Check Mate DxD
Chapitre 99 : Héritage/Isan
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« Tu sais quel est mon prix »
Vortigern entra dans les appartements de sa fille. Son visage était encore couvert des éclaboussures de sang du serpent. C'était un spectacle effrayant.
« Retirez-vous » dit-il aux suivantes.
Les femmes s'empressèrent d'obéir et quittèrent la pièce.
« Père ! Que se passe-t-il ? » Demanda sa fille.
Vortigern s'approcha d'elle et caressa sa joue. Elle était si belle. Elle ressemblait tant à sa mère. Et comme elle, elle allait être sacrifiée au Démon pour le pouvoir.
« Père ? » Demanda la jeune femme sans savoir ce qui l'attendait.
Vortigern la prit dans ses bras et la serra contre lui. Un être cher. In être aimé. Voilà quel était le prix. Il sortit une dague de sa tunique et l'enfonça dans le corps de sa fille chérie. Celle-ci écarquilla les yeux et ses lèvres s'ouvrirent pour articuler le mot « pourquoi ? ». Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Déjà la vie s'échappait de son corps et bientôt elle fut morte.
Vortigern la prit alors délicatement dans ses bras et sortit des appartements.
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« Suivez-moi » dit Merlin.
En haut, il faisait sombre, il n'y avait pas de lumière si bien que Dean dû en créer une. Il regarda alors autour de lui et papillonna des yeux avec étonnement. Le décor avait changé du tout au tout. Plus de métal lisse et froid et de lumière mais à la place une sorte de pierre blanche travaillée à la perfection et des torchères aux murs. Sur les murs il y avait des portes en bois bruts pourvus de grilles. On aurait dit… des cachots.
« Bienvenu dans la partie supérieure de Camelot, celle où vivait Arthur et sa cours durant son règne » dit Merlin.
Il se remit à avancer. Dean voulut le suivre mais au dernier moment, il se retourna. Il vit qu'Ahiram était sur la dernière marche de l'escalier et hésitait à avancer. Il ne devait jamais être venu dans cette partie de la ville. Il regarda Merlin qui commençait à partir puis Dean et Hiram et enfin posa le pied sur le sol de pierre. Aussitôt, le sol se remit à glisser et la trappe se referma. À présent il n'y avait plus aucune trace de sa présence. La partie souterraine était totalement dissimulée.
Dean s'assura que son mentor allait bien puis il les invita, lui et son ami à continuer à suivre Merlin. L'hologramme traversa les cachots puis emprunta un autre escalier, en colimaçon celui-là qui lui permit d'atteindre le niveau supérieur.
La visite de Camelot était différente de tout ce qui devait exister à cette époque. Il n'y avait rien de technologique mais les lieux étaient de toute beauté. Les murs, les sols et les voûtes étaient tous fait de cette matière semblable à de la pierre lisse et blanche. Même si cela semblait surnaturel, Dean s'imaginait plus son ancêtre vivre là-dedans que dans les parties souterraines.
« C'est magnifique » souffla Dean alors qu'ils traversaient de magnifiques coursives décorés.
« Merci » répondit l'hologramme.
« C'est vous qui l'avez construit ? »
« Le Merlin original oui, mais c'est moi qui l'entretien. Merlin voulait s'assurer que la ville puisse durer pour… pour Hariel. »
« Hariel ? Tu connais Hariel ? »
« Tout comme je te connais » dit Merlin.
C'est vrai qu'à aucun moment Dean ne s'était demandé comment il connaissait son nom.
« C'est Hariel qui m'a parlé de toi. Enfin en partie. »
« Quoi ? Hariel ? Comment ? »
« Pour te répondre, il faut commencer par le début. »
« Sache que je… que Motos, quand est venu le temps a décidé de faire l'ascension et a rejoint les autres, le "collectif". »
« Le collectif ? »
« Sache que comme les Anciens refusent d'être vénérés comme les Ori, leur pouvoir est limité et ils le partagent plus ou moins équitablement entre tous. Ils forment une sorte d'entité soumis à de nombreuses règles particulièrement celle qui interdit d'intervenir sur ce plan de la réalité. »
« Pourquoi ? »
« Justement pour ne pas que les gens les vénèrent comme des Dieu. Ils ont une peur panique de devenir comme les Ori donc Ils préfèrent… fuir, comme d'habitude. »
« Mais pas vous… pas Merlin. »
« C'est exact. Moi j'en avais assez de fuir. »
« Fuir quoi ? »
« Les Dieux. Les vrais » dit Merlin en soupirant.
« Je croyais que vous aviez un accord. »
« C'est vrai mais ce n'était plus suffisant. Ils utilisaient nos enfants, les Magiciens, pour se faire vénérer en échange de leurs énergie. Je ne pouvais pas laisser faire ça. Il faut que tu saches que l'Ascension, ce n'est pas un voyage sans retour. Alors je suis revenu, sans les pouvoirs que j'avais alors mais avec tout de même quelques tours dans mon sac. J'ai passé un pacte avec un Démon qui m'as appris sa magie et je m'en suis servi pour en créer une pour les humains. »
Hariel lui avait déjà parlé de ça. L'idée avait eu un effet boule de neige et les Magiciens s'étaient détachés des Dieux pour pratiquer leur propre magie.
« Mais bon, après cela m'a causé des problèmes et Arthur et ton cousin m'ont bien aidé. »
« Mais qu'est-ce qu'Hariel vient faire là-dedans ? »
« Lui et son amie Eleanor… »
« Granger ? La sœur d'Hermione ? »
« C'est cela. Ils ont remonté le temps jusqu'à l'époque d'Arthur… et la mienne. »
« Il ne me l'a jamais dit » grimaça Dean, blessé.
« Il va le faire… quand il sera revenu… ce qui ne devrait pas tarder d'ailleurs, ce serait bien que vous rentriez à peu près au même moment. Ça veut dire que je vais devoir me dépêcher de te renvoyer chez toi. »
« Donc Hariel et dans le passé en ce moment avec Eleanor et moi je suis sûr une autre planète… il ne manquerait plus qu'Hermione soit dans un autre monde… » soupira Dean. « Donc vous allez me faire rentrer ? »
« Oui, mais d'abord, je vais te montrer quelque chose. »
Comme il disait cela, il s'arrêta devant une grande porte monumentale. Avec un sourire malicieux qu'aucun ordinateur ne devrait pouvoir normalement faire, il exécuta un léger mouvement de la main. Il y eut un bruit lourd, un craquement et les deux battants se mirent alors à bouger simultanément. Merlin passa alors la porte et Dean le suivit.
Il arriva dans une pièce aux allures de cathédrale ronde avec des bas-côtés. Immense, son plafond culminait à plusieurs dizaines de mètres et formait une rotonde décorée d'une immense fleur. La seule lumière provenait de l'énorme cristal en son cœur. Il y avait bien de gigantesques baies vitrées mais on ne voyait rien au travers, comme si elles étaient purement décoratives. Le sol était de cette même pierre blanche que partout ailleurs dans le château mais les dalles étaient disposées en cercle concentriques.
Mais ce n'était pas ça qui retenait le plus son attention. Non. C'était ce qui se trouvait en plein milieu de la pièce. Occupant tout l'espace, entourée de 77 sièges, il y avait une table. Une table ronde.
« Est-ce que c'est vraiment la vraie ? » Demanda Dean, excité.
« Mais oui, c'est bien la table autour de laquelle étaient rassemblés Arthur et ses Chevaliers. »
Sa voix semblait presque fier.
« Wow » souffla alors Dean en s'avançant vers elle.
Il semblait comme hypnotisé. Il posa la main sur le dossier de l'un des fauteuils. Il était fait dans d'une matière qui ressemblait à du métal alors que l'assise ressemblait plus à de l'os ou du cuir rembourré se corrigea-t-il après en avoir testé le confort de la main. Difficile de croire qu'il avait 1500 ans. Du regard, il parcourut le reste des sièges. Ils étaient tous identiques. Une large assise, un dossier bas et des accoudoirs ornés. Pourtant, parmi eux, deux se détachaient clairement.
Ces deux-là étaient pourtant fait des même matériaux que les autres mais leur forme était différente. L'un des deux était plus grand que l'autre, plus imposant que tous les autres. Le sommet de son dossier n'était pas droit mais formait un angle et était décoré d'une sorte de cristal bleu de forme hexagonale. Au vu de la taille, il ne pouvait s'agir que du trône d'Arthur.
L'autre était plus petit, plus compacte. Le dossier était un peu plus bas et décoré d'octogones concentriques au niveau de la tête. Sa disposition à la droite du trône lui indiqua ce qu'était ce fauteuil.
« C'est bien lui, n'est-ce pas ? » Demanda-t-il à Merlin. « Le Siège Périlleux destiné au plus grand et pour des chevaliers ? »
« C'est bien le nom qui lui a été donné. Cependant il n'était pas pour un chevalier. Il était pour le plus proche conseiller du Roi. »
Le plus proche conseiller d'Arthur ? Donc c'était…
« Vous ? »
« J'aurais pu… Merlin aurait pu s'y asseoir c'est vrai. Mais… »
« Mais ? »
« Mais ce siège ne l'était pas destiné car il était pour le conseiller du Roi à venir et non du roi présent. »
Dean fronça les sourcils.
« Le Roi à venir… Hariel ? »
« Et celui destiné à prendre ma place et à s'assoir sur ce siège ne devait être personne d'autre que mon Héritier… en d'autres mots, toi. »
« Moi ? » Demanda Dean d'une voix blanche. « Mais je… conseiller ? Moi ? »
Il ne s'était jamais demandé où il se situait dans l'équation. Hariel allait devenir Roi, il était son cousin, donc… non, il avait tout simplement refusé de penser qu'il pouvait avoir un rôle dans tout cela, surtout pas un rôle aussi important.
« Mais… mais je ne peux pas ! Moi ? Conseillé ? Impossible, je ne suis pas… »
« Crois-moi, je ne fais pas erreur » dit l'hologramme. « Et Myrddyn ne fait pas d'erreur non plus. Tu auras un rôle à jouer dans le règne d'Hariel, je te le promets. Je te promets que ce siège pourra t'apporter bien plus que de quoi rasseoir et une place à cette table. Mais pour cela tu dois être prêt et venir avec moi. »
Il lui fit signe de le suivre et commença à s'éloigner. Pourtant Dean ne bougea pas. Il ne se sentait pas bien. Il avait la tête qui tournait. Il devait… il devait s'assoir. Voyant que Dean ne le suivait pas, l'intelligence artificielle se retourna et vit ce qu'il allait faire.
« Non ! » Cria-t-il. « Pas encore ! Ne t'assied pas sur le Siège Périlleux ! »
Dean tourna la tête vers lui mais au même moment, ses fesses touchèrent le siège du fauteuil. Aussitôt, la structure octogonale dans son dos se déploya. Des crochets lui maintinrent le cou et quelque chose happa sa tête. Aussitôt, celle-ci se mit à diffuser de la lumière devant ses yeux, des flots de lumière qui faisaient mal. Il voulut se dégager mais il ne pouvait pas. La prise sur son cou et sa tête était trop forte.
