Check Mate DxD
Chapitre 96 : Miracle / Kiseki
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Le retour avait été plus facile que l'aller.
Il y avait tout de même eu quelques complications quand ils étaient revenus sur Terre. En effet, le temps s'étant totalement arrêté, les soldats du fort de Glastonbury Tor étaient toujours à leur recherche. Fort heureusement, la voie pour revenir d'Avalon était différente de celle pour s'y rendre. Après le bateau, ils s'étaient à nouveau retrouvés sur cette plage avec le phare mais ils avaient suivi le second ruisseau qui les avait amenés à l'autre source de la colline, celle que l'on nommait le Puit du Calice.
À cause des dépôts métalliques, l'eau semblait rouge. C'était de cela qu'elle t'irait son nom car elle rappelait le sang du Christ tombé dans le calice du Graal.
Il y avait cependant eu un petit problème. Comme son nom l'indiquait, il s'agissait d'un puit, c'est-à-dire que la seule sortie était un trou dans le plafond recouvert d'un couvercle. Ouvrir celui-ci n'était pas difficile, se hisser en haut et ressortir non plus…si on était humain. C'était donc impossible pour les chevaux.
« On pourrait les télé…les transporter par magie en dehors du puit » avait proposé Hariel.
« Et si tout bêtement, on ne s'embêtait pas à ça et qu'on se transportait directement au camp ? » Avait alors proposé Eleanor à son tour.
Au final, sa suggestion était tout de même la meilleure. À quoi bon chevaucher encore pendant plusieurs jours quand on avait des Magiciens à disposition qui pouvaient vous y amener en quelques instants ? Enfin, quelques instants était quand même vite dit. Aucun d'eux n'avait le pouvoir nécessaire de transporter tout ce petit monde en même temps…ou les connaissances.
Eleanor n'avait pas encore fini le codage de son sort de transport. Elle en était encore à analyser le fonctionnement des différents sorts. Morgane, elle, ne connaissait pas ce type de sorts quant à Nimueh, même si elle les avait connus, cela lui aurait été inutile car elle n'avait jamais été jusqu'à camps des Culottes Noires. Ne restait qu'Hariel qui avait un problème de taille. Sa Magie Humaine seule n'était pas assez puissante et vu qu'ils étaient de retour sur Terre, il devait de nouveau restreindre sa Magie Démoniaque.
Faire plusieurs voyages, surtout sur cette distance aurait été trop épuisant pour lui et il se serait sûrement effondré en en laissant quelques-uns dans le puit. La seule manière de faire était de s'y lettre à plusieurs. Hariel lancerait le sort avec l'appui de l'énergie magique de Morgane et Nimueh. Eleanor n'était pas formée pour ce type de rituel. Elle ne savait même pas si c'était possible avec sa magie. Elle serait donc en retrait.
Après cela, il fallait que les trois Magiciens passent un certain temps pour bien harmoniser leurs magies. Un sort ordinaire nécessitait qu'il n'y ait pas de fluctuations dans la magie. C'était la même chose pour un sort commun donc il fallait que leurs magies soient parfaitement en accord ce qui pouvait durer plusieurs heures. Bedivere avait grogné qu'ils prenaient du retard mais les Magiciens ne s'étaient pas laisses faire.
« Mieux vaut perdre un peu de temps maintenant pour espérer rentrer plus vite que de passer des jours à cheval sans avoir essayé » avait dit Nimueh.
« Et laisse nous nous concentrer » avait repris sèchement Morgane. « Tu ne veux pas connaître les effets sur le corps humain d'un sort commun mal exécuté. »
Mais finalement, tout s'était bien passé et ils étaient arrivés près des grottes où se retrait la résistance à peine quelques heures après leur départ pour Avalon et leur retour.
Cependant quand ils arrivèrent, Arthur se rendit compte qu'une surprise l'attendait.
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Quand elle avait lu qu'un Sithin était la colline d'une Cours Sidhe, elle pensait qu'ils vivaient dessus. Or ce n'était pas du tout le cas. Ils vivaient à l'intérieur.
Semblable à une sorte de tumulus, une éminence artificielle, elle était percée d'une porte formée de trois imposantes pierres, deux pour les montants et un pour le linteau. En voyant cela, Hermione ne put s'empêcher de penser à un dolmen. La similitude n'était selon elle pas anodine car en effet, les dolmens étaient des portes menant vers l'au-delà ou alors, d'ailleurs, au pays des fées...donc ici.
Cependant si elle croyait que ce dolmen-là ne pouvait pas l'emmener plus loin, elle se trompait. En effet passé le seuil, elle était entrée dans un autre monde. Le Sithin lui-même était un monde à lui tout seul composé de galeries de pierre blanche somptueuse garnis de portes ouvrant sur des salles tout aussi vastes et même plus. À certains endroits ce n'était même plus des salles. Des forêts entières ainsi que des vallées se trouvaient dans cette colline. Celles-ci baignaient dans des lumières étranges et fantasmagoriques qui faisait penser à du rêve. À ce niveau-là, on ne pouvait même plus dire que l'espace était plus grand à l'intérieur, c'était le niveau au-dessus de la magie.
Cependant Hermione remarqua quelque chose. Où qu'elle posait les yeux, tout semblait...parfait. Trop parfait. Chaque chose semblait à sa place. Il n'y avait pas de poussière, pas de fêlure, rien ne dépassait. Le plus fort, c'était que c'était la même chose dans les salles "extérieures". Dans une forêt, il y a des branches qui traînent, de la boue, des feuilles, des flaques d'eau...certains arbres sont plus petits, d'autres plus grands, d'autres qui se dégarnissaient...pareil pour l'herbe, la vraie, celle que l'on trouve dans la nature est pleine de de différentes variétés qui poussent à tort et à travers, de façon inégale…
Mais là, tous les arbres semblaient à peu près à la même hauteur, pleins de feuilles aux couleurs vibrantes. À certains endroits elles étaient jaunes ou orangées mais elles étaient toujours scintillantes et quand elles tombaient n'ai sol elles formaient des tapis moelleux. L'herbe était toujours d'un vert émeraude, épaisse de droite comme du gazon mais plus haute et ondulant dans le vent commendes vagues. Les fleurs étaient magnifiques, les rochers étaient magnifiques, même les animaux étaient magnifiques.
Sangliers, cerfs, biches, ours, loups, ... Tous avaient le poil luisant, l'œil vif et le pas alerte. Ils n'étaient pas non plus farouches mais ça cela semblait être une composante de la Faërie qu'Hermione avait déjà observée. Il y avait des insectes, oui, mais seulement des papillons ou encore des libellules près des mares mais aucun autre, pas d'araignées ou de scarabées… et surtout, il n'y avait aucun autre type de Faes.
Finbar les mena jusqu'à une prairie où ils abandonnèrent leurs chevaux qui se mirent à brouter l'herbe tendre. Il tendit ensuite la main à Hermione avec galanterie et celle-ci finit par accepter. Ensemble, ils parcoururent plusieurs couloirs avant d'arriver devant des portes gigantesques qui semblaient faites d'argent massif. Dessus, il y avait le relief d'un arbre en or avec des fruits en cristal.
Deux Sidhes en armure étincelante montaient la garde. Tous deux avaient une peau couleur caramel. L'un avec les cheveux roux cuivré et l'autre doré avec des reflets rosés. Leurs yeux étaient des camaïeux de verts et bleu avec des étincelles d'argent et d'or.
En traversant le Sithin, Hermione avait vu d'autres Sidhes et avaient remarqués qu'ils avaient beaucoup de points de ressemblances. Tous étaient non seulement extrêmement beaux mais aussi étaient bien proportionnés. Toutes les femmes avaient des corps fragiles et fins, avec des courbes peu prononcés sans être totalement dépourvus de formes. Les hommes, eux, avaient des hanches étroites et des épaules à peine plus larges mais des corps finement musclés. Tous avaient des teintes de peau hâlés et le plus clair qu'elle ait vu était une femme à la carnation crème. De l'autre côté, elles n'étaient jamais assez foncées pour dépasser le bronze doré.
C'était également le cas pour leurs cheveux. Cela allait des blonds presque blancs aux châtain claire avec parfois quelques nuances de couleurs. Leurs yeux étaient également fascinant. Elle n'en avait pas rencontré deux identiques. Tous avaient des teintes multiples et vibrantes, des couleurs chaudes comme le rouge et l'orangé ou plus froid comme le bleu et le vert. C'était surtout des couleurs qui évoquaient la nature. Même le doré évoquait le soleil et l'argenté les étoiles. Pourtant quand on regardait bien, ils semblaient tous un peu de ressembler.
Finbar chuchota quelque chose à l'un des gardes. Celui-ci hocha la tête puis poussa la lourde porte d'argent aidé par son camarade. Le Sidhe entra alors dans la pièce, suivit par Hermione qui avait toujours sa main dans la sienne.
La jeune Magicienne cligna alors des yeux en voyant le décor qui s'étendait devant elle. Plus que tout le reste, cette salle semblait sortir tout droit d'un conte de fée. Vaste et circulaire, elle était d'un blanc ou à peine altéré par la luminosité irréelle qui y régnait. En effet, les murs semblaient faits de cristaux de pierres semblaient formaient une cheminée qui montait à l'infini ou alors aussi haut que portait le regard. En effet, le plafond (si plafond il y avait) disparaissait sous une brume cristalline d'où descendait des rayons dorés qui éclairaient la pièce. C'était comme si tout au sommet, il y avait le soleil.
Çà et là, le sol de marbre blanc décoré d'or était parsemé de nuages, de vrais nuages couleur crème mais qui semblaient suffisamment solide pour pouvoir s'y asseoir, s'y allonger et s'y détendre. C'était d'ailleurs ce que faisaient certains Sidhe. En effet nombreux étaient présents et se détendaient dans les nuages en discutant, buvant du thé dans des services d'or, d'argent et de pierres précieuses et dégustant des douceurs inconnues et qui semblaient appeler la jeune fille.
L'air était empli d'une douce musique provenant d'un groupe qui jouait dans un coin. Une Sidhe assise sur un trépied recouvert d'un coussin cramoisi jouait de la harpe en chantant des airs dans une langue inconnue d'Hermione. Les mots semblaient liquides et impossibles à prononcer avec une voix humaine. Ils formaient comme un dessin qui s'imprimait dans la tête, une histoire d'amour et de magie. Son instrument lui-même était un objet fantastique. C'était une harpe celtique d'un bois couleur miel finement sculpté en volutes gracieuses et incrusté de nacre irisé. Les cordes, aussi fines que des cheveux, semblaient émettre leur propre lumière qui se diffusait à chaque fois qu'elles vibraient.
Au fond de la pièce se trouvait un arbre, un arbre gigantesque dont les branches se perdaient dans la brume du plafond. Ses racines étaient enchevêtrées en des motifs complexes mais qui ne semblaient rien donner au hasard. Un trône était sculpté à la base du tronc. Non, pas sculpté. C'était plus comme si l'arbre avait poussé de façon à ce qu'apparaisse ce trône. Il était formé d'une large assise et de deux accoudoirs formés par des nœuds dans le bois. Ces nœuds remontaient ensuite et se ramifiaient pour former des motifs semblables à des nuages moutonneux le long du tronc.
Cependant, ni la salle, ni les nuages, ni la chanteuse, ni l'arbre ou le trône n'étaient ce qui attirait le plus l'œil d'Hermione. Non, c'était la femme sur le trône.
La Reine de la Lumière méritait bien son nom. En effet, tout chez elle semblait s'illuminer. Les Sidhes en générales étaient des êtres lumineux mais la Reine semblait irradier. Et sa beauté les éclipsait tous.
