Check Mate DxD
Chapitre 95 : Nouvelle Magie / Atarashii Maoh
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Pendant quelques instants, les deux adversaires tentèrent de reprendre leur souffle. Puis Hariel prit la parole.
" Je crois que j'ai gagné " dit-il entre deux respirations.
" N'importe quoi " grogna Eleanor.
" J'étais debout en dernier "
" J'ai été déséquilibré par la disparition de mon armure. "
" À court d'énergie ? " Demanda Hariel, moqueur. " Moi j'en ai encore. "
" Et pourtant tu es face contre terre dans la poussière " ricana Eleanor. " Si je n'avais pas été déséquilibrée, je serais restée debout quand toi tu t'es effondré comme une fillette. "
" Je n'ai plus de force mais de l'énergie et toi tu as à encore des force mais plus d'énergie… " dit pensivement Hariel. " Au fait, comment ça se fait ? "
" Comment ça se fait que quoi ? "
" Que tu ais encore de la force. Je veux dire, entre un Démon et une Humaine, y'a quand même une différence au niveau physique. "
" L'armure compense beaucoup la force nécessaire aux mouvements. Et puis il y à un programme de gestes automatiques géré par une IA. "
" Une IA… " dit Hariel mal à l'aise.
Eleanor remarqua le ton de son ami mais ne dit rien. Il y eut un moment de silence. De nouveau, après une hésitation, Hariel se décida à reprendre la parole.
" En tout cas " dit-il. " Ta…ta magie est formidable. Elle est…euh… "
" Géniale ? Novatrice ? "
" Novatrice était plus le mot que je cherchais. Ta façon de lancer les sorts, non seulement d'en lancer plusieurs simultanément mais à des endroits différents… Je veux dire, lancer le même sort d'attaque simultanément, beaucoup de créatures savent le faire mais depuis une zone qui n'est pas à proximité du lanceur, c'est… Comment tu fais ça ? "
Eleanor tourna légèrement la tête vers lui. Elle vit que son ami était vraiment intéressé par ce qu'elle faisait. Elle se mit à regarder de nouveau le ciel pendant quelques instants avant de répondre.
" Il suffit d'insérer des coordonnées dans la séquence " dit-elle finalement.
" La séquence…tu parle de la séquence runique qui définit le sort ? "
" Oui. La séquence est une sorte de de langage de programmation qui indique l'effet du sort mais aussi son intensité et d'autres facteurs. "
Hariel avait déjà expliqué cela il y à longtemps à Hermione quand il lui avait parlé de la façon dont les sorts pouvaient subir des variations.
" Mais à ce que je sache, il n'y a pas de coordonnées dans les séquences runiques des sorts " remarqua-t-il.
" Justement. Qu'est ce qui se passe si on en rajoute ? "
Hariel ouvrit la bouche pour répondre mais la referma ensuite. En fait il n'en savait rien, il n'y avait jamais réfléchi. Bon, si c'était ce que faisait Eleanor avait bien un rapport avec des coordonnées géographiques insérées dans la séquence runique du sort, il savait ce qui pouvait se passer mais ça n'expliquait pas pourquoi.
" Les Magiciens n'en voient pas la nécessité car ils utilisent un système de visée sur cible. Ils orientent la magie grâce à leur baguette ou leur bras ou…ou tout ce qui sert à faire jaillir la magie. "
" Oui, ça, je comprends. Donc avec ton système, tu entres les coordonnés d'un point dans l'espace qui sert de point d'émergence de l'énergie magique ? " Conclut-il. " Mais comment tu fais pour viser ? "
" C'est ça le truc " dit Eleanor sur un ton triomphant. " Il n'y a pas de visée. Pas vraiment. "
" Comment ça ? "
" Les coordonnées géographiques établissent un point d'origine dans l'espace mais aussi une direction fixe dans l'espace. "
"C'est tout ? "
" C'est tout. "
" Mais si la cible bouge ? "
" C'est la faiblesse de la technique " grimaça Eleanor. " Si la cible bouge avant l'émergence du sort, on ne peut pas actualiser la programmation des données. Le sort est lancé. Je suis sûr qu'il y a un moyen pour régler ce problème mais je ne l'ai pas encore trouvé. "
Le cerveau d'Hariel tournait à plein régime. Certes, l'absence de manœuvrabilité était handicapante mais cette technique avait également de nombreux points forts. Elle permettait notamment à un Magicien seul d'encercler sa cible.
" Tu as parlé de " programmation des données " n'est-ce pas ? " dit-il. " Tu utilises souvent le jargon informatique quand tu parles de magie ? "
" Pas toi ? " Lui demanda Eleanor. " après tout, un sort est un programme que l'on lance, non ? "
Ce n'était pas faux. Surtout avec le type de magie qu'elle utilisait.
" Ce n'est pas trop dur de jongler avec les différents systèmes ? "
" Quels systèmes ? "
" Les systèmes de runes. Nordiques, féeriques, démoniaques… ça en fait pas mal et il doit y avoir des problèmes de compatibilité, non ? "
" Ah ! " Dit Eleanor. " Non, j'ai réglé le problème. "
" Tu as réglé le problème ? "
" Oui, j'ai extrait les codes fondamentaux de chacun des langages runiques à l'aide de l'arithmancie et des mathématiques pour créer une sorte de langage unique. "
Hariel manqua s'étouffer.
" Mais ça à dû être un travail de titan ! " S'exclama-t-il.
Et pas seulement. Arriver à réduire les systèmes runiques à un même langage mathématique c'était un travail que certains pourraient qualifier…d'impossible. Et son ami l'avait fait en à peine un an. Peut-être deux au plus. Mais finalement en y réfléchissant bien, venant d'Eleanor tout était possible.
Beaucoup avaient tendance à oublier à quel point elle était intelligente. Hariel le premier. Tout le monde était subjugué par le jeune homme à la fois étrange, exubérant et excessivement brillant. À côté de lui, Eleanor était plus discrète. Pourtant, si on restait objectif, son intelligence pouvait parfaitement la faire rentrer dans le top 5 mondial et elle ne serait pas loin de la première place. C'était juste qu'elle n'avait jamais eu la possibilité de briller seule…et cela c'était aussi à cause d'Hariel.
Mais Eleanor, loin de savoir ce que pensait son ami, continuait à parler. Depuis longtemps elle gardait ses recherches pour elle. Elle en avait bien parlé à Hermione mais Hariel c'était différent. C'était un confrère, un égal. C'est pour cela qu'elle ne pouvait plus s'empêcher de continuer.
" En fait, quand j'ai créé la magie, j'ai voulut me concentrer sur une catégorisation différente des sorts. Par sur l'effet lui-même ou sur son échelle mais sur les types d'actions. "
" Les types d'actions ? "
" Les forces mises en jeu lors du lancement du sort si tu préfère, la conséquence directe sur la réalité plutôt que l'effet qu'il provoque. "
En effet les Magiciens pensent en terme de " cause " et en terme " d'effet ". La cause est le sortilège et l'effet est ce qu'il fait. Quand un Sorcier dit " lumos ", la formule cause l'effet d'illuminer le bout de la braguette. Cependant la magie d'Eleanor ajoutait un troisième élément : la conséquence de l'effet. Pourquoi la baguette s'allume-t-elle ? Quelles sont les réactions physiques qui causent l'apparition de lumière ? Une excitation des photons ? Un rassemblement d'ondes lumineuses présentes dans les airs ?
Elle avait donc réparti les sorts en quatre types distincts : Perceptif, Mentale, Systématique et Non-Systématique.
Le Type Perceptif concernait les sorts et techniques permettant de développer ses sens, ses outils de perceptions, au-delà du normal. Par exemple, la vision magique pouvait se classer sous cette étiquette. L'œil magique de Maugrey également.
Le Type Mental était centré sur la manipulation non pas d'éléments physiques mais au-delà du physique. Ainsi, la manipulation des esprits en était une part mais également tous les sorts interférant avec le mental, le contrôle de la pensée et des sentiments. Cela comprenait l'imperius ou l'oubliette et même le charme d'acclamation.
Enfin venaient les Types Systématique et Non-Systématique. Le premier consiste aux sorts ayant pour conséquence l'altération du réel et le second, des sorts permettant de manipuler l'énergie magique elle-même au-delà d'une action dans le monde physique.
Les sorts de magie Systématique étaient bien sûr les plus nombreux. Pour cela, ils s'étaient divisés en six systèmes majeurs et douze sous-types en fonction des altérations physiques : Accélération et Masse, Mouvement et Oscillation, Convergence et Dispersion, Absorption et Émission, Altération et Restauration, Dégénérescence et Régénération.
Les sorts d'Accélérations étaient ceux liés à la vitesse de la cible, que ce soit pour l'augmenter ou la diminuer. C'était ce qu'avait utilisé Eleanor à plusieurs reprises durant le combat pour attaquer physiquement. Mais la cible n'était pas forcément soi-même. Ce type de magie pouvait être utilisé pour augmenter la vitesse de déplacement d'un objet.
Comme son nom l'indiquait, les sorts liés à la Masse permettaient d'augmenter ou de diminuer la force de gravitation exercée sur l'objet afin de le rendre plus léger ou plus lourd. Exercer cette dernière force directement sur un point précis et rapidement pourrait en fait le briser en un instant.
Le Système Mouvement et Oscillation (ou vibration) décrivait deux phénomènes très proches. Le premier consistait à modifier la vitesse et la trajectoire d'une cible. La différence majeure avec la Magie d'Accélération est que contrairement à celle-ci, la Magie de Mouvement n'affectait pas l'inertie de l'objet. De son côté, la Magie d'Oscillation était basée sur le mouvement des ondes et des vibrations des objets. Le simple fait de faire bouillir ou refroidir l'eau pouvait être effectué grâce aux vibrations.
