Check Mate DxD
Chapitre 94 : Conflit / Shyototsu
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Hermione grogna en reprenant conscience. Décidément, cela allait devenir une manie. Il y avait eut la lumière et puis...plus rien. C'était bien la peine qu'elle forme avant de sortir, tiens. Elle voulut se redresser mais quelque chose semblait l'en empêcher. Il y avait quelque chose de résistant posé sur elle. Ça faisait comme de fines cordes. Un filet ?
Elle ouvrit les yeux. Certains passaient devant son visage et pressaient ses lunettes contre son crâne. Elle essaya de lever la main et força pour vaincre la résistance. Finalement elle y parvient et ensuite, attrapa les fils sur son visage. Incrédule, elle regarda ce qu'elle avait dans la main. C'était des tiges de lierre. Elle redressa la tête et vit que son corps en était couvert. Elle se tortilla et remua et réussit finalement à se dégager. Elle se redressa et arracha les dernières lianes qui retenaient ses jambes.
Il n'y avait pas que des lianes. Là où précédemment elle était couchée, la terre était nue et meuble, commencée qu'on trouve sous les gros cailloux que l'on retourne. Elle avait également de la mousse à certains endroits de ses vêtements et ses cheveux étaient emmêlés de feuilles jaunies et de branchettes.
"Mais qu'est ce que…" balbutia-t-elle.
"Ah ! Vous êtes réveillée !" Dit alors une petite voix toute proche. "Je ne pensais pas voir ce jour arriver."
Hermione sursauta et se tourna en direction de la voix. C'était celle d'un petit être d'une vingtaine de centimètres environ assis sur une pierre.
Il avait une peau jaunâtre, des mains griffues, un corps frêle, un visage triangulaire, de grandes oreilles arrondies et de larges yeux noirs enfoncés qui lui donnaient un air de rongeur. Il avait cependant une large bouche et un nez épaté en forme de patate. Il avait une pilosité couleur os assez épaisse pour que ses cheveux (ou poils) ressemblent à de très fins piquants. Ils couvraient l'intégralité de son front, dissimulant presque ses oreilles, ainsi que les côtés de son visage et son cou. Ils tombaient très bas dans son dos, jusqu'à ses poids, à moins qu'il ne dispose également d'une queue.
Il était vêtu de tissus végétaux marron et vert qui formaient de petites chaussures, des braies, une tunique fermée par une ceinture de corde, ou plutôt de fil de chanvre ainsi qu'une cape et un chapeau pointu fait de feuilles cousues.
"Qu...qui êtes vous ?" Demanda Hermione.
Elle avait failli demander "Qu'est-ce que vous êtes" mais elle s'était retenue.
Elle ne savait pas du tout comment cela aurait été pris.
"Je m'appelle Nilin, jeune humaine" répondit la créature.
Hermione lui jeta un regard interrogatif. Elle n'avait pas posé la question mais elle aurait bien aimé savoir et avec un peu d'espoir, elle espérait qu'il la comprenne. A son grand soulagement, c'est ce qu'il fit.
"Je suis un Gnome" dit-il.
Elle pensait que c'était un Lutin. Heureusement qu'elle ne l'avait pas dit. Elle ne savait pas du tout comment aurait réagi la créature.
Bien évidemment, celle-ci n'avait que très peu de points communs avec les Gnomes des Sorciers, ceux qu'ils trouvaient dans leurs jardins...enfin, à part la taille. Ces derniers étaient difformes et hideux avec une tête énorme. Selon ses lectures, il devait s'agir d'une sous-espèce de Boggarts, plus pacifique même si toujours envahissante.
"Je m'appelle Hermione" dit celle-ci pour se présenter.
"C'est un plaisir, Humaine Hermione, de savoir enfin votre nom."
"Comment ça "enfin" ?" Demanda Hermione.
Puis elle se souvient des premières paroles qu'il lui avait dite.
"Et qu'est ce que vous avez voulu dire par "Je ne pensais pas voir ce jour arriver" ? Depuis combien de temps est-ce que je dors ?"
Le Gnome se frotta le menton en levant les yeux en l'air. Ses lèvres se pinçaient en une grimace d'intense réflexion.
"C'est loin tout ça" dit-il pensivement. "J'étais avec mon grand-père quand j'ai vu l'Humaine Hermione pour la première fois. J'étais un tout jeune gnome à l'époque...je ne me souviens pas précisément mais ça doit faire au moins 500 ans…"
"Quoi ?" S'exclama Hermione d'une voix suraiguë.
Mais...mais c'était impossible ! 500 ans ? Il s'était passé 500 ans depuis qu'elle était sortie de la bibliothèque ? Y était-elle même entrée ? Il n'y avait rien autour d'elle, pas trace de bâtiments, juste des arbres. Mais quand même, 500 ans ?
Il fallait qu'elle se calme. Le temps ne passait pas de la même façon ici. Peut-être que ces 500 ans ici n'avaient été que 5 secondes dans son monde. Mais si ce n'était pas le cas ? Et si quand elle rentrait, 500 ans étaient passés ? Non, impossible. La Déesse ne l'aurait pas permis...si ? Comment savoir ?
La respiration d'Hermione se faisait plus rapide à mesure que son esprit entrait en ébullition. Elle se releva et se mit à faire les cent pas en réfléchissant. Elle commença à se ronger l'ongle du pouce, chose qu'elle n'avait plus fait depuis l'enfance.
Mais soudain, elle entendit quelque chose. Ça venait de tout autour d'elle même si elle ne savait pas précisément d'où. Ça ressemblait à...des rires ? Une minute. Pourquoi des rires ? Elle regarda Nilin. Mais ce n'était pas lui qui riait. En fait, il ne faisait que sourire d'un air innocent. Un peu trop innocent sans doute.
Elle plissa les yeux. Pourquoi l'avait-elle cru automatiquement ? Rien ne disait qu'il lui ait dit la vérité. Certes il y avait toutes ces plantes et...Hermione jura mentalement. Les Gnomes possédaient des pouvoirs magiques élémentaires de terre. Faire pousser des plantes en quelques secondes n'était pas difficile pour eux.
Elle s'avança vers le Gnome toujours assis sur son cailloux et le toisa, les bras croisés.
"Allez, arrête ton petit jeu" dit-elle d'une voix mortellement sérieuse. "Depuis quand je suis endormie. La vérité, cette fois."
"Mais je dis la vérité !" S'offusqua Nilin.
"Ah oui ? Et tout autour de nous, ce n'est pas d'autres Gnomes qui rient de la blague ?"
"Il n'y a personne autour de nous voyons !"
En effet, les rires s'étaient rapidement tus quand Hermione en avait parlé. Mais qu'à cela ne tienne, grâce à ses yeux féeriques, elle pouvait parfaitement voir les petits êtres dissimulés sous les buissons ou entre les racines des arbres. Il lui suffit alors d'utiliser un charme d'attraction pour tous les faire sortir.
Il y eut une série de couinements et une vingtaine de petites créatures se mirent à voler dans les airs vers la jeune fille. Celle-ci, bien sûr, ne les laissa pas juste tomber mais les fit flotter jusqu'au sol. Ils ressemblaient tous beaucoup à Nilin mais à quelques variations près. Tout comme les humains, il y avait des différences dans leur carnations. Certains étaient d'un jaune plus foncé, d'autres plus clairs, certains tiraient plus vers le vert et d'autre vers le marron. Leur chevelure était plus ou moins blanche et surtout plus ou moins abondante. Probablement en fonction de leur âge. Ils portaient tous des vêtements à peu près identiques, et donc fonctionnels mais surtout, ils portaient tous un chapeau de feuille.
Il ne semblait pas y avoir de différence entre mâle et femelle...s'il existait une telle différentiation. Certains avaient les traits plus fins que d'autres mais Hermione aurait été à grand peine de savoir si c'était vraiment des femelles. Les lectures qu'elle avait fait ne parlait pas de leur mode de reproduction et donc elle ignorait si cette race était divisé selon le sexe. Cependant il devait bien y avoir des naissances car certains, à en juger par leur manque de barbe, devaient être assez jeunes.
Et ils avaient également bien une queue. Longue, touffue, elle était accordée à leur chevelure et sortait d'un trou fait dans leurs braies.
"C'est pas juste" dit Nilin avec une moue boudeuse en se levant de son cailloux. "Les Magiciens sont des rabat-joie et des tricheurs."
"Que je sache, vous aussi vous avez utilisé la magie sur moi pour me faire croire que des plantes avaient poussé sur moi dans mon sommeil."
Nilin gloussa en même temps que quelques autres Gnomes.
"C'était drôle !" Dit un autre Gnome.
Il était aussi barbu que Nilin et pourtant on avait dû mal à dire qu'il était vieux. Tous les Gnomes semblaient sans vraiment d'âge, enfin, sauf les jeunes.
"Nilin est le meilleur pour les blagues" dit un jeune Gnome."Il nous fait toujours mourir de rire."
"Ah ah. C'était très drôle" dit Hermione en roulant des yeux. "Je vais me faire pipi dessus. Maintenant si vous voulez bien m'excuser…"
Elle se pencha et récupéra son sac avant de l'enfiler.
"Où vas-tu Humaine Hermione ?" Demanda Nilin.
"Vois la Déesse Gnome Nilin" répondit Hermione.
Il y eut des chuchotements parmi les Gnomes.
"Personne ne peut voir la Déesse" dit un Gnome.
"J'ai été invité par elle" dit Hermione distraitement alors qu'elle regardait autour d'elle pour décider où aller.
A nouveau, il y eut des chuchotements parmi les petites créatures. Elles se regardaient les unes les autres en parlant très vite et très doucement.
"Au lieu de babiller, et si vous me disiez où aller ?" Demanda-t-elle finalement.
"Tu ne sais pas comment aller voir la Déesse ?"
"Non" grogna Hermione.
Et elle se rendait à présent compte qu'elle aurait dû demander. Entre la plage, la bibliothèque et à présent ça, elle trouvait qu'elle avançait à l'aveuglette depuis le début.
Il y eut à nouveau des chuchotements parmi les Gnomes. Ceux-ci remontèrent jusqu'à Nilin qui hocha la tête.
"On va t'aider à trouver ton chemin" dit-il en s'avançant.
"Vraiment ?" Demanda Hermione en se tournant vers lui.
"Mais à une condition."
Hermione soupira. Elle craignait le pire.
"Tu dois nous emmener avec nous" dit Nilin avec un grand sourire.
"Quoi ? Pourquoi ?" S'étouffa Hermione.
"Ça fait longtemps qu'on à pas vu d'Humains dans la Faërie. On veut voir ça."
"Ça va être amusant !" S'exclama un autre Gnome.
"Oh oui ! Oh oui !" Rit un troisième.
"Non, pas moyen !" S'exclama Hermione. "Je refuse."
Elle se détourna.
"Dans ce cas, tu ne trouveras jamais la Déesse" dit Nilin sur un ton malicieux.
Hermione se figea alors qu'elle partait. C'était vrai. Elle ne savait pas par où aller. Elle soupira.
"Très bien" dit-elle, fataliste.
"Youpi !" S'exclama Nilin en sautant sur son épaule. "Tu ne vas pas le regretter !"
"J'en doute" grogna-t-elle.
Mais elle se mit tout de même en route sous l'indication des petites créatures qui la suivaient joyeusement.
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Hariel mit quelques instants avant de se reprendre et de se précipiter à nouveau vers le sol. Il n'avait beau pas voir où celui-ci se trouvait exactement, il suivit simplement le chemin qu'il avait pris en sens inverse et pénétra à nouveau dans l'illusion qui dissimulait Avalon. Il n'avait pas vraiment fait attention la première fois, mais lors de son second passage de cette limite invisible entre l'île et le vide de l'espace, il avait encore une fois senti cette étrange énergie.
Fonçant droit devant lui, il manqua s'écraser devant la petite maison de Myrddyn. Il se rattrapa à temps et entra en trombe à l'intérieur avant de se précipiter vers les étages. Il poussa la porte du bureau du Mage avec fracas et faillit même l'arracher du mur.
L'homme à l'intérieur n'avait même pas sursauté. Il avait simplement levé les yeux de son travail avant de poser la plume qu'il tenait à la main sur son bureau.
« Je peux t'aider, Hariel ? » Demanda-t-il.
« Là…là-haut…j'ai volé tout là-haut et…tout noir…l'espace…la…la Lune… » bafouilla Hariel en proie à la confusion.
« Respire, voyons, respire » lui dit Myrddin. « Commence depuis le début. »
Hariel prit une grande respiration puis avança dans le bureau en fermant la porte derrière lui.
« J'ai voulu explorer l'île en volant mais les variations de températures étaient trop importantes et me donnaient la migraine. J'ai ensuite remarqué qu'il y avait une zone de haute altitude qui correspondait au sommet de la montagne où l'atmosphère était fixe. Je me suis dit que je pourrais voir l'île d'en haut sans souffrir de dégât et je suis donc monté. »
Tout en parlant, Hariel faisait les cent pas dans le bureau sous le regard amusé de son ancêtre.
