Bien que je les ai plusieurs fois désignés comme frères, ils ne le sont pas, ils ne se considèrent pas non plus comme tels. Ils sont vraiment "un" seul esprit divisé en "quatre", avec un partage des émotions différentes. Donc, l'éternel débat : si vous couchez avec votre clone, est-ce de l'inceste ou de la masturbation ? (¬‿¬)

Bonne lecture !

Bonne année !


— Mais tu vas arrêter de me coller ?!

Avec la douceur qui le caractérisait tant, Blue repoussa Red, le renvoyant s'allonger de l'autre côté du canapé où il avait eu le malheur de s'asseoir un peu plus tôt.

Tout le monde savait que Red était l'individu le plus affectueux de leur famille. Il était celui doté de l'esprit le plus enfantin, du reste d'innocence que Link avait perdu en se battant contre Vaati la première fois, réclamant étreintes et baisers jusqu'auprès des plus taciturnes d'entre eux. Ce serait aussi mentir que de prétendre que ce comportement les insupportait réellement, ils étaient juste trop bourrus pour les demander eux-mêmes, ce dont avait parfaitement conscience Red qui en usait et abusait. Mais là, même selon ses standards, c'était trop.

Et c'était Blue qui en faisait les frais.

Il s'était innocemment installé sur le canapé, sans trop y réfléchir, afin de goûter à une petite pause bien méritée après s'être longuement entraîné dehors avec Green. Celui-ci avait préféré retrouver Zelda en ville après s'être rapidement rafraîchi, le fou.

Le canapé faisait parti des dons grâcieux de la famille royale et était scandaleusement confortable. Il était donc très fréquent d'y découvrir au moins l'un d'eux en train de somnoler dessus. Particulièrement Red, d'ailleurs, et de temps en temps Vio, quand Shadow parvenait à le faire sortir de son antre.

Il n'y avait donc pas pensé à deux fois quand, perclu de douleur, il s'était abandonné aux bons soins du capitonnage, caressant du doigt l'idée de piquer une petite sieste avant de reprendre le cours de la journée dans de meilleures dispositions.

Et ce fut à ce moment précis que le piège se referma sur lui. Ou, plus précisément, les bras de Red qui poussa un genre de… roucoulement ? de joie peu après, nichant son visage contre son épaule.

Épuisé, il l'avait laissé faire, s'attendant à ce qu'il finisse par le relâcher au bout d'un moment, mais les minutes s'écoulaient sans que rien ne soit fait, ni dans un sens, ni dans un autre. Intrigué, Blue lui avait tapoté le coude pour attirer son attention, s'attendant à ce qu'il se soit endormi sur place, par exemple. Mais non. Tout ce qu'il obtint fut un miaulement, cette fois, et qu'il resserre son étreinte, manquant de peu de lui couper la respiration.

Ce fut à ce moment qu'il comprit qu'il y avait un souci et lutta alors alors pour s'extirper de cette prise mortelle, repoussant finalement à côté de lui.

Une première fois.

Loin de s'en vexer, l'autre Link revint s'affaler contre son épaule, un large sourire aux lèvres, les paupières closes.

Il fut repoussé une deuxième fois.

Ce fut cette fois sur ses genoux que Red déposa son crâne, fermant son poing sur l'ourlet de la tunique bleue.

Une troisième fois.

Pendant une bonne dizaine de minutes, Blue continuait de s'arracher des tentatives de Red pour le câliner ou se coller à lui, le propulsant contre l'accoudoir de l'autre côté autant de fois qu'il l'était nécessaire. Jusqu'à ce qu'il finisse par craquer et ajouter de la voix, à deux doigts d'insulter son frère d'âme qui semblait le prendre pour son doudou ou peu importe !

Il avait tenté de quitter le canapé à quelques reprises. Pour s'assoir sur un fauteuil ou même retourner dans sa chambre, peu importait, mais à chaque fois il revenait sur l'assise molle, Red l'attrapant par un bras, une jambe, sa taille… et le recollait d'autorité à ses côtés pour mieux s'installer sur lui. Pour se faire aussitôt virer.

Et le manège recommençait.

