Check Mate DxD

Chapitre 98 : Se battre ou fuir / Tatakau ka Nigeru ka

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Quand le groupe de cavaliers arrivèrent enfin à leur base, un spectacle macabre les y attendaient. Des corps nus étaient suspendus aux arbres la tête en bas. C'était les sentinelles.

Le groupe se dépêcha alors sur le sentier, poussant leurs chevaux au galop. Ils sautèrent au bas de leurs selles dès qu'ils furent à l'entrée de la grotte et pénétrèrent dans la caverne. Heureusement, le spectacle était moins atroce que ce qu'ils avaient craint. Il y avait quelques cadavres à l'entrée mais le gros des dégâts était sur le mobilier et les infrastructures. Leurs compagnons avaient dû fuir.

« Bien le bonjour » dit une voix.

Tous se retournèrent, la main sur la poignée de leurs épées. Un homme était assis près d'un feu sur une pierre. Hariel le reconnu immédiatement. C'était le Garde nommé John, celui qu'Arthur avait pris en otage deux jours auparavant.

Le jeune Démon se maudit. Il aurait dû penser à cette éventualité quand il avait eu la confirmation que la réunion de Vortigern à Londinium était un piège parce que c'était la preuve qu'il était au courent du double jeu de Maggy. Par conséquent, il avait dû la faire suivre et il savait déjà où se trouvait leur cachette. S'il ne les avait pas attaqué avant, c'était parce qu'il voulait les faire venir à lui. Puisque cette tactique avait échoué, il était passé au plan B.

« Tu t'es pas pressé de rentrer » dit-il à Arthur, nonchalamment.

Le groupe s'avança prudemment vers lui au cas où il ne serait qu'un appât et que d'autres gardes seraient embusqués.

« À cause de toi j'ai ma bourgeoise qui va me passer un savon » dit John en se levant. « C'était à moi de cuisiner ce soir. »

Il se mit à avancer vers Arthur et les autres tout aussi nonchalamment qu'il parlait.

« Chuis envoyé par sa Majesté pour remettre un message. »

Il s'arrêta et se mit à se frotter le front.

« Merde…c'était… » marmonna-t-il pour lui-même. « Ah oui ! Présente-toi au château avant la nuit si tu veux revoir les filles vivantes. »

Il souriait en disant ces mots. C'était écœurant.

« Je resterais bien mais vous voudriez quand même pas que ça s'envenime avec ma bourgeoise » reprit-il en avançant à nouveau.

Arthur et Bedivere se rapprochent pour lui barrer le chemin. Loin d'être inquiet, John se pencha vers eux.

« Si jamais vous vous en prenez à moi, ils rendront coup pour coup et au centuple. »

« Ça c'est ma réplique » grogna Hariel.

Il avança derrière Arthur et lui prit son épée. Il empoigna la poignée à deux mains, activant son pouvoir, et la planta en plein dans le ventre de John. Tous avaient les yeux écarquillés à ce geste en particulier le garde. Il avança ses mains vers le point d'entrée de l'épée et se figea.

Il y avait quelque chose d'étrange. Il n'y avait pas de sang sur la lame de l'épée là où elle ressortait dans son dos et il n'en coulait pas de la plaie. Hariel retira alors Excalibur. L'armure était intact.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda Bedivere.

« Il s'est passé qu'à présent nous avons un agent dans la Garde de Vortigern. N'est-ce-pas Johnny ? »

L'homme serra les dents mais hocha la tête.

« À présent du vas retourner à Tintagel et dire à Vortigern que tu as délivré son message. Rien d'autre, est-ce clair ? »

« Oui » répondit John.

« Bien » dit alors Hariel avec un sourire.

Il invita alors John à passer et celui-ci s'éloigna avant de sortir de la grotte. Hariel le regarda partir avec un air satisfait puis se tourna vers les autres.

« Quoi ? » Leur demanda-t-il en voyant leurs visages effarés.

Il leva Excalibur.

« Pouvoir de Contrôle. Je vous l'ai dit non ? Je me suis entraîné pour soumettre un Dragon alors lui, c'est rien. »

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Le groupe de cavalier s'arrêta sur une pleine sèche à quelques lieux de Tintagel. De là, ils pouvaient voir un bout des murailles mais personne du château ne pouvait les voir eux.

Le cheval d'Arthur se rapprocha de celui de Bedivere. Il tira Excalibur de son fourreau puis la lui tendit.

« Tout devrait bien se passer » lui dit-il. « Il suffit de suivre le plan.

C'était autant pour se rassurer lui-même que son ami. Celui-ci hocha la tête. Il prit l'épée et la mit dans le fourreau rudimentaire dans son dos.

« En avant » dit le chevalier pour lui-même.

« Hey ! » Dit une voix derrière lui.

Bedivere se retourna alors vers Eleanor

« Sois prudent » dit-elle.

L'homme hocha la tête en essayant de cacher son sourire joyeux. Il talonna son cheval et partit au galop droit sur Tintagel. Il ne mit qu'une vingtaine de minutes à arriver. Il traversa le pont au-dessus de la Tamise et arriva dans la cour d'honneur. Il y avait des gardes partout mais aucun n'essaya de l'arrêter.

Une escouade se tenait devant la porte. Il devina que ce devait être son comité d'accueil. Il s'arrêta devant eux et descendit de cheval. Un garçon d'écurie se précipita alors pour en prendre la bride. Bedivere s'avança vers les gardes et se laissa guider à l'intérieur.

Alors qu'il avançait, il caressait distraitement la bague à son doigt. Celle-ci l'avait toujours accompagné mais elle était aujourd'hui bien plus précieuse. Hariel l'avait transformé en objet magique capable de le transporter vers eux au cas où les négociations se corseraient. Le plan de secours prévoyait aussi qu'il saisisse Nimueh et Morgane avant de l'activer pour les amener avec lui.

Il arriva bientôt devant une porte massive. Un page attendait devant la porte. Il prit le manteau de Bedivere alors que celui-ci gardait l'épée à la main. La porte s'ouvrit et le chevalier entra dans la vaste pièce juste derrière. Les muscles de son visage se contractèrent en voyant Vortigern. Il avait été au service d'Uther, il avait donc bien connu l'homme. Pourtant il devait laisser ses sentiments de côté. Il avait un plan à mener.

Derrière Vortigern, deux gardes tenaient fermement les Magiciennes par le bras. Elles semblaient dociles et en bonne santé bien que défaites. On avait dû les menacer pour qu'elle n'ait pas utilisé la magie, soit elle soit des innocents.

Bedivere s'avança vers l'usurpateur mais un garde l'arrêta. Il rendit les mains et le chevalier y déposa l'épée. Évidemment, hors de question s'approcher Vortigern avec une arme. Celui-ci sortit la lame de son fourreau dès qu'il l'eût en main et la regarda avant de se tourner vers Bedivere.

« Bon, où est-il ? » Demanda-t-il alors.

« À une journée de cheval du château » répondit Bedivere.

Il n'était pas obligé de dire la vérité après tout. Il jeta un œil vers les deux Magiciennes.

« Il viendra dès qu'elles seront en lieu sûr. Sans l'épée, il n'est plus une menace pour vous. »

« Certes » dit le Roi. « Mais vois-tu, j'ai besoin de lui pour faire taire la populace. Choisit une des deux. L'autre sera libéré quand il sera entre les mains. »

Les consignes d'Hariel était claire et Arthur les avait accepté bon gré mal gré. Si Vortigern demandait de choisir, c'était Morgane qui était le meilleur choix. Elle seule serait à même de les aider dans leur plan. Nimueh de son côté pouvait se protéger mais son pouvoir ne leur était pas utile.

Moins d'une heure plus tard, le groupe d'Arthur leva la tête en entendant des chevaux arriver dans leur direction. La vue de Morgane chevauchant aux côtés de Bedivere était la seule confirmation qu'il leur fallait que la première partie de leur plan avait marché.

0o0o0

Hiram avait ordonné aux autres enfants de rentrer mais avait insisté pour aider Dean à ramener le vieil ermite évanoui jusque chez lui. Celui-ci avait voulu protester mais son ami ne lui avait pas laissé le choix. Le jeune terrien était toujours réticent à laisser voir ses pouvoirs. Il serait donc obligé de porter physiquement son bienfaiteur avec l'aide de son ami.

À cause de cela, ils mirent plus de temps que prévu à rentrer jusqu'à la petite maison du vieillard. Hiram aida Dean à le poser sur le lit et se trouve à vers son ami.

"Qu'est-ce qu'on fait ?"

Mais Dean l'ignorait. Il devait bien y avoir quelque chose qui pouvait aider Ahiram dans toute ses plantes. Malheureusement, non seulement il ne savait pas ce qu'il avait mais il ignorait totalement quoi lui donner. Déjà qu'il connaissait à peine les plantes médicinales terriennes alors celles natives de cette planète. Il y avait bien la magie mais il ne voulait pas en faire devant Hiram et celui-ci ne semblait pas décidé à partir. Peut-être qu'en l'envoyant chercher de l'eau…

Mais à ce moment-là, Ahiram se mit à tousser fortement. La toux était tellement importante que son corps fut saisit de convulsions. Les deux garçons se jetèrent à genoux près de lui pour le retenir mais ses mouvements étaient trop violent. De manière commença à apparaître sur sa peau et la température de son corps augmentait. Non, définitivement, il n'allait pas bien.

"Fais quelque chose !" Cria alors Hiram sur un ton désespéré.

Mais Dean ne savait pas quoi faire. Pourtant il savait qu'il devait faire quelque chose. Ahiram l'avait accueilli, soigné, logé et nourrit. Il ne pouvait pas le laisser dans cet état, il ne pouvait pas le laisser mourir, surtout qu'il était dans cet état par sa faute. S'il ne les avait pas sauvés, Hiram et lui, rien de tout ça ne serait arrivé. Il n'avait donc pas le choix.

Il tendit alors les mains et, sous le regard éberlué d'Hiram, celles-ci se mirent à briller d'une lueur verte. Petit à petit, la crise du vieil homme se calma. Sa toux cessa et son corps se détendit. Dean en était soulagé car c'était bien le seul sort de soin qu'il connaissait et c'était un sort de Magicien.

Il y avait bien quelques sorts curatifs enseignés à Poudlard mais ce n'était pas avant la cinquième année au moins. De plus, les sortilèges sorciers étaient les plus souvent trop spécifiques. Réparer des blessures minimes, amener de l'air aux poumons, remettre des os en place...chaque sort avait en quelque sorte sa fonction spéciale. Le sort qu'il avait utilisé était plus général. C'était également les plus utilisé au sein des divers communautés magiques. Au lieu d'envoyer un sort pour soigner telle ou telle affliction, le sort transférer de l'énergie de manière générale au blessé afin d'augmenter la capacité du corps à se régénérer lui-même. Quand on se trouvait dans l'urgence, c'était le meilleur sort pour des premiers soins.

Les premiers effets se firent d'ailleurs déjà sentir car en plus de se calmer, Ahiram ouvrit les yeux. Ceux-ci se baissèrent alors vers Dean et ses mains qui brillaient toujours, cependant ils n'exprimèrent pas la moindre surprise. À la place, il bougea l'une de ses propres mains parcheminées et la posa sur celles de Dean interrompant le sort. Il tendit ensuite son bras à l'extérieur du lit et pointa un doigt osseux sur un coffre. Il agita les lèvres mais aucun son ne sortit de sa bouche. Ses yeux roulèrent alors dans ses orbites et sa main retomba.

