Check Mate DxD

Chapitre 108 : Le Chantage d'Hermione/Hermione no Kyousei

.

Le cerveau d'Hariel le réveilla à quatre heures du matin très précisément. Étant de retour à l'école, son esprit avait déjà remis en place sa routine des autres années. Discrètement, il se leva, s'habilla et partit s'entraîner au Refuge. Normalement, Proteus, Draco et le reste de sa Suite l'y attendaient aussi. Hariel ne leur avait rien dit la veille, mais apparemment, il n'en avait pas eu besoin, car ils se trouvaient bien là.

Après un bref échauffement, ils firent quelques simulations de batailles contre un adversaire généré par la pièce magique d'Hariel avant d'enchaîner sur une série de duels. Celui-ci, puisqu'il avait le plus d'expérience au combat observaient les autres afin de voir dans quelle direction orienter leur entraînement. Tous avaient acquis de nouvelles capacités ou techniques pendant l'été et il fallait qu'ils apprennent comment les exploiter. Cependant, ce n'était pas gagné pour tout le monde.

Quand il s'agissait de magie, avec ou sans baguette, Cédric avait toujours été assez précis. On aurait pu penser que ce serait la même chose avec les pistolets, mais il n'en était rien. En effet, il n'était pas encore bien habitué au recul de l'arme. Tout comme leurs homologues Sapiants, la puissance du coup de feu créait une poussée inverse sur l'arme. Elle était en partie absorbée par leur affût, mais le reste devait être pris en charge par le bras. Un tireur mal assuré pouvait bouger lors du recul ce qui affectait également sa visée.

Bien sûr, Cédric était plus fort qu'un humain normal, mais le recul des armes magiques était plus important et surtout fluctuant. En effet, elles recevaient le mana de leur porteur, la comprimaient et l'expulsaient à grande vitesse. Si le porteur faisait varier la quantité d'énergie qu'il envoyait, alors le recul serait différent à chaque fois. Il devait donc apprendre à doser son pouvoir à la perfection pour que la réaction soit régulière et plus facile à maîtriser.

De son côté, Viktor était toujours incapable de reproduire les boucliers qu'il avait invoqués lors du combat entre Sirius et Draco sur Agraes. Cependant, selon les témoignages, c'était quelque chose qui n'avait jamais été vu. Même Azazel n'était pas arrivé à savoir ce qu'ils étaient ou quels étaient exactement leur potentiel. Rossweiss avait bien dit que cela lui rappelait quelque chose, mais elle ne savait plus quoi. Elle avait partagé ses observations avec sa grand-mère, Gondül, mais celle-ci avait dit que sans connaître les motifs du bouclier, ce serait difficile d'en découvrir l'origine. En effet, celui-ci avait été très flou, un peu comme les cercles d'un apprenti Magicien.

En outre, sa résistance, tant physique que magique, et sa force étaient impressionnantes. Bien au-delà de ce que l'on pourrait attendre d'une Tour ordinaire. Grâce à cela, il pouvait parfaitement gagner une bataille à l'usure. Cependant, il ne possédait aucune technique. Malgré sa physionomie, il était avant tout un utilisateur de magie et à part pour le Quidditch, il ne s'était jamais servi ses capacités physiques pour quoi que ce soit. Il avait donc beaucoup de mal à se battre contre un adversaire entraîné et même si celui-ci était incapable de le vaincre, si jamais le combat était limité dans le temps alors Viktor pourrait bien ne pas y arriver.

Fleur, elle, semblait se noyer sous ses nouveaux pouvoirs. Elle avait fait quelques recherches supplémentaires et elle était catégorique : le cri qu'elle avait poussé et qui avait blessé Walburga lors de leur duel n'était pas une compétence de Veela. Comme Remus l'avait dit, les Veelas étaient semblables aux Sirènes de la Mythologie Grecque. Elles pouvaient contrôler les gens grâce à leur chant, manipuler leurs émotions, leurs désirs et également les hypnotiser. Cependant à aucun moment le chant Veela ne pouvait causer de la douleur. Elle était donc certaine de ne pas s'être éveillée à son héritage de Créature. Et pourtant les évènements de la veille en étaient la preuve.

Incinerate Anthem était, d'un autre côté, un sujet de préoccupation tout aussi important. Du jour au lendemain, elle se retrouvait dépositaire d'un pouvoir dont elle ne connaissait rien. Et pas n'importe quel pouvoir, celui de l'un des 13 Longinus, les plus puissants parmi les Sacrés Gear et également une Relique Sainte du Christ. Un tel pouvoir aux mains d'un Démon était quelque chose de totalement inédit. Si cela s'était produit avant le traité de paix entre les Trois Factions, cet évènement aurait inévitablement ravivé les conflits. Cependant, même si cela n'était pas le cas, Fleur se débattait avec une faculté sur laquelle non seulement elle avait peu de contrôle, mais qui pouvait aussi tuer tous ses alliés. Le voyage chez sa grand-mère était donc plus que nécessaire. Si elle apprenait à manipuler le feu comme une Veela alors peut-être que ça l'aiderait.

Remus, lui, devait être celui qui avait le plus de facilité avec les changements qui s'étaient opérés durant l'été. Bien entendu, il n'était pas aisé de revenir sur près de 30 ans de croyances, mais il en venait petit à petit à accepter l'animal en lui. Quand on avait passé toute son enfance et plus à haïr ce que l'on était et à écouter des gens qui haïssaient ce que l'on était ou qui en avaient peur, il était difficile de se défaire de cet état d'esprit. C'était d'ailleurs ce qui l'avait bloqué durant ses leçons avec Loup Garou, la Tour Sitri. Le Monde Sorcier disait qu'il était un monstre et même ceux qui l'avaient apprécié disaient qu'il n'était pas le monstre qui était en lui. Comment alors ne pas considérer cette part de lui comme monstrueuse ? Or c'est bien loin d'être le cas. L'attitude du loup n'était que le reflet des émotions et sensations de Remus lui-même par la perspective de l'animal.

Quand il avait compris cela, c'était comme si un barrage avait cédé en lui. Ses leçons avec son professeur en étaient donc plus agréables. Il n'arrivait pas encore à se transformer à volonté, mais à présent cela ne lui faisait plus aussi peur qu'avant.

Sirius avait renoncé à s'entraîner avec une lame traditionnelle. Malgré ce qui s'était passé à Agraes, il s'était conforté dans l'idée que la grande épée d'Hariel était l'arme qui lui fallait. Bien entendu, tout comme pour les pistolets de Cédric, ce dernier lui avait donné de bon cœur puisque lui-même savait qu'il ne l'utiliserait pas. Pourtant, le problème restait le même : elle était bien trop lourde pour que Sirius la manie aisément. Du moins dans son état normal. Quand il est devenu Ulfark, il savait qu'il avait pu la manipuler plutôt facilement, mais il n'était plus parvenu à entrer dans cet état depuis. C'était un mal pour un bien puisque cette forme était totalement incontrôlable. Enfin, selon les légendes, les mêmes légendes qui disaient que seuls une fureur intense ou la proximité de la mort permettaient d'éveiller ce potentiel.

Cependant, cela n'empêchait pas Sirius de penser que peut-être qu'il pourrait atteindre à une espèce d'état intermédiaire de son plein gré afin d'avoir la force de manier l'arme tout en conservant sa pleine conscience. Pour le moment, tout ce qu'il pouvait faire était d'augmenter sa musculature de façon à pouvoir se battre avec elle.

Proteus, bien sûr, avait également énormément progressé. Après tout, il était devenu rien de moins qu'un Dragon et l'un des plus puissants qui soient. C'était sans compter les capacités diverses et variées qu'il avait obtenues en dévorant les créatures de la forêt : invisibilité, précognition, génération de fils de soi, changement de taille… Ainsi que la myriade d'autres acquise en chassant les animaux du Makai pendant l'été. Mais qui dit nouvelles capacités dit également un apprentissage continue afin de les maîtriser et de les utiliser dans différentes situations notamment au combat. C'est un travail à plein temps.

Tous étaient donc sur la bonne voie pour leur permettre d'extraire le maximum de potentiel de leurs capacités. Tous sauf un. Draco.

Celui-ci avait pourtant incroyablement progressé ces dernières années. Il était encore loin d'égaler le niveau de Démons Supérieurs, mais il avait clairement les ressources nécessaires pour cela, particulièrement grâce à son Sacred Gear. Cependant, c'était lui le nœud du problème à présent. Depuis les évènements d'Agraes, il n'avait plus ni confiance en lui, ni en son pouvoir. Cela affectait bien sûr sa manière de se battre.

