Check Mate DxD
Chapitre 11 : Association de Défense ? / Kebu no Kumiai ka ?
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"Le Prince prône l'évolution
Par Rita Skeeter
Coqueluche des médias et possible souverain controversé, le Prince Andrammax Pendragon-Emrys est la nouvelle sensation du moment. Depuis l'annonce officielle de son entrée en lice pour la course au trône, le Monde Magique est en ébullition. Pour rappel, c'est le 10 août dernier que la prestigieuse Maison Diggory a accueilli le Bal de Clôture des célébrations d'été du gratin Sorcier Britannique. C'est là que les invités ont pu rencontrer de visu Son Altesse, dont la présence s'était toujours faite rare dans la haute société comme ailleurs. C'est à cette occasion toute particulière qui annonce en quelque sorte le début de l'année mondaine dans l'Angleterre Magique que celui que l'on surnomme seulement "le Prince" a fait sa grande proclamation.
Depuis, les spéculations vont bon train. Qu'est-ce que ce jeune homme inconnu, mais aux titres prestigieux pourrait nous apporter ? En quoi notre vie pourrait en être bouleversée ? Pourquoi maintenant ? Ou simplement, pourquoi ?
De nombreuses questions qui sont encore sans réponses. Du moins en partie. En effet, un article paru il y a quelques semaines sans la Gazette du Sorcier, notre premier concurrent dans l'information, faisait état de certaines hypothèses et théories sur ces interrogations. Je parle d'hypothèses et de théories, car bien évidemment, comme on pouvait s'y attendre de la Gazette, ni preuve ni témoignages ne sont requis pour publier entre ces pages. Je le sais, j'y travaillais.
Cependant, la question primordiale qui en ressort est : pourquoi ne pas avoir tout simplement demandé au principal intéressé, le Prince ? C'est donc ce que j'ai fait pour vous, cher lecteur. Je me suis adressée à Son Altesse et il est à présent ici avec moi.
Rita Skeeter (RS) : Donc, bonjour Votre Altesse.
Son Altesse le Prince (SAP) : Bonjour Miss Skeeter.
RS : vous avez accepté aujourd'hui de me rencontrer et de répondre à mes questions. Pourquoi cela ?
SAP : Et bien, comme vous l'avez dit, un article a été écrit à mon sujet. Un article qui dit, qui affirme même, les raisons pour lesquelles j'aurais ou n'aurais pas fait certaines choses ainsi que sur mon passé et ce que ça annonce sur mon avenir. Si je suis ici, c'est principalement pour rétablir la vérité.
RS : Le Skeeter est un journal assez récent et encore très peu lu. On pourrait se demander pourquoi avoir choisi une scène aussi peu regardée.
SAP : En vérité, dès la parution de l'article de cette Patricia Stimpson, je me suis adressé à la Gazette du Sorcier dans le but de clarifier mes intentions. Cependant, mon courrier est resté tout simplement sans réponse.
RS : Donc, devant ce refus manifeste d'entendre votre version de l'histoire au mépris de toute objectivité journalistique et avec un parti pris évident, vous êtes venu vous adresser à moi ?
SAP : En effet, j'ai remarqué de nombreuses lacunes en matière de journalisme d'information au Royaume-Uni. Jusqu'à encore récemment, la Gazette était l'unique journal disponible. C'était avant vos premières publications. J'ai donc été obligé de me rabattre sur vous… sans vouloir vous offenser.
RS : Il n'y a pas de mal.
SAP : En vérité, je dois avouer avoir été sceptique au départ. Vous n'avez pas la meilleure réputation. De plus, au vu de vos prises de position à l'encontre d'Albus Dumbledore, que je considère un peu comme mon mentor, j'hésitais à venir vous voir. Cependant, je suis obligé de reconnaître votre talent pour l'écriture.
RS : Je vous remercie, Altesse. Mais revenons-en au sujet qui nous intéresse. Vous disiez vouloir apporter un éclairage nouveau à l'article qui a récemment été publié sur vous.
SAP : Soyons clairs. Le fait que je ne désirais pas au départ prendre le trône est vrai. Quand j'ai pris possession de mes titres j'étais jeune, à peine 13 ans et je venais d'arriver dans le pays. Cependant, j'ai été aidé pour apprendre au sujet de la culture sorcière et de sa politique par mon avocat, Simeon Randall-Delûte. L'article à mon sujet disait que c'était son désir à lui qui m'a forcé à changer d'avis, mais c'est faux. Le Régent Pendragon-Emrys, comme tout le monde l'appelle, a été un exemple de probité pendant toutes ces années. Chacune des décisions qu'il a prises au Magenmagot était inspirée par moi et moi seul. À aucun moment, il n'a cherché à prendre avantage de la situation pour son compte personnel. Jamais.
RS : Mais si personne n'a fait pression sur vous, pour quelle raison, à présent, voulez-vous faire valoir vos droits sur le trône ?
SAP : Je pense que c'est une question de responsabilité pour une part. Ces titres, celui qui me confère le pouvoir en particulier, je dois pouvoir les utiliser pour le bien de tous. Il faut se rendre à l'évidence, les choses vont mal en Angleterre. Notre pays est sur le déclin que ce soit politiquement ou même magiquement. Il y a encore 100 ans, un Mage Noir comme [Vous-Savez-Qui] (le Prince a bien prononcé son nom. ndlr) n'aurait jamais pu prendre une telle ampleur. Durant l'histoire anglaise, il y a eu des Sorciers bien plus destructeurs que lui et qui n'ont pas causé autant de problèmes.
RS : Nous notons que vous avez dit le nom du Mage Noir. Serait-ce que vous faite partit des rares personnes à ne pas avoir peur de lui, comme votre mentor, Albus Dumbledore ?
SAP : Vous vous trompez. Je le crains. Je crains ce qu'il peut faire. Cependant, Albus m'a appris à ne pas avoir peur de son nom, car ce n'est qu'un nom. Jusque-là, ses conseils m'ont été précieux. C'est aussi grâce à lui que je n'ai pas regretté d'avoir quitté l'Inde.
RS : justement, l'Inde. Vous y êtes né et y avez même commencé vos études, pourquoi revenir en Angleterre ?
SAP : Comme beaucoup d'enfants ayant perdu ses parents jeunes, j'étais en quête de mes origines. C'est elles qui m'ont ramené en Angleterre. C'est à la suite de ça que je me suis retrouvé à Gringotts où les Gobelins m'ont parlé de mon héritage et m'ont confié Excalibur.
RS : Donc, c'est eux qui l'avaient en leur possession.
SAP : Elle leur avait été remise par la Dame du Lac en vue de sa transmission au prochain qui réclamerait le titre de Pendragon.
RS : Un titre de Moldu, mais qui toutefois, nous le rappelons, une parfaite légitimité dans le Monde Sorcier.
SAP : Le fait que je descende également de Merlin Emerys ne fait que renforcer sa légitimité. Cependant, même sans cela, c'est loin d'être une nouveauté. Après tout, la Reine Elizabeth II d'Angleterre et du Commonwealth n'est pas une Sorcière et pourtant elle dirige notre monde comme l'ont fait ses prédécesseurs avant elle. Que je sois moi-même un Sorcier rendrait forcément l'alternative plus attractive pour certains (dis le Prince sur un ton ironique. ndlr). Sur un autre sujet, je tiens à ajouter que je n'apprécie pas vraiment le mot "Moldu". Je lui préfère celui de "Sapiant".
RS : Sapiant ? Je n'ai encore jamais entendu ce terme.
SAP : C'est assez normal puisque je l'ai inventé. Le mot "Sapiant" vient du latin "sapiens", la connaissance, l'intelligence.
RS : Certains pourraient douter du bien fondé de cette appellation compte tenu du fait qu'ils ne possèdent pas de magie.
SAP : Réfléchissez une seconde. Parmi les espèces animales, nous compris, ils n'ont pas de griffes ou de crocs, ils ne peuvent pas voler, cracher du feu, se téléporter ou créer des explosions. Et pourtant ils sont malgré cela, ils sont toujours là et c'est eux qui dominent la planète.
RS : "Dominer" ne serait-il pas un terme un peu excessif ? Ils ne peuvent pas transplanter, se protéger avec des boucliers ou même allumer une bougie sans bouger de leur fauteuil.