Dean ne comprenait pas. Pourquoi l'avait-il arrêté ? Il n'avait pas agi comme quelqu'un qui a peur mais comme s'il signifiait à Dean qu'il n'avait pas à faire ça ou que c'était inutile. Quant au coffre...peut-être y avait-il quelque chose à l'intérieur qu'il désirait.

Il se leva alors et avança vers celui-ci. Il gardait les yeux droits devant lui et essayait à tout prix d'éviter le regard d'Hiram. Il ne voulait pas savoir ce qu'il pouvait y lire. Il se remit alors à genoux, ouvrit le coffre et se mit à fouiller à l'intérieur. Au bout de quelques instants il sentit une présence à côté de lui. Il tourna la tête et vit que le jeune natif s'agenouillait à côté de lui, et se mettait également à la recherche de ce que désirait la vieil Ahiram. Dean avait l'impression que lui aussi évitait son regard.

Finalement, Dean trouva une bourse de peau d'animal tannée très douce. Elle était grosse et lourde et ce qui était à l'intérieur avait des coins que l'on pouvait voir à travers le tissu. Il l'ouvrit et dégagea l'objet. C'étaient t un cube assez étrange. Tout en métal, chacune de ses faces comportait, sur les bords, une frise de petits carrés dans lesquels étaient gravés des symboles. L'intérieur des faces comportait des creux de forme carré de plus en plus petit vers le centre comme des pyramides à degrés inversés. Le fond montrait le centre de l'objet qui était occupé par un petit cube de cristal blanc.

Il y avait quelque chose de familier dans cet objet. En le regardant plus attentivement, Dean se rendit compte que le métal sombre dont il était composé était le même que celui de l'étrange décoration dans la grotte. Non seulement cela mais les symboles étaient également identiques à l'écriture qu'il y avait vu. Malheureusement, contrairement à celles qu'il avait vu pendant les épreuves et à l'instar de celles du livre parmi le trésor d'Arthur, celles-ci ne se traduisirent pas automatiquement quand il les vit.

"La Lumière de la Vie…" balbutia alors Hiram à ses côtés.

Dean se retourna alors vers lui. Son ami, lui, ne le regardait pas. Ses yeux étaient complètement absorbé par le cube.

"Qu'est-ce que c'est ?" lui demanda alors le jeune terrien.

Hiram leva la tête et papillonna des yeux comme s'il ne comprenait pas la question. Cependant il répondit tout de même.

"C'est un cadeau" dit-il. "Un cadeau de l'Esprit de la Montagne donné au premier Protecteur."

Ce fut cette fois à Dean de papillonner des yeux sans comprendre.

"Je crois que tu me dois une explication" dit-il finalement à son ami.

"Toi aussi" lui dit alors celui-ci en le regardant droit dans les yeux.

Dean blêmit légèrement mais acquiesça. À ce moment-là, Ahiram poussa un râle. Les deux garçons se retournèrent alors vers lui et virent qu'il commençait à trembler.

"Il faut utiliser la Lumière !" S'exclama Hiram.

"Hein ?" S'exclama Dean.

"La Lumière ! La Lumière de Vie !"

Il montra le cube du doigt.

"Mais je ne sais pas comment le faire marcher ce truc, moi !" Geignit Dean alors que lui et son ami s'agenouillait à nouveau près du malade.

"Seul le Protecteur le peut. Seul lui peut l'utiliser pour guérir."

"Alors comment on fait ?"

"Je ne sais pas moi !" Geignit à son tour Hiram. "Peut-être que si on pose sa main dessus alors ça va marcher !"

Paniqué, Dean voulut prendre la main du vieil homme. Il tremblait tellement que, sous son regard horrifié, le cube pencha et tomba sur le sol. Dean se précipita alors pour le récupérer et le saisit à pleine main. C'est à ce moment-là que le cristal qui se trouvait au centre de mit à briller. Une pâle lueur blanche se mit à émaner du minéral translucide et éclaira le visage des deux garçons.

"Que...qu'est-ce que tu as fait ?" Demanda Hiram.

"Je...je ne sais pas, j'ai juste…"

Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Ahiram se remettait à tousser. Dean se précipita alors et posa le cube directement sur la poitrine du vieillard. La toux se calma presque instantanément. Dean soupira de soulagement. Il voulut retirer sans main mais aussitôt la lumière s'éteignit et Ahiram se remit à trembler. Il la remit rapidement à sa place et, cette fois-ci, l'y laissa. Le vieil homme se calma de nouveau. Puis il rouvrit les yeux quelques instants, hocha la tête puis s'endormit presque paisiblement. Dean resta en contact avec l'artefact pour que ses pouvoirs guérisseurs continuent à agir.

Le silence s'installa alors dans la cahute. Les seuls bruits que l'on entendait étaient les bruits provenant de l'extérieur et la respiration légèrement sifflante mais apaisée d'Ahiram. Puis, au bout, d'un moment, Dean se tourna vers son ami.

"Donc c'est quoi l'histoire de ce cube ? De la Lumière ?" Demanda-t-il.

Hiram le regarda quelques instants puis se détourna avant de répondre.

"Ici tout le monde connaît ces histoires" dit-il. "Chaque parent les racontent à ses enfants et ils le font souvent pour ne pas qu'on oublie. Il y a longtemps, nous avons fui un Dieu."

"Baal."

Hiram se tourna vers l'autre garçon.

"Ahiram m'a raconté" dit celui-ci.

"Qu'est-ce qu'il t'a dit ?"

Dean lui fit un rapide résumé de ce que le vieil ermite lui avait raconté des semaines auparavant.

"Les légendes racontent qu'à cette époque, nous avions toujours peur" dit Hiram en reprenant l'histoire. "Nous vivions dans des tentes pour pouvoir rapidement partir si le danger arrivait."

"Et il est arrivé ?"

Hiram hocha la tête.

"Nos ancêtres ont vu venir les chars volants du dieu. Ils ont voulu partir mais la tempête s'est levé à ce moment-là. Ils ont cru que Baal avait utilisé ses pouvoirs pour les empêcher de fuir. À partir de là, les adultes racontent des histoires un peu différentes. Certains disent qu'ils se sont préparés au combat, d'autres qu'ils se sont résignés à la mort, d'autres qu'ils se sont cachés…"

Dean ne savait pas exactement de quand datait cette histoire mais c'était normal qu'au fil du temps elle ait pu changer et que des versions différentes soient apparus.

"Puis ils ont attendus longtemps" reprit Hiram. "Mais rien n'est venu. Pourtant la tempête ne partait pas."

Pendant qu'il parlait, Hiram avait de nouveau détourné les yeux, regardant vers l'extérieure, par la fenêtre.

"Et puis un jour, un jeune du village a trouvé une grotte dans la montagne. Mes parents disent que c'était un berger qui était partit chercher une de ses bêtes, d'autres racontent que c'était un fou qui aimait juste grimper la montagne…"

"Et qu'est-ce qu'il y avait à l'intérieur ?" Demanda Dean, absorbé malgré lui.

"L'Esprit de la Montagne" répondit Hiram. "Il lui a dit que c'était lui qui avait amené la tempête pour les protéger et qu'elle reviendrait à chaque fois que quelqu'un serait proche. Il a aussi fait du villageois le premier Protecteur. Il lui a donné la Lumière de la Vie et des connaissances à partager avec son peuple."

Dean se mit à regarder dans la même direction que son ami, par la fenêtre où on pouvait voir un bout de la fameuse montagne. Un Esprit ? Pourquoi pas après tout…

"Quand il est revenu, le Protecteur était différent" reprit Hiram. "Il a dit aux villageois qu'ils ne craignaient plus rien, qu'ils étaient protégés et pour preuve il leur a montré la Lumière de la Vie et ses pouvoirs. Les villageois étaient heureux mais ils avaient aussi peur car le Protecteur aussi avait des pouvoirs à présent. Et ce fut ainsi pour tous ses successeurs."

La magie. C'était probablement la magie puisqu'Ahiram était le Protecteur et qu'il l'avait utilisé juste devant lui. Quant à ce fameux Esprit, comment avait-il fait ? Comment avait-il donné des pouvoirs au premier Gardien ? Et à Ahiram ? Est-ce qu'il leur avait juste gravé les Runes de Chaires ? Non, elles avaient besoins de magie pour s'activer. Alors comment ? Comment avait-il transformé un Sapient en Magicien ? Et l'avait-il fait à chaque fois ?

"Comment le Protecteur suivant était choisi, tu le sais ?" Demanda-t-il à Hiram.

"Le vieil Aqhat dit qu'avant, les Protecteurs utilisaient la Lumière pour trouver leur successeur. Ils faisaient toucher le cube à toutes les personnes de sa famille en commençant par ses enfants et ses petits enfants, garçons et filles réunis. Celui qui faisait jaillir la lumière était l'élu et était amené à la grotte de l'esprit pour y recevoir l'enseignement."

Aqhat devait savoir ce qu'il disait. C'était, à l'exception d'Ahiram, le plus vieil habitant du village. Il avait dû connaître ça dans sa jeunesse. Donc l'Esprit avait seulement modifié le premier Protecteur et pour les autres, il s'agissait seulement d'hérédité. Comment faire en sorte qu'il n'y ait qu'un seul Magicien toute les unes ou deux générations alors ça, mystère.

"Et maintenant ? Ça ne se fait plus ?" Demanda Dean.

"Le Protecteur n'a pas eu d'enfant. À la place il a essayé avec tous les autres enfants du village et même les adultes."

Si Dean comprenait bien, personne n'avait été testé positif alors.

"Toi aussi tu as touché le c...la Lumière ?"

"Ouais…" dit simplement Hiram. "Mes parents étaient déçus."

Lui cependant n'avait pas l'air de s'en préoccuper.

"Tout le monde a peur que le Gardien meure sans avoir trouvé de successeur" rajouta-t-il. "Mais bon, maintenant tu es là, n'est-ce pas ?"

"Quoi ?" S'exclama Dean, les yeux écarquillés.

"Tu à fais briller la Lumière, tu es donc notre prochain Protecteur" dit Hiram avec une sorte fausse nonchalance.

"Ah mais non ! Mais non ! Je ne peux pas !" S'exclama le jeune terrien, paniqué. "Je dois rentrer chez moi ! J'ai ma famille qui m'attends, mes amis et...et puis, moi c'est pas pareil, ça ne fonctionne pas de la même façon qu'ici."

"Ah oui ? Et comment je le saurais puisque tu ne m'as rien dit."

Dean se figea et regarda son ami. Celui-ci avait un regard sur blessé. Il se sentit gêne et détourna les yeux. Finalement il soupira et lui raconta tout sans rien omettre. Le fait qu'il venait d'une autre planète, le fait qu'il était un Sorcier, comment il était arrivé...Hiram l'écouta sans l'interrompre une seule fois. Quand Dean termina finalement son récit, les deux garçons restèrent pendant quelques instants silencieux, sans bouger. Puis Hiram regarda par la fenêtre et se leva.

"Il se fait tard" dit-il. "Je ferais mieux de rentrer avant que la nuit tombe."

Dean se contenta de hocher la tête. Puis soudain, il l'a tourna vers son ami et appela son nom. Celui-ci se figea au moment où il ouvrait le store de l'entrée. Dean voulut parler mais il n'arrivait pas à faire sortir les mots de sa bouche.

"Ne t'inquiète pas" lui dit finalement son ami. "Je ne dirais rien à personne. Ni sur toi, ni sur la Lumière."