« Mais voilà, au bout d'une certaine altitude, pouf, plus d'île, seulement la surface de la Lune. Mais au début je n'avais pas compris que c'était la Lune, pas avant que je ne vois la Terre. Mais comment est-ce que j'aurais pu savoir que c'était la Lune puisque je n'avais pas l'impression d'être dans l'espace. Je veux dire, ça se sent quand on est dans l'espace, on ne respire pas parce qu'il n'y a pas d'oxygène, en fait, j'aurais même dû subir une décompression explosive à cause de la dilatation de l'air dans mon corps ou alors mourir simplement de froid. Pourquoi je ne suis pas mort de froid ? »
« Ton corps a muté spontanément en contact avec le milieu saturé de magie du vide spatial » répondit alors simplement Myrddyn. « C'est un processus magique innée pour toute espèce possédant la magie. »
« Donc vous la saviez ! »
« A ton avis, qui a mit Avalon en plein milieu de ce cratère lunaire ? »
« Un…un cratère ? » Balbutia Hariel.
Il se souvenait de ce que lui avait dit Gabriel sur Avalon. L'île flotte sur une mer de tranquillité.
« Mare Tranquillitatis » dit-il alors. « La Mer de la Tranquilité. C'est le nom d'un immense cratère lunaire. Mais comment… »
Les informations qu'il avait pu trouver étaient anciennes, si anciennes que seul les Anges avaient pu lui en parler. Comment des informations aussi anciennes pouvaient se référer à un nom qui datait en fait du XVIIe siècle ?
« Mm… » dit alors pensivement Myrddyn. « La Mer de la Tranquillité. J'aime bien. »
Hariel faillit se frapper tellement c'était évident. C'était Myrddyn lui-même qui avait dû laisser les indices sur Avalon, sûrement à son attention, sûrement pour la simple et bonne raison que de son point de vue il connaissait déjà Hariel et surtout, les informations qu'il allait donner, il les tenait de lui.
« Bon, d'accord, laissons cela pour le moment » dit le jeune Démon. « Ce que j'aimerais savoir c'est comment on est arrivé ici et pourquoi seul ceux ayant déjà trouvé l'île peuvent y retourner. »
« A cause d'une trace laissé sur le corps durant le transfert. Le système du phare ainsi que celui de la source ne s'exécute que s'il perçoit la trace et il n'opère que sur l'organisme sur lequel elle est posée...ou ceux qui sont en contact direct ou indirect avec lui par électrisation. »
C'était donc pour cela que Morgane avait formé une chaîne. Elle portait la trace et ouvrait le passage à tous ceux avec elle. Mais cela n'en restait pas moins mystérieux.
« Trace, transfert, système…on dirait que vous parlez de…de machine. Est-ce que ça aurait un rapport avec la mystérieuse énergie ? Celle qui alimentait le…le système de transfert ? Et l'illusion ? Et la grotte du Val Sans Retour ? »
« Qui sait… » dit Myrddyn en haussant innocemment les épaules.
« Non mais je rêve ! » S'exclama Hariel. « Vous allez vraiment me laisser dans le brouillard après tout ce que vous m'avez dit ? »
« En effet » dit le Mage. « J'estime qu'il est inutile que je t'en parle maintenant puisque tu apprendras tout cela plus tard. »
« Plus tard ? Mais plus tard quand ? Et comment est-ce que vous le savez ? »
Myrddyn se contenta d'un petit sourire.
« Vous pouvez vraiment voir l'avenir ? »
« Plus clairement encore depuis que tu es là. Après tout, tu viens d'un futur donné et tu amènes avec toi tous les évènements qui l'ont amené à venir. »
« Mais je n'ai jamais dit que… »
Mais bien sûr qu'il savait qu'il venait du futur. Comme il venait de le lui dire, sa seule présence lui permettait de mieux le percevoir. En fait, la divination n'est pas une matière aussi hasardeuse que certaines personnes voudraient le penser. Après tout, les Sapients s'adonnaient à la divination à longueur de temps : pour savoir le temps qu'il ferait le lendemain ou la semaine suivante, pour prévoir le comportement de la Bourse, l'issue des rencontres sportives, etc.
Pour savoir l'avenir, il leur suffisait de connaître le passé et le présent. En accumulant les données de situations, de comportements ou de faits passés et en connaissant la situation présente, on pouvait prévoir l'avenir.
Les voyants agissaient à peu près de la même manière de manière inconsciente. Étant lié à l'univers et à la connaissance totale du passé jusqu'au présent de toute choses, ils étaient capables de prévoir ce qui allait se passer. Cependant ils étaient limités par leur physiologie notamment celle de leur cerveau. Les données et prévisions étaient donc partielles et tout le travail se faisant dans l'inconscient, il ne pouvait passer dans la phase consciente de l'être que via d'autres sens. C'est pour cela que certains avaient des visions ou que d'autres pouvaient lire les cartes.
« Je vois que tu comprends » dit Myrddyn avec un sourire. « En effet je possède un don puissant mais pas autant que le tien. »
« Comment ça le mien ? » Demanda Hariel, choqué. « Je n'ai pas de donner voyance ! »
« Et tu n'as pas l'impression que ce que tu viens de dire est suprêmement ironique ? »
Hariel ouvrit la bouche pour protester mais se figea avant de la refermer. En effet, il avait cette sensation au fond de lui. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que ça lui arrivait. Il avait en tête un fameux matin de rentrée 2013 quand il avait discuté avec Hermione des raisons pour lesquelles il n'avait pas choisi la Divination comme option, au début de sa troisième année à Poudlard.
« Ca ne veut rien dire » dit alors Hariel, buté.
« Comme tu veux » dit Myrddyn en haussant les épaules. « Au fait, tu pourrais me donner des Quality Street ? »
Hariel soupira en roulant des yeux et, sans vraiment réfléchir, fit apparaître une boîte de métal violet des célèbres confiseries anglaises produite par Nestlé, la multinationale suisse. Il ne se rendit compte seulement de ce qui venait de se passer que quand Myrddyn la lui arracha presque des mains et l'ouvrit avidement.
« Je rêvais d'y goûter depuis que j'avais appris leur existence » dit-il. « Mais ce n'était pas la bonne époque. »
Il prit un bonbon dans un emballage sulfurisé rose, le déballa et l'enfourna avec bonheur dans sa bouche.
« Vous saviez que j'en avais sur moi, n'est-ce pas ? » Demanda Hariel.
« La question n'est pas là mon cher Hariel. La question est : tu n'aimes pas vraiment ces confiseries n'est-ce pas ? Dans ce cas pourquoi les avais-tu avec toi ? »
Hariel ne su pas quoi répondre.
« Grâce à mon don, je savais que cette confiserie existait et grâce au tien, tu savais que j'en aurais envie. »
« C'est…c'est ridicule » dit Hariel. « J'ai juste eut une crise syllogomanie… »
« Les syllogomanes accumulent sans utiliser » dit Myrddyn sur un ton nonchalant. « Toi tu as utilisé beaucoup des choses que tu avais accumulées depuis ton arrivée à cette époque. »
Hariel se mordit la lèvre. En effet, il ne pouvait pas le nier. Ses livres, la carte, la tente…
« Mais quand même, je le saurais si j'avais un don de voyance, non ? »
« Pas si c'était en fait les prémices annonciateur d'un pouvoir plus puissant. Combien possèdes-tu de pouvoir élémentaires ? »
« Trois. Le Feu, la Foudre et l'Eau. »
« Et tu penses qu'ils vont continuer à…apparaître au fur et à mesure que tu enlèves tes sceaux ? »
A ce niveau-là, Hariel avait abandonné l'étonnement qui accompagnait chacune des révélations de son ancêtre sur sa propre vie ou ses connaissances du monde futur. C'était bien trop fatiguant.
Toujours est-il qu'il avait raison. Hariel avait analysé sa propre magie de la même façon que Mathers, Agrippa et Avicenne l'avaient fait des années auparavant, alors qu'il ne savait même pas encore qu'il possédait de la magie et encore moins qu'il était en partie Démon. Il avait vu la sphère verte de sa magie humaine ainsi que la sphère noire qui symbolisait le fragment d'âme de Voldemort.
Il avait également pu voir l'immense colonne de son Maryoku, son pouvoir démoniaque. Quoique maintenant elle ne ressemblait plus simplement à une colonne. En effet les parties libérés des sceaux s'étaient étendus pour reprendre sa forme originelle de sphère, donnant à l'ensemble un aspect étrange.
Toujours est-il que ces trois sphères n'étaient pas les seules à graviter dans son esprit. En effet, depuis quelques années, trois autres avaient émergés de sa magie Démoniaque, une rouge, une jaune et une bleu, chacune symbolisant l'un de ses éléments.
Il avait longuement réfléchit et fait des recherches pour comprendre ce que ça voulait dire. En fait, il s'avérait que les pouvoirs élémentaires venaient de sa partie démoniaque mais qu'ils utilisaient leur énergie propre et étaient donc indépendants. C'était pour cela qu'aucun Démon de cette époque ne l'avait repéré.
Toujours est-il qu'à partir de ces indications, il avait analysé sa magie démoniaque plus en détail et s'était aperçu qu'à certains endroits, des sphères magiques élémentaires étaient coincées avec son Maryoku. Il ne savait pas quels éléments elles représentaient…du moins jusqu'à maintenant.
En effet, à présent il savait que l'une de ces sphères représentait l'élément du Temps. C'était en fait logique. La divination avait avoir avec le Temps. De plus, comment aurait-il pu rencontrer son lui futur cinq ans auparavant s'il n'avait pas eut le pouvoir de voyager dans le temps ?
« Je crois qu'on s'éloigne du sujet » dit-il finalement. « Avant tout ce…truc sur le don de prescience, nous parlions de la mystérieuse énergie et de tous ces systèmes qui semblent ne pas avoir grand-chose de magique. »
« C'est donc que ta conception de la magie doit être assez étriquée » dit simplement Myrddyn. « Mais comme je le disais, c'est inutile de me poser la question, je ne répondrai pas. »
« Et si je demande encore et encore jusqu'à ce que vous en ayez marre ? » demanda effrontément Hariel.
Myrddyn lui jeta un regard amusé qu'Hariel trouva absolument énervant.
« Laisse-moi te faire une proposition » dit-il. « Si tu arrête avec tes questions, je t'enseignes des choses sur la Magie. »
Hariel se mordit la lèvre. Le bougre savait frapper juste.
« Écoute, c'est très simple » reprit Myrddyn. « Je ne parlerais pas, ça c'est un fait. Libre à toi de gâcher ton temps avec moi en continuant à poser des questions dont tu auras de toute façon la réponse plus tard. »
Hariel réfléchit un instant. C'est vrai, il était buté mais il n'était pas idiot. Il pourrait plus facilement supporter l'attente en ayant des cours avec le Maître lui-même. En fait il était extrêmement excité par la perspective mais hors de question que Myrddyn le sache.
« Très bien » finit-il par dire. « Par quoi voulez vous que l'on commence ? »
« Et si toi tu commençais par me tutoyer. J'ai beau être ton ancêtre, je ne suis pas une antiquité. »
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Dean ne savait pas si c'était l'éclat brûlant du soleil ou alors la chaleur étouffante qui l'avait réveillé. Quand il avait ouvert les yeux, la luminosité était telle qu'il avait dû les refermer aussitôt.
Il se redressa en grognant. Tout son corps le faisait souffrir. Un peu normal quand on venait de s'écraser sur une planète. Quoique ses douleurs ressemblaient plus à des courbatures qu'à celles qu'il aurait pu ressentir s'il était tombé depuis l'espace.
Regardant autour de lui, il constata également qu'il n'y avait pas la moindre trace d'atterrissage. Alors comment la femme, Ganos, s'y était-elle prit pour l'envoyer ici ? Un transplanage ? Une téléportation ? Il connaissait la sensation de l'un et de l'autre et il était sûr que ce n'était aucun des deux.
Non, il s'était clairement vu et sentit plonger à toute vitesse vers la surface de la planète quand il avait perdu connaissance. Dans ce cas, comment s'était-il arrêté ? Est ce que son corps avait ralenti avant l'impact ?
Alors qu'il réfléchissait, il essuya distraitement son front. Se rendant compte de son geste, il regarda son bras et vit qu'il était très humide. La chaleur autour de lui était accablante et c'était sans parler de la luminosité. En effet, le soleil tapait très fort. Il le sentait brûler son crâne malgré son épaisse chevelure brune. Tout cela sans compter cette sensation étrange qu'il ressentait, une sorte de vibration qui lui parcourait le corps comme un courrier électrique. Est-ce que c'était un effet de la chaleur ? Il devait faire quelque chose et vite. Il aurait tout le temps de se poser des questions plus tard.
Il se releva en chancelant légèrement à cause de l'instabilité du sol. Ses pieds s'enfonçaient dans le sable sec. Comme lui avait dit Ganos, il se trouvait dans un désert. Autour de lui le sable s'étendait à perte de vue, formant d'immenses dunes seulement interrompus par des formations rocheuses escarpées. Le ciel d'une couleur jaune orangée donnait à tout, autour de lui, un aspect assez sombre. Cela n'empêchait pas le soleil de tapait durement au-dessus de lui. Cela avait tout de même l'avantage de créer des ombres au pied rochers.