SAP : Ça reste à voir. Croyez-moi, les Sapiants ont évolué. Ils ne sont pas capables de se transporter en quelques instants d'un endroit à un autre, mais ils peuvent communiquer partout dans le monde depuis n'importe où quasi instantanément. Ils ont accès en permanence à un réseau de connaissances infini et depuis soixante-dix ans ils ont des armes capables de vaporiser des villes en quelques secondes, quant à allumer une bougie, à quoi ça servirait quand ils peuvent illuminer leur maison entière sans bouger de leur fauteuil.
RS : On dirait que vous appréciez beaucoup les Moldus… enfin les Sapiants.
SAP : J'admire leur intellect et leur débrouillardise et je crains qu'un jour elle leur permette de nous découvrir.
RTT : cette hypothèse est un sujet de controverse dans ce pays. D'ailleurs, certains pensent que votre "attachement" aux Sapiants risque de vous faire remettre en cause nos traditions une fois sur le trône.
SAP : Il y a une chose importante à savoir au sujet des traditions, c'est d'où elles viennent. Chaque tradition naît pour une raison particulière. Cependant, si cette raison s'est perdue ou si elle n'a plus lieu d'être parce que le monde a changé alors pourquoi la conserver ? Car en effet, le monde change, il évolue là où les traditions n'évoluent pas et il arrive que dans ce Nouveau Monde, elles soient plus pénalisantes qu'autre chose. Je ne dis pas qu'il faille faire disparaître toutes les traditions. Certaines font partie de notre culture et nous devons en conserver la mémoire ce qui ne veut pas dire l'imposer aux autres. De plus, certaines traditions ancestrales causent, de nos jours, de la peine, de la douleur aux Sorciers, qui les amoindrit ou les humilie. Dans ce cas, pourquoi les garder, surtout si elles n'ont plus de raison d'être ? Personnellement, je ne prône pas le changement, je prône l'évolution.
RS : Un merveilleux slogan pour votre campagne. Je vous remercie de votre temps, Votre Altesse.
SAP : Mais c'est moi qui vous remercie. Dorénavant, je sais que grâce à vous je peux disposer d'une écoute et d'une audience pour faire entendre ma voix.
Et nous serons bien évidemment heureux de parler à nouveau avec le Prince à chaque fois qu'il le désirera."
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Hariel replia le journal et le reposa sur la table. Peu de mensonge. Beaucoup d'idées. C'était parfait. Exactement ce qu'il voulait. Rita avait bien œuvré avec toutes les informations qu'il lui avait données. Un bon travail en somme.
Autour de lui, tout le monde chuchotait en lisant l'article. Les rumeurs allaient bon train alors et l'excitation se ressentait dans la pièce. Hariel savait que les fans de ce journal allaient être déçus quand ils ne recevraient pas le prochain numéro gratuitement. Cependant, il savait aussi que c'était le moment pour qu'il prenne plus d'importance et devienne un véritable quotidien payant. Rita n'avait pas seulement fait un bon travail d'écriture, elle avait également été parfaite dans son rôle de rédactrice en chef. Elle avait engagé du personnel pour gérer les différents aspects de la publication journalistique. Des reporters, bien sûr, mais aussi des photographes, des imprimeurs et même des artistes. Elle avait également réussi à se faire quelques contacts à l'étranger afin de recevoir rapidement des nouvelles d'en dehors de l'Europe et même de l'Angleterre.
Grâce à tout cela, le quotidien s'était étoffé et pouvait maintenant être considéré comme un véritable journal. D'où sa commercialisation. Hariel possédait à présent un canal exclusif afin de pouvoir s'exprimer. D'un certain côté, il avait l'impression de faire ce que faisait Fudge avec la Gazette, mais ce n'était pas lui qui avait commencé cette bataille par médias interposés. Il savait que c'était un argument un peu puéril et hypocrite et que dire qu'il n'avait pas le choix était une excuse. Il avait le choix et il avait choisi.
Si Fudge voulait la guerre, il allait l'avoir.
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Cédric grogna et manqua jeter ses armes sur le sol. Il se retint pourtant. Cela ne servait à rien, il le savait. Cela n'allait pas m'aider à viser juste ou à utiliser correctement les deux pistolets. Cela restait néanmoins extrêmement frustrant. Il avait beau essayer et essayer encore, impossible de toucher les cibles qu'il avait installées plus d'une fois ou deux d'affilés.
En soupirant, il s'assit sur le sol puis posa ses armes à côté de lui avant de masser ses bras douloureux.
C'est vrai, les deux pistolets étaient lourds, mais ce n'était pas cela le problème. Il n'était pas habitué à porter des charges importantes cependant il avait toujours pratiqué le Quidditch. Quoi qu'on en pensât (ou qu'on riait en le disant), agripper un manche à balai pendant des heures permettait de développer ses bras. Se maintenir sur l'objet volant demandait à la fois force et endurance ce qui faisait que ses armes n'étaient pas, en elles-mêmes, le problème.
Le problème c'était ce maudit recul. Enfin, ce qu'Hariel lui avait expliqué était le recul. C'est-à-dire le contrecoup perçu par le corps lors du lancement d'un tir magique. Dans ces moments-là, son bras partait en arrière, affectant sa visée. Il avait beau tenter de s'y préparer, il n'arrivait pas à s'y faire. Soit il ne bandait pas assez ses muscles et le coup déviait, soit il le faisait trop et alors il peinait à durer plus de quelques minutes. Pas vraiment, quelque chose d'opportun en plein combat.
Pourtant il refusait d'abandonner. Non. Impossible pour lui, car il avait un objectif : devenir plus fort. Devenir plus fort afin d'être utile à Hariel, son Maître. Mais contrairement aux autres, lui n'avait aucun pouvoir particulier. Draco et Fleur possédaient tous les deux un artefact surpuissant, un Sacred Gear de Longinus et Fleur était une Veela. Remus était un Loup-garou, Sirius, un Ulfark, quant à Viktor, lui il avait ce mystérieux pouvoir dont personne n'avait entendu parler en plus de sa résistance extraordinaire.
Cédric lui n'avait que… ses pistolets. Au départ, il n'avait rien du tout et puis il avait saisi ces armes et enfin il était devenu spécial, particulier. Cependant, être particulier ne l'aiderait pas s'il ne pouvait pas utiliser sa singularité pour se battre. Alors il s'entraînait dès qu'il le pouvait. Ce qui voulait dire, pas autant qu'il l'aurait aimé.
Généralement, son emploi du temps se partageait entre son travail pour Hariel, c'est à dire principalement la distribution de tracts, et ses leçons et devoirs d'Héritier Diggory. Fort heureusement, en prévision de cette possibilité, son père lui avait bien appris l'étiquette et les traditions sorcières. Cependant, c'était loin d'être suffisant, car même Amos Diggory ne pouvait connaître l'intégralité des affaires de la famille. Les dossiers comptables et fonciers, en particulier les plus importants, ne quittaient jamais les mains de Lionel et Rebecca. Et c'était sans compter les différentes sorties mondaines auxquelles il devait aller.
Tout comme Hariel, ou plutôt le Prince, Cédric faisait figure de nouveauté dans le Monde Sorcier de la haute. Il était en quelque sorte le fils prodigue, l'élu enfin choisit par les deux vieillards, la mère et le fils. Insensibles aux remarques, ceux-ci se focalisaient plutôt sur leur comédie de la mère castratrice et de son fils soumis qui leur permettait bien souvent de prendre le pas sur leurs adversaires. Ceux qui voulaient négocier avec Rebecca se concentraient sur elle sans faire attention à Lionel qui pourtant était bien plus observateur et rusé que ce que son rôle le laissait croire. De même, il savait très bien comment jouer les imbéciles quand certains ingénieux parvenaient à déjouer la surveillance de la Matriarche pour s'adresser directement à lui.
Cédric avait donc dû s'insérer dans cette étrange dynamique familiale, devenant ainsi le second mâle dominé du Clan aux prises avec sa grand-mère implacable. Bon, il s'avérait que pour le moment, il ne s'agissait pas vraiment d'une comédie. Cédric était assez intimidé par l'austère aïeule qui commandait son monde à la baguette, lui également. Pourtant, dans le secret des boudoirs, il savait que sous ses dehors hostiles et durs se cachait une femme tout simplement solide, mais aussi réfléchie et déterminée. Une force de la nature que le jeune Démon ne pouvait qu'envier et espérer d'égaler.