« Dii ! » Entendit-il crier Hiram malgré la douleur « Dii ! »
Il sentit des mains prendre son bras et essayer de le tirer mais c'était peine perdu.
« O grand Esprit, aidez-le, je vous en prie ! » Implora la voix d'Ahiram.
« Je ne peux pas stopper le processus ! » S'exclama alors la voix de l'hologramme. « Son sous-programme est hors de ma portée à présent qu'il s'est assis ! »
La lumière continuait à couler dans ses yeux. Il avait envie de les fermer mais c'était impossible. Il voulait tourner la tête mais cette impossible. Hiram essayait de continuer à le tirer de là et Ahiram s'y était mis aussi. Il avait saisi l'appareil et essayait de l'arracher. Rien n'y faisait.
Soudain, la lumière s'éteignit et Dean tomba dans l'inconscience.
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De là où il était, Arthur pouvait voir les gardes se préparer à repousser l'assaut de l'armée qui venait vers le château. Le jeune homme vit deux retardataire et les fit basculer par-dessus le parapet.
Le bruit attira les gardes qui se précipitèrent vers lui, scindant leurs forces en deux. Ils voulaient le tuer d'abord pour ensuite défendre leurs positions mais c'était inutile.
Alors qu'ils arrivaient vers lui, Arthur posa ses deux mains sur la poignée de son épée. Aussitôt le monde ralentir autour de lui. Un à un, il frappa les gardes, pulvérisant leur corps grâce à la force de sa volonté. Il traça son chemin dans le sang jusqu'à arriver dans la cours d'honneur.
Les gardes étaient peut-être des tortionnaires mais c'étaient avant tout des hommes. Ils savaient quand ils ne pouvaient vaincre. Ils lâchèrent leurs épées.
À ce moment-là, la grand porte explosa et des flots de combattants déferlèrent dans la forteresse. Leurs cris étaient si fort qu'ils couvrirent presque le bruit du tonnerre qui annonça le début de l'orage. La pluie se mit à tomber.
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Il entendait des voix. Il ne savait pas si elles étaient réels ou s'il les imaginait dans son délire. Il avait de la fièvre et il avait mal.
À un moment, il rouvrit les yeux. Il vit au-dessus de lui le visage d'Ahiram. Mais sa vision était floue.
« Je crois qu'il se réveille » dit une voix.
Mais Dean avait trop mal à la tête pour la reconnaître.
« Cela ne va pas durer. Le processus de transfert était trop brutal et il n'était pas prêt à recevoir toutes ces informations » dit une autre voix.
Dean voulu tourner la tête dans sa direction mais il avait trop mal. Il referma les yeux et les voix se turent pendant un moment jusqu'à ce qu'il les entende à nouveau.
« Couche-le sur cette table » dit une voix âgée et sûr d'elle.
« Qu'est-ce que ça va faire ? » Demanda une voix plus jeune.
« Ça va m'aider temporairement » reprit la première voix.
« Il n'y a pas de risque ? »
« Aucun »
Le dernier mot était bizarre… est-ce que c'était un mensonge ?
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Le visage ravagé par les larmes, Vortigern descendit sans la crypte sous sa Tour. En bas d'une volée d'escalier, il y avait un lac souterrain et juste à côté, une potence sur laquelle était accroché une cloche en fonte. Il saisit la corde de la cloche et la fit donner plusieurs fois.
Puis il déposa le corps de sa fille dans l'eau et le regarda flotter quelques instants. Un tentacule apparut alors et tira le cadavre au fond des eaux.
« Merci pour cette offrande » dit une voix rauque.
Elle venait d'une chose atroce, une créature de cauchemars. Un monticule énorme de tentacules couleurs chaire qui émergeait de l'eau. Au milieu se trouvait le tronc de ce qui ressemblait à un homme boursouflé. Il était entouré de femmes aux allures de mortes vivantes qui le caressait comme s'il était le plus beau des amants.
« Maintenant donne-moi le pouvoir des Enfers pour tuer le Porteur d'Excalibur et une armée pour garder mon trône ! » Lui cria Vortigern.
Quelque chose émergea alors de l'eau à proximité de l'amas visqueux du corps du démon. C'était le corps de sa fille, revenu à la vie et devenue une marionnette pour la créature.
« Une seule offrande, un seul vœux » dit-elle.
C'était sa voix, la voix de sa fille adorée mais c'était le Démon qui parlait.
« Ton armée est déjà en chemin » dit-elle. « Mais le Porteur de L'Épée Sacrée aussi. Qui arrivera le premier ? »
« Mais qu'est-ce que tu veux de moi ? Tu m'as tout prit ! »
« Non, il te reste l'essentiel » susurra l'un des autres cadavres vivant.
Vortigern grimaça. C'était celui de sa défunte épouse qu'il avait tué lui-même devant ce bassin vingt ans auparavant.
« Il te reste le prix que tu as refusé de donner, la chose que tu as préféré à moi. »
Vortigern porta la main à son bras. La première fois qu'il avait demandé le Pouvoir, le Démon lui avait demandé le Gantelet du Dragon-Empereur Écarlate. Il avait refusé. Alors à la place il avait demandé le sacrifice de sa femme bien aimée. Il avait accepté. Aujourd'hui il n'avait plus le choix.
Il tira son épée de la main gauche et l'abattit sur son bras droit, le coupant net. Le bras roula sur le sol et tomba dans l'eau. Aussitôt les yeux de Vortigern devinrent blanc et il sentit le pouvoir déferler en lui.
Comme vingt ans auparavant quand il avait tué son frère, il sentit son corps changer pour prendre l'apparence d'un cavalier d'ombre et de feu.
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Puis Dean sentit quelque chose de froid se poser sur son front. Il y eut une sorte de secousse et il se sentit attirée vers quelque chose et soudain… la fraîcheur. C'était comme si son esprit avait été purifié. Il ne sentait plus la douleur. En fait, c'était comme si son esprit était dans du coton. Autour de lui, tout était blanc et doux, comme s'il était entouré de nuages.
Autour de lui ? Pourtant il était sûr que ses paupières étaient fermées. Mais il voyait… ou peut-être pas. Il n'était pas sûr. Il ne savait même pas où il se trouvait.
« J'ai connecté ton esprit au réseau centrale de la cité » dit alors une voix.
Cette fois il la reconnaissait. C'était celle de Merlin.
« Cela a permis notamment de libérer ta conscience pour l'étendre via le réseau et éviter la saturation dû au transfert. »
« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda Dean d'une voix éteinte.
« En t'asseyant sur le Siège Périlleux, tu as activé l'appareil qui y était raccordé. Via une technologie de transfert de données par impulsions lumineuses ultra compressés, une immense charge d'information a été automatiquement téléchargé dans ton cerveau, créant une surcharge. »
« Immense comment ? »
« L'intégralité des connaissances des Alteran » dit Merlin pour toute explication.
« Ah » répondit simplement Dean.
En effet l'intégralité des connaissances d'une civilisations de plusieurs dizaines de millions d'années (sans compter le temps dans leur Galaxie d'origine), devait être très important. Colossale même. Il y avait cependant un incohérence. Pas au sujet des connaissances mais de lui. Il ne réagissait pas comme il le devrait.
« Pourquoi est-ce que je ne ressens rien ? » Demanda-t-il. « Je devrais être effrayé ou au mieux impressionné, je pense. »
« Toute ta conscience a été téléchargée dans l'ordinateur lors du raccordement afin de te permettre de réfléchir sans la pression dû aux connaissances excédentaire. »
« Je vois. Mais pourquoi avoir installé quelque chose d'aussi dangereux dans le siège que j'étais censé occuper. »
« Ce genre d'appareil possède une fonction de transfert automatique. Tu t'es assis avant que je n'aie pu te préparer. »
« Me préparer de quelle façon ? »
« Je devais utiliser la machine dans laquelle tu es à présent pour mettre ton corps en état de stase puis enfermer cette machine dans une bulle de dilatation temporelle afin de prendre le temps nécessaire pour t'apprendre toute mes connaissances sur les Runes de Chaire » dit Merlin d'une seule traite.
Il ressemblait moins au vieux Mage et plus à la machine qu'il était censée être.
« Dans quel but ? »
« Ajuster voire modifier une rune déjà existante et qui permettrait d'augmenter de façon exponentielle et définitive tes capacités cognitives et mémorielles afin de pouvoir gérer et utiliser ces connaissances. »
« Cela semble bien » conclut Dean. « Je pense qu'en temps normal, cette nouvelle me ferait sauter de joie. Ne pas le faire ou en ressentir le besoin est étrange… »
« Cette sensation disparaîtra une fois que tu auras réintégré ton corps. »
« Très bien. Mais puisque le but premier était déjà de me mettre dans cette machine, pourquoi ne pas suivre le programme initial ? »
« Les raisons sont multiples. La première est que dans ton état tu es incapable de procéder au rituel. Il faudrait que tu sois en pleine possession de tes moyens. Il faut donc que ce soit quelqu'un d'autre qui se charge du rituel. L'unité protectrice Ahiram est déjà au travail pour adapter les runes. »
« Et qu'est-ce qui empêcherait en attendant de faire la partie sur la stase et l'apprentissage ? »
« L'intégration au système a été trop rapide. Je n'ai pas eu le temps de préparer une compartimentation numérique afin d'y stocker tes données et empêcher qu'elles se dispersent. »
« Comment cela ? »
« Pour le moment ton esprit est composé de donne et se trouve au milieu d'un flux de données plus important. Si rien ne les force à rester cohérentes entre elle alors elles risquent de se déliter et de s'éparpiller. »
Un peu comme si on versait un verre d'eau douce dans la mer. Les deux types eaux se mélangeraient sans retour possible en arrière.
« Et qu'est-ce qui les force à rester cohérentes entre elles ? »
« Pour l'instant c'est mon seul programme qui s'occupe de l'opération. C'est la raison pour laquelle j'ai dû désactiver certaines de mes fonctionnalités afin de conserver de la mémoire vive. »
D'où le changement de personnalité. Il devait avoir désactivé cette fonction pour faire de la place.
« De même, je ne peux pas non plus gérer d'autres programmes en simultané comme par exemple le programme d'apprentissage ou même activer celui permettant la génération et la gestion de la bulle de dilatation temporelle. »
« Et dans combien de temps aura lieux le rituel ? »
« Aussi rapidement que possible pour éviter à mon système de surchauffer et de planter. »
Ce qui ferait que son esprit serait vulnérable à la dérive dans le système.
« Et si tu me débranchais de cette machine et que tu me plongeais dans une sorte de comas. Ça éviterait la douleur. »
« Malheureusement la réponse physiologique n'est pas la seule à craindre. En effet, même dans le comas, la pression resterait la même et c'est ton propre cerveau qui pourrait surchauffer… et planter. »
Donc, mauvaise idée.
