Check Mate DxD
Chapitre 106 : Préparatifs/Tehai
.
Rita regarda la pièce autour d'elle avec une expression de dégoût mêlée d'envie. Le hall d'entrée dans lequel elle patientait était décoré avec goût et simplicité sans ôter de l'esprit une certaine idée de richesses. Boiseries cirées, tapis épais, meubles délicats, quelques œuvres d'art... Le tout complètement dépourvu de magie, mais c'était plus que ce dans quoi elle s'était trouvée depuis quelques mois.
Finalement, ses yeux tombèrent sur un miroir et elle faillit sursauter devant le choc de cette vision. Elle avait fait en sorte d'essayer d'éviter son reflet ces temps-ci et en se voyant, elle savait qu'elle avait eu raison. Elle portait des habits ternes et hideux qu'on lui avait donnés au MACUSA pour passer inaperçu et qui ne la mettaient pas du tout en valeur. Une jupe large à fleurs et qui descendait sous ses genoux des collants bruns, des chaussures noires à boucles, une blouse grise et un gilet marron. Apparemment, c'était une tenue parfaitement normale, mais Rita avait eu beau regarder autour d'elle, personne ne s'habillait comme ça à part quelques très vieilles femmes, ce qu'elle n'était pas, merci bien.
Quoique, avec cette apparence, on pourrait en douter. À cause du stress, du manque de sommeil et de la pénurie de ses produits de beauté, ses traits étaient tirés, sa peau légèrement jaunie, ses rides étaient réapparues et elle avait d'énormes poches sous les yeux. Sa coiffure était loin de l'élégant casque doré de boucles parfaites qui ornait auparavant sa tête. Les sortilèges cosmétiques n'étaient pas son fort. C'est pour ça que, dès qu'elle avait eu les moyens, elle s'était adressée à des coiffeurs professionnels qui avaient donné cet éclat à ses cheveux et qui les avaient travaillés jusqu'à la perfection. Mais à présent qu'elle ne les avait plus, ceux-ci étaient ternes et simplement tirés en arrière pour ne pas qu'ils retombent en mèches filasses sur son visage.
C'était la même chose pour ses ongles. Sans les manucures magiques, son vernis s'était mis à s'écailler. Elle avait essayé d'en appliquer à la manière moldue, mais elle ne l'avait jamais fait alors le résultat était atroce. De plus, elle ne maîtrisait pas non plus les sorts de fixations qu'on lui posait d'habitude ce qui fait qu'il se délitait rapidement.
Elle était bien loin la célèbre journaliste de la Gazette à la plume assassine, celle qui avait la gloire et l'argent. En effet, elle avait perdu l'un et l'autre en peu de temps, tout cela à cause de cet affreux Potter.
Six mois. Il avait fallu moins de six mois pour ruiner le travail d'une vie. Depuis que ce gamin lui avait jeté ce sort inconnu (sûrement de la magie noire) début mars, elle avait enchaîné les malheurs.
Tout d'abord, elle avait été incapable d'écrire. Elle savait qu'elle pouvait se débrouiller sans son animagus. Elle était suffisamment maligne pour avoir gardé quelques ragots sous le coude en cas de vache maigre. Grâce à cela, elle avait de quoi voir venir. Malheureusement, malgré cela, l'inspiration l'avait fui. Elle avait tous les éléments en main, mais impossible d'écrire une seule petite ligne. Elle avait bien essayé, mais son rédacteur en chef avait rejeté tous ses articles.
Bien entendu, le fait que la grande Rita Skeeter était à présent incapable de pondre un texte potable s'était rapidement su à la rédaction. Cela avait alors été ma ruée. Tels des requins sentant du sang dans l'eau, ses collègues s'étaient précipités pour tenter de prendre sa place. Les plus âgés voulaient leur revanche pour ces années où elle les avait nargués quant aux plus jeunes, c'était des excités aux dents longues qui attendaient le plus petit moment de relâchement pour progresser.
Or, dans ce métier, si on ne publie pas, on meurt. Rita avait alors essayé de quitter le navire tant qu'il était encore temps et avait décidé de répondre à quelques-unes des propositions d'embauches qu'elle recevait de temps en temps et qui lui servaient habituellement à extorquer plus d'argent à son rédacteur en chef. Malheureusement, le monde de la presse magique, même au niveau international, était assez réduit. La nouvelle de son indigence avait déjà fait le tour de la planète et les portes s'étaient fermées derrière elle les unes après les autres.
Elle savait que la Gazette serait bientôt au courant de son démarchage et qu'ils utiliseraient ce motif pour la renvoyer. Elle fit alors la seule chose possible. Elle démissionna. Elle prétexta que ses problèmes d'écriture venaient du fait qu'elle était en train de rédiger son autobiographie et que dorénavant, elle voulait s'y consacrer tout entier. En vérité, ce qu'elle voulait, c'était du temps pour se débarrasser du sortilège que lui avait lancé Potter et reprendre sa vie en main. Mais pour arriver à ce résultat, elle devait continuer garder sa forme Animagus secrète. Cela signifiait s'adresser à des personnes de milieux peu recommandables… et qui facturaient leur service à prix d'or.
Cependant, l'argent n'était pas un problème. Elle avait quelques économies qui lui permettraient de se remettre en selle. Malheureusement, c'était sans compter son désir insatiable d'être sous les projecteurs. L'attention de ses fans lui manquait. L'admiration des foules lui manquait. Le faste du grand monde lui manquait.
Le fait qu'elle ne soit plus au-devant de la scène médiatique était malgré tout un problème. Mais elle avait un atout. Son livre. Il lui suffisait de glisser par-ci, par-là des informations sur ce qui, elle en était sûre, serait un best-seller, pour de nouveau attirer l'attention. Elle avait même laissé entendre qu'il contiendrait des scoops qui n'étaient encore jamais parus dans la presse. Mais la vie sociale coûte cher, tout comme la recherche d'un spécialiste capable de la désensorceler. Voyant son pécule s'amenuiser à vue d'œil, elle avait décidé de réagir.
On était déjà fin juin. L'année scolaire de Poudlard venait de se terminer et, avec elle, le Tournoi des Trois Sorciers dont elle avait manqué le dénouement qui avait été, selon ses collègues, assez épiques. En tous les cas, qui disait fin d'année scolaire, disait de nombreux jeunes sorciers lâchés dans le monde du travail. Parmi eux, elle pensait bien trouver quelqu'un qui pourrait lui servir de plume fantôme.
C'est comme ça qu'elle avait rencontré Patricia Stimpson. C'était une Poufsouffle émotive et naïve qui avait de grands rêves de journalistes, rêves qui venaient d'être broyés par l'ancien rédacteur en chef de Rita lors d'un entretien où la jeune fille avait à peine pu desserrer les lèvres. Rita l'avait intercepté à la sortie des bureaux de la Gazette et lui avait proposé d'écrire ses articles pour elle pendant qu'elle se concentrait sur son livre. Elle lui disait que ça lui donnerait de l'assurance et une expérience formatrice. Elle lui fit également miroiter un avenir brillant où, grâce à elle, elle serait à même de couvrir des affaires d'importance nationale, des procès médiatisés et des affaires judiciaires aux retombées retentissantes.
Mais la jeune fille avait été conquise dès que son idole avait posé les yeux sur elle. Elle était prête à faire n'importe quoi pour elle ce qui était justement ce que voulait Rita. Par chance, elle était non seulement malléable, mais avait aussi une bonne plume. Elle avait parfaitement su imiter le style d'écriture de la journaliste qui, une fois l'article en poche, était aussitôt allée le proposer à son ancien chef. L'accueil avait été plutôt glacé, mais le sujet était assez juteux pour que celui-ci accepte de l'engager en indépendant avec, bien entendu, une prime outrageusement élevée pour chaque papier.
Malheureusement, en tant que Sorcière, Rota n'avait jamais vu le film Ève, sorti en 1950, sinon, elle n'aurait jamais laissé une jeune fille impressionnable aux immenses capacités aussi près d'elle. Comme l'héroïne, Patricia Stimpson était rapidement devenue un élément important de la vie de Rita. Trop important. Elle ne s'attendait pas à ce que sa créature timide prenne suffisamment exemple sur elle pour la trahir et rédiger un premier article à son nom. Un article sur elle.
Elle y parlait de tout. Tout ce qu'elle avait pu glaner au fil du mois complet qu'elle avait vécue avec elle. Son syndrome de la page blanche, ses incursions dans les milieux louches (même si elle n'avait pas appris pourquoi) et surtout le fait qu'il n'y avait aucun livre et qu'elle mentait depuis le début.
L'article, intitulé "Vie et déchéance d'une idole de la presse", eut l'effet d'un coup de tonnerre. Du jour au lendemain, Rita Skeeter devint persona non grata parmi les gens du gratin sorcier. Harcelée par ses propres ex-collègues, elle dû s'enfermer chez elle et ne plus en sortir. Malheureusement pour elle, son calvaire ne s'arrêta pas là. En effet, l'une des personnes qu'elle avait contactées pour trouver une solution à son blocage d'animagus avait réussi à passer ses protections pour lui parler.
Cet homme, Dedalus Diggle s'était montré assez charmant quand il s'était mis à lui faire du chantage. Rita croyait avoir été assez prudente en prenant contact avec lui et qu'elle lui avait exposé son problème. Malheureusement, il était plus malin que ce qu'elle avait pensé et avait su additionner deux et deux. À présent, il menaçait de révéler son statut d'animagus si elle ne le payait pas. Non, en fait, il avait été plus subtil que ça. Il avait seulement dit qu'une certaine somme d'argent l'aiderait à garder le secret.
À une époque, un tel chantage n'aurait eu aucune importance pour Rita. Au sommet de sa gloire, il lui aurait suffi de démentir à l'aide d'un sanglant article pour s'en sortir comme une fleur. Sauf que ce temps-là était révolu. La moindre rumeur sur ce sujet pourrait la faire tomber. Bien entendu, Diggle ne pouvait pas aller voir les Aurors, mais quelques mots bien placés dans les oreilles d'une certaine journaliste de 17 ans qui avait rapidement pris la position qu'elle avait mis des années à occuper suffiraient amplement.