Pour ce qui était du Système alliant Convergence et Dispersion, il mettait en exergue deux types d'actions antithétiques. La première consistait au rassemblement en un même point d'éléments physiques. C'était comme ça qu'Eleanor avait créé les projectiles de glace carbonique qu'elle avait envoyés dès le début, en faisant converger le dioxyde de carbone de l'air au point de le comprimer. Au contraire, la Magie de Dispersion faisait l'inverse et forçait les éléments à se séparer. Cette magie pouvait permettre à un vêtement de sécher en dispersant les molécules d'eau ou détruire un objet en dispersant ses composants. Le sort qu'Eleanor avait utilisé contre les gardes dans la forêt de Wendover était justement de ce type. Il permettait de faire évaporer instantanément le liquide d'un objet. Quand il s'agissait d'un être vivant, le sort agissait sur les fluides corporels, faisant exploser la cible.
Le Type Absorption, lui, affectait l'interaction entre les particules et avec l'énergie. En modifiant l'apport lumineux d'un objet, on pouvait modifier sa couleur ou en augmentant le taux d'oxygène dans le métal, on pouvait le faire rouiller. Au contraire, le Type Émission interférait avec les mouvements et les interactions des particules subatomiques. En fait, ce type de magie permettait de manipuler les énergies élémentaires mais aussi physiques comme la Force de Coulomb.
Le Type Altération consistait dans toute les magie qui altérait directement la forme, l'agencement et la nature des molécules. Tous les sorts de métamorphoses entraient dans cette catégorie. Une partie des maléfices également. Au contraire, le Type Restauration à pour but de ramener un objet ou un être à un état antérieur et donc à réparer les altérations en lisant les informations du réel comme un historique de données. Cela concerne les sorts de réparations mais aussi tous les contresorts que ce soit pour une métamorphose ou non. Par exemple, si on lance un finite incantatum à quelqu'un qui a reçu le sort tarentallegra, qui le fait danser en utilisant une Magie de Mouvement, le sort ne va pas créer une Magie de Mouvement inverse mais restaurer la réalité au niveau des jambes de la cible.
Enfin le dernier Système concernait les sorts de Dégénérescence et de Régénération. Le premier consiste à accélérer la dégradation naturelle des molécules et la seconde, leur reconstitution. La différence avec la Restauration était que la Régénération ne ramenait pas à un état antérieur mais provoquait une réaction des molécules qui, en temps normal, serait bien plus lente. Les sorts de Magie Temporelle pouvait être rangée dans la catégorie des sorts de Magie de Dégénérescence alors que l'autre sous-type contenait les sorts de soins dont le but était d'accélérer le phénomène naturel de guérison.
Bien entendu, ces systèmes et c'est sous-types ne décrivaient pas les sorts en eux-mêmes mais les interactions entre la magie et la réalité. Ainsi, un même sort pouvait dépendre de plusieurs sous-types différents. Par exemple, un simple sort de lévitation était à la fois une magie de Type Mouvement et de Type Accélération. En effet, la première initiait et clôturait le mouvement et générait la direction alors que le second ajustait la vitesse. C'était particulièrement utile avec des objets fragiles. Par exemple un œuf seulement soumis à une magie de Type Mouvement risquait de s'écraser à l'atterrissage ou alors l'inertie risquait de le faire exploser. En revanche, en utilisant la Magie d'Accélération pour diminuer sa vitesse, il n'y avait pas de dégâts.
De même, le sort qu'Eleanor lui avait lancé avant leur combat pour l'empêcher de partir était un sort qui réunissait à la fois la Magie de Convergence, de Mouvement et d'Émission. La Convergence pour rassembler le dioxyde de carbone afin d'en faire des projectiles, le Mouvement pour les projeter et l'Émission pour convertir l'énergie thermique perdue lors de la congélation en énergie cinétique. Cela voulait donc dire que plus il faisait chaud, plus l'énergie pour congeler les projectiles serait importante et donc que l'énergie cinétique créée à partir d'elle et la vitesses seraient importante.
Parler de cette magie passionnait Eleanor et l'écouter en parler passionnait Hariel. C'était tellement différent de tout ce qu'il avait connu jusque-là et en même temps tellement logique. Jusqu'à présent, le monde de la science et le monde de la magie avaient été séparés pour lui. Il avait bien utilisé des principes scientifiques pour créer certaines de ses attaques élémentaires mais au final ce n'était que des tours de passe-passe. C'était étrange à dire mais la magie en elle-même ne l'intéressait pas. C'était un outil et également une arme mais jamais un sujet d'étude, du moins pas aussi poussé. Il se contentait d'apprendre ce qui avait déjà été découvert, d'en éprouver les limites et d'en trouver les usages mais sans jamais l'analyser en profondeur.
Ce n'était pas le cas d'Eleanor. Elle, la magie là fascinait. Elle l'a regardait comme un biologiste regarde un organisme : au microscope. La première étape de son étude avait été de pouvoir l'utiliser. Ça, ça avait été réussi avec brio. Ensuite la seconde étape avait été de se l'approprier. Au vu de ce qu'elle expliquait en long en large et en travers, ça aussi c'était accompli. Selon Hariel, la troisième étape de son étude serait de la disséquer. Elle chercherait à révéler sa nature profonde et sa place dans la Création.
Comme Hariel l'avait appris à leur arrivée sur l'île, elle avait horreur qu'une explication se résume à " c'est de la magie ". Pour elle, ce n'était pas une explication. Le jeune Démon avait la certitude que dans l'avenir, la magie serait considérée comme une science comme les autres et tout ça à cause ou peut-être grâce à Eleanor.
Cependant au bout d'un moment, même elle n'avait plus grand-chose à dire. Hariel décida alors de se redresser mais resta à genoux sur le sol.
" C'est…c'est impressionnant " finit par dire Hariel.
" Tu trouves ? " Demanda Eleanor sur un ton légèrement enjoué.
Elle ne l'avouerait jamais mais l'approbation d'Hariel était très importante pour elle. Elle reconnaissait son intelligence supérieure à la sienne et la respectait de même qu'elle respectait son avis de scientifique.
" Je pensais que c'était un bon moyen de classer la magie " reprit-elle.
" C'est plus que ça voyons ! " s'exclama alors le jeune Démon. " Tu…tu as créé une nouvelle magie, une magie que personne n'avait vu auparavant. "
Surprise, Eleanor se redressa à son tour et se tourna vers Hariel.
" Bien sûr ! Jusque-là, toute créature faisant de la magie était née avec cette capacité. C'est aussi le cas des Magiciens. Il y a bien des Praticiens mais toi tu es différente d'eux. "
" Des Praticiens ? " Demanda Eleanor en s'asseyant en tailleur sur le sol.
" Ce sont des personnes qui pratique la magie sans être née avec. "
" Donc comme moi. "
" Non, car la magie qu'ils pratiquent, ils l'empruntent à d'autres êtres. À des Anges, des Démons, des Esprits, des Dieux… C'est comme ça que tous les humains pratiquaient la magie avant que Merlin ne crée la toute première Magie Humaine. "
" Donc ça n'existe plus. "
" Si puisque des humains sans magie qui veulent la pratiquer tout de même ça existe. Les Wicca par exemple. "
" Et moi je suis différente ? "
" Bien sûr, réfléchis, tu n'es pas née avec des pouvoir magiques et pourtant tu en utilise. Pourtant, tu n'emprunte la magie de personne, d'aucun autre être. "
" J'ai quand même été aidé par Ajuka, en plus le procédé est le sien au départ. "
" Mais à aucun moment tu n'as utilisé sa magie à lui, seulement son savoir. Ça fait toute la différence. "
Le silence s'installa alors de nouveau entre les deux alors qu'Eleanor réfléchissait. À aucun moment elle ne s'était rendu compte que ce qu'elle faisait était si…révolutionnaire. Novateur oui mais révolutionnaire.
" Je suis désolé " dit finalement Hariel en interrompant ses réflexions.
" Quoi ? " Demanda Eleanor en clignant des yeux, surprise.
" Je suis désolé. De ce que je t'ai dit. De la façon dont je t'ai traité. Non seulement je n'aurais pas dû essayer de décider ce que tu devais faire de ta vie à ta place mais je n'aurais pas dû vous dénigrer, toi où ta magie. Je…en fait je… "
Alors qu'il hésitait, des larmes se mirent à permet au coin de ses yeux.
" Quand tu m'as dit tout à l'heure que je ne te considérais pas digne de la magie ça m'a fait mal. Ça m'a fait mal parce que je me suis rendu compte que c'était vrai. C'est vraiment comme ça que je te considérais sans m'en rendre compte et ça m'a dégouté. Vraiment dégouté. Tellement que je ne voulais pas y penser. "
Il renifla et s'essuya le nez puis les yeux.
" Le truc, tu vois, c'est que ce genre de pensées, ce sontn les mêmes que celles des Sangs-Pur, en Angleterre, enfin, chez nous. Ils considèrent qu'ils sont les seuls digne de la magie et que les autres l'ont…quoi ? Volé ? Usurpé ? "
Il renifla puis se passa la main sur le visage. De son côté, Eleanor l'écoutait sans dire un mot.
" Me rendre compte que j'avais le même type de pensées qu'eux, le même type de pensées que ceux qui considèrent des gens comme Hermione comme des moins que rien, c'était…dur. Je me rends compte que j'ai été cruel et je comprends que tu m'en veuille…où que tu ais été en colère…ou que tu m'ais attaqué. Donc encore une fois, je suis désolé. "
Eleanor soupira. Elle se gratta la nuque, gênée, puis regarda autour d'elle en évitant Hariel du regard.
" Je suis…contente que tu t'en rende compte. C'était vraiment très dur d'entendre ce que tu m'as dit. Par contre…pour ce qui est de l'attaque…je pense que j'aurais peut-être dû mieux gérer les choses. Ce n'était pas vraiment à cause de ce que tu avais dit, pas seulement. J'étais en colère et énervée et j'ai saisi le premier prétexte pour me défouler. Donc moi aussi je suis désolé. "
" Tu étais énervée ? Pourquoi ? " Demanda Hariel.
" Un truc avec Bedivere " soupira Eleanor, mal à l'aise. " Il a proposé de m'aider à monter à cheval et il a mit la main là où il ne fallait pas. "
" Oh ? " Demanda Hariel avec un petit air moqueur. " Donc le beau chevalier a fait le premier pas et t'as mit la main aux fesses ? "
Mais son sourire se figea quand il vit l'expression de son amie. Ce n'était pas de la colère, non, c'était de la détresse mêlée de peur.
