Excusez-moi pour la dernière fois. Ce chapitre aurait dû être posté il y a deux semaines, mais il ne l'a pas été. C'est juste qu'en l'écrivant je me suis rendu compte que je ne savais pas exactement où j'allais. Cette année scolaire représente un tournant important dans l'histoire. Il s'agit de la dernière année scolaire d'Hariel ainsi que des derniers chapitres de la première partie de Check Mate DxD. À la fin de cette histoire, j'en commencerai une nouvelle qui se passera plus tard, quelques années après (Mais je ne vous en dis pas plus).
De plus, de nombreuses choses vont arriver. Beaucoup de personnages et de groupes vont avoir leur propre évolution que je devais détailler pour être sûr de ce que j'écrivais. C'est pour ça que j'ai mis ce chapitre en pause afin de pouvoir me concentrer sur la mise en place. Et c'est après ça que j'ai pu plus facilement écrire.
Encore une fois désolé d'avoir tardé et de ne pas vous avoir prévenu. Merci aussi de continuer à me lire.
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Check Mate DxD
Chapitre 107 : Ingérence/Bougai
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Une forte agitation régnait au 12 Square Grimmaurd ce matin-là. Forcément, on était le 1er septembre et tout le monde devait se préparer pour la rentrée. Bagages à faire, vêtements Moldus à enfiler, petit déjeuner à prendre en quatrième vitesse parce qu'il fallait partir.
Bien évidemment, cela ne concernait que les Weasley. Hariel, lui, était déjà prêt. Il avait bouclé ses valises la veille en revenant de sa réunion avec les Chevaliers et s'était levé suffisamment tôt pour ne pas se presser. À présent, il était debout dans le hall et se retenait de soupirer de frustration face à ce manque flagrant d'efficacité.
La pire d'entre toutes semblait être Madame Weasley. Montée sur pile, à bout de nerfs, elle passait son temps à houspiller ses enfants, créant plus de stress que nécessaire et ralentissant immanquablement la cadence. À force de l'observer (de lui-même ou grave aux souvenirs qu'Excalibur lui avait transmis), Hariel en était venue à la conclusion qu'elle souffrait d'une sorte de bipolarité parentale inconnue des médecins. Elle était tantôt une mère affectueuse, tantôt un tyran sanguinaire.
L'hypothèse d'Hariel était qu'elle était incapable de s'imposer autrement que par la menace. Elle avait donc tendance à laisser les choses couler jusqu'à ce que cela soit trop tard et qu'elle doive hausser la voix. Aucune demi-mesure avec elle. Pas d'avertissement, pas de consigne claire, juste des cris qui survenaient de façon impromptue et surtout, bruyante. Et le pire, c'est qu'elle le faisait aussi à distance si l'on comptait le nombre désastreux de beuglantes qu'elle envoyait à ses enfants. Aux Jumeaux particulièrement.
Hariel se retint de soupirer à nouveau. Non. Il devait éviter de montrer son exaspération. Cette année, il devait se faire discret. Rentrer dans le rang.
Finalement, tout le monde fut prêt. Il était dix heures trente. Fort heureusement, la gare de King's Cross était à vingt minutes à pied. Cela leur laisserait seulement donc dix minutes pour se rendre sur le quai et entrer dans le train, mais ça devrait aller. Mme Weasley poussa alors tout le monde hors de la maison et ferma la porte. Dans son dos, la bâtisse disparut silencieusement, comme si elle n'avait jamais existé. C'était le principe d'un lieu incartable.
« Ah ! Voilà Tonks » grogna Mme Weasley.
Elle pointa le menton vers une charmante vieille dame un peu étrange avec des boucles grises sous un chapeau crêpe violet. Habituellement, elle ne ressemblait pas à ça. La vraie Nymphadora Tonks était jeune, svelte, avec un visage pointu et des cheveux roses. Cependant, son apparence n'avait rien à voir avec quelconque Sort ou Potion, mais à un don qui s'était éveillé chez elle à l'adolescence.
Hariel connaissait bien évidemment la cousine de Sirius et Draco et également sa mère, Andromeda. L'aînée de Cygnus et Druella Black qui s'était enfuie pour épouser un Né-de-Sapiants du nom de Ted Tonks. Il était donc ironique de penser que c'était à présent ce dernier le Régent de la Maison Black. Lucius Malefoy avait bien comploté pour récupérer le titre, mais il avait échoué. C'était grâce à cela que Draco pouvait utiliser le nom des Black.
« Qu'est-ce qu'elle fait là ? » Demanda Ron.
« Fol Œil a insisté pour que nous ayons une escorte. Au cas où » répondit sa mère.
Hariel se retint une nouvelle fois de renifler, de dédain cette fois. Si lui devait organiser une protection rapprochée, il aurait prit soin que les gardes soient invisibles. Pas seulement aux yeux des adversaires, mais aussi des autres. Les personnes protégées ont trop souvent tendance à regarder dans leur direction, grillant leur couverture. D'autant plus que Tonks (comme elle préférait être appelée) possédait un don bien plus utile que ça. Il lui suffisait de quelques instants pour changer d'apparence et d'un coup de baguette pour ses vêtements et voilà, elle était quelqu'un d'autre. Garder la même apparence était stupide si l'on voulait se fondre dans la masse.
Mais il faut dire que l'Ordre du Phénix tout entier manquait pas mal de jugeote. En cela, ils étaient bien des Sorciers. L'organisation était brouillonne et peu fiable et, de ce qu'Excalibur et Hariel avaient remarqué, assez peu importante. On aurait pu penser qu'ils auraient compensé le nombre par une certaine ingéniosité tactique, mais malheureusement ce n'était pas le cas. Rien que la semaine dernière, l'un d'eux avait été prit en train d'essayer d'entrer au Département des Mystères. D'après les écoutes qu'il avait faites, cet homme Sturgis Podmore, devait en fait garder la porte qu'il avait tenté d'ouvrir.
À partir de là, Hariel avait émis deux hypothèses. Une trahison ou alors il avait été obligé de le faire. Probablement l'Imperius. Quel idiot ferait partit d'un groupe secret en guerre contre des personnes connues pour utiliser de tels Sorts et qui n'aurait pas appris à s'en protéger ? C'était ridicule. Et le pire, c'est qu'aucun d'eux n'était encore au courant de ce qui s'était passé. Hariel en était sûr parce qu'il avait entendu Maugrey Fol'Oeil pester à cause de l'absence de Podmore la veille. Hariel, lui, avait appris la nouvelle grâce à Simeon, mais tout cela prouvait que l'Ordre ne faisait aucun effort pour se tenir informé de ce qui se passait dans son propre camp.
Pour la première fois depuis longtemps, Hariel se mit à souhaiter être couronné rapidement afin de reprendre la situation en main. Malheureusement, tout ce qu'il pouvait faire était de prendre son mal en patience et de se concentrer sur l'année qui venait. Il allait en avoir besoin.
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Comme il l'avait prévu, ils arrivèrent sur le quai 9 ¾ seulement cinq minutes avant le départ du Poudlard Express. Les derniers étudiants étaient en train de monter et les abords du train n'étaient occupés que par des parents venus voir leurs enfants partir. Les Weasley pressèrent alors les leurs et Hariel vers le premier wagon et les poussèrent presque à l'intérieur.
Le groupe se sépara, chacun allant dans un compartiment différent. Les Jumeaux se précipitèrent vers Lee Jordan qui blêmit en les voyant et Ginny trouva celui où était déjà assise Luna Lovegood en compagnie de quelques 1res Années. Ron, lui, réussit rapidement à rejoindre Seamus et les autres Gryffondors. Il jeta un bref regard à Hariel qui l'ignora à dessein et entra à retrouver ses amis.
Le jeune Démon soupira. Il se sentait un peu cruel d'agir de cette façon avec Ron. Cela faisait déjà pas mal de temps qu'il ne pensait plus au comportement qu'il avait eu lors de leur 2e Année. En fait, il lui avait même pardonné une fois qu'il avait vu qu'il avait changé. C'était justement là le problème. Il craignait qu'en acceptant à nouveau Ron auprès de lui, celui-ci retombe dans ses vieux travers. Aujourd'hui, il était travailleur, appliqué et concentré. Un vrai Serdaigle en somme. Pourquoi risquer de revenir en arrière ?