"Je...merci" souffla Dean en baissant la tête.

"Au fait Dii"

Le jeune terrien releva brusquement la tête et la tourna vers son ami. Celui-ci s'était tourné pour le regarder. Il souriait.

"Si tubas le temps demain, n'hésite pas à venir jouer avec nous."

Dean sourit à son tour.

"Tu peux compter là-dessus" dit-il.

Le sourire d'Hiram s'agrandit. Il hocha la tête puis sortit, laissant désormais son ami seul avec le blessé.

"J'ai cru qu'il ne partirait jamais" dit alors une voix bougonne.

Dean sursauta et se tourna vers Ahiram. Celui-ci avait les yeux ouverts.

"Vous êtes réveillé" dit alors Dean avec soulagement.

Le vieil homme grogna et tenta de se redresser. Mais dès qu'il fut assis, ses traits de déformèrent et il porta sa main à sa poitrine.

"Le dispositif est de moins en moins efficace" grogna-t-il. "Il ne peut pas lutter éternellement contre le temps qui passe…"

"Ne bougez pas, il faut vous reposer !" S'exclama Dean en essayant de le forcer à se recoucher.

Mais Ahiram le repoussa.

"Non, il nous faut nous rendre à la montagne...la grotte. J'ai bien peur que tu ne puisses pas retrouver tes amis tout de suite."

Dean se souvient alors de ce que lui avait dit Hiram au sujet des futurs Protecteurs. Une fois désignés, le tenant du poste les amenait voir le soi-disant Esprit.

"Non !" S'exclama alors Dean. "Je ne peux pas vous succéder. Je dois rentrer chez moi ! Je…"

Mais Ahiram leva la main pour le faire taire.

"Paix enfant. Je le sais" dit-il. "Tous les Protecteurs savent que seul eux et leur successeur peuvent pénétrer dans la grotte. À une exception près. L'Elu."

"Un élu ? Quel élu ?" Demanda Dean.

"Un être venu d'ailleurs, de par-delà les étoiles, comme les Dieux et comme l'Esprit, le seul à part le Protecteur et son Successeur à posséder le Pouvoir."

"Moi ?"

"Si j'en crois ton histoire, oui."

"Vous étiez réveillé ?"

Ahiram hocha la tête.

"Pourquoi est-ce que je dois y aller ?" Demanda-t-il au bout d'un moment.

"Pour rencontrer l'Esprit. Pour qu'il lui dise."

"Me dire quoi ?"

"La Vérité."

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La Magicienne fit bouillir des herbes, des fleurs et des champignons dans un chaudron. L'odeur qui s'en échappait était entêtante.

« Je peux t'être utile à quelque chose ? » Demanda Hariel.

« Pas pour le moment » lui répondit Morgane accroupis près du feu.

Elle mit un peu de la pâte qu'elle avait préparé sur une pierre puis se redressa et s'approcha d'Arthur.

« Cette drogue saura éveiller ce qui t'es caché » dit-elle. « Il te forcera à voir les choses telles qu'elles sont et non pas telles que tu voudrais qu'elles soient. Mais il te faudra une protection. Donne-moi la main. »

Il obéit. Elle l'a pris dans la siennes et murmura quelques mots qui firent se dresser les oreilles d'Hariel. Il ne savait pas qu'elle parlait fourchelangue.

« Viens, sort de l'ombre et accordé ta protection à ce guerrier » siffla-t-elle.

Aussitôt, un serpent émergea de sa manche et se mit à glisser le long du bras d'Arthur. Celui-ci frémit mais ne retira pas sa main même quand la créature passa derrière son cou.

« J'aime pas les serpents » grogna-t-il.

« Nul ne les aimes » répliqua Morgane.

« Moi si » dit Hariel en passant un doigt sur le dos écailleux de l'animal au moment où il passa à sa portée.

Le serpent s'enroula autour du cou d'Arthur puis se dressa et mordit sa proie juste au niveau de la jugulaire. Morgane attendit quelques instants que le venin fasse effet avant de prendre la patte sur la pierre qu'elle tenait toujours et la mettre dans la bouche d'Arthur. Celui-ci la referma et suça les longs doigts fins de la femme devant lui pour en enlever la drogue et l'avaler.

C'était un puissant psychotrope mais dont la toxicité pouvait s'avérer dangereuse. Le venin du serpent et les toxines de plantes allaient s'annuler l'un l'autre pour ne laisser que les effets chimiques sur la perception. Arthur se sentait bien pour le moment mais plus tard dans la journée, les effets allaient se faire sentir.

0o0o0

Il fallut plusieurs jours pour qu'Ahiram se remette totalement sur pieds. Il restait au lit toute la journée à se reposer et à reprendre des forces. Pendant ce temps-là, il ne pouvait donc ni se laver, ni faire à manger. Dean lui avait accueilli son statut d'infirmier avec joie. Le vieil ermite s'était bien occupé de lui quand il avait été blessé. C'était donc à son tour.

Se levant avec le soleil, il allait accomplir les tâches matinales de son hôte, s'occuper du potager ainsi que des cochèvres. Bien sûr, c'était plus long que d'habitude puisqu'il était seul mais il pouvait également utiliser librement la magie pour aller plus vite. Il était également de corvée de cueillette quand c'était nécessaire, il lui suffisait pour cela qu'Ahiram lui dise ce qu'il lui fallait. Enfin, entre deux grognements et disputes.

En effet le vieil homme n'avait pas beaucoup apprécié ce repos forcé. En fait il s'était montré particulièrement récalcitrant au point que Dean avait dû l'ensorceler pour qu'il ne bouge pas de son lit. C'est à cette occasion que le jeune Magicien avait compris qu'à part les Runes de Sang, le Gardien ne connaissait aucun autre type de magie, aucune pratiques, aucun sort. Et mêmes elles ils ne les utilisaient pas souvent.

En effet la vie dans l'oasis était paisible. Ils étaient protégés par la tempête et donc personne ne venait troubler cette paix. Les seules fois où le Gardien faisait profiter les habitants de ce que lui avait transmis l'Esprit de la Montagne, c'était quand il utilisait ses connaissances médicales ou même quand il utilisait le cube, enfin, la Lumière de Vie.

Cependant, tous les successeurs des Gardiens sans exceptions devaient porter ces marques avant d'accéder à la fonction. C'était en quelque sorte un rituel de passage sauf que ce rituel visait à faire d'eux de parfaits guerriers en cas de nécessité. Ils devaient ainsi pouvoir faire face à toute attaque des forces ennemis du Dieu Baal au cas où la tempête ne les arrêterait pas. De plus, cela permettait également d'éviter les accidents comme celui qui avait failli coûter la vie à Hiram et Dean.

Toujours est-il que ce dernier avait vu dans l'ignorance du vieillard une chance d'obtenir ce qu'il voulait. Ayant fait preuve des qualités que pouvait avoir sa façon de pratiquer la magie (même les runes n'avaient pas donné assez de force à Ahiram pour se lever), il avait pu s'en servir de monnaie d'échange pour obtenir ses connaissances sur ce sujet qu'il désespérait d'enfin apprendre.

C'est pour ça qu'après le déjeuner, Dean partait retrouver ses amis pour laisser le vieil ermite dormir mais qu'il revenait dans l'après-midi pour leurs cours qui duraient jusqu'au soir. Ahiram était un élève sommes toute assez doué. Malgré ses récriminations, il écoutait et imitait Dean à la perfection. Sans doute espérait-il que celui-ci lui apprenne le contre sort qui lui permettrait enfin de sortir du lit.

Cependant, bien sûr, les cours allaient également dans l'autre sens et c'était au tour du vieil Ahiram de parler et au jeune Dean d'écouter. Ce dernier avait craint un instant que son mentor n'ait pas vraiment les connaissances qu'il recherchait et que c'était ce fameux Esprit qui avait tracé les runes sans que l'homme n'ai rien à voir dans le processus.

Fort heureusement pour lui, ce n'était pas le cas. Ahiram avait lui-même tracé ces runes sur son corps après un long enseignement de la part de son prédécesseur. Il avait montré les couteaux qu'il avait utilisé à Dean et ceux-ci ressemblaient beaucoup à ceux qu'il avait reçu à Noël dernier mais en plus simple.

Quand Dean avait demandé s'il les conservait pour des raisons sentimentales, la réponse, outre lui prouver qu'il était loin de la vérité, lui avait fait comprendre que jusque-là il n'avait fait qu'effleurer les possibilités des Runes de Chaire. En effet, grâce à elle, il était possible de lancer des sorts plus simple grâce à son sang ou d'activer ou même désactiver des runes en particulier. De même, il arrivait que certains jeux de runes s'usent et nécessitent un entretien. C'est à dire qu'il fallait les tracer à nouveau sans quoi elles risquaient de mal fonctionner ou pire, de nuire à leur porteur.

Rien que parler des lames, de leurs spécificités, de leur entretien, de la manière de les utiliser prit au moins deux soirées entières quant au reste, il ne servit à Dean qu'à comprendre qu'il avait énormément à apprendre avant de pouvoir, un jour, se dire Mage de Chaire. Et ce n'était as les quatre soirées qu'il avait passé avec son mentor qui allait faire de lui un spécialiste.

En effet, Ahiram avait fini par se remettre. À son troisième jour de convalescence, Dean lui avait permis de se lever pour se dégourdir les jambes. Dès le lendemain, le vieillard avait pu marcher normalement si bien qu'il avait prévenu Dean qu'ils partiraient dès le lendemain. Dean avait accepté et était partit faire ses adieux. Partir avec Ahiram voulait dire se rendre au Royaume d'Arthur et donc, comme lui avait promis Ganos, de rentrer chez lui.

Les enfants avaient beaucoup pleuré. Même certains parmi les plus âgés. Ils avaient demandé à Dean s'il comptait revenir. Celui-ci ne voulait pas mentir mais il ne voulait pas non plus leur donner de faux espoirs. Il avait donc dit que s'il pouvait un jour revenir, il le ferait. C'était tout ce qu'il pouvait faire. D'un certain côté il espérait vraiment pouvoir revenir mais il était bien conscient que traverser l'espace était l'aventure d'une vie et ne se reproduisait que rarement.

Quand il retourna chez le vieux Protecteur, Dean avait le cœur lourd. Il était triste de partir mais ce qui lui faisait le plus de peine c'était l'attitude d'Hiram. Dans les jours qui avait suivi, son attitude avait été presque la même que d'habitude. Dean cependant avait été très clair sur le fait qu'il allait bientôt devoir partir et rentrer chez lui. Sur le moment, Hiram l'avait accepté et avait voulu faire en sorte que leurs derniers instants soient les meilleurs. Il y avait plutôt bien réussi d'ailleurs. Jamais il ne s'était montré aussi audacieux. Mais cette après-midi-là, quand Dean était arrivé, il s'était enfui. Il avait dû voir à son expression que le départ était imminent et il s'était enfui.

Dean comprenait qu'il n'ait pas envie de perdre son ami. Lui non plus ne le désirait pas. Mais fuir n'était pas la solution. Il aurait au moins pu rester pour lui dire au revoir convenablement. À présent il n'en aurait plus l'occasion.

Ce soir-là, pour la leçon, Dean fut plutôt distrait, à la fois en tant que professeur qu'élève. Ahiram ne le reprit pas. Pas trop. Finalement quand l'heure de dormir arriva, le jeune Magicien mit du temps avant de s'endormir tant son cœur était lourd.