Rita avait donc payé. Grossière erreur. Peu de temps après, Diggle était revenu pour un nouveau versement et une fois encore un peu plus tard. Elle avait même dû vendre ses derniers meubles pour pouvoir le régler. C'était juste après son départ, la troisième fois, que Rita avait craquée. Elles avaient fait ses bagages, rassemblé ce qui restait de ses économies et avaient fui le pays, direction les États-Unis où elle avait l'intention d'aller ramper au pied d'Hariel Potter.
Parvenir aux États-Unis n'était pas le plus difficile. Avec ses derniers Gallions, elle avait acquis un visa et un portoloin pour New York. Malheureusement, à partir de là, c'était plus compliqué. Il n'y avait pas de communauté magique à Boston, la ville où elle se rendait. Elle devait donc y aller de façon moldue. Pour cela, elle avait dû passer par un service spécial du MACUSA qui lui avait donné cette horrible tenue. Mais l'humiliation n'était pas finie, car ils l'avaient ensuite forcé à suivre des cours. Ceux-ci lui avaient brièvement appris à utiliser l'argent et les transports Non-Maj (le nom des Moldus dans les anciennes colonies) ainsi que ce qu'il fallait éviter de dire devant eux avant d'avoir le droit de prendre une cheminette en direction de Central Station.
Et voilà qu'elle était finalement arrivée dans le Berceau de la Liberté, dans une belle maison du quartier cossu de Mission Hill. Intriguée, elle avait sonné à la porte et avait attendu jusqu'à ce que celle-ci s'ouvre sur un homme entre deux âges en habit de majordome qui l'avait fait entrer sans même lui demander qui elle était ni ce qu'elle voulait. Il l'avait ensuite priée de patienter quelques instants avant de s'éclipser.
« Je suis désolé Miss Skeeter » dit-il en pénétrant à nouveau dans le hall, « mais je ne parviens pas à contacter Maître Hariel. Puis-je vous inviter à vous installer dans le salon en attendant que je puisse le joindre ? »
Rita retint une réplique acide et suivit le majordome dans une salle de séjour encore plus magnifique que l'entrée. Il y avait là plusieurs fauteuils confortables dans lesquels elle fut priée à s'asseoir. Quelques instants plus tard, une femme habillée en gouvernante entra et lui tendit une tasse de thé. Rita hésita à la prendre, car cela voudrait dire lâcher le petit rectangle cartonné auquel elle s'accrochait depuis son arrivée. Depuis quelques jours en fait.
Cette petite carte de visite était apparue peu après le départ d'Hariel Potter de sa chambre. Sur un côté était inscrits l'adresse de cette maison et sur l'autre un court message qui lui avait fait voir rouge :
« Mon adresse, au cas où vous voudriez me supplier »
De rage, elle l'avait déchiré en petit morceau. Malheureusement, peu de temps après, elle l'avait découverte dans sa poche, intacte. À nouveau, elle l'avait totalement détruite, mais cela ne servit pas à grand-chose. En effet, à plusieurs reprises par la suite elle avait retrouvé cette carte sur son chemin, toujours la même avec ce mot insultant. Au début, elle l'avait déchirée à chaque fois. Puis, voyant que c'était inutile, l'avait ignorée. Cependant, quand elle avait décidé de partir, elle avait dû retourner tout son appartement pour enfin mettre la main dessus. Elle ne l'avait plus lâchée depuis.
« J'ai été informé que Maître Hariel ne serait pas disponible pendant quelque temps, je suis désolé » dit finalement le majordome après quelques instants.
« Ce… ce n'est pas possible ! » S'exclama Rota en pensant à tout le voyage qu'elle avait fait en pure perte. « C'est une plaisanterie, c'est ça ? Potter joue avec mes nerfs ? Après avoir ruiné ma vie, il veut également me faire poireauter ? »
« Je suis désolé » répéta son interlocuteur. « Cependant, quand Maître Hariel m'a parlé de votre venue probable, il a ajouté que nous pouvions vous loger en l'attendant. Une chambre est désormais prête pour vous. Si vous voulez bien me suivre. »
Rita serra les dents, mais se leva et emboita le pas à l'homme. Alors qu'elle trainait encore sa valise derrière elle, elle maudissait ce sale gosse. Elle l'aurait un jour. Elle l'aurait.
0o0o0
Hariel examina la femme en face de lui. Il pouvait parfaitement sentir son hostilité envers lui, mais cela ne faisait qu'augmenter son sentiment d'intense satisfaction. Cependant, il n'était pas le seul à avoir droit à ce regard ni à en jouir. Comme il l'avait promis à Hermione, celle-ci était présente pour l'entretien. Elle n'avait pas de pop-corn, mais il était clair qu'elle buvait du petit lait.
Les deux étaient arrivés quelques minutes auparavant. Rita les attendait déjà dans le salon, assise sur le canapé. Elle avait voulu ouvrir la bouche dès son entrée dans la pièce, mais Hariel l'avait fait taire d'un geste autoritaire. Lui et Hermione s'étaient installés dans de grands fauteuils et avaient pris les tasses de thé que Catherine leur avait apporté.
Le jeune Démon prit son temps pour boire quelques gorgées du liquide brûlant en regardant la journaliste par derrière ses longs cils noirs. Il la voyait fulminer, assis sur un large sofa qui la faisait paraître minuscule, attendant qu'il daigne lui répondre. Finalement, il déposa sa tasse sur le guéridon à côté de lui et s'adressa à la femme.
« Et donc ? Que me vaut le plaisir de votre visite ? »
« Vous vous fichez de moi ! » S'exclama alors Rita Skeeter en se levant brusquement. « Trois jours ! Trois jours que je vous attends ici, Potter ! »
« Et d'après ce que je sais, cette situation est bien meilleure que celle que vous avez quittée en Angleterre. »
Bien entendu, Hariel avait gardé un œil sur la journaliste et il n'ignorait rien de ses malheurs. Après tout, elle n'avait pas spécialement été discrète. Il lui avait suffi d'un petit rattrapage sur ce qu'il lui était arrivé pendant son absence (notamment l'article édifiant de Patricia Stimpson) avant de venir pour savoir exactement comment la rendre plus docile.
En effet, en entendant la dernière phrase, celle-ci s'était rassise en détournant le regard, contrariée.
« Très bien. Qu'est-ce que vous voulez de moi ? » Demanda-t-elle.
Hariel reprit son sérieux. À présent, il était temps de parler affaires.
« Je pense créer un journal indépendant afin de contrôler mon image. »
La femme cligna des yeux puis gloussa.
« Vous ai-je donc tellement égratigné que vous ayez besoin de contrôler votre image ? »
Puis son sourire se transforma en grimace dédaigneuse.
« Plus sérieusement, vous avez beau être un sujet intéressant pour des articles, il n'y a pas de quoi remplir un journal. »
Hariel sourit et enleva ses lunettes.
« C'est parce que l'image qu'il faudra contrôler, ce n'est pas celle d'Hariel Potter » dit-il.
Rita ouvrit la bouche pour poser une question, mais elle s'interrompit. Le garçon était en train de changer. Pas complètement, juste ses cheveux. Du noir ils passaient au rouge sang, une couleur qu'elle avait déjà vue de moins chez une personne qu'elle avait espéré interviewer, mais qui avait toujours refusé. Certes, celle qui se trouvait devant lui était plus jeune et portait une robe, pourtant, en regardant bien, elle se rendait compte à quel point le visage de Potter avait des similitudes avec le sien.
« Andrammax Pendragon-Emrys… » murmura Rita.
« En effet » dit Hariel.
Rita sentit l'excitation parcourir son corps, mais elle tenta par tous les moyens de ne pas le laisser paraître. Hariel Potter, le Survivant, et le Prince Pendragon-Emrys, le futur Roi de l'Angleterre Magique, étaient une seule et même personne. Quel scoop ! Elle voulait se dépêcher d'écrire un article là-dessus. Voilà qui lui redonnerait son prestige perdu.
« Inutile de jubiler » dit Hariel avec un petit rire. « Vous ne pensez quand même pas que je vous laisserai publier cette nouvelle ? »
Rita n'était pas très douée pour dissimuler ses émotions. Même sans être un expert de la lecture à froid, il aurait pu deviner ce qu'elle avait en tête.
« De toute façon, ce n'est pas comme si vous pourriez vraiment produire quelque chose. Après tout, il me semble que vous avez eu des problèmes… d'inspiration ces temps-ci, je me trompe ? »
Rita ouvrit la bouche pour répliquer, mais elle se figea et fronça les sourcils.
« C'était vous ! » S'exclama-t-elle finalement. « C'est à cause de vous que je n'arrive pas à écrire ! »
À aucun moment, elle n'avait pensé que son blocage aurait pu avoir une origine magique. Elle avait imaginé des tas d'autre raison, mais celle-là ne l'avait jamais effleurée.
« Il est temps que vous vous en rendiez compte » intervint Hermione avec un ricanement. « Apparemment, toutes vos intuitions journalistiques vous ont abandonné avec votre talent. »
« Espèce de petite… » siffla Rita.
Mais elle ne termina pas sa phrase. En effet, elle se figea en regardant les yeux de la jeune fille derrière ses lunettes. Elle se sentit aussitôt mal à l'aise. Il y avait quelque chose d'étrange chez elle. Quelque chose qu'elle n'avait pas vu auparavant. C'est comme si elle ressentait qu'il ne fallait pas jouer avec elle parce que ça finirait mal. Ce n'était pas tant qu'elle soit dangereuse que le fait que toute action contre elle serait punie par quelque chose qu'elle ne saurait définir.
« De toute façon » reprit Hariel. « Ce n'est pas comme si j'allais vous laisser partir avec vos souvenirs si jamais vous veniez à refuser ma proposition. »
« Quelle proposition ? » Demanda craintivement Rita.