Cependant, cela ne l'empêchait pas de regretter ne pas avoir plus de temps à consacrer à son entraînement. Il savait que celui-ci irait bien plus vite avec un instructeur malheureusement le problème quand on était particulier, c'était que personne ne pouvait lui donner de conseils sur la manière de procéder. Forcément, il était le premier.
Soupirant à nouveau, il récupéra ses pistolets et se releva. Peut-être que s'il essayait avec une seule ça marcherait. Il rangea donc l'une des deux armes dans son étui attaché à sa cuisse et prit l'autre à deux mains comme il l'avait vu le faire dans ces « tutoriaux internet » qu'Hariel lui avait montrés et qu'il avait visionnés religieusement pour tenter de s'améliorer.
Il ajusta son tir et fit feu. La balle d'énergie fusa et traversa la cible de part en part. Bon, ce n'était pas encore au centre, mais au moins il l'avait touchée. Et il avait su gérer le recul. Tout excité, il tenta une nouvelle fois l'expérience. Comme précédemment, il « poussa » sa mana vers son arme qui la comprima. Puis il pressa la détente pour la relâcher. Malheureusement, cette fois, le recul fut plus important et le coup dévia, passa moins de la cible et fit exploser un rocher qui se trouvait derrière.
« Merde ! » S'écria Cédric en lâchant le pistolet de surprise.
Le recul avait été si fort que ça en avait été douloureux. Cela lui était déjà arrivé à plusieurs reprises, mais cela ne rendait pas l'expérience plus agréable pour autant.
« Ton flux de magie n'est pas très régulier. C'est pour ça que tu as du mal » dit alors une voix dans son dos.
Cédric sursauta et se retourna brusquement avant de s'incliner profondément.
« Milicas-sama » dit-il avec respect en utilisant le suffixe japonais qu'employaient les Gremory au sein de leur clan.
Tout comme son cousin Hariel, le fils de Sirzechs Lucifer avait bien grandi. L'adolescence avait affiné son visage et raffermit son corps, mais sans lui enlever la douceur de traits qu'il tenait de sa mère. Il possédait néanmoins les yeux de son père ainsi que son regard perçant et observateur.
« Désolé de t'avoir fait peur » lui dit l'autre garçon. « Mais tu avais l'air d'avoir des problèmes. »
« Oui, je sais » répondit Cédric, gêné. « Hariel m'a déjà parlé de mon flux irrégulier. Mais j'ai beau m'entraîner, je… »
« Peut-être que je pourrais t'aider » l'interrompit le jeune Seigneur Démoniaque.
« Je… c'est gentil à vous, mais je ne suis pas sûr… enfin, ce que je veux dire c'est que ce que je fais est assez… nouveau. Je ne sais pas si vous pouvez m'aider. Désolé de le dire comme ça, mais… »
« C'est vrai » l'interrompit à nouveau Millicas. « Je ne peux pas t'aider avec ces armes en particulier, mais ce n'est pas elle ton problème. Ton problème c'est la façon dont tu maîtrises le flux de ta magie. Et avec ça, je peux t'aider. »
« Je… je vous remercie, mais je ne voudrais pas vous déranger » balbutia Cédric.
Ce n'était pas dans ses habitudes d'être gêné. Surtout devant à quelqu'un de plus jeune que lui. Pourtant, face à Millicas, il ressentait un peu la même chose que face à Hariel. Une impression… d'autorité. C'était intimidant et la seule raison pour laquelle il agissait presque normalement avec son Maître était parce qu'il le connaissait depuis quatre ans à présent et qu'il s'était habitué à une version plus timide de lui.
« Ça ne me dérange pas du tout » répondit le jeune garçon avec un sourire. « Maintenant, pose tes armes et viens t'asseoir ici, nous allons commencer la leçon. »
Cédric hésita quelques instants. Poser ses armes ? Est-ce que ça allait vraiment l'aider s'il faisait quelque chose sans elles ? Il se mordit la lèvre, incertain. Pourtant au bout d'un bref moment, il rangea le second pistolet dans son étui et détacha les deux de ses cuisses avant de les poser et de rejoindre Millicas.
Celui-ci devait savoir ce qu'il faisait. En effet, Millicas avait beau ne pas être aussi démonstratif en matière de pouvoir que son père ou son cousin, il n'était pas moins les fils de deux Démons ultra-puissants, l'un des quatre Satan et la Plus Puissante des Reines. Il était très loin d'être faible. Cependant, il était de notoriété publique qu'il avait acquis une énorme maîtrise de ces pouvoirs et une précision presque chirurgicale dans leur utilisation.
Si quelqu'un pouvait aider Cédric à progresser dans ce domaine, c'était donc bien lui.
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« Décret d'éducation n° 25
Tous les organisations, associations,
équipes, groupes et clubs d'élèves sont dissous à compter de ce jour. Une organisation, association, équipe groupe ou club se définit par le rassemblement à intervalles réguliers de trois élèves ou plus. L'autorisation de former à nouveau de tels rassemblements doit être demandée à la Grande Inquisitrice (professeur Ombrage). Aucune organisation, association, équipe groupe ou club d'élèves ne peut exister
sans l'approbation de la Grande inquisitrice. Tout élève fondateur ou membre d'une
organisation, association, équipe, groupe ou club qui n'aurait pas été approuvé par la Grande Inquisitrice sera immédiatement renvoyé de l'école.
Signé : Dolores Jane Ombrage, Grande Inquisitrice »
« Je crois qu'elle nous a démasqués » dit Hariel après avoir lu le nouveau décret accroché près de la porte de la Grande Salle, avec les autres.
Son ton paraissait léger, mais son expression ne l'était pas du tout. Celle d'Hermione, juste à côté, ne l'était pas non plus. L'initiative prise par la femme durant le weekend et qu'elle avait fièrement affichée ce matin ne signifiait qu'une seule chose : on les avait espionnés. Quelqu'un, ils ne savaient pas qui, avait parlé à Ombrage de leur réunion. Ils avaient beau avoir pris des précautions. Ce n'était malheureusement pas assez.
C'était le plan d'Hermione.
Sa réponse au phénomène Ombrage et qu'Hariel l'avait laissé trouver était la création d'une version évoluée du Club de Duel qu'ils avaient eue lors de leur 2e année. En fait, selon elle, si Ombrage ne leur apprenait pas à se défendre, ils le feraient par eux-mêmes. La guerre approchait. Les gens devaient être prêts. Si Hariel tentait de remuer les foules des adultes en tant que Prince, Hermione allait faire la même chose avec les plus jeunes. En aucun cas, elle n'espérait qu'ils ne soient obligés de se battre. Mais à cause de Dumbledore, Poudlard serait l'une des cibles de Voldemort. Si les élèves devaient se trouver au milieu alors, il valait mieux qu'ils sachent se défendre.
Quand elle avait proposé l'idée à Hariel, celui-ci n'était ni approuvé ni réprouvé.
« Tu dois t'habituer à ne pas forcément chercher l'aval des autres » avait-il dit. « Fais-toi un peu confiance. »
Et donc Hermione s'était fait confiance. Dans le plus grand secret, elle avait alors cherché des alliés, des gens qui croyaient Hariel. Qui croyaient au retour de Voldemort et qui voulaient apprendre à se défendre. Avec Dean, Draco et Proteus, ils étaient déjà quatre. Tout aussi rapidement, elle invita Neville, Luna, Ginny et Ron, les membres proches d'eux. Bien entendu, les Jumeaux Weasley en avaient entendu parler et c'est à partir de là que les choses ont commencées à s'emballer. Dans le bon sens.