Hariel, lui, ne savait pas quoi faire à ce sujet. Grâce à ses études de psychologie, il pouvait très bien parler à Draco, essayer de le raisonner. Pourtant, il pensait que sa relation avec lui serait un frein dans sa guérison. Il pensait que son statut de petit ami ne serait pas compatible avec son statut de thérapeute. Il lui en aurait donc fallu un véritable. Le problème était de savoir où le trouver. En Angleterre ou même sur le vieux continent, c'était exclu. La raison en était simple, la notion de psychothérapie n'existait pas. Sans doute qu'il devait se renseigner pour les États-Unis. Il était au courant que les Sorciers Américains se targuaient d'être plus évolués que leurs homologues européens. Peut-être que c'était vrai.

Aux alentours de sept heures, Hariel, accompagné de Draco et Proteus, partit. Ils devaient participer aux exercices matinaux avec leurs amis. Les autres avaient pour consignes de s'entraîner à combler leurs faiblesses jusqu'à ce que ce soit l'heure d'aller au travail. Mes trois élèves se rendirent donc dans la cour où Hermione et Dean les attendaient déjà. Il ne fallut pas longtemps pour qu'ils soient rejoints par Luna et Ginny et puis enfin par Ron. Habituellement, Seamus était là également. Hariel jeta un coup d'œil à son cousin qui secoua la tête. Apparemment, il n'allait pas venir.

Lee jeune Démon en connaissait parfaitement la raison. C'était à cause des articles sur lui qui paraissaient dans la Gazette. Il s'était rendu compte que beaucoup de gens à Poudlard croyaient ce que disait le journal et le prenaient donc pour un fou. Seamus devait en faire partie. C'était également le cas pour certains de ses camarades à Serdaigle. Alors que ceux-ci l'avaient soutenu lors de l'affaire de la Chambre des Secrets et étaient restés neutres l'année précédente lors de la polémique sur le fait qu'il ait mis son nom ou pas dans la Coupe de Feu, cette fois-ci, ils semblaient s'être rangés à un avis supérieur.

C'était le l'ennui avec les Serdaigles. Principalement les Sorciers d'origines étant à Serdaigle. L'instinct grégaire caractéristique de ces derniers pouvait paraitre amoindri dans cette maison, mais ce n'était qu'en apparence. Les Serdaigles s'appuyaient sur des faits. Le problème c'est qu'ils n'avaient pas toujours la présence d'esprit d'avoir une pensée critique sur ces faits. Si c'était écrit, c'était vrai. Et comme ces faits étaient écrits dans la Gazette alors, à leurs yeux, ils ne pouvaient être faux.

C'est pour cela que les camarades de chambrée d'Hariel l'avaient ignoré la veille et que ce matin, quand il rentra de son entraînement, ils l'évitèrent.

Du point de vue d'Hariel, la campagne de diffamation tout entière était… embêtante. Il ne se souciait pas vraiment de ce qu'on disait sur lui et, comme il l'avait prévu, il ne souhaitait pas vraiment faire de vague. Que tout le monde l'ignore était bon pour lui. Cependant, il devait également penser à l'avenir. Ce n'était pas le Prince Andrammax Pendragon-Emrys qui allait monter sur le trône à la fin de l'année, mais lui, Hariel Andrammax Potter (avec tous les titres qui suivaient). Il ne pouvait donc pas laisser son nom être traîné dans la boue, car cela pourrait avoir des répercussions sur son règne.

Le plus important sera de se faire respecter par les Sorciers. Il a beau posséder Excalibur, si ceux-ci pensent qu'il est fou alors son autorité en sera amoindrie et il est possible qu'il doive user de violence pour s'imposer ce qui n'est définitivement pas une solution à long terme.

Le mieux serait une campagne de pub positive. Après tout, c'est pour ça qu'il a donné un journal à Rita Skeeter. L'année précédente, elle était suffisamment élogieuse à son encontre pour que ce ne soit pas trop étrange. Cependant, toute publicité à son avantage serait inutile avant que le papier n'ait acquis une certaine popularité ce qui ne sera fait que quand elle commencera à obtenir l'exclusivité des articles sur le Prince, ce qui n'arrivera pas à moins qu'Hariel trouve une idée pour rendre la chose crédible.

C'est alors qu'il enfilait sa jupe d'uniforme que la solution lui traversa la tête. Ou plutôt l'absence de nécessité à trouver une solution. La Gazette du Sorcier mène campagne contre Dumbledore et lui. Or Dumbledore est censé être l'allié du Prince et lui le meilleur ami du pupille de son propre tuteur. Il est donc possible de penser que le Prince tentera de rétablir la vérité. Bien sûr, il faudra d'abord qu'il essaie de s'adresser à la Gazette et quand sa tentative échouera, il pourra se tourner vers le Skeeter en prétextant avoir cherché un papier indépendant.

Oui, c'était parfait.

Satisfait, Hariel finit de s'habiller, prit son sac et descendit dans la salle commune, prête à affronter cette première journée de cours.

0o0o0

En arrivant dans la grande salle lumineuse au sol de marbre et décoré de rideaux bleus, Hariel aperçut Hermione qui se tenait devant le tableau d'affichage. Ils ne s'étaient pas beaucoup parlé durant l'entraînement. Cependant, elle n'avait pas semblé non plus manifester plus de rancœur après ce qui s'était passé hier.

« Quelque chose d'intéressant ? » Demanda-t-il en approchant.

« Mais comment est-ce qu'ils ont fait ça ? » L'interrogea son amie avec énervement en montrant un morceau de parchemin, le seul affiché en ce début d'année.

Hariel cligna des yeux, surprit par ma véhémence d'Hermione et regarda ce qui était écrit.

« Des Gallions à foison

Votre argent de poche n'arrive pas à suivre vos dépenses ? Un peu d'or en plus serait le bienvenu ?

N'hésitez pas à prendre contact avec Fred et

George Weasley, pièce commune de Gryffondor, pour petits travaux à temps partiel, simples et quasiment sans douleur. (Nous avons le regret de préciser que les candidats devront agir à leurs risques et périls.) »

« C'est peut-être Ron » répondit Hariel.

« Je l'ai déjà interrogé là-dessus et il m'a dit que ce n'était pas lui. »

Hariel ne prit même pas la peine de suggérer que le rouquin ait pu mentir. Hermione pouvait faire très peur quand elle n'obtenait pas ce qu'elle voulait.

« Tu comptes faire quelque chose pour ça ? Tu es leur bailleur de fonds, non ? »

« Bailleur de fonds, comme tu y vas. Je suis plutôt leur principale actionnaire. »

« Sémantique » renifla Hermione. « Alors ? »

« Je vais leur parler » répondit Hariel. « Il est nécessaire qu'ils assurent nos arrières en leur faisant signer des contrats et des accords de non-responsabilité à leurs vict… cobayes. »

« Tu es sérieux ? » Demanda brusquement la jeune fille en se tournant vers son ami.

« Et bien, au sens strict du terme, ils ne violent aucune règle de l'école. »

Hermione ouvrit la bouche pour répliquer avant de la refermer rapidement. En effet, aucun des points du règlement n'interdisait l'entrepreneuriat et le test de produits, même magiques, n'enfreignait pas celui qui disait qu'il était défendu de lancer des sorts dans les couloirs. Le professeur Rogue lui-même faisait souvent tester leurs Potions aux élèves pour montrer à quel point ils les avaient ratés donc cela voulait dire qu'il était permis de faire essayer des préparations faites par des non-professeurs. De plus, les accidents étant monnaie courante, l'infirmerie était plus que prête à accueillir ce type de patient et à les traiter.

« Je vais tout de même leur demander de spécifier les types de "risques et périls" encourus dans le contrat » dit Hariel. « Ils auront l'obligation de se limiter à un produit par élève pour éviter les réactions exotiques et en cas de problème persistant, ils devront transmettre les recettes concernées à Mme Pomfresh. »

Hermione soupira.

« Et ils devront également établir un protocole de test pour éviter tout phénomène exogène » rajouta précipitamment Hariel.

