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Chapitre 113 : Retour au Pays des Fae/Yosei no Kuni wo Kaeri
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"Des bonbons ou des farces !"
Regulus soupira en regardant son « frère » vêtu d'un stupide costume de vampire. De Vampire de film en plus, celui inspiré du Dracula de 1931 avec Bela Lugosi. Complet veston chic, cape noire à rêver rouge, col haut, cheveux plaqués en arrière, teint pâle et bien entendu des fausses dents en plastique qu'il n'avait même pas pris la peine d'enlever avant de parler ce qui avait provoqué une gerbe de postillons.
« Qu'est-ce que tu fais là, Sirius ? » Demanda le lion à forme Humaine.
« Te taxer des bonbons bien sûr ! » S'exclama son grand frère. « Et si tu n'en as pas, je devrais te jouer un tour… et t'emmener avec moi à notre fête. »
« Ne me dis pas que tu t'es faufilé en douce ici » marmonna Regulus en regardant dans le couloir.
« Mais non ! Sairaorg-Sama m'a laissé entrer. Il m'a même indiqué ta chambre. »
Regulus poussa un grognement de dépit qui n'avait presque rien d'humain. Depuis plus d'un an, son maître semblait essayer de le réconcilier avec son frère. Mais lui permettre de pénétrer chez eux, c'était nouveau. Certes, ce n'était pas le château principal du Clan Baal, mais même cette résidence secondaire dans laquelle ils habitaient était sur leur territoire. Leurs familles étaient loin d'être ennemies, mais qu'une officielle comme Sirius (qui était quand même le Serviteur du troisième Héritier Gremory et Satan présomptif) vienne ici sans se faire annoncer n'était pas très protocolaire.
« Alors, tu viens ? » Demanda Sirius avec de grands yeux de chiots.
« Non » répondit simplement Regulus en essayant de refermer la porte.
Mais Sirius s'accrocha à elle pour l'en empêcher.
« Allez ! Ça va être sympa ! » Supplia-t-il.
« Pour toi peut-être, mais pas pour moi ! » S'exclama Regulus. « Alors, retourne faire la fête avec ton petit ami et laisse-moi tranquille. »
« Un petit ami ? Quel petit ami ? » Demanda Sirius, complètement perdue.
« À ton avis ? Remus ! »
Sirius éclata de rire.
« Mais Remus n'est pas mon petit ami, c'est juste un ami. Un frère même. »
« Oh, je t'en prie ! Vous vous comportez comme un vieux couple depuis des années. Il n'y a vraiment que toi qui n'as rien remarqué ! »
De surprise, Sirius lâcha la porte et Regulus en profita pour la claquer, le faisant sursauter.
« Et… et bien, très bien ! » Balbutia Sirius d'une voix forte. « Puisque c'est comme ça, je… j'y retourne ! Et ne compte pas sur moi pour te ramener des bonbons ! »
Devant l'absence de réponse, Sirius finit par partir. Il essayait de se mettre en condition pour faire la fête, mais les mots de son frère ne cessaient de tourner encore et encore dans son cerveau.
Remus ? Son petit ami ? Un vieux couple ?
Non c'était… ce n'était pas possible… Remus n'était pas… il ne pouvait pas… si ?
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Hermione se mit à retarder autour d'elle. Elle se trouvait en Faerie ? Oui, maintenant qu'elle voyait le paysage qui l'entourait, elle se rendait compte que c'était bien la Faerie. Cette brume, cette atmosphère à la fois plus contrastée et colorée. Et cette végétation. En scrutant bien, il lui semblait que certains arbres la regardaient passer. Peut-être que c'était vraiment le cas. Et il lui semblait également discerner des yeux derrière des feuilles ou sous des champignons. On l'observait.
« Je suis vraiment en Faerie ? » Demanda-t-elle à la Déesse. « Mais comment ? Est-ce que je me suis téléporté ou autre chose ? Je me suis plongé en transe pour Samain. Est-ce que ce n'est que mon esprit qui est ici ? Ou est-ce que mon corps a suivi ? »
La Déesse sourit.
« Toujours autant de questions. Ton esprit et si vif et curieux. Mais ici en Faerie, le physique, le psychique, le vrai, le faux, et même le possible et l'impossible se confondent. Tu es là, tu es à Poudlard et aucun de ces deux "toi" n'est moins ou plus vrai que l'autre. »
« Je ne comprends pas. »
« Parfois, comprendre nécessite d'abord d'accepter tout simplement. »
Elle lui embrassa la tempe. Hermione soupira.
« Très bien. Donc je suis ici… et là-bas. Mais pour le moment, surtout ici, je pense. N'est-ce pas ? »
« Peut-être » répondit la Déesse.
Il y avait un soupçon de moquerie dans sa voix.