" Il t'as mit la main aux fesses ? " Demanda plus sérieusement Hariel.
" C'était…c'était sur les hanches mais ce contact…je n'ai pas pu…je ne veux pas… "
" Je sais que tu n'aimes pas être touchée mais les hanches… "
Eleanor ne dit rien. Elle sembla se recroqueviller sur elle-même et entoura ses genoux de ses bras.
" Tu dois être l'un des seuls qui peut comprendre. Tu étais là...Cette nuit-là, quand… "
Hariel frémit. Son esprit le ramena immédiatement au mois de décembre 2007, par une nuit glaciale et enneigée, celle où Eleanor était arrivée hagarde devant la porte de sa maison de Mission Hill, celle où elle avait été violée.
" Eleanor, ne me dit pas que tu as toujours… "
Il ne finit pas sa phrase.
" Tu es la première personne à le savoir " dit-elle sans le regarder. " Même Hermione ne sait pas. "
" Ne sait pas quoi ? "
" Que j'ai…j'ai peur des hommes. "
Hariel vit alors des larmes couler au coin des yeux de son amie. Il se rapprocha et voulut poser sa main sur son épaule mais au dernier moment, il hésita. Finalement, il baissa le bras.
" Donc tu n'as jamais…jamais eut…depuis cette nuit ? "
" Des contacts intimes avec un homme ? Non " répondit Eleanor en reniflant. " Même me trouver à proximité d'eux me met sur les nerfs. Leurs regards, leurs gestes…tout ça me terrifie. "
" Je n'avais jamais remarqué " dit Hariel.
" J'ai appris à ne rien montrer " dit Eleanor en haussant les épaules. " Et puis il y avait des exceptions. Toi, mon père, Leslie, Jesse…même Marcus. "
" Des hommes que tu savais qu'ils ne te feraient pas de mal. "
" Ouais. Mais sur cette foutue île, j'étais seule entourée de tout ces…ces hommes qui me regardaient, qui observaient les moindres faits et gestes…je devenais folle. "
" Et j'imagine qu'à cause de notre dispute, tu ne voulais pas venir me voir. "
" Mouais… " grogna Eleanor.
" Par Satan, je suis vraiment désolé. C'est de ma faute, j'aurais dû…je n'aurais pas dû passer à côté, j'aurais dû le voir et faire quelque chose. Mais non, je me suis comporté comme un égoïste, encore une fois. "
Eleanor soupira alors et se mit à rouler des yeux.
" Hariel, tu recommences " dit-elle.
" Recommence quoi ? "
" Je t'ai déjà dit que tout ne tournait pas autour de toi et toi tu as dit que tu arrêterais de te mêler de ma vie. "
Le jeune Démon allait protester mais il se rendit compte que son amie avait raison. Il n'avait pas à toujours se croire responsable de tout. Il n'avait pas à porter le poids de la vie de ses amis en le leur déniant. C'était insultant pour eux
" Je suis désolé. Encore une fois " dit-il avec une grimace gênée.
Il leva à nouveau la main et cette fois la posa sur son épaule.
" Si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider je suis là. Si tu veux parler je suis là aussi, d'accord ? "
Eleanor grogna mais acquiesça.
" Et si tu veux mettre la pâtée à ce gros imbécile de Bedivere, je suis là aussi. "
Eleanor ricana puis posa sa main sur celle d'Hariel.
" Déjà fait mais si il revint à la charge j'y réfléchirais. "
Ils restèrent ainsi pendant encore quelques temps. La main d'Hariel sur l'épaule d'Eleanor et la main d'Eleanor sur celle d'Hariel. Au loin, le soleil illusoire qui illuminait l'île commençait à décliner.
" Il faudrait peut-être rentrer, non ? " Demanda Eleanor.
" Ce serait une bonne idée, oui " dit alors une voix dans leur dos.
Ils sursautèrent tous les deux et se retournèrent. Myrddyn se tenait juste derrière eux, nonchalamment appuyé sur son bâton.
" Mais avant cela " reprit le Mage. " Je souhaiterais que vous répariez les dégâts que vous avez fait sur mon île, merci. "
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Alors que les trois Sidhes regardaient se tordre le petit Boggart dans la main de l'un d'entre eux, Hermione s'avança. Elle crut n'avoir pas fait de bruit mais les trois cavaliers relevèrent la tête dans sa direction. La jeune fille pu alors voir leur trois pairs d'yeux braqués sur elle, des yeux d'une splendeur incroyable.
Le premier, celui qui tenait le Boggart, avait des iris de plusieurs teintes de vert vibrants différents parsemés de paillettes dorées. Ceux du second ressemblaient à deux levés de soleil. Doré autour de la prunelle avec des strilles d'un jaune vif sur le pourtour et des teintes de rose. Enfin, la femme, elle, avait des yeux d'une bleus étincellent et profond, comme si des saphirs avaient contenus le ciel.
"Et bien, et bien" dit le premier homme. "Après un misérable sous race, voilà qu'une humaine se permet d'entrer sur notre territoire."
Il avait prononcé le mot "humaine" avec un profond dédain. Cependant, ses traits n'avaient rien perdu de leur beauté. Mais c'était des paroles qui firent frémir Hermione. Leur territoire ? Le bosquet de Boggart devait en être la frontière et elle l'avait dépassé. De quelques centimètres certes mais elle doutait que cela fasse une différence pour eux. De plus, si leur frontière était infranchissable, celle du Petit Peuple ne devait pas l'être car ils n'avaient pas de protecteur. Possible que les cavaliers s'octroient le droit de la poursuivre si elle essayait de rebrousser chemin.
"Et regardez-la !" S'exclama la femme avec une certaine indignation et une grimace identique à celle de son compagnon. "Plus sale et débraillée que ce Boggart. Elle a tout l'air de l'animal qu'elle est."
Le troisième ne dit rien mais il présentait, comme les deux autres, un air passablement dégoûté à la vue d'Hermione.
"Veuillez m'excuser de cet accoutrement" dit celle-ci aussi poliment que possible.
Mieux valait éviter de les froisser. Ce n'était vraiment pas le moment.
"J'ai été attaqué par les semblables de celui-ci et il m'a pris quelque chose de précieux."
Le Sidhe qui tenait le Boggart baissa les yeux vers lui et récupéra la carte sans pour autant lâcher la Créature. Il la regarda et grimaça.
"Apparemment, la petite humaine n'est pas une intruse" dit-il comme à contrecœur.
Son statut d'usager à accès illimité devait également couvrir les territoires Sidhes. C'était un soulagement...enfin, elle l'espérait.
"Quelle disgrâce" dit le second homme après avoir vu ce que disait la carte.
C'était la première fois qu'il parlait mais sa voix était tout aussi fielleuse que celle des autres.
"Peut-être mais la loi est la loi et cette petite rien du tout est protégée."
Hermione se retint de pousser un soupir de soulagement. Elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait si elle avait dû se battre contre ces trois là en même temps. Elle était puissante mais eux… De plus, elle préférait éviter de se révéler trop vite. En tant que Magicienne et Grande Prêtresse.
Le premier cavalier tendit la carte en direction d'Hermione. Celle-ci avança et voulut la saisir mais le Sidhe eut un rictus et la lâcha par terre, dans la boue.
"Quel maladroit je fais" dit-il alors que les deux autres gloussaient.
Hermione leva un sourcil. Sérieusement ? Mais c'était digne d'une cours de récréation cette blague. Niveau maternel pas plus. À son tour, Hermione envoya à l'homme un regard dédaigneux. Elle vit un geste de la main et la carte, propre, vola jusqu'à elle.
"Allons, ce n'est pas grave" dit-elle comme si elle suçait un citron. "Ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir du talent."
Décidément, elle traînait beaucoup trop avec Hariel pour son propre bien. Quoique si cela avait été son ami à sa place, il était fort possible que le Sidhe ne s'en soit pas tiré en un seul morceau. Mais en tous les cas, elle venait à peine de griller sa première couverture. Et zut.
Le Sidhe blêmit à l'insulte et jeta un regard mauvais à Hermione immédiatement imité par les deux autres.
"Donc nous avons affaire à une petite... Sorcière" siffla-t-il.
Elle savait que c'était une insulte. Seuls les Sorciers ne savaient pas que ce mot était utilisé comme insulte par tous les autres êtres des différentes communautés magiques. Même des Magiciens eux-mêmes. Mais Hermione ne baissa pas les yeux et ne releva pas l'insulte.
"Peu importe" cracha le Sidhe en faisant faire un quart de tour à sa monture. "Va donc te perdre dans la forêt, je m'en lave les mains."
Il leva ensuite la main, celle qui tenait le Boggart et se mit à serrer plus fort. La petite créature se mit à couiner.
"Mais...mais qu'est-ce que tu fais ?" S'écria Hermione, choqué.
"Passé ton chemin, humaine" cracha le Sidhe.
"Arrête, tu lui fais mal ! Laisse-le !"
L'homme éclata de rire.
"Voilà bien les humains !" Dit-il d'une voix moqueuse. "Tout en contradictions. Ils mordent la main qui les nourris et ils tendent la leur à ceux qui peuvent la mordre... où l'ont déjà mordus."
Et il se remit à serrer le Boggart.
"Je t'ai dit d'arrêter !" S'exclama Hermione.
Cette fois, elle avait inconsciemment mit du pouvoir dans ses mots et ceux-ci avaient frappé le Sidhe de plein fouet. Celui-ci se figea alors et se tourna vers Hermione. Ses yeux étaient furieux.
"Tu oses !" Cracha-t-il.
La magie n'avait pas été pas assez forte pour lui faire du mal. En fait, il devait à peine l'avoir sentit. C'était plutôt son ego qui le faisait souffrir.
"Tu es protégée par la loi. Je n'ai pas le droit de te blesser mais je peux faire bien pire sans laisser de trace."
Il ne bougea pas, ne cligna même pas des yeux et pourtant Hermione sentit la magie quitter son corps et se diriger vers elle. Cependant contrairement à ce qu'elle avait fait, ce n'était pas de l'énergie pure mais bien un sort, et ça, elle savait comment le contrer. Il lui était inconnu mais elle sentait, elle savait ce qu'il faisait. De la douleur. Ce sort allait la faire souffrir. Sauf si elle l'en empêchait. Il lui suffisait de modifier les runes.