« Je pensais que c'était évident » renifla Hariel. « Si je vous ai parlé de ce journal, c'est parce que je veux que vous le dirigiez. »
« Moi ? » S'exclama la journaliste.
Elle ne comprenait pas.
« Bien entendu vous. Il me semble bien avoir dit lors de notre dernière rencontre que j'appréciais votre style d'écriture et que je regrettais qu'il soit aussi mal employé. Et bien en voilà l'occasion. »
Rita ne disait rien. Son propre journal. Elle avait effleuré l'idée des années auparavant quand elle était une jeune reporter pleine d'ambition, mais elle avait rapidement cédé à l'argent facile qu'elle gagnait grâce à ses articles. Pourtant elle se rendait compte que malgré les années, cette ambition était toujours présente en elle et qu'elle la sentait resurgir.
« Et donc » dit-elle sur un ton légèrement amer. « Vous me donnerez les textes que vous voulez que je publie sur vous, c'est ça ? Vous ne pensez pas que les gens vont voir la supercherie en sachant que c'est votre journal ? »
« Tout d'abord, officiellement, ce ne sera pas mon journal. C'est votre nom qui sera sur le contrat. Moi je serais un actionnaire majoritaire anonyme » précisa Hariel. « Deuxièmement, il est vrai que je vais vérifier ce que vous écrivez sur moi… au début. J'ai besoin de contrôler mon image après tout. Le but sera de rassembler des alliés potentiels sans me rendre trop dangereux auprès de mes ennemis. »
Le nom de Fudge vint aussitôt à l'esprit de Rita. Elle savait qu'il n'était pas très heureux de la future prise de pouvoir du Prince. Nul doute qu'il allait utiliser sa main mise sur la presse pour essayer de le discréditer. Il devait espérer que s'il arrivait à retourner l'opinion publique, les Sorciers pourraient demander à ce qu'il renonce au trône.
« Ingénieux » dit Rita en se mettant plus à l'aise. « Mais vous ne craignez pas qu'une simple bataille d'articles et contre-articles entre le Ministre et vous risque d'être un peu… légère comme campagne ? »
Hariel sourit. Comme il l'avait supposé, elle n'avait pas pensé à Dumbledore comme ennemi possible. Or c'était bien de lui en tout premier lieu qu'Hariel ne voulait pas éveiller la méfiance. Cependant, sa réflexion sur Fudge était juste également.
« Bien entendu, d'autres actions seront menées pour cela. Les articles seront une de mes armes parmi d'autres. Mais le véritable but de ce journal sera d'engager des changements de l'opinion publique. »
« Des changements sur quoi ? »
« Le Monde Magique en général. Des articles de fait divers bien étayé, des informations internationales, des dossiers scientifiques. »
Rita fronça le nez, dédaigneuse.
« Je doute que vous attiriez un large public avec ça » dit-elle.
« C'est pour ça aussi que sont faits ceux à mon sujet. Et bien sûr les interviews exclusives que je vous donnerai. »
« Vraiment ? » Demanda Rita en essayant de réfréner son excitation. « Mais j'imagine que c'est vous qui choisirez les questions. »
« Une partie seulement selon le propos que je veux aborder. Pour le reste, vous aurez carte blanche. Je me réserve cependant de poser mon véto sur certaines. »
« J'imagine que ce sont toutes celles concernant votre vie privée. »
« Cela ne me gêne pas de parler de ma vie privée quand on n'invente pas » répliqua Hariel, acide. « Certaines choses devront cependant rester secrètes. Pour l'instant. »
Rita hocha finalement la tête. Hariel fit de même puis, d'un geste, fit apparaître un parchemin sur la table basse en face de la journaliste.
« Votre contrat » dit Hariel. « Il contient une clause de confidentialité pour que vous ne divulguiez aucune information sur mon compte sans mon accord. »
Rita prit le papier officiel et le parcourut des yeux. Elle trouva que c'était assez avantageux, en particulier son salaire. Cependant, il y avait aussi pas mal de contraintes. À contrecœur, elle devait admettre que celles-ci paraissaient légitimes compte tenu de son caractère. Il n'en demeure pas moins que si elle signait ça, elle pourrait dire adieu à son scoop.
Quand elle releva finalement la tête, elle vit qu'Hariel lui tendait une longue plume fine qui semblait aiguisée comme une lame.
« J'imagine que vous êtes familière avec ceci. »
« Oui » dit la journaliste en se frottant inconsciemment le dos de sa main droite.
Les Plumes à Sang étaient des objets magiques très réglementés. Elles n'étaient autorisées que pour des actes légaux officiels, des accords bancaires et des contrats de travail, mais seulement s'il était réciproque, c'est-à-dire si l'employeur signait également le document. Rita remarqua au bas du papier une signature élégante, mais difficilement lisible écrite avec du sang qui paraissait encore frais. De toute façon, le nom utilisé pour la signature elle-même n'avait pas vraiment d'importance. On pouvait même signer avec une croix si on voulait. L'important c'était le sang qui portait en lui l'identité réelle de la personne et qui la liait magiquement au marché passé.
Rita prit la Plume et se mit à hésiter.
« Votre choix est simple Miss Skeeter » lui dit alors Hariel sur un ton grave. « Si vous signez ce document, je retirerais les sorts que je vous ai jetés. Dans le cas contraire, non seulement vous les garderez, mais je vous ferai oublier tout ce que vous avez appris lors de cet entretien. »
Rita hésita quelques instants. Elle pesa le pour et le contre avec minutie, avec plus de minutie qu'elle ne l'avait jamais fait. Finalement, elle approcha à nouveau la plume du contrat et le signa.
0o0o0
Le Général West (auparavant connu comme le Colonel West) levait les yeux pour voir la manœuvre qui s'opérait au-dessus de lui. Il se trouvait dans un ancien silo à missile qui avait été reconverti pour les besoins du projet. Son impressionnant couvercle était ouvert afin qu'un hélicoptère puisse descendre la forme imposante de l'artefact égyptien dont il devait superviser les analyses.
L'entreprise semblait exagérée, mais il s'avérait que c'était le seul moyen de faire entrer l'énorme anneau métallique dans la base militaire de Cheyenne Mountain proche de la ville de Colorado Springs dans l'État américain du Colorado. Bien entendu, le monolithe avait été emballé pour éviter que quiconque regardant en direction de la montagne puisse voir de quoi il s'agissait.
« Général ? »
West se retourna vers le soldat qui l'avait interpellé et qui était à présent au garde à vous.
« Lieutenant Anderson ? » Demanda le Général. « Avez-vous ramené les documents ? »
« Négatif, Monsieur » répondit l'homme. « Le professeur a refusé de me les remettre à moins de faire partie du projet. »
« Je vous demande pardon ? »
« Elle m'a transmis ce message pour vous »
L'homme fronça les sourcils en prenant le papier. Ses yeux s'écarquillent au fur et à mesure de la lecture. Apparemment, le professeur l'avait court-circuité en contactant directement le Président. En échange d'un don pour aider à financer les recherches, elle venait de s'acheter sa place dans le projet top secret. Non seulement une place, mais une place a ses côtés puisqu'elle avait la direction conjointe de l'opération avec lui.
Le Général West soupira. Il n'avait pas le choix. Il devait donc se préparer à accueillir dans la base la professeur Catherine Langford.
0o0o0
Corinne était déjà dans l'ascenseur quand les portes s'ouvrirent. Manifestement, elle l'attendait.
« Ravi d'avoir enfin de vos nouvelles » dit-elle alors qu'Hariel montait à ses côtés.
Son ton était légèrement sarcastique.
« Oui, désolé » répondit nonchalamment Hariel. « Je me suis retrouvé coincé 1500 ans dans le passé où j'ai rencontré mes ancêtres le Roi Arthur, Merlin, Morgane et Guenièvre. Je ne suis revenu qu'il y a quelques jours. »
« D'où votre impossibilité à me contacter. Je comprends. »
« Vous semblez assez… blasé, je dois dire » remarqua le jeune Démon. « Vous pensez que je plaisante ? »
« Non, je sais pertinemment que tout ce que vous dites est vrai. C'est juste que pour ma santé mentale, j'ai décidé de ne plus m'étonner de rien. »
Hariel soupira.
« Je suis désolé. Je vous en demande beaucoup. Non seulement je me repose presque totalement sur vous pour gérer cette entreprise, mais je vous rajoute de la pression en vous racontant tout ça. »
« Travailler m'aide à éviter d'y penser. Finalement, toutes ces révélations sont une merveilleuse méthode pour faire de moi un bourreau de travail. »
« Ce n'était vraiment pas le but, je vous assure ! » Se défendit Hariel.
« Calmez-vous. Je plaisante » dit Corinne avec un petit sourire.
Hariel ouvrit la bouche, mais la referma rapidement. C'était encore une de ces situations où il se sentait responsable de ce qui arrivait aux autres. Hermione, Eleanor, et maintenant Corinne. S'il ne se connaissait pas, il s'accuserait lui-même de mansplaining. Ou peut-être que c'était le cas et qu'il ne s'en rendait pas compte. En tous les cas, c'était une attitude à corriger.
« N'hésitez jamais à me le dire si la charge devient trop lourde » dit-il.
« Ça va. J'ai toute l'aide dont j'ai besoin, ne vous en faites pas. »
« En parlant d'aide, comment ça se passe avec Do...Daniel ? »
« C'était… assez spécial » souffla Corinne. « Il sait se rendre utile, c'est indéniable… mais il doit encore apprendre à déléguer. Si je le laissais faire, il s'occuperait de tout lui-même. »
« Je le reconnais bien là » dit Hariel, mi-amusé, mi-blasé.
« Ça risque de devenir problématique quand nous n'aurons nos propres locaux. »
« Où est ce qu'on en est ? »
« L'ordre de démolition a été donné. Ce sera fait à la mi-septembre. D'ici là, il faudra que vous ayez choisi le projet. »
« Je le ferai après cette réunion. »
Hariel savait, dès qu'il avait acheté ces trois étages de l'One World Trade Center, que, au vu de l'ampleur de son projet, ils seraient rapidement à l'étroit. De toute façon, dans son esprit, cela avait toujours été une solution temporaire. À l'avenir, il pensait laisser les opérations de courtages ici, cependant le reste se déroulerait dans ce que Corinne appelait les « nouveaux locaux », mais qu'Hariel appelait déjà sous son véritable nom : la Tour SPE.