« Et si vous retiriez les connaissances ? »
« Opération possible mais peu envisageable. Le système de bibliothèque est à sens unique et il n'y a pas de place dans les systèmes pour conserver l'intégralité de ces connaissances. Or il s'agit de la seule copie à notre disposition. »
Encore une fois, c'était donc une mauvaise idée. La seule chose qui restait donc à faire pour Dean était d'attendre.
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Arthur pénétra dans la tour.
Il avança dans la salle au sol de pierre brute ornée de motifs creusés dans la roche. Trois piliers sculptés s'élevaient dans les airs autour d'une plaque de pierre qui faisait office d'autel.
Soudain, les runes sur le sol se mirent à briller d'un éclat gris bleuté. La vague de lumière se rependait aux murs et monta jusqu'à sommet de l'édifice. Une tornade d'énergie s'abattit alors sur le jeune homme et transforma l'espace environnant.
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« C'est le moment » dit finalement Merlin.
Dean ne savait pas combien de temps il s'était écoulé. Là où il flottait, c'était comme si tout était figé. Il ne savait même pas s'il avait dormi ou s'il était resté éveillé.
« Comment ça va se passer ? » Demanda-t-il.
« Tu vas rester brancher au système jusqu'à dernier moment. La machine sera déplacée jusqu'au lieu du rituel avant que tu ne sois déconnecté. »
« Je penses qu'en temps normal je ressentirais de la frustration de ne pas savoir ce qui se passe autour de moi. »
« Tu es connecté au système. Il me suffit de détourner le flux vidéo de surveillance de la cité pour te montrer.
Aussitôt, de nombreuses images apparurent devant lui. Elles étaient erratiques, changeaient rapidement, apparaissaient et disparaissaient par intermittence. Dean avait la tête qui tournait. Enfin c'était une façon de parler, bien sûr.
Finalement, les images se stabilisèrent et une seule apparut devant lui. Elle le représentait lui, couché sur une sorte de table d'opération en métal. Un casque de verre transparent entourait sa tête et diffusait une légère lumière bleutée.
« Qu'est-il arrivé à mes cheveux ? »
« Ils ont été rasés pour le rituel. Les runes souvent se placer à l'endroit du corps à modifier. »
Donc son crâne puisque le but était d'augmenter ses capacités cognitives. C'était logique. Après tout, c'était la raison pour laquelle les runes pour l'aider à respirer étaient principalement situés sur le haut de son torse, au niveau des poumons.
Soudain, le lit se mit à bouger tout seul et sortit de l'image. Une autre la remplaça, lui permettant de voir le lit sortir de la pièce. Il y eut ensuite une succession de vue de plusieurs caméra différentes.
L'une d'elle lui permit d'avoir une vue sur l'extérieur en filmant le lit au moment où il passait devant une fenêtre. Large, avec une vitre incurvée, il pouvait voir à travers l'un des bras de la ville, signe qu'il était en hauteur. Pourtant le décor était assez identique à celui du plateau de la ville. Probablement un lien auquel seul Merlin accédait du temps du Roi Arthur.
Finalement il pénétra dans une pièce différente des autres. Circulaire, son sol plat était composé de cercles concentriques gravés parsemés de runes Alteranes. Sur la partie externe du cercle le plus large, équidistants les uns des autres il y avait des piliers de métal avec des cristaux bleuté au bout. Le plafond de la salle, lui, formait une rotonde parfaite du même périmètres que le cercle externe.
L'ensemble avait été construit avec les matériaux et techniques Alteranes qui lui donnait un aspect science-fiction mais le cercle et les runes avaient un côté fantasy qui rendait étrangement.
Ahiram se tenait agenouillé à l'intérieur du cercle. Hiram, lui, était juste à l'extérieur. Au moment où le lit arriva, il s'arrêta juste à côté de lui. À ce moment-là, l'hologramme de Merlin apparut juste derrière. Le jeune Dakarite le regarda mais le vieil homme secoua la tête. Une ouverture apparut alors sur le montant du lit et un bras articulé armé d'une sorte de pistolet en sortit.
« Qu'est-ce que c'est » demanda Dean qui ne ressentait toujours aucun sentiment et que la vie d'une arme ne choquait donc pas.
« Un paralysant musculaire va t'être injecté pour éviter que tu te débattes lors du rituel. Cela pourrait être dangereux. »
« Ah. »
La pointe du pistolet à injection se posa sur le côté du cou de Dean. Il y eut un petit bruit puis il s'écarta et le bras disparut. Merlin hocha alors la tête en direction d'Hiram et celui-ci passa ses bras sous les jambes et l'endos de son ami puis le tira hors de la table.
Aussitôt, l'image que Dean regardait disparut. En fait, tout disparut autour de lui. Tout était noir et il avait mal. La douleur était revenue et elle semblait plus forte. Mais dans le même temps, il arrivait à peine à sentir son corps. Jambes, bras, pieds, doigts,… même les muscles de son visage ne répondaient pas. C'était une sensation horrible mais au fond de lui il savait que c'était nécessaire et que bientôt il irait mieux.
De son côté, Hiram peinait à soulever le corps de Dean. Il était légèrement plus grand et costaud que lui mais le jeune garçon avait de la volonté, celle de sauver son ami. Il savait qu'Ahiram ne pouvait pas m'aider, il devait rester dans le cercle. Il devait donc porter Dean seul et rapidement.
Avec difficulté mais une détermination sans faille, il réussit finalement à déposer son ami juste devant le vieil homme, la tête fraîchement rasée près de ses genoux. Puis il aida Ahiram à redresser Dean pour lui permettre d'avoir facilement accès à la zone qu'il devait inciser. Le vieux Mage de Chaire jeta alors un coup d'œil au jeune garçon qui comprit. Il ne devait pas rester là.
Rapidement il sortit du cercle et se mit à regarder la scène. Il vit Ahiram lever le couteau incurvé de métal sombre incrusté d'un cristal au bout et le planter doucement dans la peau nue du crâne de Dean. Hiram frémit. À la fois pour son amie et parce que l'atmosphère avait changé. L'air était devenu lourd et oppressant. Le cristal au bout du poignard que tenait Ahiram s'illumina. Comme en écho, ceux qui se trouvaient au sommet des cinq piliers firent de même. La lame commença alors à glisser lentement sur la peau sombre de Dean, laissant derrière elle une traînée sanglante.
« Il faut y aller à présent » dit Merlin.
« Je ne peux pas rester ? » Lui demanda Hiram sans détacher ses yeux du spectacle.
« Le rituel va prendre plusieurs heures et ils ont besoin de calme. De plus, j'ai besoin de toi pour une mission importante. »
Hiram jeta un regard surpris à Merlin. Puis, il jeta un dernier coup d'œil à son ami étendu sur le sol devant lui avant de suivre le Mage.
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Une explosion fit lever la tête aux combattants. Le sommet de la tour venait de s'enflammer brusquement.
Au même moment, un fracas se fit entendre. Bedivere, qui se trouvait sur les remparts avec Bill Graisse d'Oie, Hariel et Eleanor, se tourna vers l'extérieur, vers le pont menant au château et la pleine qui s'étendait derrière.
« Qu'est-ce que c'est que ça » balbutia le Chevalier.
Il faisait sombre et la pluie était dense mais il pouvait parfaitement voir les formes qui s'avançaient vers eux. Il se retrouva alors transporté vingt ans en arrière lors de la bataille finale contre Mordred.
Les troupes qui venaient à eux étaient composés de Démons difformes, de morts vivants et de créatures géantes en forme d'éléphants. Ils étaient si nombreux qu'on ne voyait plus la pleine.
Si jamais ils engageaient le combat avec eux, ils étaient perdus. La dernière fois, seul la mort de Mordred avait fait partir ces légions. À nouveau, ils devraient attendre que leur maître ne meure mais en attendant, ils allaient devoirs se défendre.
« Occupez-vous de reprendre et de sécuriser le château » leur ordonna alors Hariel. « Je m'occupe de cette armée. Eleanor ? Tu m'accompagne ? »
La jeune fille regarda l'armée et souffla.
« En avant »
« Vous êtes sûr d'y arriver ? » Demanda Bedivere.
Au même moment, Hariel tendit la main. Un cercle Gremory d'une taille démesuré apparut devant elle et un rayon d'énergie rouge en jaillit. Il frappa l'armée en plein milieu, laissant un cratère fumant.
« Je pense oui » dit Hariel.
Il sauta du haut des remparts et s'envola. Eleanor allait le suivre quand Bedivere la retint.
« Attends » dit-il. « Fais attention à toi. »
Eleanor le regarda dans les yeux, puis, sans prévenir, s'approcha de lui et posa ses lèvres sur les sienne. Elle s'éloigna rapidement, rougit, puis sauta pour rejoindre son ami.
Elle atterrit à côté de lui sur le pont.
« Tu veux qu'on parle de ce que tu as fait après mon départ ? » Demanda Hariel, goguenard.
« La ferme ! » Grogna Eleanor. « Et toi tu ne devais pas éviter d'utiliser la Magie Démoniaque ? »
« L'air autour de nous en est déjà saturé. Un peu plus un peu moins… et tant que je n'utiliserais pas le Pouvoir de Destruction, tout ira bien. »
Il s'avança et tendit les mains en l'air. Deux cercles apparurent dans ses mains, quelques chose de long et lumineux en émergea. Quand Hariel referma ses mains dessus, il tenait ses longues lames doubles. Il les fit virevolter autour de lui, appréciant leur maniabilité et le bruit des contrepoids sur le lien qui les attachait ensemble.
« Depuis le temps que je voulais essayer ses bébés dans un vrai combat. »
« Psychopathe » ricana Eleanor.
Hariel ne démentit pas. Il se mit à courir le long du pont puis saura dans les airs. Il écarta ensuite les bras puis les ramena violemment, faisant faire des arcs de cercles parfait à ses lames. Le souffle d'air fut qui puissant qu'il trancha la pierre du pont, le faisant s'effondrer à cet endroit.
Satisfait, Hariel se mit à flotter. Avec le pont détruit, l'armée démoniaque ne pourrait pas atteindre le château. Enfin, pas aussi facilement. Une route lumineuse apparut à côté de lui et Eleanor roula jusqu'à lui.
La jeune femme se sentait excité malgré elle. Jamais au grand jamais depuis qu'elle avait ses pouvoirs elle n'avait pu les utiliser à leur pleine capacité. Les dangers de Boston ne l'étaient finalement pas tellement et depuis qu'elle était ici elle n'avait eu l'occasion de se battre que trois fois. Contre Hariel, elle s'était retenue pour ne pas le blesser et pareil dans Londinium. À présent, elle n'avait plus aucune limite.
Elle se tourna vers Hariel qui lui sourit. Elle savait qu'il pensait comme elle.
0o0o0
La mer en furie. C'était ce qu'il y avait autour d'Arthur. Autour de lui la salle basse de la Tour s'était transformé en île au milieu d'une mer déchaînée. Il regarda autour de lui et vit qu'il n'était pas seul.
« Tu as gagné, mon neveu » dit une voix sépulcrale.
L'être qui avait prononcé ces mots, Arthur le connaissait mais jusque-là, il n'avait été que le croque-mitaine de ses cauchemars.