Depuis sa mésaventures qui lui avait valu d'être à la fois bénie par la Déesse et maudite par la Bête, elle avait appris les runes et la magie féerique pour que ça ne se reproduise plus. Jusque là, elle n'y avait jamais été confrontée mais elle était prête. Il lui suffit d'un changement. Un minuscule changement et le sort la traversa comme s'il s'était agi d'une brise. Certes elle avait utilisé son Glam Sight mais grâce à ses lunettes, personne ne pouvait voir ses yeux.
Mais ce n'était cependant pas au goût du Sidhe. Alors que ses compagnons regardaient la petite humaine avec choc, celui-ci la regardait avec haine.
"Fealltair" cracha-t-il. "Alors tu es de ces traîtres qui ont volé notre magie, de ces parasites qui ont jeté nos bienfaits à la fange !"
Hermione se mordit la lèvre. Il devait la prendre pour une adepte de la magie féerique, celle qui a été créée par des humains à partir de celle des Fae et notamment des Sidhes. Possible qu'il pense que le seul moyen de ne pas avoir été touché par son attaque était d'utiliser cette magie en particulier.
"Nous vous avons élevés" reprit le Sidhe. "Nous avons élevé votre condition. Vous viviez dans des grottes et nous avons fait de vous nos serviteurs, nos fidèles. Et comment vous nous avez remerciés ? En nous tournant le dos !"
Donc c'était ça les "bienfaits" dont il parlait. Pendant des siècles toutes les races divines avaient "élevé le statut" d'humains, leur offrant d'utiliser leur magie en échange de leur dévotion. Quand Myrddyn avait créé la première magie humaine et que les autres avaient suivi, les humains s'étaient rendus compte qu'ils n'avaient pas besoin de prier les Dieux pour avoir de la magie et avaient cessé de le faire. Ceux-ci avaient donc perdu une bonne partie de leur pouvoir.
Certaines Divinités avaient cependant changé de tactiques et exauçaient les souhaits en échanges d'énergie ou de prière. C'était le cas de Dieu et de Satan. D'autres encore n'avaient jamais pratiqué ce système. C'était le cas de Dana, la Déesse, raison pour laquelle elle était encore priée aujourd'hui.
Cette fois-ci, ce fut bien en une vague d'énergie pure qui fondit sur Hermione. Plus de sort complexe, juste de la magie pure nourrie de colère. Les yeux féeriques ne fonctionnaient pas dans ce cas là sauf pour accélérer son esprit et lui permettre de se protéger. La vague fut cependant si brutale qu'elle perdit l'équilibre et tomba à la renverse. Sous le choc, elle en perd le souffle et ses lunettes.
"Tu vas mourir sale fealltair !" Cria alors le Sidhe.
"Arrête Finbar !" S'exclama la femme derrière lui. "Tu ne peux pas faire ça, la loi…"
"Clarisse à raison, Finbar !" Cria l'autre homme. "C'est de la folie."
Mais l'autre homme ne semblait pas l'entendre. Hermione sentait déjà son pouvoir enfler pour l'écraser. Allait-elle mourir ? Non, pas aujourd'hui. Il suffisait de demander pour recevoir. La Mère à tous donnait de bonnes choses à ceux qui le demandaient.
Hermione ne savait pas d'où venait ces mots. Peut-être de la Déesse elle-même. Qu'importe. S'il suffisait de demander, alors elle allait demander. Maintenant.
Elle se releva alors en même temps que son pouvoir enflait à son tour. Debout, droite, elle faisait face au Sidhe fou de rage mais elle n'avait pas peur. Elle ouvrit simplement les yeux. Alors le pouvoir déferla d'elle et souffla celui de son adversaire comme une chandelle. Celui-ci cligna des yeux, surpris et également calmé. Comme s'il avait reçu une douche froide.
"Oh, ses yeux ! Regardez ses yeux !" S'exclama la femme Sidhe d'une voix choquée.
"Glam Sight" dit l'autre.
Une odeur de pomme et de chèvrefeuille se fit alors sentir et des fleurs se mirent à pousser autour des pieds d'Hermione jusqu'aux sabots des chevaux qui renâclaient.
"C'est une élue de la Déesse" reprit le second homme Sidhe. "Une Grande Prêtresse de Dana."
Et voilà que son deuxième secret sautait également. Foutu caractère. Hariel allait le lui payer…
0o0o0
Arthur ouvrit les yeux et les cligna quelques instants pour chasser les dernières brumes du sommeil. Sa chambre était plongée dans la pénombre mais des rayons de soleil traversaient les persiennes, lui indiquant que c'était le matin. La lumière était suffisante pour qu'il puisse voir ce qui l'entourait et plus particulièrement la femme dans son lit.
Durant la nuit, la couverture qui les recouvrait avait glissé, révélant le haut de son corps galbé. Sa peau était si pâle que les draps en dessous paraissaient ternes. Elle était lisse, sans défaut et il la savait d'une douceur de velours. Des yeux, l'homme suivit la courbe de sa hanche et dévia sur son ventre plat et ferme avec un nombril joliment dessiné. Il descendit encore les yeux vers le pubis mais celui-ci était dissimulé sous le tissu qui avait réchauffé leur nuit. Il aurait aimé voir à quoi ressemblait cette fleur qu'il avait si bien goûtée et caressée dans les ombres de la nuit mais celle-ci lui demeurait encore pour le moment cachée.
Caressant à nouveau son corps du regard, il remonta son torse jusqu'au deux globes ronds de ses seins. Là où il avait grandi, il en avait vu de toutes les formes et tailles et certains étaient plus gros. Pourtant à ses yeux, ceux-là étaient parfaits. En forme de poire mais légèrement plus bombés, ils étaient couronnés de mamelons pointus et d'une large auréole, tous deux d'une couleur rosée. Certaines traces un peu plus rouges témoignaient du soin et de la passion avec lesquels Arthur avait honoré ces charmants attributs avec ses mains, ses lèvres, sa langue et même ses dents.
En remontant encore ses yeux, il pouvait voir les bras ronds de la femme ainsi que ses mains fines, pliés au dessus de sa tête. Ils ressortaient d'autant plus sur les coussins à cause de la couverture douce comme de la soie que formait sa longue chevelure bouclée chevelure et qui s'étalait autour de sa tête comme un halo. Les rayons du soleil qui éclairaient la pièce venaient les éclairer et leur donner des reflets dorés.
Enfin, son regard se porta sur son visage. Son beau visage en forme de cœur orné d'une bouche fine aux commissaires légèrement relevés en un sourire serein. Son nez légèrement pointu mais fin, frémissait à chacune de ses profondes respirations. Et puis il y avait ses yeux, ses beaux yeux au long cils si clairs qu'ils semblaient presque absents, ces yeux qui, quand ils étaient ouverts, chatoyaient d'un bleu scintillant semblable au ciel, ces yeux qui avaient fait perdre la tête à Arthur.
Nimueh.
Il ne savait pas bien comment c'était arrivé. Tout ce qu'il savait c'était que cette femme l'avait fasciné dès le premier instant. Pourtant Arthur connaissait les femmes, qu'elles soient putains ou nobles, il en avait connus de toute sorte, connu leur corps ainsi que leur esprit. Mais c'était différent pour Nimueh. Pourquoi, il ne le savait pas.
Il avait pourtant déjà rencontré des femmes plus belles. Nimueh étaient un peu frêle, sa poitrine mince, sa peau trop pâle, sa mise trop simple. Et pourtant c'est petites choses qui faisaient qu'elle était différente des beautés qu'avaient connus le jeune homme faisait à présent ce qui le rendait admiratif.
Cependant si son apparence était ce qui l'avait interpellée, sa personnalité avait contribué à la rendre encore plus désirable. Dans un premier temps, il s'était comporté, bien malgré lui, comme un adolescent timide, n'osant pas lui parler ni même l'approcher. Nimueh l'envoyait et lui, voyait qu'elle le voyait ce qui rendait les choses encore plus difficiles.
Puis Myrddyn avait en quelque sorte forcé les choses. Il lui avait demandé de l'aider dans une de ses tâches. Marchant ensemble sur l'étrange île, ils avaient été silencieux pendant une grande partie du trajet. Arthur, toujours gêné, n'osait pas parler. Il aurait aimé que Nimueh entame la conversation mais elle ne le faisait pas et le jeune homme craignait que ce soit par indifférence envers lui.
Puis ils étaient arrivés à destination et elle avait bien dû lui expliquer ce qu'elle attendait de lui. Il devait l'aider à faire rouler une pierre pour qu'elle récolte des mousses et des champignons en dessous. Lors de l'opération, sa main avait touchée la sienne et Arthur avait sursauté tellement fort qu'il était tombé en arrière et avait roulé au bas d'une pente jusqu'à finir assis dans un cours d'eau.
Nimueh l'avait rejoint et avait éclaté de rire. Arthur avait essayé de se relever mais il avait glissé sur les pierres. Il avait alors vu une main se rendre vers lui. Voulant la refuser, il avait levé la tête et s'était retrouvé piégé par le regard scintillant de Nimueh. Il avait accepté la main.
Il n'avait plus rien dit de tout le trajet du retour mais par la suite, il avait été plus facile s'approcher la femme et même de lui parler. Au fil des jours, il l'avait encore aidé dans ses tâches, de lui-même cette fois puis étaient venus les promenades, les discussions, les sourires gênés et en même temps amusés.
Et puis il y avait eu leur premier baiser. C'était environ une dizaine de jours auparavant. À peu près à la même période à laquelle Hariel et Eleanor avait eu leur combat épique qui avait presque fait trembler la terre. Aucun d'eux n'avait donné de raison mais leur relation semblait plus forte après cela.
Le soir même, Arthur avait retrouvé Nimueh qui observait le ciel dans la plaine. Assise dans l'herbe douce, elle respirait l'air avec bonheur. Elle lui avait dit que pour elle ça sentait comme après l'orage. Le combat entre les deux puissants Magiciens avait secoué la terre, l'air et les flux de la magie. Puis avec leur pouvoir ils avaient réparé leurs torts et c'était comme si tout avait été empli d'une énergie nouvelle. Destruction et Renouveau. Comme dans un orage.