Hariel continua à traîner sa valise le long du train jusqu'à ce que des frissons caressent sa peau. Il se tourna alors vers la porte qu'il venait de dépasser et passa ses doigts sur le bois poli. Il sourit en reconnaissant la sensation de la magie de sa meilleure amie. Une odeur de pomme, de chèvrefeuille et, depuis peu, de terre humide et de fleurs.
« Une compulsion pour éloigner les gêneurs » murmura-t-il. « Joli, Hermione. »
Trois têtes se tournèrent dans sa direction quand il ouvrit la porte.
« On a cru que tu n'arriverais jamais » soupira Hermione.
« Heureusement qu'on a eu ton message » ajouta Dean en montrant son portable.
« Oui, ça a été la galère avec les Weasley » répondit distraitement Hariel.
Ses joues s'étaient colorées de roses quand son regard était tombé sur la troisième personne présente dans la pièce. Cela ne faisait que deux ou trois jours qu'ils ne s'étaient pas vus, mais cela semblait faire plus pour eux. Les lèvres d'Hariel s'étirèrent en un sourire presque aussi grand que celui de Draco alors que les yeux gris de celui-ci étaient plongés dans les siens.
Cela faisait à peine une semaine que Draco lui avait dit qu'il l'aimait et depuis, Hariel avait du mal à le regarder sans sourire. Pourtant il ressentait un léger pincement au cœur. Il ne lui avait pas encore répondu. Il ne lui avait pas encore dit que lui aussi l'aimait. Pas avec ces mots-là. Durant ce dernier jour, ils s'étaient pris par la main, câlinés… ils avaient même essayé de s'embrasser à nouveau avec le même pitoyable résultat. Depuis, ils se faisaient juste des baisers sur les joues et le front.
Cependant, à aucun moment, Hariel n'avait réussi à prononcer ces trois mots. Il les avait eus sur le bout de la langue à plusieurs reprises, mais il n'était pas arrivé à les sortir. Draco n'avait pourtant rien dit à ce sujet. Il continuait à sourire et à dire ces mots sans jamais attendre qu'Hariel les dise à son tour. Mais Hariel savait qu'il était déçu et c'était ça qui le blessait le plus. Il aurait voulu être plus fort et prononcer ces mots qu'il avait lui-même tant de plaisir à entendre.
Soudain, une secousse manqua déséquilibrer Hariel, provoquant la rupture de leur échange de regard. Le train s'était ébranlé et commençait à partir. On entendait les cris des enfants par les fenêtres et des parents sur le quai alors qu'ils se disaient au revoir. Hermione et Dean se levèrent et se penchèrent à leur tour à la fenêtre pour dire au revoir à leurs propres parents. Grâce aux pouvoirs des petits frères et sœurs de Dean, ils pourraient retourner sans problème dans la gare au travers de la barrière.
Hariel et Draco le rejoignirent rapidement. Jouant son rôle, le timide Hariel devait dire au revoir à Mme Weasley avec chaleur et reconnaissance puisqu'elle s'était occupée de lui cet été. Draco, lui, disait au revoir à une silhouette qui attirait tous les regards avec ses longs cheveux rouges et sa cape blanche. Comme c'était prévu, il rappelait à tout le monde sa relation avec le Prince Pendragon-Emrys afin de détourner l'attention sur Hariel cette année.
Alors que le train sortait de la gare, les quatre amis se rassirent sur leurs sièges. Hariel se mit d'office à côté de Draco et Hermione et Dean s'installèrent devant eux.
« Tu as ce qu'il faut ? » Demanda alors Hermione.
« Mm ? » Fit Hariel alors qu'il s'était remis à sourire à Draco.
La jeune fille roula des yeux.
« Les dossiers. Simeon devait te donner des dossiers hier » dit-elle.
Hariel cligna des paupières.
« Tu veux faire ça maintenant ? »
« Plus vite ce sera fait, plus vite tu pourras roucouler avec Draco. »
« On ne roucoule pas ! » S'indigna Hariel sans pouvoir dissimuler le rose qui colora ses joues.
« C'est que vous n'avez pas vu vos têtes » ricana Dean. « D'ailleurs, comment vous allez faire à Poudlard ? Ce sera officiel ou… »
Hariel et Draco se regardèrent.
« Nous garderons notre relation secrète » dit ce dernier avec fermeté. « À cause de mon lien avec le Prince, je serais en première ligne. Je ne veux pas entraîner Hariel, ça serait contre-productif. Après tout, le but de la manœuvre c'est de détourner l'attention du Ministère de lui. »
« Oui. Tu as raison » dit Hariel d'une voix faible. « C'est… la meilleure chose à faire. »
La meilleure, mais pas la moins douloureuse.
« Hariel ? » Demanda Hermione.
« Mm ? »
« Les dossiers ? »
« Euh… oui, tu as raison » répondit le jeune Démon.
« Attendez » s'écria alors Dean. « On pourrait remettre ça un peu plus tard ? »
« Plus vite ce sera fait, plus vite… »
« Oui, oui, je sais ça Hermione. Mais j'ai une réunion avec les autres Préfets dans une heure alors… »
Ses amis le regardèrent avec des yeux ronds.
« Tu es aussi Préfet ? » Lui demanda Hermione.
« Comment ça "aussi" ? »
Hermione fouilla dans la poche de son jean et en sortit un badge métallique violet décoré d'un « P » argenté.
« C'est arrivé en même temps que ma lettre de Poudlard » dit-elle. « J'avais d'ailleurs complètement oublié qu'il allait y avoir une réunion à midi. »
Les Préfets étaient des intermédiaires entre les professeurs et les élèves. Ils étaient chargés de la discipline, mais ne pouvaient ni enlever de points ni donner de retenue. Ils pouvaient cependant rapporter des faits à un professeur et devaient également effectuer des rondes après le couvre-feu pour trouver des étudiants n'étant pas dans leur salle commune. Ils étaient aussi en charge de les aider lors de leur arrivée à l'école, avec leurs devoirs, etc.
Tous les ans, huit étaient choisis, deux par maisons, un garçon et une fille. Généralement, les plus responsables. Était éligible n'importe quel élève de 5e ou 6e année. On estimait que ceux de 7e année devaient pouvoir se concentrer sur leurs ASPICs. Cependant, on en choisissait deux parmi eux, encore une fois un garçon et une fille, mais de n'importe quelle maison, pour devenir Préfet-en-Chef. Ces deux-là étaient chargés d'instruire les Préfets et de les coordonner durant l'année.
« Ça veut dire que tous les deux vous allez pouvoir rester quelque temps seuls à vous faire des mamours avant d'arriver » ricana alors Dean. « Si c'est pas mignon. »
Hariel rougit. Il allait protester, mais Draco toussota à ce moment-là.
« En fait… » dit-il.
Il fouilla dans sa propre poche et en sortit un badge identique à celui d'Hermione.
« Toi aussi ? » Demanda Hariel.
Ses trois meilleurs amis étaient donc Préfets ? Ça ne pouvait pas être une coïncidence.
« Ça ne peut pas être une coïncidence » dit alors Hermione, exprimant les craintes du jeune Démon.
« Peut-être un moyen pour Dumbledore afin de t'isoler » dit Draco.
« Peut-être, en effet. »
« On peut refuser, si tu veux » proposa Dean.
Les Préfets pouvaient parfaitement refuser leur rôle. Ils pouvaient également être déchus de leurs droits. Ils pouvaient par exemple ne faire qu'une année de service sur les deux de leur mandat. Ils pouvaient même être dégradés durant l'année si nécessaire.
« Non » dit Hariel. « Je pense que c'est pour le mieux. Si Dumbledore prépare quelque chose, le mieux est que je serve d'appât. »
Draco grimaça.