Grâce à Fred et George, l'information avait été passée à l'équipe de Quidditch de Gryffondor tout entière. Et c'est ainsi qu'ils avaient pu recruter Alicia Spinnet, Angélina Johnson et Kathy Bell. Lee Jordan, le meilleur ami des Jumeaux, était aussi de la partie. Ron les avait également surpris en arrivant à persuader Lavande Brown et Parvati Patil de se joindre à eux ainsi que les frères Crivey. Le plus jeune, Dennys, n'avait que 12 ans et lui moins encore que les autres ne devrait avoir à se battre. Mais les Mangemorts ne l'épargneraient pas à cause de son âge alors il devait pouvoir se défendre.
Pour ce qui est des Serdaigles, Hermione n'avait jamais été proche de ses compagnes de dortoir. Cependant, grâce à Parvati, elle réussit à convaincre Padma, sa jumelle, qui les aida ensuite avec Terry Boot, Michael Corner et Anthony Goldstein. Les trois garçons, d'abord hostile à Hariel à cause des articles de journaux de l'été, s'étaient rapidement rendu compte de ce qu'Ombrage essayait de faire. C'était comme si la dure réalité avait réactivé leurs cerveaux.
Proteus étant le seul de Poufsouffle parmi leur groupe, ce fut lui qui fut chargé d'aider Hermione à y trouver des participants. Fort heureusement, depuis son arrivée, le petit Changeforme (qui pouvait à présent se transformer en énorme Dragon) était devenu, en quelque sorte, la mascotte de la maison. Gentil, aimable, il était également serviable et travailleur, sans oublier extrêmement loyal. En tant que Familier, c'était des traits de caractère naturels, mais cela faisait de lui une sorte de parangon de l'esprit Poufsouffle.
Grâce à lui, ils avaient pu démarcher plusieurs élèves. Ernie McMillan, Justin Finch-Fletchley, Hannah Abbott, Zacharias Smith et Susan Bones qui étaient plus âgés (de la promotion d'Hariel et Hermione en fait). De même que l'intégralité des camarades de son année, c'est-à-dire Laura Medley, Eleanor Brandstone, Rose Zeller, Megan Jones (il était très populaire auprès des filles qui le trouvaient « choupi »), Owen Cauldwell et Kevin Withby.
Avec tous ceux-là, les quatre maisons de Poudlard étaient présentes dans le groupe. En effet, avec Draco pour représenter les Serpentards, le compte était bon. Cependant, il n'était pas le seul. À sa grande surprise, Blaise Zabini, à qui il avait parlé de leur plan, mais sans chercher à l'inviter, s'était joint à eux. Depuis le début, Blaise voulait demeurer neutre. Tout comme sa famille. C'était la raison pour laquelle il était resté sous la protection de Draco durant leur première année et aussi celle pour laquelle ils ne s'étaient plus vus qu'en secret après que celui-ci avait été « renié ». Normalement, il aurait dû totalement couper les ponts, mais Draco était son ami. Son seul ami. C'était donc une sorte d'infraction mineure à son propre code de conduite. Pourtant, là, il allait bien plus loin. Leur groupe avait beau être secret, il allait se découvrir devant d'autres personnes. Or, plus de gens étaient au courant d'un secret, plus il était difficile de le garder.
« Tu es sûr ? » Lui avait demandé Draco, inquiet. « Si tu veux apprendre à te défendre, je peux le faire moi-même, seul. »
« Non » avait soupiré Blaise en secouant la tête. « Je pense qu'il est temps. Personne ne peut rester neutre éternellement. Et j'ai choisi mon camp. »
« Lequel ? » Avait demandé Draco, plein d'espoir.
« À ton avis ? Celui de Potter, bien sûr » avait sifflé son ami avec énervement. « Quelqu'un qui est capable de créer des boucliers que les sorts des Zabini ne peuvent pas briser et qui possède deux putains de loups géants, je préfère être de son côté. »
Ça avait fait rire Draco. Ils étaient donc deux Serpentards seulement à rejoindre le groupe. Pourtant, les deux garçons avaient réfléchi à la possibilité d'essayer d'inviter d'autres Serpentards avant d'abandonner l'idée. La position des Serpentards avait toujours été extrêmement ambivalente. Encore plus avec l'avènement de Voldemort, ses idéaux, son appartenance auto proclamés à la famille de Salazar Serpentard et celle, plus réelle, à la Maison qui porte son nom. Par-dessus cela, Dumbledore n'avait rien arrangé. Sans que personne ne s'en rende compte, il avait stigmatisé les Serpentards, en faisant les parfaits antagonistes pour sa petite guerre personnelle. Le fait qu'il y ait un fond de vérité ne faisait que l'aider dans ses objectifs.
En effet, l'idée qu'une grande partie des Mangemorts venaient de Serpentard était vraie. Cela voulait donc dire que parmi leurs condisciples pouvaient se trouver des adeptes en herbes qui seraient trop heureux d'espionner pour Voldemort dont le retour devait leur avoir été annoncé par leur parent. Mais même parmi ceux-là, il en existait certains qui n'adhéraient pas forcément aux idéaux du Mage Noir malgré leur famille. Certaines de celles-ci étaient également de son côté par peur de lui et n'avaient pas les moyens, comme les Zabini, de se déclarer neutre. Il aurait alors été possible que leurs enfants fassent de bonnes recrues pour le groupe formé par Hermione. Cependant, Draco et Blaise avaient jugé que ce serait trop dangereux pour eux de l'intégrer. Zabini se savait déjà sur la sellette, il ne voulait pas que d'autres tombent avec lui.
Toutefois, ils s'étaient tout de même juré de leur parler, de voir s'ils étaient disposés à risquer la colère de Voldemort si celui-ci apprenait qu'ils s'étaient entraînés à se battre avec le camp d'Hariel. Ce serait sans doute un travail de longue haleine pour amener le sujet et il leur faudrait peut-être plusieurs semaines, mais ils s'étaient promis de le faire. Certains parmi eux, comme Pansy Parkinson, Théodore Nott et Millicent Bulstrode étaient toujours des amis chers et ils ne voulaient pas qu'il leur arrive quelque chose. Leur apprendre à se défendre serait donc un réconfort pour eux. Cependant, s'ils choisissaient la sécurité et combattaient au côté de Voldemort alors ce serait mieux si ce qu'ils leur avaient appris ne se retourne pas contre eux.
Au final, pour Hermione, il ne restait plus qu'une seule personne à convaincre.
« Est-ce que tu viendrais ? Demain ? » Lui avait-elle demandé la veille du rendez-vous convenu.
« Tu me demandes juste d'assister à la réunion ou… »
« J'aimerais que tu fasses partie du groupe. J'aimerais que tu m'aides à leur enseigner. Ce sera toujours mon groupe, mais tu seras avec moi. »
Hariel avait fixé son amie pendant quelques instants avant de répondre. Mais devant son regard décidé, il ne pouvait pas dire autre chose que « oui ».
Toujours est-il qu'Hermione avait programmé la toute première réunion de leur groupe le samedi précédent, le 10 octobre, lors de la première sortie à Pré-au-Lard, à la Tête-de-Sanglier, un bar de la ville. Plus petit, sale et mal famé, il était moins fréquenté que les Trois-Balais, surtout aujourd'hui. Ce serait donc plus discret. Le propriétaire cependant était Abelforth Dumbledore, le frère du directeur. Hermione avait pensé que cela pourrait poser problème, mais Hariel l'avait rassuré. Abelforth détestait son frère depuis des années. Jamais il ne ferait quelque chose pour l'aider ou le prévenir de quoi que ce soit qui pourrait se passer sous son nez.
Pour cela, ils croyaient donc qu'ils seraient tranquilles. Mais ils avaient tort.
Pourtant la réunion s'était bien déroulée. Hermione, prévoyante, avait créé un contrat magique pour conserver le secret sur le groupe et tous l'avaient signé. Elle avait également donné à chacun de faux Gallions. Les pièces d'or artificielles étaient assorties d'un charme qui permettait de modifier le texte sur le côté pile afin de faire passer des messages. Ce serait notamment utile pour les heures de rendez-vous. Hermione pensait que la régularité augmenterait le risque de se faire prendre. Hariel n'avait rien eu à dire à cela… jusqu'à maintenant.