Arthur n'avait pas exactement compris ce qu'elle voulait dire mais son visage était si beau qu'il l'avait embrassé. Par la suite les baisers s'étaient fait plus nombreux et leur rendez-vous plus tendres et en même temps plus secret.
Puis la nuit dernière, les baisers s'étaient fait caresses et les lèvres s'étaient quittées pour se reprendre sur le corps l'un de l'autre et la nuit s'était faite pur plaisir. Et à présent que la passion s'était apaisée, il restait en Arthur une émotion diffuse, différente de ce qu'il n'avait jamais ressenti, une envie de continuer, de rester pour toujours dans ce lit. Avec elle.
" Est-ce que tu l'aime ? " Demanda alors une voix douce.
Arthur sursauta et tourna la tête dans sa direction. Le sourire mutin de Myrddyn était la seule preuve qu'il lui fallait pour savoir qu'il avait fait exprès de le surprendre. Le Mage était nonchalamment assis sur un banc recouvert de coussin, une jambe au sol et la seconde repliée sous lui. Son bâton était sur ses cuisses et ses coudes sur ses genoux alors qu'il soutenait sa tête.
" Alors ? " Demanda à nouveau Myrddyn. " Est-ce que tu l'aimes ? "
" Oui " répondit Arthur sans vraiment s'en apercevoir.
Mais au moment où il me dit, il se rendit compte que c'était vrai. Il aimait Nimueh. Pour lui, ce n'était pas simplement une femme de passage avec qui il avait partagé les plaisirs. Il aimait son corps et il aimait son âme pareillement et il avait envie de les aimer pour encore longtemps.
Myrddyn, lui, souriait à sa réponse et il ajouta.
" Même si elle est ma femme ? "
Arthur sentit un frisson parcourir son corps qui s'engourdit. Il se redressa mais peut-être un peu trop brusquement car Nimueh poussa un gémissement dans son sommeil. Ne voulant pas la réveiller, Arthur décida de sortir du lit. Il posa ses jambes flageolantes sur le sol et réussit à se lever doucement. Il se retourna alors vers la femme et recouvrir son corps.
Il se tourna alors vers Myrddyn et le regarda dans les yeux. Il ne savait pas que lui et Nimueh étaient mariés, il n'en avait vu aucun signe. Pourtant l'homme venait de le dire. Il aurait pu tout aussi bien mentir mais Arthur avait la conviction que c'était la vérité.
Coucher avec des personnes mariées, il l'avait déjà fait. Parfois il l'avait fait par ignorance, parfois par sport ou même par vengeance. Aussi il en connaissait les dangers et avait appris à les éviter…sauf cette fois-là.
" Oui " dit-il alors pour répondre à la question du Mage.
" Parfait " dit alors celui-ci en se relevant.
" C'est tout ? " s'exclama presque Arthur avant de se rappeler que quelqu'un dormait dans la pièce.
" Oui, c'est tout " répondit Myrddyn avec un sourire.
" Un étranger couche avec ta femme et c'est tout ce que tu trouve à dire ? "
" L'as-tu forcé ? "
" Bien sûr que non ! "
" Alors son choix est la seule chose qui importe " conclut Myrddyn.
Il s'approcha alors d'Arthur et se mit très proche de lui.
" Je sais qu'elle m'aime et elle sait que je l'aime. Rien ne l'empêche de t'aimer toi aussi. "
" Pourquoi ? " Demanda Arthur, surpris.
" Pourquoi ? Mais pourquoi pas ? Le cœur a ses raisons et je les accepte. J'accepte l'amour qu'elle te porte et j'accepte votre union. Est-ce que ça ne suffit pas ? "
Mais Arthur n'avait pas entendu la question. Il avait arrêté d'écouter quand Myrddyn avait parlé des sentiments de Nimueh à son égard. Savoir que la femme qu'il aimait l'aimait en retour le remplissait de joie. Il sourit.
De son côté, Myrddyn regarda l'homme dont le bonheur semblait transfigurer le visage.
" Alors, accepteras-tu une femme qui aime deux hommes ? " Lui demanda-t-il au bout d'un moment.
Arthur haussa les épaules avec un air légèrement moqueur.
" Je penses que je saurait pouvoir m'accommoder de ça " dit-il.
Et à la surprise du Mage, il avança son visage et posa ses lèvres sur les siennes.
" Je crois que nous allons pouvoir arriver à un accord finalement " dit Myrddyn avant de rendre le baiser.
À l'insu des deux hommes, deux yeux d'un bleu étincelant les regardaient avec bonheur et amour.
0o0o0
Allongé sur le dos, emmitouflé dans une couverture métamorphosée à partir de son pull et protégé en plus par un sort de réchauffement pour contrer la fraîcheur de la nuit du désert, Dean regardait le ciel.
C'était vain mais il tentait de reconnaître ne serait-ce qu'une petite chose familière dans la disposition des étoiles. Bien évidemment, il n'en vit aucune. Toutes les constellations qu'il avait apprises en cours d'Astronomie étaient absentes de ce ciel ce qui était tout à fait normal. Il n'en savait pas à quelle distance il se trouvait de la Terre. Il ne savait même pas dans quelle direction elle se trouvait. L'une de ces étoiles pouvaient être le Soleil qu'il ne le saurait même pas.
Passant à sa seconde vue, il pouvait voir les réseaux d'énergies (magiques ou non) qui parcouraient le ciel comme des aurores boréales. Du coin de l'oeil il pouvait voir la colonne de magie qui s'élevait, tel un tout d'albâtre vers le noir du ciel et ne semblait pas avoir de bout.
Est ce que c'était à cause de lui ? Est-ce que c'était son arrivée qui avait créé cet immense afflux de Magie Pure ? Et puis d'où venait-elle ? Elle devait bien venir de quelque part tout de même. Est ce que c'était l'énergie qu'avait déployée Ganos pour l'envoyer ici ou alors...ou alors est-ce qu'elle était déjà là haut, dans le noir de l'espace et qu'elle s'était retrouvée entraînée par sa chute, dans son sillage ? Dean ne le savait pas.
En fait, il devait bien avouer qu'il ne savait pas grand-chose. Il absorbait tout ce qu'Hariel et Hermione voulaient bien lui apprendre mais il avait toujours l'impression de ne pas en savoir assez. En fait, il avait plutôt l'impression de perdre pied. Son monde avait été chamboulé trop de fois, trop vite. À onze ans il avait appris qu'il était un sorcier, à douze, que son père biologique aussi était un sorcier, à treize que les Démon existaient de même que les Anges et les Dieux de toutes les mythologies possibles et imaginables et à présent, il avait appris que Merlin était lié à une technologie capable de faire voyager quelqu'un d'un bout à l'autre de l'espace en quelques instants. Et puis quoi ensuite ? Merlin était un extraterrestre ?
Cela faisait beaucoup. Beaucoup trop et beaucoup trop vite.
Mais il ne pouvait pas se relâcher. Il n'avait pas le temps de souffler, de se poser pour assimiler tout ça. Et surtout pas maintenant car il se trouvait sur une autre planète il ne savait où dans la galaxie...ou même s'il se trouvait encore dans sa galaxie, perdu au milieu d'un désert avec pour seul moyen de s'en sortir, de pouvoir rentrer chez lui, les paroles d'une femme faite de lumière qui lui disait d'aller vers l'est.
Book, vraiment, c'était trop, trop pour lui, trop pour un adolescent de 15 ans...tout simplement trop pour n'importe qui.
Dean se mit alors à pleurer. Des larmes amers se mirent à couler le long de ses joues alors qu'il étouffait ses sanglots. Il se recroquevilla, le visage dans la couverture, et resta comme cela jusqu'à ce que sa crise de larmes s'arrête.
Finalement, les yeux irrités, humides, le nez pris et la gorge sèche, il se redressa. Puis il leva les yeux au ciel et regarda à nouveau les étoiles. Il hésita quelques instants puis se mit à parler à voix haute.
"Salut, Papa…" commença-t-il.
Il ne savait pas pourquoi il faisait ça. Il ne savait même pas si cela allait marcher. Si les Anges existaient alors le Paradis aussi et si le Paradis existait alors son père devait y être et il devait pouvoir l'entendre. Mais est-ce que cela marchait ici aussi ? Dean ne le savait pas et en fait, il s'en fichait, il avait juste besoin de parler.
C'était la première fois qu'il faisait ça. Il lui était déjà arrivé de lever les yeux au Ciel mais il n'était jamais arrivé à dire quoi que ce soit. Il se sentait tellement ridicule.
Pourtant, à peine ces premiers mots prononcés, il ne put plus du tout s'arrêter. Ce fut un flot de paroles ininterrompues qui s'échappa de ses lèvres. Dean raconta alors tout ce qu'il avait sur le cœur, toutes ses peurs, ses angoisses, ses désirs, ses joies et ses peines, toute les choses qu'il n'avait jamais dite à personne il les adressa à son père ou plutôt à la nuit, dans ce désert d'un autre monde.
Bientôt cependant, les mots se tarirent. Dean se recoucha alors et s'endormit sans même s'en rendre compte.
0o0o0
Hariel sentit que l'ambiance était étrange ce matin-là. Arthur et Nimueh se jetaient des coups d'œil mais ça c'était habituel. Ils le faisaient tout le temps. Ils pensaient être discrets mais pas du tout. Cependant il y avait un subtil changement aujourd'hui. Le jeune Démon avait analysé leur gestuelle et leurs expressions et son analyse était claire : c'est deux là avaient couchés ensemble.
Le plus étrange cependant étaient que tous les deux jetaient des regards vers Myrddyn qui, lui, souriait comme un huard. Ils ne s'étaient pas envoyé en l'air à trois quand même ! Si ? Bien sûr, Hariel savait qu'il descendait de Myrddyn autant que d'Arthur mais il ne se doutait pas que le " métissage " soit aussi tôt dans sa lignée.