« Je n'aime pas particulièrement te voir dans ce rôle » dit-il.
« Moi non plus, mais je fais avec » lui répondit sèchement Hariel.
Celui-ci baissa les yeux, mais ne répliqua pas.
« On ferait bien d'y aller » dit Hermione au bout d'un certain temps.
Il était presque midi. Elle se leva et, suivit de Dean et Draco, sortis du compartiment. Hariel se retrouva seul. Il passa quelques minutes à regarder pensivement la porte avant de bouger. Comme c'était l'heure du déjeuner, il en profita pour manger en lisant un livre d'astrophysique, son nouveau domaine de thèse. Vers 13h, ses amis n'étaient toujours pas revenus. Il rangea sa lecture dans son sac ours en peluche et en tira autre chose.
C'était une pile de pochettes qu'il posa sur la petite table qui se trouvait sous la fenêtre. Il jeta ensuite un sort pour l'agrandir et un second pour éliminer les cahots du train. Le seul moyen qui permettait maintenant de voir qu'il avançait était en regardant le paysage défiler par l'ouverture. Avec cela, les documents ne tomberaient pas et il avait à présent la place pour s'étaler.
« Alors… » murmura-t-il pour lui-même en prenant le premier dossier de la pile. « Voyons voir qui Fudge va bien pouvoir nous envoyer. »
À peine deux jours avant la rentrée, le Ministre avait émis le Décret d'éducation n° 22, un acte exécutoire ayant force de loi ou presque. Dans la hiérarchie des textes législatifs, les décrets, émis par le pouvoir exécutif, étaient juste en dessous des lois. Cela voulait dire que tant que ceux-ci n'y contrevenaient pas, ils étaient légaux.
Celui-ci disait en substance que si la direction de Poudlard (seule école de l'Angleterre Magique) ne pouvait compléter ses effectifs à temps alors le Ministère avait le droit d'imposer quelqu'un pour le ou les postes vacants. Bien entendu, comme chaque année, il n'y avait pas de professeur de Défense Contre les Forces du Mal. À cause de la malédiction (prétendue ou réelle), les candidatures s'étaient raréfiées d'année en année si bien que cette fois-ci, personne n'avait pu être trouvé.
Fol'Oeil avait essayé de récupérer son poste, mais de soi-disant médecins avaient proclamé qu'il n'était pas apte à enseigner suite au traumatisme de la captivité. Décidément, les Sorciers utilisaient la psychologie que quand ça les arrangeait. Personnellement, Hariel était sûr qu'il y avait du Fudge là-dessous. Il était facile de deviner qu'il désirait l'un de ses sbires sur place afin d'espionner et de contrôler les choses.
C'est pour ça que Draco voulait être en première ligne. Depuis le début des vacances, Fudge attaquait systématiquement Dumbledore au sujet du retour de Voldemort. Il avait fait toute une campagne de dénigrement qui incluait le Prince Pendragon-Emrys puisqu'il était proche du vieil homme. Nul doute que l'une des missions de son fidèle à Poudlard serait de trouver un moyen de nuire à Dumbledore de l'intérieur et par la même occasion à Hariel.
En effet Dumbledore n'est pas le seul à être là cible des foudres du Ministre. Hariel en fait également les preuves. Parce que c'est lui qui a parlé en premier de Voldemort, Fudge veut s'en servir de levier pour faire chuter son adversaire. C'est pour ça que depuis le début de l'été, des articles de journaux s'enchaînent au sujet d'Hariel, mettant en doute sa probité et même sa santé mentale. Grâce à sa main mise sur la Gazette, il était facile pour Fudge de faire passer son message.
Cependant, si Draco pouvait offrir une autre cible au Ministre au lieu d'Hariel, une sorte de moyen de toucher directement le Prince par son intermédiaire (puisqu'ils étaient tous les deux censés être pupilles de Simeon), alors il sauterait dessus. C'était une idée de Draco qu'Hariel avait d'abord totalement rejetée. Mais celui-ci avait passé tout l'été à y réfléchir, depuis la parution des articles. Il avait donc des arguments imparables qui avaient fait fléchir son (petit) ami.
Mais ce n'était pas suffisant. Pour Hariel, il était nécessaire de se méfier de l'envoyé de Fudge et pour cela il fallait le connaître. Malheureusement, le Ministre n'avait pas donné le nom de la personne qui allait assurer le poste de Défense pendant l'année. C'était un secret lourdement gardé. Hariel avait donc demandé à Simeon de faire une enquête et de rassembler les dossiers de tous les fidèles de l'homme ayant les capacités pour enseigner la matière.
Sous les yeux il avait plusieurs Aurors et Policiers qui pourraient faire l'affaire. Simeon avait même ajouté à la pile ceux qui avaient simplement eu leur ASPIC dans cette matière. Hariel doutait que cela suffise pour faire un bon professeur, mais il ne pensait pas que Fudge ait l'éducation des élèves très à cœur.
Il avait donc décidé avec ses amis de lire les différents documents et d'essayer de deviner lequel, parmi ceux-là, était celui de leur nouvel enseignant, ce qu'ils firent quelque temps après leur retour de leur réunion. Malheureusement, le soir venu, alors qu'ils pénétraient dans la Grande Salle, ils se rendirent compte qu'ils avaient eu tout faux. Quelqu'un de nouveau était bien assis à la table des professeurs et ce n'était aucune des personnes dont ils avaient les dossiers. Pourtant, ils la connaissaient très bien.
Dolores Ombrage.
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« Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? » Murmura Hermione tout bas. « Elle n'était pas dans les dossiers, je n'ai pas rêvé. »
« Non » siffla Hariel entre ses dents. « Tu n'as pas rêvé. Elle n'y était pas parce qu'elle n'a pas obtenu d'ASPIC en Défense. »
« Comment tu le sais ? »
« Ça fait longtemps que je la surveille à cause de ses opinions et de sa proximité avec Fudge. Bien évidemment, j'ai déjà lu tous les dossiers sur elle. »
« Mais… elle peut faire ça ? Enseigner je veux dire. »
« Apparemment, elle en a le droit. Même si je doute que le contenu de ses cours soit bien édifiant. Décidément, Fudge est un enfoiré. Sacrifier l'éducation des enfants pour ses ambitions personnelles, c'est… »
Il détourna les yeux de la femme pour éviter de la foudroyer du regard. Elle était assise toute droite dans sa chaise, vêtue de rose comme à son habitude, bien coiffée et avec son doux sourire de grand-mère. Décidément, elle allait bien avec Dumbledore puisque celui-ci s'amusait à se faire passer pour un gentil grand-père.
Hariel avait un mauvais pressentiment à ce sujet. Et comme il savait à présent que certains d'entre eux étaient liés à son futur pouvoir sur le Temps, cela ne le fit que frémir de plus belle. Quelles surprises cette année allait bien leur réserver ?
Mais déjà, les portes s'ouvraient pour laisser entrer les Premières Années dirigées par McGonagall. Hariel regarda passer le professeur avec mépris comme elle avançait vers l'estrade où se trouvait le Choipeau, posé sur son tabouret. Dumbledore tapota alors son verre de cristal avec son couteau et les conversations cessèrent. Quand le silence fut total, la fissure qui servait de bouche à l'objet magique s'ouvrit et il se mit à chanter.
« En des temps anciens, bien avant que je fus moi
De quatre Mages récompensés par le Roi
Élèves de Merlin, Morgane et Nimueh
Se vit offrir une terre où s'y installer
Ici, rassemblés par une même passion
Ils avaient tous les quatre pour noble ambition
De répandre leur savoir acquis à la ronde
Comme le firent leurs maîtres d'au-delà du Monde.
"Ensemble, bâtissons un haut lieu de savoir"
Décidèrent les quatre Mages, faisant Histoire
Mais points ne se doutaient que le sort cruel
S'abattrait sur eux et leur école modèle
Ensembles et unis à la vie comme à la mort
Tels étaient les deux, Serpentard et Gryffondor
Ensemble et unis jusqu'à leur tout dernier souffle
Tel étaient également Serdaigle et Poufsouffle.