0o0o0

Alors que le soleil commençait à descendre sur l'horizon annonçant la fin du délai donné par Vortigern, Arthur grimpa à cheval. Sa tête tournait et un léger brouillard flottait dans son esprit mais il ne s'était jamais sentit aussi éveillé.

Il comprenait à présent ce qu'avait dit Morgane à propos des choses qu'il ne voulait pas voir. L'esprit humain avait une impressionnante capacité à ignorer certaines choses qui sortent de sa compréhension. Sa raison occultait les choses qui étaient réels et lui faisait voir un monde qu'il pensait réel et qui le rassurait.

Mais la vérité était toute autre. La vie était partout, une vie intelligente qui soufflait dans le moindre brin d'herbe. Que l'être humain ignore cette chose devait assurer sa tranquillité d'esprit car c'était une race pour qui tout pouvait être un ennemi.

Alors que ses sens étaient éveillés à cette réalité, Arthur arrivait enfin sur le pont menant au château de Tintagel. Il fit le même trajet que Bedivere plus tôt dans la journée.

De leur côté, les autres se préparaient à la bataille qui allait venir. De out dans un cercle de pierre, entouré de feuilles et de poussières soulevé par son pouvoir, Morgane regardait un aigle voler vers le château en tenant dans ses serrés un serpent.

Du haut de son cheval, Arthur les vit. Cela le distrait des visions qu'il voyait et qui mêlaient réalité aux souvenirs de ses cauchemars.

Les pièces se mettaient en place.

0o0o0

Ils partirent tôt le lendemain matin. Dean avait des petits yeux mais il n'avait pas trop sommeil. Il était à la fois excité et triste ce qui le tenait éveillé.

Au départ, il avait proposé à Ahiram d'utiliser la magie pour accélérer, les faire transplaner sur certaines distances, mais le vieil homme avait refusé.

"Ce n'est pas parce que tu peux faire les choses que tu dois forcément les faire" avait-il dit en grognant.

Dean, même s'il ne comprenait pas très bien ce qu'il avait voulu dire, n'insista pas. Il se contenta de préparer ses affaires en sélectionnant ce qu'il allait ramener. Il avait remis ses vêtements terriens, troquant le pantalon de peau, la tunique de laine, la ceinture de tissus et les bottes de cuir qu'il portait depuis son arrivée au village contre le jean, le tee-shirt et les baskets qu'il portait ce jour-là pour monter Glastonbury Tor.

Il avait voulu les rendre à Ahiram mais le vieillard avait refusé et lui avait simplement dit de les garder. Dean, secrètement ravi, n'avait pas insisté et les avait rangé dans sa dimension de poche. Celle-ci ne s'était d'ailleurs pas désemplit depuis son arrivée.

En effet, comme Dean connaissait bien son cousin, il se doutait que la perspective d'étudier une nouvelle planète recelant la vie l'exciterait au plus haut point. C'est pour ça que pendant tout son séjour, il avait collecté des échantillons. Sable, terre, eau, roches, mais aussi plantes (notamment celles qu'Ahiram et lui ramassaient et qui avaient des vertus médicinales), de la laine et des poils des animaux et même de l'air qu'il avait enfermé dans un pot et scellé par magie.

Bien sûr, il savait qu'Hariel déplorerait l'absence de matériel biologique à analyser mais Dean se voyait mal prélever du sang ou des cheveux aux habitants du village ou même à Ahiram. Et encore, si Hariel avait été présent, il aurait aussi demandé des échantillons de peau, de divers fluides vitaux, de liquide cérébrale, d'os… (oui, il pouvait avoir certains points communs avec un savant fou) rien que Dean ne pouvait demander ou même penser à prélever. En plus il ne savait pas comment faire. Et tout ce qui était déjections c'était un non catégorique.

Donc une fois tous les deux prêts, ils sortirent de la maison mais contrairement à leurs habitudes, ils ne se dirigèrent pas vers le potager où les enclos des cochèvres, vers le chemin du village et les coins de cueillettes. Non, cette fois ils se dirigeaient directement vers la montagne.

Dean ne savait pas exactement où habitait ce fameux Esprit. Ahiram avait été très vague. Il avait parlé d'une grotte mais c'était tout. Le jeune Magicien s'était donc imaginé quelque chose proche du sommet. C'est pour cela qu'il avait été très surpris quand, au lieu de monter, ils s'étaient plutôt mit à contourner la montagne.

Est-ce qu'il y avait un chemin particulier pour grimper ? Dean devait avouer qu'il ne s'était pas trop posé la question. Il y était monté qu'une seule fois, au début de ses explorations, afin d'avoir une vue d'ensemble de l'oasis. Enfin, il avait transplané au sommet en plusieurs fois.

C'est de là-haut qu'il avait pu voir l'intégralité du mur de sable et surtout le fait qu'il entourait, non pas l'oasis même mais la montagne. En fait celle-ci se développait autour du lac qui se trouvait au pieds de la montagne. D'ailleurs, c'était là également qu'il avait remarqué la forme plus qu'étrange de ce lac.

En effet celle-ci semblait plus quadrilatérale qu'arrondis. La rive la plus proche de la montagne s'arrêtait vraiment ai bord de la pente. On aurait dit que la montagne plongeait à l'intérieur. Ce phénomène aurait ou s'expliquer si, longtemps auparavant de l'eau descendant de la montagne avait creusé le lac cependant il n'y avait aucune trace de ruissellement sur les roches. Ensuite, les côtés adjacents du lac partaient presque en lignes droites perpendiculairement à la montagne. Certes les rives étaient dentelés mais restaient énormément parallèle. Presque trop pour être naturelle. Enfin, le dernier côté, à l'opposé de la montagne possédait une rive très sinueuse mais ici formait en définitive une ligne assez droite. De plus, alors que les autres avaient un fort dénivelé, celle-ci était presque en pente douce. C'était d'ailleurs pour cela que les femmes s'y réunissaient pour faire la lessive et les enfants pour se baigner. On pouvait marcher en fait plusieurs dizaines de mètres avant que l'eau ne vous arrive aux épaules.

Bref, tout cela pour dire que le mur de sable qui faisait une muraille tout autour du lieu n'était pas la seule chose étrange.

Dean et Ahiram continuèrent à marcher pendant presque une heure sans qu'à aucun moment le vieil homme ne cherche à leur faire grimper la pente de la Montagne. Le chemin n'en était pas facile pour autant. Il y avait bien une piste qu'ils suivaient cependant elle ne devait pas être beaucoup fréquentée. Très rocailleux, il forçait les deux hommes, à monter et à descendre des rochers, à sauter par-dessus des trous et à suivre des gorges étroites.

À un moment, Dean s'engagea à la suite de son guide sur une pente recouverte de sable et de petits cailloux qui roulaient sous ses pieds. Déséquilibré, il manqua tomber. Le seul moyen pour lui de ne pas rouler sur le sol était d'avancer plus vite qu'il ne tombait. Il se retrouva donc presque courir sur la pente, son élan l'emportant même une fois qu'il fut en bas. Il finit par dépasser Ahiram avant de ralentir. Épuisé, il s'appuya contre un rocher.

"Il...il n'y avait pas un chemin plus facile ? Genre en faisant le tour par le désert ?"

"Il s'agit du chemin rituel" lui répondit Ahiram avec un regard sévère, "celui que le premier Protecteur à suivit avant de rencontrer l'Esprit. Tous ses successeurs sont également passé par ici à chaque fois qu'ils allaient rencontrer l'Esprit."

"Donc on est obligé de passer par là" gémit Dean. "On ne peut pas au moins souffler deux secondes ?"

Ahiram eut alors un léger rictus. Dean comprit alors qu'il se moquait de lui. Il comprit surtout ce qu'il avait voulu dire quand il avait refusé le transport magique. Oui, il pouvait aller instantanément d'un endroit à l'autre mais en le faisant, son corps n'était pas maintenu en forme donc il se fatiguait plus rapidement et donc il voulait se simplifier la vie encore plus. Un cercle vicieux en somme.

Sans le vouloir il avait reproduit l'un des travers des Sorciers de par le monde : leur paresse. En effet, en plus d'être des moutons qui peinaient à prendre la moindre décision, les sorciers de reposaient sur la magie pour à peu près tout. Se déplacer, travailler ainsi que les activités communes comme faire le ménage, la cuisine, ranger,... Il avait même vu certains de ses camarades utiliser la magie pour attacher leurs lacets. Ils le faisaient manuellement jusqu'à ce qu'ils apprennent le sort approprié et ensuite…

La paresse avait du bon. Selon Hariel, la paresse était le moteur de l'ingéniosité humaine. L'homme inventait pour avoir moins de travail à faire. La roue, la charrette, la voiture,...tout cela avait été créé dans le seul et unique but d'aider l'homme à transporter les choses lourdes (comme lui-même).

Donc la paresse c'était bien...mais, comme toute chose, avec modération. Les Sorciers, eux, étaient trop paresseux. La magie leur rendait bien trop de services et leur permettait de faire beaucoup trop de choses. Ajouté à ça leur propension à suivre le mouvement et cela donnait une société qui stagnait, des gens paresseux qui se contentaient de suivre des gens tout aussi paresseux.

C'était en cela que les Sapients étaient supérieurs. Sans la magie, ils avaient dû improviser et finalement créer une émulation globale et perpétuelle. Tournés sur eux-mêmes, isolés, les Sorciers n'avaient pas conscience de ce monde en perpétuelle évolution autour d'eux et ça, c'était leur principale faiblesse.

Dean ne savait pas vraiment si Ahiram avait pensé à tout ça quand il s'était moqué de lui mais il hocha tout de même la tête pour le remercier de cette leçon d'humilité. Il se reposa tout de même quelques instants et bu un peu d'eau avant de se redresser.

"C'est bon" dit-il. "On peut y aller."

Ahiram hocha la tête et se remit en marche suivit par son jeune protégé. Cependant ils n'avaient pas fait dix mètres qu'ils entendirent un cri et le bruit de graviers qui s'entrechoquaient bruyamment. En se retournant, Dean vit quelqu'un dévaler la pente la tête en bas et il réagit. Tendant la main vers lui, il stoppa sa chute en faisant flotter son corps avant de le ramener les pieds sur terre sur le chemin.

"Hiram ?" S'exclama Dean en reconnaissant son ami.

"Euh... salut" dit celui-ci, un peu gêné.

"Mais...qu'est-ce que tu fais là ?"

"Je ne voulais pas partir sans te dire aurevoir."

Dean fronça les sourcils. Un léger ressentiment fit remonter un goût aigre dans sa bouche.

"Tu aurais pu le faire hier, non ? Au lieu de t'enfuir" dit-il d'un ton froid.

"Mais hier...je n'ai pas pu…"

"Tu n'as pas pu ?" S'exclama Dean, exaspéré. "Tu m'aurais laissé partir sans me dire au revoir alors que je ne...alors que…"

Il voulait dire "alors que je ne reviendrai peut-être jamais" mais c'était trop dur.

"Je suis désolé, d'accord !" S'exclama alors à son tour Hiram. "Mets toi aussi à ma place. C'était...c'était trop dur, tu comprends ?"

Il y avait une telle douleur dans sa voix que cela calma un peu la colère de Dean.

"J'y ai pensé toute la nuit" reprit Hiram. "Je n'ai pas dormi. Alors ce matin, je suis venu te dire aurevoir. Mais quand je t'ai vu sortir avec le Protecteur, j'ai paniqué par habitude et je me suis caché. Après, je ne sais pas pourquoi mais je vous ai suivi. J'espérais peut-être pouvoir te parler seul à seul."