Il avait bien tenté d'appeler à l'aide, une fois sa fierté mise de côté, mais ils semblaient être les seuls habitants de la maisonnette. Certes, Green était en ville, leur père à son poste au château, leur grand-père dans la forge – donc hors de porté de son audition – mais il devait bien rester Vio non loin, non ? Et avec Vio, cette foutue âme damnée qui se pensait bien à l'abri dans les recoins sombres ! Ils pourraient venir l'aider avec l'espèce d'octorok affectueux qu'était devenu le quatrième Link !

Mais rien. Rien ni personne. Il était seul et abandonné.

Enfin, pas si seul que ça, mais on restait dans l'idée…

— Red, grinça-t-il entre ses dents serrées. Qu'est-ce que tu fous, putain ? Va au ranch Lon Lon si tu veux des câlins, je suis sûr que les vaches en seraient ravies !

Mais toujours aucune réponse.

Et, justement, il remarqua à ce moment que Red n'avait pas prononcé le moindre mot articulé depuis qu'il s'était échoué contre les coussins. Quelques sons, des onomatopées variées, mais pas de mot ou de phrases construites.

À cette réflexion, il se figea dans son énième tentative de libération, observant enfin correctement Red, prenant finalement conscience de son état actuel.

Ses yeux couleur terracotta étaient brillants, plus que d'ordinaire. Sa peau était légèrement rouge et luisante. Son souffle était court mais c'était peut-être dû à leurs différentes luttes précédentes. Et avec leur proximité, la chaleur qui s'en dégageait.

— Red ? Tu vas bien ?

Surpris et inquiet, il relâcha sa prise sur lui et se retrouva illico les bras plein d'un Link amiteux, tel un chat à la recherche de caresses, lui grimpant sur les genoux et enfouissant son visage contre son torse.

Pétrifié, Blue le laissa faire avant de se reprendre lorsque leurs peaux entrèrent en contact et qu'il prit la pleine conscience de la température de celle de celui dans ses bras.

— MAIS T'ES BRÛLANT, BORDEL !

Il manqua de le jeter à terre sous la surprise mais parvint à le rattraper in extremis, l'installant plus près sans y faire attention, réfléchissant.

Peu importe quelles parties de leurs corps entraient en contact, c'était beaucoup trop chaud pour être normal. Mais hormis cela, il n'avait pas l'air particulièrement malade… Pas que Red soit en état pour lui donner la moindre réponse intelligible, il avait donc dû tenter de l'examiner comme il le pouvait.

Donc, de manière superficielle, il estimait qu'il n'y avait pas de raison pour qu'il ait l'impression de câliner la Baguette de Feu.

— Red ? Est-ce que tu comprends seulement ce que je te dis ?

— Câlin, marmonna-t-il contre le tissu.

Il eut beau tenter de le secouer, de le soudoyer, rien ne fonctionna.

— Bon, on va te coucher… Allez, debout !

Retour à la lutte, Red pleurnichant et essayant de s'agripper au meuble et à son ami à la fois, celui-ci ayant de nouveau l'impression de se battre avec un octorok.

La bataille fut ardue mais il la remporta et il put ainsi grimper les escaliers avec sa charge sanglotant faussement et se tortillant toujours, serrant les dents alors que leur équilibre était parfois mis à mal, manquant de peu de les renvoyer au rez-de-chaussée avec quelques bleus et bosses au passage.

— M'aide surtout pas, hein…

Épuisé après tout ça, Blue claqua la porte de la chambre de son frère, d'un coup de pied, et balança pratiquement sa charge sur le lit, rebondissant sur le matelas, lui à côté.

Il avait pris du poids, l'animal !

Soufflant comme un bœuf, il s'offrit une poignée de secondes pour stabiliser respiration et rythme cardiaque avant de se redresser afin d'étirer ses dos et ses membres, tentant de réduire la tension et la douleur qui l'attendront demain sans coup férir.

Il observa Red d'un œil critique, attentif à l'ascension de sa cage thoracique. Il donnait l'impression qu'il allait s'endormir et pendant un instant, Blue réfléchit à cette possibilité. De toute façon, il était complètement inutile dans sa recherche d'un diagnostic et peut-être sera-t-il en pleine possession de ses capacités à son réveil ?

La suggestion lui plaisait bien, l'épuisement lui pesant toujours lourdement dessus, mais une idée parasite vint lui faire remarquer que c'était peut-être risqué, au contraire…

Attendez, pourquoi avait-il l'impression que cet avertissement lui avait été donné avec la voix de Vio ?