« Dans ce cas, qu'est-ce que je fais là ? »
« Tu voulais des réponses, non ? Tu voulais savoir ce qu'impliquait le fait d'être Grande Prêtresse et Reine, non ? »
« Donc vous m'avez fait venir pour ça ? »
« Entre autre » répondit la Déesse avec une voix mystérieuse.
Pendant quelques minutes, elles marchèrent en silence. Hermione ne savait pas si elle devait parler, l'interroger ou juste attendre qu'elle se mette à lui expliquer. Les feuilles orangées tombées au sol craquaient sous leurs pieds. L'air avait une odeur de pomme et également de châtaigne. Des parfums d'automne. Hermione crut apercevoir une silhouette dans la brume. Mais elle disparut rapidement.
« À ton avis, qu'est-ce que c'est, une Grande Prêtresse ? » Lui demanda la Déesse au bout d'un moment.
« C'est justement ce que je voulais vous demander… »
« Mais je voudrais ton avis à toi. »
« La Grande Prêtresse… dirige les rites des Sor… des Magiciens… » dit Hermione hésitante.
« C'est ce qu'elle fait, pas ce qu'elle est. Cherche encore. »
Hermione fronça les sourcils et se mit à réfléchir. Une discussion qu'elle avait eue avec Hariel lui revint en tête.
« Je… je n'ai pas de limite. En tant que Grande Prêtresse, je n'ai pas de limite parce que je fais partie intégrante de la Magie… de vous… vous êtes là Magie. Les Magiciens vous vénèrent parce que vous êtes la Magie et moi je suis… en vous… »
« Tu es une part de moi » approuva la Déesse. « Une part qui vit, qui respire et qui dans ce monde où je ne peux aller. Certains Dieux se déplacent sur Terre en empruntant une forme physique affaiblie. D'autres, comme moi, choisissent des êtres dignes pour leur donner accès à leur pouvoir sans restriction. C'est ton cas. »
« Je comprends bien, mais qu'est-ce que je dois en faire de ce pouvoir ? » S'énerva Hermione.
« Ce que tu veux » répondit presque nonchalamment la Déesse.
« Ce que je veux ? Comment ça ? N'importe quoi ? Ce n'est pas dangereux ? »
« Est-ce que tu ferais n'importe quoi ? »
« Non… »
« Et bien, voilà. Je t'ai choisi pour tes qualités. Le pouvoir ne va rien changer à qui tu es. Donc je suis tranquille. Quoi que tu fasses, je sais que tu feras pour le mieux. »
Hermione rougit, embarrassée.
« Mais pour ce qui est des rites ? Des fêtes ? Des cérémonies, et tout ? » Demanda-t-elle finalement.
« Tous les rites ne doivent pas forcément être faits par des Grandes Prêtresses. Ils sont importants, mais pas essentiels. Enfin pas pour toi. »
« En quoi sont-ils importants alors ? »
« Ils permettent aux Magiciens d'être en phase avec ce monde, de renouer le contact avec celui-ci et avec la Magie. »
« Avec vous. »
« Avec moi » acquiesça la Déesse. « Je suis la Terre et l'énergie qui coule en elle, la Magie. »
« Donc vous n'êtes pas seulement… Dana ? »
« J'ai d'autres noms. Gaïa. Terra. Parvati. Izanami… Elles sont moi sans être moi. Et je suis elles en même temps qu'elles existent par elles-mêmes. »
« Donc, quelle que soit la région du monde, les Magiciens vous prient tous ? »
« On peut dire ça. Ils me prient et me remercient de mes bienfaits. »
Elle jeta un regard amusé à Hermione.
« Après tout, qui n'aime pas être remercié ? »
Elle laissa échapper un rire cristallin qui se perdit dans les arbres et dans le silence qui suivit.
« Si tu souhaites une mission, cependant, je peux t'en donner une » reprit-elle. « Les Sorciers ont oublié ce pour quoi ils faisaient les choses. Leur lien avec ce monde s'est amoindri d'année en année. C'est pour cela qu'ils sont de moins en moins puissants. Malheureusement, leur orgueil leur empêche de penser qu'ils font quelque chose de mal et ils rejettent la faute sur les autres. »
« Comme sur les Sapiants et les Premières Générations » conclut Hermione.
« Oui. Ils ne se rendent pas compte que leur sectarisme est une partie du problème. »
La Déesse s'arrêta et força Hermione à faire de même. Elle la prit alors par les bras et la plaça en face d'elle pour qu'elle puisse la regarder dans les yeux.
« Si tu veux faire quelque chose pour eux, rétablis les anciens rites. Et s'ils ne les aiment pas, crées-en de nouveau, des rites qui leur permettront de se reconnecter à la Terre… et à moi. »
Hermione hésita quelques instants avant d'acquiescer solennellement. La Déesse sourit et puis toutes deux se remirent en marche.