Entre eux tous également les liens étaient forts.
Ils se croyaient protégés, comme ils avaient tort.
On dit bien que le sang est plus épais que l'eau
Mais un sang corrompu est le pire des cadeaux.
Ignorant le danger et fier de leur ouvrage
Chacun de ces grands Mages s'attelait au partage
De leurs futures charges selon leurs qualités
Qui, selon eux, leur permettrait de bien briller
Serpentard disait : "À moi les ambitieux
Ceux qui veulent par-dessus tout atteindre les cieux"
Serdaigle disait : "À moi les savants
Ceux que la soif de savoir fait marcher devant"
Gryffondor disait : "À moi les chevaliers
Ceux chez qui bravoure et cœur destinent à aider"
Poufsouffle alors disait : "À moi les plus loyaux
Ceux qui travaillent dur sans jamais de repos."
Pour un tel partage, l'engouement fut général
Il y eut quelques divergences, quoi de plus normal ?
Pour touts Mages qu'il fût, ils étaient bien Humains
C'est ainsi, l'harmonie régna bien, c'est certain
Cependant, cette félicité vint à choir
Et alors qu'Albion se trouvait dans le noir
Sans son Roi, son épée, son château, son espoir
Vint le temps des guerres et des morts pour le pouvoir
Même l'école ne fut pas épargnée, de fait
Puisque la traîtrise mit le doute dans les têtes
La discorde survint entre amants et amis
De simples illusions mirent fin à l'harmonie
Mais dans les ombres, le vrai mal était terré
Brisant de l'intérieur ce qui avait été
Et quand enfin se montra en pleine lumière
Ne demeurait devant lui que ruines et enfer
Pourtant le sang royal bien présent en ce lieu
Même sans son trône son épée ou ses aïeux
Ramena l'espoir bien vivant par son pouvoir
Et chassa le mal, mais il était bien trop tard
De fait, colères et doutes avaient eu raison
De la belle amitié devenue trahison
Si bien qu'un matin, blessé à l'âme, Serpentard
Estima qu'était venue l'heure de son départ.
Les Mages restants en furent emplis douleur
Se sentant fautive d'avoir trahi l'un des leurs
Malgré cela leur mission n'était pas finie
Mais jamais ensuite leurs maisons ne furent unies »
Hariel cligna des yeux en entendant ces mots. Il connaissait l'histoire, bien sûr, mais jamais encore il ne l'avait entendue être diffusée. Et surtout pas parmi les Sorciers.
Il avait toujours eu des doutes sur le mythe de Serpentard. Son esprit analytique lui disait qu'il y avait anguille sous roche. C'était trop précis, trop répétitif. Même pour les Sorciers on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'un récit traverse les âges sans subir des altérations. De plus, étant lui-même un de ses descendants, il ne pouvait pas accepter de condamner son ancêtre sans plus d'information.
Il s'était donc mis à fouiller en dehors des sentiers battus, notamment dans les bibliothèques familiales contenues dans les coffres de Gringotts. Après tout, il avait bien accès à celui du Fondateur. À ceux de tous les Fondateurs. Alors, pourquoi ne pas chercher là ?
Il n'avait pas explicitement trouvé toutes les réponses sur les évènements de cette époque, ceux décrits dans les livres Sorciers. Cependant, il avait pu mieux cerner la véritable personnalité de Salazar Serpentard au travers de ses écrits et des quelques témoignages des autres Fondateurs.
Selon la tradition, Serpentard était un sorcier sombre, mystérieux, froid et cruel. Il mettait les hautes lignées magiques au-dessus de tout et détestait les enfants Nés-de-Sapiants (au point de vouloir les tuer avec le monstre de la Chambre des Secrets). Mais d'après ce qu'il avait pu trouver, il était en fait plus asocial qu'autre chose. C'était également un génie et comme beaucoup d'entre eux, il avait du mal à communiquer avec des gens normaux sans paraître condescendant. Sans compter un quotient émotionnel assez bas.
Pourtant, toujours selon ces écrits, ses amis, les autres Fondateurs, étaient capables de le comprendre et de l'accepter. Plus particulièrement Godric Gryffondor même si les raisons n'étaient pas très claires.
De plus, en ce qui concerne ses idées prétendument eugénistes, elles venaient du fait qu'en ce temps-là, la véritable signification du fait d'être Sang-Pur était encore connue. Il était donc tout naturel pour lui de vénérer des familles qui permettaient à la magie de se diffuser dans le monde, un don reçu par la Déesse par le fondateur et sa lignée pour un exploit remarquable. Surtout qu'aucun des quatre n'était encore lui-même Sang Pur à l'époque.
De plus, Salazar ne détestait pas les enfants nés de Sapiants. Il avait peur d'eux. Plus particulièrement, il avait peur de leurs familles non magiques. La crainte des Mages était déjà très grande à cette époque-là. Grâce à ce qu'il avait appris cet été, il savait que cela venait d'abord de l'insurrection de Mordred. Ensuite, les croyances religieuses qui s'étaient implantées à la mort d'Arthur avaient créé un nouveau climat de terreur. De façon ironique, les prêtres avaient retourné les gens contre les utilisateurs de magie en prétendant que leurs pouvoirs provenaient du diable alors que justement, Merlin avait tout fait pour les en détacher.
Toujours est-il que, bien avant la mise en place du Code International du Secret Magique, Salazar était partisan d'une séparation d'avec les Sapiants. Selon lui, ils étaient trop dangereux. Et leurs enfants naissant avec des pouvoirs étaient des brèches qui pourraient permettre à ceux qui désiraient les éliminer de remonter jusqu'à eux et de mettre en danger les autres élèves. Mais à aucun moment il n'a prôné la destruction des Sapiants ou de leurs descendants nés magiques. Il voulait juste que les Sorciers abandonnent ces derniers pour se protéger.
C'était sur ce point que venaient les désaccords avec les autres Fondateurs. Ceux-ci craignaient que la magie non maîtrisée de ces enfants ne cause des dégâts parmi la population Sapiante. Ceux-ci auraient alors encore plus peur d'eux ce qui provoquerait une escalade de la violence et un schisme plus important avec eux. Serpentard avait cédé, mais ses idées avaient été reprises et amplifiées par les évènements qui avaient suivi.
Cependant, ces évènements en particuliers et ce mal décrits dans la chanson du Choipeau, Hariel n'en avait eu connaissance que l'été de ses 13 ans. Il avait récupéré les documents de la bibliothèque de Serpentard dissimulé dans la Chambre des Secrets et les avait soigneusement analysés. Ils étaient tous écrits en Fourchelangue, mais bien sûr, ce n'était pas un problème pour lui.
C'était dans ces documents qu'il avait notamment appris la véritable nature de la relation entre Salazar Serpentard et Godric Gryffondor. Comme le disait la chanson, ils étaient bien unis à la vie à la mort par un lien qui n'était rien de moins que celui du mariage. Les Fondateurs n'étaient donc pas seulement formés de quatre amis, mais de deux couples, chacun ayant eu les enfants qui deviendraient les ancêtres d'Hariel.
Mais la plus grande révélation venait du fait que Serpentard avait un frère.
Velasco Serpentard était le petit frère de Salazar. Sans qu'il ne sache bien pourquoi, celui-ci avait toujours éprouvé de la jalousie envers lui ainsi qu'une soif de pouvoir démesurée. Il avait mis au point un plan pour conquérir l'Angleterre tout en faisant souffrir son aîné. Il avait créé un sorcier noir dont il avait fait son subordonné, l'envoyant semer la terreur et monter une armée. C'était notamment lui qui avait détruit les arbres des Brownies afin de les lire à lui et utiliser leurs pouvoirs.