« Oui, je suppose que c'est le minimum… » dit son amie. « Et puis tu sais quoi ? Je m'en fiche. C'est pas mon problème. Que les Préfets de Gryffondor et les Préfets-en-Chef s'en occupent. Moi je m'en lave les mains. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent… et s'ils décident de les laisser faire et qu'ils se lancent dans une gamme de produits aphrodisiaques, ce ne sera pas mon affaire. »

« Des produits aphrodisiaques ? Ça, c'est une idée » dit Hariel avec un sourire en se dirigeant vers la sortie.

« Non, mais tu plaisantes ! » S'exclama Hermione en se mettant à sa poursuite. « Dis, tu plaisantes ? »

Hariel éclata de rire, mais ne répondit pas.

0o0o0

Ils retrouvèrent Draco, Proteus et Dean dans le hall avant de se rendre tous les cinq vers la Grande Salle. En entrant, Hariel sentit un regard particulièrement sombre dirigé contre lui. Discrètement, il jeta un coup d'œil vers la table des professeurs. Comme il s'en doutait, il s'agissait d'Ombrage. Fait étrange, elle semblait le détailler des pieds à la tête. Hariel examina sa tenue. La seule chose qu'il vit, c'est son uniforme habituel. Un uniforme féminin.

Toujours décidé à faire profil bas, il se dirigea vers la table des Serdaigle avec ses amis. Dès qu'il les vit, Ron invita Dean à s'installer près de lui tout en jetant des regards apeurés vers Hermione. Apparemment, il voulait au moins une personne entre eux. Elle avait vraiment dû le traumatiser. Hariel, lui, s'assit entre Hermione et Draco. Il commença à se servir en thé tout en ignorant les chuchotements autour de lui. Il ignora même quand plusieurs élèves, à côté ou en face d'eux se levèrent soit pour partir, soit pour s'éloigner.

« À croire qu'ils pensent que ta "folie" est contagieuse » grogna Draco.

« Peu importe » dit simplement Hariel d'un ton dégagé.

Draco serra la mâchoire. Il connaissait son ami depuis suffisamment longtemps pour savoir que ce n'était qu'une façade. Hariel avait toujours eu du mal à supporter que les gens le détestent. Surtout sans raison ou à cause de faux prétexte. Et si en plus cette haine était liée à la stupidité alors…

Soudain, les hiboux firent irruption dans la salle pour amener le courrier. L'un d'eux se posa devant Hermione et lui tendit la Gazette du Sorcier auquel elle s'était abonnée. Elle plaça une noise dans la petite bourse qui pendait autour de son cou et prit le journal.

« Ne me dis pas que tu lis encore ce torchon ! » S'exclama Ron.

« Il faut toujours savoir ce que dit l'ennemi » dit Hermione en commençant à le feuilleter. « L'avantage avec cette situation c'est que la majorité de leurs mouvements sont publics grâce à ça. »

« Alors qu'est-ce que ça raconte ? » Demanda Hariel au bout d'un moment.

« Rien sur toi, ni sur Dumbledore, ni sur… le reste » dit-elle.

« Et Ombrage ? »

« Rien non plus. »

« Parfait » murmura Hariel avec contentement.

« Pourquoi ? » Lui demanda son amie.

Mais il n'eut pas à répondre. À ce moment-là, alors que tous les autres étaient déjà repartis, plusieurs hiboux pénétrèrent à leur tour dans la grande salle. Chacun tenait des papiers roulés entre leurs serres. Ils tournèrent en rond pendant quelques secondes sous les regards curieux des élèves avant de lâcher leur chargement. Les paquets semblèrent exploser et les feuilles se mirent à voler dans toute la pièce. De nombreuses personnes réussirent à en saisir un. Hermione fut du lot.

« Le Skeeter » lut Hermione. « Premier numéro. Édition gratuite. »

Elle se tourna vers Hariel qui lui sourit.

« Quoi de mieux que de donner quelques numéros gratuitement pour que les gens aient envie de le lire ? »

Hermione hocha la tête avant de revenir au journal. Hariel en prit un exemplaire et commença à lire. En fait de journal, ce n'était qu'une seule feuille imprimée recto verso, la majorité de l'espace occupé par des publicités et des actualités évènementielles comme les prochains concerts de Celestina Moldubeck ou des Bizzar'Sisters ou les futures rencontres de Quidditch.

En même temps, c'était normal, il n'était vraiment en activité que depuis la veille bien qu'Hariel avait donné des directives pour préparer le terrain depuis le début de l'été quand il avait été certain que Rita n'aurait pas d'autre choix que de venir le voir. Ainsi il avait déjà quelques accords commerciaux mineurs avec certaines boutiques du Chemin de Traverse. Bien entendu, le journal n'étant pas (encore) très connu, la publicité était tout aussi gratuite que les exemplaires eux-mêmes. Cependant, Hariel espérait pouvoir renégocier les contrats par la suite.

Pourtant, ce n'était ni les publicités ni les bulletins d'information qui étaient là source des chuchotements que l'on entendait partout dans la salle. En effet, le papier contenait au moins deux textes. Un éditorial écrit par Rita en tant que rédactrice en chef et qui était une déclaration d'intention et un article de fond.

L'éditorial était dans le plus pur style « Skeeter ». Incisif, grandiloquent et somme toute bien rédigé de l'avis d'Hariel. Mieux encore que s'il le lui avait soufflé (ce qui n'était pas le cas). Elle parlait de la « décadence de la profession journalistique » et d'articles « injurieux, d'un style pauvre digne de la rubrique des Crups écrasés et sans le moindre fondement ni preuve » (assez ironique quand on la connaissait). Selon elle, il fallait « redécouvrir les fondements mêmes de notre profession afin de permettre à nos frères et sœurs sorciers d'être informés des vérités et des faits », car c'était leur devoir « d'informer et d'éduquer ». En clair, un discours semblable à celui d'Ombrage la veille, mais en moins ennuyeux.

Cependant, c'était principalement l'article de fond qui était au centre des conversations. Lui aussi était une création de Skeeter. En même temps, elle n'avait pas trop le choix puisqu'elle était, pour le moment, la seule journaliste.

« Dolores Ombrage, professeur : le choix improbable du Ministre

Suite à la publication du Décret d'Éducation numéro 22 en date du 30 août 2015 et face à l'impossibilité pour le Directeur Dumbledore d'engager un professeur pour le cours de Défense Contre les Forces du Mal, notre Ministre, Cornélius Fudge a été dans l'obligation de devoir choisir lui-même le candidat pour le poste.

C'est comme cela que, la veille au soir, les élèves de l'école de Poudlard on fait la connaissance de Lady Dolores Jane Ombrage, Chef de la Maison Ombrage, Membre du Magenmagot, Sous secrétaire d'État auprès du Ministre et, plus récemment, professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Voilà bien une avalanche de titres ronflants qui pourrait nous empêcher de nous poser une question capitale : est-elle qualifiée pour ce poste ? »

Pour rappel, Dolores Jane Ombrage est née… »

La suite était une biographie résumée de la vie de la femme. Hariel n'avait pas besoin de la lire, il la connaissait déjà.

« Toujours est-il qu'en bonne journaliste, j'ai remarqué l'absence de toute qualification qui pourrait indiquer que Mme Ombrage soit compétente pour enseigner la Défense Contre les Forces du Mal. Son dossier scolaire étant public, il m'a été facile de vérifier qu'elle n'avait pas eu d'ASPIC dans cette matière ni même de BUSE. De plus, son travail administratif au sein du Ministère ne l'a à aucun moment amené à se trouver dans la situation où il lui faille apprendre à se défendre.

Bien entendu, il ne nous est pas possible de certifier qu'elle ne soit pas qualifiée. Peut-être a-t-elle fait une remise à niveau, pris des cours particuliers pour combler ses lacunes, mais dans ce cas-là, où sont les preuves ?

Je ne suis pas un parent, mais si je l'étais, je pense que je serais soucieuse de savoir si l'un des professeurs de mon enfant est à même d'enseigner une matière aussi risquée sans avoir les qualifications requises. »

Hariel risqua un regard vers la table de professeurs et se retint de sourire. Ombrage était blême de rage. Elle serrait la feuille de papier journal qu'elle tenait à la main si fort que ses jointures en étaient blanches. Les commentaires qui surgissaient de toute part, mais qu'elles ne pouvaient entendre tellement ils étaient bas ne faisaient que la mettre encore plus en colère. Soudain, elle se leva d'un bond.