« Qu'est-ce que tu comptes faire ? » Lui demanda-t-il. « On dirait que le secret est en partie éventé. »
Hermione ne répondit pas tout de suite. Elle se contenta de lire encore et encore le texte réglementaire sous ses yeux. Elle fulminait. Jusque-là, ni elle ni Fudge n'avait osé s'attaquer aux droits fondamentaux des élèves. Les décrets 22 et 23 étaient iniques, mais constitutionnellement légaux et le 24 représentait un point de règlement intérieur. Cependant, cette fois cela allait plus loin. Bien plus loin. La liberté de se rassembler et de manifester était une base des constitutions de la majorité des pays occidentaux. Le Royaume-Uni Sapiant, comme les autres, suivait ces principes tels qu'ils étaient énoncés dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et dans la Convention Européenne des Droits de l'Homme. De ce fait, et parce que c'était en fait la Reine Élisabeth II qui les dirigeait, le Ministère de la Magie Britannique était également soumis à ces lois et devait être garant de ces libertés.
Ce qu'il ne faisait pas. Plus maintenant. Outrée par l'audace du Ministre et de son pion, Hermione prit une décision et se tourna vers son ami.
« On continue » dit-elle.
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Fleur ouvrit les yeux. Au-dessus d'elle, les rayons du soleil passaient au travers du feuillage, créant des taches de lumières tout autour d'elle. En éclairant les gouttes de rosée sur le sol, celle-ci formait des constellations de diamants scintillants. Il y en avait partout, partout autour d'elle, mais aucune sur elle.
Fleur se redressa en grognant. Décidément, elle ne s'habituait toujours pas au mode de vie du village des Veelas. Quoique le mot « village » était très exagéré. En effet, il n'y avait pas la moindre habitation visible sur l'intégralité du territoire, un territoire vaste et surtout totalement incohérent avec la forêt dans laquelle il était censé se situer.
Un peu plus d'un mois auparavant, quand elle avait émergé de la brume, la jeune Veela avait été saisie devant la beauté de l'endroit… et son étrangeté. Au lieu d'une clairière, comme elle l'avait imaginé, elle se trouvait à l'entrée d'une immense vallée chatoyante bordée de hautes montagnes, si hautes, que malgré la saison encore chaude, il y avait de la neige au sommet.
Cependant, il ne devrait pas y avoir de montagnes aussi hautes ici, en Bretagne. Certes, la région de Paimpont possédait un relief un peu plus important qu'une partie des terres, mais comme le reste, elle dépassait difficilement les 300 m d'altitude. Or, à vue de nez, les montagnes autour de Fleur étaient d'une taille bien plus conséquente.
Toutefois, elles n'étaient pas les seules à ne pas concorder avec le paysage habituel de la Bretagne. La végétation était également des plus particulière. Très luxuriante, elle était composée d'essences d'arbres qui n'existaient pas en France ou même en Europe et même ceux qui pouvaient y être trouvés semblaient plus forts et leur feuillage plus touffu et coloré. Certains arbres étaient en fleurs, d'autres non. Certains avaient même des feuilles jaunes d'or ou rouge sang, comme en automne. Parmi eux, de nombreux avaient les branches chargées de fruits de toutes sortes. Il y en avait même qui étaient à la fois en fleur et porteur de fruits ce qui était normalement impossible.
Sur les flancs de montagne, d'immenses prairies s'étendaient presque à l'infinie. L'herbe qui la composait était d'un vert émeraude et elles étaient couvertes de fleurs multicolores qui donnaient l'impression de tapis irisés. La vallée était également pourvue de buissons odorants et d'arbustes chatoyants. D'énormes roches recouvertes de mousses étaient éparpillées çà et là, sans ordre apparent. Certaines formaient des plateaux, d'autres étaient brisées par un arbre ayant poussé au travers. Les pierres elles-mêmes avaient différentes teintes, blanches, grises, noires, brunes, rouges…
Au centre se trouvait une rivière. Il était difficile de comprendre où elle prenait sa source, cependant on pouvait voir où elle se terminait. Dans un immense lac tout au fond de la vallée. De loin, l'eau semblait argentée et parcourue de reflets irisés. Mais quand on s'approchait, elle était d'une pureté telle qu'il était possible d'en apercevoir le fond avec une précision confondante.
Le soleil brillait avec un éclat particulier donnant à l'atmosphère un aspect chromatique. Sa lumière était aussi plus forte, mais sans éblouir. Le ciel bleu était parcouru d'énormes nuages d'un blanc pur qui traversaient la vallée en jetant de larges ombres. Cependant, la nuit, ces nuages semblaient disparaître pour ne laisser qu'une voûte étoilée intacte dominée par une lune qui paraissait bien plus grosse que partout ailleurs.
En fait, le paysage se transformait la nuit. Elle exhalait une beauté différente, mais toujours à couper le souffle. Dans le noir, certains arbres, plantes et fleurs se mettaient à briller d'une lueur photoluminescente. Des lucioles à l'éclat vif voletaient au gré de leur volonté en éclairant tout autour d'elle.
Un tel environnement serait impossible si toute la vallée n'était pas une Terre Incertaine.
Faites de pures magies, entrelacées avec le tissu de l'espace-temps, il s'agissait de morceaux de cette Terre copiés et déplacés pour n'être plus accessible qu'à un nombre restreint d'individus. Les autres pouvaient passer à côté sans pouvoir y pénétrer ou même se douter de leur présence. Détachées de la réalité, les terres devenaient alors malléables, façonnables à volonté et en dehors de toute loi physique.
Mais ce qui était le plus étrange c'était ses habitants. Au départ, Fleur avait pensé qu'il n'y aurait que des Veelas là-bas. Cependant, la vallée était également le sanctuaire de nombreuses créatures magiques. Dirico, Occamy, Botrucs, Doxys, Focifère, Mite Aquatique… petites ou grandes, volantes, marchant ou nageant. Il y avait même quelques Grapcornes alors que l'espèce était censée être éteinte. Toutefois, parmi eux, il n'y avait aucun prédateur. De toute façon, les mangeurs de viande n'avaient pas l'air d'avoir leur place ici.
En effet, de ce que Fleur avait pu observer des Veelas de pures souches, ceux-ci étaient principalement végétaliens. Ils semblaient se nourrir uniquement des fruits sur les arbres de la vallée et de champignons poussant sous les pierres. En vérité, leur mode de vie paraissait des plus étrange pour la jeune fille. Comme elle l'avait tout de suis remarqué, la dénomination de « village » était exagéré à cause de l'absence totale de construction qui pourrait être assimilée à une maison. De construction tout court en fait.
Les Veelas passaient leur temps à l'air libre, se promenant ou s'amusant. Ils jouaient de la musique, lisaient des livres, discutaient ou encore se baignaient dans la rivière ou le lac. Quand ils étaient fatigués, ils se reposaient. Quand ils avaient soif, ils buvaient. Quand ils avaient faim, ils mangeaient. Et quand l'envie leur en prenait, ils baisaient également.
Cela avait à la fois choqué et intimidé Fleur de voir ses semblables s'adonner à des relations sexuelles à n'importe quel moment de la journée et surtout en se fichant totalement de qui pourrait les apercevoir. Les femmes étant en majorité, il arrivait souvent qu'elles le fassent entre elles. Elles le faisaient également avec les quelques Veelas hommes qui résidaient dans le village (ceux-ci ne se gênant pas non plus pour le faire entre eux). Parfois, quand l'envie de nouveauté les prenait, certains quittaient la vallée et revenaient avec un amant. Cela pouvait durer quelques heures, jours, voir mêmes années. Ces amants, la plupart du temps de passage, restaient quelque semaines avant de repartir, leur mémoire vierge de tous les évènements qui s'étaient produits ici. De temps à autre cependant, ils demeuraient dans la vallée et, grâce à la magie Veela, profitaient de la santé et de la longévité de celles-ci.
Le soir, ils se rassemblaient généralement pour de grandes veillées, éclairées non pas par des feux de camp, mais par des dizaines de lucioles qui se regroupaient autour d'eux. Et puis quand ils avaient sommeil, ils allaient se coucher où ils le voulaient, sous des arbres, sur des rochers, au milieu des prairies… et ils dormaient là jusqu'à ce que le soleil les réveille. Il était inutile de se couvrir, puisqu'il ne faisait jamais froid, ni de s'abriter puisqu'il ne pleuvait jamais. Même la rosée du matin évitait de les mouiller.