Elle portait une robe magnifique dont la vaste jupe occupait toute la large assise de son trône. On aurait dit qu'elle était faite de feuille mais pas du tout. Le tissu d'un vert vibrant et luisant était parcouru de broderies imitant le délicat tracé des nervures végétales. Des guirlandes de fleurs faites de satin et de perles parcourait l'ensemble et remontait jusqu'à son bustier droit dont le décolleté laissait entrevoir la naissance deux petits seins. Ses manches étaient attachés aux extrémités de son corsage, sous ses bras et laissaient ses épaules nues alors qu'elle recouvrait ses bras de taffetas liquide qui laissait à peine voir le bout de ses ongles.
Sa peau était d'une couleur crème solaire, lumineuse comme si elle produisait sa propre lumière. Ses épaules arrondies à la perfection formaient une courbe avec son cou gracile et sa gorge palpitante. Son visage formait un ovale parfait, d'une symétrie troublante. Il n'y avait pas le moindre angle dans ce visage, seulement des courbes gracieuses et douces.
Sur sa chevelure était posé une couronne d'or parsemé de fleurs, de vrais fleurs, fraîches, ouvertes, humides de rosée. Ses cheveux, eux, semblait vaporeuse, aérienne. L'or qui la composait semblait être fait de rayons de soleil. Ils formaient des vagues parfaites et régulières sans qu'un seul ne dépasse.
Ses lèvres ressemblaient à deux pétales de roses. Non seulement elles étaient fines et délicatement ourlés mais elles étaient d'un rose profond naturel et semblait scintiller comme si elles étaient perpétuellement humides. Les commissures se relevaient légèrement en un sourire à la fois charmant et engageant tout en restant d'une grande noblesse.
Et puis il y avait ses yeux. Deux grandes villes scintillantes au milieu de son visage. Légèrement plus grand que la normal, ils s'harmonisaient parfaitement avec le reste alors que ses longs cils clairs participaient à les rendre plus envoyant encore. Hermione avait vu de nombreuses couleurs d'iris sur son passage mais rien qui se rapprochait de ceux de la Reine. Ils semblaient faits d'or en fusion qui se pouvait lentement. Elle ne savait pas si c'était vraiment le cas, si les couleurs de ses iris bougeaient vraiment, mais c'était l'impression qu'elles donnaient.
À l'arrivée d'Hermione et les autres dans la salle, l'atmosphère ne changea pas. Certains convives les regardèrent mais sans montrer plus d'intérêt. La Reine, elle, ne se départait pas de son sourire et ses yeux étaient plongés droit dans ceux de la jeune fille. Elle ne semblait pas plus étonnée que cela de la voir.
Pourtant, Hermione détonnait dans ce décor. Une peau claire, des cheveux châtain foncé, des yeux noisette qui ne brillaient pas...sans compter son jean et son sweat-shirt à capuche déchirés et les coupures sur son visage et des mains. Mais non, la Reine ne semblait pas étonnée de la voir.
"Ô Étain, Reine parmi les Reines, Souveraine de l'Été, de la Lumière et des Illusion" dit alors Finbar sur un ton cérémonieux en s'inclinant. "Laissez-moi introduire auprès de vous sa Sainteté la Grande Prêtresse de Dana, notre bien aimée Déesse."
Hermione se rendit alors compte de quelque chose. À aucun moment elle ne leur avait donné son nom et à aucun moment ils ne lui avaient demandé. En fait, pour eux, c'était comme si seul la "Grande Prêtresse" était importante et qu'"Hermione Granger" ne l'était pas.
Le sourire de la Reine s'agrandit et elle leva les bras. Ses manches glissèrent, révélant deux mains fines aux ongles aussi luisant que du verre.
"Bienvenue, Très Sainte Prêtresse" dit-elle.
Sa voix était au diapason de son apparence. Fraîche, douce, posée. Elle inspirait confiance.
D'un simple mouvement de la main, elle invita Hermione à la rejoindre. Celle-ci délaissa la main de Finbar et s'avança. C'était plus fort qu'elle, elle sentait qu'elle n'avait rien à craindre et qu'elle pouvait faire confiance à cette femme. Plus encore, elle sentait qu'elle avait envie d'aller la voir, de lui parler.
Elle grimpa sur les racines jusqu'à arriver au niveau du trône. La Reine Étain lui présenta alors une racine qui ressortait plus que les autres et Hermione s'y assis. Dans cette position, elle était plus bas qu'elle et devait lever les yeux. Aussi proche d'elle, elle pouvait respirer son parfum de fleur et de soleil. C'était agréable. Elle avait envie de rester là pour toujours alors même que son instinct, tout au fond d'elle, lui criait de s'enfuir.
Tout en gardant le dos bien droit, la Reine se tourna vers Hermione. Elle tendit les mains et Hermione les prit. Elle frissonna. Elles étaient tellement douces. Comme du satin. Elle avait déjà touché des mains douces, celles de sa mère par exemple qu'elle gardait le plus douce possible avec de la cire d'abeille mais là c'était différent. C'était... indescriptible. Une main de marbre dans une gangue de soie et en même temps si chaude…
"Mon enfant" dit-elle avec son sourire. "C'est un plaisir de vous recevoir. Je vais m'assurer que vous ayez tout de dont vous pourriez rêver."
"Je...je dois aller…" balbutia Hermione qui avait dû mal à garder ses pensées claires.
Elle lâcha l'une des mains de la Reine et la passa sur ses yeux par dessous des lunettes.
"Oh ma pauvre enfant, vous devez être épuisée" dit la Reine sur un ton préoccupée. "Je sais que vous êtes pressée, mais rester un peu ne serait pas bien grave, n'est-ce pas ?"
"Non...je ne crois pas" dit Hermione.
Son esprit était tellement embrumé qu'elle ne remarqua pas que le sourire de la Reine était loin d'être joyeux. Il était plus...victorieux.
Elle se releva et, tenant toujours Hermione par la main, l'invita à faire de même et à la suivre. Celle-ci se laissa entraîner sans rechigner hors de la salle du trône puis au travers le Sithin. Les Sidhes présent avec eux s'étaient levés et avaient formé une procession derrière leur Souveraine. Ils continuaient à discuter, à manger et à rire et la harpiste continuait à chanter même si elle avait abandonné son instrument mais les autres musiciens continuaient à l'accompagner.
Sur leur passage, d'autres Sidhes venaient rejoindre leur cortège. Ils dansaient et s'amusaient. C'était comme une fête mobile pleine de chants et de rire, mais aussi de lumière et de magie.
Cependant Hermione ne voyait rien de tout cela. Son esprit était comme éteint. Mais ce n'était pas à cause de la fatigue.
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Assis dans les ombres de l'une des grottes du repaire des rebelles, Arthur écoutait ses amis Bâton Mouillé et Fesse d'huître lui faire un rapport sur la situation à Londinium. Dans un coin, le fils de Fesse d'Huitre, examinait Excalibur, inactive. Apparemment, tout le monde l'appelait juste le P'tit bleu. Derrière lui, dans l'ombre, Hariel écoutait et regardait.
Bâton Mouillé était un jeune homme sec et nerveux, le teint bistré et le visage mangé par une barre de trois jours. Fesse d'huître, lui, était plus petit avec une physionomie rondouillarde, châtain, avec une barbe inégale. Ils étaient calmes mais Hariel sentait leur nervosité.
« Qu'est-ce qu'ils ont fait à la maison » demanda Arthur d'une voix sombre.
« Tu veux vraiment savoir ? » Lui demanda Baron Mouillé, nerveux.
« Parlez » dit simplement le jeune homme.
« Il ne reste plus rien » dit Fesse d'huître. « Ils ont tout cramé. »
« Je vous ai dit de parler » répéta Arthur.
Ses deux amis se regardèrent. Fesse d'huître soupira.
« T'as de quoi être flatté mon gars » soupira-t-il. « Lord Mercie lui-même a quitté le château pour vous trouver toi et l'Épée. »
Hariel supposa que ce « Lord Mercie » devait être une sorte de connétable pour Vortigern.
« Œil de Jack à mouchardé et leur a donné une liste de tout ce qui t'étais cher » poursuivit Fesse d'huître. « Ils ont massacrés la moitié du quartier. John le Farceur s'est démené. Il a mis le feu au point lui-même. Une sacrée fiesta. »
Hariel avait déjà entendu parler d'Œil de Jack. Par contre pour ce « John » c'était une première. Encore une seule du Roi probablement.
« Je dois continuer ? »
« Il devient quoi le reste de la bande ? » reprit Arthur.
« La plupart des filles sont avec nous » dit alors Bâton Mouillé. « Mais le reste du groupe à eut un avant-goût de ta popularité et fait profil bas. »
Arthur ne dit rien mais Hariel pouvait comprendre sa douleur. Il tourna alors les yeux vers le plus jeune dans la pièce.
« Va nous chercher à boire, p'tit bleu » lui dit-il.
« Mais Patron ! Je fais presque partie de la bande ! » S'écria-t-il.
« P'tit bleu ! » S'exclama son père.
« Si j'y vais, elle aussi ! »
Hariel cligna des yeux en l'envoyant pointer son doigt sur lui. Arthur, lui ricana.
« J'ai vu cette « fille » comme tu dis, zigouiller des gardes en armure d'un seul coup. Crois-moi, tu ne fais pas le poids. »
P'tit bleu jeta à Hariel un regard stupéfait. Son père et l'autre ami d'Arthur également. Hariel eut un rictus et fit apparaître une flamme dans sa main puis jeta un long trait de feu jusque dans le foyer qui rugit. Il s'approcha ensuite du plus jeune et leva sa main toujours enflammée. Arrivée juste devant lui, il la leva devant son visage puis la referma, éteignant les flammes.
Rubio se précipita alors pour quitter la pièce. Cependant Fesse d'huître le retint au dernier moment pour récupérer Excalibur. Il jeta un regard nerveux à Hariel et garda l'épée près de lui.
De son côté, Arthur était très sombre, les mains croisées devant son visage renfrogné. Un bruissement se fit alors entendre et Nimueh entra dans la pièce. Sa seule présence semblait éclairer les lieux. Elle s'approcha d'Arthur et posa sa main sur son épaule.
« Je n'ai pas besoin d'aide » cria-t-il en se dégageant.
Nimueh le fixa alors avec un regard sévère. Arthur baissa la tête, contrit. Nimueh sourit à nouveau puis passa sa main sur sa joue. Arthur posa alors la sienne par-dessus, puis la prit et l'embrassa. Il se rapprocha ensuite du feu et se mit à observer les flammes.
« Je vais le tuer » dit-il.
Personne n'avait le moindre doute sur l'identité de la personne.
« Ils rêvent que de ça ici » dit Fesse d'huître. « Ils rêvent de t'entendre dire ça comme ils devaient rêver que quelqu'un retire cette foutue épée. »
« Sauf que si je le fais, c'est pas pour eux. »
« Et alors ? Demanda Hariel du fond de la pièce. « Tant que le travail est fait… »
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Il était trop tard pour faire quoi que ce soit ce jour-là. C'est pour cela qu'un conseil fut organisé seulement le lendemain. Étaient présent les Culottes Noires, les quatre Magiciens et la bande d'Arthur.
Arthur lui-même était assis en bout de table, sur un large fauteuil recouvert de peau de mouton. Il commença la réunion par les présentations des différentes factions avant de rentrer dans le vif du sujet.
« Bon, vous croyez pouvoir renverser Vortigern ? » Dit-il.
Il y eut un moment de silence avant que Bill Graisse d'Oie ne prenne la parole.
« Il y a dans le pays douze Barons qui représentent les vieilles familles d'Angleterre » dit-il. « Ensemble ils peuvent lever douze mille guerriers. »
Les Barons dont il parlait devaient être des seigneurs féodaux. Soumis à la couronne ils avaient tout de même une indépendance qui leur permettait une gestion quasi-totale de leur domaine.