Dans quelle direction devait-il aller déjà ? L'est ? C'était ce que Ganos avait dit. Il espérait que c'était bien ça. Il n'avait vraiment pas envie de se mettre à errer dans but sur la surface d'une planète inconnue.
Il allait se mettre en route quand il se figea. Non. Il devait d'abord se protéger de la chaleur et du soleil sans quoi il ne risquait de ne pas faire long feu. S'il transpirait trop il allait se déshydrater et le soleil risquait de lui causer une insolation. Sans parler de la forte luminosité. Tout ce qu'il espérait à présent, c'était que sa magie soit accessible cette fois.
Le mieux était donc de commencer par un charme de refroidissement. A partir de là, il serait sans doute plus à l'aise pour lancer les autres sorts. Malheureusement, dès qu'il lança le sort sur lui-même un frisson se propagea dans son corps et il se mit à grelotter. Le froid était si intense que ses dents se mirent à claquer sans qu'il ne puisse les contrôler. Rapidement, il mit fin au sort et la chaleur revint, lourde, implacable, plus brutale qu'auparavant à cause de la différence de température.
Mais que s'était-il passé ? Pourquoi est-ce que le sort l'avait gelé comme ça ? Il n'était pourtant plus un débutant. Ce n'était pas la première fois qu'il effectuait ce sort et il l'avait toujours réussi, même sans baguette. C'était comme si...comme si le sort avait été suralimenté et que ses effets en avaient été décuplés. Pourtant il n'avait pas mis plus d'énergie que d'habitude dedans, il en était sûr.
Selon Hariel et Hermione, le contrôle du flux magique était important car cela pouvait radicalement modifier le sort qui était lancé. Un simple lumos suralimenté pouvait transformer une simple veilleuse en grenade aveuglante. C'est pour cela qu'il fallait contrôler avec soin le flux pour ne pas trop sur ou sous-alimenter un sort mais aussi pour que celui-ci ne soit pas altéré par l'environnement. En effet, seul milieu saturé de magie pouvait suralimenter un sort malgré le contrôle du Magicien sur son propre flux.
Pour être sûr que sa théorie était exacte, il activa sa vision magique. Sa respiration se bloqua alors dans sa poitrine quand il regarda à nouveau autour de lui. Du blanc. Du blanc partout où se posait son regard. Il s'agissait de la couleur de la Magie Pure, l'énergie magique avant qu'elle ne soit convertie par le prisme des races et des éléments.
Quand Hariel leur avait appris à lire ce qu'ils pouvaient percevoir grâce à leur seconde vie, il leur avait dit que certaines choses étaient, certaines perceptions étaient universelles. Tous ne percevaient pas chaque information donnée par la vision magique de la même façon mais certaines cependant étaient similairement interprétées par tous.
C'était le cas des auras et de l'énergie magique. Toutes les personnes interrogées décrivaient ces deux phénomènes comptes des vagues colorés qui variaient en forme, taille, mouvement et couleur selon les individus. A certains moments, cette énergie était suffisamment rassemblée pour entrer dans le domaine du spectre visible. C'était la raison pour laquelle il était possible de voir les cercles magiques ou la lumière des sorts. De même une personne soumise à une émotion forte pourra déchaîner plus d'énergie et son aura énergétique apparaîtra clairement.
En tous les cas, certains Magiciens-Chercheurs avaient analysé ces différents flux magiques et étaient arrivés à la conclusion qu'ils avaient tous pour origine la Magie Pure. Comme la lumière blanche se diffractait en rayons colorés, c'était la même chose pour la Magie.
Bien entendu cette théorie avait été étayée par des faits car il était arrivé à certains moment de l'histoire que ces chercheurs trouvent des sources de cette Magie Pure qu'ils avaient pu étudier. Mais elle n'était qu'en petite quantité. Ils avaient découvert que même l'énergie tellurique des lignes de Ley n'était pas aussi pure. En fait, toujours selon Hariel, avec sa magie blanche irisée, Dean devait être la source la plus proche et la plus vaste de la Magie Pure...enfin jusque-là.
Car c'était bien de la Magie Pure qui entourait Dean de toute part, concentré de façon si dense qu'il lui était même impossible de voir quoi que ce soit autour de lui. Il avait comme l'impression de se retrouver au milieu du brouillard le plus dense qu'il ai jamais vu. C'était étonnant que toute cette énergie autour de lui ne l'ait tout simplement pas fait griller. Quoique c'était peut-être la source de ce chatouillement étrange en lui. A cause de cette découverte, le jeune garçon mit quelques instants avant de sortir de son état de stupeur. En fait, c'était un mal de tête persistant qui le força à se réveiller et à désactiver sa vision magique.
Le choc du chaud et du froid qu'il venait de subir commençait à faire effet, surtout que la chaleur était toujours aussi accablante. Il allait devoir se dépêcher de se protéger sinon il allait perdre connaissance. Mais au milieu de ce nuage d'énergie magique ultra concentrée, le moindre petit sort risquait d'avoir l'effet d'une bombe. Il devait donc se concentrer pour maîtriser à la fois son propre flux et influer sur celui autour de lui, chose qui n'était pas simple avec un mal de tête, un soleil de plomb et une chaleur d'enfer.
Heureusement, il y avait un sort qu'il pouvait tenter. Un peu avant leur départ de Poudlard, Harry leur avait appris des tas de sorts de protections différents. Ce n'était pas vraiment des sorts défensifs mais plutôt pour se protéger de l'environnement. C'était à cette occasion qu'il avait appris le sort de refroidissement. Il y avait aussi un sort de réchauffement, de régulation interne de la température, de protection contre le chaud, contre le froid, d'imperméabilisation et de régulation de la luminosité.
C'était ce dernier que Dean voulait utiliser. Cela allait bloquer en partie les rayons du soleil et le protéger de l'insolation et de la luminosité. Cependant, quand il le lança, le contrôle du flux fut assez erratiques et il se retrouva dans le noir. Le sort avait tellement bien fonctionné qu'il empêchait tous les rayons du soleil de passer. Vu qu'à la base le sortilège devait former une sphère autour du lanceur alors Dean supposait qu'une grosse boule noire devait être apparut à sa place au milieu du désert. Heureusement qu'il n'avait vu personne aussi loin que portait son regard.
Bon, de toute façon, il avait prévu cette éventualité. Que ce sort-ci soit trop puissant n'était en soi pas trop grave. Moins que de se retrouver gelé. Et au moins, là, son mal de tête le faisait moins souffrir. De plus, la disparition des rayons du soleil avait diminué de beaucoup la chaleur ressentie. Grâce à cela il se sentait suffisamment capable de mieux se concentrer.
Il tenta donc à nouveau le sort de refroidissement avec cette fois de meilleurs résultats. Modulant son flux, il réussit à le lancer avec le minimum de magie possible. C'était encore bien trop froid mais c'était déjà mieux que tout à l'heure. Avant il avait l'impression de se baigner nu en Antarctique, maintenant il avait juste l'impression de se baigner nu dans le lac de Poudlard en pleine tempête de neige.
Heureusement, quand Hariel lui avait appris à manier son flux, il lui avait également appris à manipuler le flux environnant. Quoique manipuler était vraiment un bien grand mot. En effet, c'était vraiment difficile de manipuler l'énergie magique environnante par soi-même. Il existait des rituels, on pouvait utiliser des objets magiques et certains êtres pouvaient avoir un contrôle sur un certain aspect de cette énergie (par exemple les Dieux). Mais le véritable contrôle était bien plus complexe. Tout ce qu'un Magicien pouvait faire c'était attirer cette énergie pour rendre ses sorts plus puissants ou la repousser si elle interférait.
C'était donc ce que faisait Dean avec plus ou moins de succès. Ce n'était pas un exercice très facile surtout qu'il avait assez peu pratiqué et surtout pas dans un milieu aussi saturé en énergie. A cause de ça, il manqua le coche plusieurs fois en repoussant trop où pas assez l'énergie, faisant passer son organisme du chaud au froid sans discontinuer.
Alors que son mal de tête recommençait de plus belle à cause de ces variations, il se maudissait pour n'avoir appris que les sorts de refroidissement et de réchauffement. Hermione lui avait dit que le sort de régulation interne de la température était plus efficace. Mais comme il était également plus complexe, Dean s'était contenté des deux autres. A présent, il s'en mordait les doigts. Il se disait que la manœuvre aurait sans doute été plus facile avec ce sort. Encore une fois, Hermione avait raison.
Penser à son amie réchauffa le cœur de Dean en même temps qu'il ressentait une légère douleur. Il ne savait pas vraiment ce qu'il ressentait pour elle. Bon, d'accord, ce n'était pas vrai. En fait, il avait un gros béguin pour elle depuis au moins la deuxième année. Elle était belle, intelligente, décidée et même drôle sans vraiment le faire exprès. Beaucoup de garçons la voyaient comme une Miss je-sais-tout et un rat de bibliothèque mais le fait qu'ils n'osent pas le lui dire en face montre qu'ils craignaient ses réactions.
Car c'est vrai qu'elle avait son caractère. Alors qu'Hariel était plutôt du genre à voler par dessus les insultes et à se venger en douce plus tard, Hermione rendait coup pour coup. Le jeune garçon était même sûr qu'elle serait prête à se dresser contre le Ministère si c'était nécessaire.
Penser à son amie (que amie pour l'instant) mit du baume au cœur de Dean et la volonté de continuer. Selon Ganos, la destination où il devait se rendre, le Royaume d'Arthur, devait lui permettre de rentrer sur Terre. Donc s'il voulait revoir Hermione, il ne devait pas laisser tomber. Il se remit donc à se concentrer sur la magie ambiante, toujours en proie aux mêmes difficultés que précédemment. Pourtant petit à petit, la température se stabilisa jusqu'à devenir supportable. Il ne savait pas combien de temps il avait mit mais il savait que cela avait été long. Et ce fut tout aussi long de s'occuper de son "bouclier de soleil" comme il l'appelait.
Il avait également fait varier sa forme pour le superposer à son corps. En effet, même éclaircie, le sort formait tout de même une sphère sombre tout autour de lui. En faire correspondre la forme à son corps permettait de le protéger des rayons du soleil et de la lumière tout en restant discret. Fort heureusement, sa peau noire lui fournissait le meilleur des camouflages. Elle était seulement plus sombre qu'à l'accoutumé. Seul le blanc de ses yeux et ses dents avaient une couleur étrange blanc sombre mais cela ne devrait pas trop se voire.
Il ne restait plus que la vibration incessante qui parcourait son corps. Un peu comme quand on avait des fourmis. Pour cela en revanche, il ne pouvait pas faire grand chose à part continuer à repousser l'énergie autour de lui afin que la sensation (qui semblait avoir augmentée en intensité depuis son réveil) ne devienne pas insoutenable.
Finalement satisfait de son travail, Dean s'apprêtait une nouvelle fois à partir quand il se rendit compte qu'il avait soif. Avec la chaleur qu'il avait ressenti, c'était une réaction normale surtout qu'il n'avait en fait pas bu une goutte d'eau depuis qu'il s'était retrouvé dans la grotte. Cependant le problème majeur venait qu'il n'en avait pas sur lui...a moins qu'il la crée par Magie. Avec cette concentration d'énergie, cela allait être sportif.
En effet, le geyser qui jaillit du cercle magique qu'il avait invoqué avec le sort aguamenti était si puissant qu'il faillit tomber. Il se retrouva trempé jusqu'aux os avant même d'avoir pu arrêter le sort. Donc l'eau c'était bon...encore fallait-il qu'il contrôle le flux.
Dean réfléchit. S'il devait faire ce manège à chaque fois qu'il avait soif, cela allait vite être cauchemardesque. Il devait donc faire autrement…par exemple en conservant de l'eau sur lui. Le moyen le plus simple était de la conserver dans une gourde.
Délicatement, il manipula sa magie pour en faire apparaître une et lui appliqua un sort pour qu'elle soit plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Puis, en faisant tout aussi attention, il invoqua à nouveau de l'eau. Le débit était toujours aussi important mais bien moins puissant. En fait on aurait dit une fontaine.
Dean commença par boire tout son saoul avant d'utiliser le sortilège de lévitation sur l'eau afin de la guider à l'intérieur de la gourde. Son but était de la remplir jusqu'au maximum de ses capacités afin d'être sûr de ne pas en manquer. Cependant, il remarqua assez vite que la gourde ne semblait pas vouloir se remplir. L'eau s'engouffrait à l'intérieur sans discontinuer et sans montrer le moindre signe de débordement. Dean se dit alors qu'il était fort possible qu'il ait été moins prudent pour le sort d'extension que pour celui qui avait fait apparaître la gourde et il était fort probable qu'à cause de toute la magie concentrée, elle n'ait tout simplement pas de fond.