" J'ai une grande nouvelle pour vous " dit finalement le Mage en s'adressant à un Bedivere totalement ignorant des coucheries qui avaient eut lieu. " Nous allons pouvoir effectuer le rituel. "
" Vous avez le dernier élément qu'il vous faut ? Quand cela peut-il être fait ? Et quand pourrons nous repartir. "
" Dans l'ordre, les réponses sont " oui ", " ce soir " et " demain si vous le désirez ". "
En entendant cela, Hariel vit qu'Arthur n'avait pu s'empêcher de tourner des yeux tristes vers Nimueh. Mais le sourire de celle-ci sembla le rassurer. Est-ce que cela voulait bien dire ce qu'il croyait que cela voulait dire ?
La journée qui suivit parut interminable. Dès la fin du petit déjeuner, Myrddyn disparut et on ne le vit pas jusqu'au repas du soir. Il avait besoin de tout préparer pour le rituel. Il avait cependant prévenu Hariel qu'il l'assisterait en plus de Nimueh. Il ne lui avait par la suite donné aucune consigne spécifiques donc le jeune Démon se dit qu'il n'avait pas à se préparer. Cela ne l'empêchait de se sentir anxieux. Il avait peur de mal faire. Nimueh l'avait rassuré. Apparemment sa participation, même si elle était nécessaire, serait minime. C'était donc qu'elle connaissait le processus.
Au coucher du soleil, Myrddyn était sorti de son atelier pour se rendre au repas et prendre des forces. Pour la première fois, son visage était sérieux, sans la moindre trace de sourire. Bedivere demanda alors à assister au processus mais le Mage refusa. Seul Hariel et Nimueh étaient nécessaires. Les autres ne feraient que gêner.
" J'attendrais à l'extérieur alors " dit le chevalier, buté.
" Vous attendrez longtemps alors " ricana méchamment Myrddyn. "Le rituel risque de nous prendre une bonne partie de la nuit. "
Puis il se leva en même temps que Nimueh. Y voyant le signe du départ, Hariel fit de même. Arthur retint un instant Nimueh, l'air inquiet. Celle-ci lui sourit puis lui embrassa le front avant de suivre Myrddyn qui les enferma elle et Hariel dans son atelier avec lui.
Celui-ci avait été débarrassé de tout ce qui l'encombrait, laissant la pièce quasiment nue. Près du mur de gauche se trouvait une forge qui emplissait la pièce de vapeur brûlante et à droite, une vasque profonde remplie d'eau claire. Vers le mur du fond se trouvait une enclume sur laquelle était posée un marteau et une pince.
C'est trois points étaient au centre de trois cercles magiques d'où partaient des lignes qui les reliaient à un point central de la pièce, formant un motif de trisquel. Il semblait avoir été creusé dans le bois du plancher, les sillons ayant été par la suite remplis de métal qui avait à présent durcis.
" Bien, à présent, tous les ingrédients sont présents pour le rituel " dit Myrddyn en s'avançant vers la forge.
À l'intérieur des braises il y avait un pot en fonte plein de métal en fusion.
" La branche servira de corps, pour le reste, il nécessite deux choses. Du sang et des larmes de l'être aimé de celui à qui est destiné le fourreau et de la Magie de Démon. "
Cela expliquait pourquoi Hariel et Nimueh étaient là.
" Excalibur a été forgé par le pouvoir des Anges et des Dieux. Pour contrebalancer son pouvoir, il faut celui des Démons. La bénédiction de l'amante, elle, permettra de lui donner le pouvoir de protection. "
C'était pour cela que le troisième ingrédient était si difficile à trouver. L'amour ne se commande pas. Mais Myrddyn avait un avantage. Il savait qu'Arthur et Nimueh étaient destinés à être ensemble. C'est pour cela qu'il avait favorisé la naissance de leur couple. À présent qu'ils étaient des amants établis, Nimueh pouvait être celle dont l'énergie allait protéger Arthur par l'intermédiaire de son fourreau.
Prit par l'excitation et l'inquiétude que le rituel allait lui demander, Hariel ne pensa même pas au fait que lui aussi, quand viendrait le temps de faire son fourreau, il lui faudrait être accompagné d'un être aimé.
Cependant, la suite des événements donna raison à Nimueh. Hariel n'avait définitivement pas grand-chose à faire. À genou au centre du trisquel, sa seule tâche était d'infuser sa magie démoniaque dans le métal fiché dans le sol afin d'alimenter le rituel. Il plongea rapidement dans une transe afin de répartir équitablement son pouvoir et qu'il coule avec fluidité le long de ce circuit magique.
Plongé dans sa propre tâche, il ne vit pas Myrddyn s'affairer. Il ne le vit pas tapisser le moule du fourreau du sang de Nimueh, il ne le vit pas la faire pleurer sur le métal alors qu'il le frappait avec son marteau et il ne vit pas non plus quand le Mage posa le fourreau encore incandescent entre les mains nus de le jeune femme pour qu'elle le plongé dans la vasque d'eau.
Quand il ouvrit à nouveau les yeux, tout était fini et sous ses yeux il y avait le fourreau à présent terminé.
Avalon.
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Après cela, le comportement des Sidhes avait changé du tout au tout...du moins en apparence. Ils s'étaient montrés affables, prévenants, limite flagorneurs...mais Hermione sentait que c'était forcé, qu'ils cherchaient à se faire bien voir d'elle. Ils relachèrent même le petit Boggart qui s'enfuit en courant.
En tous les cas, à aucun moment ils ne s'excusèrent de leur comportement. Tout au plus ils expliquèrent qu'ils ne savaient pas qui elle était et que s'ils avaient su, ils n'auraient pas agi de la sorte. Pourtant pas un seul n'a prononcé de véritables excuses.
Cependant, ils lui ont proposé de les accompagner à leur Sithin, leur colline, là où se trouvait leur Cour.
"Notre Reine sera ravie de vous rencontrer, Sainte Prêtresse" doit celui qui l'avait attaqué et que ses amis avaient appelé Finbar. "Elle organisera une grande fête en votre honneur avec un bal et un festin. Vous avez déjà goûté des pétales de rose bleue enrobé de sucre arc-en-ciel ? Nous avons également un vaste choix de liqueurs toutes plus enivrantes les unes que les autres. Et les danses, les danses...à vous faire perdre la tête."
"Je n'ai pas vraiment le temps en fait" répondit Hermione. "La Déesse...je dois aller voir la Déesse."
"Mais vous êtes toute sale et écorchée !" S'exclama Clarisse avec une expression d'horreur exagérée. "Venez vous reposer dans notre Sithin et reprendre des forces. Notre Reine mettra des appartements à votre disposition et un banquet sera organisé."
"Nous pourrons ensuite vous escorter jusqu'au Domaine de la Déesse" reprit Finbar.
Hermione hésita. La perspective d'un lit et de nourriture bien préparée était tentante. Mine de rien cela faisait des mois qu'elle ne faisait que camper. Pourtant, et même si elle avait eu des désaccords avec eux, c'était les Gnomes qui avaient accepté de la guider. Elle ne pouvait décemment pas les abandonner à la simple mention d'un lit ou même d'une baignoire.
Elle voulut se tourner vers Nilin et les autres pour leur demander leur avis mais elle se rendit compte qu'ils avaient disparus. Elle n'arrivait même plus à les cours en utilisant ses yeux féeriques. C'est donc qu'ils devaient être loin.
À la pensée qu'ils l'avaient quitté sans un mot ou même une explication, elle se sentit... abandonnée. Certes ils s'étaient disputés mais ils s'étaient montrés très gentils. Après son errance solitaire dans la bibliothèque, cela avait été agréable de pouvoir à nouveau parler à quelqu'un. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point le contact humain (ou presque) voir même le son de sa propre voix lui avait manqué.
Jeune, elle était assez solitaire. Trop intelligente pour ses camarades, sa seule amie était sa grande sœur. Et puis il y avait eu Hariel. Il était intelligent, comme elle, mais il était également très sociable et c'était une sorte de leader, quelqu'un avec un charisme qui forçait presque à le suivre. C'était lui qui l'avait ouverte aux autres et depuis, elle-même avait été assez à l'aise avec les autres.
Mais dans cette bibliothèque, elle était comme revenue en enfance. Pire encore, elle n'avait personne à qui parler. C'était pour ça qu'elle avait écrit son journal. Elle ne se voyait pas parler seule mais écrire, ça, oui. D'un certain côté, c'était ce qui lui avait permis de ne pas devenir folle...même si elle l'avait été quand même un peu en perdant la mémoire.
Toujours est-il que les Gnomes avaient été les premiers à lui parler depuis longtemps et qu'elle s'était attachée à eux. Mais ils n'étaient plus là. Elle accepta donc la proposition des Sidhes.
0o0o0
La faim le tenaillait.
Cela faisait des jours et des jours qu'il marchait toujours plus loin dans la direction de l'est et la faim le tenaillait.
De la nourriture dont il disposait, il ne restait plus que des doubles magiques insipides et qui le laissaient sur sa faim. Il avait bien de l'eau, à profusion, mais ce n'était pas suffisant pour calmer le trou qui se formait dans son estomac.
Il n'avait pas trop chaud, n'était pas trop affecté par le soleil et n'avait pas soif mais impossible que la magie lui apporte ce qu'il désirait. À manger.
Donc il continuait de marcher. Encore et toujours. Marcher.
Il avait pourtant fait un bon bout de chemin. Il lui arrivait même de temps en temps d'accélérer les choses en transplanant. Il n'avait pas exactement de destination en tête, il se contentait de se transporter jusqu'à la limite d'où son regard le portait. Il le faisait trois ou quatre fois avant de s'effondrer d'épuisement. En effet, les sorts appliqués sur lui-même en plus des transplanages successifs mettaient son corps à rude épreuve. C'était comme faire trop d'efforts trop rapidement. Il devait donc alterner ses sauts avec des périodes de marches ou des pauses.
Bien entendu, il n'avait pas fait cela les premiers jours, alors que le désert était encore baigné par le nuage de Magie Pure. C'était le meilleur moyen pour se retrouver à plusieurs milliers de kilomètres de sa destination initiale. Il n'avait donc fait que marcher.