C'est la raison pour laquelle le corps de Fleur était aussi sec au réveil alors qu'elle avait dormi sur l'herbe, entre deux racines d'un arbre. Prenant encore quelques instants pour se réveiller totalement, elle continua à regarder le ciel en se demandant ce que sa grand-mère allait lui donner comme tâches aujourd'hui. Finalement, elle se redressa et se mit debout en étirant ses muscles avant de simplement épousseter les quelques feuilles qui étaient tombées sur sa robe pendant la nuit.
Comme tout le monde, elle portait des vêtements de voiles qui flottaient autour d'elle. C'était une simple robe à taille haute avec des manches ouvertes, de la même coupe que celle de Joséphine Delacour, mais faites de volants noirs. C'était d'ailleurs assez étrange, car les autres ne portaient généralement que des couleurs pastels. Margot, par exemple, était vêtue de jaune bouton d'or et Louise, de lilas. Ce noir était donc plutôt surprenant, mais Fleur avait autre chose à penser qu'à la singularité de sa garde-robe.
Elle tendit la main au-dessus de sa tête et attira à elle une poire de l'arbre sous lequel elle avait dormi. Le fruit était délicieux. Doux, sucré, et surtout, nourrissant. Plus que ce qu'elle aurait imaginé. Ce régime lui était encore étrange, mais au moins il suffisait à ses besoins. Elle partit ensuite à la recherche de sa grand-mère pour obtenir ses consignes pour la journée. Généralement, elle se trouvait avec tous les autres Veelas au lac pour la baignade du matin. C'était une sorte de tradition, de coutume, de se rassembler pour nager dans le lac et se nettoyer des salissures de la nuit.
Descendant du flanc de montagne où elle s'était installée la veille, elle arriva rapidement sur les bords du grand bassin naturel. Là, des dizaines de corps nus mâles et femelles étaient dispersés un peu partout, plongeants dans les eaux cristallines du lac, flottant simplement à sa surface ou encore alanguis sur les pierres des berges ou sur les plages de sable fin pour laisser le soleil sécher leur peau.
Le rituel était le même tous les matins cependant Fleur ne savait jamais sur quelle rive du lac elle trouverait sa grand-mère. Elle ne restait généralement pas avec elle en soirée donc elles ne dormaient jamais au même endroit. Toutefois, en faisant le tour du lac, elle était toujours assurée de finir par tomber sur elle. Heureusement pour elle, cette fois, elle n'était pas trop loin.
Fleur repéra rapidement Joséphine allongée de tout son long sur une pierre chaude, son corps nu, aux côtés d'un homme tout aussi nu. Celui-ci semblait entre deux âges. Il paraissait avoir la cinquantaine, mais Fleur savait qu'il était plus âgé que ça. Ses cheveux courts coiffés en arrière étaient d'un blanc neigeux, mais son corps, lui était tonique et sein. Lui et sa compagne avaient l'air de dormir cependant quand Fleur approcha, ils relevèrent la tête.
« Bonjour Grand-mère » salua Fleur. « Bonjour Grand-père. »
Le vieil homme sourit à sa petite fille.
Gatien Delacour était le fils d'Élise Delacour qui avait été la Dame de la Maison Delacour entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. À cette époque-là, la jeune Joséphine avait quitté le village et était tombée amoureuse de lui. Cela arrivait. Certaines Veelas qui restaient dans le monde le faisaient parce qu'elles avaient fondé une famille. Toujours est-il que Joséphine était devenue l'épouse de Gatien et, presque aussitôt, l'Héritière de sa Maison.
En effet, les Delacour étaient une Maison matrifocale. Seules les femmes pouvaient diriger. Parfois, si aucune n'était compatible dans la lignée de sang, alors la magie pouvait choisir quelqu'un uni par mariage. C'était ce qui était arrivé à Joséphine qui avait dirigé la Maison Delacour jusqu'à ce que sa fille Dominique soit nommée Héritière à son tour. Joséphine lui avait alors laissé la place pour retourner dans la vallée accompagnée de son époux, ne revenant que pour les évènements importants comme les mariages, les baptêmes et surtout les Héritages afin de ramener avec elle celles qui s'étaient éveillées à leur race.
Fleur se disait que peut-être que son choix de laisser sa mère seule n'avait peut-être pas été le bon. Très jeune et inexpérimentée, elle avait rencontré Antoine, son futur époux, qui avait rapidement pris l'ascendant sur elle. Peut-être que si sa grand-mère était restée plus longtemps, elle aurait empêché Dominique de faire cette erreur et de devenir la loque qui avait forcé la magie de la Maison Delacour à choisir sa fille comme nouvelle Dame.
Pourtant, Fleur ne détestait pas son aïeule. Il faut dire qu'elle ne la connaissait pas assez. En vérité, Joséphine semblait être un mystère complet. Elle avait l'air de suffisamment tenir à sa famille pour aller les voir et surtout pour donner l'un de ses cheveux pour qu'il serve à fabriquer leur baguette, cependant pas assez pour entretenir le lien entre eux. Ce mois passé avec elle était la plus longue période où elle avait pu la fréquenter. Elle ne se souvenait pas de son baptême et elle n'était resté que le temps de celui de Gabrielle. Elle l'avait seulement vu une semaine aux alentours de son seizième anniversaire uniquement pour se voir dire qu'elle n'était pas une Veela et puis elle s'était désintéressée d'elle. Pourtant, depuis l'arrivée de Fleur, la femme ne s'était jamais montrée distante avec elle, plutôt accueillante et familière. Comme si elles se connaissaient depuis toujours.
« Bonjour ma chérie » dit Joséphine avec un grand sourire.
« Tu as bien dormi ? » Lui demanda Gatien.
« Oui, merci » répondit simplement Fleur. « Qu'est-ce que nous allons faire aujourd'hui ? »
« Allons, ne sois pas si pressée » la gourmanda sa grand-mère. « Et si tu allais te baigner d'abord. L'eau est juste à la bonne température. »
« Comme toujours » remarqua sa petite fille.
En effet, l'eau n'était jamais trop froide ni trop chaude.
« D'ailleurs, peut-être que je pourrais y retourner avec toi »
« Tu devrais » approuva Gatien. « J'adore voir toute cette eau ruisseler sur ton corps. C'est si… excitant. »
En disant ces mots, il entoura les épaules de son épouse et lui prit le sein. Joséphine se mit à glousser.
« Allons, grand fou, tu veux le faire l'amour tout de suite ou après que je sois revenu de mon bain ? »
« Et pourquoi pas les deux ? »
Joséphine gloussa à nouveau alors que son époux se mettait à grignoter la peau de son cou. Fleur, elle, se retourna, mal à l'aise devant l'érection grandissante de son propre grand-père. Rapidement, elle fit glisser sa robe le long de son corps et se précipita vers l'onde. Elle n'avait aucun problème à se trouver nue en public, elle n'était pas pudique. Cependant, les activités sexuelles étaient un peu gênantes à son goût. Surtout si ça concernait des membres de sa famille.
Avançant dans l'eau claire, elle gardait les yeux baissés comme à chaque fois. Elle était tellement limpide qu'elle pouvait parfaitement voir ses pieds s'enfoncer dans le sable doux. Même les remous ne l'empêchaient pas de percevoir ce qu'il y avait en dessous avec netteté. Bien entendu, il n'y avait ni pierre ni caillou sur lesquels elle pourrait buter et le sable ne se dispersait pas pour troubler la transparence de l'eau. Cet endroit était fait pour défier les lois de la nature. Ou peut-être que c'était en fait la nature même de la magie qui défiait tout le reste.
Quand Fleur fut immergée jusqu'à la taille, elle plongea soudain. La fraîcheur agréable l'engloutit alors toute entière, réveillant son esprit encore un peu endormit. Cependant, elle remonta rapidement et se remit debout. Elle paniqua quelques instants quand elle ne sentit pas le sol sous ses pieds, mais quelques brasses en arrière lui permirent de se poser à nouveau sur le sable. Elle était avait tendance à s'affoler quand elle se trouvait dans une grande étendue d'eau. Elle ne s'était pas encore bien remise de la deuxième épreuve du Tournoi des Trois Sorciers.