En effet, depuis le commencement, il avait été dans les projets du jeune Démon de se faire construire une tour pour son entreprise. Cela pouvait paraître extrêmement prétentieux, mais il était clair pour lui que c'était une mesure nécessaire.
Depuis quelques années, il avait manœuvré pour acquérir un vieil immeuble du Lower East Side et, par l'entremise de Corinne, avait fait des demandes pour divers permis de construire et mener des analyses environnementales sur le site. Un concours avait alors été publié à l'échelle internationale pour concevoir un projet pour la future Tour. Celui-ci était à présent terminé, les dossiers récupérés et Hariel n'avaient plus qu'à choisir celui qu'il préférait. Il en avait déjà eu un bref aperçu d'un mail que lui avait envoyé Corinne. Ils étaient tous différents, mais chacun d'eux devait avoir deux caractéristiques particulières : être écoresponsable et autonome.
Déjà au début de la mise en place de son projet, Hariel avait décidé que l'écologie et les énergies renouvelables seraient son principal cheval de bataille. Outre l'aspect environnemental, il avait l'intuition que ces orientations seraient très profitables, économiquement parlant, sur le long terme, voire le très long terme. Étant un Démon, cela ne le gênait pas de prévoir jusqu'à 30 ou 50 ans dans le futur. Le tout serait d'en persuader son Conseil d'Administration, ce qui était l'une des raisons de sa présence aujourd'hui.
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Balbok, sous forme humaine, se trouvait juste derrière.
« Je suis le dernier, j'imagine » lui demanda Hariel.
« En effet »
L'étage auquel ils étaient arrivés ne comportait qu'un seul couloir avec une porte de chaque côté et une troisième, plus large, tout au bout.
« C'est parti » dit simplement Hariel.
Il avança alors le long du couloir suivi par les deux autres. À son approche, la grande porte s'ouvrit automatiquement. Derrière se trouvait une salle assez vaste à l'allure confortable. Le sol était recouvert d'une moquette épaisse, les murs étaient clairs et de nombreuses plantes rafraîchissaient l'atmosphère. La majorité de la lumière provenait d'une large baie vitrée qui prenait tout le fond de la pièce. Au centre, il y avait une table ronde de taille presque démesurée avec pas moins de vingt sièges tout autour.
Quand la porte s'ouvrit, dix-sept têtes se tournèrent alors vers lui. Leurs expressions allaient de l'incompréhension à la joie pure en passant par un étonnement teinté de curiosité.
« Bonjour à tous, désolé de mon retard » dit Hariel en s'avançant. « Je connais certains d'entre vous. Pour les autres, je me présente. Hariel Potter-Gremory, pour vous servir. »
La grande majorité des regards passèrent du jeune garçon vêtu d'un tailleur à jupe de marque rouge bordeaux aux deux personnes qui se trouvaient à ses côtés. Tous avaient déjà rencontré Corinne Moore et Barthélemy Lubok puisque c'étaient eux qui l'avaient engagé. Cependant, ils n'avaient jamais encore vu leur véritable patron et ne s'attendaient sûrement pas à ce qu'il ressemble à… ça.
« Je vais immédiatement répondre à vos questions les plus évidentes. Oui, je suis un homme et oui, je n'ai que 15 ans. Mais vu que je gère cette entreprise depuis que j'en ai environ 11, je ne pense pas que cette dernière donnée soit très révélatrice de mes capacités. »
Il leur fit un signe de la main pour les inviter à s'installer et fit de même dans le fauteuil juste devant la porte. Corinne se positionna à sa droite et Balbok a sa gauche. À côté de lui s'était assise Alison qui le regardait avec des yeux insistants. Il n'avait pas encore eu l'occasion de la voir seul à seul depuis qu'il l'avait manipulé. En fait, il l'avait consciencieusement évité pendant tout le reste de l'année scolaire. Il avait prévu de lui parler cet été, mais il avait été… retenu.
En tout les cas, elle avait l'air très professionnelle avec son tailleur noir classique. Il faut dire qu'à présent elle était PDG de sa propre entreprise. Il avait beau s'être tenu loin d'elle, cela ne l'avait pas empêché de surveiller son évolution sur le marché.
Spécialisée dans la manufacture de micro composant vendu ensuite aux usines de haute technologie, elle avait également un service de fabrication de vieilles pièces d'appareil obsolètes pour les particuliers. Si des collectionneurs ou tout simplement des nostalgiques voulaient réparer une ancienne mécanique, mais qu'ils n'avaient pas les éléments nécessaires, sa firme, MercTech, pouvait les fournir. Bien entendu, pour se faire, elle avait dû racheter les plans et autorisations des appareils concernés auprès des entreprises qui les détenaient, mais les dépenses seraient rapidement compensées.
Juste à côté d'elle se trouvait la directrice de la Division des Transports, Nasrin Inaya Sarkis, venue d'Égypte. Ayant un peu moins de la quarantaine, elle avait créé et dirigé l'une des compagnies majeures de transport fluvial sur le Nil. Elle avait par la suite été embauchée par la Suez Canal Authority pour gérer le flux de bateau sur le Canal de Suez et quand Hariel l'avait recruté, elle finissait une mission d'un an pour le gouvernement égyptien visant à réorganiser le réseau ferroviaire.
Ensuite venait le directeur de la Division des Banques et Assurances, Carter Brown. Son physique imposant de joueur de rugby contrastait fortement avec son costume impeccable et ses qualifications de comptable. Il avait travaillé pour plusieurs organismes bancaires et d'assurances à différents endroits du globe et était connu pour sa précision avec les chiffres en plus de sa connaissance étendue des systèmes économiques dont il avait la charge. Son métier se faisait le plus souvent dans l'ombre d'autres personnes si bien qu'il avait rapidement accepté la proposition d'Hariel.
In Joon, assis juste à côté de lui, était le directeur de la Division du Commerce International. Il était connu pour avoir transformé le petit magasin de produits de bouche de ses parents en franchise assez connue en Corée du Sud, son pays d'origine. Il avait par la suite émigré en Angleterre où il avait œuvré dans la City de Londres. Il se faisait énormément d'argent dans ce travail, raison pour laquelle Hariel et Corinne avaient été surpris qu'il postule chez eux. Surpris, mais ravis.
Juste à côté se trouvait la sculpturale directrice de la Division Immobilière, Tandy Reyes. Vingt ans auparavant, elle avait fondé une agence et avait réussi à s'étendre en visant surtout les petites villes. Aujourd'hui, son business était assez prolifique et se déployait sur presque tous les États. Manifestement, elle se sentait prête à passer à la vitesse supérieure, raison pour laquelle elle avait posé sa candidature à la SPE Trust.
Après elle venait Manju Malick, un trentenaire qui, grâce à sa diligence, avait grimpé les échelons de diverses compagnies de supermarchés. Ayant commencé comme simple vendeur dans une petite supérette de quartier au Pakistan, il avait travaillé dur pour devenir manager, puis responsable avant de tout recommencer dans une plus grosse structure dans un autre pays. Cela lui avait notamment valu de finir directeur responsable de l'ensemble des magasins Walmart de la côte ouest des États-Unis. À présent, grâce à sa position, il dirigerait plusieurs chaînes plus ou moins importantes partout dans le monde.
Mélina Kallas, elle, était la directrice de la Division Agroalimentaire. Originaire de Grèce, elle avait fait des études en France grâce au système Erasmus avant d'intégrer l'INRA, l'Institut Nationale de la Recherche Agronomique. Elle avait oublié de nombreux articles sur les cultures écoresponsables très repris dans le milieu. En 2012, elle avait également été invitée à entrer au cabinet ministériel de Stéphane Le Foll, en charge de l'Agriculture. Elle devait aider pour son projet de supprimer les dérogations accordées aux agriculteurs pour l'épandage aérien. Devant l'absence de résultats deux ans plus tard à cause de la volonté du ministre de faire passer les intérêts économiques avant ceux environnementaux, elle était partie.
Juste après venait Keith Swanson. Texan d'origine et d'apparence, il était également le directeur de la Division d'Extraction et de Raffinage de la compagnie. Assez âgé, près de la soixantaine, c'était un vieil habitué des mines dans lesquels il avait passé presque les trente premières années de sa vie avant qu'elles ne ferment. Il était par la suite entré dans le monde du pétrole et n'en était plus ressorti. Requin des affaires, il était cependant conscient (au contraire de ses contemporains), de la future obsolescence des énergies fossiles et s'était donc rapidement investit dans la recherche de nouvelles énergies.
Sa voisine, Dorothy Derman, était très connue des médias. À cause de sa situation de fille à papa et de ses excès, elle avait appris très tôt le pouvoir de la presse et avait compris comment l'utiliser à son avantage. D'abord au contrôle de son image, elle avait par la suite commencé par devenir une star des différents réseaux sociaux jusqu'à créer un empire sur le net. C'était la raison pour laquelle Hariel l'avait engagée en tant que directrice de la Division Médias du groupe. Elle savait comment se faire voir et faire voir les autres.
Ensuite venait Hibiki Sakurai, directeur. trice de la Division Médicale. Petit génie de la chimie japonaise, iel avait toujours travaillé dans des labos en fuyant les gens. Il était donc étonnant qu'iel ait postulé pour cette position de cadre particulière. Cependant, Hariel et Corinne ne s'étaient pas posé de questions très longtemps. Après tout, beaucoup d'avancées médicales de ces dernières années, que ce soit au Japon ou ailleurs, portaient sa signature quelque part. Iel ne semblait jamais mener les recherches, mais en creusant un peu on se rendait compte qu'iel y avait pris une place importante. Il aurait donc été stupide de ne pas la prendre.