« Tu. As. Gagné » répéta la chose.
Un corps énorme de guerrier, une cape faite de cendre et de braises. Il était dos à lui, face à la table de l'autel. Il se retourna. C'était bien lui. Arthur reconnaissait le casque dont il couvrait sa tête faite d'ombre, un crâne avec des cornes de bélier. Il y avait des braises dans les orbites sombres.
« Maintenant, joue avec moi » reprit la créature qu'était devenu Vortigern.
Il tendit la main vers Arthur et lui envoya une boule de feu. Celui-ci était protégé par le pouvoir du fourreau mais fut tout de même projeté en arrière. Vortigern prit alors la faux pose à côté de lui sur l'autel et s'approcha de son neveu.
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Bedivere tira l'un de ses hommes derrière un pilier. La résistance des gardes était plus forte que prévue. Le combattant qui se trouvait devant lui venait de se prendre une flèche et il s'en été fallu de peu qu'il en reçoive une aussi.
Il se pencha alors vers l'homme agonisant et saisit la flèche qui sortait de son épaule.
« N'y touchent pas ! » Dit alors une voix.
Il se retourna et vit Nimueh arriver vers lui. Derrière elle se trouvait John. Il avait parfaitement exécuté les ordres d'Hariel et était allé libérer les prisonniers de Vortigern, la Magicienne en premier.
« Il faudrait trouver un endroit où soigner les blessés. »
« Le réfectoire des serviteurs est vide. En dégageant le mobilier… »
« Très bien, je vais me débrouiller » dit la femme.
Elle se tourna vers John.
« Prends cet homme et suis-moi jusqu'aux sous-sol » ordonna-t-elle.
« Je n'obéit qu'à Maître Hariel » cracha le garde.
« Tout de suite ! » s'exclama Nimueh.
John frémit et obtempéra. Bedivere était impressionné. Mais il n'en attendait pas moins de celle qui allait devenir sa Reine.
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« J'en suis à 102 » dit Hariel.
« Ne me dit pas que tu comptes ! » S'exclama Eleanor.
« Bien sûr que si ! »
L'orage était à son avantage. Il avait de l'eau à profusion et les conditions atmosphériques favorisaient l'apparition et la force de sa foudre. Quant au feu, le plus souvent il lui suffisait d'une étincelle pour enflammer l'espace donc ce n'était pas un problème.
« Très bien, dans ce cas… »
Eleanor se tourna vers l'un des énorme éléphant et pointa son bras vers lui. La bête immense poussa un barrissement déchirant avant de s'effondrer sur le sol.
« Co… comment tu as fait ça ? » Balbutia Hariel les yeux écarquillés.
« J'ai créé une bulle d'air dans son système sanguin au niveau de son cerveau » dit-elle en haussant les épaules nonchalamment.
« Une embolie gazeuse » dit alors Hariel d'une voix blanche.
Il regarda l'énorme animal et se renfrogna.
« Ça compte quand même que pour un ! » S'écria-t-il.
Eleanor leva les yeux au ciel. Mais quel gamin parfois.
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Dean souffrait. Il aurait bien serré les dents mais c'était impossible. À la place, il subissait avec tout son courage et sa volonté cette épreuve. Il savait que ce serait bientôt terminé.
Il pouvait sentir quelque chose sur son crâne, probablement le couteau qui entaillait les runes. Mais pour lui, la sensation n'était pas plus forte que s'il s'agissait d'une plume. Elle courrait sans discontinuer sur son crâne, dessinant des dessins qu'il avait du mal à imaginer. Ahiram lui avait expliqué que lors d'un rituel, la lame ne devait jamais perdre le contact avec le corps. C'est pour ça que les runes étaient connectés les unes aux autres.
Cependant il y avait autre chose qu'il sentait. L'énergie. Tout autour de lui, il sentait qu'elle se concentrait, léchant sa peau comme des décharges électriques. Elle pénétrait également par les fentes sur son crâne et se dispersaient dans son corps. D'ailleurs il lui semblait que cela commençait à agir, non ? Ou alors est-ce qu'il s'habituait à la douleur.
Il pensait aller un peu mieux mais ce n'était rien à côté de ce qui allait suivre. En effet, Dean sentit la lame quitter son crâne et aussitôt la douleur reflua. Pas de beaucoup mais Dean se rendit alors compte à quel point il avait eu mal. Cependant quelque chose n'allait pas. Le rituel était finit. Normalement son esprit devait être assez fort pour gérer toutes les informations. Alors pourquoi avait-il encore mal ?
« Dea… ean ! D... ean ! » Entendit-il alors.
Il reconnut la voix de Merlin mais elle semblait lointaine et hachée, comme s'il essayait de lui parler au milieu d'une tempête. Mais avec toutes les informations qui tourbillonnaient dans sa tête, c'était peut-être le cas.
« Enl… sceau ma… » disait Merlin.
« Je ne comprends pas… » geignit Dean.
« Enlève… sceau ! »
Enlever ses sceaux ? Lesquels, ses sceaux sur sa magie ? Il n'avait jamais fait ça. Hariel lui avait montré comment faire mais depuis il n'y avait plus touché. Selon son cousin c'était à lui seul de décider quand il était prêt mais Dean n'avait jamais voulu vraiment y penser. Et voilà à présent qu'il n'avait plus le choix.
Malgré la douleur, il réussit à se concentrer suffisamment pour atteindre cet endroit de son esprit où se trouvait sa magie.
« 2e Sceau : Libération » grogna-t-il en une parodie de ce que faisait son cousin.
Le sceau lâcha. Aussitôt, Dean sentit la douleur refluer à nouveau. Mais elle était encore bien présente.
« Enlève… sceaux ! » Dit la voix de Merlin.
Elle était encore très lointaine mais beaucoup moins hachée.
« Mais c'est ce que j'ai fait » lui répliqua Dean.
« Tous tes sceaux. »
Tous ? Est-ce que ce n'était pas dangereux ? Dean était inquiet mais il décida d'en enlever au moins un autre. La douleur reflua à nouveau mais sans disparaître tout à fait.
« Encore » dit la voix de Merlin plus proche et plus du tout hachée. « Enlève-les tous. »
« Mais c'est dangereux ! Et si je perds le contrôle ? »
« La force des runes dépends uniquement de la puissance de celui sur laquelle elle est faite pas de celui qui l'a fait » dit Merlin. « Pour qu'elle soit au maximum de ses capacités et te permettre de traiter toute les connaissances que tu possèdes, tu dois tous les ouvrir. »
« Mais… » tenta une nouvelle fois Dean.
« Ne t'inquiète pas. Tes nouvelles capacités te permettront de te contrôler plus facilement. »
Dean décida de faire confiance à Merlin. Il n'avait pas vraiment le choix. Il se concentra à nouveau et cette fois-ci, il les ouvrit tous. Tous d'un seul coup. La douleur disparut.
Il respira alors un grand coup. C'était tellement bon de ne plus avoir mal. Comme boire de l'eau fraîche après avoir marché des heures dans le désert (il l'avait vécu).
Cependant quand il regarda autour de lui, il constata qu'il n'était pas vraiment éveillé. Il se trouvait dans un endroit inconnu et il était entouré d'images, de sons, de mots, d'idées, de chiffre, de sens… et tout se mélangeait autour de lui.
« Oh non. Est-ce que ça a échoué ? » Gémit-il comme pour lui-même.
« Non » dit alors la voix de Merlin.
Cette fois elle était toute proche. Comme s'il était juste en face de lui.
« Si tu ne ressent plus aucune douleur et que tu m'entends parfaitement, c'est que le rituel a fonctionné. »
« Mais… et tout ça ? »
« Que ton cerveau soit capable de supporter ces nouvelles connaissances ne veut pas dire qu'il ne faudra pas les ordonner. »
« Et combien de temps cela va me prendre ? »
« Dix ou même cents vies ne suffirait pas. »
« Quoi ? » S'exclama alors Dean avec colère. « Mais comment je fais avec… tous ces trucs ? »
« Je vais t'apprendre à sceller ces connaissances, à les éloigner de ton esprit conscient vers ton inconscient. Ensuite, il te faudra par toi-même trouver comment rechercher les informations dont tu auras besoin. »
Dean soupira. L'ancien AI Merlin était de retour. Super.
« Très bien » dit-il sur un ton fataliste. « Comment on fait ? »
« D'abord, il faut que tu imagines une porte… »
Ça c'était facile. Il n'avait pas fallu quelques instants pour qu'une simple porte en bois apparaisse juste devant lui. Il n'était pas vraiment d'humeur à faire des fioritures. Peut-être plus tard.
La deuxième étape était plus difficile car il devait forcer toutes les connaissances à entrer à l'intérieur. C'était comme essayer de faire rentrer des plumes de forces. On les jetait mais elles étaient tellement légères qu'elles voletaient et ressortaient. Mais finalement après quelques efforts mentaux, il y parvint.
Soulagé, il regarda autour de lui pour voir s'il n'avait rien oublié. Il remarqua alors ce qui l'entourait et fronça les sourcils.
« C'est ma chambre ? » Demanda-t-il.
Ça y ressemblait mais il y avait quelques différences. Elle était plus grande et il y avait des objets qu'il ne possédait pas… même s'ils lui semblaient familier.
« Nous sommes au plus profond de ton esprit » lui dit la voix de Merlin. « Il se présente sous la forme d'un lieu où tu te sens en sécurité. Mais il est également le témoin de ta personnalité et des changements de ta psyché. »
Donc c'était le reflet de lui-même en quelque sorte…
« Maintenant, ouvre les yeux »
0o0o0
Arthur roula sur le sol et évita de peu la lame de la faux. Il se redressa et se prépara à parer le prochain coup. Mais le monstre qu'était devenu Vortigern avait une force titanesque. Il manqua à nouveau s'effondra sur le sol.
Il réussit à se remettre en position de combat mais Vortigern lui donna un coup de pieds dans l'entorse, le faisant basculer en arrière. Non seulement il était fort mais il était aussi bien plus grand et se battait bien mieux.
Il se mit à enchaîner les coups sur Arthur qui peinait à ne serait-ce que les bloquer. Alors qu'un coup particulièrement puissant avait fiché la faux dans le sol, il en profita pour riposter mais ses coups ne portaient tout simplement pas assez.
Le ballet entre les deux combattants continuait. L'un était trop rapide et l'autre trop fort. Le feu de la bataille était intense et Arthur n'arrivait pas à se concentrer suffisamment pour utiliser les autres pouvoirs d'Excalibur.
Soudain, Vortigern donna un coup plus fort que les autres. Arthur le para mais fut projeté en arrière et sa tête frappa durement le sol. Vortigern se mit alors lentement à avancer vers lui.
« Je crois que cette épée m'appartient à présent »
0o0o0
Hariel sentit quelque chose se propager dans son corps. Une sorte de malaise. C'était comme si son existence toute entière était en péril. Pas seulement son corps ou son âme mais toute son histoire, ses souvenirs, ceux des personnes qu'il aimait.
Arthur était en danger. Son ancêtre allait peut-être mourir et avec lui sa lignée. Il ne pouvait pas rester ici sans rien faire.