« Si on veut avoir la moindre chance, il faudrait avoir le soutient tout le moins d'une partie d'entre eux. »
Un garçon, à peine plus âgé qu'Hariel intervint alors.
« On peut organiser une rencontre avec six de ces familles et… »
« Je vous interrompt tout de suite » dit alors Arthur.
Il se pencha sur son siège et appuya ses coudes sur la table devant lui.
« Si vous permettez, je vais vous d'écrire la scène telle que je crois qu'elle va se dérouler. Ils commenceront en nous disant qu'une telle action nécessitera une stratégie et donc un meneur d'homme avant de nous bassiner pendant des heures sur leur intelligence et leur instruction. »
Hariel ricana. Un véritable meneur d'homme n'était pas forcément le plus intelligent ou le plus instruit. C'était celui qui arrivait à rassembler les gens autour de lui et à s'entourer de ceux ayant l'intelligence et l'instruction nécessaire pour l'aider à diriger.
« Sans oublier de souligner que ce n'est pas mon cas » reprit Arthur. « Puis, ils vont lancer des vannes et je vais devoir leur mettre le nez dedans et leur dire que c'est une bande de sans couilles. »
Bedivere soupira et secoua la tête.
« Merci pour cette démonstration » dit alors Arthur en montrant l'homme. « Parce que c'est exactement la réaction que je suis sûr que tu aurais avant de me gronder en me demandant ce que j'aurais fait s'ils avaient voulu se battre, ce à quoi je répondrais que je ne me battrais pas et tu répliquerais en me demandant ce qu'on fait maintenant. Et c'est là que je te dirais : « je sais pas, à toi de voir aristo de mes deux ! ». »
Hariel se retint de ricaner de peur de briser le silence soudain. Cependant, il out voir les lèvres de Bedivere se relever légèrement.
« Écoutez » reprit une nouvelle fois Arthur. « Si on veut faire sortir Vortigern de sa citadelle et le faire se pointer à Londinium, il faut l'asticoter. On a pas besoin de douze mille guerriers pour ça. On a juste besoin de cette bande de va-nu-pieds. »
Hariel sourit. S'il comprenait bien, ce qu'il proposait, c'était un système de guérilla. Des attaques courtes, imprévisibles, visant à faire un maximum de dégâts en peu de temps avant de disparaitre. C'était d'avantage une guerre d'usure mais ça fonctionnait quand on avait peu d'effectifs.
« Et comment ça va marcher ? » Demanda Bedivere.
« Qu'est-ce que Vortigern désire plus que tout au monde » demanda-t-il.
« Te tuer » répondit une majorité des personnes présentes.
« Mais à part ça ? »
« Récupérer l'épée. »
« Y'a personne qu'à le bon cœur de m'aider. »
« Finir sa Tour » répondirent alors les quatre Magiciens.
Arthur sourit.
« Eh ben voilà ! »
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Au final, c'était tout aussi facile à faire qu'à dire. En effet, pour empêcher qu'une tour soit fini, il fallait soit empêcher l'arrivée de pierre, soit l'arrivée de nouvelle main d'œuvre…ou les deux.
Pour les pierres, c'était facile. Ils savaient où se trouvaient les carrières, ce qu'il fallait faire c'était détourner les barges et les couler afin qu'elles bloquent le fleuve. La première partie avait été facile. Les ouvriers et les gardes à bord ne s'attendaient pas à être attaqués. Ma seconde partie du plan fut un peu plus problématique mais ça c'était de la faute d'Hariel et Eleanor.
« Regarde l'artiste » dit le jeune Démon en faisant craquer ses doigts.
Ils se trouvaient sur la berge à proximité des bateaux qui avaient été posés au milieu de la Tamise. Eleanor, à côté de lui se tenait droite, les bras croisés alors que les hommes qui les avaient accompagnés, à savoir Bedivere, Fesse d'huître et John, attendait derrière. Assez loin derrière en fait.
Hariel tendit les mains vers l'eau et en fit émerger une énorme sphère. Il commença à la comprimer en même temps que des bulles apparaissaient à l'intérieur. À mesure que l'eau bouillait et disparaissait, la sphère rétrécissait de plus en plus. Finalement, Hariel se trouva face à une sphère quasi transparente de la taille d'un melon.
« En avant, BLEVE ! » S'écria-t-il en lançant la sphère droit sur les bateaux.
« Tu es obligé de crier le nom de ton attaque ? C'est parfaitement inutile » grogna Eleanor.
« Je te signale que tu fais pareil. »
« Parce que moi, j'ai seulement une reconnaissance vocale. Si je pouvais faire autrement, crois-moi, je le ferais ! »
Ils étaient encore en train de se disputer quand la bombe de vapeur sous pression se brisa et explosa. Distraitement, Hariel dressa une barrière devant eux pour éviter le souffle et les débris sans cesser de dire sa façon de penser à son amie ce n'était pas parce qu'ils s'étaient réconciliés qu'ils allaient arrêter de se prendre le bec.
Finalement, le souffle de calma et Hariel regarda son œuvre avec fierté.
« Le but ce n'était pas seulement de détruire les barges » s'exclama alors Bedivere depuis sa cachette. « C'était aussi d'utiliser leurs épaves pour bloquer le fleuve. »
En effet l'explosion avait été si violente que les cibles avaient été éparpillés un peu partout sauf dans le fleuve.
« Looser ! » Ricana Eleanor.
« Essai de faire mieux, toi ! » S'exclama Hariel.
« Je vais me gêner. »
Elle fit apparaître son gantelet et le pointa en l'air. Aussitôt, un cercle magique apparut sous eux. Il couvrait une large surface sur et autour de la rivière. Les planches et les graviers éparpillés par le souffle se rassemblèrent pour reformer les bateaux de transport à leur emplacement initial.
« Maintenant, toi, admire » dit Eleanor.
Elle pointa cette fois son gantelet directement sur les bateaux et lança un sort. Malheureusement, soit son sort était trop puissant, soit elle s'était emportée car les bateaux furent aussitôt réduits en poussière.
« Ah ben bravo Miss Je-me-la-pète-mais-je-fais-pas-mieux » dit Hariel. « Je t'ai dit de laisser faire les pros. »
Il claqua des doigts et à nouveaux, les barges se retrouvèrent au milieu du fleuve. Entières.
« Et alors, qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda Arthur une fois qu'ils furent de retour.
« John à fait quelque chose de suicidaire » ricana Fesse d'huître. « Il s'est interposé. »
« Et il est encore en vie ? Impressionnant » dit Arthur sur un ton ironique en regardant les deux Magiciens.
Eleanor roula des yeux, raide, alors qu'Hariel souriait d'un air gêné.
« Finalement j'ai juste glissé une cale en bois entre deux planches de la coque depuis la cale et je l'ai enfoncé avec un maillet pour faire rentrer l'eau. »
« Comme quoi c'est bon d'avoir de l'éducation » dit Arthur. « Mais pas trop. »
L'étape suivante consistait à priver le chantier de ses ouvriers en bloquant les nouveaux arrivages. Autrement dit, libérer les esclaves.
« Les esclaves ! » S'était écrié Eleanor outrée.
Elle l'avait été encore plus quand elle avait vu l'âge de certains. Pas plus de douze ou treize ans. Ils n'avaient sûrement pas la force de travailler sur un chantier ni l'endurance de tenir jusqu'à ce qu'ils l'obtiennent.
Comme les Culottes Noirs connaissaient les couloirs de distribution, il leur était facile de tendre des embuscades. C'était en tous les cas un vrai bonheur de voir ces enfants reprendre espoir.
« Ils sont tellement mignons » dit Nimueh en les voyant. « Et si on les adoptait ? »
« Quoi, tous ? » S'étouffa Arthur.
En tous les cas, à présent, les travaux de la Tour étaient bien ralentis, presque à l'arrêt. Cependant il fallait encore trouver quelque chose pour bien mettre Vortigern en rogne.
« Allez, décochez vos idées ! » S'exclama Arthur.
« Brûler son palais préféré » dit alors l'une des prostitués rescapés de l'incendie du bordel.
« Ah ouais ? » Demanda Bâton Mouillé. « Comment on ferait ? »
« Je connais le fournisseur en alcool du palais » dit-elle tout simplement.
Quelques jours plus tard, le 1er Août, Arthur et ses amis accompagnés d'Hariel et Eleanor étaient debout sur l'un des toits de la ville à regarder l'incendie. Ils s'étaient introduits à l'intérieur avec le chariot du fournisseur puis avaient utilisés l'alcool pour mettre le feu au bâtiment.
« N'empêche, c'est du gâchis de brandy » grogna Fesse d'huître.
Arthur plongea son verre dans le tonnelet qu'ils avaient gardés et le porta à ses lèvres.
« Moi je trouve qu'il brûle agréablement le palais » dit-il avant de ricaner à son jeu de mot.
« 'Lenor, laisse-moi goûter ! » S'exclama Hariel en lorgnant le verre de son amie.
« Non, tu es mineur » dit-elle avant de vider son propre verre.
Est-ce que l'incendie était la goutte d'eau qui fit déborder le vase ou alors est-ce que les rumeurs qui disaient que l'alliance de Vortigern avec les Vikings était mis en péril par la simple rumeur d'Excalibur et de son Porteur ? Personne ne le su vraiment, toujours est-il qu'un messager arriva peu après au refuge des Culotte Noire.
Il s'agissait d'une femme, Maggie, la suivante de la fille de Vortigern et leur espionne au Palais. Bedivere lui avait dit de ne jamais venir mais la nouvelle était d'importance. Vortigern allait venir à Londinium parler aux barons, ceux dont il n'était pas sûr de la loyauté, ceux que le chef de la résistance voulait faire rencontrer à Arthur de prime abord.
C'était leur chance.
0o0o0
Dean se réveilla plusieurs fois cette nuit-là. Mais à chaque fois la fièvre le faisait replonger dans un état comateux. Tout ce qu'il pouvait dire, c'est qu'il n'était plus dans le désert. Non, il se trouvait dans une pièce avec quelqu'un. Il ne savait pas qui. Il n'arrivait à voir qu'une silhouette indistincte.
Mais la fièvre n'était pas la seule chose qui le faisait délirer. La douleur aussi. Il la sentait au travers de tout son corps. Elle s'insinuait en lui tel un poison violent. Des spasmes erratiques le traversait par moment, le faisant se cabrer brusquement et retomber sur sa couche. C'était seulement entre ces crises qu'il arrivait à fermer les yeux mais c'était seulement pour se retrouver dans un coma emplit d'images incertaines qu'il n'arrivait pas à comprendre et encore moins à se rappeler.
À postériori, il dirait qu'il avait seulement le souvenir de flash brefs et rapides. Il avait vu des villes faites de très hautes tours, des gens avec d'étranges habits blancs, des éclats de lumière...il avait senti la paix et aussi le tumulte, il n'était pas sûr.
Finalement, il réussit à vraiment s'endormir qu'aux petites heures du matin et c'est le soleil de l'après-midi qui le réveilla. La fièvre était tombée mais il avait encore mal à la tête. Son corps était endolori mais cela n'avait rien à voir avec la douleur atroce qu'il se souvenait avoir ressenti.
Regardant autour de lui, il vit qu'il se trouvait dans ce qui semblait être une petite habitation en terre rouge orangé dont les murs reposait sur la terre battue. Il se trouvait allongé sur une paillasse recouverte d'un tapis décoré multicolore et était recouvert de fourrures. Il n'y avait pas grand-chose autour de lui à part quelques coffres en voient brut et, dans un coin, une sorte de cheminée ou de foyer pour faire la cuisine. Il n'y avait pour autre meublé qu'une petite table basse sur laquelle était posée des couteaux, des feuilles, petites et longues, des baies, des touffes de laine ainsi qu'un récipient de pierre avec un morceau de bois taillé à l'intérieur, un mortier et un pilon. Il y avait une ouverture carrée en hauteur qui servait de fenêtre et une autre, plus grande, en guise de porte. Cette dernière était fermée par un store de lamelles végétales cousues ensembles.