Cependant il continua à la remplir par précaution pour éviter de tomber à court trop rapidement. Il y avait suffisamment de magie autour de lui pour la remplir autant de fois qu'il le désirait mais il ne voulait pas prendre de risques. Rien ne disait que la magie était aussi forte sur l'intégralité de la planète. Il devait être prudent.
Finalement c'est le soleil qui le fit arrêter son remplissage. Voyant qu'il commençait à descendre sur l'horizon, Dean se dit qu'il devait se dépêcher de partir. Il pensait que le plus prudent était de rejoindre l'un des massifs rocheux pour y passer la nuit. En cas de tempête, il serait protégé. Il stoppa donc l'aguamenti et referma sa gourde avant de la mettre dans sa dimension de poche comme Hariel lui avait appris. Il regarda ce qu'il avait d'autres et constata avec soulagement qu'il aurait aussi de quoi manger. En effet, c'était lui qui était chargé du pique nique ce jour-là. Il avait donc à sa disposition tout ce que ses parents avaient voulu prendre et même plus. En dupliquant le tout, il pourrait sans doute durer quelques jours...ou plus. Il espérait que d'ici là, il serait arrivé à destination où au moins aurait-il trouvé autre chose à manger.
Regardant le soleil couchant, il se mit dos à lui pour se mettre en route mais au dernier moment il eut un doute. Il se trouvait sur une autre planète. Rien ne disait que les règles étaient les mêmes. Grâce à un sort, néanmoins, il fit apparaître une flèche qui lui indiqua la direction du Nord. Heureusement pour lui, l'est se trouvait bien à l'opposé du soleil couchant.
Il se mit donc en marche rapidement, protégé qu'il était par sa magie.
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Les jours passaient et toujours rien ne se passait. Tous les jours, Bedivere demandait à Myrddyn quand est-ce qu'ils auraient le dernier ingrédient et tous les jours, le Mage répondait que ces choses là prenaient du temps. A chaque fois, Bedivere avait l'impression qu'il ne parlait pas vraiment de l'ingrédient et cela le mettait sur les nerfs.
Il avait beau savoir que le temps ne passait pas là d'où ils venaient, ce concept était bien trop abstrait pour lui. Il ne cessait de s'inquiéter et devait trouver une occupation afin de ne plus y penser et aussi pour se passer les nerfs.
Malheureusement, il n'y avait pas grand-chose à faire sur cette île. L'exploration n'était pas son fort et la chasse non plus. De toute façon, ils n'avaient vu aucun animal sur cette île, ni sur le sol, ni dans les airs, ni sous les eaux. Il ne semblait même pas y avoir d'insectes. A se demander d'où venait la viande que leur servait le Mage. Fabriquée par magie. Ce n'était pas très alléchant.
Il y avait bien des livres mais ce n'était pas sa tasse de thé. Il était instruit mais pas érudit. Il pouvait sans doute lire un livre en soirée mais pas y passer sa journée.
Alors à la place, il s'entraînait avec ses hommes. A l'épée ou à mains nues tant qu'ils pouvaient se défouler sans trop ronger leur frein.
Cependant, comme ils n'étaient pas les seuls à s'entraîner, Bedivere avait également la possibilité d'observer, voire même d'espionner les deux étrangers. Et par étrangers il était bien sûr question du Démon et de son amie Mage.
Il avait toujours du mal à leur faire confiance. C'était comme ça dès leur arrivée mais comme ils ne semblaient pas représenter une menace, il n'y avait pas trop prêté attention. Cependant cela avait changé depuis cette embuscade proche de la forêt.
Il avait découvert que malgré leur apparence, ils étaient puissants. Et dangereux. Ce n'était pas seulement à cause de leur force mais également de leur capacité à tuer. Bedivere n'avait jamais rencontré quelqu'un du beau sexe tuer aussi facilement qu'Eleanor quand elle lui avait sauvé la vie. Malgré la beauté de la jeune femme, Bedivere, tout soldat aguerris qu'il était, en avait tremblé de peur.
Cependant il y avait eu ensuite l'épisode du lac puis la forêt…c'est vrai que tous deux les avaient bien aidés. Cependant il avait toujours du mal à leur faire confiance. Alors il les avait observées.
Ce qu'il avait vu, c'est qu'en plus que d'être des Mages puissants, ils semblaient également être des guerriers expérimentés. L'un comme l'autre pratiquaient un entraînement physique intense qui commençait bien avant que lui et les autres ne soient levés par de la course à pied.
La première fois que Bedivere avait vu Eleanor revenir de sa course il avait été choqué par son impudeur si peu commune. En fait, à ses yeux, elle courrait presque nue. Elle portait simplement des sortes de braies noires fines comme de la soie et plus flexible que ce qu'il n'avait jamais vu, fait dans un tissu aux mailles si serrées qu'elles en étaient invisibles et qui scintillait sous le soleil. Le haut de son corps était nu à l'exception de sa poitrine maintenue dans une sorte de gaine de la même matière que ses braies qui était maintenue par des sangles sur ses épaules.
La tenue soulignait ses formes magnifiques mais le plus indécent restait encore son état. Cheveux humides retenus haut sur la tête, joues rouges, souffle court, vêtements imbibés de sueur… Bedivere avait connu beaucoup de femmes et il était sûr que même des prostituées avaient plus de pudeur.
Pourtant, malgré sa gêne, il ne pouvait détacher ses yeux de l'apparition. Tout comme ses hommes d'ailleurs. Cette réaction de leur part le rendait assez énervé sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Sans doute ne voulait-il pas qu'ils soient distraits.
Toujours est-il qu'il continue par la suite à observer Eleanor dans la journée. Hariel aussi mais lui a récemment arrêté de s'entraîner seul pour partir la journée avec Myrddyn pour faire Dieu-sait-quoi. Leur association était des plus déroutantes surtout que le Mage savait parfaitement dans quoi il s'engageait en s'isolant ainsi avec le Démon. En effet, il l'avait vu une fois regarder Hariel sortir ses ailes et s'envoler sans manifester la moindre surprise. C'est donc qu'il devait être au courant de sa nature.
N'ayant donc plus accès à l'une de ses deux cibles, il s'était rabattu exclusivement sur la seconde. C'est-à-dire la jeune Eleanor. Enfin, jeune était un terme tout relatif. En effet, elle devait avoir environ vingt cinq ans, un âge où toute autre jeune fille bien née ou non serait déjà mariée et avec enfants. Mais elle ne semblait pas attacher d'importance à ce genre de choses.
En fait, elle semblait plus fuir la compagnie des hommes et les dénigrer comme le montrait les grimaces qu'elle faisait quand l'un de ses compagnons d'armes jetait un regard un peu trop prolongé sur elle. Cependant, aucun ne se serait risqué au moindre geste dans sa direction compte tenu de ce qu'ils savaient d'elle et pas seulement à cause de ses pouvoirs.
En effet, après l'avoir bien observé, Bedivere avait établi qu'elle s'était créé un emploi du temps fixe et rigoureux qu'elle suivait à la lettre.
Après sa course du matin, qui commençait si tôt que Bedivere n'en avait jamais vu que le retour, elle faisait des ablutions complètes avant de s'habiller de vêtements masculins. Elle passait ensuite le reste de la matinée à lire des ouvrages complexes provenant de la bibliothèque privée de Myrddyn, donc probablement des ouvrages de magie, et ce jusqu'au déjeuner.
Juste après, elle lisait encore un peu avant de se changer à nouveau et de remettre ses étranges vêtements noirs pour s'entraîner au combat. C'était un moment assez étrange car on avait l'impression qu'elle dansait plus qu'elle ne se battait. Lui et ses hommes utilisaient leur force pour frapper leur adversaire et résister à ses coups mais elle semblait plutôt chercher à les éviter avant de frapper.
Au départ, il avait pensé que ses gestes ne risquaient pas de beaucoup blesser son adversaire vu le peu de force qu'elle y mettait mais il avait vite déchanté quand il l'avait s'attaquer à des cibles plus physiques comme des arbres. Il avait remarqué, aux traces sur l'écorce, que ses coups faisaient plus de dégât qu'il n'y paraissait. Il avait donc dû réévaluer ses capacités et s'était rendu compte qu'elle était bien une guerrière.
Au final, sans qu'il s'en rende vraiment compte, il s'était mit à passer ses journées à l'observer au détriment parfois de son entraînement. Il avait d'ailleurs remarqué que parfois, son regard se tournait vers lui et ses hommes mais seulement quand ils montaient à cheval. Le reste du temps, elle les ignorait.
Bedivere se souvient alors que depuis le début du voyage, elle avait toujours été en croupe même quand un cheval était disponible. C'est pour cela qu'un jour, prenant son courage à deux mains, il s'approcha d'elle en tirant son cheval derrière lui par les rennes.
Eleanor le vit arriver mais elle détourna les yeux, l'ignorant. Bedivere attendit tout de même quelques instants puis décida d'intervenir. Il toussota. Eleanor soupira, visiblement énervée.
« Quoi ? » Demanda-t-elle sèchement.
« Et bien je me demandais si vous pouvez…enfin si vous aviez envie… » Balbutia l'homme.
Eleanor leva un sourcil interrogateur et Bedivere se maudit lui-même. Voilà qu'il se comportait comme un adolescent alors qu'il avait plus de quarante ans. Décidément cette femme lui faisait faire n'importe quoi.
« J'ai remarqué que vous ne saviez pas monter à cheval » dit-il finalement après avoir repris contenance. « Je me demandais si vous accepteriez que je vous apprenne. »
Eleanor plissa alors les yeux et l'observa attentivement. Bedivere se sentit gêné de cette inspection mais il ne bougea pas et essaya de ne pas baisser les yeux.
« Très bien, j'accepte » finit par dire Eleanor de mauvaise grâce.
Bedivere sentit alors quelque chose d'étrange parcourir son corps à ces mots. Est-ce que c'était…de la joie ?
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Hermione pensait que le Gnomes la ralentiraient mais ce ne fut pas du tout le cas. En fait, c'était même le contraire, elle avait parfois du mal à les suivre. Très lestés et agiles, ils pouvaient sauter de pierre en pierre ou d'arbre en arbre. Ils étaient de plus inépuisables au contraire de la Magicienne.
Ils parlaient beaucoup. Énormément même. Parfois entre eux et parfois à Hermione. Heureusement leur babillage n'était pas toujours dénué d'intérêt. En effet, ils avaient tendance à dire à peu près tout ce qu'ils savaient à propos des Créatures qu'ils rencontraient sur le chemin.
Et il y en avait.
Hermione avait pensé que ce serait comme essayer de voir des animaux lors d'une promenade en forêt mais pas du tout. Toutes ces Créatures n'avaient, semblent-ils, aucune envie de se cacher. Et il y en avait à profusion.
Hermione en reconnaissait certains de ses lectures bien sûr mais d'autres lui étaient totalement inconnus et même les noms que lui enseignaient les Gnomes ne lui disaient rien du tout et ils étaient trop nombreux pour s'en rappeler tous même si certains noms semblaient regrouper plusieurs types de créatures assez semblable sans pour autant être identiques.
Par exemple, les Fées, enfin, les Pixies, comme les Gnomes les appelaient. Il y avait celles qu'Hermione connaissaient des livres Sorciers, c'est à dire de petites créatures filiformes et colorés aux corps nus et aux ailes d'insectes mais il y en avait d'autres qui avaient plus l'apparence d'êtres humains miniatures mais plus fragiles avec des vêtements fait de fleurs avec des ailes de libellules ou encore de papillons. Celles-ci ressemblaient d'ailleurs tellement aux faits des livres d'illustration qu'Hermione soupçonnait que les auteurs en avaient déjà vu des vrais.
Cependant ce n'était pas les seuls. Les Gnomes appelaient aussi Pixies, des Créatures semblables aux Lutins de Cornouaille (encore un exemple où les sorciers avaient essayé de diminuer une race en donnant leur nom à une autre, comme les Elfes de Maison), des sortes de diablotins uniformes à antennes et longues oreilles mais avec des variations de couleurs. D'autres encore avaient des attributs d'insectes comme des pattes et un exosquelette. Enfin, certaines n'étaient pas vêtues de fleurs mais ressemblaient à des fleurs avec leur corps d'un vert tendre et leurs cheveux et ailes semblables à des pétales multicolores et doux comme du velours.
Hermione était également sûre que certains noms que ses petits guides lui avaient donnés étaient en fait les noms de ceux qu'ils désignaient plutôt que leur race. Avaient-ils seulement un nom générique ?
Certains étaient de petits êtres semblables en taille aux Gnomes mais avec des chapeaux de champignons sur la tête ou des bogues de marron et des piquants. D'autres ressemblaient à des crapauds sur deux jambes, vivant dans la boue des rivières, mais avec un nez, de grandes oreilles pointues et des antennes. Il y avait de grands rongeurs anthropomorphes, des êtres ressemblant à des brownies mais avec des champignons et de la mousse qui poussaient sur leur corps et des sortes d'oiseaux insectes géants qui descendaient du ciel pour boire de l'eau.