Dean sourit.

"Merci" dit-il. "Je…"

"Et bien vous êtes tous les deux maintenant. Alors vous vous dites aurevoir et toi, tu retournes au village."

Hiram blêmit au ton autoritaire et un peu effrayant du vieil Ahiram. Il l'avait toujours craint, comme tous ceux du village. Il avait l'impression que le doigt qu'il pointait vers lui était la promesse des pires tourments. Ce n'était pas la première fois qu'il se sentait comme cela devant lui. En effet, il lui était déjà arrivé une fois de fanfaronner auprès des autres et d'essayer de l'approcher, de lui faire une blague. Mais un seul regard du vieillard avait suffi à le faire fuir.

Pourtant, cette fois, il décida qu'il ne voulait. Il décida qu'il avait quelque chose de plus important à perdre s'il obéissait que s'il n'obéissait pas.

"Non" dit-il alors. "Non. Je ne rentrerais pas. Je vous accompagne."

"Quoi ?" Demanda alors Ahiram, surpris.

L'expression ahurie de son visage faillit faire exploser de rire le plus jeune. Il avait tout de suite moins leur du vieil ermite.

"Je vais venir avec vous et quand Dean rentrera sur sa pal..platette...chez lui, alors je lui dirais aurevoir."

"C'est hors de question !" S'exclama Ahiram. "Seul les Protecteurs et leurs successeurs ont emprunté ce chemin ! Personne d'autre et ça continuera comme ça !"

"Mais moi je ne suis ni l'un ni l'autre !" Intervint Dean. "Si vous faîtes une exception pour moi, vous pouvez aussi en faire pour lui !"

"Toi, c'est différent, tu es l'Élue."

"Et bien en tant qu'Élue, je décrète que je n'irais pas là-bas sans Hiram."

"Ce n'est pas comme ça que ça marche" cracha le vieil homme.

"Et bien dans ce cas, je ne viens pas avec vous" répliqua alors Dean en croisant les bras d'un air décidé.

"Quoi ?" S'exclama alors Ahiram en gratifiant les deux plus jeunes d'une expression totalement ahurie pour la seconde fois de leur vie.

"Je ne viens pas avec vous" répéta Dean.

"Tu dois venir, c'est le seul moyen pour toi de rentrer."

"Peut-être mais je peux très bien y aller sans vous. Je peux suivre le chemin et amener Hiram avec moi jusqu'à la grotte de l'Esprit."

"Exactement" approuva Hiram avec un grand sourire, sourire qui se décompose quand il comprit ce que son ami venait de dire. "La grotte de l'Esprit ?"

"Chut, laisse-moi faire !" lui intima Dean.

De son côté, Ahiram ouvrait et fermait la bouche comme un poisson, ne sachant que répondre.

"Imaginez ce que dirait l'Esprit s'il l'envoyait arriver seul, sans vous. Qu'est-ce qu'il penserait de vous ?" Ajouta Dean pour enfoncer le clou.

Le vieil Protecteur lui jeta un regard furieux. Puis il se détourna et se remit à marcher sur le chemin. Dean soupira de soulagement. Il n'était pas sûr que son bluff marcherait. Après tout, il ne savait pas si ce chemin allait directement à destination sans aucune bifurcation ou autre. Mais à la réaction de son guide, cela devait être probablement le cas.

"Allez, viens" dit-il à son ami avant de se remettre lui aussi en marche.

Hiram hésita.

"Mais tu es sûr que je peux venir avec toi à la grotte de l'Esprit ?" Dit-il d'une petite voix.

Ne percevant aucune réponse, il soupira et se mit en route à son tour. Le trajet dura encore plusieurs heures ponctué de pauses pour les garçons. Ahiram, lui, malgré son âge et sa maigreur, semblait tailler dans le roc et ne pas ressentir la fatigue.

Finalement, après une longue marche dans une gorge aux parois hautes et rectilignes, ils débouchèrent sur un espace un peu plus vaste. Dean et Hiram écarquillèrent alors les yeux face au spectacle devant eux. Hiram n'avait aucun point de comparaison mais Dean si, cela lui rappelait un endroit sur Terre dont il avait entendu parler plusieurs fois, à la télé pour vu des photos dans des livres, Petra.

En effet comme pour la cité antique jordanienne, ou plutôt comme pour son monument le plus célèbre, la Khazneh, la paroi de la montagne en face d'eux était sculpté pour ressembler à la façade d'un temple. Des colonnes supportaient un fronton finement sculpté surmonté d'une tholos entouré de portiques de part et d'autre. Et tout comme à Petra, entre les colonnes du bas, on pouvait voir une entrée.

D'un pas assuré, Ahiram avança dans le cirque naturel. Dean lui, avança plus lentement pour admirer le paysage. D'après ce qu'il pouvait voir, les parois étaient très hautes et escarpées. Non seulement ça mais elles étaient également légèrement inclinés vers l'extérieure et leurs extrémités se terminaient par des piques rocheux. Cela voulait dire qu'il était non seulement impossible de voir le temple par le dessus mais aussi que le chemin qu'ils avaient pris était le seul accès.

Voyant qu'Ahiram commençait déjà à grimper les marches menant à l'entrée, il pressa le pas, Hiram toujours dans son ombre. Il avança rapidement entre les colonnes et entra à l'intérieur de la montagne.

Ahiram s'arrêta soudain. Dean stoppa également ainsi que son ami. Le vieil homme se mit à fouiller dans son sac et en sortit une lampe en terre comme celle qui les éclairait habituellement le soir, dans la cahute de l'homme. Il la posa au sol et sortit une petite outre à l'odeur caractéristique d'une huile obtenue par fermentation de certains fruits de l'oasis et des pierres sombres.

Comprenant qu'il cherchait à les éclairer dans ces couloirs sombre, Dean convoqua immédiatement plusieurs lumières magiques. Les sphères lumineuses se mirent à flotter au-dessus d'eux, éclairant les alentours comme en plein jour. Ahiram les regarda quelques instants puis se tourna vers Dean avant de remettre la lampe et le reste dans son sac.

Il se leva avec quelques difficultés puis se remit à marcher sans un mot à la lumière des sphères. Dean le suivit et il dû tirer Hiram par le bras tant il était fasciné par le tour de Magie.

Le trajet fut assez long alors qu'ils déambulaient dans la montagne. En effet celle-ci était percée d'un très important réseau de galeries. Des salles de tailles variées succédaient à de longs couloirs, formant ce qui pourrait s'apparenter à un labyrinthe. Il y avait également de nombreux escaliers montant toujours plus haut dans la montagne et formant des étages tout aussi labyrinthiques.

Comme il les grimpait, Dean constata que les marchés étaient très droites et aussi très régulières en hauteur. De plus, chaque marche était parfaitement lisse alors qu'elles étaient creusés dans la roche pure. En fait, l'intégralité de ce labyrinthe troglodyte avait le même aspect : murs, sols et plafond étaient non seulement plats mais aussi exactement quadrilatéraux et rectilignes. Dean les avait touché les parois de la main et constaté que c'était bien de la pierre taillé d'un seul bloc dans la montagne même.

Cela n'avait rien à voir avec les habitations qu'il avait vu dans la vallée. Les façades des maisons étaient certes lisses mais c'était grâce à un crépis fait à partir de terre et d'eau. Ici, c'était de la pierre. Personne dans l'oasis n'avait l'avancée technologique nécessaire pour un tel travail. Est-ce que c'était celui des Protecteur ? Est-ce que c'était eux qui avaient sculpté ce labyrinthe ainsi que l'impressionnante porte qui y menait ? Avec de la magie, cela devenait très possible cependant il savait que ceux-ci n'étaient spécialisés qu'en Runes de Chaires et il ne sentait pas la moindre magie provenir des murs ou de quoi que ce soit d'autre. C'était presque comme si une...machine avait exécuté ce travail.

Le silence était oppressant. Ahiram ne parlait pas. Et les deux garçons, eux, n'osaient pas. La seule chose qu'ils entendaient était le bruit de leurs propres pas, quoique Dean soit persuadé d'avoir entendu des bruits de grattements à certains endroits.

L'ascension continua encore pendant quelques temps. Plusieurs heures en fait. Au fur et à mesure, les étages étaient moins grands, moins tentaculaire. C'était à ces niveaux là que Dean entendait les bruits. Finalement, les escaliers se mirent à s'enchaîner sans que jamais ils ne débouchent sur un couloir ou même une salle. Les deux garçons commençaient à s'épuiser alors que le plus âgé, lui, semblait infatigable. Cependant, s'ils avaient été plus attentifs, Dean et Hiram auraient remarqués les traits tirés de leur guide, la tension de son corps ainsi que ses très légères mimiques de douleur.

Les escaliers n'en finissaient pas. Ils avaient enchaîné les pauses et pourtant ils traînaient la jambe. Au bout d'un moment, Dean leva les yeux pour voir si Ahiram était loin devant et il vit que le vieil homme s'était arrêté. Il pouvait également, grâce aux lumières magiques, voir que l'escalier s'arrêtait. Enfin, ils étaient au bout.

Montant rapidement les dernières marchés, Dean rejoignit Ahiram. Celui-ci le regarda arriver dans la petite pièce où débouchait l'escalier puis tendit le bras pour pointer une direction. Là où il montrait, il y avait une ouverture. Dean s'avança et remarqua qu'elle émergeait sur un espace plus grand et formait une sorte de promontoire.

Il s'avança et écarquilla les yeux devant le spectacle. La paroi s'ouvrait sur l'intérieur d'une grotte. Assez en hauteur, elle permettait de voir l'immense voûte percée de crevasse permettant de faire passer la lumière. Celle-ci éclairait le vaste espace qui s'étendait sous les pieds de Dean et surtout ce qui reposait tout au fond.

C'était une ville. Une ville immense faire en majeur partie de fines tours blanches dont certaines arrivaient à son niveau.

"C'est le Royaume d'Arthur" dit Ahiram en s'avançant derrière lui. "l'Esprit la nomme aussi d'un autre nom. Camelot."

0o0o0

Arthur arriva dans la cours du château et descendit de cheval. Il y avait bien plus de gardes que le matin même. Colles s'ils craignaient ce qu'il pouvait faire alors qu'il n'était même plus armé.

Il les laissa lui retirer son manteau et lui attacher les poignets avant de l'emmener dans le château.

Au même moment, l'aigle sous le contrôle de Morgane déposa le serpent près d'une fenêtre. Elle le relâcha avant de prendre le contrôle de ce dernier. Autour d'elle l'énergie rugissait. En effet, au milieu de ce cercle de Pierre, la Magicienne pouvait faire des miracles.

Assis nonchalamment dans son trône, la main sur le pommeau de l'épée, Vortigern attendait. Les grandes portes s'ouvrirent alors et il vit Arthur être amené devant lui. Il ne pouvait pas voir le serpent se glisser vers lui depuis les poutrelle de la salle.

Il fit un signe et les gardes arrêtèrent Arthur. Il se lava et descendit les quelques marches du piédestal sur lequel se trouvait son trône.

« Finissons-en vite, veux-tu ? »

On sentait l'anxiété dans sa voix.

« Agenouillez-le ! » Ordonna-t-il en dégainant Excalibur.

Arthur se laissa faire. Il regarda sur le côté, là où se trouvait John. Celui-ci hocha la tête et disparut discrètement dans les ombres. Il avait reçu ses ordres d'Hariel plus tôt dans la journée. Il savait ce qu'il avait à faire.