À cette époque-là, les Fondateurs étaient déjà reconnus comme les Magiciens les plus puissants. En effet, le Roi Arthur venait de décéder et Merlin, Morgane et Nimueh n'étaient plus là. Quand il avait entrepris ses recherches, Hariel n'avait pas trouvé plus de détails. Cependant, à présent qu'il avait parlé à Ganos, il était au courant que celle-ci ne pouvait plus agir, ayant subi l'ascension, que Nimueh était morte et que Merlin était partit combattre les Oris, mettant Camelot à l'abri pour que sa technologie ne tombe pas entre de mauvaises mains.
Les Fondateurs étaient donc seuls à pouvoir s'opposer à ce Mage Noir. Pourtant celui-ci leur échappait toujours, comme s'il savait ce qu'ils allaient faire. C'est alors que Velasco avait commencé à semer le doute entre eux. Il avait fait en sorte qu'ils pensent qu'il y avait un traître parmi eux. À ce moment-là, la majorité des soupçons s'étaient tournés vers Salazar. Ses positions anti-Sapiants, son caractère ombrageux ainsi que sa glorification de l'ambition étaient connus de tous. Grâce à des paroles bien orientées de la part de Velasco, les soupçons étaient devenus des accusations. Bien entendu, les autres Fondateurs, Godric en tête, avaient défendus leur ami. Mais pourtant, les doutes avaient fini par s'emparer d'eux aussi. Selon les écrits de Serpentard, ceux-ci n'avaient jamais rien dit à voix haute. Cependant, ils s'étaient éloignés de lui d'une façon qui avait horriblement blessé l'homme.
Finalement, au moment où Velasco s'était exposé directement pour le dernier assaut, leur relation était si détériorée que la révélation et la culpabilité qui en découla la firent voler en éclat. Les Fondateurs n'étaient alors plus capables de s'entendre et de combattre Velasco et son Mage Noir. Ils allaient être vaincus quand l'enfant de sang Ancien était intervenu.
C'était comme ça que Salazar l'appelait. « L'enfant de sang Ancien ». Dans la chanson du Choipeau, il était juste désigné sous le terme de « sang royal ». Avec ce qu'il avait appris de Morgane, celui-ci ne pouvait être que Lancelot Pendragon, fils du Roi Arthur et la Grande Prêtresse Nimueh, mais aussi de Moros, l'Alteran, ou Ancien comme est nommé son peuple à travers la Voie Lactée.
En tout les cas, grâce à son pouvoir et son charisme, il avait réussi à rassembler les Fondateurs et les autres Magiciens sous sa bannière pour vaincre Velasco. Malheureusement, comme l'avait dit le Choipeau, le mal était déjà fait. Meurtri, blessé et trahi par ses amis et par mètre qu'il aimait le plus au monde, Salazar avait alors quitté Poudlard, non sans avoir auparavant couché son histoire sur le papier et laissé une protectrice dans la Chambre des Secrets pour garder l'école en son absence. Il n'était écrit nulle part qu'il y avait eu un jour une réconciliation.
Soudain, les vers du Choipeau attirèrent l'attention d'Hariel. Il comprit qu'ils parlaient de lui.
« Mais un rai de lumière éclaircit le futur
Alors que vient l'héritier du grand Roi Arthur,
Ses ombres et son épée apporteront l'espoir
Et chasseront la menace du Mage Noir
Sa lumière se déversera alors en nous
Et ce monde il rendra plus censé et plus doux
Par la force de sa connaissance, sa bonté,
Son intelligence et de sa grande clarté
Mais seul il ne peut accomplir sa destinée
Il est condamné à échouer s'il n'est aidé
Il appartient alors à tous de s'unir
Au-delà de toute caste et pour notre avenir
Car cette école posera la première des pierres
De son futur empire qui sera millénaire
Enfants, grandissez et retrouvez l'harmonie
Que les générations qui viendront soient bénies
Et à présent que j'ai évoqué cet âge d'or
Qui vous attendra quand sortirez au dehors
Il est temps de commencer cette expérience
Que pour vous la répartition maintenant commence »
Un grand silence s'installa pendant quelques instants après que le Choipeau eût fini sa chanson. L'histoire des Fondateurs, l'avertissement qui concernait, bien évidemment le Prince Pendragon-Emrys et la prédiction d'un avenir radieux… tout cela faisait bouillir les jeunes gens d'impatience. Ils n'avaient pas tous compris, mais ils savaient que des choses importantes allaient se passer.
De son côté, Hariel était songeur. Certes, ce chant apologique était flatteur. Mais c'était plus que ça. Il confirmait ce qu'il avait toujours dit : que la vraie révolution du Monde Sorcier commencerait à Poudlard. C'est d'ici que sortiraient les futurs membres de son gouvernement, les personnes qui bâtiront le pays dont pour l'instant les fondations n'étaient même pas encore posées. Savoir cela était très grisant… et un peu effrayant.
À ce moment-là, Hermione lui donna un coup de coude et lui désigna du menton la table des professeurs. Ombrage était blême de rage et fusillait du regard Dumbledore. Elle devait penser que c'était lui qui avait demandé au Choipeau de lui faire de la pub. C'était probable effectivement. Cependant, il était fort probable aussi que l'objet magique n'ait écouté qu'une partie des consignes du directeur. En effet, celui-ci le fixait avec colère. Possible que la portion sur les Fondateurs soit une idée originale du Choipeau. Dumbledore avait passé sa vie à attiser la haine entre les maisons tout en prêchant l'unité dans le but d'ostraciser Serpentard et en faire un bouc émissaire comme à l'époque.
Cependant, la chanson du Choipeau avait beau être absconse, ceux qui savaient écouter auraient compris le message : Salazar Serpentard avait été un pion dans un plan plus vaste et avait servi de victime sacrificielle. Une façon de reformer l'ancienne harmonie en restaurant l'histoire en quelque sorte.
Quoi qu'il en soit, l'incident fut rapidement oublié quand le professeur McGonagall commença à appeler les noms des Premières Années pour qu'ils soient triés. Au moment où elle avait élevé la voix, tant Dumbledore qu'Ombrage avaient repris leurs expressions de fausse bienveillance.
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« À présent que nous sommes tous occupés à digérer un autre de nos somptueux festins, je vous demande de m'accorder quelques instants d'attention afin que je puisse vous donner les traditionnelles recommandations de début d'année » dit Dumbledore.
La répartition s'était déroulée sans encombre. Le repas également. C'était vraiment une année comme les autres. À présent que le banquet était fini, Dumbledore allait donc faire son discours habituel. Il commença par rappeler qu'il était défendu de se rendre dans la forêt, qu'il était interdit de faire de la magie dans les couloirs entre les cours et que la liste des objets proscrits était affichée sur la porte du bureau de Rusard (une mesure stupide puisque personne n'y allait jamais à moins d'y être forcé, le plus souvent après avoir utilisé l'un des objets mentionnés par ladite liste).
Il présenta ensuite les nouveaux professeurs. Ombrage, bien sûr, pour la Défense Contre les Forces du Mal, mais aussi le professeur Gobe-Planche pour ceux de Soin aux Créatures Magiques. Surpris, Hariel regarda la table surélevée. Obnubilé par Ombrage et Dumbledore, il n'avait même pas remarqué qu'Hagrid n'était pas présent. Est-ce qu'il avait abandonné ? Est-ce qu'on avait demandé à ce qu'il quitte son poste après les articles de l'année dernière ?
Hariel était encore dans ses pensées quand il entendit un léger toussotement qui interrompit la suite du discours de Dumbledore. Celui-ci, qui parlait des sélections pour le Quidditch, se tourna alors vers Ombrage. Celle-ci s'était levée. Enfin sans doute. Elle n'était pas très grande, si bien qu'on avait du mal à voir la différence entre cette position et la position assise. Il y eut donc un moment de flottement puis Dumbledore l'invita à s'exprimer avant de se rassoir.
« Merci professeur, pour ces sympathiques mots de bienvenue » dit-elle.
Hariel frissonna de dégoût. Il ne l'avait jamais encore entendu avec cette voix. Il faut dire que sa seule expérience venait des souvenirs d'Excalibur donc ce n'était pas vraiment une référence. Toujours est-il que la femme avait un timbre assez haut perché. Comme une petite fille. Dans le même temps, son ton était mielleux. À la fois doux, mais aussi extrêmement gluant. Elle avait beau avoir l'air d'un chapeau, en cet instant elle tenait plus de la limace baveuse.