Le directeur de la Division Divertissement, Andrew Roland, était assis juste à côté d'iel. À une époque, il avait été chef des programmes sur la chaîne World of Wonder. C'est là qu'il avait connu l'art du Drag grâce à l'émission RuPaul Drag Race, alors à ses débuts. Par la suite, il s'était créé un personnage, Eve Ville, et avait commencé à animer des soirées dans les bars. Dans le même temps, il avait essayé de la faire entrer dans une émission et on lui avait donné un petit rôle de présentation des films à l'ancienne. Il avait finalement quitté son travail à la télévision et organisé plusieurs événements autour d'Eve, du Drag et du divertissement en général. Une amie à lui avait envoyé sa candidature pour le poste à la SPE Trust et il avait été surpris d'être accepté.
Enfin, le dernier des directeurs de Division était celui de la Division Éducation, Lindy Restling. Débutant comme simple professeur, elle avait réussi à devenir présidente du Dartmouth College, l'une des universités de l'Ivy League, avant ses quarante ans. Sous sa gestion, le palmarès des études avait augmenté de même que le niveau sportif. Plus impressionnant encore, elle était parvenue à faire diminuer le taux de harcèlement s'exile et de viol de son établissement en mettant en place une tolérance zéro et des suivis psychologiques prolongés. Tout cela en se battant constamment avec les administrateurs et les bienfaiteurs qui voulaient qu'elle passe l'éponge pour certains élèves.
Le reste du Conseil d'Administration de la SPE Trust était composé de cinq autres personnes.
Tout d'abord, Svetlana Smirnoff, la responsable du Service Communication et de l'Accueil. Elle était notamment en charge de la formation du personnel au contact avec les clients, de la mise en place des sites internet de toutes les filiales du groupe et de leur présence sur les réseaux sociaux. De son côté, Joanne Hagen, une cinquantenaire aux allures de gentille grand-mère, s'occupait de tout le Service Administratif. Ressources humaines, comptabilité, communication inter service… Elle était chargée de gérer le fonctionnement administratif du groupe, mais aussi de coordonner le réseau des différentes filières.
Le Secrétariat Général, lui, avait été confié à Miss Pennywinkle (Brenda, de son prénom). Face à son efficacité, elle était passée de chef de bureau à celui de gestionnaire du secrétariat pour le groupe entier. Son métier était le même qu'avant, mais elle devrait le faire pour toutes les succursales et les sociétés appartenant au groupe également. Juste après elle venait Brian Moore, 25 ans et informaticien et mécanicien de génie. Hariel l'avait recruté à la sortie du MIT après de brillantes études pour qu'il gère tout le service technique et informatique du groupe. Pour cela, il devrait générer l'ensemble des futurs bureaux et pouvoir apporter une assistance de tous les instants à n'importe quelles succursales et firmes partout dans le monde.
Enfin, le dernier siège était occupé par Daniel Rust, qui dirigeait la Régie. Contrairement aux autres qui devaient gérer également le réseau des entreprises, sa tâche serait cantonnée au seul futur immeuble du groupe. Il serait chargé de coordonner son entretien ainsi que la sécurité.
Il s'agissait du même Daniel auquel Hariel avait fait allusion dans l'ascenseur. La raison pour laquelle il s'était enquis de lui en particulier venait du fait qu'il le connaissait assez bien. En effet, Daniel Rust était un faux nom. Son véritable patronyme était Drust, un mot celte qui signifiait « révolté ». C'était le nom qu'avait choisi Hariel pour Dobby quand celui-ci avait finalement accepté que le jeune Démon devienne son Minui, son elfe lié.
Hariel l'avait ensuite confié à Corinne pour qu'elle le forme afin de s'occuper du futur bâtiment de l'entreprise. Malheureusement, étant un Brownie, il avait tendance à tout vouloir faire seul. Hariel espérait donc qu'il arriverait à le faire déléguer certaines choses. Il espérait également qu'il parviendrait à s'affirmer. En tant que directeur de la Régie, il devra notamment traiter avec le Service de Sécurité. Hariel avait réussi à débaucher une Agence de Mage composée exclusivement de Thérianthropes (ou Garous). Leur chef était un loup immense aux allures de catcheur. Il était donc très impressionnant, mais il faudrait que Dobby apprenne quand même à travailler avec lui.
Bien sûr, les Garous et le petit Brownie n'étaient pas les seuls employés d'origine magique de l'entreprise. Il y avait peu d'êtres mythologiques comme les Anges ou même les Démons, mais le folklore magique des États-Unis et du monde était suffisamment vaste pour trouver des gens qualifiés. Il y en avait d'ailleurs deux dans ce même Conseil d'Administration.
Mélina Kallas, par exemple, était une Dryade, un esprit de la nature. Ce n'était donc pas étonnant que son domaine de recherche soit l'agriculture et qu'elle soit tellement investie dans la sauvegarde de l'environnement.
La seconde était Joanne Hagen et c'était une Magicienne. Elle était relativement douée, mais la Magie n'avait jamais été au centre de sa vie. Au contraire des Sorciers, les Magiciens n'ont que rarement des Communautés. Les seuls moments où ils travaillent ensemble, ce sont dans des Agences. Les autres avaient généralement des emplois comme tout le monde et Joanne avait toujours travaillé dans l'administratif.
Hariel regarda pendant quelques instants l'assemblée. Ils étaient nerveux. C'était la première fois qu'ils se rencontraient. C'était aussi la première fois que chacun d'eux allait occuper des fonctions si importantes dans une entreprise. Aucun d'eux n'était des gourous de la finance, des routards des firmes. Mais ils avaient été embauchés notamment parce qu'Hariel avait perçu un potentiel en eux. C'était ce qu'il avait appelé une « part d'instinct » quand Corinne lui avait posé la question. À présent, il se doutait que c'était une des fameuses intuitions nées de son futur pouvoir sur le Temps.
Cependant, la nouvelle charge de travail n'était pas la seule chose qui les rendait sensibles. Chacun d'eux se sentait gêné que certains aspects de leur apparence, de leur personne ou de leur vie privée ne viennent entacher leurs relations à venir avec leurs collègues.
Par exemple, Tandy Reyes et Manju Malick étaient tous les deux transgenres. Ils avaient tous les deux commencé à travailler en étant de l'autre sexe. Leur transition avait été difficile et, jusqu'à aujourd'hui, il leur était arrivé de perdre des opportunités à cause de cela.
Certains autres étaient juste mal à l'aise dans leur tenue. C'était le cas d'Alison qui n'avait jamais été très à cheval sur le protocole et qui avait mis ce tailleur simplement pour être professionnelle sur son nouveau lieu de travail. De même, Andrew Roland, même s'il ne s'habillait pas en Drag Queen dans la vie de tout les jours étaient habituellement très flamboyants. Dans ce triste costume noir, il ne se sentait pas très à l'aise. Il avait même fait couper ses ongles impeccablement manucurés pour ce travail.
Carter Brown, le comptable, lui, était gay et père de famille, marié à son compagnon dès que cela avait été possible. Pourtant, dans son métier, il avait toujours pris soin de ne jamais parler de sa vie privée. C'était pareil pour Lindy Restling quoique dans son cas, elle pensait également que son âge pourrait être un problème. Le même malaise se ressentait d'ailleurs chez Keith Swanson et Joanne Hagen. Ils s'étaient souvent heurtés à de jeunes loups qui jugeaient que leur âge était un frein à leur réussite et qu'ils devaient considérer le fait de laisser la main.
Dorothy Derman, elle, avait toujours craint que son passé sulfureux puisse lui fermer des portes et lui faire manquer des opportunités. Quant à Hibiki Sakurai, iel s'était constamment senti gêné autour des gens qui essayaient de définir son genre.
Cependant, tout cela était en fait une autre raison de les engager. Chacune de ces personnes avait atteint une position éminente dans leur profession. Ce n'était pas la meilleure, mais ils y étaient arrivés en dépit des obstacles que la société avait mis devant eux à cause de leur genre, leur sexualité, leur origine sociale ou ethnique, leur couleur de peau…
C'était cet argument qu'Hariel avait utilisé quand il avait recruté Corinne. Il était donc normal qu'il fasse la même chose pour le reste de ses employés. Il était certain, une fois que chacun serait à l'aise à la fois pour eux-mêmes et avec les autres, qu'ils feraient du bon travail ensemble.
« Très bien, mes chers collaborateurs. Je vous propose de commencer cette réunion. Qu'elle nous permette d'apprendre à nous connaître les uns les autres, à nous apprécier ou au moins à nous respecter. »
0o0o0
Dean grimaça en tirant sur le col de sa robe.
« Tu es sûr que c'est nécessaire que je vienne ? » Demanda-t-il.
« Arrête de geindre » soupira Hermione qui laissait les plis de sa propre robe d'un blanc immaculé. « Est-ce que je me plains moi ? »
« J'ai besoin de vous deux » leur dit Hariel. « Dans l'avenir, vous allez devenir mes deux plus proches conseillers. Sans compter que vous risquez de vous retrouver également avec des charges politiques. »
« Quoi ? Pourquoi ? C'était pas prévu ça ! » S'exclama Hermione.
« Tu es Grande Prêtresse. Par nature, ton rôle est déjà politique. Pareil pour Dean qui est Héritier de Myrddyn. De plus, vous êtes tous les deux les Magiciens les plus puissants d'Angleterre… voir du monde. Et quant à Dean, même si ça me coûte de le dire, c'est probablement aussi le plus intelligent. »
« Hey ! » S'exclama son cousin à ces mots.
« Bref, toujours est-il que j'ai besoin de vous à mes côtés quand nous allons nous rassembler pour créer le monde de demain. »
« Ah oui, dit comme ça… »
Le salon de Siméon commençait à devenir un peu étroit pour les rencontres des Chevaliers. C'est la raison pour laquelle Hariel avait pris la décision d'inviter tout le monde dans le Makai, au sein de la belle résidence d'été du Clan Gremory. Puisqu'ils étaient à présent au courant de son ascendance démoniaque, autant les faire venir chez lui.