Dean reposa sa tête sur le tressage rempli de plume qui servait d'oreiller et regarda le plafond. Des dizaines de plantes séchés et de venaisons pendaient du plafond. L'odeur qui s'en dégageait était d'ailleurs assez forte.
Dean resta quelques instants sans bouger en essayant de se rappeler ce qui s'était passé. Il y avait vu la tempête arriver sur lui et heurter son bouclier dressé à la va vite et faiblement construit. Bien évidemment, cela n'avait pas tenu. Ensuite...et bien ensuite il ne se souvenait pas vraiment. Juste qu'il avait eu eut très peur et que la douleur avait été terrible. Ensuite, il s'était réveillé une première fois et s'était débattit alors que la silhouette essayait de le maintenir sur la paillasse pour...pour faire quoi au fait ? Au vu du nécessaire de soin sur la petite table et du fait qu'il n'avait plus vraiment mal, il dirait que l'homme l'avait soigné.
Malgré tout, Dean était tout de même assez ankylosé et la seule chose qu'il désirait pour le moment c'était s'étirer un peu. Il leva donc les bras mais alors qu'il les plaçait au-dessus de sa tête, une douleur lui traversa le dos. C'était comme un choc violent, une lame qui aurait plongé en lui, pire encore que la douleur qu'il avait ressenti lors du combat contre le chevalier.
Il cria.
Il y eut alors un vacarme à l'extérieur. Le store de la porte s'écarta et un homme entra dans la pièce. Il se précipita vers Dean et s'agenouilla près de lui.
"Où as-tu mal ?" Lui demanda-t-il.
Sur le coup, Dean ne se rendit même pas compte qu'il parlait la même langue que lui alors qu'il se trouvait à des années-lumière de sa planète. Il désigna seulement son dos. Sans ménagement, l'homme le força à se mettre sur le ventre. Dean grogna alors que la douleur revenait. La tête sur le côté, il vit l'homme se diriger vers un coffre et y prendre quelque chose avant de revenir vers lui.
Le jeune homme resta immobile pour laisser l'homme agir. Peu à peu, la douleur qu'il avait ressentie se calma à cause de son état fixe mais il sentait encore comme une pointe vive le traverser de part en part. L'homme de son côté ne semblait pas décidé à le toucher ou à faire quelque chose.
Soudain, Dean sentit quelque chose. Mais ce n'était pas le contact de la peau. C'était une sorte de frisson, comme si un léger courent électrique passait à travers son corps. Il avait déjà ressenti le même type de sensation avec la Magie Pure. Pourtant c'était légèrement différent. Dean n'aurait pas dû dire comment, mais il savait que ce n'était pas de la magie. En tous les cas, la douleur se mit rapidement à refluer jusqu'à ce qu'il ne sente plus que ses muscles lourds d'être restés longtemps allongé.
"Reste couché, enfant stupide" grogna l'homme en aidant Dean à se remettre sur le dos.
Sa voix était rocailleuse et sèche. Un peu désagréable, elle donnait l'impression de quelqu'un qui se retenait de se montrer chaleureux.
Une fois réinstallé, Dean pu donc le voir un peu mieux. Il se rendit compte qu'il s'agissait d'un très vieil homme à la peau presque aussi sombre que la sienne mais tannée par le soleil. Il portait une épaisse barbe blanche bouclée qui lui arrivé au bas du cou et qui mangeait presque la totalité de son visage ridé et sec comme un vieux fruit. Un turban de toile grossière et de corde de chanvre mangeait la moitié de son front mais ne parvenait pas à dissimuler ses sourcils froncés surmontant deux yeux extraordinairement clairs, presque ocre.
Il portait ce qui semblait être une vieille chemise de toile clair avec, par dessous, un manteau fait d'une épaisse pièce d'étoffes foncée en laine dans laquelle il était enveloppé et qui était maintenue par une ceinture de tissu usé. La chemise descendait jusqu'à mi-cuisse et laissait voir ses deux jambes maigres et légèrement arquées ainsi que ses pieds nus à la peau sèche et aux ongles abîmés.
L'homme se dirigea à nouveau vers son coffre et y plaça l'objet qu'il y avait pris et qui était sans doute à l'origine des frissons ainsi que de la guérison de Dean. Puis il revint vers le jeune homme et s'assit en tailleur juste à côté de lui. Celui-ci attendit qu'il parle mais il ne semblait pas décidé donc il décida de prendre la parole.
"Merci pour...juste merci" dit-il en préambule.
L'homme ne fit que grogner sans dire un mot. Dean attendit encore quelques instants mais comme il ne disait toujours rien, il continua.
"Je...Qu'est ce qui s'est passé ? Où suis-je ?"
"Ici c'est le village des Insoumis" répondit l'homme. "Tu as été recraché par la tempête qui entoure l'oasis parfois."
"Recraché ?"
L'homme haussa les épaules, peu décidé à développer ce point particulier.
"Je t'ai trouvé et je t'ai amené ici. Tu étais blessé" ajouta-t-il comme pour se justifier.
"C'était...c'était grave ?" Demanda Dean.
Il avait ressenti la douleur, là-bas dans la tempête et aussi durant son délire. Il l'avait même ressenti quelques instants auparavant. Il voulait savoir ce qui lui était arrivé.
"La tempête t'as bien secoué dans tous les sens. Tu as dû heurter des rochers. Les os de tes jambes étaient brisés, quelques côtés, ton dos...et tu avais de blessures un peu partout" grogna l'homme en désignant une à une les parties qui avaient été blessés.
Dean leva ses bras pour les regarder. Il n'y avait aucune trace de blessures, seulement quelques fines cicatrices un peu plus claires mais à peine visibles. Il repoussa les couvertures et regarda son torse. À nouveau il n'y avait pas de trace d'une quelconque blessure. Il tata même prudemment ses côtes pour vérifier qu'elles étaient toutes intactes. Elles l'étaient. Il n'avait même pas mal.
L'homme repoussa sa main et remonta sa couverture.
"Il fait que tu restes au lit encore un peu."
"Quand...quand m'avez-vous trouvé ? demanda alors Dean.
Pour que ses blessures soient ainsi guéries il devait être dans le coma depuis…
"C'était hier soir" dit l'homme. "Je t'ai soigné toute la nuit."
"H.. hier…" balbutia Dean.
Alors comment avait-il pu… la magie. Il ne voyait que ça. Sa puissante magie devait avoir accéléré sa guérison. Pourtant c'était étrange. L'homme ne semblait trouver étrange cette guérison rapide. Le regard qu'il posait sur lui était renfrogné mais ni haineux, ni suspicieux. Dean préféra donc laisser ce sujet de côté.
Certes il se trouvait sur une autre planète au-delà de la juridiction du Ministère anglais ou même de quelqu'autre Ministère mais il préférait garder sa magie cachée. Il ne savait pas qu'elle réaction pouvait avoir les gens. Si l'homme qui l'avait recueilli ne posait pas de questions, alors il ne chercherait pas à en dire plus.
Le silence se réinstalla alors dans la petite habitation. Dean regardait partout autour mais évitait soigneusement de regarder l'homme qui, il le savait, continuait à le regarder. Au bout d'un moment, il se rendit compte qu'il ne connaissait même pas son nom…ni lui le sien.
"Au... au fait" dit-il. "Je m'appelle Dean."
L'homme ne dit rien pendant quelques instants avant de répondre.
"Ahiram" dit-il en grognant.
"Enchanté" lui répondit le jeune garçon.
Il voulut se redresser mais Ahiram lui posa doucement mais fermement la main sur l'épaule et le força à se recoucher.
"Tu dois encore te reposer" dit-il d'un ton ferme.
Dean reconnaissait ce ton. Il avait déjà entendu Mme Pomfresh l'utiliser à l'école. C'était le ton sans appel d'un médecin à son patient. Le jeune Magicien resta donc allongé sur la paillasse et le silence se réinstalla. Dean, gêné, essaya de poser des questions pour alimenter la conversation mais sois le vieil homme répondait par des grognements, sois il ne répondait pas du tout. Finalement, le plus jeune cessa de parler et, sans s'en rendre compte, se rendormit.
0o0o0
Trois jours. Ils avaient trois jours pour monter un plan.
Le déroulement de la réunion de Vortigern était simple, il arrivait en barge et allait rencontrer les barons sur la place du port. C'était un vaste espace entouré de bâtiments haut, idéal pour une embuscade. Un peu trop peut-être au goût d'Hariel.
Déjà, l'arrivée du Messager était étrange. Il ne doutait pas de Maggy elle-même mais il trouvait la coïncidence bien trop étrange. Pourquoi Vortigern discuterait de ses affaires devant sa fille et surtout devant la demoiselle de compagnie de celle-ci ? Et puis il y avait le lieu de la rencontre. Sur un port, sur une place ouverte entourée de bâtiments haut ? C'était bien trop beau pour être vrai. Et idiot de la part de Vortigern qui jusque-là semblait s'être montré assez malin.
Cependant, Hariel garda ses préoccupations pour lui. Ce n'était pas le moment.
Toujours est-il qu'il fallait déjà trouver un lieu d'où tirer. Il y avait bien un emplacement idéal mais il serait difficile de s'y introduire et personne ne les autoriserait à le faire. Il y avait bien un autre bâtiment mais la distance aurait été plus grande. Au moins 175m. En tirant avec un arc ça faisait assez loin.
« Jusqu'où vous pouvez tirer ? » Demanda Bedivere.
« Moi je peux aller jusqu'à 75… » dit prudemment Fesse d'huître.
« Moi aussi » dit Bill Graisse d'Oie.
« Et moi aussi, je peux le faire » intervint Bâton Mouillé.
« Les 175 mètres ? » Demanda Bedivere.
Baron Mouillé cligna des yeux. Il n'avait pas tout suivi.
« Une fois j'ai fait 300 mètres » intervint alors Eleanor.
Tout le monde se retourna vers elle.
« Avec un tir de Magie, il me suffit d'avoir les coordonnées et théoriquement ma portée est infinie. »
« Il vaudrait mieux éviter pour le moment » intervint Morgane. « Vortigern ignore qu'il y a des Mages dans le groupe. S'il le savait, il pourrait utiliser ses propres pouvoirs et avec la montée de la Tour, il est de plus en plus puissant. »
« On va éviter alors » dit Arthur.
Finalement, avec un arc long, Bill Graisse d'Oie pouvait atteindre la bonne distance. C'était toujours ça de réglé. Maintenant, ce qu'il fallait étudier, c'était la stratégie de sortie.
Dès que la flèche aurait été décochée, l'alerte serait donnée et dans les deux minutes, des signaux seraient envoyés pour fermer toutes les portes. Or, elles se trouvaient à plus de six minutes même sur des chevaux rapides. Une nouvelle fois, la magie ne pouvait pas les aider. Détruire les portes serait trop voyant et même la téléportation laisserait des traces que Vortigern (si l'attentat échouait) ou le Démon sentirait. Trop risqué.
L'autre solution était de passer par un passage secret sous une taverne, Aux Queues Dressées de Coqs. Mais elle grouillait de garde. Difficile. Le seul moyen était d'endormir tout le monde, chose facile à faire quand on avait les bonnes herbes sous la main.
0o0o0
Trois jours piles.
La veille, ils avaient pénétré en ville afin de faire les dernières vérifications et répéter les actions du lendemain. Ils étaient ensuite allés dormir dans le grenier du bâtiment duquel ils comptaient tirer afin d'être prêt.