« Où va-t-on ? » Demanda-t-elle au bout d'un moment.
Cela faisait longtemps qu'elles avançaient et Hermione ne savait toujours pas vers où elles se dirigeaient.
« Ici aussi, il est nécessaire de renforcer son lien avec la Terre. De partout en Faerie on célèbre Samain, mais il est un endroit où tu dois te rendre. »
« Moi ? »
« Oui, toi. Tu en es même l'invité d'honneur. »
« Mais je… »
« Ne t'inquiète pas pour ta tenue, tu es parfaite dans cette robe. »
« Cette robe ? »
Hermione baissa les yeux et se rendit compte qu'elle ne portait plus son uniforme. À la place, elle était vêtue d'une robe d'un blanc éclatant, corsetée d'argent soulignant sa silhouette. Celle-ci était. Sa taille était marquée par une ceinture lâche brodée de trèfles argentés. Ses manches étaient longues et larges et flottaient derrière elle. Sentant pour la première fois quelque chose dans ses cheveux, elle leva les mains. Elle semblait porter une couronne faite d'entrelacs de branches mêlés de feuilles et de fleurs.
« Que… » balbutia-t-elle.
« Nous sommes arrivés » dit alors la Déesse en s'arrêtant brusquement.
Le chemin qu'elles avaient suivi depuis le début se finissait à l'orée d'une clairière. Celle-ci était vide.
« Où… » commença Hermione.
« Là où tu trouveras d'autres réponses à tes questions bien sûr » dit la Déesse.
Hermione scruta la clairière, mais ne vit rien. À ce moment-là, elle sentit une main se poser sur son dos et la pousser. Instinctivement, elle baissa les yeux pour voir où replacer ses pieds. Elle remarqua alors une ligne de champignons qui barraient le passage. En fait, ils semblaient plutôt faire partie d'un large cercle qui délimitait la vaste trouée.
Quand Hermione se rattrapa finalement après avoir traversé la frontière, elle se retourna pour demander des explications à la Déesse. Mais celle-ci avait disparu. Des murmures dans son dos la forcèrent à se tourner vers l'intérieur de la clairière. Elle écarquilla alors les yeux. La clairière n'était plus vide et elle n'était plus seule.
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Hariel suivit nonchalamment Lucius dans le couloir. Pour le moment, tout se passait encore mieux que ce qu'il avait prévu au départ. Vu à quel point il était arrivé à charmer la foule, il aurait pu s'arrêter là, mais il avait un plan et il allait s'y tenir. De toute façon, il savait qu'il ne risquait rien.
Il en était toujours persuadé quand son guide se retourna brusquement et pointa sa baguette sous son menton. Plus grand que lui d'une vingtaine de centimètres, il faudrait sur lui un regard à la fois venimeux et intensément supérieur.
« À quoi jouez-vous, Votre Altesse ? » Siffla-t-il avec rage.
« Je ne vois pas de quoi vous parlez… Lucius » répondit Hariel d'une voix traînante et légèrement moqueuse.
Son expression était au diapason de sa voix. Il ne montrait ni peur, ni surprise, ni même d'inquiétude. Un rictus au coin des lèvres, c'était comme s'il savait pertinemment que Lucius ne pourrait pas lui faire de mal. Cette seule pensée fit vaciller quelque peu la colère de Lucius. D'où pouvaient provenir ses certitudes et son arrogance ? Il était persuadé que cela ne venait pas de la croyance selon laquelle Lucius se refuserait à l'attaque pour des raisons de bienséances et politiques. Pourtant la seconde alternative lui semblait à la fois plus invraisemblable et insupportable. Si le Prince n'avait pas peur de lui, c'était parce qu'il était sûr de sa puissance.
Si cela s'avérait faux, ce ne serait que de l'orgueil mal placé. Mais il pouvait aussi exister le cas de figure que ce soit vrai, et alors… Non. Lucius le refusait. Il refusait de croire que ce gamin de 17 ans à peine puisse être meilleur que lui. Porteur d'Excalibur ou pas, ce n'était qu'un amateur. C'était facile de se reposer sur le pouvoir d'un artefact légendaire.
Oui, il en était sûr, il serait aisé de le battre et de lui faire ravaler sa fierté.
Lucius baissa sa baguette et se recula. Il prit une grande inspiration pour se calmer et quand il souffla, son visage était redevenu inexpressif.
« Il semblerait que Draco vous ait fait… disons, des confidences sur ce que j'aurais fait ce fameux soir. Bien évidemment, je nie la moindre des accusations de ce bâtard indigne. »
« Bien évidemment » répéta Hariel d'une voix détendue.