« Ça suffit ! » Cria-t-elle. « Que tout le monde lâche ce… ce tissu d'immondices ! C'est de la propagande ! Une ville propagande mensongère ! »

« Ah bon ? » Demanda Dumbledore qui lisait son propre exemplaire. « Pourtant, il n'y a rien de faux dans cet article n'est-ce pas ? Vous n'avez pas eu d'ASPIC en Défense Contre les Forces du Mal, non ? »

« Et bien… je… ce n'était pas d'actualité à l'époque, mais maintenant… »

« Ah vraiment ? » Demanda alors Flitwick. « Comment cela ? Avez-vous obtenu votre ASPIC avant d'être nommée à ce poste ? »

« Inutile. Je suis plus que qualifiée pour… »

« Mais où en est la preuve » l'interrompit Chourave. « Nous avons tous ici des diplômes dans nos matières respectives ou de l'expérience dans l'enseignement. Et vous ? Avez-vous déjà été professeur ? »

« Ce… ce n'est pas le sujet ! » S'exclama-t-elle. « Le sujet est ce torchon ! Va-t-on tolérer que les élèves lisent cette prose indigeste et subversive ? »

« Cela ne contrevient à aucune loi ni règle de l'école » intervint McGonagall avant de se lever. « Maintenant si vous le permettez, les autres directeurs de maisons et moi devons aller distribuer les emplois du temps. »

Flitwick, Chourave et Severus se levèrent également, laissant la petite femme en rose ouvrir et fermer la bouche comme un crapaud.

« Je croyais que la ligne éditoriale interdisait de publier des données non vérifiables » dit tout bas Hermione à son ami.

« Elles le sont » lui répondit Hariel. « En tant qu'employée du Ministère, Ombrage dispose d'un dossier public avec des informations sur sa vie, dont ses diplômes. »

« Et c'est légal ? »

« Ce sont des informations publiques. Bien sûr, il n'y a aucune mention de son travail au Magenmagot puisque les délibérations ne sont pas documentées ni de son statut disciplinaire. J'ai bien spécifié à Rita ce qu'elle devait et ne devait pas utiliser dans le dossier. Je suis d'ailleurs assez content que Fudge n'ait pas jugé utile de parler d'Ombrage dans le journal. L'article a plus d'impact comme ça. »

« S'il est lu. »

« Les distributions ont été faites sur le Chemin de Traverse, à Pré-au-Lard, au Ministère et Sainte Mangouste. Même si peu de gens le lisent, ils vont en parler entre eux. »

« Tu comptes donc sur le bouche-à-oreille ? »

« Pour le moment, oui. »

À ce moment-là, Ron gémit. Flitwick venait de lui donner son emploi du temps.

« Ils veulent nous tuer ou quoi ? » Grogna-t-il. « Histoire de la Magie, Double Potion, Divination et Double Défense. On est que le premier jour et on se retrouve avec Binns, Rogue, Trelawney et cette femme, Ombrage. J'ai pas envie d'aller en cours. »

« Ne dis pas ça ! » S'exclama Hermione en s'approchant soudain de lui.

Ron sursauta. Il n'avait pas remarqué que Dean était parti pour obtenir son propre emploi du temps ce qui ne laissait qu'un espace entre lui et la jeune fille.

« Pourquoi ? » Demanda-t-il d'une petite voix.

« C'est l'année des BUSEs je te rappelle » lui répondit Hermione.

« Des quoi ? » Balbutia le garçon.

Sa voisine roula des yeux.

« Et dire que c'est toi qui viens d'une famille de Sorcier » soupira-t-elle. « Les BUSEs, les Brevets Universels de Sorcellerie Élémentaire. »

"Je… je le savais. C'était juste pour savoir si toi tu le savais."

"Bien sûr. Alors, qu'est ce que c'est ?"

"C'est… des diplômes qu'on passe à la fin de l'année et…"

"C'est bien plus que ça !" S'insurgea Hermione.

Hariel sourit en regardant Ron subir les explications en long, en large et en travers au sujet de ces examens. Bien entendu, elle ne parla pas du fait qu'elle, Hariel et Dean avaient l'intention de passer également leurs ASPICs mais à part ça, elle évoqua tout le reste.

Hariel ne désapprouvait pas totalement le système des BUSEs. Après tout, cela pouvait s'apparenter aux SEATs américains ou au Baccalauréat français. Certes, il n'aimait pas particulièrement la méthode de notation (qui d'ailleurs était le même pour les ASPICs). Elle ressemblait trop au système américain. C'était à base de lettres, mais au lieu d'êtres alphabétiques, elles correspondaient à des appréciations. Le maximum était O, pour Optimal, puis E, pour Efforts exceptionnels et A, pour Admissible. Ça, c'était les notes pour l'obtention des BUSEs et ASPICs. Ensuite venaient P, Piètre, D, Désolant, et enfin T, Troll.

D'un point de vue personnel, Hariel préférait les systèmes à point. Surtout à base 100, comme au Japon. Cela permettait d'avoir un pourcentage et il adorait les pourcentages.

Cependant, l'ennui venait aussi du fait que les BUSEs étaient nécessaires pour acquérir les ASPICs et que ces derniers étaient nécessaires pour être acceptés pour un travail ou une formation. Bien entendu, ce système ne posait pas de problème à Hariel ou aux personnes qui étaient suffisamment intelligentes et/ou appliquées pour pouvoir réussir toutes les matières. Mais pour ce qui était des autres, il fallait jouer stratégiquement et de se concentrer sur celles qu'il leur serait essentiel de valider pour obtenir l'emploi ou être admit dans l'institution d'études supérieures qu'ils désiraient.

Mais qui savait exactement ce qu'il voulait faire à 15 ans ? Ils étaient peu nombreux surtout que l'école n'avait aucun moyen de les renseigner sur les carrières disponibles. Il n'y avait aucun service d'orientation ni même une section dédiée à la bibliothèque. Il y avait à peine un entretien en cours d'année avec le directeur de maison qui se contentait de dire à l'élève quelles BUSEs lui seraient nécessaires pour son choix de profession, choix qui, bien sûr, devrait être connu de l'élève de 15 ans sans documentation. Bien entendu, encore une fois, les Sorciers de souche étaient avantages face aux Né-de-Sapiants, mais même eux ne savaient pas toujours ce qu'ils voulaient faire.

Hariel soupira. Au moins, il avait un sujet de conversation pour la première rencontre hebdomadaire qu'il aurait avec les Chevaliers ce samedi.

0o0o0

Mettre un cours d'Histoire de la Magie en première heure de la journée n'était pas une très bonne idée. Et que celui-ci se déroule justement le jeudi de la rentrée encore moins. Les élèves, plus habitués à se lever tôt, étaient encore plus nombreux à dormir. En fait, les seuls à être éveillés étaient Hermione et Hariel.

La première écoutait presque religieusement le professeur Binns parler de la même voix monotone qu'il utilisait toujours. Bien entendu, elle connaissait déjà le contenu du cours. Elle avait plusieurs années d'avance sur le programme après tout. Cela ne l'empêchait jamais de prendre quantité de notes à chaque fois.

Hariel, lui, connaissait tout le programme. Évidemment. Et au-delà. Bien qu'il fasse généralement illusion dans les autres matières, quand il s'agissait de l'Histoire de la Magie, il était loin de dissimuler le fait qu'il faisait tout autre chose. Cependant, pour une fois, ce n'était pas trop éloigné du sujet. En effet, il profitait de ce temps « libre » pour réfléchir à un nouveau programme pour cette matière.

Il faut dire que même si les cours du professeur fantôme manquaient de cohérence, le programme officiel n'était pas beaucoup plus clair. À l'avis d'Hariel, ce problème venait du fait que ce qu'il manquait vraiment à ce cours était une vue d'ensemble. Les différentes thématiques étaient souvent trop ciblées et difficilement liées entre elles. Qu'avaient-ils besoin de passer plusieurs semaines de la première année sur la vie d'Ulfric le Follingue qui était somme toute connu presque uniquement pour porter une méduse en guise de chapeau et dormir dans une pièce avec près de cinquante Augureys domestiques ? Bien entendu, cela aurait eu un intérêt s'il avait expliqué que cette habitude venait du fait que l'oiseau magique était connu pour pousser un cri quand quelqu'un allait mourir et que c'était l'époque où Émeric le Mauvais avait introduit de nombreux Moremplis en Angleterre dans le but de faire régner la terreur et qu'Ulfric avait peur pour sa vie.