« "Lenor ! » Cria-t-il pour couvrir le nuit de l'orage. « Arthur est en danger. Il faut que j'aille l'aider ! »
Eleanor regarda l'écran de son brassard.
Charge : 34,6 %
C'était suffisant pour tenir avec Hariel mais sans. Elle retourna alors son bras et appuya sur un clapet. Celui-ci s'ouvrit révélant un cylindre métallique sur lequel était greffé à intervalle régulier, des tubes d'une matière cristallines. Certains étaient vides, beaucoup et d'autres étaient rougeoyant. Elle le retira, l'accrocha à sa ceinture et y prit un autre cylindre identique sauf que tous les rives étaient rouges. Elle le mit à la place de l'autre et ferma le clapet.
Elle retourna son brassard et regarda à nouveau son écran.
Charge : 100 %
« Je suis parée » dit-elle.
Hariel hocha la tête. Il ouvrit ses ailes et s'envola en direction de la Tour. Malheureusement, c'était impossible de l'approcher. Elle gênerait une tempête énergétique qui, si elle n'était pas visible, n'en était pas moins puissante et dangereuse.
Il n'y avait qu'une seule solution : détruire la Tour.
Hariel étendit alors les mains de chaque côté, paumes vers le ciel.
« Rairyuu ! Enryuu ! »
De la foudre jaillit de sa main gauche et du feu sa main droite. Chacun prit la forme d'une grand dragon chinois qui se mit à attaquer la Tour. Mais la tempête était trop forte. Ils furent totalement soufflés.
Hariel se mordit les lèvres. Pas assez puissant. Il pouvait en créer d'autres en leur donnant plus d'énergie mais il savait que ça ne suffirait pas. Une seule chose serait suffisamment forte, une attaque combinée de feu et de foudre sous la forme d'un dragon. Sauf qu'il ne savait pas encore comment mêler les deux.
Il se secoua. Non. Il devait essayer. Il écarta à nouveau les bras et en fit jaillir la foudre et le feu.
0o0o0
Il revoyait la bataille. Lui, l'épée à la main et les coups de faux qui pleuvaient. Encore et encore. Qui le frappaient, le blessaient.
Mais était-ce vraiment lui ?
Non. C'était quelqu'un d'autre. Un homme qu'il ne connaissait pas. Ou peut-être que si. Dans ses cauchemars.
« Mon fils, sauve-toi ! »
C'était son père, le roi Uther. Il se battait contre son frère qui avait le corps du Démon. Et lui n'était qu'un enfant. Un enfant impuissant.
Il vit le Roi tituber alors que derrière lui, le monstre laissait la place à Vortigern.
« Mon frère… » souffla Uther.
« Je crois que cette épée m'appartient à présent. »
« Le prix qu'il te faudra payer, tu n'en as encore aucune idée. »
Et Arthur vit son père jeter son épée dans les airs puis tomber à genoux. Sa voix résonna dans sa tête.
« Tu n'as plus à te sauver » lui dit-il. « Tu n'as plus à détourner les yeux. »
Arthur se retourna alors vers le jeune lui assis dans la barque. Il avait les yeux fermés mais à ces mots, ils s'ouvrirent. Arthur aussi se mit à voir.
Uther baissa la tête. Excalibur retomba alors et retomba droit sur la nuque de son Porteur. Arthur avait déjà vu cette scène dans ses cauchemars. Il avait vu l'épée s'enfoncer dans le corps de son père, son père devenir pierre et la pierre tomber dans les eaux de la Tamise jusqu'à ce qu'un caprice de la nature ou du destin la fasse resurgir et que lui, Arthur n'en retire Excalibur.
Maos pas cette fois. Arthur s'avança et saisit la poignée de l'arme. Uther releva la tête.
« L'épée est tienne mon fils. »
Arthur s'éveilla.
0o0o0
Dix fois, vingt fois Hariel avait appelé les dragons mais à chaque fois la fusion échouait. Il avait espéré que l'explosion endommagé la tour mais c'était peine perdue. À présent, il était fatigué. Son énergie le quittait. Il n'avait plus de forces.
À nouveau Il se reprit. Non, il n'était pas sans force. Il avait encore plein de force, un potentiel infini dormait en lui ne demandant qu'à être utilisé et s'il devait ouvrir tous ses sceaux, il le ferait, s'il devait user toute son énergie dans cette attaque, il le ferait.
Une sensation de bien-être se propagea dans son corps. C'était comme si son existence se réaffirmait. Arthur allait mieux. Ou alors était-ce sa détermination. Peut-être les deux.
« 222e Sceau : Libération ! »
Il sentit alors l'énergie couler à nouveau dans ses veines, si forte, si abondante. Mais autre chose se produisit alors. Il sentit quelque chose dans son dos. Quelque chose tentait d'émerger. Il y eut un claquement de cuir et une paire d'ailes émergea alors. Sa troisième paire.
Il prit une grande respiration pour calmer sa joie. Aussitôt, le vent souffla autour de lui et il sentit une puissance nouvelle émerger en lui.
L'Air.
L'élément d'Air.
Il le sentait en lui, le souffle de la planète, le vent et la tempête. Il savait également qu'il le tenait, l'élément qui lui manquait, l'élément pour donner vie à son dragon le plus puissant.
Il tendit la main gauche et y fit naître la Foudre. Il rendit la main droite et y fit naître le Feu. Puis il les rassembla et souffla.
« Dragon de Foudre, de Feu et de Vent ! Raienfuuryuu ! »
Une tornade de flammes et d'éclairs émergea alors de ses mains et monta vers le ciel. Elle serpenta et prit la forme d'un immense Dragon de pur énergie. Il fila dans les airs et, sur son passage, l'air se mit à crier comme la tempête. Il fonçait tout droit, droit sur la Tour.
0o0o0
« Tu te souviens de cette fois-là ? Tu sais dans tes cachots. Je venais de retirer l'épée et tu m'as demandé d'où venait toute ma fougue ? »
Arthur se redressa et se tint debout, tenant nonchalamment l'épée.
« Elle me vient de toi » dit-il.
Vortigern lui envoya alors une boule de feu. Mais Arthur balança l'épée et la dévia. Il ne la tenait qu'à une main mais elle brillait. Elle était active. Vortigern reprit alors sa faux.
« C'est toi qui m'a mis dans ce bordel » reprit Arthur.
Le Démon fonça sur lui et faucha l'air avec sa faux mais Arthur se baissa et l'évita. L'arme se planta au sol et avant que Vortigern ait pu la retirer, Arthur la coinça avec son épée.
« C'est toi qui m'a jeté à la rue. »
Vortigern dégagea son armée et attaque Arthur. Celui-ci para et le monstre fut repoussé. L'échange de coup n'avait plus rien à voir avec de qui s'était passé avant. Le jeune homme repoussait chaque attaques et réussit même à entailler la jambe de son adversaire.
« Si je suis ici aujourd'hui, c'est à cause de toi »
Le combat reprit. Arthur bloquait chacun des coups. Il se baissait, roulait et finalement gagnait du terrain. Un second coup d'épée et il laissa une large plaie dans le dos de son adversaire. Mais Vortigern refusait de se laisser dominer et attaquait encore et encore sans réussir cependant à prendre un quelconque avantage.
Arthur porta un coup. Son adversaire voulut se protéger avec son arme et l'épée coupa l'hast de la faux en deux. Vortigern continua alors à se battre avec ce qui restait de son arme sans discontinuer. Il frappait mais Arthur évitait, contrait, ripostait.
Et puis dans une feint magistrale, Arthur désarma son adversaire. Celui-ci voulut riposter mais la lame d'Excalibur s'enfonça dans son ventre.
Le monstre se redressa. Un sang noir se mit à tomber de sous le casque sombre.
« C'est toi qui m'as créé de toute pièce. »
Vortigern recula et retira l'épée de son ventre. Il tourna en arrière et tomba sur l'autel, le brisant. Autour d'eux il y eut alors une explosion. Le monde se transforma en enfer de feu et de foudre. Arthur voulut se protéger mais la chose ne semblait pas vouloir le blesser.
Quand la tempête se dissipa, il se trouvait dans les ruines de la Tour. Il leva la tête et vit une silhouette aux longs cheveux rendus fou par la tempête et aux six paires d'ailes de Démons. Les myriades d'éclairs qui traversaient le ciel rendaient cette présence fantastique et inquiétante. Mais pour Arthur, cette vision était rassurante. Quelqu'un veillait sur lui.
Il baissa alors la tête et s'avança vers l'autel brisé. Les braises et les cendre se dissipèrent, laissant la place au véritable Vortigern, à l'homme ce chaire et de sang.
« Et pour cela » lui dit Arthur, « je te rends grâce. »
Il lui prit alors la main et embrassa ses bagues. Son regard était toujours fixé sur le corps agonisant de son oncle.
« Tu donnes sens au Mal. »
Il se redressa et regarda l'homme qui avait assassiné son père pousser son dernier soupir.
0o0o0
Dean ouvrit brusquement les yeux et se redressa. Il cligna des paupières en voyant qu'il se trouvait dans un grand lit.
« Enfin, tu es réveillé ! » S'exclama une voix tout près de lui avec soulagement.
Hiram était assis dans un fauteuil juste à côté du lit. Il avait des cernes sous les yeux.
« Ça va ? » Lui demanda Dean.
« C'est à moi de te demander ça après ce qui s'est passé ! »
Il avait accompagné sa phrase d'un ricanement monsieur mais Dean pouvait parfaitement entendre la tension sous-jacente. Son ami avait été soumis à un rude stress.
« Ça fait combien de temps que… »
« Toute la nuit je pense. C'est difficile à dire sous terre. »
« Et tu as veillé sur moi tout ce temps ? Comme c'est mignon » se moqua Dean à son tour.
« Tais-toi et dit moi plutôt comment tu vas. »
« Je me sens… bien » constata Dean avec surprise après un temps de réflexion.
Son corps avait quelques courbatures mais elles étaient agréables. Il sentait de l'énergie couler partout dans son corps et son cerveau fonctionner à toute allure. Il se demanda si c'était comme ça que se sentait Hariel tout le temps.
« Au fait, où est Ahiram ? » Demanda-t-il soudain sur un ton enjoué. « J'étais persuadé que lui aussi resterait à mon chevet. »
Aussitôt le sourire d'Hiram s'effaça et il blêmit. Dean frémit.
« Il est… il n'est quand même pas… »
Il n'arrivait pas à finir sa phrase.
« Pas encore » répondit Hiram.
À son expression, Dean comprit qu'il avait voulu dire que ce serait bientôt le cas.
« Où est-il ? »
« Dans la chambre en face »
Dean rejeta les couvertures et sauta presque hors du lit. Il vacilla quelques instants à cause de ses jambes engourdies mais réussit à rester debout et se précipita vers la porte. Il l'ouvrit à la volée et se précipita sur la porte juste devant lui de maître côté du couloir, Hiram sur les talons. Il ouvrit maître porte avec fracas puis se figea.