Il lui arrivait parfois, dans son sommeil, de se retrouver dans les eaux noires du lac de Poudlard, attaqué par des créatures invisibles pleines de dents et de tentacules. Mais ce n'était pas tant la peur des Strangulot qui la faisaient se réveiller en sueur, c'était la peur qu'ils l'empêchent d'aller sauver sa petite sœur. À chaque fois, elle devait se rappeler que Gabrielle allait bien, qu'elle était ni au fond du lac ni avec leurs parents et qu'elle se trouvait au palais de Kamala, dans le Makai, installé dans les appartements de sa grande sœur et que quand celle-ci n'était pas là, elle restait auprès de Dame Venelana, de Dame Narcissa et de Dame Grayfia.
C'était un soulagement, mais qui serait seulement momentané. L'année prochaine, elle serait en âge d'aller à l'école et Fleur ne savait pas vraiment que faire. Allait-elle l'envoyer à Beauxbâtons comme elle y avait été ou alors allait-elle l'éloigner d'Europe, peut-être pour une école aux États-Unis comme Salem ou Ilvermorny ? Il y avait également la solution de l'envoyer à Mahoutokoro, l'école japonaise. Après tout, les Gremory avaient des liens avec le Japon. Le Monde Sorcier était isolé, mais sans doute que de telles connexions pourraient l'aider à se faire accepter.
Tout en réfléchissant, elle continuait à flotter dans l'eau sans que ses pieds ne se détachent du sol. Elle sentait des regards sur elle, d'autres Veelas qui la scrutaient et chuchotaient entre eux. Elle avait l'habitude et n'y faisait à présent plus trop attention. C'était comme ça depuis son arrivée. Les gens autour d'elle semblaient l'éviter et parler sur son passage. Mais personne ne venait jamais en discuter avec elle. Quand elle demandait ce qui n'allait pas, ils répondaient qu'elle se faisait des idées. Mais leur ton gêné ne prêtait pas à confusion. Seules ses cousines lui montraient explicitement leur dédain. En cela, elles étaient sans doute mieux que les autres, car au moins elles n'étaient pas hypocrites.
N'arrivant plus à ignorer les gens autour d'elle, Fleur décida qu'elle en avait assez commença à se diriger à nouveau vers la plage où elle avait laissé sa grand-mère. Tout ce qu'elle espérait, c'est qu'elle n'allait pas arriver en plein milieu d'une séance de sexe débridé entre ses deux aïeux. Cependant, ce ne fut pas le cas et c'était d'autant plus inquiétant. En effet, ceux-ci étaient à présent debout et semblaient être pris à partit par un groupe de plusieurs Veelas des deux sexes a l'air mécontent.
« Tu n'aurais pas dû la laisser venir ici » siffla une femme.
« Elle n'est pas… pas comme nous » dit une autre.
« Pourtant elle a le Charme d'une Veela » dit Joséphine. « Et tout Veela a le droit de venir ici et de recevoir une instruction. »
Sa voix était calme, mais on sentait une colère à la fois froide et vibrante en dessous.
« Tu l'as dit toi-même » reprit la première femme qui semblait être là chef du groupe. « Elle n'était pas Veela lors de son Héritage. Donc quoi qu'elle soit, ce n'est pas une Veela. »
« Bien sûr qu'elle n'est pas une Veela » siffla Joséphine. « Et tu sais parfaitement ce qu'elle est. Vous le savez tous. Et si vous n'étiez pas aussi bornés, vous le reconnaîtriez. »
À ce moment-là, plusieurs personnes de l'assemblée se mirent à parler en même temps en faisant de grands gestes. La dispute semblait dégénérer. Gatien se plaça alors devant son épouse pour faire rempart de son corps. Margot et Louise étaient là également. Elles avaient l'air déchirées entre l'envie de protéger leur grand-mère et celle de rejoindre le groupe pour faire valoir leur point de vue.
Fleur savait que c'était le moment pour elle d'agir. Elle était parfaitement au courant que c'était d'elle que tous parlaient. Elle se sentait donc la responsabilité d'intervenir avant que le pire ne se produise.
« Ça suffit ! » S'exclama-t-elle alors.
Des cris s'élevèrent dans la foule alors que tous se mettaient les mains sur ses oreilles. Comme quand elle avait été attaquée par ses cousines et comme lors du combat contre Walburga, son cri avait causé de la douleur à ceux qui l'avaient entendu. Elle s'y était presque attendue, mais elle se figea tout de même pendant quelques secondes de surprise. Elle se reprit néanmoins rapidement et se plaça en rempart devant sa grand-mère et son grand-père avant de s'adresser à la foule.
« Si vous avez quelque chose à me dire, dites-le-moi directement au lieu de vous en prendre à ma famille » siffla-t-elle avec colère.
Elle ne le savait pas, mais à ce moment-là elle ressemblait énormément à Joséphine.
« Je vous préviens » dit-elle ensuite sur le même ton froid. « Je ne veux pas vous voir à nouveau essayer d'intimider ma grand-mère au lieu de me dire en face ce que vous voulez. Ou sinon… »
Le claquement de l'ouverture de ses ailes démoniaques provoqua de nombreux cris et mouvements de terreur parmi la foule alentour et pas seulement les agresseurs de sa famille. Hariel avait dit que seuls les Sapiants ne devaient pas connaître leur vraie nature, pour les autres, c'était à eux de choisir quand se dévoiler. Et c'était le moment qu'elle avait choisi. Elle n'avait menti à personne, mais elle avait consciemment décidé de ne rien dire d'elle-même. Cependant, elle ne voulait plus faire ça. Pas à sa grand-mère. Si celle-ci devait se battre pour elle alors, elle devait le faire en connaissance de cause.
Malheureusement, elle ne savait pas du tout comment celle-ci allait réagir. Au vu de celle des gens autour d'elle, elle espérait que ce serait mieux. Elle hésita quelques instants, respira un grand coup et se tourna enfin vers ses aïeuls. Son Grand-père la fixait avec des yeux écarquillés quant à sa Grand-mère, son regard était… scrutateur. Pas désapprobateur ou haineux ou même critique. Pas non plus bienveillant. Juste… curieux.
« Donc ceci explique cela… » murmura-t-elle.
« Tu vois ? Tu vois ? Tu vois ce qu'elle est ? » S'écria alors à nouveau la femme à la tête du groupe. « Comment pourrait-elle être une des nôtres ? Comment est ce qu'elle pourrait être
… elle n'en est pas digne ! »
Joséphine renifla avec dédain.
« Pas digne ? Ma pauvre Albertine, tu divagues. Ce n'est pas et cela n'a jamais été une question d'être digne ou pas. C'est dans sa nature. Je n'y peux rien. Tu n'y peux rien. Et par-dessus tout, elle n'y peut rien. »
Sa nature. Qu'est-ce que sa grand-mère voulait dire par sa « nature » ? Depuis le début, ses propos semblaient incohérents. Elle ne cessait de dire qu'elle n'était pas une Veela et pourtant elle ne cessait de l'entraîner à dompter son Charme et son Chant, des pouvoirs que possédait une Veela. Grâce à elle, Fleur avait fait des progrès. Elle n'était pas encore à même de les voir, mais elle savait qu'elle en faisait. Elle se sentait plus en contrôle sur elle-même qu'auparavant.
Cependant, cette altercation venait chambouler ses certitudes à peine retrouvées et elle ne pouvait s'empêcher de se poser des questions. Si elle n'était pas une Veela, qu'est-ce qu'elle était ?
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C'était les Jumeaux Weasley qui avaient trouvé le lieu de rencontre de leur groupe. Hariel avait entendu parler de ce lieu par Sirius et Remus, mais il n'y était jamais allé. Ce n'était pas nécessaire, il possédait déjà un Repaire à Poudlard. Sauf qu'il était hors de question d'amener autant d'étrangers là-bas. De tous, Fred et George devaient être ceux qui connaissaient le mieux l'école. Ils l'avaient suffisamment exploré à l'aide de leur Carte du Maraudeur. Cependant, l'endroit qu'ils avaient proposé ne se trouvait pas sur la Carte.