Toujours est-il que, contrairement à l'Histoire Sapiante, l'Histoire de la Magie n'était pas aussi bien connue ou même expliquée. Pas de subdivisions claires entre les époques, pas de chronologies précises, pas de cartes… En vérité, on pouvait dire que l'Histoire Sorcière enseignée en Angleterre commençait vers l'an mille, avec les Fondateurs. Avant cela, c'est considéré comme le « lointain passé » ou « les temps anciens » sans souci de savoir quand cela s'est passé, si ça s'est bien passé comme ça ou même si ça s'est bien passé.

Sans compter qu'il y avait un domaine presque toujours lié à l'Histoire dans les études sapiantes et qui était presque totalement inexistant dans les programmes de Poudlard : la Géographie. En effet, Hariel doutait qu'une grande majorité des Sorciers d'origines soient capables de situer les autres pays que le leur sur une carte. Il n'était d'ailleurs même pas sûr qu'ils soient capables de situer les villes de leur propre pays sur une carte. Alors de là à connaître les capitales, les modes de gouvernements, les relations entre eux, etc.

Pour Hariel, l'Histoire et la Géographie, c'était la même chose. La première racontait le passé du monde jusqu'au présent et la seconde le présent du monde en prévoyant son futur. Le problème était que l'Angleterre était tellement tournée sur elle-même que le reste semblait presque ne pas exister. Même la venue des élèves de Beauxbâtons et Durmstrang l'année précédente leur avait paru exotique alors qu'ils se trouvaient sur le même continent.

La sonnerie de la cloche tira Hariel de son travail. Il regarda ce qu'il avait fait et vit que c'était à peine une ébauche. En même temps, quoi de plus normal en une seule heure. Il la montrerait à Rutherford pour savoir ce qu'il en pense. Peut-être que lui aussi aurait des idées. Il espérait que l'Angleterre faisait vraiment partie d'une minorité pour ses manques dans ces matières (et dans beaucoup d'autres).

Quand Hariel avait demandé à chacun de ses Chevaliers de travailler dans son domaine particulier pour réformer l'Angleterre, il leur avait donné un conseil : regardez ailleurs. Regardez dans les autres pays, comment font les autres gouvernements, magiques ou sapiants, et prenaient ce que vous pensez être le mieux dans chacun afin de l'intégrer à notre propre système.

Selon lui, ce serait déjà un bon début.

Le cours suivant était celui de Potion. Depuis la fin de sa troisième année, depuis les évènements de la Cabane Hurlante, les relations entre Hariel et Severus avaient en quelque sorte changé. Elles n'étaient ni cordiales ni amicales, mais elles n'étaient plus non plus hostiles. Ils se contentaient de s'ignorer l'un l'autre. Hariel supposait que, tout comme pour lui, c'était pour éviter de griller sa couverture. Pourtant, il ne savait pas trop comment il réagirait s'ils n'avaient ni l'un ni l'autre ces épées de Damoclès au-dessus de leur tête.

Normalement, les doubles cours servaient à la pratique. C'était à ce moment que Severus leur faisait préparer des Potions pour avoir le temps d'en faire des plus complexes. Souvent, cela faisait suite à un cours de théorie d'une heure. Cependant, comme c'était la rentrée, il n'y avait pas eu de théorie. À la place, Severus leur distribua tout d'abord un questionnaire sur ce qu'ils avaient retenu des cours de l'année précédente. Il passa ensuite dix minutes à lire certaines réponses de manière sarcastique sans oublier, bien sûr, de nommer la personne qui l'avait écrite avant d'afficher sur le tableau la recette d'une potion à faire, elle aussi au programme de l'année dernière.

Hariel réussit sa potion comme à son habitude : bien.

Il y avait, selon lui, quatre catégories de potionnistes : les mauvais, qui seraient incapables d'en préparer une pour sauver leur vie ; les passables, ceux qui arrivaient à en faire, mais qu'il faudrait mieux éviter d'ingérer si on a le choix ; les bons, qui réussissent suffisamment leur confection pour que ce soit sûr de les utiliser et les excellents, ceux dont les décoctions étaient toujours parfaitement réalisées.

Normalement, les potions d'Hariel étaient parfaites, mais par soucis pour sa couverture et pour que Dumbledore pense que la potion de stupidité dont il essayait de lui donner des doses depuis des années fonctionnait, il faisait en sorte qu'elles soient juste bonnes.

« Au fait, où tu en es de ton projet de Potions Démoniaques » demanda-t-il à Hermione une fois en dehors de la salle de classe.

Le cours lui avait rappelé que son amie avait ses propres sujets d'étude. Elle ne lui en avait pas parlé depuis juin dernier. Il s'était passé tellement de choses pendant l'été que cela semblait faire des années.

« Je piétine un peu » soupira Hermione. « À chaque fois que je trouve un remplaçant démoniaque à l'un des ingrédients d'origine, il entre en interaction avec d'autres. »

« Tu pourrais demander de l'aide à Severus. »

« Tu crois ? »

Elle avait une expression plutôt dubitative sur son visage.

« C'est un Maître de Potions » répondit Hariel.

Même un excellent potionniste comme lui ne pouvait pas se comparer à un véritable Maître parce que cela ne se limitait pas à suivre une recette. Un Maître de Potion était également capable de modifier et créer de nouvelles Potions à la demande. Cela nécessitait des connaissances approfondies et vastes des ingrédients et interactions entre eux ainsi que les différences subtiles des effets selon leur préparation et le matériel utilisé. Hariel savait qu'Hermione était en bonne voie pour en devenir un. Mais ce n'était pas son cas. Ses objectifs étaient ailleurs.

« Je ne doute pas de son talent » dit Hermione. « Je doute juste qu'il accepte de m'aider… »

« Severus est de mon côté, ça, j'en suis sûr » l'interrompit Hariel. « Et il sait garder des secrets. Donc si tu parviens à l'intéresser suffisamment, il devrait t'aider. »

« Je verrais alors » répondit prudemment son amie après un moment de réflexion.

Elle n'ajouta rien, car déjà, ils étaient arrivés dans le hall où les attendaient Draco, Dean et Proteus pour aller déjeuner.

0o0o0

Après le repas, ils se séparèrent de Proteus et se rendirent tous au sixième étage pour leur cours d'Étude des Runes. Cette fois encore, comme c'était la rentrée, il consista seulement en un questionnaire ainsi que quelques rappels de ce qui avait été fait l'année précédente.

Dean était assez satisfait de voir qu'il avait à présent rattrapé son retard dans cette matière. Plus que cela même, puisque grâce aux leçons d'Hermione ainsi qu'aux connaissances acquises à Camelot, il était plus qu'en avance. Assez à son avis pour commencer à travailler sur ses propres Runes de Chair.

Cependant, après cela, Dean dû à son tour les quitter. Draco accompagnant donc Hariel et Hermione jusqu'au troisième étage pour le cours de Défense Contre les Forces du Mal en compagnie des Serpentards.

Ombrage se trouvait déjà derrière son bureau quand ils y entrèrent. Souriante. Elle portait un cardigan rose comme Hariel l'avait remarqué le matin même. La veille aussi elle était en rose. Est-ce que cela allait être commencé toute l'année ? Il espérait que non. Ce n'était pas une couleur vraiment flatteuse sur elle. Cependant, il constata encore une fois que la femme le détaillait. Son regard mauvais ne dura que quelques secondes avant qu'elle ne se remette à sourire.

« Et bien, bonjour » dit-elle quand tout le monde se fut assis.

De vagues marmonnements lui répondirent. Hariel avait déjà assisté à cela. Parce que le professeur était nouveau chaque année, les élèves avaient tendance à être circonspects les premiers jours, ne sachant pas à quoi s'attendre. Un peu comme en première année.

« Voyons, voyons » dit alors la femme avec un léger ton désapprobateur. « Ça ne va pas du tout. J'aimerais bien, s'il vous plaît, que vous répondiez "Bonjour professeur Ombrage". »

Hariel se retint de renifler. C'était quoi ça ? On aurait dit qu'elle faisait une régression au stade anal. C'était généralement l'indice d'une névrose obsessionnelle. Et puis ce ton de petite fille… avec son allure, on pourrait croire une version trash de Madame Doubtfire. Même Robin Williams en aurait eu honte.

« Allez, on recommence. Bonjour tout le monde ! »

« Bonjour professeur Ombrage » répondirent à contrecœur les élèves.

Il était évident que l'attitude de la femme était faite pour la faire paraitre innocente aux yeux de ses interlocuteurs. Malheureusement pour elle, c'était ce point en particulier qui contribuait à la rendre instantanément antipathique.