Ahiram gisait dans un lit de bois sculpté presque aussi grand que le sien. Les couverture sombre qui le recouvraient rendaient sa pâleur encore plus impressionnante. Sa respiration était difficile, sifflante, il avait l'air encore plus mal que la dernière fois.
« Non, Ahiram » gémit Dean.
Il se précipita vers le lit en appelant Merlin. L'hologramme apparut immédiatement.
« Qu'est ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'il a ? On peut faire quelque chose pour l'aider ? » Lui demanda-t-il en examinant le corps du vieil homme.
« Non, il n'y a rien à faire » répondit Merlin. « Il est mourant. »
« Quoi ? Mais pourquoi ? »
« Il est vieux, plus qu'aucun autre êtres de son espèce et le rituel lui à prit beaucoup d'énergie. »
« Mais tubas dit que cela ne consommait que l'énergie de celui à qui on faisait le rituel ! »
« Non, j'ai dit que la puissance des runes dépendait de lui mais pour faire le rituel, il faut de l'énergie, beaucoup d'énergie. »
« Est ce que tu le savais ? Que ça allait le tuer ! Tu aurais dû lui parler des risques ! »
« Je l'ai fait et il était conscient qu'il avait toute les chances de mourir mais il a décidé de le faire quand même. »
Dean se tourna alors vers l'hologramme, un regard furieux sur le visage.
« C'est de votre faute tout ça ! » S'exclama-t-il. « Depuis des siècles vous leur bourrée le moue avec votre Élu ! Tellement qu'ils étaient prêts à mourir pour lui ! Et c'est ce qui s'est passé ! À vous prendre pour un Dieu, vous avez transformé Ahiram en vulgaire pion ! »
« Ce que tu penses de moi n'a pas d'importance mais crois-tu vraiment qu'Ahiram t'aurais sauvé seulement parce que tu étais l'Élu ? » Lui demanda Merlin avec un air grave sur le visage. « Il a fait ça parce qu'il t'appréciait, parce qu'il tenait à toi. »
Dean baissa les yeux, honteux, puis se tourna à nouveau vers le vieil ermite qui l'avait accueilli, soigné et nourrit.
« Il n'y a pas un moyen de le sauver ? »
« Tout le monde meurt un jour. »
« Sauf ceux qui ont fait l'Ascension. »
« Mais il fait du temps pour cela ou alors recevoir l'aide d'un être l'ayant déjà fait. »
« Vous ! Vous l'avez fait ! »
« Dean, je ne suis qu'une machine » dit l'hologramme en secouant la tête. « Je ne fais qu'imiter Merlin mais je ne suis pas lui, je n'ai pas fait l'Ascension. »
« Alors il n'y a aucun espoir ? Avec toute ma technologie qu'il y a ici, on pourrait…. »
Il sentit sa vie de brouiller un instant et sa tête bourdonner légèrement. Une idée émergea en lui.
« Et si nous utilisions le connecteur psychotechnique que vous avez utilisé sur moi pour transférer ses données mémorielles vers un clone créé à partir de la technologie génétique Asgard ? »
Il secoua la tête.
« Comment je sais ça moi ? » Demanda-t-il comme pour lui-même.
« Les connaissances ont émergé suite à ton besoin de trouver une solution. Malheureusement il ne reste pas assez de temps pour créer un clone pleinement fonctionnel avant sa mort.
« Et si nous conservions sa psyché dans un support cristallin indépendant afin d'éviter qu'il ne se d'élite si on le branchait directement au système ? »
« Dean » soupira l'intelligence artificielle. « Cette technique nécessité que le sujet soit pleinement conscient de ce qui va lui arriver. Et nous ne pouvons pas faire cela sans son accord. Ce ne serait pas éthique. »
« Alors on pourrait… raccorder nos esprits. Utiliser un second connecteur pour créer une passerelle neurale. Ce serait plus pratique qu'avec le système de technotélépathie que tu as utilisé sur moi tout à l'heure. »
Merlin hésita quelques instants puis finit par accepter.
0o0o0
L'effondrement de la tour fait trembler la caverne et des morceaux du plafond tombèrent dans le lac. Le Démon siffla en sentant la puissance de la Tour, qui allait être sienne, lui échapper. Un autre sifflement, plus fort et plus colérique cette fois se répercuta conte les murs quand Vortigern fut vaincus.
Le pouvoir qui possédait le Roi était le sien, une part de lui et quand celui-ci était mort, il l'avait ressenti. L'énergie démoniaque était revenue à lui comme un élastique et le contrecoup le laissa énormément affaibli.
Il avait échoué, il devait partir rapidement pour reprendre ses forces. Cependant il reviendrait. Oui il reviendrait et il forcerait ce Magicien de pacotille à se traîner à ses tentacules avant de récupérer son pouvoir.
« Inutile d'attendre, je suis là » dit alors une voix qui résonna dans la grotte redevenue calme.
Un bruit sourd se fit alors entendre, comme si quelque chose tapait sur le sol. Le Démon retourna son énorme masse adipeuse et tendit sa tête massive en direction des escaliers. Le bruit se rapprochait et il lui semblait entendre des pas. Puis des chaussures apparurent en haut des marches suivit d'une longue robe verte.
Le bruit venait d'un long sceptre métallique que l'homme, ou plutôt le Magicien tenait dans sa main gauche. Dans l'autre, il tenait un livre épais avec une couverture du même métal que le sceptre. Les deux objets étaient décorés de cristaux verts lumineux.
« Impossible… » hoqueta le Démon.
Il connaissait ce Sceptre et ce Compendium. Il connaissait leur propriétaire mais celui-ci ne devait pas être ici. Il l'aurait su.
« Myrddyn Emrys » cracha le Démon quand la tête du Mage émergea.
« Heureux de me revoir,… ? »
Le Mage avait bougé les lèvres mais aucun son n'en était sorti. Il se souvenait peut-être du nom que portait auparavant le Démon mais la magie du Damnatio Memoriae l'empêchait de le prononcer.
« Tu je peux pas être là, c'est impossible ! » Gargouilla le Démon.
Il suintait de colère mais aussi de peur.
« C'est encore un de tes tours, c'est ça ? Tu n'es pas vraiment là ! Ce n'est qu'une image envoyée depuis la cachette ou tu te terres ! »
Myrddyn s'avança dans la lumière qui bordait le lac. Son visage n'avait plus rien à voir avec l'adolescent débonnaire et taquin qu'Hariel avait rencontré. Ses traits étaient froid, sévère et son regard était implacable. Cette expression lui donnait l'air plus âgé. Mais aussi plus terrible.
De son bâton, il poussa une pierre qui tomba dans le lac. Le Démon frémit au rythme des ondulations et tout son corps se mit à trembler comme de la gelée.
« Non ! Tu ne devrais pas être là. Je t'aurais sentit ! Je tais toujours sentit. Ta présence ne peut pas m'échapper. Tu as déjà essayé de la dissimuler il y a 20 ans et tu as échoué ! Je t'ai retrouvé ! »
« C'est vrai, tu m'as retrouvé » approuva Myrddyn. « Mais avec toute la magie qui m'entourait dans ma tour, tu as mis un peu de temps. Alors imagine ce soir, entre toute l'énergie que tu as déployé, celle de la Tour, celle du combat entre Arthur et ton champion et entre Hariel et Eléonore et ton armée, comment voulais tu arriver à me sentir, moi. »
« Mais à présent tu es là ! » Cracha le Démon. « Je te vois ! Je te sens ! Il me suffit donc de reprendre mon pouvoir ! »
Son visage adipeux était tordu de bonheur ce qui le rendait plus affreux. Les femmes mortes vivantes assises sur les bourrelets de chaire flasque et les tentacules se mirent à rendez des bras avide vers le Mage. Mais celui-ci se contenta d'esquisser un rictus.
« N'es-tu pas trop faible pour cela ? »
Myrddyn frappa le sol de son bâtonnet une vague d'énergie percuta le Démon, le rejetant en arrière. Il toussa et sa bouche cracha un jet de sang noir mêlé de pus qui macula son torse.
« Il est temps d'en finir… »
Prenant son Compendium par le dos, il le leva devant lui. Le fermoir du livre sauta tout seul et la lourde couverture de métal s'ouvrit sur la paume du Mage. Les pages d'un noir d'encre se mirent à défiler toute seule, la lumière brillante émise par les écrits éclairant le visage du Mage. Brusquement elles s'arrêtèrent. Myrddyn leva alors son bâton.
Le Démon n'eut que le temps de pousser un cri.
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Quand Dean ouvrit les yeux à l'intérieur de son propre esprit, Ahiram l'attendait déjà et il regardait tout autour de lui avec circonspection.
« C'est ma chambre » dit-il en guise d'explication. « Sur Terre. »
« Alors nous sommes sur ta planète ? » Demanda le vieil homme.
« Non, ce n'est qu'une image, une représentation dans ma tête. J'ai demandé à Merlin d'y transférer ta consc… ton esprit pour que je puisse te parler. »
Ahiram ne répondit pas et se contenta de le regarder fixement.
« Je… je voudrais te sauver la vie » dit-il.
« Ma vie est bientôt finie. Je l'ai accepté. »
« Mais pas moi ! Écoute, j'ai un plan pour que tu vives. Je veux mettre ton esprit dans… une boîte pendant qu'on te fait un nouveau corps » dit-il en essayant de trouver des termes simples. « Et ensuite on mettra ton esprit à l'intérieur. »
L'homme le regarda longuement avant de parler.
« La mort est immuable » dit-il finalement. « Nous finissons tous par mourir un jour. Si ce n'est pas aujourd'hui alors ce sera un autre jour. »
« Mais ça peut être un autre jour et pas aujourd'hui » dit à son tour Dean, accablé.
Son cerveau fonctionnait à toute vitesse, plus que jamais auparavant. Des dizaines d'idées lui traversaient l'esprit jusqu'à ce que l'une d'elle se détache des autres.
« Reste avec moi » dit-il alors.
« Quoi ? »
« Reste avec moi ici, dans mon esprit. Pendant au moins un temps. Si ça ne te plaît pas, je te laisserais partir. »
Théoriquement c'était possible. Il avait les données en tête. Cependant il fallait encore que le vieil homme accepte. Celui-ci regarda le jeune Magicien d'un regard intense et, pendant plusieurs minutes, il ne dit rien.
« Il me semble que j'ai toujours quelques petites chose à t'apprendre il me semble » dit-il finalement.
Dean eut un grand sourire.
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Eleanor ouvrit les yeux. De timides rayons de soleil traversaient les nuages qui recouvrait le ciel matinal et pénétraient dans sa chambre pour caresser son visage. Elle se redressa dans son lit et regarda par la fenêtre.
Décidée à se lever, elle prit la couverture et s'en drapa avant de poser ses pieds sur la peau de bête qui servait de descente de lit. Elle se mit debout et avança dans la chambre, grimaçant quand son pieds nu toucha la pierre glacée.