La Salle-sur-Demande, une pièce polymorphe située au septième étage de Poudlard, au sommet de la grande tour des escaliers. La porte en était dissimulée et ne pouvait apparaître que grâce à un rituel précis. Il fallait trouver un mur vide en face d'une tapisserie représentant Barnabas le Follet en train d'essayer d'apprendre la danse classique à ses trolls et passer trois fois devant. Cependant, ce n'était pas tout. L'important venait également de ce que pensait, ce que désirait la personne qui effectuait le rituel.
En effet, la Salle avait la possibilité de s'accorder à l'imagination de celle qui en révélait l'accès pour lui fournir ce dont il avait besoin. De ce qu'Hariel avait compris, elle n'existait pas vraiment. Les pensées de la personne qui l'ouvrait permettaient de générer un subespace en suspens et de l'ordonner à sa convenance. Apparemment, elle possédait également une intelligence rudimentaire… Ou alors était-ce Poudlard elle-même qui s'exprimait à travers elle.
Ce qu'Hariel avait besoin, lui, c'était d'un lieu pour s'entraîner. Dans sa tête, il voyait une sorte de dojos géants avec des tatamis pour amortir les chutes. D'elle-même, la Salle avait produit une bibliothèque dont les ouvrages étaient centrés sur la défense. Cependant, Hariel avait remarqué qu'il les connaissait tous. Certains étaient de la bibliothèque de Poudlard et d'autres de sa collection personnelle. La Salle avait donc des limites, celle de l'esprit de celui ou celle qui l'invoquait. Et peut-être également celles de Poudlard elle-même.
En tout cas, le mercredi suivant, le 14, tous étaient au rendez-vous et attendaient avec impatience qu'Hermione commence son discours d'introduction. Celle-ci patienta plusieurs minutes que tous soient arrivés avant de se mettre face au groupe. Draco et Dean étaient à ses côtés, de même qu'Hariel. Celui-ci savait qu'Hermione avait utilisé son nom pour amener certaines personnes. Ça ne le dérangeait pas. De toute façon, il aurait aussi quelques trucs à leur apprendre.
« Bonjour à tous » commença Hermione. « Merci d'être venu à cette seconde réunion de l'Entraînement à la Défense ou Ed. »
C'était le jour de cette fameuse première réunion à Pré-au-Lard, le samedi précédent, qu'ils avaient choisi ce nom. L'une des premières propositions avait été « Association de Défense » ou AD. Hariel et Hermione avaient préféré refuser. Avec sa paranoïa habituelle, si jamais Fudge était mis au courant de leur petite troupe, il allait penser qu'il s'agissait de cette prétendue Armée de Dumbledore dont il avait si peur. Choisir « Ed » était plus sûr (enfin, il espérait). De plus, le nom « Ed » pouvait passer pour celui d'une personne si bien que si quelqu'un en dehors de leur groupe en entendait parler, il ne suspecterait pas une bande organisée.
« Souvenez-vous, si jamais vous discutez de notre groupe, faites croire que "Ed" est une personne unique. Et prenez garde à ne pas laisser entendre que vous allez le voir en groupes. À cause du décret 25, cela pourrait poser problème avec Ombrage. »
Tous acquiescèrent aux recommandations d'Hermione.
« Comme vous le savez, le but premier de ce groupe sera d'apprendre les techniques de défense qui nous sont refusées par Ombrage » reprit-elle. « Nous allons donc combler ces lacunes ce qui nous permettra également de nous préparer pour les BUSEs. »
Ceux qui connaissaient bien Hermione gloussèrent. La jeune fille ne perdait jamais les examens des yeux.
« Ça me fait mal de le dire, mais d'un certain côté, Ombrage a raison » intervint Hariel. « Oui, la théorie peut rendre la pratique plus facile et même permettre à certains de réussir leurs sorts du premier coup. Mais de la façon dont elle nous l'enseigne et vu la pression que représente les examens, c'est tout simplement impossible. »
Cela aurait été amusant que sa technique se retourne contre elle en voyant qu'aucun de ses élèves n'arrive à produire le moindre sort avec son fameux programme révolutionnaire. Il doutait que le comité scolaire apprécie. Mais bon, il n'allait pas gâcher la vie d'adolescents pour une vulgaire vengeance.
« C'est pour ça que l'une des premières choses que nous allons vous apprendre, c'est une nouvelle manière d'appréhender chaque sort » reprit Hermione. « En vous expliquant leur fonctionnement précis, leur utilisation devrait en être facilitée. »
« Est-ce que nous allons aussi apprendre des sorts en dehors du programme ? » demanda Terry Boot.
« Quelques-uns, oui, si nous les trouvons utiles. Si vous en connaissez qui pourraient être intéressants, n'hésitez pas à nous en parler. Toutefois, il ne sert à rien de posséder de nombreux sorts si vous ne pouvez pas exploiter pleinement leur potentiel. »
En effet, s'ils étaient incapables de toucher leur cible ou de réagir au bon moment, tous les sorts qu'ils auront appris ne serviraient à rien. C'est pour cela qu'ils devaient également entraîner leur précision et acquérir plus de réflexes de combat. C'était impératif. Grâce à cela, même avec seulement deux sorts, un de défense et un d'attaque, ils pourraient faire face à à peu près n'importe quoi.
« Il y a aussi… une troisième chose que nous allons vous enseigner » dit alors Hermione.
Elle se tourna vers Hariel qui hocha la tête. Oui. C'était la meilleure solution.
« Nous allons vous enseigner à utiliser la magie sans baguette. »
Les quelques instants de stupeur laissent rapidement la place à un fourmillement de commentaires chuchotés à la hâte, produisant un bruissement dans la vaste pièce.
« Mais c'est impossible ! » s'exclama alors Zacharias Smith. « Il faut être un Sorcier vraiment puissant comme Dumbledore ou Vous-Savez-Qui pour y arriver. »
« C'est ce que la plupart des gens pensent et c'est la raison pour laquelle personne n'essaie. Pourtant, dans le monde, des milliers de Magiciens n'utilisent pas la moindre baguette pour faire de la magie. »
« Prouvez-le » ricana le Poufsouffle.
Hermione eut un petit sourire et pointa seulement sa main devant elle. Un cercle magique couleur lavande apparut alors juste devant sa paume. Les murmures reprirent alors que Dean, Draco et Hariel faisaient de même. Le cercle de Dean était du blanc irisé de sa magie. Draco et Hariel, eux, avaient réprimé leur magie démoniaque pour que seule la couleur de leur Magie Humaine apparaisse, anthracite pour le premier et vert émeraude pour le second.
« Faire de la magie sans baguette ne nécessite pas plus de pouvoir » repris Hermione. « Juste plus de concentration et d'application. De plus, vous devez croire que vous allez y arriver ? Tout le secret est là. »
À nouveau, il y eut des chuchotements dans l'assemblée, mais cette fois ils semblaient excités. Apparemment, leurs camarades paraissaient assez enthousiasmés par leur programme.
« Cependant, avant de commencer, nous devons absolument pratiquer un petit exercice » intervint Hariel en s'avançant. »C'est très simple, mais indispensable pour que nous puissions continuer. »
Tous les regards convergèrent alors sur lui.
« A présent » dit-il avec un sourire, « répétez après moi : Voldemort. »
À suivre…
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Et voilà un chapitre de fini.
Au niveau des membres de Ed, tous les noms sont cités dans le Wiki Harry Potter. Cela vaut également pour les Poufsouffle sauf que je ne leur ai pas donné la bonne année d'arrivée. J'avais juste besoin de nom et j'avais la flemme d'en trouver. Si certains trouvent étrange que Cho Chang et Marietta Edgecombe ne se trouvent pas dans la liste malgré leur rôle canonique important, c'est parce que je n'aurai pas besoin d'elle.
Le nom de Ed, Éducation à la Défense, et l'idée d'en faire un nom viennent en fait d'une histoire appelée La Magie de Gaïa de Calileane. C'est une super histoire où Harry est envoyé dans le passé à l'époque de ses parents. À un moment, les Maraudeurs fondent un club de défense comme celui-ci pour pouvoir se battre alors que les adultes essaient de les en empêcher et ils le nomment comme ça.
Comment trouvez-vous le petit twist de la fin ? Perso, j'attends impatiemment de pouvoir le placer celui-là.
En tous les cas, n'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à dans deux semaines.