À ce moment-là, Vortigern entendit un sifflement. Il se tourna sur le côté et vit le serpent. Celui-ci avait rampé le long des murs sur les arcs et les piliers et se tenait à présent enroulé autour du chapiteau de l'une des collines qui entourait le trône. Dès que le Roi le vit, il ouvrit la gueule et frappa. Vortigern était un usurpateur mais il était tout de même un guerrier. Avec un gracieux arc de cercle, il fit voler la lame qui trancha la gueule du serpent et alla se ficher dans la pierre de la colonne.

Le corps du reptile tomba à terre éclaboussant le sol de sang. Vortigern voulut retirer l'épée mais il ne le pouvait pas. Elle était bloquée dans la pierre. L'épée était dans la pierre…comme à ses débuts.

[BOOST !] entendit on alors qu'une gant cramoisi apparaissait autour de son bras.

Mais l'épée ne bougeait toujours pas. Il augmenta encore donne pouvoir grâce au gant mais c'était peine perdue. Il l'a lâcha. Il se tourna alors vers Arthur dont le visage était orné d'un sourire triomphant.

À ce moment-là, un fracas se fit entendre et tout se mit à trembler. Il y avait quelque chose dehors qui se déplaçait. Tous se tournèrent alors en direction de la porte à l'exception d'Arthur. Il savait ce qui se passait. C'était le dernier tour de Morgane.

Soudain, la porte explosa et quelque chose d'énorme pénétra dans la salle. C'était un serpent. Une bête immense qui s'engouffra dans la salle en écrasant les gardes au passage, défonçant les colonnes et fissurant les murs. Le chaos était total mais épargnait Arthur. Celui-ci se releva et regarda vers le trône. Vortigern avait disparu.

Arthur s'avança vers Excalibur et ses servit de sa lame pour trancher ses liens. Il posa la main sur la poignet mais hésita quelques instants. Il se tourna vers le serpent géant qui avait tourné sa tête vers lui. Il se redressa, ouvrit sa gueule aux crocs recourbés et pointu et poussa un feulement dans sa direction.

Arthur ne bougea pas un cil. Le serpent fit alors demi-tour et sortit de la pièce. Arthur tira alors sur l'épée et la dégagea de sa prison de pierre. Il l'a pris viennent main et se dirigea calmement vers la sortie.

Il devait trouver sa proie.

0o0o0

Un escalier permettait de descendre jusqu'au bas de la grotte. Comme à l'intérieur des parois, il était taillé dans la pierre et les marchés étaient totalement lisses. La seule différence étaient qu'ils étaient taillés de telle façon que la paroi forme un garde-fou pour les empêcher de tomber. Elle ne les empêchait cependant pas de voir.

Alors qu'ils avaient repris leurs route, Dean observait la ville en dessous d'eux. S'il avait dû lui donner une forme, il aurait dit qu'elle ressemblait à un flocon de neige. Il y avait une partie centrale à base triangulaire faites de très hautes tours. De là partait des sortes de bras, six, un de chacun des coins du triangle et un de chacune des arrêtes. Assez fins, ils s'élargissaient ai bouts pour prendre des formes trapézoïdales.

Chacun de ces "bras" étaient creux en leur centre, révélant des trous sombre mais où on pouvait apercevoir quelques miroitements à certains moment. Ils devaient être remplis d'eau. À certains endroits il ne semblait y avait rien de plus que ces larges canaux mais à d'autres, plusieurs tours s'élevaient même si elles étaient moins hautes que celles du centre.

Dean n'avait pas trop le compas dans l'œil mais il essaya quand même d'estimer sa taille. Exactement au milieu de la partie centrale se trouvait une tour plus grande que les autres. Elle était si grande qu'elle dépassait le niveau où se trouvait Dean quand il avait découvert la ville. S'il devait donner un chiffre, il aurait dit qu'elle faisait près de mille mètres. Peut-être un peu moins. Cependant, aussi haute soit-elle, Dean estimait qu'on pouvait en rentrer environ trois dans chacune des distances qui séparait sa base du bout de chacun des bras. Cela voudrait alors dire qu'elle ferait au moins six kilomètres de diamètre, ce qui était impressionnant.

Cependant, ces chiffres amenèrent immédiatement une autre réflexion à Dean. En effet, mille mètres de hauteurs et six kilomètres de diamètres c'était approximativement la taille de la montagne. À deux ou trois centaines de mètres près. Cela voulait dire que la grotte prenait presque toute la montagne, qui était creuse. Ou alors, cela voulait dire que la montagne avait été, d'une manière ou d'une autre construire autour de la cité.

Finalement, et après presque avec autant d'efforts que pour la montée, Dean et les deux autres atteignirent le bas de l'escalier et posèrent le pieds sur le sol de la grotte. Tout autour d'eux une végétation luxuriante poussait, la même que celle que l'on pouvait trouver dans l'oasis. Mais même entouré de hauts arbres on pouvait encore voir la grande tour culminer tout là-haut.

Ahiram les fit avancer sur une piste ancienne, un petit chemin de terre qui avait probablement été emprunté par des générations de Protecteurs. Finalement, celle-ci s'arrêta au bas d'un très haut mur blanc d'environs une cinquantaine de mètres de hauts. Une muraille ? Non ce n'était pas ça. Dean ne l'avait pas remarqué plus tôt mais la ville était posée sur une haute base formant une sorte de plateau. Et à ce moment-là, ils se trouvent juste à ses pieds.

Voyant qu'Ahiram ne bougeait plus et semblait attendre quelque chose, Dean ouvrit la bouche pour poser une question. Mais à ce moment-là, il y eut comme un bruit. Alors que le mur semblait totalement lisse, une forme rectangulaire se dessina soudain à sa surface puis se sépara en deux, s'ouvrant comme une porte.

Il y avait quelqu'un derrière.

"Bienvenu Protecteur. Et toi aussi jeune Élue" dit la personne.

Cette voix, cette apparence, cette barbe…

Merlin.

0o0o0

L'entrée du serpent avait été le signal de l'assaut. Les troupes des résistants s'étaient rassemblés. Ceux qui avaient survécus au massacre. Ils avaient été rejoint par les habitants de Londinium qui souhaitaient se battre et par tous ceux qui, d'un bout à l'autre du pays avaient entendu parler des exploits d'Arthur et voulaient se battre à ses côtés.

Alors que certains allaient libérer les esclaves qui travaillaient au chantier de la Tour, les autres avaient pris d'assaut le château. C'était une marée humaine qui déferlait à présent, submergeant la garde déjà mise à mal par l'attaque du serpent géant.

La bataille avait commencé.

0o0o0

Dean resta bouche bée. Pourtant il savait qu'il n'aurait pas dû être surpris.

Il s'agissait bien de Merlin, le même Merlin version Dumbledore à la silhouette transparente et lumineuse qu'il avait vu dans la grotte sous Glastonbury Tor.

"Vénérable esprit, comme convenu je vous ai amené l'élu."

"Inutile de lui parler" soupira Dean. "J'ai déjà connu ça, c'est comme un message enregistré. Il ne répondra pas."

"Bien au contraire, jeune Dean" dit alors l'hologramme en se tournant vers lui. "J'écoute et je réponds."

Puis il se tourna à nouveau vers Ahiram.

"Je te remercie fidèle Protecteur. Tu as bien accompli ta mission."

Il sembla jeter un coup d'œil à Hiram mais ne dit rien. Il se contenta de se tourner une nouvelle fois vers Dean.

"Je le répète, bienvenue Dean, mon descendant" dit-il.

"Alors vous êtes vraiment Merlin ?"

"Oui et non" répondit l'apparition. "Je suis une intelligence artificielle programmée avec l'apparence et les souvenirs de Myrddyn, celui que tu nommes Merlin. Mon but ici est notamment de te révéler la vérité."

"Quelle vérité ?" Demanda Dean.

"Celle de nos origines" répondit Merlin.

Puis il lui fit signe de le suivre et se détourna. Le jeune terrien lui emboîta aussitôt le pas et, après un temps d'hésitation, les deux natifs de cette planète le suivirent.

"Cette histoire remonte à très longtemps" dit Merlin alors qu'il avançait. "Il y a plus de 50 millions d'années, dans une galaxie très lointaine…"

Dean, juste derrière lui, sentit un frisson lui parcourir le dos. On aurait dit l'ouverture d'un film de Star Wars. À l'exception du fait que c'était réel.

"Un peuple est arrivé au sommet de son évolution technologique, philosophique, artistique et même physique" continua l'hologramme. "Une évolution qui leur permettait d'atteindre un autre plan de la réalité, d'abandonner leur corps physique pour devenir une entité immortelle de pure énergie…"

À ce moment-là, une image s'imposa dans l'esprit du jeune terrien. Celle de Ganos, dans l'espace, son corps rayonnant de lumière...rayonnant d'énergie semblable à de la Magie Pure.

"Ce peuple si évolué portait le nom d'Alteran."

Toujours en écoutant l'intelligence artificielle, Dean regardait autour de lui. Le sol était fait d'une matière lisse, dure et qui étouffait les pas mais rien de ce qu'il connaissait. On aurait dit de la pierre polie ou alors du métal. Les plafonds étaient parcourus de lignes lumineuses qui les éclairaient. Celles-ci étaient décorées de symboles géométriques, des symboles qu'il avait déjà vu, les symboles de la grotte, du livre et du cube, l'écriture des Alterans.

"Mais tous les êtres vivants peuvent succomber au pouvoir et nul n'est parfait" reprit Merlin. "Parmi les élites de Alterans, parlais ceux qui étaient les plus évolués, un schisme important se produisit et deux groupes distincts se formèrent. Le plus important des deux souhaitait que l'ascension soit réservé à leur seule élite et qu'ils utilisent leur nouveau statut pour être vénéré comme des dieux. Les autres souhaitaient éclairer leur frère par la logique et la science afin de les aider à évoluer et à les rejoindre."

Le silence régnait, non seulement autour d'eux mais aussi dans le groupe. Leurs pas étouffés participaient à créer cette atmosphère oppressante.

"La plus grande des deux factions créa alors sa propre religions, "Origine" et se baptisèrent eux-mêmes les Ori. Dans leur soif de pouvoir absolue, ils ont soumis tous les peuples de la galaxie mais ils n'arrivaient pas à faire fléchir les Alterans restant. Alors ils ont décidé de les détruire."

Le couloir qu'ils suivaient possédait de nombreuses portes. Contrairement à celle extérieure, celles-ci étaient clairement définis par un cadre et des contours lumineux. Elles étaient parfois petites, de la taille d'une porte classique et parfois grande, avec deux battants. Certaines étaient ouvertes et on pouvait y voir des caisses en métal, d'autres, des sortes d'empilements de cristaux. Dans l'une d'elle, Dean vit des robots en forme de sphère qui flottaient. À l'aides de petits bras mécaniques, ils manipulaient des cristaux qu'ils inséraient dans des tiroirs. Une fois à l'intérieur, ceux-ci brillaient et une fois les tiroirs refermés, des lignes de lumières partaient vers le plafond.

Dean comprit alors que cela devait être des machines, que les cristaux devaient être des sources d'énergies ou alors des composants électroniques. Ils devaient se trouver dans une sorte de base de contrôle de la ville. Me faire dans les souterrains permettait sans doute de garder le reste pour l'habitation.

Cependant, Dean trouvait que le décors faisait vraiment science-fiction. Il avait dû mal à imaginer Arthur et les chevaliers déambuler aux milieux des robots sphériques.