Bill Graisse d'Oie était présent, bien sûr, puisque c'était lui qui devrait tirer. Ensuite il y avait Bedivere et Arthur et enfin Hariel et Eleanor. Cette dernière était chargée de la Surveillance. Lors de vérifications de la veille, elle avait dispersé des caméras magiques un peu partout dans la ville afin d'observer les accès et les patrouilles de gardes. Debout au fond du grenier, elle était entourée de nombreux écrans flottants qu'elle observait l'un après l'autre. C'était un risque mais Hariel avait émis l'hypothèse que la magie d'Eleanor était trop exotique pour être sentie.
« Une calèche fermée est arrivée » dit-elle. « Un homme en descend. La quarantaine, cheveux poivres et seuls coiffé en arrière, barbe courte bien taillée, armure noire. »
« Mercie » dit simplement Bedivere en reconnaissant l'homme sur les écrans.
Il s'était penché sur l'épaule d'Eleanor afin de voir. Si la jeune femme l'avait remarqué alors elle n'en dit rien. De son côté, Hariel vit Bill préparer une flèche et bander son arc.
« Euh…tu fais quoi ? » Demanda le jeune Démon.
« Je m'entraîne juste à viser » répondit l'homme avec un rictus.
« Arrête ça c'est pas le moment » soupira Bedivere en se tournant vers lui.
« Il y a une info que j'ignore ? » Demanda Arthur.
« Juste un contentieux personnel »
Le chef de résistants jeta alors un œil par la fenêtre.
« Barge en approche » dit-il.
Hariel se dirigea alors vers Eleanor.
« Tu as bien mit une caméra dans le coin ? » Demanda-t-il.
Elle lui montra un écran sur le côté.
« Reste centrée sur la barge puis sur Vortigern. Il faut qu'on voie son visage. »
« Tu soupçonne un piège ? »
« C'était trop facile. »
Apparemment, Arthur pensait la même chose car il demanda à Bill Graisse d'Oie de baisser son arme.
« Ça pue » dit-il, « je le sens. »
« Ça ne sentira jamais la rose comme maintenant » le contredit Bedivere. « Bill, fait le ! »
« Non ! » S'écria Hariel. « Attendez ! »
L'homme qui portait la couronne était de dos mais sa gestuelle ne le trompait pas ça ne pouvait pas être le roi. Mais il devait en être sûr.
« 'Lenor, prends le contrôle de la caméra et fait un 180 sur lui. »
« Ça marche » dit la jeune femme en se concentrant.
Hariel vit l'image se déplacer e toi enfin voir le visage de l'homme.
« Ce n'est pas Vortigern » dit-il. « On décroche ! »
« Ce n'est peut-être pas le Roi mais il y a toujours Lord Mercie » dit alors Bill Graisse d'Oie.
« Non ! » S'exclama Bedivere. « Ne fais pas ça ! »
Mais c'était trop tard. Marcher avait déjà décoché sa flèche. Celle-ci fila comme le vent en direction de l'homme en armure noire…et se ficha dans son dos.
« Tu l'as raté ! » S'exclama Bedivere.
« Tu crois ? » Demanda Bill Graisse d'Oie avec un sourire mauvais.
« La flèche n'a fait que le frôler » dit Eleanor. « Attendez…il titube. »
Sur l'écran, Lord Mercie chancela avant de s'effondrer sur le sol. Hariel avait bien vu l'entaille sur la joue de l'homme. Il n'aurait pas dû en mourir à moins que.. que la pointe de la flèche ait été trempé dans du poison.
Malheureusement, il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus car déjà des bruits s'étaient fait entendre à l'extérieur. Des flèches munis d'explosifs avaient été lancé en l'air pour envoyer le signal.
« Restez calme » dit nonchalamment Bill Graisse d'Oie. « Ils ne savent pas d'où ça a été tiré. »
Hariel lui fit les gros yeux. Tout ce qu'il espérait c'est qu'il n'y ait pas un spécialiste en balistique là en bas. Mais heureusement également, la panique était trop grande. Des hommes à eux dont les amis d'Arthur étaient chargés d'exciter la foule afin de provoquer une cohue tandis que d'autres archers arrosaient la place depuis d'autres bâtiments.
« Il faut y aller tout de suite ! » s'exclama Arthur.
Rapidement, Eleanor remonta la capuche de sa cape pour dissimuler son casque. Elle fit disparaitre les écrans qui n'étaient à présents plus visible que pour elle au travers des lunettes de visées. Elle s'engagea avec les trois hommes et Hariel ferma la marche.
Ils sortirent tranquillement du bâtiment pour éviter de se faire remarquer. Bâton Mouillé et Fesse d'huître les attendaient au coin de la rue. Ils avancèrent d'un pas calme en regardant à peine autour d'eux. À peine regardèrent-ils Perceval et Rubio qui se trouvaient sur le passage, l'air de rien.
« Patrouille droit devant » dit Eleanor à voix basse. « Ils fouillent les gens.
Malheureusement ils ne pouvaient plus changer de direction ou faire demi-tour. Arthur s'avança nonchalamment prêt à se laisser fouiller. Il ne risquait pas grand-chose. Ce n'était pas l'épée qu'ils cherchaient mais un arc ou tout autre chose étrange. À cause de ça, Bill et Eleanor devaient passer sur le côté pendant que les gardes s'occupaient des autres mais ils les remarquèrent tout de même. Alors que l'un des hommes s'approchait d'Eleanor, Bedivere intervint et en cogna un autre afin que leur attention se tournent tous vers lui.
Ce fut alors la débandade. Alors que tous se mettaient à se battre, des renforts de gardes arrivèrent seulement pour se faire prendre en tenaille par d'autres résistants. Cette fois les épées étaient sortis et les cadavres commencèrent à tomber. Dans l'échauffourée, Fesse d'huître réussit à tuer son adversaire non sans que celui-ci le blessé légèrement à l'abdomen.
Une autre explosion. Ils levèrent les yeux et virent un nouveau signal dans le ciel. Quelqu'un avait donné l'alerte. Ils devaient à présent courir, ils n'avaient plus le choix.
« On y va ! » S'écria Arthur.
Bâton Mouillé se tourna alors vers Fesse d'huître qui avait la main sur sa blessure.
« Je vais vous regardez, partez devant » dit ce dernier.
« Je te laisse pas ici ! » S'exclama Bâton Mouillé.
« Dépêche-toi ! Je vous rejoins après ! »
Baron Mouillé regarda le groupe qui s'éloignait puis son ami. Soudain, un garde isolé apparut au croisement et fonça sur eux. Mais alors qu'il allait les frapper de son épée, quelque chose de Loire les frôla et se planta dans sa poitrine, le jetant en arrière. Hariel passa entre les deux hommes et récupéra son épée avant de la tendre à Fesse d'huître.
« Prends ça » dit-il. « Ça te sera utile. »
« Mais et toi ? »
Pour toute réponse, le jeune Démon dit apparaître deux poignards du même métal que son épée entre ses mains.
« Ça ira » dit-il. « Par contre évite de me la perdre, elle est relativement neuve. »
Fesse d'huître hocha la tête. Hariel prit alors Bâton Mouillé par le bras et le tira pour rattraper les autres. Ils les rejoignirent finalement aux alentours des quais. Où ils se mirent à sauter de barque en barque pour semer les gardes qui les poursuivaient. Ils rejoignirent rapidement la terre ferme et se remirent à courir.
Arthur ouvrait la marche et les menait à travers de petites venelles. Elles étaient tellement pleines de monde qu'ils devaient pousser les badauds pour avancer. Dans leur dos ils entendaient les gardes mais aussi les explosions des signaux qui donnait leur position exacte. Les venelles étaient si petites que le système d'Eleanor ne servait plus à rien. Ils avançaient à présent à l'aveugle.
Soudain, une patrouille leur coupa la route. Grâce à leur vitesse ils réussirent à se frayer un passage mais Rubio n'eut pas le temps de se protéger qu'un garde lui planta un poignard dans le ventre. Rapidement, Arthur assomma son agresseur puis le releva avant de suivre les autres.
Avisant une galerie, Perceval les fit passer en dessous avant de fracturer une porte pour les faire entrer dans un bâtiment. Eleanor passa en dernier et jeta un sort sur la porte pour la réparer et la bloquer. Ils devaient pouvoir souffler un peu.
« On va pas pouvoir rester ici longtemps » dit Bedivere.
« Où est Fessé d'huître ? » Demanda Arthur.
« Il est resté en arrière et à prit un autre chemin » répondit Bâton Mouillé.
« Et Rubio ? »
« Il a une fuite » dit Perceval penché sur lui. « Ça à l'air grave. »
« Écarte-toi » dit Eleanor.
Elle s'agenouilla à côté du jeune homme et posa sa main sur sa blessure. Celle-ci s'illumina de vert.
« C'est trop lent… » dit-elle, les dents serrées.
« Occupe-toi juste de réparer les organes, je vais arrêter le sang. »
Il prit un bâton au sol et le mot entre les dents de Rubio.
« Mords ça très fort » lui dit-il.
Il fit ensuite apparaître des flammes dans son autre main et les appliqua sur la plaie. Rubio poussa un cri étouffé et une odeur de chaire brûlée s'éleva dans les airs alors que le jeune Démon cautérisait la plaie.
« Dire que j'ai lu des dizaines de livres de médecine et que je dois me contenter de ça » grogna-t-il.
« Il va s'en sortir ? » Demanda Bedivere.
« Oui, mais pour le moment ça va être difficile pour lui de marcher. Je vais le porter. »
« Tu es sûr ? » demanda Arthur.
« Je suis plus fort qu'un humain normal, ça ira. »
En même temps il se maudissait. S'il possédait bien un don de voyance alors il l'avait laissé tomber quand il l'avait force à faire ses bagages. Quand il avait vu le coffre de Maugrey à la fin de son année scolaire, il s'était dit que c'était amusant mais inutile vu qu'il pouvait ranger n'importe quel objet dans sa dimension de poche. Maintenant il regrettait de ne pas en avoir un car il allait devoir s'encombrer de Rubio. Il n'y avait pas d'air dans sa dimension d empoche si bien qu'aucun être vivant ne pouvait y rester sauf s'il se trouvait dans un conteneur.
Ils ressortirent ensuite du bâtiment où il se trouvaient et se retrouvèrent sur une grande artère. Immédiatement, ils durent se battre contre de nouveaux gardes avant de voir qu'ils pullulaient. Ils retournèrent dans les petites rues et arrivèrent dans un cul-de-sac. Ils commencèrent à grimper et Hariel sortit rapidement ses ailes pour se rendre au sommet, toujours en portant Rubio qui gémit.
Les gardes étaient déjà dans leur dos et bandaient leurs arcs. Hariel tira les retardataires et Eleanor fit un geste de sa main qui renversa leurs ennemis. Ils se mirent à courir sur le toit puis, arrivé à une rue, sautèrent. Hariel y arriva sans problème. Eleanor également. Bill Graisse d'Oie faillit tomber mais il fut rattrapé. Ce ne fut pas le cas de Perceval, plus lourd, qui s'écrasa contre le mur et tomba au sol.
Aussitôt, des hommes se précipitèrent vers lui mais l'aidèrent à se relever. Arthur les fit descendre le bâtiment jusqu'à la rue et apostrophe un asiatique qui semblait être le chef de la bande.
« Content de te voir, George » lui dit-il.
L'homme hocha la tête puis fit passer le groupe par une porte avant de fermer la porte derrière eux. Ils se trouvaient à présent dans un gymnase ouvert, probablement celui du dénommé George qui avait appris à Arthur à se battre.
« Fait évacuer tes hommes par derrière » lui dit celui-ci.