Par dessus cela, Hermione pouvait reconnaître les Kobolds, des petits êtres chafouins aux grandes oreilles arrondis et recouverts de poils gris, des Feu Follets, semblables à des flammes flottant dans les airs, des Trows, un mélange entre des Gobelins et des Troll, ainsi que des Pucas, des lutins fées polymorphes.
Elle avait même vu, de loin, un petit village de créatures minuscules, très semblables à des humains si l'on exceptait leurs oreilles pointues. Ils vivaient dans des maisons creusées dans de petites collines avec des fenêtres et des portes rondes. Pendant quelques instants, Hermione avait cru à des Hobbits, à cause de la forme des maisons qui lui rappelaient celles dans le Seigneur des Anneaux. Mais les Créatures qu'elle voyait était plus petite et n'étaient pas pieds nus. Elle s'était alors rappelé que c'était des Leprechauns.
En tous les cas, jusque-là, toutes les créatures qu'elle avait rencontrées s'étaient montrées soit amicales, soient curieuses, soit l'avaient totalement ignorées. Aucune réaction violente à déplorer et Hermione en était soulagée. Pas qu'elle pensait que ça n'arriverait pas. A un moment, cependant, elle crut être agressé quand le tronc d'arbre contre lequel elle s'était appuyé s'était mis à bouger. Mais ce n'était qu'un Tréant qui voulait qu'elle descende de son pied (sous entendu, l'une de ses racines).
Faisant bien deux à trois mètres de haut, les Tréants étaient des arbres anthropomorphes recouverts de mousses. Les branches griffues qui leur servaient de bras et les troncs torturés qui donnaient à leur visage une allure grimaçante étaient effrayants mais ils n'en étaient pas moins inoffensifs. Selon les Gnomes, les Tréants étaient les plus grands parmi le Petit Peuple, plus grands encore que certains du Grand Peuple.
"Le Grand Peuple ?" Demanda Hermione en entendant le terme.
"Nous, nous sommes le Petit Peuple, parce que nous sommes petits" répondit Nilin. "Les autres sont grands. Enfin...sauf les Nains."
Son commentaire déclencha l'hilarité.
Hermione, elle, connaissait le terme "Petit Peuple". Même les Sapients l'utilisaient. Mais le Grand Peuple… selon les Gnomes, le Grand Peuple était composé des Nains et des Elfes mais aussi des Géants, de certaines races de Trolls mais également des Gobelins et des Centaures. Pour la plupart, des êtres avec un semblant de civilisation si Hermione y réfléchissait bien.
Et puis il y avait les Sidhes. Ceux-ci ne faisaient partie ni du Petit ni du Grand Peuple. Ils étaient à part. C'était en fait, en quelque sorte, le haut du panier, les plus puissants de la Faërie. Ils se divisaient en deux royaumes, deux Cours, Seelie et Unseelie. Les deux termes, provenant de l'ancien gaélique, pouvaient être traduit comme "bénie" et "maudit" (non béni). C'était la différence entre la lumière et les ténèbres, le jour et la nuit, voire même, selon certains, le bien et le mal. Pourtant, les Gnomes eux, craignaient les deux.
Chacune de ces deux Cours était dirigée par une Reine. La Cour Seelie, ou Cours de l'Été, était dirigée par la Reine de la Lumière et la Cour Unseelie, appelée aussi Cour de l'Hiver, par la Reine de l'Air et des Ténèbres. De même, le Grand Peuple avait lui aussi un souverain, un Roi dont le nom était assez connu d'Hermione car il s'agissait d'Obéron. Celui-ci régnait sur la Cours de l'Automne.
"Et vous ?" Demanda Hermione aux Gnomes.
"Nous ? Nous n'avons pas de Roi. Pas de Reine. Nous sommes libres !"
Libre, mais sans souverain pour les protéger ou veiller à leurs intérêts, ils étaient également plus vulnérables.
Quand Hermione sentit la fatigue, elle leva les yeux au ciel. Bien sûr, le soleil était encore haut. Ici aussi, le rythme du jour et de la nuit ne semblait pas être très régulier. Cela ne semblait pas embêter les Gnomes mais la Magicienne, elle, était fatiguée. Elle se serait bien reposée mais elle ne voulait plus traîner.
"On est encore loin ?" Demanda-t-elle à ses guides.
Ceux-ci se regardèrent les uns les autres.
"On ne sait pas" dit Nilin.
"Quoi ?" S'écria Hermione. "Comment ça vous ne savez pas ?"
"On ne sait pas si on est loin."
"Mais...mais vous savez où c'est non ? Vous savez où se trouve la Déesse ?"
"Oui !"
"Et vous connaissez le chemin ?"
"Non !"
Hermione sentit sa tête tourner. Elle se mit à voir rouge. Elle n'avait quand même pas marché toute la journée pour rien en suivant ces petits monstres dans la mauvaise direction, quand même ?
"Vous m'avez dit que vous alliez m'emmener voir la Déesse !" Cria presque Hermione.
"Non" répondit Nilin d'une voix calme, "nous avons dit que nous allions t'aider."
"Mais vous ne connaissez pas le chemin !"
"Non, mais on sait comment y aller !" Dit un jeune Gnome en sautillant.
"C'est la même chose !"
Cette fois elle n'avait pas seulement crié, elle avait hurlé. Les environs s'étaient alors presque vidés de toute présence. Ceux qui le pouvaient s'étaient enfuis, les autres se terraient en tremblant derrière des buissons, des arbres, des rochers ou encore dans la boue.
Hermione de son côté en avait assez.
"Puisque c'est comme ça, je vais me débrouiller seul !" S'exclama-t-elle en tournant les talons.
"Attends !" Lui cria Nilin. "T'en vas pas ! Tu ne sais pas comment faire pour aller voir la Déesse !"
"Vous non plus !" Leur cria la jeune fille en marchant plus vite.
"Attends ! Attends !" Reprit Nilin en piaillant. "Ne vas pas par là !"
"Pas par là ! Pas par là !" S'exclamaient également les autres Gnomes.
"Quoi ?" Demanda Hermione en tournant la tête.
Mais à ce moment-là, elle se prit les cheveux dans quelque chose. Elle se débattit et parvint finalement à se dégager. Elle regarda alors ce qui l'avait accroché et fronça les sourcils. C'était des os. Une série d'ossements suspendu à un fil attaché à la branche basse d'un arbre. Un oiseau si elle se fiait au crâne mais rien ne disait qu'ils appartenaient tous au même animal.
Elle en avait vu quelques-uns pendant son trajet, des animaux ordinaires. Oiseaux, rongeurs, cervidés et même quelques sangliers. Ils étaient aussi peu farouches que les Fey et réagissaient de la même façon, soit enjoués, soit curieux, soit indifférents.
Hermione sursauta en sentant quelque chose atterrir sur son épaule mais elle se rendit rapidement compte qu'il ne s'agissait que de Nilin.
"Il faut partir...vite" dit-il précipitamment.
"A cause de ça ?" Demanda-t-elle en pointant les ossements.
"Ceux-là et les autres."
Elle regarda autour d'elle. En effet, il y avait d'autres assemblages, tous contenant des os. Elle remarqua qu'ils marquaient une frontière avec le bosquet un peu sombre dans lequel elle venait de rentrer. Du côté des Gnomes, seul Nilin l'avait rejoint. Les autres attendaient en rang à la lisière des arbres rapprochés, un air inquiet et apeuré sur leur visage.
"Qu'est ce que ça veut dire ?"
"Que c'est le territoire des Boggarts" gémit Nilin.
Comme s'il s'était agit d'un signe, plusieurs ricanements et cris stridents se firent entendre autour d'eux. Hermione n'eut pas le temps de bouger que plusieurs Créatures lui tombèrent dessus. Un peu plus grands que les Gnomes et plus massifs, ils étaient suffisamment l'ours pour la faire basculer en avant. Elle tomba sur le sol couvert de feuilles et se mit à se débattre alors que les Créatures se mettaient à la griffer et à tirer ses cheveux et ses vêtements.
Elle voulut les repousser avec sa magie mais rien ne se passa. Ils semblaient insensibles. Elle se rappela alors que la raison pour laquelle les Sorciers dégnommaient leurs jardins à la main, c'était parce que les Gnomes des Jardins avaient une certaine insensibilité à la magie, comme les Géants par exemple. Comme il s'agissait en fait d'une sous race de Boggarts, alors ça voulait dire que ceux-ci devaient aussi être immunisés.
Qu'à cela ne tienne, elle se débattit furieusement et parvint, après quelques efforts, à faire lâcher suffisamment de créatures pour pouvoir se relever. Elle en prit celui qui était accroché à son sweat-shirt à pleine main et le lança plus loin. Elle se retourna alors prête à confronter ses petits adversaires.
Ceux-ci faisaient une vingtaine de centimètres de haut. Ils avaient une peau verte maladive ainsi qu'un corps et une tête ronde et glabre. Ils avaient de minuscules oreilles pointues, un nez crochu, des petits yeux noirs et des dents affûtées comme des aiguilles. Ils criaient, grognaient et riaient d'une voix stridente.
Elle entendit alors un cri différent des autres. Tournant la tête, elle vit que deux d'entre eux tenaient Nilin et qu'un troisième avançaient ses petites mains griffues vers lui. Le pauvre Gnome semblait pétrifié de peur. Il ne semblait même pas capable de faire appel à sa magie. Pour ce que ça aurait servi…
Mais à ce moment-là, Hermione eut une idée. Les sorts ne marchaient pas sur eux directement mais elle pouvait toujours...s'inspirant de la magie de ses petits amis, Hermione fit sortir des pousses du sol et les manipula pour qu'elles attrapent l'un des petites jambes tordu de la Créature qui menaçait le petit Gnome. Celui-ci décolla du sol, se mit à tournoyer dans les airs puis la liane le lâcha et il s'envola en criant.
Les autres se figèrent, surpris, mais Hermione ne leur laissa pas le temps de reprendre leurs esprits. Rapidement, les pousses se remirent en mouvement et deux ou trois Boggarts s'envolèrent à leur tour. La débâcle s'installa alors dans la petite troupe qui disparut rapidement.
"Ça va ?" Demanda Hermione en s'agenouillant près de Nilim qui était assis sur le sol, la tête dans les mains.
"Ou...oui" répondit le Gnome. "Ça va. J'ai eu très peur."
Il se secoua puis se releva.
"Les Boggarts sont des voleurs. Tu devrais vérifier qu'il ne te manque rien."
Hermione se releva et se regarda. Son sac ne risquait rien, seule elle pouvait l'ouvrir mais pour ce qui était du contenu de ses poches...elle les tata une à une jusqu'à ce qu'elle se rende compte que l'une d'elle, à l'arrière, s'était déchirait et pendait. Son contenu avait disparu. Hermione blêmit. C'était là où elle avait mis sa carte de bibliothèque, enfin, le sauf-conduit qui l'avait amené ici. Elle ne savait pas si elle en avait encore besoin ou pas mais elle ne pouvait absolument pas prendre le risque de le perdre.
Frénétiquement, elle se mit à regarder autour d'elle sur le sol au cas où elle soit juste tombée dans la bataille. Un reflet attira son attention et elle soupira de soulagement. C'était bien la surface plastifiée de la carte. Elle s'en approcha mais au moment où elle tendait la main pour la récupérer, quelque chose de vert passa juste devant elle et attrapa la carte. C'était un Boggart.
"Reviens ici, toi !" S'exclama Hermione.
Elle tenta de l'attraper avec une liane, comme les autres, mais il était trop rapide. Il courait rapidement et en zigzag afin que la plante ne puisse pas l'attraper. Hermione jura et se jeta à sa poursuite. Il ne fallait pas qu'elle le perdre de vue. Pendant la poursuite, elle essaya de le stopper en envoyant des sorts sur son environnement direct mais le petit être évitait tout. Vague de terre, Régine sortie du sol et même explosion. Rien ne marchait.
Derrière elle, elle entendait Nilin qui lui courrait après. Il avait, semble-t-il, été rejoint par les autres et tous s'étaient mis à la poursuite du Boggart avec Hermione alors que quelques instant auparavant, ils hésitaient même à entrer sur leur territoire.
A plusieurs reprises, Hermione perdit le petit voleur des yeux mais Nilin, qui l'avait précédée, la remettait dans la bonne direction. Au bout d'un moment, elle le vit s'arrêter et regarder autour de lui.
"Où... où est-il ?" Demanda-t-elle en soufflant.
"Je ne suis...pas sûr…" dit le Gnome.
Soudain, ils entendirent un couinement derrière quelques buissons. Hermione s'avança et passa au travers. Au-delà, la forêt s'espaçait, il faisait plus clair. Au vu des chapelets d'ossements pendus aux arbres, elle devait être à la limite du territoire des Boggarts. Pourtant c'était celui qui l'avait volé qui poussait à présent ces cris stridents. Ma raison en était qu'il était tombé sur plus fort que lui, quelqu'un qui le tenait à présent fermement dans sa main.