« Voilà qui est mieux » minauda-t-elle. « Ce n'était pas si difficile, n'est-ce pas ? À présent, rangez vos baguettes et prenez vos plumes. »

Alors que les élèves s'activaient, Ombrage ouvrit son sac à main, lui aussi rose, et en sortit sa propre baguette. La voyant, Hariel fut assez surpris par sa longueur. Elle était plus courte que la normale. D'après un livre qu'il avait lu sur le sujet, il savait que, dans ce domaine, la taille avait son importance. Une baguette assez longue montrait un fort potentiel pour la magie. Cependant, quand elle était plus courte, cela ne signifiait pas que le sorcier était moins puissant, mais qu'il avait plutôt une déficience. En particulier mentale. Oui, Ombrage était bien dangereuse.

Elle la pointa alors sur le tableau où des mots apparurent avec une écriture arrondie et fleurie :

« Défense Contre les Forces du Mal

Retour aux principes de base »

« Il apparaît que votre enseignement dans cette matière a été plus que… lacunaire ces dernières années » dit-elle. « Nombreux enseignants différents, digressions par rapport au programme… tout cela a concouru à vous laisser à un niveau bien inférieur à celui requis au début d'une année de BUSEs. Mais ne craignez rien, à présent vous êtes entre de bonnes mains. Le programme que nous allons suivre sera centré sur la théorie de la magie défensive et a été approuvé par le ministère. »

Ce qui n'était pas forcément une bonne nouvelle en cette période. Et les objectifs d'apprentissage qu'elle nota ensuite au tableau n'étaient pas non plus pour le rassurer. Compréhension des principes qui fondent la défense magique, reconnaissance des situations dans lesquelles la défense magique est légèrement justifiée, replacement de la défense magique dans un contexte ouvrant sur la pratique…

Le fondement de la Défense Contre les Forces du Mal venait du fait que le Monde Magique recelait certains périls. De nombreuses créatures plus ou moins dangereuses existaient et les Sorciers devaient apprendre à s'en défendre. Pourtant, ce n'était pas la seule raison. Pour parler franchement, les Magiciens naissaient presque avec une arme entre les mains. Certes, les Sorciers étaient pratiquement impuissants sans leur baguette, mais avec, ils étaient, quel que soit leur profession, aussi forts qu'un soldat entraîné. Et tout aussi dangereux.

Cependant, si on omettait Voldemort, les Mages Noirs n'apparaissaient pas tous les jours au coin de la rue. Pourtant, tout Sorcier était capable de violence et comme ils avaient tendance à tout résoudre par la magie, un mauvais sort était vite parti. De même, la magie n'était pas sans risque et le moindre problème pouvait dégénérer au point de faire des blessés. C'est pour ça que la défense était si essentielle.

Sauf que la Défense était également une affaire d'attaque. En effet, de nombreux sorts appris dans ce cours étaient aussi offensifs, car pour se protéger il fallait aussi neutraliser l'adversaire. Et c'était ça que craignait Fudge. Par Simeon, Hariel avait entendu les rumeurs qui courraient au Ministère. Fudge croyait que la nouvelle du retour de Voldemort était une fumisterie organisée par Dumbledore pour favoriser la prose de pouvoir de son poulain, le Prince Pendragon-Emrys. Il pensait qu'il utilisait sa renommée en tant qu'Harry Potter pour répandre la peur parmi la population qui se tournera alors automatiquement vers un héros. Et qui de mieux que celui qui brandit Excalibur.

Dans le même temps, il craignait que le Directeur use de sa position à l'école pour recruter des adeptes qui constitueraient une sorte d'armée personnelle. Dans le but d'enrayer ses plans, il avait envoyé Ombrage pour « désarmer » les élèves en les empêchant d'apprendre efficacement la magie.

Le problème, c'est qu'en faisant ça, il risquait de mettre la population Sorcière en danger. Même si le retour de Voldemort était un mensonge, si les étudiants qui sortaient de Poudlard n'étaient pas formés à se défendre, alors les services de Police et d'Auror ne seraient pas renouvelés ou bien ils devraient baisser leurs exigences de recrutement, abaissant du même coup le niveau de leur force de frappe… Ce qui laisserait la population magique vulnérable.

« À présent, est-ce que vous avez tous votre exemplaire de Théorie des stratégies de défense magique de Wilbert Eskivdur ? »

Une nouvelle fois, la classe montra peu d'enthousiasme à répondre et une nouvelle fois, Ombrage les reprit en leur faisant répéter.

« Très bien » dit-elle finalement. « À présent, ouvrez votre livre à la page 5 et lisez le chapitre intitulé : Principes de base à l'usage des débutants. »

Contrairement à son habitude, Hariel n'avait pas encore regardé ses manuels scolaires. La semaine qui avait précédé, la rentrée avait été trop bien remplie pour qu'il s'en préoccupe. Il ne savait donc pas à quoi s'attendre quand il ouvrit celui-ci. Cependant, dès les premiers mots il fronça les sourcils. Ce livre n'était certainement pas pour des débutants. Il était aisé pour lui de comprendre le texte qu'il avait sous les yeux, mais celui-ci était bien trop pointu et abscons pour des étudiants de 15 ans. Et cela devait être pire pour les premières années qui, il l'avait remarqué dans la salle commune, avaient le même manuel. À son avis, un tel niveau de contenu était plus du stade de la maîtrise ou de la dernière année de la formation d'Auror, et encore.

Mais ce n'était pas tout. En effet, le texte faisait extrêmement professionnel bien qu'abscons. Cependant, si on arrivait à le comprendre on se rendait compte que ce n'était pas le cas. Le fond scientifique était pauvre, bâclé et manquait de précision et d'exemples. La majorité des principes énoncés dans ce chapitre étaient redondants ou se contredisaient. En clair, il n'y avait rien d'exploitable ici.

Hariel glissa un regard dans la classe et vit que beaucoup semblaient perdus en tentant de déchiffrer le contenu. Certains fronçaient les sourcils, d'autres suivaient le texte avec le doigt pour éviter de lire dix fois la même ligne quant au reste, ils avaient clairement abandonné. Cependant, en tournant son attention sur sa droite, il constata qu'Hermione n'était dans aucun de ces cas. En fait, elle n'avait même pas ouvert son livre. Le regard rivé sur la Professeur, elle levait la main.

C'était tellement inhabituel de voir Hermione ne pas suivre les consignes ou lire un ouvrage recommandé que les élèves commencèrent à la fixer avec des yeux ronds. Au final, le manuel scolaire était si rébarbatif que de plus en plus de gens se mirent à la regarder. Ce nombre était si important qu'Ombrage finit par être obligé de réagir.

« Avez-vous une question sur le chapitre, très cher ? » Demanda-t-elle.

« Pas au sujet du chapitre, non » répondit Hermione.

« Pour l'instant, nous sommes en train de lire » dit-elle avec un grand sourire. « Si vous avez des questions sur un autre sujet, il faudra attendre la fin du cours. »

« En fait, c'est au sujet de vos objectifs d'apprentissages »

Ombrage haussa un sourcil. Son sourire diminua légèrement.

« Et vous vous appelez ? »

« Hermione Granger » répondit celle-ci fermement.

« Et bien, Miss Granger, il semble que ces objectifs sont parfaitement clairs si vous prenez la peine de lire attentivement. »

« Je ne le pense pas » dit Hermione d'une voix ferme.

Autour d'elle, les autres élèves chuchotaient.

« Rien n'est indiqué au sujet de l'utilisation des sortilèges de défense » poursuivit-elle.

À ces mots, Ombrage papillonna des yeux.

« Leur utilisation ? » Dit-elle avec un gloussement. « Je ne vois pas ce qui pourrait arriver dans ma classe qui nécessite de recourir à un tel sortilège, Misse Granger. Vous ne craignez quand même pas une attaque pendant mes leçons ? »

« Je croyais que l'objectif d'un professeur était de préparer à ce qui se passe après les cours. Dans le monde extérieur. De plus, la raison d'être des cours de Défense Contre les Forces du Mal est bien de nous apprendre des sorts de défense, non ? »

« Seriez-vous donc une experte formée, Miss Granger ? » Sursurra Ombrage d'une voix mielleuse.

« Non, mais apparemment, selon le Skeeter, vous non plus. »

Ombrage pâlit puis rougit et ses yeux se mirent à lancer des éclairs.