Outre Dean et Hermione, la seule autre nouvelle personne présente était Cédric. Ses deux aïeules Diggory avaient insisté pour qu'il y assiste. Après tout, quand ce serait lui le Seigneur de leur Maison, il devrait à son tour participer au fonctionnement du gouvernement. Tous le reste de la Suite, que ce soit les plus âgés, Sirius et Remus ou bien les plus jeunes, c'est-à-dire Draco, Fleur, Viktor et même Proteus, s'étaient éclipsés, le laissant seul à la réunion.
Hariel était assis au centre du large canapé avec ses deux amis de part et d'autre de lui et ses deux loups à ses pieds. Comme à chaque fois qu'il arrivait quelque chose à Hariel alors qu'ils ne se trouvaient pas auprès de lui, les deux bêtes mythologiques se sentaient très protectrices envers lui et avaient du mal à le quitter.
« Tout d'abord, je vous souhaite la bienvenue chez moi » dit le jeune Démon. « Je suis heureux de vous revoir. »
« Votre absence a été assez… problématique » dit Siméon.
« Ouais ben c'était pas vraiment ma faute » grogna Hariel. « En tout les cas, je sais ce que vous avez fait pendant que je n'étais pas là grâce à Excalibur et c'était du bon travail, je vous remercie. »
Il présenta ensuite Hermione et Dean à l'assemblée et leur expliqua les raisons de leur présence. Cela ne manqua pas, bien évidemment, d'impressionner les Chevaliers et de gêner les principaux concernés. Tous deux se considéraient encore comme de simples adolescents. Pourtant, leur prestige était élevé aux yeux des Sorciers. Le problème, c'est qu'ils ne pensaient pas avoir fait quelque chose pour le mériter. Être le descendant d'un (ou plusieurs) grand(s) Sorcier(s) ou alors avoir été choisi par une Déesse, ne semblait pas suffisant à leurs yeux. Ils étaient donc nerveux.
Hariel comprenait tout à fait cela. S'il n'avait pas vécu parmi les Démons et accompli des choses par lui-même, il se serait senti tout autant gêné par la quasi-adoration des Sorciers à son encontre pour le sacrifice de sa mère. Cependant, il savait que ses amis n'étaient pas du genre à se reposer sur leurs lauriers. Tout comme lui, ils voudraient que leurs actions soient dignes de ce que l'on attend d'eux. Ils seront donc d'autant plus impliqués dans la tâche qu'Hariel leur confierait. Charge à lui de les surveiller pour qu'ils n'en fassent pas trop.
« Tout d'abord » dis celui-ci à l'assemblée. « J'aimerais ouvrir cette séance en proposant un planning pour nos futures rencontres. »
« Il est vrai que jusque là, nos réunions ont été plutôt… erratiques » dit pensivement Dianthea Greengrass.
« Par Excalibur, je sais que vous disposez tous à présent de moyen de communiquer » reprit le jeune Démon.
« L'utilisation de ces "cellulaires" est assez complexe, mais pratique » acquiesça Baldwin Shaklebolt.
Et encore, Hariel avait fait en sorte de leur donner des versions simplifiées.
« Cependant, cela ne suffit pas. Nous devons pouvoir nous rencontrer afin de confronter nos idées. »
Du moins jusqu'à ce qu'il leur ait appris à se servir de la fonction de vidéoconférence, pensa Hariel.
« Je propose donc de nous revoir tous les samedis après-midi pour un rapport de la semaine écoulée. »
« Cela sera possible pour vous de venir ? » demanda Kelsey Prewett.
« Je ne suis plus lié à l'école par contrat comme l'année dernière. Je pourrais donc m'absenter quand bon me semblera. Excalibur me couvrira. »
« Je suis étonné que Dumbledore ne vous fasse pas surveiller plus que ça » grogna Rutherford Urquart.
Il connaissait bien le bonhomme. Bien avant que Siméon ne lui parle de ses manipulations contre Hariel, il avait déjà de nombreux doutes sur lui. Il se sentait coupable de laisser sa belle-sœur, Minerva McGonagall, entre les mains de cet odieux personnage. Malheureusement, il ne pouvait rien faire. La femme lui avait expressément demandé de ne plus la contacter la dernière fois qu'il avait essayé de lui faire ouvrir les yeux sur le comportement du directeur. Il était sûr que c'était le vieil homme lui-même qui avait suggéré cet éloignement.
« Il utilise quelques magies anciennes sur moi, c'est vrai » répondit Hariel. « Cependant, Fumseck me couvre. »
« Le Phoenix de Dumbledore ? pourquoi ferait-il ça ? » demanda Lionel Diggory.
« Apparemment, il déteste le directeur presque autant que moi. »
« Alors pourquoi reste-t-il avec lui ? » s'interrogea sa mère, Rébecca. « Les Phœnix sont des esprits libres à moins… »
« À moins ? » demanda son fils.
« Qu'il n'ait trouvé un moyen pour l'enchaîner à lui pour augmenter son prestige. »
« Cela ressemblerait bien au personnage » renifla Fiermont Crane.
« Toujours est-il que pour le moment, je suis libre de partir quand je le désire de l'école sans que le directeur ne le remarque » interrompit Hariel.
« Et c'est parfait comme cela » intervint Cassiopée McMillan.
« Cela vous laissera du temps pour les différentes soirées mondaines auquel vous serez invité » rajouta Aaliyah Shafiq.
Hariel soupira, mais ne dit rien. Il savait que s'afficher en société en tant que Prince Pendragon-Emrys était nécessaire pour gagner des supports contre Fudge ou tout autre opposant à son accession au trône. Ses apparitions lui permettront de discuter avec des gens influents et les articles qui seront publiés sur lui (qu'ils soient de Rita ou non) l'aideront à être vu par la population Sorcière.
« Mais ça ne suffira pas, n'est-ce pas ? » demanda Spencer Bradley. « Apparaître dans le journal ne suffira pas à rallier les simples Sorciers… »
« Le problème est justement que si, Cynon » répondit Baldwin.
« Pour le moment, le peuple suit la personne qu'on leur dit de suivre sans se poser de questions » dit Hariel. « Dans notre cas, ça peut nous servir, mais je refuse que cette situation perdure plus longtemps. Le but est d'éveiller la conscience politique des Sorciers comme vous l'avez fait. »
Le chemin avait été rude, mais Spencer Bradley pouvait à présent dire qu'il était à la tête d'un véritable syndicat. Il avait réussi à rassembler plusieurs dizaines d'employés du Ministère pour former le SMM, le Syndicat Ministériel Magique.
« Malheureusement, notre nombre n'est pas suffisant pour générer assez de pression » dit Spencer avec une grimace. « Et qui dit pas de pression, dit pas de résultats concrets et sans résultats concrets, c'est compliqué de recruter de nouveaux membres. »
« Je comprends » soupira Hariel.
Les Sorciers avaient tendance à éviter de prendre des risques. Ils avaient souvent des difficultés à saisir les implications à long terme de leurs décisions, que ce soit en bien ou en mal.
« Alors il serait peut-être temps de mettre vos menaces à exécution » dit-il.
« Quelles menaces ? »
« La grève bien sûr ! Puisqu'ils ne répondent à aucune de vos revendications, il vous suffit de vous arrêter de travailler. »
« Juste… comme ça ? » demanda Siméon.
« Bien sûr »
« Mais nous ne sommes que quelques dizaines ! » s'exclama Bradley. « Le ministère compte plusieurs centaines d'employées, on ne pourra jamais… »
« La grève des couturières de Dagenham » intervint alors Corinne. « C'est bien à cela que vous pensez ? »
Hariel sourit.
« Exactement » dit-il avant de se tourner vers son auditoire. « Pour explication, sachez que Ford est une immense entreprise qui a des usines dans le monde entier et notamment en Angleterre, principalement à Dagenham. En 1968, les couturières de cette entreprise, voyant qu'elles étaient moins payées que les hommes, se sont mises en grève avec celles d'une autre usine. En tout, elles étaient près de 400 alors que l'entreprise employait des dizaines de milliers de personnes à cette époque. Pourtant, leur action l'a complètement paralysé, forçant le gouvernement à créer un accord sur le salaire égal. Quelqu'un peut me dire comment elles y sont arrivées ? »
Le silence régnait dans la salle.
« Bien qu'elles ne soient pas nombreuses, les couturières faisaient un travail spécialisé essentiel à la fabrication des produits Ford » répondit finalement Hermione.
« En arrêtant de travailler, elles ont parasité tous les autres services » poursuivit Dean.
La grève des femmes de Dagenham était une histoire célèbre. Deux Magiciens élevés chez les Sapiants ne pouvaient que la connaître.
« Exact » approuva Hariel. « Parce qu'il n'est pas nécessaire d'être nombreux ou puissant pour perturber un système. »
« Mais, désolé de dire ça Cynon, qu'est-ce qui les empêchera de congédier tous les grévistes pour engager de nouveau ? » demanda Linea Mautière.
« C'est le risque, en effet » répondit Hariel.
Surtout que les conventions de travail dans le Monde Sorcier n'étaient pour le moment pas terribles. Il était plutôt aisé pour un employeur, même le Ministère (surtout le Ministère), de renvoyer quelqu'un quand cela lui chantait.
« Cependant, pour éviter ça, il faudra gagner l'opinion publique à votre cause. Quand on est en grève, il ne suffit pas de s'arrêter de travailler, il faut aussi montrer sa colère à tous par des manifestations, des discours, des distributions de documentation, etc. Et tout cela peut ensuite être relayé par la presse. »
« Sauf que la Gazette est aux mains du Ministère. Jamais ils ne les laisseront publier un article sur nous. »
« Là-dessus, j'ai ma petite idée, ne vous en faites pas » dit Hariel avec un sourire.
Rita allait pouvoir servir dans cette situation.
« Mais pour le moment, j'aimerais clore ce chapitre pour parler du véritable but de cette réunion. Il nous faudrait rassembler des idées pour la forme que prendra notre gouvernement à venir. »
« Vous voulez donc… tous changer ? » demanda Kelsey.