« Ça ne risque pas » ricana le maître. « Ils préféreront botter les fesses des gardes. En plus la petite dame a dit que tu avais besoin de nous. «
« Quelle petite dame ? »
« Une brunette pas très grande. »
Ça devait être Morgane. Elle faisait également partie des troupes au sol et surveillait la scène avec ses propres pouvoirs. Elle avait dû les voir arriver.
« Peu importe ! » dit Arthur. « Vous ne pouvez pas rester, ils sont trop nombreux ! »
« Ouais ben ça risque pas, c'est toute leur vie ça ! »
« Ils vont mourir George ! »
« Archers ! » S'écria alors Hariel.
À son cri, l'un des hommes de George saura en l'air et à bâtir deux des gardes qui tentaient de les surprendre par les toits. Malheureusement un autre réussit à lancer sa flèche et toucha l'un des gladiateurs à l'omoplate. Hariel se préparait à riposter quand il sentit la magie de Morgane. Les arbres alentours se mirent à bruisser quand tous les corbeaux perches dessus s'envolèrent en même temps et se précipitèrent pour attaquer les gardes.
Pendant ce temps-là, Arthur et Bâton Mouillé avaient ouvert une sorte de bouche d'égout au fond du gymnase. Elle devait mener à l'extérieur.
« Bill, Bedivere, allez-y ! » Ordonna Arthur en leur désignant le trou. « On peut rejoindre le fleuve directement par-là. »
« Toi d'abord » dit Bill.
« On a pas le temps de discutailler ! »
« Certains s'en sortirent et d'autres non ! »
Mais pour ça il faut qu'il y en ait qui s'en sortent ! »
« Allez, après toi. »
Il dégaina son épée et se prépara à combattre.
« Allez, vous tous ! » Dit alors Arthur. « Descendez ! »
Mais tous les hommes présents secouèrent la tête.
« Non Patron, y'a trop de rats » dit quelqu'un.
« Et moi j'ai peur dans le noir » dit un autre.
« Sans rire » grogna Arthur. « George, tu peux pas leur dire toi ? »
« Désolé Patron » dit le chinois.
« Hariel ? Eleanor ? »
Eleanor eut un rictus et se vêtit de son armure complète. Hariel, lui s'approcha du trou et y descendit mais remonta presque aussitôt. Rubio n'était plus avec lui. Il sourit à Arthur et se mit en position de combat, ses dagues aux poings. À l'extérieur on pouvait entendre le bruit de dizaines d'épées qui sortaient de leur fourreau. La Garde avait reçu du renfort. Beaucoup de renfort. Les corbeaux continuaient à arriver mais ils ne seraient pas assez nombreux.
« Quel tas de bourriques ! » Pesta alors Arthur en retirant sa veste. « Vous tenez vraiment à mourir. »
Des bruits sourd se firent entendre. Ils utilisaient des béliers pour essayer d'enfoncer les portes. Des officiers criaient des ordres. Pendant ce temps, tous se préparaient au choc.
Finalement, les portes cédèrent et un flot d'hommes en noir pénétra dans le gymnase. Ils rencontrent une résistance farouche mais ils étaient trop nombreux. Hariel et Eleanor faisaient aussi de leur mieux mais ils étaient dans un lieu trop étroit pour déployer tous leurs pouvoirs. Ils risquaient de blesser des alliés. De tout côté le combat était époque mais trop inégal et beaucoup d'hommes tombaient. Soudain, un garde arriva. Il tenait Morgane par le bras, un couteau sous sa gorge. Trop occupée à se concentrer, elle n'avait pas dû le voire approcher.
À ce moment-là, Arthur su qu'il avait un moyen de sauver tout le monde. Il devait le faire. Il posa sa main sur la poignée de son épée et la fit glisser de son fourreau. Il approcha ensuite sa seconde main du fuseau…et la posa dessus.
Autour de lui, le temps sembla ralentir. Les combats étaient comme figés. Même les grains de poussières dans l'air semblaient flotter. Puis il se déchaîna. Sans qui le comprenne bien comment, il se mit à battre son épée sans relâche et chaque fois qu'il frappait, un garde s'effondrait.
Autour de lui, une tempête de poussière se déchaînait si bien qu'il lui était presque impossible de voir devant lui. Pourtant, ses coups ne touchaient jamais que ses ennemis. Le souffle de son combat était si fort que même les archers sur les toits firent soufflés.
Puis tout se calma. Arthur sentit le temps reprendre son cours et la poussière autour de lui retomber. Sa seconde main avait lâché la poignée de l'arme sans qu'il s'en rende compte. Mais ce n'était pas si grave, il n'y avait plus d'ennemis debout. Il était essoufflé mais pas autant qu'il aurait dû après avoir donné tellement de coups. Autour de lui, les autres réapparurent. Stupéfait, ils le regardaient avec des yeux grands ouverts. Même Hariel et Eleanor.
Encore à bout de souffle, Arthur se dirigea vers le trou et récupéra son manteau juste à côté.
« Bon ben je descends maintenant » dit-il.
Rapidement, il fut suivi par tous les autres, résistants comme gladiateurs. Hariel fut le premier d'entre eux et récupéra Rubio qui était encore inconscient et surtout toujours en vie. Ils avancèrent lentement dans un conduit étroit et sombre avant de déboucher près du fleuve.
Alors qu'ils sortaient, ils virent un enfant courir vers eux.
« Mais où t'étais passé, P'tit bleu ! » S'exclama Arthur en le reconnaissant.
« Il est où mon père ! » S'exclama-t-il.
« On s'est séparé mais il connaît le chemin » lui dit Bâton Mouillé en le prenant par les bras.
« Il faut que je le trouve ! » Geignit le garçon, désespéré.
« Ton père sait ce qu'il fait. Tu vas pas tarder à la revoir. »
« Il faut partir ! » Dit Bedivere dans son dos.
Bâton Mouillé se retourna pour répondre mais à ce moment-là, l'enfant se dégagea et se mit à courir.
« P'tit bleu ! » S'exclama l'autre homme.
Mais l'enfant était parti.
0o0o0
Hermione avait été dénudée. Son corps avait été soigné puis baigné, massé, parfumé, oint et finalement vêtue de robes de mousseline douce.
Tout cela avait ressemblé à un rituel car la troupe de Sidhe qui les accompagnait ne les avait pas quittés. Certains avaient pris ses vêtements, d'autres avaient soignés ses blessures, d'autres encore avait rempli sa baignoire, frotte son corps avec des éponges. Des mains d'une douceur céleste avaient petite sa peau sèche, l'avaient badigeonné d'huiles odorantes et avait fait glisser les tissus sur sa peau et tout cela alors que la musique continuait.
La procession s'était achevée dans de luxueux appartement alors que la foule entourait un vaste lit. Le matelas était moelleux et ferme, les draps légers et chauds. Hermione se sentait partir alors que la musique se faisait plus douce pour accueillir son sommeil.
La Reine s'était assise tout près d'elle et caressait son visage en souriant.
"Merci" lui dit Hermione.
"Nous nous n'avons fait que ce que les gens de la Tribu de Dana font" dit Étain à voix basse. "Les gens décents. Les seuls dignes de votre attention. Nous sommes le peuple. Votre peuple. C'est notre devoir de vous offrir le meilleur pour que vous nous combliez de vos bénédictions…"
Mais il était difficile de savoir si Hermione avait entendu jusqu'à la fin. En effet, la voix de la Reine et la musique avaient fini de la faire glisser dans le sommeil.
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Ils avaient trouvé une maison de pêcheur abandonnés pour se cacher. Chacun se remettait de la fatigue et des douleurs du combat. Eleanor était retournée près de Rubio pour lancer quelques sorts de soins supplémentaires. Hariel, lui, donnait les premiers soins pour les autres. Finalement ses études de médecine en autodidacte allaient lui servir à quelque chose.
« Ça va pas être évident de sortir maintenant » dit Bâton Mouillé qui faisait le guet.
« Mais on ne peut pas rester longtemps ici » ajouta Bill Graisse d'Oie.
« Le bateau pour traverser le fleuve est pas loin et il est prêt » dit Perceval.
« On fait quoi pour Fesse d'huître et P'tit bleu ? » Demanda Bâton Mouillé.
« On attends jusqu'au soir » dit Arthur.
Ce n'était pas une décision très prudente mais ils ne pouvaient pas laisser deux amis derrière eux. Surtout que l'un d'eux était un enfant. Hariel regarda Eleanor qui hocha la tête. Elle avait de quoi protéger le bâtiment jusque-là. C'était toujours en espérant que sa magie ne serait pas remarquée. Jusque-là cela semblait avoir marché mais rien n'était moins sûr.
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Hermione ne sut pas bien ce qui l'avait réveillée. Une pensée dans doute. Une pensée anodine dans un coin de sa tête qui avait fait son chemin une fois que les chants s'étaient tus et que la chambre s'était vue vidée du cortège qui l'avait empli.
Du moins cela devait être ce qui s'était passé car Hermione était seule dans sa chambre. Il faisait sombre mais pas trop. Il y avait juste suffisamment de lumière pour qu'elle aperçoive les silhouettes de ce qui se trouvait autour d'elle.
Elle avait encore sommeil mais elle se sentait plus éveillée que jamais. Son esprit était comme dégagé. De quoi ? Elle n'était pas sûr. Toujours est-il qu'une pensée avait affleuré dans son esprit. C'était ce qui l'avait réveillée.
La Reine avait dit quelque chose. Elle et les siens étaient les "gens de la Tribu de Dana". C'était la traduction littérale du terme "Tuatha des Danaan", le nom du panthéon celtique. Y avait-il un lien ? Peut-être. Peut-être que les Sidhes se considéraient l'égal des dieux celtes ? Non, ils ne l'auraient pas supporté...à moins qu'ils n'existent plus. Ou alors peut-être que les Sidhe étaient les Dieux celtiques...ou alors est-ce qu'ils l'avaient été.
Son esprit tourbillonnait. Questions et hypothèses de pressaient et faisaient s'emballer la machine. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Il fallait qu'elle se calme. Elle devait pouvoir se rendormir. Elle devait être reposée pour...pour quoi déjà ? Ah oui aller voir la Déesse. Les questions pourraient attendre plus tard...elle pourrait demander à la Reine, peut-être qu'elle lui répondrait...elle lui avait dit qu'il faudrait qu'elles discuté en prenant le thé demain…
Demain ? Pourquoi Demain ? Elle ne pouvait pas demain. Elle devait…
Son esprit s'était remis en marche, chassant le brouillard qui avait recommencé à l'envahir. Il se passait quelque chose de pas normal. Pourquoi son esprit s'engourdissait-il à ce point. Elle devait rester concentrée. Elle devait…
Quelque chose n'allait pas ici. Elle ne savait pas quoi mais elle le sentait. Elle devait partir au plus vite. Elle était soignée, propre et elle avait suffisamment dormi. Bon, pas suffisamment mails elle ne pouvait pas prendre le risque de rester plus longtemps. Il y avait quelque chose ici…
Elle repoussa les couvertures et regarda autour d'elle. Aucune trace de ses vêtements. Heureusement elle en avait d'autres dans son sac. Seulement il n'y avait pas trace non plus de son sac. Faisant appel à la magie, elle le convoqua. Quelque chose le retenait. Elle le sentait. Elle l'invoqua à nouveau, plus fort. Il ne venait toujours pas.
Elle souffla d'exaspération.
Demande et on te donnera. Elle demanda donc le pouvoir. Ce qui retenait son sac s'évanouit et, après quelques instant, les portes s'ouvrirent toute seule pour laisser passer son petit bagage.
Quelques instants plus tard, simplement vêtu d'un autre jean et d'une chemise de laine, elle se faufila dans le couloir. Regardant bien à droite et à gauche, elle vit qu'il était vide. Elle ne savait pas bien pourquoi elle était aussi prudente mais elle sentait qu'elle ne pouvait pas faire confiance à la Reine ou à ses sujets pour la laisser partir sans rien dire.