« Contrairement à ce que dit ce torchon, j'ai les qualifications nécessaires pour ce poste » siffla-t-elle.

« Lesquels ? » Demanda alors Terry Boot.

« Cela ne vous regarde pas. »

« Mais si nous ne faisons que de la théorie, comment pourront nous passer l'épreuve pratique des BUSEs ? » Demanda alors Padma.

« Si vous étudiez attentivement la théorie alors, il n'y a aucune raison pour que vous ne puissiez pas exécuter l'un des sorts sous le contrôle attentif des responsables de l'examen. »

« Sans jamais les avoir pratiqués ? » Demanda Blaise. « Ça veut dire que la première fois qu'on les jettera sera le jour de l'examen ? »

Ombrage perdait le contrôle. Hermione avait débloqué la parole et à présent les élèves s'exprimaient également.

« Je vous le répète » dit-elle finalement d'une voix courroucée. « La théorie est suffisante pour réussir votre examen. »

« Mais et après ? À quoi la théorie nous servira dans le monde réel ? »

C'était Draco qui venait de parler. Hariel sentit son cœur se serrer, mais il était conscient que son petit ami savait ce qu'il faisait.

« Nous sommes dans une école, M. Black, pas dans le monde réel. »

« Comme a dit Hermione, le rôle de l'école est de nous préparer au monde réel. »

« Mais il n'y a rien qui vous attend au-dehors, . »

« Pas même… Voldemort ? »

Un concert de hoquet et de petits cris se fit entendre dans la salle.

« Laissez-moi mettre les choses au clair, vous tous » siffla Ombrage. « Toute rumeur sur la réapparition d'un certain Mage Noir est un mensonge. »

« Pourtant le Professeur Dumbledore le dit » déclara innocemment Draco.

En tant que prote parole du Prince (et appât pour les attaques du Ministère), Draco se devait de prendre le partit du directeur.

« Et bien, l'avis d'un simple directeur d'école ne pèse pas bien lourd à côté de celui de notre Ministre. »

« Un directeur qui est également Président Sorcier du Magenmagot, Manitou Suprême de la Confédération Internationale des Sorciers, qui a vaincu le Mage Noir Grindelwald et tenu en respect Voldemort pendant près de deux décennies, tout de même » dit Hermione.

Cela lui faisait mal d'encenser Dumbledore de cette façon, mais pour une fois, sa notoriété allait servir.

« Il est donc plus un spécialiste que quelqu'un qui n'a été que directeur du Département des Accidents et Catastrophes Magiques. »

« Cela suffit à présent ! » S'écria alors la femme. « Ceci, jeune fille, vous vaudra une retenue. Ce soir, vingt et une heures, dans mon bureau. Maintenant, je le répète, il n'y a pas de Mage Noir. C'est une invention. Si vous éprouvez des inquiétudes à ce sujet, venez me voir à la fin des cours. Si quelqu'un vous fait peur en parlant de ceci, prévenez-moi immédiatement. Si des mensonges sont répandus, je veux être au courant. Je suis ici pour vous aider. Je suis votre amie. Et maintenant, reprenez votre lecture. Page 5. Principes de bases… »

« N'importe quoi » soupira alors Draco en se levant.

« , veuillez vous rassoir ! » S'écria Ombrage.

« Je préfère partir plutôt que d'écouter ces stupidités » dit-il en rangeant ses affaires.

« Je vous préviens, si vous partez je serai obligé de vous faire expulser. »

« Par qui ? Le directeur ? Ou Cornélius Fudge. »

Il ricana et se dirigea vers la sortie.

« ! Dernier avertissement ! »

« Allez-y. Et nous verrons qui de votre Ministre ou de mon Prince a le plus de pouvoir. »

Il ouvrit la porte, mais au dernier moment, se tourna à nouveau vers la femme.

« Au fait. Le Prince aussi dit que Voldemort est de retour. »

Et puis il la referma sur le chaos que sa déclaration avait engendré.

0o0o0

« C'est dangereux ce que tu as fait, Draco. Tu prends trop de risque » dit Hariel.

Le repas venait de finir. Il s'était contenu jusque là, mais alors qu'il allait quitter son ami pour la nuit, il n'y était pas arrivé plus longtemps.

« Tu risques vraiment de te faire renvoyer. »

« Comme je l'ai dit à Ombrage, il faudra d'abord qu'il affronte le Prince. Et puis, c'était aussi le but non ? »

Que Draco fasse du grabuge à l'école était également l'un de ses objectifs. Si Fudge se concentrait sur lui, s'il croyait que son intention était de soulever les élèves pour le compte de Dumbledore en renforçant son idée que le directeur cherchait à former son armée privée, alors il ne verrait pas ce qui se passait au Ministère où les alliés d'Hariel commençaient à agir en trouvant de plus en plus de soutiens.

« Mais ça m'inquiète aussi » lui dit celui-ci. « Cette femme est tordue, je le sens. Elle est capable de n'importe quoi et si tu dois dissimuler tes vrais pouvoirs, tu es vulnérable. »

« Mais c'est la seule chose que je peux faire pour toi » répondit Draco. « C'est pour ça que je veux le faire. »

C'était justement cela le problème. Avec ce qui s'était passé cet été, Draco voulait à tout prix trouver un autre moyen de se rendre utile que de se battre. À cause de cela, il prenait des risques. Comme cette histoire d'appât. Bien entendu, ce n'était pas une idée d'Hariel, mais il avait fini par l'accepter devant l'insistance de son petit ami.

Le problème, c'était cette appréhension qui ne le lâchait pas. Depuis son voyage dans le passé et sa rencontre avec Myrddyn, il faisait plus confiance à ses intuitions et était plus à l'écoute de ses pressentiments. C'en était au point où il était inquiet pour à peu près tout et cette femme, Ombrage n'était que le premier de ses soucis.

0o0o0

Hermione n'avait jamais eu l'occasion d'entrer dans le bureau alloué au professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Cependant, elle doutait que la décoration soit d'origine. Même à l'époque d'un flamboyant Gilderoy Lockhart.

Tout comme sa propriétaire, l'endroit était extrêmement… rose. Elle ne savait pas si c'était de la magie ou à cause du décor chargé, mais la pierre pâle des murs semblait avoir pris une couleur coquille d'œuf. Par-dessus était suspendue toute une collection d'assiettes en porcelaine décorée de chatons. Tous étaient mouvants et portaient des nœuds aux teintes criardes. De lourds rideaux de satin magenta brodés de dentelles ornaient les fenêtres et d'épais tapis cerise recouvraient la roche du sol.

Ombrage était assis derrière un large bureau de style Louis XV en bois clair décoré d'or, sur un fauteuil tapissé de soie dragée. Devant se trouvaient deux chaises du même style et parées de tissus de la même couleur que le reste. L'ensemble était complété par plusieurs vases remplis de fleurs toutes roses même si cette couleur n'existait pas dans la nature pour ces spécimens.

« Bonsoir Mlle Granger » dit-elle sur son exaspérant ton de petite fille.

« Bonsoir, Professeur » répondit Hermione en omettant volontairement la formulation que la femme aimait à entendre dans la bouche de ses élèves.

Elle ne releva pas.

« Asseyez-vous, très chère » dit-elle.

Elle tendit la main et indiqua une petite table sur le côté. Elle était du même style que le reste des meubles et la chaise qui était posée devant était d'une couleur identique. Hermione traversa alors la pièce sans lâcher la femme des yeux et s'assit. Toujours à son bureau, Ombrage sortit sa baguette et s'en servit pour faire flotter un rouleau de parchemin.

« Pour notre punition de ce soir, vous allez… copier des lignes » dit-elle alors que le support, vierge, se déroulait sur la petite table devant Hermione. « Sans magie, bien entendu. »

Celle-ci plissa les yeux et se retint de renifler devant la stupidité de cette punition. Copier des lignes n'avait jamais été une pratique pédagogique viable. Tout d'abord, elle causait des douleurs articulaires à force de répéter encore et toujours les mêmes gestes. Certains pourraient dire que c'est justement le but d'une punition. Sauf que cela enseignait à l'enfant qu'il n'y a pas d'apprentissage sans douleur et qu'il le reproduira dans tous les aspects de sa vie par la suite.