« Je dois dire que c'est un grand plaisir de revenir à Poudlard et de voir tous ces joyeux petits visages levés vers moi ! »
Et en plus, elle délirait. Géniale. Aucun visage d'élève n'était « joyeux ». Perplexes, dubitatifs, incrédules, sans doute, mais pas joyeux. Surtout pas après le sourire effrayant qu'elle avait fait en disant ces mots et son ton hautement condescendant. Comme si elle s'adressait à de petits enfants.
« J'ai hâte de vous connaître tous et je suis sûre que nous deviendrons vite de très bons amis ! »
Il y eut un léger brouhaha de rires et remarques sarcastiques, mais qui se termina rapidement après un nouveau toussotement de la femme.
« Le ministère de la Magie a toujours accordé une importance primordiale à l'éducation des jeunes Sorcières et des jeunes Sorciers » reprit-elle.
Mais sa voix avait changé. Elle n'avait plus celle d'une petite fille, mais d'une femme d'affaires. Le rythme de ses paroles était également différent. Il était plus neutre, mécanique, comme si elle récitait un discours.
« Les quelques dons que vous avez pu recevoir à votre naissance ne se révéleraient pas d'une très grande utilité si une instruction attentive ne se chargeait de les cultiver et
de les affiner. L'ancien savoir dont la communauté des sorciers est l'unique dépositaire doit être transmis aux nouvelles générations, si nous ne voulons pas qu'il se perde à jamais. Le trésor de la connaissance magique amassé par nos ancêtres doit être conservé, enrichi, bonifié, par ceux qui sont
appelés à la noble mission de l'enseignement. »
Elle inclina sa tête en direction de ses collègues, mais aucun ne lui rendit le geste. Tout comme Hariel ou d'autres élèves, ils avaient compris ce qu'elle disait. Il ne s'agissait pas du discours d'une pédagogue, mais d'une politicienne : des phrases toutes faites, des accumulations d'adjectifs similaires et au milieu, bien caché derrière des tournures de langage, le vrai message.
"... Car l'absence de progrès signifie la stagnation puis le déclin. Mais le progrès pour le progrès ne doit pas être encouragé pour autant, car nos traditions éprouvées par le temps n'ont souvent nul besoin d'être modifiées. Un équilibre entre l'ancien et le nouveau, la pérennité et le changement, la tradition et l'innovation… »
En clair, il était inutile de se poser des questions. Ce qu'elle disait c'était que toutes les réponses étaient déjà là et qu'il n'y avait pas à chercher plus loin. Tout l'inverse en sommes de ce que voulait Hariel. Son but était de réveiller les esprits, d'encourager la pensée et la critique tandis qu'elle prenait l'endormissement et la confiance aveugle dans le passé et les usages. Une tactique assez simple, mais qui fonctionnait : il fallait faire croire à la population que le monde allait changer, mais qu'il était nécessaire de le faire lentement pour préserver aussi les traditions. Par la suite, toute innovation serait interrogée jusqu'au rejet et tout rejet de tradition serait contesté. En clair, la société stagnerait.
« Aussi, n'hésitons pas à entrer dans une ère nouvelle d'ouverture, d'efficacité, de responsabilités, avec la volonté de préserver ce qui doit être préservé, d'améliorer ce qui doit être amélioré, et de tailler dans
le vif chaque fois que nous serons confrontés à des pratiques dont l'interdiction s'impose. »
Cette partie-là était claire. Très claire même. Comme Hariel le suspectait, le Ministère avait pour volonté de faire preuve d'ingérence à l'égard de Poudlard. Et Ombrage était là pour s'assurer que les contrevenants à ses règles soient fortement découragés… par n'importe quels moyens.
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« Cette… cette femme ! » Cracha Hermione une fois qu'ils furent rassemblés dans le Repaire.
Elle avait tenu jusqu'à la fin de soirée. Après la célébration, elle avait conduit les élèves de Serdaigle de Première Année à leur salle commune avec Ron. En effet, celui-ci avait été nommé Préfet de leur année à la grande incompréhension de tous sauf bien sûr d'Hariel. Dumbledore avait dû remarquer que Ron traînait à nouveau près de lui l'année précédente. Il devait penser qu'ils s'étaient réconciliés. Donc il avait dû l'inclure dans son plan pour isoler toujours plus Hariel.
Cependant, sa nomination ne semblait pas faire l'unanimité. Certains de leurs camarades de chambre et même parmi les garçons de 6e Année s'étaient mis à chuchoter sur son passage. On lui reprochait de n'avoir obtenu sa place que parce qu'il était proche du Survivant. Ce qui était vrai. Pourtant, ce n'en était pas moins cruel envers Ron qui n'avait rien demandé.
Toujours est-il que lui comme Hermione était ensuite allé effectuer leur première ronde de l'année. Ils doutaient qu'il puisse y avoir des élèves en dehors de leur dortoir, mais les Préfets-en-Chef voulaient leur signifier leur secteur qui resterait le même toute l'année. Grâce à cela, il avait été facile pour Hermione, Draco et Dean de rejoindre le Repaire sans être remarqué. Hariel, lui, avait simplement laissé une illusion dans son lit comme il lui était déjà arrivé de le faire auparavant.
Dans le Repaire, les autres les attendaient. Remus, Sirius, Viktor, Fleur, Cédric et également Skōll et Hati. Ils ne pouvaient peut-être pas rester avec Hariel à l'école, mais au moins ils pouvaient le voir quand il venait là.
« Mais tu l'as entendu, non, Hariel ? » Continua Hermione.
« Bien sûr que je l'ai entendu. Mais elle n'a rien dit de plus que ce que je prévoyais de sa part. Fudge veut empêcher mon accession au trône. Il pense que si la population Sorcière refuse je ferais marche arrière. C'est pour ça que lui et Ombrage essaient de persuader tout le monde que le changement est dangereux. »
« Ça je l'avais bien compris » soupira la jeune Magicienne avec exaspération. « Et si Ombrage est là, c'est principalement pour vous court-circuiter Dumbledore et toi et s'assurer la main mise sur les futures générations. Je vois la logique, mais on ne peut pas laisser faire ça. Qu'est-ce que tu comptes faire ? »
« Rien du tout » répondit simplement son ami.
« Comment, rien du tout ? » S'étouffa Hermione. « Je croyais au contraire que l'éducation était notre priorité. Que c'était là que les Sorciers pouvaient acquérir de la "pensée critique" ! C'est bien ce que tu as dit aux Chevaliers, non ? »
« C'est ce que j'ai dit, mais pour ce qui est de cette année, je ne peux rien faire. Il faut absolument que je reste sous le radar. »
« Tu as affronté des Démons, des Dragons et tu as même mis le Roi Arthur sur son trône ! Ne me dis pas que le Ministère te fait peur ? »
« Cela n'a strictement rien à voir avec une quelconque peur du Ministère. J'ai besoin que les gens m'oublient pour que je puisse plus facilement sécuriser mon propre trône. »
« Quoi ? Au détriment de notre génération ? »
« Mais si tu tiens tant à protester, fais-le toi-même ! » S'exclama alors Hariel.
« Je… tu… très bien ! » S'écria Hermione. « Je vais le faire ! Maintenant, si tu veux bien m'excuser, j'ai une ronde à faire ! »
Un cercle magique couleur lavande apparut sous ses pieds et elle disparut en quelques secondes. Hariel, lui, soupira.
« Ça aurait pu mieux se passer » dit-il.
« Ça, c'est sûr » dit Sirius.
Son filleul lui jeta un regard noir.
« En tout cas, merci pour le soutien » siffle-t-il.
« Oula ! M'interposer entre vous deux ? Non merci.
« De plus, tu n'es pas le seul à avoir des problèmes, tu sais ? » Rajouta Remus. « Tu n'as même pas remarqué que Fleur était préoccupé. »
Hariel cligna des yeux et se tourna vers la jeune femme qui rougit.