« Si ça peut être amélioré, je pense que ça doit être fait. »
« Même si cela fonctionne déjà parfaitement ? »
« Vous pensez que le système actuel fonctionne parfaitement ? »
Le Chef de la Famille Prewett ouvrit la bouche et la referma. Non, il ne pouvait décemment pas dire que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Pas avec un Ministre comme Fudge au pouvoir et pas avec tous ces Mangemorts qui s'en sont sorti avec seulement une tape sur les doigts lors de la Première Guerre. Sans compter toutes les inégalités dues à la soi-disant pureté du sang.
« Très bien, commençons par ce que nous savons pour dresser un organigramme basique » dit Hariel en invoquant un grand panneau blanc.
Deux encadrés apparurent alors dessus. Un en haut, avec « Roi » inscrit à l'intérieur et un en bas avec marqué « Citoyens ».
« Citoyens ? » demanda Cassiopée. « Vous voulez dire, les Sorciers ? »
« En effet » répondit Hariel. « Je pense que nous devons remettre les Sorciers au centre de nos préoccupations. »
« Mais ils sont déjà au centre de nos préoccupations » dit Fiermont. « Tout ce que nous faisons, c'est pour eux. »
« J'entends bien. Mais le problème vient de là. Vous l'oubliez peut-être, mais nous nous trouvons, malgré l'autorité relative de la Reine, dans un système de démocratie représentative. Cependant, le peuple sorcier n'est que peu représenté, car il ne choisit pas lui-même ses représentants. Je veux absolument changer ça. Plus encore, je veux pouvoir le faire évoluer vers une démocratie semi-directe. »
« Excusez-moi, mais je ne comprends pas bien là… » intervint Spencer.
« La démocratie est un système où les citoyens peuvent agir sur le déroulement des instances politiques. Ils choisissent leurs élus, votent lors de questions posées sous forme de référendum, etc. En Angleterre, il s'agit d'une démocratie représentative, c'est-à-dire que le peuple doit juste voter pour ses représentants qui agissent en leur nom. À l'opposé, dans les démocraties directes, les citoyens décident de tout, même des lois. »
« C'est un peu… risqué, non ? » demanda Spencer.
Même lui ne faisait pas confiance à ses collègues pour agir de façon pondérée si on leur disait qu'ils pouvaient choisir les lois.
« Je suis d'accord, c'est un peu tôt » acquiesça Hariel. « Même beaucoup trop tôt. J'ai l'espoir qu'un jour cela puisse se faire, mais en attendant, je pensais à une démocratie semi-directe, comme en France. Les citoyens élisent des représentants qui les dirigent et font les lois, mais dans certains cas controversés, ils peuvent donner leur avis par un vote. »
Ayant vécu dans un régime ayant tendance à infantiliser les individus, les membres de l'assemblée eurent du mal à accepter tous les arguments d'Hariel. Mais force était d'admettre qu'il avait raison. Le temps où ils décidaient de tout à la place des autres était révolu. On ne pouvait plus laisser des gens comme Fudge profiter autant de son pouvoir tout en manipulant la presse pour se faire bien voir du peuple et de son argent pour se faire bien voir de ceux qui allaient le réélire. Même avec un Roi comme Hariel sur le trône, celui-ci refusait qu'un tel climat puisse se produire à nouveau.
« Je me souviens de vous avoir entendu parler une fois de séparations des pouvoirs » dit Siméon.
« En effet, je pense que le Magenmagot a trop de pouvoir. »
« Il fait les lois et juge ceux qui désobéissent à ces lois. C'est logique, non ? » Demanda Kelsey.
« C'est à mon sens mettre tous les œufs dans le même panier. Je pense que le pouvoir juridictionnel devrait se trouver séparé du pouvoir législatif. »
« Quel en serait le but ? »
« L'objectivité bien sûr » répondit Hariel. « Pour que personne ne soit tenté de faire une loi pour influencer une affaire en cours, par exemple. »
« Je pense donc que votre but est de faire de l'objectivité le point central de notre nouvelle politique » résumée Rebecca Diggory.
« C'est exact. »
« Dans ce cas, il faudrait que des citoyens fassent partit du Magenmagot » intervint Spencer. « Dans l'optique de votre Démocratie, les citoyens doivent pouvoir envoyer des représentants pour décider des lois. »
« Mais le Magenmagot est composé uniquement de sièges héréditaires, ce serait ridicule ! » s'exclama Aaliyah.
« Il suffirait donc d'en rajouter des non héréditaires. »
« Vous ne savez pas ce que vous dites ! Il faudrait pour cela modifier une magie vieille comme le monde ! Ce serait tout à fait irréalisable. »
« Mais on ne peut pas continuer comme ça ! Ce n'est pas juste qu'une partie privilégiée de la population décide pour les autres ! »
« C'est vrai, on ne peut pas » intervint Hariel.
« Mais… » commença Aaliyah.
« Mais on ne peut pas rajouter de siège au Magenmagot, j'ai bien compris cela. C'est pour cela que je suggère la création d'une seconde chambre législative qui sera composée d'un nombre équivalent de membres au Magenmagot. »
« Deux chambres ? Un système bicaméral comme pour l'Angleterre sapiante ? » demanda Fiermont.
« C'est cela. Un Parlement composé de deux Chambres au pouvoir égal et qui discuteront et voteront les lois ensemble. Quand l'une en proposera une, elle devra convaincre l'autre de l'accepter. Et inversement. »
Bien entendu, que les citoyens votent pour des parlementaires seuls était exclu. Il faudrait encourager la création de partis politiques qui pourraient se présenter à ces élections. À partir de là, le nombre de membres d'un certain parti à entrer dans cette chambre basse (ou Chambre Citoyenne, le nom serait encore à trouver) serait en fonction des résultats de l'élection et du nombre de places disponibles.
« Et de plus, le Premier Ministre sera choisi par moi au sein du Parti le plus représenté à la Chambre. »
« Vous allez donc garder un Premier Ministre ? » demanda Baldwin. « Quel sera son rôle ? »
« Partager avec moi le pouvoir exécutif » répondit Hariel.
À ces mots, un deuxième cadre apparut sur le tableau en dessous du sien et marqué « Premier Ministre ». Un cadre plus gros les inclut tous les deux avec la mention « pouvoir exécutif » en légende.
« Vous ne comptez pas régner ? » demanda Dianthea, mal à l'aise.
« Je me souviens parfaitement avoir dit il y a longtemps que je ferais ma part de travail. Mais pour le bien du pays, je refuse que le pouvoir exécutif reste aux mains d'une seule personne. »
« Et quels seront les pouvoirs de ce Ministre ? »
« Rassurez-vous, ils seront moins grands que les miens. Contrairement à la Reine d'Angleterre, mon titre ne sera pas qu'honorifique. Je ne sais pas encore où s'arrêtera mon pouvoir. Mais tout ce que je peux dire, c'est que la fonction première de ce Premier Ministre sera de diriger les autres. »
À ce jour, le Ministère de la Magie était composé de sept départements. C'était bien trop peu aux yeux d'Hariel. Aucun d'eux ne concernait l'éducation ou même la santé. La Coopération magique internationale était quasi inexistante quant à celle avec les autres races magiques pensantes… Il n'y avait qu'à voir le nom donné à ce département : « contrôle et régulation des créatures magiques ». L'une des premières choses qu'Hariel voulait c'était de rendre leur autonomie aux Êtres Magiques tout en forgeant des accords avec eux. Notamment en ce qui concerne le respect des lois mutuel. Il était temps que les sorciers se souviennent qu'ils n'étaient pas au sommet de la chaîne alimentaire et qu'ils n'avaient pas à dominer les autres.
Pendant l'heure suivante, il entreprit de décrire sur le tableau l'organisation ministérielle qu'il désirait pour l'avenir. Au final, les sept départements d'origines étaient remplacés par quinze nouveaux qui selon lui seraient à même de faire fonctionner correctement le pays. Ou plutôt les six d'origine.
En effet, Hariel avait décidé de détacher le Département des Mystères du gouvernement à proprement parler. À son sens, celui-ci devait être indépendant des autres au vu de ses activités. Des activités qu'il songeait à élargir, mais pour le moment il préférait garder ça pour lui.
Dans la nouvelle organisation, le Département de la Justice Magique serait divisé en deux. D'abord un Ministère de la Justice qui comprend les anciens départements sur le détournement de la magie et qui dirigera le futur système juridique qui sera mis en place. De son côté, le Ministère de l'Intérieur gèrera à la fois les forces de Police et celles d'enquête et d'intervention des Aurors.
Le Département des Accidents et Catastrophes Magiques, lui, devenait simplement le Ministère du Secret. Son but était de protéger le Statut du Secret Magique auprès des Sapiants. Ils devraient également contrôler ceux qui sont conscients du Monde Magique. Pour certains cas, ils devront bien entendu travailler avec le tout nouveau Ministère de la Santé.
Comme auparavant le système de santé Sorcier était concentré autour de Sainte Mangouste et de l'Académie de Médicomagie, ces deux institutions étaient à peu près autonomes. Dans le gouvernement d'Hariel, ce ne serait pas le cas. En effet, selon lui, il est nécessaire de créer une politique de santé nationale afin de mieux former les Sorciers aux soins de base et a évité les accidents. De plus, l'ambition d'Hariel était de décentraliser les soins, de produire plus de médecins indépendants et aussi spécialisés. Bien entendu, Tous devront être diplômés par l'un des établissements sous le contrôle du Ministère de l'Éducation.
Tout comme pour la Santé, l'Éducation était à peu de chose près autonome puisque le seul véritable établissement scolaire était Poudlard tandis que pour les études supérieures, il y avait l'Académie de Médicomagie et celle des Aurors. Ceux qui n'y étaient pas se trouvant en apprentissages chez des maîtres. Pour Hariel, ce n'était pas suffisant. Il voulait pouvoir mettre en place un système d'éducation primaire qui permettrait aux jeunes Sorciers de se rencontrer avant Poudlard, loin de l'influence des Maisons. En effet, si ceux-ci socialisaient avant de se retrouver embrigader dans ce système alors ses côtés négatifs (que l'on voyait en ce moment avec la guerre Gryffondor-Serpentard) seraient amoindris.