De même, ce n'était pas un véritable apprentissage. Les promoteurs de cette pratique arguaient que la répétition de la phrase permettait son assimilation. Qu'elle se "gravait dans la tête" pour ainsi dire. Sauf que la douleur liée à l'opération nuisait à la concentration et l'écriture devenait alors mécanique en même temps que le sens de la phrase (et donc la leçon qu'elle est censée enseigner) se perdait pour le simple recopiage de symboles sans aucune logique.

Mais bon, ce n'était pas comme si elle s'était attendue à grand-chose de la part de la femme. Elle s'abstint donc de tout commentaire et se pencha pour ouvrir son sac afin d'en tirer l'une de ses plumes ainsi que son encrier.

« Oh, non, très chère ! » Minauda alors Ombrage. « Inutile de sortir de quoi écrire, j'ai tout ce qu'il faut. »

Elle reprit sa baguette, effectua un léger mouvement et une plume sortit de l'un des tiroirs de son bureau, vola jusqu'à la petite table où se trouvait Hermione et se posa à côté de sa main. La jeune fille écarquilla les yeux en la voyant. Elle était longue, noire et sa pointe semblait aussi effilée que la lame d'un rasoir.

Une Plume à Sang.

Donc Ombrage voulait prendre l'expression "graver dans la tête" au pied de la lettre sauf qu'elle voulait qu'elle grave littéralement cette phrase et non pas dans son esprit, mais dans sa chaire. La Plume avait le pouvoir de prélever le sang de celui qui la tenait pour servir d'encre. Le procédé n'était pas vraiment indolore, mais la marque qu'elle laissait sur le dos de la main de l'utilisateur et qui représentait ce qu'elle avait écrit avec s'estompait après quelques instants. Sauf que dans ce cas, Ombrage voulait qu'elle répète le processus encore et encore, chaque tracé causant de la douleur et gravant encore et encore la marque. Si les hypothèses d'Hermione étaient justes, il était donc probable que la plume finisse par meurtrir sa chair de façon définitive. Comme avec une lame.

« Je veux que vous écriviez : "je ne dois pas me montrer irrespectueuse envers un représentant de l'autorité."

« Non » répondit alors Hermione.

« Plaît-il, très chère ? » Demanda Ombrage.

« J'ai dit non. Je ne copierais pas ces lignes. Pas avec cette plume. »

La femme sourit découvrant ses dents extraordinairement pointues.

« Croyez-vous vraiment que je vous laisse le choix, Mlle Granger ? » Se moqua-t-elle. « Soit vous écrivez ces lignes, soit vous êtes renvoyé. »

« Allez-y. Essayez » la défia Hermione. « Je serais alors ravie de leur expliquer que la raison pour laquelle je n'ai pas accepté de subir la punition était parce que vous vouliez me faire écrire des lignes avec une Plume à Sang, un artefact dont l'utilisation est extrêmement réglementée. Les seuls cas où son usage est toléré sont pour la signature de contrats magiques, et ce à cause de la douleur et des stigmates qu'elle occasionne. Mais ça je suppose que vous le saviez. »

Ombrage avait blêmi durant le monologue d'Hermione. Elle ne devait pas s'attendre à ce que celle-ci soit au courant de ce qu'était cette plume ni des lois qui les administraient. Si les dossiers d'Hariel à son sujet étaient exacts, en plus d'être xénophobe, la femme était aussi adepte du Statut de Sang. Donc pour elle, la jeune fille ne devait être qu'une « Sang-de-Bourbe » ignorante.

« Ce… ce sera votre parole contre la mienne, petite peste » siffla-t-elle, ébranlée.

« C'est vrai » concéda Hermione. « Sauf bien sûr si je dispose d'une preuve. »

Rapidement, elle se pencha vers son sac et fit semblant d'en tirer une pochette en plastique transparent alors qu'elle la faisait simplement apparaître sans baguette. Elle saisit ensuite délicatement la plume et la fourra à l'intérieur avant de la sceller hermétiquement.

« Je suis sûr que le directeur sera très intéressé par ceci. Ou le Conseil des Gouverneurs. Ou peut-être même les Aurors pourquoi pas. »

« Rendez-moi ça tout de suite, sale petite morveuse ! » S'écria alors Ombrage.

Elle tendit sa baguette vers la pochette et lança un sortilège d'attraction. Mais celle-ci ne bougea pas. Hermione n'était pas stupide. Elle l'avait bien entendu protégée contre ce type de tours.

« Maintenant, si vous n'avez plus rien à me dire, je vais retourner dans mon dortoir » dit celle-ci en se relevant.

« Je… Vous… vous ne pourrez pas prouver que cette plume m'appartient ! » S'exclama Ombrage en s'étouffant presque.

« En fait si. Puisqu'elle est à vous, il sera facile à des personnes qualifiées de trouver des traces de votre empreinte magique dessus. Surtout que vous en avez rajouté en me la donnant. »

Aucun des Aurors anglais n'avait d'affinités à lire les signatures magiques comme les Magiciens tels qu'Hermione ou Hariel. Cependant, il existait des sorts qui permettaient d'en comparer deux à la manière des empreintes digitales. C'est la raison pour laquelle Hermione n'avait pas utilisé la magie directement sur la plume, pour éviter que sa propre signature se retrouve dessus. De plus, sa pochette était par nature étanche à la magie, même la sienne, donc même si elle l'avait créé grâce à ses pouvoirs, ce qu'elle contenait ne serait pas contaminé. C'était exactement comme les sacs de preuves qu'utilisaient les policiers.

« À présent que tout est clair pour vous, voilà comment ça va se passer » dit Hermione sur un ton nonchalant en se dirigeant vers la porte. « Vous n'allez pas essayer de me renvoyer et moi je ne montrerai pas cette plume aux autorités. Nous sommes bien d'accord ? »

Ombrage serra les dents et son poing autour de sa baguette.

« On va dire que oui. »

Après cette dernière pique, Hermione ouvrit la porte et sortit dans le couloir. La voyant ainsi disparaître, Ombrage se sentit au comble de la fureur. Elle se précipita au-dehors à la suite de la jeune fille et lui lança le premier sort qui lui venait à l'esprit. Et ce n'était pas un sortilège de Chatouillis. Mais Hermione ne prit même pas la peine de se retourner et le bloqua d'un mouvement négligent de sa baguette par-dessus son épaule.

« Finalement, vous venez vous-même de prouver que vous avez tort » dit-elle en tournant à peine la tête vers la femme. « Nous sommes à l'école et pourtant je me suis fait attaquer. Heureusement que je connaissais des sorts de défenses, n'est-ce pas ? »

Ombrage tremblait de colère en voyant la jeune fille qui avait osé lui répondre s'éloigner d'elle comme si de rien n'était. À nouveau, elle pointa sa baguette dans sa direction dans le but de la maudire. Mais à ce moment-là, elle poussa un petit cri en sentant une douleur aiguë sur son visage. Rapidement, elle porta sa main à sa joue. Quand elle la retira, elle vit qu'il y avait du sang sur ses doigts.

Elle se précipita dans son bureau et fouilla dans l'un de ses tiroirs. Elle saisit finalement un miroir et se regarda à l'intérieur.

Sur sa pommette se trouvait une fine balafre sanguinolente.

À suivre…

.

Et voilà un chapitre de fini. Dans les temps cette fois. C'est fou ce qu'une bonne préparation rend la vie plus facile quand même.

Pour mon histoire, j'ai calqué l'emploi du temps d'Harry dans les livres même si Hariel est à Serdaigle et non à Gryffondor. Enfin, à quelques détails près. La journée décrite est celle du lundi et pas du jeudi. Oui, ça correspondait pas avec le calendrier. C'est bizarre, mais malgré le fait que la rentrée soit toujours un 1er janvier, dans les livres, le là demain est toujours un lundi. Magie ? Ou juste n'importe quoi ?

L'idée de faire en sorte que Rita ait son propre journal et qu'elle publie des articles va continuer. Hariel va donc s'en servir de plateforme pour ses idées afin de changer la société sorcière. Cette idée m'est venue grâce à la fic « Poison Pen » de GenkaiFan que j'aime beaucoup. J'espère que ce que je ferais sera à la hauteur.

Et un moment badass pour Hermione, un ! Elle a canalisé son Hariel intérieur pour faire fermer son clapet à Ombrage. Certains m'ont demandé en commentaire de la faire souffrir. Est-ce que c'est un bon début ? Draco aussi a été pas mal. On l'imagine trop comme un perso de manga tirer la langue a la prof en lui faisant un doigt.

En tout cas, n'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à dans deux semaines.