Hermione cligna des yeux en voyant le cavalier. C'était l'être le plus beau qu'elle n'ai jamais vu. Son corps gracieux était magnifiquement proportionné. Sa peau était d'une couleur caramel et semblait plus douce que de la soie. Son visage était fin mais il se dégageait de lui une certaine virilité dans la forme de sa mâchoire et de ses lèvres. Il avait également de très longs cheveux blonds couleur or pâle, coiffés en une tresse sophistiquée qui tombait dans son dos et reposait sur la selle derrière lui.
Il y avait avec lui deux autres personnes, un homme et une femme, tous deux également à cheval. La femme avait une peau crémeuse et sa chevelure était encore plus claire que celle du premier cavalier. Le second homme, lui, paraissait avoir la peau et les cheveux faits d'or pur.
Leurs montures étaient également des bêtes magnifiques. Grands, élancés, ils avaient une robe couleur neige et semblaient presque scintiller sous les rayons du soleil. Leur crinière et leur queue étaient encore plus brillantes et semblaient couler comme de l'eau jusqu'au sol. Hermione aurait pu croire qu'il s'agissait de licornes si la fameuse corne ne leur faisait pas défaut. Ils étaient équipés de selles faites de cuirs scintillants et de velours magnifiques brodés d'or et d'argent. Les rênes étaient si fines qu'elles ressemblaient à des fils de soie.
En tout, les cas, montures et cavaliers formaient un ensemble harmonieux. Pendant un instant, la jeune fille crut que c'était des elfes mais leurs oreilles étaient rondes, pas pointues. De plus, le pouvoir semblait exuder de leur personne.
La seule solution était que les être devant elle étaient des Sidhes.
0o0o0
« Est-ce que tu as déjà pensée à exploiter les propriétés métaphysiques de tes éléments ? »
Hariel regarda son nouveau mentor en fronçant les sourcils. Les propriétés métaphysiques ? Quelques instants auparavant, il lui montrait comment il pouvait créer ce qui ressemblait à des bulles de savon mais qui s'avérait être des bombes d'eau pressurisée et à présent il lui parlait de cela.
En fait, Hariel adorait apprendre avec Myrddyn. Certes l'homme ne lui apprenait pas forcément des choses nouvelles mais il revoyait avec lui ce qu'il savait déjà afin de lui donner un éclairage nouveau, de le pousser dans une autre direction que celle où il allait déjà. Et ça marchait même si c'était un peu déroutant.
« Vois-tu, ce qui est intéressant avec la magie, c'est qu'elle est capable de lier le physique et le métaphysique… » reprit Myrddyn.
A nouveau, Hariel lui jeta un regard intrigué. Malgré toute son intelligence, ce que disait cet homme n'avait pas toujours du sens au premier abord. Enfin pour lui.
« Ce que j'essaie de dire, c'est que les éléments représentent parfois des choses, des pouvoirs auxquels tu peux accéder. »
« Un pouvoir en lien avec leur symbolique ? »
« C'est ça ! » S'exclama Myrddyn avec un grand sourire. « Par exemple… »
Il posa son bâton contre un arbre puis sortit un couteau d'une gaine attachée à sa ceinture. Il posa alors le tranchant de la lame sur la paume de sa main et la fit rapidement glisser. La plaie n'était pas très profonde mais le sang se mit à couler. Il rangea le couteau et tendit alors sa main valide et tendit sa main valide vers le point d'eau à proximité.
Une bulle d'eau s'éleva dans les aires et flotta mollement dans la direction du Mage en suivant les mouvements de ses doigts.
« Toi aussi tu peux maîtriser des éléments ? » Demanda Hariel surpris.
« Oui et non » répondit Myrddyn toujours concentré sur sa bulle. « Tous les Magiciens sont capables de faire de la Magie Élémentaire, c'est-à-dire de la magie qui convoque, contrôle et utilise un élément. Ils ont plus ou moins de facilités en fonction de leurs affinités. Moi par exemple, j'ai plus d'affinités avec l'eau et la terre, mais ça ne m'empêcherait pas de lancer des sorts de feu ou d'utiliser ses capacités métaphysiques. Mais c'est cependant beaucoup moins facile qu'avec l'eau. »
La bulle d'eau se posa sur sa main et engloba la blessure. Hariel remarqua alors que l'eau restait pure et que le sang ne se mélangeait pas avec. Après quelques secondes, l'eau se mit à scintiller puis la bulle d'eau éclata et se répandit sur le sol. La blessure, elle, avait disparu.
« L'eau est symbole de guérison ? » proposa Hariel en hypothèse.
« Exact » dit Myrddyn en hochant la tête. « de purification également. »
« C'est pourquoi certains rites nécessité de se baigner avant pour se purifier ? »
« Tout à fait. De la même façon, la foudre symbolise la force et l'énergie et le feu, la lumière et aussi la Vie ? »
« La vie ? » Demanda Hariel, dubitatif.
« Le pouvoir de l'animation si tu préfère. »
Il tendit la main vers des rochers et une petite flamme naquit au bout de ses doigts, elle flotta en direction du tas de pierre et certaines se mirent à rouler. Ma flamme se transforma en ruban de feu et entoura des pierres qui se rassemblèrent sous la forme d'un petit Golem. Celui-ci bougea un peu et se désagrégea. Le feu disparut et les pierres redevinrent immobiles.
« Tu vois » dit-il. « J'ai très peu d'affinité avec le feu. Mais j'ai quand même réussi à animer cette marionnette pendant quelques instants. »
Il se tourna alors à nouveau vers Hariel.
« Bien sûr, c'est différent pour toi puisque tu est un Élémentaliste. »
« Je me souviens avoir lu ce terme mais il ne concernait que les Démons » dit Hariel.
« En fait, les Élémentalistes sont des êtres, pas forcements Humains ou Démons, qui ont plus qu'une simple affinité avec un élément, l'utiliser est naturel pour eux. D'habitudes, ils n'en maîtrisent qu'un ou deux mais, d'après ce que je sais, ce n'est pas dans tes habitudes de t'en tenir aux habitudes » dit Myrddyn avec un regard malicieux.
Hariel eut un petit rire gêné et haussa les épaules.
« Donc si je maîtrise les éléments d'une façon, physiquement, je peux aussi l'utiliser de l'autre façon, métaphysiquement, c'est ça ? » résuma Hariel.
« Attention, l'utilisation métaphysique n'est que l'une des autres types d'utilisations que l'on peut faire » le contredit Myrddyn.
« Il y en à d'autres ? »
« Bien sûr. Mais ça tu le sais déjà, non ? »
« Comment ça ? »
« Et bien, si j'en crois mon expérience, les Élémentalistes, au début, utilisent leurs éléments de façon plutôt basique : je convoque l'élément et je le balance sur mon adversaire. Simple et efficace… mais extrêmement ennuyeux. »
Myrddyn ricana et Hariel fit de même.
« Pourtant toi, ce n'est pas ce que tu as fait n'est-ce-pas ? » Reprit le Mage. « Ça ne t'ai venu qu'après, non ? »
Hariel plissa les yeux d'incompréhension avant que l'étincelle ne se fasse brusquement dans son esprit. Mais c'était bien sûr ! La méthode scientifique ! Sa méthode. Celle qu'il avait montré à Myrddyn dès le départ, ses attaques signatures comme le BLEVE, la Corona Discharge ou les Sapphire Flammes. Des attaques qu'il avait créé en manipulant les lois de la Physique.
C'était donc ça qu'il voulait dire quand il parlait de trouver de nouvelles façons d'utiliser ses éléments.
« J'ai vu que tu avais les moyens de te montrer flexible en les utilisant » reprit Myrddyn comme s'il lisait dans ses pensées. « Certains n'ont pas la capacité de s'adapter aussi bien que toi ou la réflexion nécessaire pour trouver de nouvelles façon de les utiliser. »
Hariel sourit. Il avait toujours adoré manipuler ses éléments pour créer des utilisations innovantes. Mais ça il ne s'en était pas rendu compte…jusqu'à maintenant. A présent qu'il était conscient de ça, il allait se faire une joie de réfléchir à de nouvelles façons de concevoir ses propres pouvoirs.
Soudain, quelque chose lui revint à l'esprit. Un problème qu'il devait régler. Puisqu'il avait Myrddyn sous la main tout disposé à l'aider, pourquoi pas en profiter ?
Il expliqua donc à son mentor et ancêtre ce qui s'était passé lors de l'embuscade quelques jours plus tôt, quand il avait essayé de mélanger le feu et la foudre et qu'il avait échoué lamentablement. Le Mage plissa les yeux quelques instants en réfléchissant avant de répondre.
« En théorie, je pense que c'est possible » dit-il après quelques instants. « Mais c'est très complexe. Les deux éléments sont métaphysiquement liés à l'énergie…même si elle est différente. Cependant, physiquement, l'un des deux est une réaction chimique tandis que l'autre est une énergie pure. Cependant, l'un est dû au déplacement des molécules et l'autre a leur combustion, c'est-à-dire à des vibrations. »
Une nouvelle fois, Hariel était à la fois émerveillé et interloqué par la façon si scientifique de parler du Mage du Vème siècle. Cela lui semblait tellement…anachronique. Mais bon, en même temps, ils se trouvaient sur une île en dehors du temps et sur la lune alors…
« Il pourraient fusionner mais il faudrait que tu équilibres les charges énergétiques entre les deux » continua Myrddyn.
« Parce que le feu dépends de la combustion des éléments qui l'entourent, il ne peut pas rivaliser avec l'électricité qui est l'énergie du déplacement des atomes…c'est beaucoup trop fort » conclut alors Hariel. « Et si le feu était plus fort ? »
« Cela pourrait marcher » dit Myrddyn au bout d'un moment. « Cependant tu devrais éviter d'utiliser ta mana, ton énergie magique. La fusion risquerait de créer une hausse artificielle de la tension électrique due à la mana que tu aurais ajouté à ton feu. Le déséquilibre provoquerait une implosion du sort bien plus grave que celle que tu as eu. »
Hariel, qui se voyait déjà utiliser ses Sapphire Flammes, déchanta. Effectivement, c'était logique. Peut-être qu'avec les Emerald Blaze ça marcherait. Il pourrait alors contrôler les flammes pour l'empêcher la magie de se mêler à la foudre…mais cela risquerait aussi de nuire à la fusion. En plus le contrôle serait infernal, une dépense inutile de concentration. Non, il fallait trouver autre chose.
« Et avec des sorts élémentaires d'air ? » Demanda-t-il.
D'après ce qu'il avait comprit, les sorts élémentaires ne créaient pas exactement les éléments, ils les invoquait tout comme lui le faisait. Ils devaient donc être anamagique, sans mana.
Myrddyn sourit.
« Ça pourrait marcher. »
Hariel soupira un peu. Ses nouvelles expérimentations allaient devoir attendre.
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Dans le désert, les distances semblaient plus courte qu'elles ne l'étaient en réalité. En effet Dean marchait depuis plus longtemps que ce qu'il avait estimé au départ pour atteindre les rochers. Et puis il y avait le sable. Ce n'était pas le terrain le plus propice pour la marche. Ses pieds s'enfonçaient et glissaient sur les petits grains, ralentissant son avancée et sollicitant les muscles de ses jambes.
A cause de son asthme, il n'avait jamais vraiment été sportif. Cela avait d'ailleurs été l'une des raisons pour lesquelles il avait souvent été plus solitaire que les autres enfants. Néanmoins, il s'était toujours considéré comme quelqu'un de physiquement actif, ou autant que possible en raison de son état de santé. Pourtant une fois arrivé au pied de la formation rocheuse, il se sentait très fatigué. Soufflant lourdement, il se maintint debout d'une main posée sur la paroi de pierre alors que la seconde, après avoir essuyé son front ruisselant, avait fait apparaître sa gourde pour en voir de longues rasades désaltérantes. Dire que s'il n'avait pas les runes sur sa poitrine, ce serait bien pire que cela...
Se retournant il s'adossa sur le rocher pour souffler encore alors que son regard se posait vers l'ouest, où le soleil était près de disparaître derrière l'horizon. Cette vision lui fit froncer les sourcils. Étrange. Le sortilège bloquant les rayons du soleil avait une certaine possibilité d'adaptation au niveau des yeux. Il ne devrait donc pas être aussi éblouit.
D'ailleurs, il trouvait que la luminosité en générale était assez vive malgré l'heure tardive. Et il faisait également assez chaud. Il soupira de frustration. Est-ce qu'il y avait un problème avec sa magie ? Encore. Pourtant l'atmosphère ambiante était...différente. il se sentait légèrement moins oppressé. Les frissons en lui étaient également moins présents.
Il activa sa seconde vie et remarqua que la densité de la Magie Pure était moins forte qu'auparavant. Il arrivait même à voir autour de lui. La question était de savoir si c'était normal ou pas, de savoir quelle était la répartition de la Magie Pure sur cette planète.
Le gargouillement de son ventre mit fin à ses réflexions. Ce n'était pas la première fois qu'il se rappelait à son bon souvenir depuis le début de sa marche mais cette fois il avait vraiment faim. De toute façon, il avait prévu de s'arrêter ici, alors.