De plus, il voulait augmenter le paysage de l'éducation à un niveau supérieur de façon exponentiel afin d'amener plus de Sorciers à étudier et peut-être même à intégrer des organismes de recherches pour le compte du Ministère des Sciences Techniques et Magiques. Pour la majorité des Sorciers, quelque chose qui n'était pas cassé n'avait pas à être modif. Ce sentiment avait progressivement tué l'esprit d'initiative et la curiosité des citoyens magiques d'Angleterre. Il voulait pouvoir insuffler l'envie de connaître ce qu'ils ne savaient pas aux Sorciers et a fouillé pour retrouver un passé que des siècles de fainéantise et d'obscurantisme avaient malheureusement perdu.
Pour ce qui est des derniers parmi les anciens départements, le Département de la coopération magique internationale, le Département des transports magiques et le
Département des jeux et sports magiques, ils avaient été laissés à peu près tels quels. Cependant, en devenant le Ministère de la Coopération Internationale, le Ministère des Transports et le Ministère des Jeux et Sports, ils gagnaient une tout autre dimension et pas seulement en perdant le mot « magique » qui semblait tout caractérisait au Ministère. En effet, Hariel avait pris la décision de rayer toute mention de ce mot des noms de départements. Ils étaient un état magique, pas besoin de le répéter à tout bout de champ et à toute les sauces.
Pour ce qui est des derniers Ministères originaux, il y avait le Ministère des Relations Inter-Espèces, bien sûr, qui serait chargé de négocier les accords avec les êtres magiques et d'assurer leur autonomie, mais aussi le respect mutuel. Également le Ministère de la Nature et de l'Environnement. Les Sorciers n'étaient pas vraiment des pollueurs au contraire des Sapiants. Mais, à l'avis d'Hariel, c'était seulement parce que la Magie était une énergie propre et que les Sorciers n'étaient pas trop nombreux. Dans le cas contraire… Cependant, il pensait que se soucier de la nature était important et que si la magie pouvait aider à résoudre les problèmes liés à la pollution ce serait profitable pour tout le monde.
Parmi les Ministères restants, il y en avait un qui tenait également particulièrement au cœur d'Hariel. C'était celui de la Culture et de la Communication. En effet la culture sorcière d'Angleterre était… quasi inexistante. Les livres de fictions étaient rares, à l'exception des vieilles légendes. Pour ce qui est de la musique, il ne semblait pas y avoir grande chose à part les Bizzar Sisters et Celestina Moldubec. Quant à l'art, sauf pour reproduire des gens décédés pour que leur tableau puisse continuer à vivre, c'était le néant. Donc oui, il était urgent qu'Hariel change ça. Probablement en commençant par injecter un peu de culture sapant. Peut-être que ça en inspirerait certains. Et pour ce qui était de la communication, disons que le seul journal et le transport par oiseau, ce n'était pas suffisant. Hariel ne comptait sans doute pas introduire la télévision et internet (pas encore), mais les Sorciers avaient vraiment besoin d'être mieux mis au courant. Il espérait d'ailleurs que le journal de Rita serait efficace pour cela.
Enfin, les deux derniers Ministères étaient, selon Hariel, indispensables au maintien de son futur état. Le premier est celui de l'Économie, des Finances et du Commerce. D'ailleurs, il s'est toujours demandé comment le pays était encore debout sans avoir une politique financière stable… ou une politique financière tout court. De plus, des accords commerciaux avec l'étranger devenaient de plus en plus nécessaires. Jusque là, le commerce semblait être fait au niveau international de particulier à particulier. Rien qui ne puisse faire de l'Angleterre une puissance commerciale. Et bien sûr tout cela sans même des taxes de douanes.
« Oui, je crois que ce sera tout » dit finalement Hariel après avoir présenté son dernier Ministère, celui de l'Urbanisme.
Selon lui, les Sorciers ne créaient plus rien. Que ce soit le Ministère ou Poudlard, personne de nos jours ne pouvait encore se targuer de savoir comment édifier de tels monuments. De plus, Hariel voulait ajouter un peu de principes modernes dans la construction des bâtiments et aussi dans l'agencement des villes. Les règles moyenâgeuses avec leurs ruelles étroites et mal éclairées devaient cesser. Immédiatement.
« Ce n'est qu'une ébauche » dit-il. « Cependant, je veux que ce soit finalisé pour mon couronnement dans un an. »
La date avait été décidée à présent. Il ne pouvait plus reculer. Dans onze mois, pour la fête estivale de Lugnasad, en plein milieu de la saison mondaine bien sûr.
« J'espère tout de même que vous ne voulez pas que nous mettions en place ce nouveau gouvernement… en une seule fois ! Ce serait le chaos ! » s'exclama Fiermont.
« Bine sûr que non. Je nous donne 10 ans » répondit Hariel. « Pendant les 10 premières années de mon règne, je dirigerais le pays en chef absolu afin de servir de constante à tous les changements que nous allons faire. Cependant, passé ce délai, il faudra absolument que tout soit prêt. En revanche, la majorité des améliorations que nous devons apporter à Poudlard devront être faites pendant l'été pour être effectives à la rentrée. »
« Pourquoi tant de hâte ? » demanda Linea en sentant des sueurs froides parcourir son corps à l'idée du travail que cela allait être.
« Parce que nous avons besoin que les sorciers se mettent à réfléchir par eux-mêmes et que c'est là, à l'école, qu'ils commenceront à développer une pensée critique. Cela doit donc être une priorité absolue. »
0o0o0
Hariel soupira. Enfin, la réunion était terminée. Tout le monde continuait cependant à discuter pour échanger des idées. Malgré leur réticence, Hermione et Dean avaient été conviés à donner leur avis si bien que le jeune Prince était seul à présent. Il avait tellement parlé que sa gorge était sèche. Mais en regardant le tableau avec son organigramme, il devait avouer qu'il était plutôt content du résultat. Pourtant il savait que les problèmes n'étaient pas vraiment finis.
« Vous avez l'air soucieux, Votre Altesse » dit une voix près de lui.
Hariel leva les yeux et vit Rutherford Urquhart qui se tenait devant lui.
« Vous ne devriez pas être avec les autres ? Ils parlent du futur de Poudlard et l'éducation c'est plutôt votre rayon, non ? »
« Justement, je laisse d'autres personnes avoir des opinions qui pourraient être différentes de la mienne afin de faire évoluer la discussion. C'est bien ce que vous vouliez, non ? »
Hariel grogna, mais dût convenir que l'homme avait raison.
« J'ai remarqué que vous ne sembliez pas très à l'aise » reprit-il. « Est-ce que c'est de retourner à Poudlard demain qui vous met dans cet état ? »
« Oui et non. Disons que j'aurais préféré que mon couronnement ait lieu après que je sois sorti de l'école. Vous, vous êtes mes Chevaliers, vous me faites confiance, mais ce ne sera peut-être pas le cas de tout le monde. Je sais qu'Excalibur ou pas, beaucoup ne verront en moi qu'un enfant qui n'a pas terminé sa scolarité. »
« Pour quelqu'un d'aussi intelligent que vous, ça doit être frustrant. »
« Plutôt oui. Le problème, c'est qu'une fois que je serais couronné, je n'aurais pas le temps de passer mes ASPICs. Je n'aurais même pas mes BUSEs. »
« Et si vous les passiez avant ? » dit pensivement Rutherford. « J'imagine que vous savez déjà tout ce qu'il faut pour les passer facilement, n'est-ce pas ? »
« Les doigts dans le nez » confirma Hariel. « Vous voulez me dire de passer mes BUSEs et de passer mes ASPICs en indépendant juste après ? »
« Ce serait une solution, mais ce ne sera sans doute pas nécessaire » dit l'homme avec un petit sourire. « Ce n'est pas un fait très connu, mais il se trouve que les examens sont à niveau automatique. »
« C'est-à-dire ? »
« C'est-à-dire que les élèves qui passent ces examens sont surveillés par des artefacts magiques puissants. Ils servent à éviter toute triche, mais pas seulement. Ils peuvent aussi juger si un élève est apte à essayer de passer l'examen de niveau supérieur immédiatement. Si c'est le cas, l'élève est entouré d'un champ magique temporel qui lui accorde du temps supplémentaire pour la suite. »
« Vraiment ? » demanda Hariel surpris.
« Vraiment. Bien entendu, ce fait est rapporté aux examinateurs pratiques qui rajoutent des épreuves à ces élèves en particulier. »
« Donc ce que vous dites, c'est que je pourrais entrer dans une salle pour passer mes BUSESs et en ressortir avec mes ASPICs ? »
« Je n'ai jamais dit que cela s'arrêtait aux ASPICs » dit Rutherford avec un léger rictus satisfait qui trouva écho sur le visage d'Hariel.
C'était… C'était parfait. Grâce à ça, il pourrait être apte à quitter l'école dès juin prochain et en mettre plein la vue aux idiots qui le prendraient pour un gamin ignorant en leur agitant ses diplômés sous le nez.
« Hariel ? »
Celui-ci releva la tête. Hermione et Dean étaient revenus. Il leur sourit.
« Ça vous dirait de passer vos ASPICs à la fin de l'année ? »
À suivre…
.
Ouf ! Pas trop d'action, mais j'ai réussi à finir ce chapitre. Le premier de DxD depuis pas mal de temps, non ? La reprise était dure je dois dire. J'espère que ça vous plaira.
Encore un petit passage sur Stargate. Ce sera le dernier avant longtemps, mais ne vous inquiétez pas, ça va revenir.
L'histoire des examens à niveau automatique n'est pas de moi, mais de Michally, dans sa fic Formans Familia. Elle est disponible sur ou sur AO3 (la version AO3 est AVEC les scènes de sexes ;)).
En tout cas, je vous remercie de m'avoir lu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires et à dans deux semaines.