Elle avança néanmoins jusqu'à la fenêtre et regarda au dehors. De sa chambre elle pouvait voir la grande pleine à l'est de Tintagel. On pouvait encore y voir la trace des bûchers funéraires. Deux semaines auparavant, il y en avait eu des centaines disséminés ici. Les plus anciens se rappelaient avoir vu une scène semblable après la guerre contre Mordred, mais cette fois c'était le fils d'Uther qui avait donné l'ordre aux archers de lancer leurs flèches enflammés.
Oui. Cela faisait deux semaines. Deux semaines qu'ils avaient gagné la bataille qui leur avait permis de reprendre la Grande Bretagne toute entière. Deux semaines qu'ils n'étaient plus vraiment nécessaires.
Bien entendu, Hariel avait des hypothèses. Il avait toujours des hypothèses. La première était qu'ils repartiraient exactement un an après leur arrivée et qu'il remonteraient non pas de 1500 ans mais de 1499 ans dans le futur. La seconde était qu'ils n'avaient pas encore fini ce qu'ils avaient à faire et qu'ils repartiraient après.
Le temps passait et Eleanor tout comme Hariel étaient persuadés que c'était la seconde solution. Ils auraient dû logiquement pencher plus pour la première au vu de la situation mais quelque chose en eux les poussait à penser le contraire. Plus les jours passaient plus ils avaient l'intime conviction que leur départ était proche.
Eleanor ne savait pas si elle devait s'en réjouir… ou s'en attrister. Elle se retourna et regarda alors le lit qu'elle venait d'abandonner. Il y avait quelqu'un à l'intérieur. Comme la couverture était sur elle, il ne restait rien pour dissimuler le corps de l'homme endormis. Sur le ventre, son visage tournée vers Eleanor, il respirait profondément. La lumière subtilisé soleil éclairait ses formes durs et donnaient un aspect magnifique au noir de sa peau.
Finalement, la respiration de Bedivere se fit moins régulière et il ouvrit les yeux. Il les cligna quelques instants puis son regard tomba sur Eleanor. Un immense sourire orna alors son visage.
Il se redressa puis se leva du lit. Il avança vers Eleanor et son corps totalement nu s'imbriqua dans le sien. Il pencha la tête vers son visage et l'embrassa. Eleanor répondit au baiser. Elle le rompit cependant et détourna les yeux.
« Tu le sens encore, n'est-ce pas ? » Demanda-t-il.
La jeune femme hocha la tête.
« C'est imminent à présent. »
« Aujourd'hui ? »
« Peut-être. »
Le visage de Bedivere se tordit en une grimace de douleur.
« J'aimerai tant que tu restes avec moi. »
« Et je suis heureuse que tu l'aime assez pour me le demander. »
Elle leva la main et la posa sur la joue du chevalier.
« Tu m'as tellement apporté Bedivere. Grâce à toi, je n'ai plus peur de moi-même ou des autres. Mais ma vie est là-bas tout comme la tienne est ici. »
L'homme appuya légèrement sa joue sur la paume de la main de sa compagne et ferma les yeux.
« Ne peux-tu le faire par amour ? »
« Le pourrais-tu, toi ? »
« Je… »
« Si tu ne te sens pas capable de faire un sacrifice alors ne le demande pas à quelqu'un d'autre. »
Bedivere ne dit rien mais hocha la tête.
« Je t'aime Bedivere. Mais pas suffisamment pour abandonner mes rêves et mes ambitions. »
« Ce que tu me dis et cruel. »
« Non. C'est juste le vérité. Sache que quel que soit notre sexe, nous humain avons un profond désir de se réaliser soi-même. Certains c'est par l'amour et d'autre non. »
Bedivere avait du mal à comprendre mais il voulait plus que tout respecter les désirs de cette femme. Alors il l'embrassa à nouveau. Il l'embrassa comme si c'était la dernière fois. Parce que ça l'était peut-être.
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« Je ne suis pas sûr que cette situation soit la meilleure mais si c'est ce que tu veux… » dit l'hologramme de Merlin alors qu'il guidait Dean à travers le château de Camelot.
Il parlait de l'arrangement que celui-ci avait eu avec le vieil Ahiram. Dean sentait sa présence bienveillante en lui qui regardait par ses yeux et entendait par ses oreilles, le faisant profiter de ses conseils comme de ses grognements. Son corps sans vie avait été laissé au soins de Merlin qui allait s'occuper de lui comme il l'avait fait avec tous ses prédécesseurs.
Mais en attendant, l'hologramme semblait vouloir le mener quelque part, un endroit dans l'une des tours du château, probablement celle où habitait Merlin car elle était décorée de façon Alterane et non pas médiévale. C'était également dans cette tour qu'avait eu lieu le rituel.
Ils arrivèrent bientôt devant un étrange porte bombée vers l'avant. Quand elle coulissa, Dean vit que derrière il y avait une petite pièce circulaire. Cela ressemblait à un ascenseur. Apparemment se déplacer semblait bien être le but car dès qu'il fut à l'intérieur la porte se referma et, à peine moins d'une seconde après, elle se rouvrit et Dean vit qu'ils étaient ailleurs. Il n'avait rien sentit… mais peut-être qu'il n'y avait en fait rien à sentir et que la cabine n'avait pas simplement monté des étages mais s'était téléporté.
Toujours est-il qu'ils arrivèrent devant une porte qui s'ouvrit à leur arrivée. Dean remarqua alors que le contrat de était saisissant. En effet la chambre qu'il avait face à lui ressemblait plus à celles du reste du château : mur et sol de pierre blanche, mobilier en bois, tapis, grand lit à baldaquin. Pour un peu on se serait cru à Poudlard, dans la tour Serdaigle.
« C'était la chambre de Merlin » dit simplement l'hologramme.
Il s'avança alors vers une table et s'écarta pour que Dean pu voir ce qui se trouvait dessus. Il y avait deux objets. Un bâton et un livre. Dean sentit immédiatement le pouvoir émaner de ces deux artefacts qui étaient, de plus, hautement atypique.
Le bâton, forcément un bâton magique, était intégralement fait de métal, du Naquadah lui souffla son esprit ou plutôt Ahiram qui avait commencé à fouiller dans les connaissances des Anciens. À plusieurs reprise il lui avait transmis des informations utiles sans qu'il ait à les chercher et même si lui ne les comprenait pas toujours. Finalement c'était bien de lavoir avec soi.
Si on avait posé la question, Dean aurait dit que le baron était une machine. Très long, parfaitement lisse sur le manche, il disposait d'une partie supérieur de forme légèrement ovoïde très allongé formé par quatre ailettes qui se terminaient par des pointes tout au sommet.
Le livre était également une œuvre d'art mais il semblait plus classique. Enfin presque. De là où il était, Dean pouvait voir que ses pages étaient d'un noir de jais. Cependant la partie la plus fascinante était la couverture. Plus large que le livre lui-même, elle était fait de ferronneries de Naquadah décoré d'or sur un fond d'une pierre verte, la même que celle qui ornait les décorations en pointe qui émergeait du métal de chaque côté.
Les deux étaient magnifique.
« Il s'agit du Sceptre et du Compendium de Merlin » dit l'hologramme. « Deux catalyseurs puissants pour l'énergie et le flux des sorts. »
Dean hocha la tête sans lâcher les deux objets du regard.
« Prends-les ! » Lui ordonna alors Merlin.
« Quoi ? »
« Prends-les ! Ils sont à toi. »
« Mais… » hésita Dean.
« Tu es le successeur de Merlin, ils te reviennent. »
Dean déglutit et hocha la tête. Il avança la main et prit le bâton. Aussitôt, les ailettes se déployèrent de chaque côtés, dévoilant un cristal sphérique vert qui se mit à briller. Dean passa quelques minutes à admirer l'objet et à ressentir son pouvoir dans sa main. Quand enfin il arriva à détacher ses yeux du Spectre, il tendit la main vers le Compendium et s'en saisit.
Aussitôt, les cristaux décoratifs ainsi que la couverture minérale sous le métal se mirent à briller du même éclat vert que le bâton. À nouveau, Dean sentit une impression particulière de pouvoir mais différemment. Il avait l'impression qu'il entrait en contact avec son esprit, qu'il se liait à lui.
« Il se passe quelque chose ici… » dit la voix d'Ahiram dans sa tête.
Dean pouvait parfaitement imaginer ce qu'il voyait : un tunnel d'énergie entre son esprit et le livre.
« Vous êtes sûr que je peux ? » Demanda finalement Dean après avoir réussi à se détacher des deux objets.
« Comme je te l'ai dit, ils sont toi » dit l'hologramme. « De plus, ils te seront indispensable pour rentrer chez toi. »
« Rentrer chez moi… » dit presque rêveusement Dean.
« La méthode pour voyager se trouve dans le Compendium et le Sceptre te permettra de mieux canaliser l'énergie autour de toi et plus rapidement. Tu pourras arriver chez toi bien plus vite que sans. »
« Merci » dit alors Dean.
Merlin inclina la tête pour accepter le remerciement. Il désigna ensuite à Dean un coffre dans lequel il trouva une ceinture munie d'un harnais. C'était pour y mettre le livre. Il conseilla Dean pour l'enfiler puis hocha la tête devant le résultat avant de ramener le jeune garçon dans la salle de la Table Ronde. Hiram l'attendait là. Il portait le sac d'Ahiram.
« Alors cette fois ça y est, tu vas partir ? » Demanda le jeune Dakarite.
« Oui… » répondit Dean, ému.
« À toute fins utiles, je préférerais que tu évites d'utiliser la formule du compendium ici. Mieux vaut le faire à l'extérieur. »
Dean eut alors un sourire malicieux. Il prit la main d'Hiram et transplana juste devant l'entrée du temple, à l'extérieur. Le jeune garçon trébucha et tomba sur les fesses sous les rires de son ami.
« Tu te crois drôle ? » Grogna Hiram.
Mais on sentait la tristesse dans son ton.
« Cette fois c'est la bonne » lui dit le jeune terrien.
« Adieu alors » dit Hiram.
« Aurevoir » lui répliqua Dean en serrant le bâton dans ses mains.
Il comptait bien essayer de revenir. Il jeta un coup d'œil derrière Hiram et hocha la tête pour remercier l'hologramme de l'intelligence artificielle de Merlin qui était encore une fois bien présente, son image relayée par un robot sphérique qui flottait derrière lui.
Puis Dean s'éloigna de son ami et sortit le Compendium de son harnais. Comme si celui-ci lui disait ce qu'il devait faire, Dean posa la dos à plat sur sa main et le laissa s'ouvrir tout seul et flotter juste au-dessus de sa paume ouverte. Guidé par son esprit, les pages d'un noir presque abyssale se mirent à défiler, les écritures d'un blanc lumineux sur ses pages devenant flou.
Puis il s'arrêta sur une page. En haut il y avait marqué le nom du sort. Le « Grand Saut ». Tout était écrit en runes Alteranes mais cela n'avait pas d'importance. Il avait les connaissances à présent. Il pouvait les lire. Son regard parcourir les mots et son esprit s'en gorgea.
Il souffla sur la page. Aussitôt, un cercle d'un blanc iridescent apparut sous lui. Il leva ensuite le Sceptre et frappa le sol avec. Il disparut.