Il avait tant et si bien marché qu'il était arrivé au bout de la nappe de Magie Pure. Jour après jours, il l'avait s'éclaircir de plus en plus. L'énergie qui la composait commençait également à se diluer. Elle perdait peu à peu sa pureté pour de transformer en énergie d'autres types en s'ajoutant à celle déjà présente dans l'air ou dans les pierres. Une grande partie avait également pénétré dans le sol et allait pouvoir ainsi nourrir le réseau de lignes de Ley.
Arrivé au bout du nuage magique, Dean remarqua alors autre chose. Il l'avait déjà vu, la colonne de Magie (qu'il pouvait encore apercevoir au loin s'il montait assez haut) retombait sur le sol en ligne droite. Elle repoussait donc l'énergie déjà sur le sol ce qui faisait que le nuage s'élargissait. Il l'avait remarqué quand, un marin, il s'était réveillé entouré de Magie Pure alors qu'il était sorti du nuage la veille. Elle n'avait parcouru qu'une dizaine de mètres pendant la nuit mais c'était déjà énorme.
S'il devait faire une hypothèse, il pensait que la colonne allait retomber intégralement alors que le nuage allait s'étendre tout autant. Puis une fois fini, le nuage allait continuer à s'étendre alors que l'énergie se disperserait lentement dans l'air et dans le sol jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Mais ça pouvait prendre des mois. Ou peut-être des années.
Enfin, ce n'était qu'une hypothèse.
Mais pour le moment, Dean n'avait pas le cœur à réfléchir à des hypothèses. Il avait faim. Il venait de transplaner et se reposait, assis sur le sol, en mâchonnant un morceau de pain sans goût qui ne le rassasiait pas du tout.
Levant la tête, il regarda devant lui pour voir s'il se dirigeait toujours dans la bonne direction. Quelque chose au loin attira alors son attention. Par réflexe, il mit sa main par-dessus ses yeux. Cela ne bloquait pas les rayons du soleil, ça, sa magie s'en chargeait, mais c'était en quelque sorte un geste répété tellement de fois quand on voulait voir quelque chose de loin qu'il l'avait fait sans y penser.
Le problème c'est qu'il avait du mal à croire ce qu'il voyait. Depuis des jours il ne voyait que du sable et des pierres mais là c'était différent. Il voyait des formes étranges, hautes. Le problème c'est que la chaleur crée un effet de miroitement qui brouilllait les formes lointaines. Pourtant, Dean remarqua un éclat. De l'eau ? Oui, c'était possible. Et qui disait eau, disait que ces formes devaient être des arbres. Des arbres qui portaient peut-être des fruits.
Tout excité, il se releva et transplana directement dans la direction de l'oasis providentielle. Malheureusement, quand il réapparut, il n'y avait rien. Il se tourna, se retourna mais il ne vit rien de plus que le sable.
Il jura.
Un mirage. Il s'était fait avoir par un foutu mirage.
Comme il sentait la colère monter en lui, il se mit à respirer plus lentement. Il devait se calmer et réfléchir. Les mirages, ce n'était pas comme dans les dessins animés, ce n'était pas des illusions de n'importe quoi que personne voyait à cause du délire provoqué par la chaleur. C'était un phénomène optique. La chaleur n'affectait pas les personnes mais la lumière, la courbant en faisant croire que des choses étaient plus proches qu'en réalité.
Cela voulait dire que l'oasis existait. Et qu'avec un peu de chance, il pouvait l'attendre dans cette direction.
Il transplana à nouveau vers l'est mais à nouveau, il n'y avait rien. Il répéta l'opération plusieurs fois jusqu'à ce qu'il voit à nouveau quelque chose. Cette fois il était sûr. Cette fois, il la voyait bien. La véritable oasis. Elle semblait s'étendre sur une vaste zone au pied d'une immense formation rocheuse la plus grande qu'il ait vu jusque-là. Une véritable montagne.
Il sourit. Heureux d'y être arrivé. Il était sûr que dans une oasis aussi vaste il devait y avoir à manger.
À ce moment-là, ses jambes se mirent à trembler et il s'effondra au sol. Il avait transplaner plus de cinq fois, c'était normal. Il allait se reposer et puis marcher jusque là bas. Le soleil n'était pas très haut dans le ciel, on était encore tôt le matin. Il avait donc toute la journée pour se reposer et rejoindre l'oasis.
Il fronça alors les sourcils. S'il était encore tôt, alors pourquoi est-ce que la lumière diminuait. Il sentait le sort de bouclier de soleil s'adapter autour de ses yeux à cause de la lumière qui diminuait mais rapidement il fut réduit à zéro et Dean pouvait alors voir le monde tel qu'il était vraiment. Pourtant, la lumière diminuait.
Il se tourna alors en direction du soleil et vit que celui-ci commençait à disparaître derrière un nuage. C'était le premier qu'il voyait depuis qu'il était arrivé. Le ciel avait jusque-là toujours été limpide (même s'il était plutôt orange). Cependant, regardant à nouveau, Dean blêmit. Ce n'était pas un nuage. C'était un mur de sable.
Une tempête. Une tempête de sable arrivait droit sur lui.
Apeuré, Dean se remit sur ses pieds et essaya de transplaner en direction de l'oasis. Là bas il arriverait peut-être à trouver un abri. Mais au lieu de disparaître, il chancela et s'effondra à nouveau sur le sol. Non. Il était trop épuisé. Il n'y arriverait pas. Son corps lui faisait mal et son esprit était embrouillé. La seule chose qu'il pouvait faire c'était de s'entourer d'un bouclier. S'il annulait tous ses autres sorts, alors peut-être qu'il arriverait à tenir.
La tempête approchait. Le mur de sable avait déjà fait disparaître l'oasis et avançait rapidement vers Dean. Déjà, il pouvait sentir le vent faire voler le sable autour de lui. Rapidement, il désactiva son sort de refroidissement et son bouclier de soleil et incanta à la place un bouclier sphérique tout autour de lui.
Il était instable, il le sentait. Pourtant il ferait tout pour qu'il tienne. Il n'avait pas le choix. Il devait tenir.
La tempête fondit alors sur lui et l'engloutit.
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Arthur hésita et prit l'épée en main. D'abord avec une seule, puis avec deux. Il ressentit quelque chose, comme si ses forces étaient aspirées mais cette fois, il n'avait aucune vision.
Quand Myrddyn lui avait présenté son œuvre, le jeune homme avait voulu l'essayer. Cependant il avait préféré ne pas avoir à le faire devant tout le monde. Il s'était donc isolé.
Bedivere avait protesté mais Arthur ne lui avait pas laissé le choix. Étrangement, l'homme avait obtempéré.
Arthur attacha ensuite le fourreau à sa ceinture puis en sortit l'épée. Il l'a tint devant lui, pointe en haut et approcha sa seconde main du fuseau. Il hésita quelques instants puis l'y posa à nouveau. L'arme vibra, les runes s'illuminèrent et l'énergie du jeune guerrier commença à migrer à l'intérieur. Il ressentit alors quelque chose, une sorte de peur sourde mais elle semblait lointaine et diffuse.
Il tira ensuite le fourreau et le posa contre un arbre. Il saisit une troisième fois son épée à deux mains. Même résultat. Myrddyn avait raison. Même sans toucher le fourreau, son pouvoir le protégeait.
" Prends garde tout de même " dit alors une voix derrière lui. " Les images qui hantent ton esprit n'ont pas disparu. Plus tu utiliseras l'épée longtemps plus le risque qu'elles refassent surface sera grand. "
Arthur se retourna et vit la silhouette frêle et raide de Morgane. Sans répondre, il retourna près du tronc sur lequel il avait appuyé Avalon et le récupéra, le rattacha à sa ceinture et y fit glisser Excalibur.
" Que le fourreau te protège ne veux pas dire que tu ne devras pas faire face à ces images qui te hantent " reprit Morgane alors que le jeune homme marchait vers elle. " Tu faisais des cauchemars bien avant de toucher Excalibur et tu en fera encore et ce jusqu'à ce que tu te confronté à ces images de ton passé. "
Arthur arriva à son niveau et posa sa main sur son épaule. Il ne dit rien mais c'était inutile. Ce geste était un remerciement. Mais pour Morgane s'était bien plus. Alors que l'homme repartait, la femme posa sa main sur sa propre épaule sentant encore le contact de sa main calleuse tout en suivant des yeux sa larges silhouettes.
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"Et donc…" demanda Hermione au bout d'un moment alors qu'elle se trouvait en croupe derrière Shanley, le troisième Sidhe qui lui avait finalement donné son nom en l'installant derrière lui, "...vous êtes de quel Cours ? Seelie ou Unseelie ?"
Elle se posait la question depuis le début. À aucun moment, ceux-ci n'avaient donné de nom ou précisé de laquelle des deux ils venaient.
"Mais voyons ! Regardez-nous ! Petite s...Sainte Prêtresse" se reprit Shanley après son explosion indignée. "Notre teint doré, nos cheveux lumineux, nos yeux magnifiques...rien que nos corps gracieux devrait vous faire savoir que nous n'avons rien à voir avec ces...ces monstres, ces dépravés d'Unseelie."
Hermione haussa un sourcil. Monstres ? Dépravés ? D'après ce qu'elle savait, les différence entre les deux Cours étaient de l'ordre de l'infime, surtout au niveau physique...de là à les traiter de monstres… Est-ce que les théories manichéennes sur les deux Cours seraient vraies ? Est-ce que la Cours Unseelie serait maléfique ? Non, inutile de sauter aux conclusions.
Après tout, c'était comme pour les Démons et les Anges. Elle savait depuis déjà pas mal de temps que les Démons n'étaient pas des êtres intrinsèquement maléfiques contrairement aux croyances humaines. Ils étaient seulement plus...farouches, sombres et violents. Peut-être que c'était aussi le cas pour les Unseelie.
Quant à la réaction de Shanley, vu comment lui et les siens traitaient les autres races, savoir qu'ils faisaient la même chose avec ceux de leur espèce n'avait rien d'étonnant. Si elle devait généraliser, Hermione dirait que les seuls qu'ils estimaient dignes d'eux, c'étaient eux-mêmes, leur propre Cours.
Mais encore une fois, elle devait éviter de généraliser. Elle était une chercheuse, une scientifique. Elle n'acceptait ni les rumeurs, ni les légendes, elle voulait des faits et elle savait qu'elle en aurait bientôt quand elle serait dans le Sithin.