Il ne prit pas le temps de réajuster ses sorts (il risquait de faire nuit avant et il ne voulait pas grimper dans le noir) et préféra se remettre en marche afin de chercher un endroit où il pourrait grimper. A certains endroits, la formation était composée de strates de rochers verticales mais à d'autres, elles étaient plus horizontales. De plus, à ce qu'il pouvait voir, ils semblaient percés de grottes, probablement à cause du vent qui s'engouffrait entre les pierres.
Finalement, il trouva un accès assez facile et commença prudemment son ascension. Il n'avait jamais fait d'escalade auparavant et en plus il n'était pas assuré. Heureusement, à certains endroits les strates horizontales formaient des plateaux et à d'autres elles étaient si bien marquées que c'était aussi facile que de grimper un escalier.
Soudain, il vacilla et manqua tomber en arrière de surprise. La chaleur. La chaleur était revenue d'un seul coup. Malgré l'heure tardive elle était encore bien présente et il la sentait traverser son corps. De même, la luminosité s'était faite plus importante ce qui, au final, n'était pas un mal vu que le soleil avait à présent disparu mais qui n'en était pas moins anormal.
Instinctivement, il réajusta son sort de refroidissement et se rendit compte qu'il était bien plus maniable qu'auparavant. En fait, il fonctionnait presque comme quand il s'était entraîné à Poudlard. Il essaya avec son sort régulation de la luminosité et celui-ci fonctionna parfaitement également. Il activa sa seconde vie et s'aperçut alors qu'il n'y avait plus rien...plus de Magie. Enfin si, il y avait toujours des volutes de magies colorées comme il en voyait toujours un peu partout sauf dans les grandes villes, mais plus de Magie Pure.
C'est en baissant les yeux qu'il la vit. Il avait comme l'impression d'avoir émergé au-dessus des nuages. En effet, au-dessous de lui, il y avait une nappe de volutes blanches qui se pouvait paresseusement. Il voulut se retourner pour en voir plus mais il chancela. Vu qu'il était toujours accroché à une paroi rocheuse, ce n'était pas vraiment le moment de stationner. Il reprit alors son ascension jusqu'à arriver à un large plateau suffisamment plat pour qu'il puisse y passer la nuit. Il prit quelques instants pour reprendre son souffle puis se retourna, regardant vers l'ouest, vers l'endroit où il s'était réveillé sur cette planète.
En même temps que ses yeux s'écarquillèrent, sa mâchoire tomba de surprise. Il avait comparé la Magie Pure à un brouillard, à des nuages, et d'ici il pouvait voir que cette analogie était amplement justifiée.
De là où il était il avait l'impression de se retrouver sur une île qui émergeait d'une mer blanche, vaporeuse et en perpétuel mouvement. La Magie Pure, comme une nappe de brouillard s'étendait sur le sol, le dissimulant complètement.
Mais ce n'était même pas ça qui était le plus impressionnant. En effet, au milieu de cette mer nuageuse émergeait une immense colonne blanche. On aurait dit ces nuages de fumée ou de vapeur qui émergeaient, droits et verticaux des cheminées d'usine ou de centrale nucléaire quand il n'y avait pas de vent.
Sauf qu'elle, elle était étrange. Dean passa plusieurs minutes à l'observer. Le blanc de la Magie Pure se détachait parfaitement sur le ciel qui commençait à s'assombrir. C'est comme ça qu'il remarqua un détail. La fumée, enfin, la Magie ressemblant à de la fumée, ne montait pas, elle descendait, elle tombait vers le sol depuis un point très haut dans le ciel, peut-être même depuis l'espace.
Et, s'il ne se trompait pas, la base de la colonne correspondait à l'endroit où il s'était réveillé.
0o0o0
Eleanor avait les nerfs à fleur de peau. Elle faisait comme si tout allait bien mais sa nervosité avait atteint des sommets, en particulier ces derniers jours.
Bien entendu ça avait commencé dès qu'elle et Hariel étaient apparus dans une grotte dans le passé. Bien entendu, Hariel était totalement à l'aise avec le concept et semblait se fondre totalement dans le décor. Un vrai poisson dans l'eau. C'était à se demander comment il faisait. Il était un métis Démon-Magicien et un garçon qui portait des robes. Ça ne pouvait pas être plus bizarre aux yeux de n'importe qui. Mais non. Pour lui tout allait bien.
Ce n'était pas son cas à elle. Elle se sentait très isolée. A Boston, elle l'était aussi mais c'était différent. Là-bas, l'isolation était plus physique, mais ici, beaucoup de monde se pressait tout autour d'elle. C'était d'ailleurs justement ça qui la contrariait. Elle se trouvait dans un lieu inconnu avec des gens inconnus. Plus particulièrement des hommes.
Elle avait tout fait pour mettre une distance avec eux mais l'intimité n'était pas leur fort. Ils se trouvaient sur une île immense et ils trouvaient toujours le moyen d'être sur son chemin. C'était agaçant. Plus que ça, c'était l'une des choses qui la mettait le plus sur le fil du rasoir.
Le pire c'était Bedivere. Les autres, elle arrivait à gérer leurs regards concupiscents, leur pseudo chevalerie et leur machisme inconscient mais lui, lui...Elle sentait perpétuellement ses yeux sur elle. Est-ce qu'il pensait qu'elle n'allait pas le remarquer ? C'était totalement stupide.
Et puis il était venu pour lui proposer des leçons d'équitation. Il avait bafouillé comme un lycéen à son premier rencard avant de lui faire sa proposition. Eleanor avait hésité. Elle aurait pu l'envoyer bouler mais elle avait besoin d'apprendre à monter. Ils étaient à une époque où c'était le seul moyen de transport et elle refusait de rester assistée plus longtemps. Rester toujours en croupe, et puis quoi encore ?
Cependant, elle n'avait pas osé demander. Pour cela il aurait fallu parler aux hommes et ça elle se refusait à le faire. Elle ne voulait pas qu'ils se fassent des idées. Il y avait également la Mage, enfin, Morgane, mais celle-ci, comme les deux autres habitants de l'île, étaient toujours occupés. En fait, elle n'avait pas beaucoup vu sa compagne de voyage depuis leur arrivée, ce qui l'avait blessée. Elle pensait pourtant qu'elles avaient tissé des liens.
Enfin il y avait Hariel mais là aussi, elle refusait de lui demander quoi que ce soit, pas après la façon dont il l'avait traité avant leur « départ ». Elle n'était pas prête à lui pardonner. En fait, tant qu'il ne comprendrait pas ce qu'il avait fait de mal, elle ne lui parlerait que quand c'était absolument nécessaire. C'était l'une des raisons pour laquelle elle se sentait si isolée. Et le pire c'est qu'Hariel ne semblait pas s'en soucier. Il était tellement content d'apprendre des choses avec Merlin qu'il l'avait totalement oubliée.
C'est pour toutes ces raisons qu'elle avait fini par accepter la proposition de Bedivere. Si ça ne venait pas d'elle alors qu'il n'y aurait pas de malentendu. Et ça lui épargnait de devoir faire le premier pas. Malheureusement, son accord avait semblé être comme un cadeau de Noël pour le guerrier et Eleanor avait failli revenir sur ses paroles. Mais bon, elle voulait absolument apprendre à monter à cheval. Elle s'était donc résolue à supporter l'homme en rut.
Cependant à présent elle se demandait si c'était vraiment une bonne idée. Bedivere était patient, efficace, gentil…trop gentil. Il mettait Eleanor mal à l'aise. Elle n'aimait pas la gentillesse. C'était embarrassant et ça cachait souvent quelque chose d'inavouable.
A cause de cela elle voulait se dépêcher de savoir chevaucher pour à nouveau s'éloigner du grand guerrier mais le problème était que le cheval sentait son stress et n'était pas très coopératif. Et plus les leçons duraient, plus elle stressait et plus elle stressait et plus le cheval était difficile.
Et Bedivere se montrait toujours aussi gentil et compréhensif. La seule chose qui évoluait était qu'il devenait de plus en plus collant. Au départ Eleanor n'avait pas remarqué mais au fur et à mesure, il tenait un peu plus sa main quand il laissait à se relever après être tombée, il se tenait proche de sa jambe, collant presque son corps dessus quand elle était en selle, etc.
Mais aujourd'hui il avait fait le geste de trop.
Eleanor avait désiré remonter en selle après être tombée pour la énième fois et son corps la faisait souffrir. Elle avait des courbatures et elle avait dû mal à monter en selle. Alors qu'elle peinait, elle avait sentit deux larges mains la prendre sur les hanches, sans doute pour l'aider mais ce n'était pas important sur le coup. Le contact avait fait bondir la jeune femme qui était passé par-dessus le cheval et était retombée de l'autre côté.
Bedivere s'était précipité pour l'aider à se relever mais Eleanor avait repoussé sa main. Elle s'était relevée seule et avait tenté de partir.
« Attendez ! » S'était exclamé le chevalier en la retenant par le poignet.
Mais ce fut une grossière erreur car Eleanor saisit le sien puis tordit son bras et réussit à le renverser sur le dos avant de partir.
A présent elle tentait vainement de se calmer en marchant pour s'éloigner de la clairière où les chevaliers s'entraînaient. Elle tremblait et ce n'était pas que de colère.
Elle était tellement préoccupée qu'elle faillit rentrer dans Hariel qui revenait d'une leçon avec Myrddyn.
« Hey, Eleanor ! » S'exclama t'il, surpris.
Lui non plus ne semblait pas faire attention à ce qui l'entourait.
« Ça va ? »
« Ça pourrait aller mieux » grogna Eleanor.
« Tu es sûr ? C'est quoi ça ? » Demanda Hariel en voyant les écorchures qu'elle s'était faite au bras quand elle était tombée tête la première.
« Ça te regarde ? »
« Oh bon, si tu le prends comme ça… » dit le jeune Démon en haussant les épaules. « Je te trouve bien irascible depuis qu'on est arrivé à Avalon. »
« De un, ça date de biens avant ça mais bien sûr tu ne l'as pas remarqué et de deux, comment tu pourrais savoir comment je me sens depuis qu'on est sur cette île puisque tu ne me calcule même plus ? »
« Arrête d'en faire toute une histoire » dit Hariel en roulant des yeux. « Toi non plus tu n'es pas venu me voir que je sache. »
« Parce que je ne vais pas ramper à tes pieds après ce que tu l'as dit avant qu'on arrive ici…et devant mon appartement. »
« Encore cette histoire ? » geignit Hariel. « J'ai juste dit que je ne pensais pas que tu étais faite pour faire de la magie. »
« Tu as dit plus que ça et tu le sais. Et comme d'habitude tu as joué les pauvres victimes qui se sent responsable de tout en empêchant les autres de vivre leur vie. »
« Parce que la mettre en danger c'est vivre ta vie ? »
« Franchement tu n'as aucune leçon à me donner sur le sujet. »
« Sauf que moi j'ai des pouvoirs. Des vrais. »
« Tu vois ? Tu vois ? Tu recommences ! Tu dénigres mon travail ! En fait tu considère que je ne suis pas digne de la magie parce que je ne suis pas né avec ! »
« C'est totalement faux ! » S'exclama Hariel outré. « Je…ce n'est pas… »
Il bégayait. Non, ce n'était pas ce qu'il pensait. Ça ne pouvait pas être ce qu'il pensait. Pourtant un affreux doute le saisissait mais il ne voulait pas y réfléchir. C'était trop dérangeant.
« Écoute » dit-il. « Je ne vais pas argumenter avec toi là-dessus, pas maintenant. On reprendra quand tu seras plus calme. »
Il savait qu'il était de mauvaise fois mais il ne voulait vraiment pas avoir cette discussion.
« Quoi ? » S'exclama Eleanor alors que son ami lui tournait le dos pour s'éloigner. « On ne cas certainement pas en rester là ! Hariel ! Hariel reviens ! »
Au comble de la colère, de la frustration et du dépit, Eleanor posa ses doigts sur le cadran de son brassard.
« Par le pouvoir des Anciens… » incanta-t-elle.
Elle fit apparaître son gantelet et le pointa en direction d'Hariel. Un cercle magique apparut à proximité et projeta une pluie de projectiles blanc comme neige sur le Démon. Celui-ci entendit le bruit de projectiles filant dans l'air et se jeta sur le côté.
« Non mais ça va pas ? » S'exclama-t-il en se retournant vers son assaillante.
« Oh allez ! C'est pas bien grave ! » Se moqua Eleanor. « C'était juste un peu de glace carbonique et j'ai visé à côté. En plus, vu que je n'ai qu'une magie de pacotille, ça ne t'aurais pas bien fait mal. »
Hariel plissa les yeux.
« Donc tu veux jouer dans la cours des grands c'est ça ? » Siffla-t-il.
Il lança sa main en avant et en fit surgir un éclair qui se dirigea droit sur Eleanor. Celle-ci exécuta un simple saut sur le côté puis un second pour éviter un autre éclair.