"Les Alterans n'ont alors eut d'autres choix que de se cacher et, quand ils le purent, de fuir, de fuir très loin."

"Jusqu'ici ?" Demanda alors Dean en interrompant l'intelligence artificielle.

"En fait, c'est même plus exact que tu le crois encore car c'est sur cette même planète, connu aujourd'hui sous le nom de Dakara, qu'ils ont pour la première fois posé le pieds sur l'une des planètes de la Voie Lactée après un voyage de plusieurs milliers d'années. Cette planète est...était le berceau de la civilisation qu'ils ont bâties mais c'est sur une autre qu'ils se sont installés vraiment, une petite mais magnifique planète qu'ils ont appelé Terra."

"La Terre ?" S'exclama Dean, surprit.

"C'est exact" dit l'hologramme. "Ils lui ont donné ce nom car elle serait le centre fertile de leur Empire. Et quel empire…"

Ils arrivèrent face à un escalier. Les contremarches étaient décorées de bandes de glyphes Alteranes.

"En partant de Terra, ils ont ensemencé toute la galaxie avec des Astria Porta, des Portes des Étoiles, des appareils permettant de se relier les unes aux autres via des vortex afin de voyager presque instantanément d'un bout à l'autre de la Galaxie."

Aussitôt, Dean se rappela de l'anneau, celui par lequel il était arrivé. Ganos l'avait appelé une "Porte". Est-ce que c'était ça ?

"Ce faisant, les Alterans ont changé de nom, se faisant appeler simplement les Anciens. C'était comme ça que les ont connus leurs alliés, des races qui se sont épanouis sous leur empire et qui ont prospéré. Trois en particulier ont tellement évoluées, chacun à leur manière qu'ils étaient considérés comme les égales des Anciens même s'ils n'étaient pas encore à leur niveau. Il s'agissait des Nox, des Furlings et des Asgards."

"Les Asgards ?" Demanda Dean surprit. "Est-ce que vous voulez dire Odin, Thor et les Walkyries ?"

"Oui et non" répondit l'hologramme. "Ce qu'il faut savoir, c'est qu'en évoluant, les Anciens ont acquis de capacités impressionnantes et la particularité à manipuler les énergies de l'univers. Ils ont alors découvert des forces fondamentales très importantes, des puissances faites d'énergies. La raison pour laquelle ils ont choisis cette galaxie était à cause de la profusion de ces puissances, suffisamment pour les cacher des Ori."

Pendant un instant, Dean manqua être distrait. Dans l'un des couloirs, il vit une grande baie vitrée. Jetant un coup d'œil à l'intérieur, il vit qu'il s'agissait en fait d'un immense hangar de stockage. Il était rempli d'étranges objets ressemblant à des calamars robots dont le chapeau n'aurait été fait de verre jaunis luminescent. Ils étaient tous rangés dans des casiers de forme hexagonale disposés en grilles formant des nids d'abeilles. Ces grilles étaient maintenus à l'horizontale par des piliers dans lesquels elles semblaient glissés. Il y avait des centaines de piliers et dix fois plus de grilles qui s'étendaient à perte de vue en profondeur mais également vers le haut.

"Les Anciens pensèrent qu'ils pouvaient se servir de ces forces fondamentales, de leur énergie, et ils y ont réussis. En partie" dit le double de Merlin. "En effet, ces forces ont aussi puisés chez eux le pouvoir d'évoluer, de sortir du seul espace métaphysique et de prendre des formes physiques. Une sorte de procédé inverse à l'Ascension."

Dean commençait à voir où cela menait.

"C'est ainsi que sont nés les Dieux, les incarnations fondamentales des phénomènes de la nature."

"Et qu'est-ce qu'il s'est passé ? Avec les Anciens ?" Demanda Dean.

"Au final...pas grand-chose. Ils n'étaient ni ennemies ni alliés, ils ont juste cohabité et se sont parfois inspiré les uns des autres."

"Comme avec les Asgards et les euh...Asgardiens ?"

"Savoir qui s'est inspiré de qui est une connaissance perdu il y a longtemps. Ni les Anciens, ni les Asgards ou même les Deux Nordiques ne s'en souviennent.

"Et les Anges ? Les Démons ?"

"Du principe des Ténèbres et né Satan et du principe de Lumière est né Yahvé. Chacun a ensuite créé son propre peuple de la même façon que les Asgardiens ont créés les Walkyries ou Dana les Faes."

Dean avait le souffle court et cela n'avait rien à voir avec la marche. Il touchait du doigt certaines vérités fondamentales très importantes et il sentait l'univers autour de lui à la fois s'agrandir considérablement et se rétrécir au point de lui comprimer la poitrine.

"Et...et les Sorciers ? Enfin...les Magiciens ?"

Pendant quelques instants, l'hologramme se tut, comme s'il réfléchissait.

"Pour comprendre leur origine, il fait remonter à il y a 10 millions d'années. L'empire des Anciens était à son apogée et était rayonnant malgré ses 20 millions d'années d'existences."

Ces chiffres donnaient le tournis à Dean. Un empire de plusieurs dizaines de millions d'années alors que leur Histoire, elle, ne faisait que 2000 ans. Même compter depuis l'apparition de l'homme sur terre, il y a 200 000 ans faisait ridicule à côté.

"Malheureusement, après tout ce temps, ils avaient oublié leur ancien ennemi, les Ori. On ne sait pas comment ils les ont retrouvés ou même s'ils avaient un jour cessé de les chercher. Toujours est-il qu'un jour, une mystérieuse maladie que personne ne pouvait guérir se déclara dans la Voie Lactée, riant tout sur son passage."

Depuis le début, le ton de l'hologramme ne cessait de changer. Mystérieux quand il parlait des temps lointains et enthousiastes quand il parlait de l'Empire Anciens. À présent, il était grave. Si grave...et si triste. Cet hologramme n'était pas seulement une machine. Il avait dit qu'il avait été créé par les souvenirs de Merlin alors peut-être qu'il était vraiment, Merlin quelque part et qu'il ressentait la même...douleur ?

"Vous en êtes un aussi n'est-ce pas ?" Demanda alors Dean. "Un Anciens ? Un Alteran ?"

Pour la première fois, l'hologramme s'arrêta et se retourna. Il souriait alors que son visage exprimait une grande tristesse.

"Tu as bien deviné, mon descendant. Je suis...Merlin est bien un Alteran."

Dean pencha la tête intrigué. Pourquoi tout à coup se détachement ? Était-ce pour prendre une distance par rapport à ces souvenirs ?

"Il s'appelait Motos et il a vécu bien après la grande peste mais cela ne veut pas dire qu'il a été épargné par les évènements."

L'hologramme se détourna et se remit en marche.

"Toujours est-il que quand la maladie s'est déclaré, les Anciens ont décidés de s'isoler, de couper les ponts avec leurs alliés. Malheureusement, ce fut trop tard pour les Furlings. Ils furent décimés par la maladie. Quant aux Dieux, eux, ne voulant pas prendre de risques, ils créèrent des dimensions à eux, quelque part entre le monde physique et métaphysique pour en faire leurs demeures."

Donc Asgard, l'Olympe mais aussi le ciel et le Makai…

"C'était une époque noire pour les Anciens. Les grandes cités se coupaient les unes des autres pour éviter la contamination. Les recherches continuaient cependant mais aucun remède ne venait. Les malades qu'on ne pouvait pas sauver étaient mis en stade cryogénique en espérant pouvoir les réveiller et les soigner un jour. Cela n'empêchait pas certains, beaucoup, de mourir avant qu'on ait pu faire quoi que ce soit."

Dean écoutait en silence ce pans de l'Histoire qu'il savait faire partie de son histoire.

"D'autres, beaucoup d'entre eux, ont effectué l'ascension. Ils ne s'y étaient jamais risqué de peur d'être repérés par les Ori mails ils n'avaient plus le choix. Pour les autres, ce qui ne perdaient pas espoirs, les recherches continuaient mais petit à petit, les villes ont continué à se vider de leurs habitants. Bientôt il ne resta plus des gens que sur Terra et là aussi les morts contribuaient. Mu, Lemuria, Pacifis...les Grandes Villes de la Terre ont fini par disparaître, détruites une fois qu'il n'y avait plus personne à l'intérieur. Finalement, il n'en resta plus qu'une, une ville sans aucun malade. Atlantis."

"Vous voulez dire...Atlantis, la capitale de l'Atlantide ?" Demanda Dean.

"L'idée d'un continent avancée venait du fait que les villes Alteranes flottaient sur les eaux. Atlantis ne faisait pas exception. Mais finalement, les survivants décidèrent de partir. De fuir. À nouveau."

Il y avait une certaine amertume dans sa voix. Elle devait probablement venir encore une fois dès souvenir de Merlin.

"Cependant, avant de partir, les Anciens survivants ont pris une décisions importantes, ils ont fait un choix."

"Quel choix ?"

"Afin d'empêcher la peste de se reprendre, ils ont utilisé une machines pour détruire toute trace d'entité biologique dans la Galaxie."

Dean blêmit.

"Mais...mais alors comment…"

"Le comment est simple. Les Alterans n'avaient jamais été des destructeurs, ils étaient des bâtisseurs. La machine qu'ils ont utilisé n'avait pas seulement pour but de détruire la vie mais aussi, par la suite, de la faire renaître. Et c'est comme ça que des êtres biologiquement semblables à eux mais moins évolués finirent par apparaître bien des millions d'années plus tard."

"Les Humains."

"C'est exact."

"Et les autres ? Les Anciens d'Atlantis."

"Ils sont allé jusque dans une galaxie voisine afin de refonder leur empire."

"Et les Ori ne les ont pas trouvés ?"

"Non, car les Anciens qui avaient effectués l'ascension utilisèrent tous leurs pouvoirs pour les dissimuler, pour dissimuler leur nouvelle galaxie mais aussi l'ancienne afin de les garder hors de la vindicte de leurs ennemis."

"Et ils y sont toujours ?" Demanda Dean avec excitation.

Encore une fois, l'hologramme hésita avant de répondre.

"Non" dit-il finalement. "Ils y sont restés pendant très longtemps, plusieurs millions d'années. Mais ils ont commis des erreurs. Tellement d'erreurs…"

Sa voix était à la fois emplie de colère et de remords. Avait-il participé à ces erreurs ? Simplement contribués ? Ou alors simplement faillit à les empêcher ?

"Quand Atlantis arriva dans leur nouveau monde, les Anciens décidèrent de prendre en nouveau départ et de prendre le nom de Lantiens, du nom de leur planète d'accueil. Ils ont également voulu à nouveau implanter la vie et utiliser un système similaire à celui qu'ils avaient utilisés dans la Voie Lactée mais sans détruire les formes de vies existantes au préalable. C'est comme cela qu'ils firent muter un insecte. Pas de beaucoup mais suffisamment pour qu'il se développe, qu'il évolue et deviennent la seconde menace la plus grande connue par les Anciens."

Une menace aussi importante que ceux-ci qui avaient détruit presque toute vie dans une galaxie ?

"C'est comme ça qu'il y a 100 000 ans à peu près, les Anciens ont rencontrés les Wraiths, des êtres humanoïdes mais avec des instincts d'insectes se rassemblant dans des ruches autour de reines aux pouvoirs télépathiques et qui se nourrissaient d'énergie humaine."

"Des sortes de vampires ?"

"Pire encore car le sang se régénère mais l'énergie que les Wraiths volait était celle de la Vie, les années qui restaient à vivre. Sur leur passage, hommes et femmes et même enfants n'étaient que des repas et finissaient comme des cadavres asséchés de vieillards."