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" Vous ne viendrez pas avec nous alors ? " Demanda Hariel alors qu'il se trouvait sur le ponton de bois près du bateau qui allait les amener loin d'Avalon.
Myrddyn regarda son descendant puis ses yeux se perdirent dans l'horizon sombre de la mer.
" Sais-tu comment j'ai créé la Magie Humaine ? " lui demanda-t-il alors sans cesser d'observer devant lui.
" Vous avec appris la Magie des Démons et l'avaient modifiés " dit Hariel. " C'est ce qui se dit. "
" Mais pourquoi, alors que les Démons, comme les autres êtres naturellement doués de Magie, avaient jalousement gardé leurs secrets afin de garder les humains sous leur coupe et qu'ils aient toujours besoin d'eux pour la pratiquer, les auraient révélés à un l'un d'eux ? "
" Par intérêt ? " Répondit Hariel.
Myrddyn se tourna à nouveau vers lui et le regarda dans les yeux.
" Exactement. Les Démons comme les autres sont toujours allés chercher ailleurs des idées pour améliorer leurs pouvoirs, non pas parce qu'ils n'en avaient pas eux-mêmes mais parce qu'ils savaient que l'inspiration pouvait venir de n'importe où. Et c'est pour cela qu'un jour un Démon est venu à moi. Certains disent que c'était parce qu'il était mon père. C'est possible. Ça ou autre chose. Toujours est-il qu'il est venu à moi pour exploiter mon potentiel. "
" Et pour cela il vous a appris la Magie Démoniaque ? "
" Non, ça, c'était mon idée. Je lui ait fait croire qu'à partir d'elle je pourrais créer une Magie Puissante qui serait digne de gloire. "
" Mais vous n'avez pas dit à qui serait destiné cette Magie ni qui serait couvert de cette gloire, n'est-ce-pas ? " Demanda Hariel avec un sourire.
Myrddyn ricana.
" Toujours est-il qu'après c'était trop tard. J'avais les secrets de Démons et j'en avais tiré une magie que je m'employais à enseigner. "
" Je doute qu'il ait été content de ça…lui ou les autres. "
" En effet " acquiesça le Mage. " Mais la faute retomba entièrement sur lui. Il fut destitué et banni du Makai pour toujours et son nom fut frappé de Damnatio Memoriae. "
Hariel frémit. C'était une sentence assez horrible. Elle existait dans toutes les civilisations, humaine ou non, et constituait à rayer totalement une personne de l'histoire à détruire toute mention de son nom et représentation de ses traits ainsi que l'interdiction formelle de faire quoi que ce soit pour changer cela. Cependant dans toutes les civilisations magiques, cette peine s'accompagnait d'un sortilège d'oubli. Il était impossible pour quiconque de se souvenir de son nom ou de ses traits. "
" À cause de cela, il a pu m'approcher à nouveau et à réussit à me jeter un sortilège. Puisque j'avais volé ses pouvoirs, il allait me voler les miens. "
" Comment cela ? "
" Il avait beau avoir été oublié, notre pacte était toujours valable et il s'est servit de notre lien pour créer un siphon pour ma magie. Il n'y a qu'ici que je suis à l'abri. "
" C'est pour cela que vous ne pouvez pas venir. "
Le regard de Myrddyn se voila et il baissa la tête.
" Oui, même si je le voudrais car tout ça est en partie ma faute. "
" Vous voulez dire que…que le Démon qui donne ses pouvoirs à Vortigern est celui qui… " demanda Hariel ébahi.
" Il connaissait mon attachement à cette terre et à ces gens. Alors il a conçu un plan pour me forcer à me montrer. Il a séduit un jeune Prince qui convoitait le trône de son frère et lui-même à passé un accord avec un Mage redoutable avide de pouvoir. "
" Vortigern et Mordred. "
" Oui. Alors que Vortigern devait occuper son frère, Mordred a tué le Mage à qui j'avais laissé la responsabilité de guider notre communauté et lui a volé son bâton. C'était un bâton unique et puissant, fait à partir d'une branche de l'arbre des Hespérides, de l'énergie des dieux celtiques et du Dieu de la Bible. "
" Comme… "
Myrddyn hocha la tête.
" Le Démon pensait que je me battrais mais j'ai été plus malin. J'ai récupéré le Bâton puis, au sommet de ma Tour, j'ai forgé l'Épée. "
" Votre Tour…celle de Glastonbury ? Celle qui n'a été détruite ? "
" C'est moi qui l'ai fait " avoua Myrddyn. " Je ne voulais pas que Mordred s'en empare. "
"Mais Morgane nous a dit…"
"Je sais ce qu'à dit Morgane" soupira Merlin. "Elle ne vous a dit que ce que je lui ai dit."
On sentait dans sa voix qu'il était se sentait coupable mais aussi triste. Cependant, il ne semblait pas regretter ce qu'il avait fait. En quoi le fait de cacher des informations à Morgane était-il vraiment nécessaire ?
" Puis j'ai confié l'épée à la Dame du Lac avant de partir. "
Hariel cligna des yeux et son regard dériva vers Nimueh qui se tenait plus loin avec Arthur.
" Sa mère " dit simplement Myrddyn. " Une demi-fey puissante. Peut-être trop pour son propre bien. Elle à mit fin à ses jours dans le Lac dont elle est devenu l'esprit après m'avoir confié sa fille. Je savais qu'en confiant l'épée à un esprit entre deux mondes elle serait en sécurité jusqu'à ce qu'elle arrive dans les mains de Pendragon. "
Entendant son nom, Arthur leva la tête et regarda les deux Magiciens. Hariel, de son côté, soupira. Il comprenait ses raisons mais il aurait aimé pouvoir continuer à apprendre et à discuter avec son ancêtre. Il le trouvait tellement semblable à lui sur certains points. Intelligent, moqueur, non conventionnel… il allait lui manquer.
" Allons mon enfant " dit l'autre homme avec un léger rire. " Nous allons nous revoir, n'est-ce pas ? "
" Mais en attendant vous serez seul ici " répliqua Hariel.
En effet, une personne s'était ajoutée à leur équipe. Nimueh s'était présenté plus tôt en tenue de voyage. Au plus grand plaisir d'Arthur, elle les accompagnait sur Terre.
Myrddyn sourit et posa sa main sur l'épaule d'Hariel.
" Tu es gentil. Mais ne t'inquiète pas, une fois la guerre contre Vortigern finit, je pourrais venir. J'amènerai même un cadeau. "
Le jeune Démon était intrigué mais le Mage ne dit rien de plus à ce sujet. Après tout, il était bon pour garder les secrets. Hariel monta donc dans le bateau avec les autres et Myrddyn leur dit au revoir de la main. Il regarda l'embarcation se détacher du ponton et s'avancer sur la mer illusoire et sombre qui reflétait les étoiles de la nuit. Bientôt elle disparut dans les ténèbres et Myrddyn su qu'elle s'était dématérialisée.
Il était seul.
Contrairement à ce qu'il avait dit à Hariel, cela le touchait plus que ce qu'il aurait voulu. Heureusement, il savait ce qui pourrait lui remonter le moral. Il se concentra quelques instants et son corps disparut.
Il se rematérialisa sous le velours noir de l'espace, à plusieurs centaines de mètres au dessus du fond de la Mare Tranquillitatis. Il ne l'a voyait pas mais il savait qu'en dessous de lui se trouvait Avalon. Son corps flotta pendant quelques instants avant de s'arrêter.
Il était loin de l'île à présent. Loin mais pas tellement car il se trouvait toujours au-dessus du large cratère lunaire. Cependant il n'était plus dans la zone de ses protections et de son champ de confinement. Cependant en dessous de lui se trouvait quelque chose, quelque chose qu'il avait construit et laissé là en attendant le bon moment.
Il fit un simple mouvement de la main et alors le vide du cratère se mit à onduler et quelque chose apparut. C'était quelque chose de grand, d'énorme, presque autant qu'Avalon elle-même. C'était…une ville. Une ville faite de ce qui ressemblait à des pierres blanches sauf qu'elles auraient difficilement résisté à la pression de l'espace.
Au centre de trouvait ce qui ressemblait à un palais fait de tours immenses dont l'une, tout au milieu, dépassait de loin les autres. Du palais central partait de larges branches qui s'évasaient encore à leur extrémités. Elles étaient couvertes de bâtiments plus ou moins hauts mais toujours plus petits que les tours du château.
Vu d'en haut, la ville ressemblait à un flocon de neige…ou à une fleur.
Suspendu dans le vide de l'espace, Myrddyn sourit et ses lèvres se mirent à bouger pour prononcer un mot, un nom. Il n'y a pas de son dans l'espace et de toute façon, ici, personne ne l'aurait entendu. Cependant il l'avait bien prononcé ce nom.
Camelot.
À suivre…
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Et voilà le chapitre du jour. Il n'y en aura pas demain, c'est mon jour de repos. Mais il y en aura un lundi et probablement un autre mercredi. Après cela, il devrait y en avoir un dernier dans la semaine qui suit et ça en sera fini de la saga de l'été...enfin presque.
J'espère que la partie explicative sur la magie d'Eleanor ne vous a pas trop ennuyé. j'ai prit beaucoup de plaisir à l'écrire. Presque tous les principes décrits proviennent d'un Light Novel/Manga/Anime, Mahouka koukou no Rettousai. L'histoire dit qu'au XXIe siècle, les humains ont découvert que la magie existait et l'ont scientifiquement développée afin de l'utiliser. Presque cent ans plus tard, en 2095, un jeune homme aux capacités particulières et à l'intelligence redoutable entre dans l'un des 9 lycée de magie du japon mais à cause de la façon particulière qu'il a de pratiquer la magie, il est assez mal classé. Mais en réalité, c'est un bamf ;).
Pour la description physique mais aussi mentale des Sidhes, je me suis inspiré d'une série de livres, Merry Gentry, de Laurell K. Hamilton, qui a aussi écrit la série d'Anita Blake, chasseuse de vampires. Personnellement j'ai préféré la première à la seconde mais c'est à vous de voir.
Bref, n'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à après-demain.