Virale regarda à l'endroit où s'était tenu son ami quelques instants auparavant. Il n'y avait plus rien.
« Il est vraiment partie, n'est-ce pas ? » Demanda-t-il.
« Oui » lui répondit Merlin. « Il va être temps pour toi d'y aller. »
À ce moment-là, une légère secousse fit trembler le sol.
« Oui » dit Hiram. Je dois me dépêcher.
Il saisit fermement le sac qu'il tenait en bandoulière puis se mit à courir, reprenant le chemin qui allait le mener jusqu'à l'oasis et son village. Il n'avait pas une minute à perdre.
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« On se demandait ce que tu fabriquait ici » dit Bâton Mouillé.
Son regard était fixé sur l'immense disque de bois recouvert d'une bâche et monté sur pieds qui trônait au centre de la pièce. Enfin, un presque disque car il en manquait moins un quart. Habillé d'une simple tunique de laine, Arthur aidait les artisans qui montait l'étrange objet.
« Très joli » dit Fesse d'huître en se grattant la barbe. « Mais c'est quoi ? »
Arthur ricana à sa question mais en même temps ses yeux exprimait une grande tendresse. Il ne restait plus de séquelles de l'incursion de son ami dans l'après-vie. Il avait même participé à l'assaut de Tintagel. La Magie de Nimueh était vraiment puissante. Malheureusement ce soir-là, les morts étaient trop nombreux pour qu'elle les ramène tous d'entre les morts. Certains étaient revenus et d'autres non.
« Oui, c'est quoi ? » Intervint Bill Graisse d'Oie. « C'est une énorme meule de formage ? Un mini manège pour enfant ? à quoi est-ce que c'est censé servir ? »
« Ah je sais ! » Dit Georges. « C'est une piste de danse. "Et quand tu auras fini ton bidule, comment on fera pour aller au centre ?" Demanda Perceval.
« D'ailleurs, comment tu lui a fait passer la porte ? » Reprit Bâton Mouillé. « Tu l'as porté sur tes épaules ? Tu l'as roulé ? »
Arthur ne disait toujours rien. Il les regardait juste lancer leurs hypothèses. De leur côté, Hariel et Eleanor se jetèrent un coup d'œil complice. Eux savaient ce que c'était. C'était l'histoire arthurienne, il y avait eu Merlin, enfin Myrddyn, Excalibur, la Dame du Lac, Morgane, Nimueh, de la magie, de la baston,… il ne manquait plus que…
Arthur prit alors son épée et la lança par-dessus le mystérieux disque. Bedivere la rattrapa.
« George, Bâton Mouillé, Fesse d'huître, Percy, à genoux » dit alors Arthur.
Les quatre hommes se regardèrent mais obtempérèrent. Ils posèrent un genou à terre en une ligne parfaite.
« Seigneur Bedivere, si tu veux bien »
Bedivere acquiesça et s'avança vers les hommes agenouillés. Il prit Excalibur et approcha de George dont il toucha chacune des épaules avec la pointe.
« Lève-toi, Sir George » dit-il alors.
Il s'approcha alors de Bâton Mouillé et répéta son manège.
« Lève-toi, Sir Tristan » dit-il en utilisant le véritable nom de l'homme.
Puis il passa à Fesse d'huître…
« Lève-toi, Sir Gauvain. »
… Et termina par le dernier de la ligne.
« Lève-toi, Sir Perceval. »
Une fois les quatre hommes levés, Bedivere s'inclina et rendit à Arthur son épée. Celui-ci la prit et se tourna alors vers Bill Graisse d'Oie.
« Sir William, si tu veux bien… » lui demanda-t-il en lui tendant la poignée d'Excalibur.
« Je m'en ferais un honneur » dit celui-ci d'une voix pleine d'émotion.
Il prit l'épée et Arthur se mit à genoux. Sir William toucha d'abord sn épaule gauche avec la pointe de l'épée, puis l'épaule droite. Il baissa alors l'épée et Arthur releva la tête.
« Lève-toi, mon Roi. »
Les portes s'ouvrirent alors. Derrière se tenaient Nimueh, resplendissante dans une robe blanche brodée de fils d'or. Le diadème sur sa tête étincelait mais pas autant que ses yeux quand ils se posèrent sur Arthur, sur son époux.
À côté d'elle se tenait P'tit bleu, ou plutôt Yvain. Il tenait un coussin cramoisi sur lequel était posé une couronne. Derrière eux se trouvaient les dames de la cour, Maggy ainsi que les anciennes prostitués rescapés du bordel qui avait vu grandir Arthur.
Un aigle entra alors par la porte et se posa sur un échafaudage tout proche de Nimueh. Celle-ci caressa son plumage puis s'avança, suivit par les autres membres de son cortège. La procession s'avança vers le nouveau Roi qui s'était relevé pour accueillir son épouse.
« Je vois que je suis arrivé au bon moment » dit une voix.
Hariel, tout comme les autres, tourna la tête et sourit. Myrddyn se tenait debout dans la pièce, un sourire sur les lèvres et nonchalamment appuyé sur son bâton de bois.
« Je croyais que tu devais revenir après la bataille » dit le jeune Démon en se précipitant vers lui.
« C'est ce que j'ai fait. J'étais là le soir de la bataille. J'avais… disons des comptes à régler. »
Hariel comprit alors pourquoi il n'avait réussi à trouver aucune trace du Démon dans les souterrains de la Tour.
« Alors pourquoi n'es-tu pas venu ? »
« Et bien j'avais amené un cadeau mais j'ai mis un peu de temps à l'installer… Mais heureusement, maintenant je suis là.
Il avança vers Arthur et Nimueh et les serra dans ses bras. Il lâcha ensuite son bâton qui resta droit, figé dans les airs et prit la couronne sur le coussin cramoisie que tenait Yvain pour la poser sur la tête d'Arthur.
"Voilà qui est mieux" dit-il.
Puis ses yeux se tournèrent vers la bâche.
"Et ça c'est quoi ? Un parapluie géant plat ?"
Arthur priori alors la bâche et, d'un coup sec, la retira.
"C'est une table" dit-il.
"Un table ronde, comme c'est original" dit Myrddyn sur un ton ironique. "Mais comment tu l'as amené ici ? Tu l'as porté sur ton dos ?"
"Mais pourquoi on arrête pas de me poser la même question ?" Grogna Arthur.
"Non, si je dis ça c'est pour savoir comment tu vas la faire sortir."
"La faire sortir ?"
Myrddyn eut un sourire et lui dit signe de le suivre. Arthur lui emboita le pas suivit par Hariel et Eleanor puis tous ceux qui étaient présent. Le Mage sortit par la porte et avança jusqu'au parapet. L'aigle de Morgane s'envola puis se posa à nouveau sur la pointe du bâton de Myrddyn.
"Qu'est-ce qu'il faut que je voie ?"
Le Mage sourit et étendit sa main devant lui. Au loin, vers l'est, l'air se mit à ondulée et quelques chose apparut. C'était des tours. D'immense tours blanches qui s'élevaient si haut dans le ciel qu'elles étaient visible d'ici.
"Tu as ramené d'Avalon… un château" dit Arthur, dubitatif.
"Ne soit pas ridicule voyons" s'offusqua Myrddyn. "C'est une ville entière que je t'offre. Voici Camelot !"
Arthur se perdit dans la contemplation de la ville pendant quelques instants alors que les commentaires fleurissaient autour de lui. Il se tourna alors vers la table derrière lui puis à nouveau vers le Mage.
"Il va falloir la déménager, n'est-ce-pas ?"
"Oui" répondit celui-ci avec un sourire taquin.
Arthur ne répondit pas et se contenta d'observer à nouveau sa future résidence. Myrddyn, préférant le laisser seul, s'éloigna.
"Ne me dit pas que tu as construit une ville entière en seulement deux semaines" dit alors Hariel en s'approchant de lui.
"Non voyons, cela fait des années que je m'y suis mis. Vingt ans au moins."
"Ton don de divination ?"
Myrddyn acquiesça.
"Puisque tu ne pouvais pas revenir ici, je suppose que tu l'as construite sur la lune."
"C'est exact."
"Donc tu l'as transporté depuis là-bas tout seul ?"
"Oui et non. La ville est capable de se déplacer à peu près seule tu sais. Même si je doute qu'Arthur n'ait jamais besoin de cette fonction."
Hariel hocha la tête et se perdit dans la contemplation des Tours.
"Je n'aurais pas le temps d'aller la voir n'est-ce pas ?" demanda-t-il finalement.
"Pas aujourd'hui."
"Dans l'avenir alors ? C'est difficile à croire qu'une chose de cette taille soit resté totalement sous le radar à la fois des Sapients et des Magiciens."
"C'est parce qu'à ton époque, elle n'y sera plus" dit Myrddyn.
Hariel se tourna vers lui.
"Tu le sais, aucun descendant d'Arthur ne régnera sur l'Angleterre avant toi. Quand il mourra, Camelot disparaîtra."
"Pour toujours ?"
"Non. Pas pour toujours. Mais pour en savoir plus, il te faudra demander à ton cousin."
"Mon cou… Dean ?"
Mais Hariel ne devait pas entendre l'explication de Myrddyn. À ce moment-là, il sut. Il se tourna alors brusquement vers Eleanor et son regard capta le sien. Elle aussi savait.
C'était l'heure. L'heure du départ. L'heure du retour.
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Une nouvelle fois, Dean contemplait l'espace. Mais cette fois il n'avait pas peur. En plus il était heureux. Il allait pouvoir rentrer.
"Prêt pour le départ ?" Demanda Dean.
"Prêt" répondit Ahiram. "D'ailleurs, si nous profitions du trajet pour que tu me parles de cette Hermione."
Dean grogna au son moqueur de la voix de son mentor. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça de l'accueillir dans l'endroit le plus intime de son esprit, là où il rangeait tous ses secret.
Il rangea le Compendium et serra le Sceptre dans sa main. Grâce aux connaissance des Anciens, il savait où aller, quel trajet prendre. Autour de lui, les étoiles se mirent à faire des traînées blanches puis il fut engloutit dans un torrent de lumière et d'énergie.
Il était partie. Il rentrait chez lui.
À suivre…
.
Cette fois ! Cette fois, c'est vraiment la fin. La fin des aventures d'Hermione, Hariel, Eleanor et Dean à travers les Dimensions, le Temps et l'Espace. Mais ne croyez pas que la saga de l'été soit finit. Il faut encore que je vous parle de ce qui s'est passé après le départ des autres, ce qui s'est passé pour Draco, Fleur, Cédric, Viktor et les autres membres de la Suite d'Hariel, pour les Démons et surtout pour Excalibur.
Je suppose que durant le combat contre l'armée démoniaque, certains auront reconnu la réplique d'Hariel quand Eleanor a tué l'éléphant ? ^^. Désolé, je devais absolument la mettre.
Bon ben ça y est, Eleanor va vraiment mieux, non ? Certains peuvent penser que c'est un peu rapide mais bon… Bref, elle est aussi trop badass en féministe.