« Quoi ? Moi ? Mais… mais non ! » S'exclama-t-elle.
Tremblement de la voix.
« Tu es sûr ? » Demanda-t-il.
« Évidemment ! Tout va bien, je t'assure. »
Sourire faux et pas de mouvements orbiculaires. Expression de joie trop longue, trop appuyée. Tout cela était des indices de mensonges. Hariel fixa donc sa servante plus intensément. Celle-ci, sans cesser de sourire, croisa les bras devant elle. Signe d'isolement, d'auto contrôle, de réduction du stress ou de dissimulation de l'insécurité. Il y avait définitivement quelque chose qui n'allait pas.
Hariel se leva alors et se rapprocha d'elle.
« Je sais que tu ne me dis pas la vérité. Je vois bien que tu te sens mal à l'aise, mais je suis là pour t'aider, tu sais. »
Fleur détourna le regard.
« Écoute, je sais que c'est embarrassant, mais il faut que tu lui dises » reprit Remus. « Si tu ne veux pas, aucun de nous ne dira rien non plus, mais ce n'est pas bon que tu gardes tout ça pour toi. »
La jeune femme se tourna vers l'homme plus âgé et le regarda dans les yeux. Elle se mordilla légèrement la lèvre avant de finalement se décider à parler.
« C'était… pendant la distribution ce matin » commença-t-elle.
Aujourd'hui devait être leur premier jour de travail. Au départ, Hariel voulait débuter leur formation au alentour de la fin juillet pour leur permettre de s'habituer à leur condition pendant le reste du mois. Cependant, il avait été un peu occupé et vu qu'à son retour, pas mal de choses s'étaient enchaînées, il avait prévu que leur première sortie pour distribuer des flyers se ferait dans la journée. Sirius et Remus devaient encadrer les trois nouveaux Démons pendant qu'Hariel et Draco seraient en route pour l'école.
En pensant à cela, le jeune garçon se mordit la lèvre. Il avait totalement oublié cela à cause des évènements de la journée. Pourtant, savoir comment ça s'était passé aurait dû être sa première question en arrivant.
« En fait… » reprit Fleur. « Je crois que… que mes pouvoirs Veela se sont éveillés. »
« Ce n'était pas déjà le cas ? » Demanda Draco.
« Non… pas vraiment. J'avais quelques capacités, mais je n'étais encore qu'une Métisse avant… de… enfin, de devenir un Démon. »
Les Veelas étaient une race féérique qui était dans l'impossibilité de se reproduire ou même de trouver leur Compagnon parmi les leurs. Comme un certain nombre de Créatures, c'est-à-dire des êtres intelligents, mais qui pouvaient être conduits par un instinct (au contraire des Êtres), le Veela avait des Compagnons, des âmes sœurs en quelque sorte. Ce n'était qu'avec cette personne qu'elle pouvait avoir des enfants. Bien sûr, tous leurs descendants seraient des Métis. Cependant, il arrivait que certains d'entre eux s'éveillent à l'intégralité de leur pouvoir Veela au moment de leur Héritage Magique. Ils ne sont plus alors des Métis, mais des Veelas à part entière.
Cette transformation pouvait parfois sauter des générations. Ainsi, ni la mère de Fleur ni aucune de ses sœurs n'était devenue une véritable Veela. Pourtant, deux des cousines de la jeune femme l'avaient fait… et maintenant, elle.
« Ce n'est pas logique » dit-elle. « J'ai déjà eu mon Héritage. Et je ne suis pas devenue une Veela. »
« Mais entre-temps, tu es devenue un Démon et ça change tout » lui répondit Hariel. « Il arrive que la Transformation éveille des potentiels cachés. »
« Je m'en serais bien passé » grogna Fleur.
« Pourquoi ? »
La jeune femme fit la grimace. Elle ouvrit la bouche, rougit puis la referma avant de se tourner vers Remus, quêtant son aide.
« Eh bien, pendant que nous distribuions les tracts, beaucoup de gens ce sont… intéressés à elle. Ils se sont mis à délirer pour bien se faire voir d'elle et se sont montrés extrêmement pressants. »
Hariel fronça les sourcils. Il n'y avait jamais assisté, mais il savait que le Charme des Veelas pouvait faire perdre la tête de certaines personnes.
« Je… je n'arrivais pas à les arrêter… à m'arrêter… J'ai… J'ai dû m'enfuir. »
« Mais, d'après ce que je sais, les Veelas peuvent contrôler leur Charme, non ? » Intervint Draco.
« Ce n'est… pas instinctif » lui répondit Fleur. « Il faut s'entraîner pour y parvenir. Les Veelas nouveaux nés attirent tous les gens à proximité sans le vouloir. C'est pour ça qu'ils sont généralement emmenés ailleurs, dans un lieu isolé. Quand mes cousines se sont éveillées, ma grand-mère est venue les chercher pour les amener avec elle dans un endroit avec seulement d'autres Veelas. Ils sont naturellement immunisés contre les pouvoirs de leur propre espèce. »
« Pourtant, quand moi je suis devenu un Démon, j'ai eu le contrôle de mon Loup, non ? » Remarqua Remus.
Hariel secoua la tête.
« Tout le monde ne réagit pas de la même façon à la transformation » dit-il.
« Mais pourquoi ça ne se manifeste que maintenant ? » Interrogea Draco. « Cela fait quand même plus de deux mois déjà. »
« Les Veelas n'attirent que les gens qui peuvent être attirés par eux. Ça voudrait dire qu'aucun de vous n'est hétéro ? » Demanda Fleur en une piètre tentative d'humour.
Tous les hommes de la pièce se regardèrent alors les uns les autres avec étonnement.
« Hey ! J'aime aussi les femmes ! » S'exclama Draco.
« Mais ça ne fonctionne pas non plus sur ceux qui sont vraiment amoureux » rajouta Fleur qui explosa de rire en voyant le visage du jeune garçon devenir carmin.
« On se calme tout le monde. Nous sommes des Démons et donc moins sensibles aux manipulations psychiques » intervint Hariel qui avait tout de même un petit sourire aux lèvres.
Puis il reprit son sérieux et se tourna à nouveau vers sa servante.
« Donc, tout ce que tu as à faire, c'est de t'entraîner pour contrôler tes pouvoirs Veela, c'est ça ? »
« Oui… je suppose… mais je ne sais pas trop comment faire. Depuis… depuis ce qui s'est passé, j'ai cherché dans quelques livres, mais… »
« Le mieux serait que tu prennes conseil auprès d'autre Veela, non ? Tu nous as dit que ta grand-mère avait entraîné tes cousines, elle ne peut pas aussi le faire avec toi ? »
« Mais pour ça… il faudrait que je parte… que je retourne en France… »
« Tu as appris à te téléporter, non. Alors ça ne posera pas de problème. Où habite-t-elle exactement, ta grand-mère ? »
« Il y a un village Veela en Bretagne, dans la forêt de Paimpont. »
« Ce n'est pas cette forêt-là qui est identifiée comme étant Brocéliande ?
« Certains le disent » répondit Fleur en haussant les épaules. « En tout cas, elle est magique. C'est pour ça que les Veelas y vivent. »
« Dans ce cas, tu n'as qu'à y aller et demander de l'aide à ta grand-mère. »
« Quoi ? Mais… ça peut être long. Vous aurez besoin de moi ici, non ? »
« Tant que tu ne maîtrises pas tes pouvoirs, tu ne nous seras pas d'une grande aide… » dit Hariel avec une grimace.
« Oh… mais et si grand-mère ne veut pas de moi parce que je suis… un Démon. »
Hariel soupira.
« Je ne connais pas ta grand-mère. Je ne sais pas comment elle va réagir » dit-il. « Cependant, ce que je sais, c'est que tu as besoin d'aide alors autant essayer, non ? »
Fleur hocha finalement la tête.
« Mais ça va si je ne reviens pas avant que mon entraînement soit fini ? » Demanda-t-elle.