Le problème était qu'elle ne se souvenait plus où se trouvait la sortie. Ses souvenirs après la salle du trône étaient flous et même si elle parvenait à la retrouver, elle doutait de savoir où aller après. Le Sithin était un véritable labyrinthe. De plus, elle n'avait pas spécialement envie de recroiser la Reine donc elle allait éviter la salle du trône.
Avançant prudemment, elle avança un peu au hasard. Elle essaya bien la magie mais ses sorts ne semblaient pas fonctionner. Ou plutôt, ils étaient dans l'impossibilité de l'orienter correctement. Elle devait donc se fier à son instinct.
Elle marchait depuis déjà quelques temps quand elle se rendit compte de quelque chose d'étrange. Depuis qu'elle était sortie de sa chambre, elle n'avait croisé personne. Certes le Sithin était vaste mais pas au point que tous ces espaces demeurent vides. Et elle doutait savoir suffisamment de chance pour arriver justement au moment où il n'y avait personne.
Soudain, il lui sembla entendre quelque chose. Elle tendit l'oreille. C'était de la musique. Pas n'importe quelle musique, celle qui l'avait accompagnée tout le long de la procession. Elle le savait, elle reconnaissait la voix de la chanteuse. Elle chantait d'ailleurs toujours aussi bien. On avait presque envie de s'arrêter pour l'écouter.
Mais non. Non, Hermione ne pouvait pas. Elle s'était rendu compte que la brume revenait dans son cerveau et avait mis le holà. C'était la musique qui lui faisait cet effet, elle en était persuadée. Se bouchant les oreilles, elle se mit à courir pour s'en éloigner. Elle n'osait même pas enlever ses doigts de ses conduits auditifs pour vérifier si elle s'éloignait bien, elle ne faisait que courir.
Mais soudain, elle se figea. Dans sa surprise, elle enleva ses mains de ses oreilles.
"Et bien mon enfant, vous semblez bien pressée" dit la Reine.
"Je…"
Elle sentait la brume revenir. Pourtant elle n'entendait plus la musique.
"J'espère que vous vous êtes bien reposé. Vous voulez manger quelque chose ?"
Hermione se rendit compte qu'elle avait faim.
"Je sais !" S'exclama la Reine avec une joie enfantine. "Si nous organisions un petit brunch. Je suis sûr que vous allez adorer. Les autres seront ravi de pouvoir vous servir."
"Me servir ?"
"Bien sûr. Nous sommes à votre service mon enfant. Nous pouvons combler tous vos désirs."
"Je…" commença Hermione. "Je veux…"
Elle était très tentée par la proposition de la Reine Étain. C'était un joli nom Étain. Elle se souvenait qu'une Déesse de la Mythologie Celtique en portait un comme celui-ci. C'était peut-être elle. Ou alors…
Les réflexions qui avaient envahi son esprit revinrent à la charge, chassant la brume. La jeune Magicienne en souffla presque de soulagement. Donc ce n'était pas la musique...ou alors pas seulement. Peut-être que c'étaient la Reine elle-même. Peut-être qu'elle utilisait de la magie. Elle devait trouver ce que c'était avant que la brume qui tentait à nouveau d'envahir son esprit ne réussisse. Elle devait essayer de...elle devait...voir.
Non. Ce n'était pas un sort. Et pourtant dès qu'elle activa le Glam Sight, quelque chose changea. Étain était toujours beauté incarnée. Cela n'avait pas changé. Mais elle était moins...moins...captivante qu'auparavant. C'était comme si auparavant son corps était recouvert d'un voile qui amplifiait le charme de chacun de ses traits, un voile... d'illusion.
Glamour. C'était ce que lui soufflait son esprit stimulé par la magie féerique de ses yeux. Pour les Sorciers, c'était un moyen de modifier son apparence pour se cacher. Mais il semblait que ce n'était pas la même chose pour les Sidhe. Pour eux c'était une arme de séduction, une illusion qui jouait sur l'esprit et envoutait les sens.
Mais à présent, cela n'avait plus d'effet sur elle.
"En fait, j'aimerai beaucoup partir" dit-elle. "Finbar, Clarisse et Shanley on dit qu'ils pourraient me mener là où vit la Déesse. J'aimerai qu'ils le fassent. Eux ou quelqu'un d'autre."
Libérée de l'envoûtement, Hermione pu voir l'expression bienveillante de la femme vaciller légèrement. Pourtant elle garda son sourire.
"Allons mon enfant" dit-elle. "Rien ne presse. Vous avez tout le temps pour manger avec nous, n'est-ce pas ?"
À ce moment-là, la musique reprit et Hermione vit arriver là procession des Sidhes mené par la chanteuse.
"Regardez !" S'exclama joyeusement la Reine. "Tous sont venu pour vous dire bonjour. Vous ne voulez pas partager un repas avec eux."
Hermione avait voulu se boucher à nouveau les oreilles en entendant la musique. Mais elle s'était rendu compte que cela non plus n'avait plus d'effet sur elle. La musique ne pouvait plus lui faire voir ce qui n'existait pas car à présent ses yeux ne voyaient plus ce qui était vrai.
"Je vous remercie votre majesté mais avec tout le respect que je vous dois, je vais devoir refuser" dit Hermione d'une voix sèche. "Vous avec dit que vous comblerez mes désirs et mon seul désir c'est d'aller voir la Déesse. Maintenant !"
Le dernier mot n'avait pas été prononcé avec une voix plus fort et pourtant l'air avait tremblé. Aussitôt, tout près d'Hermione, le mur frémit. Sa surface sembla se mouvoir et elle s'ouvrit en deux, révélant un tunnel. À l'autre bout, la jeune fille pouvait voir le monde extérieur.
Elle se tourna à nouveau vers la reine et vit que son expression s'était figée. Elle avait pâli légèrement alors que le coin de sa bouche se mettait à trembler. Elle était en colère. Pourquoi ? Hermione l'ignorait.
Toujours est-il qu'elle s'inclina avec raideur devant elle.
"Comme vous le désirez, très Saint Prêtresse" dit-elle.
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La nuit était tombée. Dans les rues, la traque avait cessé mais pas l'agitation. À présent, la foule en colère de ce qui s'était passé s'en prenait à la garde qui avait dû mal à les repousser.
Dans le cabanon de pêcheur, Morgane s'était isolée pour soigner elle-même une blessure dans son dos. Elle n'aimait pas vraiment dépendre des autres. À ce moment-là, elle entendit un pas dans son dos et reconnut la présence d'Arthur.
« Tu as finalement réussit à la contrôler » dit-elle.
« Ce n'est pas moi qui la contrôlais » dit-il.
Il s'approcha d'elle et lui prit le linge humide afin de nettoyer la blessure. Elle frémit mais ne fit cependant rien pour l'arrêter.
« C'est elle qui me contrôlait » poursuivit Arthur.
Morgane releva tout de même la tête vers lui et le regarda dans les yeux.
« Mais tu m'as quand même sauvé la vie alors merci. »
Arthur sentit un drôle de nœud dans son estomac et se contenta de hocher la tête. Des bruits de firent alors entendre venant du dehors.
« Il se passe quelque chose, tu le sais » dit Morgane.
« Ouais, à ce qu'on entend. »
« Le peuple t'as vu à l'œuvre » reprit la Mage. « Tu n'es plus un mythe. Tu incarne quelque chose à présent. »
« C'était pas mon intention » soupira Arthur en se laissant tomber sur un lit tout proche.
« Ces gens se battent en ton nom. »
« J'ai aucune envie d'endosser ça. »
À ce moment-là, on entendit la porte s'ouvrir.
« P'tit bleu, c'est toi ? » Demanda Arthur.
« Oui, Patron ! » Cria joyeusement l'enfant.
« Tu as retrouvé ton père ? »
« Et bien retrouvé ! » Dit alors la voix de Fesse d'huître.
Il fut aussitôt adossé à un pilier et Eleanor entreprit d'essayer de le guérir. Hariel s'approcha et Fesse d'huître lui tendit son épée.
« J'ai pas eu à l'utiliser mais ça faisait du bien de l'avoir » dit-il, essoufflé.
« J'en suis content » dit Hariel en reprenant l'arme et en la faisant disparaître.
« Le bateau est prêt » dit alors Bâton Mouillé en entrant dans la pièce.
Fesse d'huître regarda Eleanor qui lui rendit une grimace. Elle n'allait pas avoir le temps de le rafistoler suffisamment.
« P'tit bleu, vas-y, je ferais partir du second voyage » dit alors Fesse d'huître.
« Je veux pas te quitter » geignit l'enfant.
« Fait ce que je te dis…s'il te plaît. Ça va aller. »
Eleanor se sentait mal. Hariel portait déjà Rubio quant à elle, ses réserves de magies étaient presque vides. Elle avait rechargé ses batteries sur Avalon mais elle en avait laissé une partie au repère de la résistance pour ne pas s'encombrer et maintenant ça allait lui manquer.
« Aller P'tit bleu » dit Arthur en le tirant vers lui.
Le gamin bien un peu finit par le suivre.
« Je pose Rubio dans le bateau et je viens te chercher » lui dit alors Hariel.
Il suivit Arthur et P'tit bleue et disparut dans les escaliers. Dès qu'ils eurent disparus, Fesse d'huître entendit la porte s'ouvrir. Un homme en armure noir entra alors. Il semblait entre deux âges et son visage portait de nombreuses cicatrices dû sans doute à la petite vérole. Le jeune voyou reconnu tout de suite John, surnommé le Farceur. Bien sûr c'était ironique. Il n'y en avait pas beaucoup de plus cruels dans la garde.
Cependant il n'était pas seul. Au travers de la fumée des braseros, Fesse d'huître reconnu alors le visage de l'homme le plus détesté de Grande Bretagne.
Vortigern.
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Ce n'est que le soir qu'Ahiram permit à Dean de s'assoir dans le lit après avoir dormi une partie de la journée. Cependant il ne le laissa pas manger seul et s'obstina à lui donner la becquée. Dean grogna bien un peu mais finit par s'exécuter de bonne grâce.
Par la suite, il s'endormit à nouveau rapidement et quand il se réveilla le lendemain matin, il se sentait totalement remis. Même mieux encore. Pour le prouver à Ahiram il se leva en oubliant totalement que sous les fourrures, il était totalement nu.
Le vieil homme lui tendit alors ses vêtements qui avaient été rapiécés avec des fils de laine. À nouveau, il n'eut aucune réaction, ni même un brin de curiosité dans son regard.
"Je vous remercie de votre hospitalité Ahiram, vraiment" lui dit alors Dean après s'être rhabillé. "Mais je pense que je vais devoir partir. S'il y a quelque chose que je peux faire pour vous avant de partir…"
"Non" répondit le vieil homme.
"Rien ? Vraiment ?"
Bizarrement, Ahiram lui lança un regard énervé.
"Je veux dire que tu ne peux pas partir" lui dit-il.
"Comment ça ?" Demanda prudemment Dean.
Jusque-là, l'homme s'était montré bougon et plutôt rustre mais ni violent ni inquiétant. Dean prépara cependant sa magie au cas où il devrait se défendre. Mais Ahiram se dirigea simplement vers la porte. Il écarta le store et invita Dean à le suivre.
Celui-ci obéit. C'était la première fois qu'il sortait. Il avait un peu de mal à marcher à cause du temps qu'il avait passé au lit mais il n'avait pas mal.
À l'extérieur, la chaleur était moins forte que dans son souvenir. Cela devait être à cause de la végétation. En effet, plus qu'une oasis, Dean se trouvait presque dans une sorte de vallée fertile. Depuis la maison, il pouvait voir un grand lac qui s'arrêtait pile au pieds de la haute montagne. Tout son pourtour était garni d'une herbe verte qui semblait presque émeraude malgré la couleur du ciel. Il y avait également de grands arbres, des fleurs colorés, des buissons et d'autres plantes. Il y avait également, plus près des rives du lac, des champs qui devaient être alimenté par son eau.