Le silence régna pendant quelques instants. L'hologramme ne parlait plus et Dean essayait d'imaginer à quoi pouvait ressembler une telle menace.

"Et...et ensuite ? Qu'on fait les An...les Lantiens ?"

"Rien de bon" soupira l'hologramme. "Dans leur orgueil ils n'ont pas pris la menace au sérieux. Malheureusement les Wraiths étaient plus intelligents qu'ils n'avaient pensés. Ils ont fini par utiliser la technologie des Lantiens pour développer la leur et se multiplier. Au final, les Anciens perdait cette guerre alors, une nouvelle fois, ils ont fui."

"Vous étiez là ?" Demanda Dean.

"C'est moi qui ai prononcé l'ordre d'évacuation. Nous vivions dans cette Galaxie, sur cette planète depuis tellement longtemps…et c'est moi qui ai ordonné que nous la quittions. Je ne pouvais pas prendre le risque que les Wraiths la suive…"

"Une minute…" demanda Dean. "La suive ? Comment ça ? Moi je pensais que les Anciens avaient construit une nouvelle cité sur Lantia. Comment y ont-ils amené Atlantis ? Par Magie ?"

"Oh non" répondit l'hologramme. "Pour les Alterans, la "Magie" était un outil bien utile mais ils lui ont préféré la technologie. Peut-être était-ce une erreur...cependant sache que toute les villes Alteranes étaient en fait des vaisseaux spatiaux. Dont Atlantis était celle qui les avait amené dans cette nouvelle galaxie. Cependant elle était bien trop reconnaissable. Ils l'ont donc abandonné et caché sous les eaux."

Là, cela rappelait des souvenirs à Dean. Atlantis, la ville engloutie…

"Et ensuite, où sont allé les Lantiens ?"

"Ils sont revenus ici, évidemment, dans la Voie Lactée. Malheureusement, ils se sont aperçus à ce moment-là que le contrôle du berceau de leur civilisation était passé entre des mains bien moins favorables que les leurs."

"Les Dieux ?" Demanda Dean en fronçant les sourcils.

"Pas ceux auquel tu penses. Après le départ des Anciens, les Dieux avaient créé leurs peuples et quand les humains étaient apparus, ils se sont...en quelque sorte occupés d'eux."

"Comment ça ?"

"Ils ont échangé leur protection contre la vénération. Ils se sont rendus compte que cela les rendait puissant."

Oui, Dean en avait déjà entendu parlé par Hariel. Les Dieux voulaient être vénérés car l'énergie de leurs prières les rendaient fort. Les Anges le faisaient encore de nos jours mais d'une façon moins oppressante. Quant aux Démons, ils préféraient l'énergie de leurs désirs plutôt que leur amour.

"Mais cela a engendré des combats et c'est comme cela qu'à leur lieu la Grande Guerre entre les Trois Factions. À cause du déchaînement de violences, les autres divinités se sont retranchés dans leur monde et finalement, quand leur combat à prit fin, les Démons, les Anges et les Déchus ont fait de même. Malheureusement, à cause de cela ils ont laissé Terra sans protections."

"Protection contre qui ?"

"Une race de conquérant et de pilleurs, les Goa'ulds, des êtres serpentiformes capable de pénétrer le corps d'un hôte plus complexe pour en prendre le contrôle. C'est comme cela qu'ils ont pu quitter leur planète. Ils se sont mis à piller les technologies que les Anciens...que nous avions laissé derrière et s'en sont servi pour devenir de plus en plus puissant."

On sentait encore les regrets. Merlin, Myrddyn, Moros ou quel que soit son nom se sentait responsable des erreurs de ses ancêtres autant que des siennes.

"Un jour ils sont arrivé sur Terra et ont découvert les humains, des êtres plus développés, moins frustes et surtout plus beaux que leurs précédents hôtes. Comme ils le font toujours, ils les ont pris."

"Vous voulez dire…"

"Ils ont possédés les corps de certains et réduit les autres en esclavages. Et pour asseoir leur suprématie, ils ont pris la place des Dieux qui avaient délaissés ce monde et se sont fait vénérés. Comme le tout premier Goa'uld à avoir posé le pied sur terre l'avait fait en Egypte, il se donna le nom du dieu soleil Ra et beaucoup de ses fidèles ont se sont également nommés d'après les Dieux Égyptiens, tandis que les autres ont écumés les mythologies, ignorant qu'ils prenaient la places de véritables Êtres. Ils ont formé un systèmes féodale complexe avant de prendre des humains et les transporter un peu partout dans la Galaxie pour les servir."

"Vous voulez dire que partout dans la Voie Lactée, il y a des humains, des terriens qui vivent en esclavage ?"

Soudain, il se retourna vers Ahiram et Hiram. Le vieil ermite lui avait dit qu'ils avaient été amenés ici par les Dieux, des Dieux mauvais depuis les étoiles. Et si…

"Je vois que tu as compris" dit simplement l'hologramme de Merlin.

"Je...et...et qu'est-ce qu'il s'est passé après...après votre retour ? Enfin, celui de Lantiens ?" Demanda Dean en bafouillant un peu.

"Nous avons repris notre nom d'Anciens et avons essayé de nous battre contre les Goa'uld. Mais nous étions trop affaiblis alors nous en avons appelé à nos anciens alliés de l'Alliance des Quatre Races. Les Furlings avaient disparus mais ce n'était pas le cas des autres. Les Asgards acceptèrent aussitôt mais les Nox, non. Durant notre absence, si les Asgards avaient évolués au point de devenirs nos égaux technologiquement, les Nox avaient pris une autre direction. Ils avaient renoncé à la violence et vivaient dans la nature en développant leurs dons de la même manière que nous l'avions fait. Leur décision était dure mais nous nous y sommes tenus."

"Et donc comment avez-vous gagné la guerre ?"

Les yeux tristes de la machine se poseront sur Dean. Ils semblaient si Humains…

"Nous n'avons pas. Cela fait 10.000 ans que languette continue."

"Mais vous...les Asgards...vous êtes des races puissantes ! Vous auriez dû gagner...en plus vous devez forcément avoir gagnés puisque nous, nous ne sommes pas esclave des Goa'uld...n'est-ce pas ?"

"Nous ne nous sommes jamais remis de la guerre contre les Wraiths. Nous avons essayé de rebâtir notre empire, mais ce fut vain. Nous ne pouvions pas gagner par la force alors nous avons dû jouer le jeu de l'ennemi. Nous sommes aussi devenus des divinités aux yeux des hommes. Et les Asgards également."

"Même eux…"

"C'était une décision logique. Battre un ennemi était facile mais battre une idéologie l'était moins. Nous connaissions bien le problème puisque nous l'avions fui dans notre galaxie d'origine. Il ne suffit pas de tuer un Dieu pour que ses fidèles soient libres. Il fait lui faire comprendre qu'il peut l'être. Qu'il a le droit de l'être."

"Et vous avez réussi ?"

Le visage de Merlin sourit.

"Oui. Nous avons mis le temps mais nous avons réussi. Il y a 10.000 ans, les hommes se sont soulevés en Egypte et ont chassé Ra. Cela à mit le feu au poudre et les autres Goa'ulds ont dû partir."

"Mais s'ils étaient si puissant, comment ont-ils pu perdre ?"

"Comme nous avec les Wraiths, ils ont été arrogants."

"Et ils ne sont pas revenus ?"

"La Porte des Étoiles avait été enterré, ils ne pouvaient plus revenir par là. Ils ont bien essayé d'utiliser des vaisseaux mais…"

"Mais ?"

"Mais à ce moment-là, les Dieux, les autres Dieux, sont revenus de leur exile et ont repris leur place."

Dean grimaça.

"Donc vous vous êtes battus pour rien ?"

"Oui et non. L'exil les avait changé et ils étaient moins dirigistes qu'avant. Nous sommes parvenus à des accords."

"Et vous, les Anciens ?"

" Depuis le début de la guerre nous savions que c'était la fin pour nous. Notre race était trop ancienne et nous devions laisser la place. Alors nous avons procédé à l'Ascension. La majorité d'entre nous en tout cas. D'autres ont préféré vivre des vies sur Terre, épouser des humains et avoirs des enfants avec eux. On parle d'eux dans les légendes. Des histoires de dieux descendus du ciel pour épouser des mortels et avoir des enfants aux pouvoirs extraordinaires…"

"Quoi ? Vous avez remplacé les Dieux grecs ?" Demanda Dean avec humour.

C'était une blague. Pourtant Merlin hocha la tête. En effet, quand ils étaient arrivés ils avaient remplacé les dieux romains et grecs et c'étaient leurs légendes que les mythologies racontaient. Enfin, en partie.

"Est-ce que cela répond à ta question ?" Demanda alors Merlin.

"Ma question ?" Demanda Dean.

"Sur l'origine des Magiciens."

Dean écarquilla les yeux. Il avait complètement oublié qu'il l'avait posé tellement il avait été pris par le récit. En même temps, il se demandait à quel moment Merlin avait répondu. Il remonta le fil de la conversation puis, à nouveau, écarquilla les yeux quand il comprit.

"Les demi-dieux…" murmura t'il.

Les enfants des Dieux, des Alterans et des Humains, des êtres aux pouvoirs extraordinaires. Les Magiciens.

"Donc nous sommes vos Descendants…" dit-il.

"Vous avez hérité de notre capacité à maîtriser les énergies" acquiesça Merlin.

"Mais je croyais...enfin, je pensais que vous étiez mon ancêtre à partir de Merlin...enfin, d'Arthur" balbutia Dean.

C'était ce que disaient les arbres généalogiques gobelins. À cause de la distance temporelle les liens n'étaient pas claire mais cependant il était visible que Merlin était entré dans leur lignée à l'époque du Roi Arthur.

"Personnellement je n'ai pas eu d'enfant avant mon ascension mais après. Mais ça c'est une autre histoire."

Dean se rendit compte alors qu'ils se trouvaient face à un escalier. Ils en avaient déjà monté plusieurs depuis le début de l'histoire. Cependant celui-ci semblait fermé. Le plafond continuait et obstruait le haut des marches. Cela n'empêcha pas Merlin de le monter quand même. Il posa le pieds sur la première marche puis la seconde. Soudain, il y eut un bruit. Le plafond se découpa et un pan se mit à coulisser en arrière dévoilant un passage.

À suivre…

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Oui, je sais, j'avais dit que ce chapitre serait le dernier. J'avais prévu que la partie sur Dean que j'allais écrire allait faire seulement 10 pages. En fait j'en ai écrit 37. Donc ben...la fin au prochain chapitre. Cette fois c'est promis.

Dans le film, la scène avec Arthur qui vient se livrer à Vortigern est ma préférée. D'abord, j'adore la musique qu'on entend, The Devil and the Huntsman, chantée par Daniel Pemberton. Et puis c'est juste trop drôle. Vortigern a enfin l'épée et il la perd en essayant de tuer un petit serpent. Le piège total.

Alors là, cette fois, le lien avec Stargate est clair. Par contre, je me suis inspiré un maximum de la véritable chronologie de la série mais j'ai fait quelques modifications mineurs pour coller à mon récit et notamment intégrer les Dieux, bien sûr. N'hésitez pas à me dire comment vous trouvez ça.

En tout les cas, je corrige et j'envois le dernier chapitre aussi vite que je peux. Merci de me lire et n'hésitez pas à me laisser un commentaire.