Ce sera une question pour une autre fois, finalement…

Se penchant au-dessus du malade, il tenta d'améliorer sa position et de le glisser sous les couvertures. Après, il était fiévreux, ne valait-il pas mieux le découvrir ?

Il sursauta à peine lorsque Red lui saisit le visage de ses deux mains, pesant sur lui un regard flou mais tout de même sérieux. Mais ce qui le troubla, ce fut lorsque ses pouces écrasèrent des larmes qu'il n'avait pas senti couler.

Il se recula, se redressa, se frottant les yeux d'un revers de bras rageur, mais il y en avait toujours plus.

Lorsqu'il se tourna vers le lit, il y découvrit Red s'étant redressé, appuyé contre la tête de lit, le contemplant, l'air triste. Et c'est là qu'il comprit que si lui ne l'était pas malgré ses larmes, c'était parce qu'il débordait de frustration dû à son inutilité.

Bordel !

Il avait prêté main forte à leur famille à plus d'une reprise alors que ses membres étaient aux prises de différents maux, et lui se retrouvait à pleurnicher car il était incapable de se décider si oui ou non il était sain d'encourager Red à dormir ! C'était pathétique !

Il était un héros ! Le héros d'Hyrule ! Enfin, l'un d'entre eux.

Il avait eut le destin du royaume confié entre les paumes de ses mains ! La vie de son amie d'enfance, le bonheur de tous les enfants d'Hyrule !

Et là, il doutait de tout, de lui-même, pour une fièvre ? Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ?

Il rendit son regard à Red et celui-ci lui offrit un sourire paisible avant de tapoter le matelas à ses côtés, invitation muette à le rejoindre.

Défait, il obéit, glissant entre les draps. Il ne réagit pas quand Red se pressa contre son côté, l'enlaçant, fixant le plafond avec le cerveau tournant à vide.

— Écarte-toi, maugréa-t-il faiblement.

La température émanant de lui devenait inconfortable, la transpiration commençant à humidifier les draps.

— Mais c'est pas possible, t'es en chaleur ou quoi ?

Pas plus de réponse qu'auparavant, ce qui ne le surprenait plus.

Évidemment, proximité connue ajouté au confort du lit ajouté à la fatigue de la journée, Blue ne fut pas plus surpris de se sentir lourdement sombrer en même temps que Red paraissait se rapprocher plus encore.


— Vio, t'as une seconde ?

S'arrêtant dans son échange avec Shadow, l'interpellé leva les yeux vers son frère d'âme qui s'appuyait contre le chambranle de la porte, mal à l'aise.

— Tout dépend. Si c'est pour un entraînement, je t'invite cordialement à…

— Non, c'est bon, le coupa vivement Blue. J'ai bien compris la première fois, surtout avec ton âme damné qui s'est assuré de me jouer des tours les jours qui ont suivi ! Mais je ne suis pas là pour ça, c'est au sujet de Red.

Arquant un sourcil, autant intrigué du sujet qui l'amenait que la partie sur de possibles exactions de son petit ami – il avait bien l'intention de tirer ça au clair plus tard – Vio l'invita à poursuivre.

— Je sais qu'avec nos aventures, plus la séparation, etc, nous ne sommes plus à proprement parler hyliens, et je voulais savoir si nous pourrions… en être affectés ?

— La vache, c'était tellement lumineux que je me suis senti faiblir, ironisa Shadow.

Levant la main pour empêcher Blue de bondir verbalement en réaction, Vio reprit la parole :

— Peut-être un contexte ? Une exemple ?

— Ou tu arrêtes de tourner autour du pot ?

Un ricanement ponctua sa demande et ni le regard noir, ni l'expression blasée ne modifièrent l'attitude du troisième Link qui s'amusait au dépens de sa victime préférée.

Blue était très drôle à faire tourner en bourrique !

— Est-ce qu'il est possible que nous soyons en partie Minish et est-ce que les Minish passent par des phases de chaleur ? balança tout à trac le pauvre épéiste dont le visage flamboyait sous la gène.

Ne s'y attendant pas, Vio manqua de tomber de sa chaise.

— Hein ? demanda-t-il très élégamment.


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