« Tu peux prendre tout le temps que tu veux. »
« Si c'est possible… » intervint alors Viktor.
Hariel se tourna vers lui, étonné. Le Bulgare était plutôt silencieux. Il ne participait que rarement aux conversations, comme cela le gênait de risquer d'interrompre les autres. C'était donc assez étrange qu'il le fasse maintenant.
« Si c'est possible, j'aimerais aussi m'absenter quelque temps » dit-il. « Depuis la bataille d'Agraes, je n'ai pas réussi à invoquer mes boucliers. »
« Ceux aux Dragons ? » Demanda Hariel.
Il les avait vus dans les souvenirs qu'Excalibur avait partagés avec lui.
« Tu as dit que la transformation peut révéler des capacités cachées. Comme pour Fleur, c'est dans son hérédité, je me dis que c'est peut-être le cas pour moi aussi. »
« Tu penses qu'une découvrant l'origine de tes pouvoirs, tu pourras apprendre à les contrôler ? » Demanda Hariel. « Ce n'est pas une mauvaise idée. "Tu sais par quoi commencer ?"
« Les Krum ne sont pas des Sang-Purs, mais c'est quand même une vieille famille. Je pourrais sans doute trouver des informations dans la bibliothèque du Ministère, en Bulgarie. »
« Donc tu cherches du côté de ton père. Pas de ta mère ? »
« Cela ne peut pas venir du côté de ma mère » répondit Viktor.
Il avait parlé d'une voix calme. Cependant, Hariel s'était rendu compte qu'il avait tendance à plus rouler ses « r » quand il était nerveux ou en colère. Cette question avait vraiment dû l'énerver. Apparemment, il n'était pas le seul à l'avoir remarqué, car Cédric lança un regard inquiet au bulgare.
« Très bien » répondit finalement Hariel. « Si tu penses que c'est le mieux pour toi, je n'y vois aucun inconvénient. »
Manifestement, Viktor avait des problèmes avec sa mère. Mais Hariel ne voulait pas essayer de lui tirer les vers du nez. Le sujet était bien trop personnel. S'il désirait lui en parler, alors il le ferait.
Hariel soupira. Décidément, cette année commençait assez mal.
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Décidément, cette année commençait merveilleusement bien.
C'était ce que se disait Rita Skeeter en regardant avec admiration la grande plaque affichée sur l'un des murs de la pièce. « Le Skeeter ». C'était le nom de son journal. Son journal à elle. Bon, c'était seulement une façade et elle avait le gamin Potter qui allait jouer les comités de censure, mais c'était déjà quelque chose.
Il n'y avait pas grand-chose d'autre autour d'elle. Trois bureaux, dont le sien, des étagères de matériel divers ainsi qu'une grande presse magique. Mais pour Rita, c'était le début d'une toute nouvelle aventure. Si l'on excepte les articles commandés par le gamin Potter, elle avait presque une totale liberté artistique et journalistique pour sa gazette. Bien sûr, elle devait observer une ligne éditoriale stricte : respect minimum de la vie privée, nécessité de preuve et de témoignages identifiables, etc. Cependant, elle pouvait à nouveau se transformer et écrire donc elle ne mettrait sans doute pas beaucoup de temps avant de revenir dans la course.
Il lui faudrait également du personnel. Des journalistes, des imprimeurs, des photographes, des relecteurs, des chroniqueurs… mais pour le moment, ses employés étaient seulement aux nombres de deux. Il s'agissait ni plus ni moins du damné majordome et de la gouvernante qui l'avaient « accueillis » dans la maisonnée Potter à Boston.
Malgré le fait qu'elle savait qu'il était en réalité le Prince Pendragon-Emrys, elle n'arrivait pas à le voir autrement que comme « Potter », le morveux qui l'avait traîné dans la boue. Et en plus, il osait même lui infliger ses deux espions pour vérifier qu'elle obéirait bien à ses ordres. Un véritable outrage.
Il y avait tout de même un point sur lequel elle devait reconnaître que le gamin avait été utile. C'était son apparence. Rita avait été scandalisée quand Potter avait suggéré un relooking complet. D'abord, il avait fait remplacer ses trois dents en or par de simples prothèses en porcelaine et raccourcit ses ongles de près de la moitié. Au départ, elle avait voulu ces ajouts brillants pour afficher sa richesse, mais Potter avait dit que ça faisait juste bon marché et vulgaire. À présent que son sourire était d'un blanc étincelant, elle devait avouer que ça avait de la classe.
De même, elle avait voulu faire pousser ses ongles pour allonger ses mains masculines. Cependant, même si ceux-ci étaient moins longs, une fois qu'il avait réduit le nombre et la taille de ses bagues, elles paraissaient déjà plus féminines. Ça aussi cela avait fait partit de sa transformation. Il avait épuré sa collection de bijoux. Fini les bagues à chaque doigt, les énormes colliers et les multiples bracelets. Rita s'était alors insurgée, l'accusant de vouloir la faire passer pour une pauvresse. Potter avait répondu en citant une femme du nom de Coco (quel nom idiot) Chanel qui aurait dit que la véritable classe, ce n'était pas l'opposée de la pauvreté, mais de la vulgarité. Donc, la majorité des bijoux les plus clinquants étaient partis pour de plus discret, mais qui, Rita devait l'avouer, mettait plus en valeur ses propres charmes.
Bien entendu, toute sa garde-robe avait également changé. Rita était connue pour son style et Potter avait essayé de conserver cela. Il avait seulement limité le nombre de couleurs et ajouté du blanc et du noir pour mieux les faire ressortir. De même, toutes les coupes étaient destinées à montrer ses formes et notamment sa gorge. Jusque-là, elle avait tout fait pour mettre des cols haut, souvent avec des plumes afin de dissimuler sa trop forte mâchoire. Cependant, en faisant le contraire, Rota s'était rendu compte que l'effet était plus saisissant.
En fait, dès le premier essayage, en se regardant dans le miroir, elle avait été soufflée. Elle portait un tailleur jupe noire avec des bandes rouges et sertit de fausses pierres mates au niveau du col. Ses lunettes étaient également noires et son rouge à lèvres d'un carmin aussi vif que celui de sa tenue. Avec cela, ses ongles plus courts et quelques bagues pour seuls bijoux, elles se reconnaissent à peine. C'était toujours Rita, mais une Rita améliorée, plus classe qu'elle ne l'avait bête alors que des le début, au lieu d'ajouter des richesses comme elle le faisait avant, elle en avait enlevé.
Oui, Rita était prête. Prête pour cette nouvelle année et sa nouvelle vie.
À suivre…
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Ouf. Fini. Enfin. Encore une fois, désolé pour le retard. J'espère que ça vous a plu.
Je tiens à dire que je me suis aidé de la chanson originale du Choipeau pour écrire la mienne, mais que je l'ai totalement réécrite, notamment en changeant la mesure. Dans le texte de Rowling, c'était des décasyllabes et moi j'en ai fait des alexandrins. C'était très ch**** à certains moments 😅. J'avais mal aux doigts à force de compter les pieds. Sans oublier que j'ai aussi dû faire des rimes. Et après je me demande pourquoi j'écris pas de poésie…
Et donc voilà enfin l'histoire de Serpentard. À certains moments du récit, il y avait des indices comme quoi il connaissait la vérité et quel était cette vérité. Ben maintenant, tout est clair… enfin, j'espère. Dites-le-moi si ça l'est pas…
L'expression « enfant de sang Ancien » qui désigne Lancelot Pendragon désigné bien sûr les Alterans (ou Anciens), cependant elle est surtout utilisée dans la série Witcher d'Andrzej Sapkowski pour désigner le personnage de Ciri. C'était un petit clin d'œil.
Alors oui, comme beaucoup de gens, je déteste le personnage de Rita… mais je trouve que l'actrice a une classe folle, surtout en blonde. Pour la tenue que j'ai décrite, je me suis inspiré de sa photo sur le wiki Harry Potter anglais. Si vous voulez voir.
Et voilà, n'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à dans deux semaines (pour de vrai cette fois).