« Il me semblait pourtant que c'était déjà le cas, non ? » Demanda Eleanor sur le même ton qu'auparavant. « Après tout, je t'ai déjà écrasé ce soir-là, dans l'entrepôt. »
« Nous avons été interrompu ! Sans ça, j'aurais repris le dessus. »
Eleanor appuya de nouveau sur l'écran de son brassard et invoqua son armure complète.
« Prouve-le » dit-elle en se mettant en position.
Hariel serra les dents et, dans un flash, se retrouva vêtu de sa propre tenue de combat.
Les deux adversaires restèrent quelques instants à se jauger. Ils ne pouvaient pas prendre le risque de bouger avant. En effet, le premier coup était décisif. Dans certains cas, il pouvait même décider de l'issue du combat. C'était une question d'avantage.
Hariel avait déjà affronté Eleanor. Il ne savait toujours pas comment elle faisait, mais elle était capable de positionner des cercles magiques de manière inhabituelle. D'habitude, pour une attaque sur cible unique, l'attaque était dans le prolongement de la direction du bras du lanceur. Il était possible aussi de créer des cercles surplombant pour des attaques importantes mais à ce moment-là, le cercle était parallèle au sol.
Pour lancer des sorts aussi précis de points aussi éloignés et aléatoire autour d'elle, Eleanor avait dû développer une technique bien à elle. Pour cette raison, Hariel ne pouvait pas prendre le risque de ne se fier qu'à ses yeux et de ne regarder que vers elle. Sa détection magique devait être à son plein rendement.
Grâce à cela, il sentit le premier mouvement d'Eleanor. Elle ne prononça pas un mot et bougea à peine un doigt cependant un cercle magique aussi étrange que les autres et ressemblant à un tourbillon dont les branches étaient faites d'hexagones allongés se matérialisa sous lui. Il essaya de décrypter son code runique mais celui-ci n'en avait pas. A la place il y avait des suites de chiffres, de lettres et de symboles mathématiques, comme un code informatique.
Ignorant son effet, il se décida à sauter en l'air. Quand les cristaux de glace carbonique en sortirent, il se maudit lui-même. C'était stupide, il aurait dû sauter sur le côté. Il réussit par une contorsion à se mettre presque à l'horizontale et invoqua un bouclier sous lui pour éviter d'être touché. A cause de cela, il ne vit pas l'autre attaque d'Eleanor.
Celle-ci avait profité de son inattention pour faire le premier mouvement. Plantant son pied dans le sol pour se propulser, elle avait effectué une accélération à l'horizontale pour se mettre à la hauteur d'Hariel. Elle avait ensuite pris appui sur l'une de ses jambes pour que l'autre décrive un arc de cercle et percute son adversaire sur le côté, droit entre la cage thoracique et le bassin.
En terrain dégagé et malgré la douleur, Hariel aurait eu le temps de se rétablir. Mais ils se trouvaient toujours dans la forêt. Il n'eut pas le temps de bouger qu'il percuta un arbre de plein fouet. Il sentit l'air quitter ses poumons et serra les dents. Heureusement il n'était plus un novice et savait qu'il devait absolument garder les yeux ouverts. Bien lui en prit car il put voir Eleanor foncer à nouveau vers lui. Il déploya alors ses ailes et se propulsa en l'air, évitant de justesse le pied de son adversaire.
Une fois en sûreté au-dessus du sol, il pensait avoir le temps de préparer une riposte mais c'était sans compter l'entraînement d'Eleanor. En effet, toute cette année, elle s'était vraiment donnée à fond pour apprendre le combat avec Maître Argai et avait renforcé son corps grâce à des entraînements intenses. Il était donc facile pour elle de se remettre de ce coup manqué et de se propulser vers Hariel grâce à un coup de pied puissant dans le sol et à de la magie.
Même s'il n'appréciait pas vraiment voler, Hariel avait appris à se mouvoir avec fluidité à l'aide de ses ailes. Il réussit donc à éviter le boulet de canon humain. Il se retourna alors vers elle et heureusement car Eleanor avait réussi à faire apparaître un cercle solide dans les airs qui lui avait permis de se réceptionner et de se propulser à nouveau vers son adversaire.
Hariel fit alors apparaître une brume devant lui. Croyant à une ruse pour se dissimuler, Eleanor activa des sorts sur ses lunettes afin de voir au travers et se laissa tomber dans le nuage. Malheureusement, ce n'était pas de la simple brume mais de la vapeur en ébullition. Son armure la protégeait des brûlures mais pas de la chaleur. Par réflexe, elle ferma les yeux ce qui l'empêcha de voir ce qui venait sur elle.
En effet, Hariel avait fait apparaître son guandao et lancé une attaque latérale pour percuter Eleanor sur le côté. Malheureusement, celle-ci eut de la chance et ne percuta aucun arbre. Elle réussit également à rouler sur le sol couvert de feuilles d'arbre.
Il avait beau avoir égalisé les scores, Hariel voyait bien que son amie était encore apte à se battre. Dans le feu de l'action il avait utilisé plus de force qu'il ne l'aurait voulu pour porter son coup. Heureusement il semblait que l'armure d'Eleanor soit une meilleure protection qu'il ne le pensait. Il en était d'ailleurs secrètement soulagé. Il avait beau être en colère et frustré, il ne voulait pas la blesser. Cependant, s'il voulait établir une stratégie, il devait se mettre hors d'atteinte.
Sans attendre la réaction d'Eleanor, il s'éleva dans les airs et dépassa la cime des arbres. Il monta encore de quelques mètres avant de s'arrêter. De là il ne pouvait pas physiquement voir son adversaire mais il pouvait ressentir sa présence et surtout sa magie.
Ce n'était pas bon. Il voulait se battre mais il refusait de la blesser. Il savait que son armure était résistante mais il ne savait pas à quel point le nombre de coups elle pouvait encaisser. Si le combat s'éternisait et si elle s'obstinait, il risquait de faire une erreur et de la blesser. La seule solution était de terminer le combat rapidement. L'une des solutions serait de lui faire vider ses batteries magiques mais il ne connaissait pas leur autonomie. De plus, elle pouvait en avoir d'autres de secours sur elle.
Non, s'il voulait la faire abandonner, il devait faire une démonstration de sa puissance. Il devait la persuader qu'il était prêt à aller jusqu'au bout et pour ça, il devait y mettre plus de pouvoir.
A ce moment-là, il s'aperçut que la magie se mettait à fluctuer autour d'Eleanor. Elle préparait quelque chose et cette fois elle devait le faire de manière traditionnelle car il n'y avait pas d'indice de cercle supplémentaire.
Hariel fit alors apparaître un cercle magique jaune au dessus de lui et de la position de son adversaire. Un immense éclair en jaillit et s'écrasa à proximité de l'endroit où elle se trouvait. Cependant, au moment où la foudre craquait dans l'air, Hariel sentit plus qu'il ne vit quelque chose décoller du sol à une vitesse vertigineuse. Il leva les yeux et vit Eleanor apparaître au-dessus de lui. La gravité commença à l'attirer vers le sol mais un cercle magique apparut en dessous d'elle, figé dans les airs. Elle atterrit dessus comme si c'était le sol et regarda dans la direction d'Hariel.
Elle tendit alors la main et Hariel vit des cercles en tourbillons apparaître tout autour de lui puis lui envoyer des projectiles. Cette fois ce n'était pas de la glace carbonique. Sil devait faire une hypothèse alors Hariel dirait qu'il s'agissait d'air. Des balles d'air comprimé.
Grâce à ses ailes et à la maîtrise des courants aériens, il réussit à tous les éviter. Les projectiles s'écrasèrent alors au sol, créant des explosions. L'air comprimé devait se reprendre à l'impact. La force du souffle était si forte qu'elle laissait des cratères sur le sol.
Alors que d'autres cercles apparaissaient, Hariel su qu'il ne pouvait pas rester là au risque de jouer en défense jusqu'à épuisement. Il devait reprendre la main. Et vite.
Usant à nouveau de son pouvoir élémentaire d'eau, il s'entoura de brume et en profita pour transplaner dans le dos d'Eleanor. Comme il ne se trouvait plus sur un territoire Démoniaque, il pouvait utiliser à loisir son Pouvoir de Destruction. Il utilisa sa technique Embodiment of the Devil pour invoquer le Left Arm of Satan et voulut saisir Eleanor mais sa main gigantesque se referma sur du vide.
Eleanor avait-elle transplané ? Non, ridicule ! Reproduire les sortilèges d'accord mais le transplanage…cela ne nécessitait pas de sort, seulement de la volonté, une image claire de la destination et du pouvoir, un pouvoir qui venait de l'intérieur, alors comment…
Il n'eut pas le temps de réfléchir à ce mystère car déjà, Eleanor repassait à l'assaut. Elle était réapparut derrière lui, un peu en hauteur pour essayer de la frapper avec un coup de pied à la verticale. Hariel eut juste le temps de matérialiser son bouclier pour se protéger. Le métal de la botte d'Eleanor frappa celui de l'arme que tenait Hariel. Pliant les genoux, celui-ci prit alors une impulsion et repoussa Eleanor.
Celle-ci se ramassa sur elle-même et fit un salto pour s'éloigner de son adversaire. Elle atterrit une nouvelle fois sur une plateforme magique mais celle-ci était différente. Elle n'était pas ronde mais rectangulaire. A sa forme, elle ressemblait plus à un ruban. A ce moment-là, Eleanor mit en marche ses rollers et le ruban se mit à s'étendre sous ses roues. Elle venait de créer une route en plein ciel uniquement faite de magie.
Celui-ci serra alors les dents. Le combat risquait malheureusement de durer assez longtemps.
Ce fut en effet le cas. Ni Hariel ni Eleanor ne voulaient abandonner. Rapidement Hariel remarqua que son amie utilisait la même tactique que lui, chacun essayait d'envoyer des attaques impressionnantes afin de faire abandonner son adversaire. Malheureusement, ils étaient tout aussi têtus l'un que l'autre si bien que le combat se mit à traîner en longueur.
Mais non seulement il se mit à durer, mais il mit à s'étendre à toute l'île. Eleanor était incapable de voler mais elle pouvait créer des impulsions qui lui permettait de sauter sur de grandes distances. De plus, sa route du ciel lui permettait une mobilité au moins égale à celle d'Hariel.
Grâce à cela, ils survolèrent plusieurs des différents environnements de l'île. Cependant, ils ne firent pas que passer par-dessus. En effet, ils devinrent la victime involontaire d'où combat qui se déroulait.
L'une des attaques de feu d'Hariel transforma une dune du désert en cratère de verre en fusion alors qu'Eleanor allait tomber dedans. Mais avec un simple sort, la jeune femme refroidit le matériau et atterrit sur un sol étincelant comme du cristal. De même, elle lança un sort de zone qui augmenta brusquement la température de l'air et du sol. A cause de cela, un cratère plein d'eau apparut subitement au milieu de la banquise.
Au final, alors qu'ils se trouvaient au-dessus de la steppe, deux de leurs sorts s'entrechoquèrent, les propulsant au sol avec une telle force que l'impact de leur corps créa un cratère.
Faibles, le corps douloureux et le souffle court, ils réussirent néanmoins à se remettre debout. Jamais encore Hariel n'avait mené un tel combat. En effet d'habitude son but était de détruire son adversaire, pas de l'épargner. Il avait donc usé son énergie à seulement essayé d'effrayer Eleanor pour qu'elle arrête. Mais cette fois il n'en pouvait plus. Sans compter que ce dernier impact avait été vraiment douloureux. Il ne voulait qu'une seule chose, se reposer mais son orgueil l'empêchait de se laisser tomber au sol.
Eleanor était dans le même cas. Malgré la protection de son armure, son corps lui faisait mal comme jamais auparavant. Même le pire entraînement qu'elle ait subi ne faisait pas crier son corps de cette façon. Pourtant elle refusait d'abandonner.
Les deux adversaires s'approchèrent alors péniblement l'un de l'autre. Ils tremblaient mais cela leur était égal. Chacun doutait de pouvoir continuer le combat mais il refusait que l'autre le sache. Ils continuèrent alors à se rapprocher jusqu'à ce qu'ils ne soient plus qu'à un mètre de distance.
Soudain, une lumière rouge apparut sur le cadran du gantelet d'Eleanor. Elle lui jeta un regard paniqué et resta totalement figée. Il y eut alors un flash et son armure disparue totalement. Le brusque changement de hauteur dû à la perte des rollers la déséquilibra. En tant normal elle aurait pu rester debout mais elle était déjà trop faible. Elle s'effondra donc sur le dos et resta figée, haletante.
Hariel esquissa un sourire. Il voulut ouvrir la bouche pour déclarer sa victoire mais à ce moment-là, ses jambes se dérobèrent sous lui et il tomba face contre terre dans la poussière.
A suivre…
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Oula...un chapitre bien rempli. plus de 30 pages. Mais ça rattrape celui d'hier.
J'espère que le combat entre Hariel et Eleanor vous a plu.
N'hésitez pas à me laisser un commentaire et à demain.
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