Au loin, presque de l'autre côté du lac, Dean pouvait voir des maisons comme celle d'Ahiram, en terre mais certaines étaient plus grandes et pouvaient même avoir des étages. Il pouvait également voir qu'il y avait des gens mais il était trop loin pour voir distinctement.
Au-delà de toute cette verdure, il y avait le désert qui semblait s'étendre à l'infini. Non, pas à l'infini. Dean du plisser les yeux pour mieux voir parce qu'il se confondait avec la couleur du ciel mais il avait l'impression qu'il y avait une sorte de mur qui barrait l'horizon.
"Qu'est-ce que c'est ?" Demanda-t-il comme pour lui-même.
"La tempête" répondit Ahiram. "Elle continue toujours sans avancer mais l'oasis est protégée. Elle n'est jamais touchée."
Il semblait choisir ses mots, comme s'il voulait éviter de parler de quelque chose. Mais Dean ne le remarqua pas.
"Combien de temps est ce qu'elle va encore durer ? Quelques jours ? Moins ?"
"Peut-être" répondit le vieil homme. "Mais c'est rarement le cas. Parfois elle reste pendant des semaines."
Dean gémit de désespoir.
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Comme il l'avait prévu, Hariel déposa Rubio dans la barque et se prépara à aller chercher Fesse d'huître. À ce moment-là, P'tit bleu échappa à Arthur et cria qu'il allait chercher son père. Celui-ci se lança à sa poursuite. Hariel voulut le suivre mais Morgane le retint.
« Il faut que j'y aille ! » S'exclama-t-il.
« Je sais…mais s'il advenait qu'il meurt…ramène moi son corps…s'il te plaît. »
Hariel ne comprenait pas pourquoi elle lui disait ça mais il hocha tout de même la tête. La Magicienne lui lâcha alors le bras et il se précipita à la poursuite d'Arthur et de P'tit bleu.
Quand enfin, il arriva à la maison, il monta les marchés quatre à quatre. Il eut juste le temps de voir Arthur voler le poignard de John et le lui poser sous la gorge. Restant dans l'ombre, il s'avança. Heureusement P'tit bleu le dissimulait. Il se tenait droit et pâle, fixant avec haine Vortigern assis sur un tabouret à côté de son père. Celui-ci se tenait le visage à l'emplacement de son oreille droite alors que celle-ci se trouvait entre les mains du Roi.
« Libérez-le ! » Grogna Arthur.
Vortigern sourit et posa sa dague sous la gorge de Fesse d'huître. Hariel sentit que la situation risquait de dégénérer. Surtout qu'Arthur était sans défense. Il avait jeté Excalibur dans la barque au moment où P'tit bleu s'était enfui. Il était sans arme. C'était donc à lui de le couvrir.
« Libérez-le » grogna à nouveau Arthur en pressant un peu plus sa dague contre le cou de son otage.
Mais en voyant le regard impassible de Vortigern, Hariel comprit que ça ne fonctionnerait pas. Vortigern était un sociopathe. Il se fichait complètement de son subordonné. Fesse d'huître le vit également.
« Prends le p'tit et va-t'en ! » cria-t-il.
Sa phrase finit dans un gargouillis car Vortigern lui avait tranché la gorge. P'tit bleu se mit à crier. Arthur repoussa John et le prit dans ses bras pour partir.
« Je les retient » dit alors Hariel en les laissant le dépasser.
Arthur lui jeta un bref coup d'œil avant de partir. Il savait qu'il pouvait lui faire confiance pour revenir indemne. Hariel s'avança et barra le chemin aux deux soldats qui voulaient se précipiter à la poursuite du fugitif. Ils restèrent quelques instants figés de surprise mais en voyant que leur adversaire était une enfant, ils se remirent à avancer.
« Des armures en acier ? » ronronna Hariel. « Quelle faite de goût. »
De l'électricité naquit au creux de ses mains et il envoya deux éclairs sur les gardes. Leur armure agit comme un paratonnerre mais l'énergie fit chauffer les armures. Leurs couches protectrices intérieurs se mirent à brûler et la chaleur fit bouillir leur sang. En quelques secondes, leurs corps s'étaient calcinés et tombèrent au sol avec fracas.
« J'vous l'avez dit » chantonna le demi Démon.
Il leva alors les yeux et les tourna vers Vortigern. Le regard de celui-ci n'était plus indifférent loin de là.
« Un Magicien » siffla t'il. « Je pensais vous avoir tous éliminé. »
« Oh, tu sais ce qu'on dit de la mauvaise herbe » dit nonchalamment Hariel avec un léger rictus.
Les deux se jaugèrent pendant un instant. Vortigern se leva et Hariel sentit son pouvoir augmenter. Dans le même temps, un gantelet écarlate apparut sur son bras gauche. Hariel se retint de ricaner. Aux vues de son apparence, il ne possédait que sa seconde forme, celle qu'Issei avait développer lors du combat contre Reynale. Si Vortigern n'avait pas assez de pouvoir pour le faire évoluer plus loin alors il devait vraiment être faible.
Des éclairs apparurent autour des mains d'Hariel alors qu'il se mettait à avancer vers Vortigern. Celui-ci, l'épée levée, fit de même. Hariel bondit alors sur son ennemi. Celui-ci voulut abattre son épée mais le jeune Démon disparut, comme avalé par l'espace. Vortigern regarda de tous les côtés et finalement se retourna. Hariel était derrière lui, accroupis près du corps de Fesse d'huître. Il lui tira la langue et disparut à nouveau.
Vortigern poussa alors un cri de rage et abattit son épée sur le sol qui se brisa.
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Hariel réapparut directement sur le ponton à proximité de la barque. Il mit le corps de Fesse d'huître à l'intérieur sous les regards mi étonnés mi horrifiés des autres.
« Inutile de me faire ces yeux-là, c'est elle qui me l'a demandé. »
Il désigna Morgane du menton. Celle-ci avait une attitude étrange. Les yeux fermés elle semblait en transe. On pouvait voir ses yeux rouler dans ses orbites par-dessous ses paupières closes. Sachant que ce n'était pas vraiment le moment pour les questions, Hariel détacha les amarres et monta à son tour dans la barque.
Ils réussirent finalement à atteindre l'autre rive, dans une petite crique secrète caché par des arbres et des rochers. Tous sortirent du bateau et Hariel transporta le corps de Fesse d'huître à l'extérieur. Aussitôt, P'tit bleu se précipita vers lui et se mit à pleurer. Le cœur lourd, Hariel se retourna vers la barque et vit que Morgane avait du mal à se relever.
Il se précipita vers elle et prit son bras pour le passé par-dessus ses épaules. Elle était étrange. Pas seulement son comportement, sa magie aussi était étrange. Hariel la vit relever la tête et pu apercevoir ses yeux. L'un d'eux était vert, comme d'habitude. L'autre en revanche était d'un bleu assez familier.
« Nimueh » murmura Hariel.
Elle était restée au camp car elle n'avait pas vraiment l'habitude de se battre.
« J'avais besoin de ses dons de guérisseuse » souffla Morgane.
« Mais tu aurais pu en appeler à la Déesse pour t'aider. »
« Seule les Grandes Prêtresses le peuvent. »
« Mais tu en es une ! »
Voyant le regard d'incompréhension de la femme, Hariel comprit qu'il avait fait une erreur. Apparemment, Morgane n'était pas encore Grande Prêtresse.
« Tu…quoi ? » Balbutia Morgane.
« Laisse tomber. Spoiler » marmonna Hariel.
Morgane fronça les sourcils mais n'insista pas.
« Amène-moi à lui » dit-elle en montrant le corps sans vie de Fesses d'huître.
« Mais il est mort » dit Hariel.
« Fait…ce que je te dis » cracha-t-elle en se pliant en deux.
Hariel obéit et la conduisit près du corps.
« Enlève-toi » dit-elle à l'enfant qui pleurait.
Celui-ci leva les yeux vers la Mage et frémit. Il se leva et s'éloigna. Il était trop abruti de chagrin pour résister. Morgane tomba à genoux et Hariel se tint près d'elle.
« Je…je suis connecté avec Nimueh. Elle va diriger mes gestes, mes pensées et me transmettre de sa magie » dit-elle péniblement.
La connexion devait être très difficile à cette distance. Hariel ne savait pas du tout pourquoi elle faisait ça. Il avait une petite idée mais il n'osait pas le croire.
« Je suis même tellement concentré que je vais devoir prononcer mes sorts pour m'aider. Quelle pitié » grogna Morgane.
Elle leva les mains au-dessus du corps.
« Endoloris » dit-elle distinctement.
« Que… » s'étrangla Hariel.
Il vit les éclairs rouges caractéristiques du sort émerger alors de ses doigts et se mettre à courir sur le cadavre. Outre l'horreur que lui inspirait le sort, le jeune Démon ne voyait pas l'intérêt de torturer un mort. Mais ses questions disparurent sous l'étonnement quand il vit la plaie béante à la gorge se refermer. Bientôt, il n'en resta même pas une trace. Il vérifia plus bas et vit que l'autre plaie, celle faite plus tôt dans la journée, avait disparu aussi.
« M…Morgane…ce sort… »
« C'est l'un des Trois Suprêmes Sorts de Soins » dit la Magicienne. « À présent que son corps est de nouveau habitable, je vais en utiliser un second. Je n'aurais pas la force de faire le troisième, pas tout de suite. Il faudra alors que tu l'endormes. »
« Que je… »
Mais déjà Morgane avait levé les mains au ciel et Hariel sentait qu'elle rassemblait sa magie. Son cerveau tournait à plein régime. Endoloris. Trois sorts. Avec ses informations, il savait sans vraiment y croire les mots qui allaient sortir de sa bouche.
« Avada… »
Quelque chose apparut alors au-dessus du cadavre. C'était une forme étrange mais d'un vert qu'Hariel connaissait bien car il avait hanté ses cauchemars pendant des années. Il vit Morgane baisser les mains et les placer au-dessus du spectre qui prenait les traits de Fesse d'huître.
« …Kedavra ! »
En disant ce dernier mot, elle baissa ses mains et fit rentrer le spectre à l'intérieur du corps en dessous de lui. Aussitôt, Fesse d'huître ouvrit de grands yeux exorbités et prit une grande respiration. Puis soudain, il se mit à crier comme un damné en faisant de grands gestes. Il frappa Morgane qui s'effondra sur le sol. Hariel, lui, réussit à saisir ses mains puis lui envoya un sort de sommeil.
La tête de l'homme retomba au sol. À nouveau il semblait mort mais sa poitrine se soulevait. P'tit bleu se précipita alors vers lui et posa sa tête sur son torse. Il sourit en entendant battre son cœur. Il se lova alors contre son père et s'endormit, épuisé.
Tout autour, les gens avaient les yeux exorbités, n'osant croire au miracle qui venait de se produire.
Ils venaient de voir un homme revenir de là où on ne revenait jamais. Du Monde des Morts.
À suivre…
.
Et voilà un autre looooooooooong chapitre. Mais bon, je voulais mettre toute la scène de l'attentat raté contre Vortigern alors…
Très légère référence à la série télé préférée d'Hariel (et la mienne), Doctor Who. Ceux qui connaissent auront peut-être reconnu la réplique fétiche de River Song :"Spoilers". Pour les autres, je vous conseille la série bien sûr.
ENFIN ! Si vous saviez le temps que j'attends de mettre ça sur les Impardonnables. Vous ne comprenez pas bien ? Explications dans le prochain épisode...c'est à dire euh...demain ^^.
