vio n'avait pas relevé les yeux de sa ligne en annonçant, évitant cette fois les gros yeux que son interlocuteur lui faisait.

— Trop risqué. Il se méfie. Nous ne pouvons plus faire ça pendant un moment. Il a cassé un verre, tout à l'heure, quand je l'ai salué. Il saignait comme un cochon mais a préféré me fixer sans ciller, comme si j'allais l'attaquer ! Je te jure !

— J'espère pour lui qu'il a nettoyé, commenta-t-il laconiquement.

Ils gardèrent le silence quelques minutes, l'un réfléchissant à une nouvelle solution, l'autre plongé dans son texte.

— Et Shadow ?

L'espoir contenu dans sa voix le fit moins hausser un sourcil que la question elle-même.

Dans l'ensemble, Shadow était traité comme sa nature le prédisposait : une ombre. La plupart du temps, ses frères l'ignoraient ou se contentaient des politesses de base, mais Vio était bien le seul à le considérer comme un être vivant à part entière. Il était à peine mentionné, et souvent par des périphrases diverses, rarement par son nom directement et encore moins en son absence.

Alors, que Red l'évoque, et le premier qui plus est…

— Quoi, Shadow ?

— Eh bien, tu sais, avec ses capacités surnaturelles, il pourrait immobiliser Green en deux temps trois mouvements et après, à nous de jouer !

— Oh, quelle riche idée de demander à mon petit ami de devenir la cible de la prochaine vengeance de notre imbécile de frère. Comme s'il avait besoin d'aide !

— Désolé, je n'y avais pas pensé.

Red parut rétrécir dans son fauteuil et était tellement embarrassé qu'il ne releva pas la déclaration involontaire, préoccupé par la même question que depuis ce matin : comment faire pour forcer leur frère à enfin assumer son état et les laisser le pousser sur le chemin de la guérison ?

L'après-midi était bien entamée quand Vio finit se racler la gorge, attirant son attention.

— Si tu t'inquiètes tant que ça, j'ai peut-être une idée. Une excellente, d'ailleurs, sans vouloir me vanter.

Red rebondissait pratiquement sur son assise, excité à ce que l'esprit brillant de son frère le plus stratège avait pu concocter, les oreilles grandes ouvertes.


Les talons de la princesse claquaient contre la pierre ancestrale de l'illustre château du royaume Hyrule. Ses cheveux virevoltaient en tout sens, de même que ses vêtements, alors qu'elle courait au mépris de tout protocole.

Les gens sur son passage avaient tout juste le temps de s'en écarter, plus par réflexe que par réelle inquiétude, l'aura menaçante de la jeune hylienne la prédécédant de loin. Quelques trouillards prirent d'ailleurs la fuite, persuadés que cette menace sourde n'était autre que l'annonce du retour de Ganon.

Malgré tous les exercices et la vie en plein air qui avaient sculpté Link toutes ces années, Red se trouvait distancé par son amie d'enfance, à bout de souffle et un point de côté menaçant de lui couper les derniers efforts de ses poumons.

Ses jambes lui brûlaient, sa gorge semblait s'étrécir, sa salive avait disparu et des points noirs faisaient leurs apparitions dans sa vision.

Le top de la forme.

Au mépris du protocole restant, il s'effondra contre un mur, prenant la sage décision de reprendre son souffle et de laisser Zelda courir devant. De toute façon, elle avait nullement besoin de lui, connaissant mieux que quiconque le chemin jusqu'à chez eux. Sa mère l'y emmenait bien avant que des cheveux leur ornent le crâne, à tous les deux. Enfin, à Link et elle.

La première phase du plan de Vio était en place, il pouvait s'offrir un peu de temps, le reste devrait s'enchaîner tout seul et sans la moindre aide supplémentaire, avec un peu de chance.

Rassénéré par cette conclusion, il pencha sa tête entre ses jambes, tentant de repousser les vertiges qui l'accablaient.

Tout ira pour le mieux.


La porte claqua brutalement contre le mur mais le bruit provoqué n'était rien comparé au cri que poussa la coupable de cette démonstration de violence.

— GREEEEEN ! OÙ TE CACHES-TU ?!

— Votre altesse.

Vio remua la cuillère dans sa tasse, l'air à peine dérangé par cette interruption agressive et inattendu – enfin, inattendu pour Blue et Green qui n'avaient, évidemment, pas été dans la confidence. Portant son thé à ses lèvres, il le sirota tout en observant Zelda qui reprenait bruyamment son souffle, échevelée et sa tenue plus mise à mal que lors des excursions en douce de leur enfance.

— Si vous êtes à la recherche de mon estimé frère, il est sans doute en train de se cacher dans sa penderie, en réaction à votre divine voix et son ton mélodieux.

Trop préoccupée pour rougir du reproche sous-entendu, Zelda le remercia d'un souffle et rassembla ses jupons, disparaissant dans l'escalier, chaque pas claquant sur les marches.

De nouveau seul, Vio se resservit du thé, savourant son arôme fleuri, avant que sa paix soit de nouveau troublée, Blue s'extirpant difficilement du cellier, l'air abasourdi, le bonnet de travers.

— C'qui s'est passé ? Un ouragan ?

— Green est malade. J'ai envoyé Red prévenir Zelda. Il n'y a bien qu'elle pour le convaincre de consulter. Quitte à déployer notre père et les autres chevaliers d'Hyrule pour parvenir à ses fins.

Un frisson parcourut Blue alors qu'il alignait sa coiffe, des éclats de voix leur parvenant de manière étouffée de l'étage.

— Tu es démoniaque. Je comprends mieux pourquoi Vaati t'a recruté de son côté.

— Ça et le fait que la couleur des mes habits déparaient moins avec sa décoration que les vôtres.

Son frère fronça les sourcils, tentant de déterminer si c'était une blague ou la vérité, mais le visage impassible de Vio rendait ça impossible. Il lui rendit son regard, à peine troublé.

Pendant ce temps, au-dessus de leurs têtes, la princesse tentait de convaincre son héros de sortir de sous le lit.


Voracity Karn