Cependant, quelqu'un qui le connaissait bien pouvait tout à fait entendre la colère froide qui se cachait en dessous. Hariel était bon à dissimuler ses sentiments. Très bon. Aussi bon que Lucius, peut-être. Pourtant, il y avait des limites à ne pas dépasser. Surtout quand cela concernait Draco.
« Cependant, ce serait gênant que de telles rumeurs infondées circulent à mon sujet. »
« Surtout en ce moment » persifla le Prince.
Lucius plissa les yeux. Différent. Il était différent de tout à l'heure. Il se secoua mentalement. Il n'avait pas le temps de penser à ça. Le plus important était de faire en sorte qu'il se taise.
« Je suis sûr que vous connaissez les règles des duels » continua-t-il. « En dehors de l'entraînement, des rencontres amicales ou des compétitions, un duel peut faire l'objet d'un enjeu. »
« Et donc ? »
Lucius serra les dents en entendant le ton du garçon. Ce n'était pas celui de quelqu'un qui demande à un autre où il veut en venir. C'est plutôt celui de quelqu'un qui sait déjà. Qui sait et qui veut simplement amener son adversaire à développer sa pensée. Comme s'il était un élève ignorant.
« Bien entendu, les duellistes qui parient sur leur victoire passent une sorte de contrat magique qui les force à respecter leur parole en cas d'échec. Évidemment, nous ne sommes pas obligés d'en arriver là. Je peux très bien laisser tomber cette idée de duel si vous jurez que jamais ce que vous a raconté mon fils ne s'ébruite. »
« Ça ne m'intéresse pas. »
« Dans ce cas, je vous défie officiellement en duel » dit Lucius en pointant à nouveau sa baguette vers le jeune homme en face de lui.
« Et si je refuse ? » Demanda simplement Hariel.
« Vous… refuseriez ? » Balbutia Lucius alors que, sans qu'il le remarque, sa baguette se mettait à pointer vers le sol.
« Je suppose que vous n'aviez pas envisagé cela. Pensiez-vous que mon orgueil m'obligerait à combattre ? Non. Et vous ne m'avez rien proposé qui me donnerait envie de vous battre. Réfléchissez-y. C'est vous qui avez besoin de ce duel. Pas moi. Malheureusement, vous n'avez rien pour m'y forcer. »
Lucius sentit tout son visage se contracter. Jusqu'à présent, il n'avait pris le Prince que pour un adolescent idéaliste. Il était certes intelligent, mais rien n'indiquait qu'il sache comment le monde fonctionnait. Selon la plupart des gens, il était plutôt innocent. Mais la personne qui se trouvait devant lui n'avait rien d'innocent. C'était un calculateur minutieux. En l'écoutant parler, Lucius avait l'impression que depuis le début de la soirée, il n'avait fait que jouer avec lui, le faisant danser dans la paume de sa main… et il détestait ça.
« Mais voyez-vous, finalement, je me dis qu'un duel contre vous pourrait être… amusant » reprit le Prince. « Très bien. Si vous gagnez, je ferai en sorte que personne ne sache que vous avez assassiné votre propre fils. C'est bien ce que vous vouliez, non ? »
« Oui » cracha Lucius avec colère.
Mais dans le même temps, il jubilait. À présent, il avait une chance. Non, il avait toute les chances. Parce qu'il était impossible qu'un adolescent de 17 ans même aussi intelligent et manipulateur puisse le vaincre. N'est-ce pas ?
« Et dans le cas improbable où vous gagneriez, que voulez-vous ? » Demanda Lucius sur un ton ironique.
La tension qu'il avait accumulée dans son corps depuis le début de la soirée commençait à retomber. Même l'attitude confiante et débonnaire du jeune homme ne le dérangeait pas. Ce n'était que de l'arrogance. Celui-ci pensait s'en sortir en utilisant Excalibur, mais Lucius allait bien vite doucher ses espoirs.
« Voyons voir » dit le Prince d'une voix pensive. « Je pourrais bien évidemment vous demander que vous révéliez vous-même ce que vous avez fait à votre fils en cas de défaite, bien sûr. Je pourrais tout aussi bien vous prendre votre titre… mais il me faudrait miser quelque chose d'équivalent. Mais suis-je bête, je possède tellement de titres que je pourrais même m'y reprendre à plusieurs fois pour vous chiper le vôtre. »
« Allez-vous vous décider ? » Siffla Lucius, énervé par ce rappel de leur différence de statut.
« Ne soyez donc pas si impatient » le gourmanda le Prince. « Et de toute façon, je vous l'ai dit. Vous ne possédez rien que je ne voudrais. Si je gagne ce duel, je me contenterai de la satisfaction de vous avoir battu… ainsi que celle de savoir que vous vous torturerez l'esprit pour essayer de deviner à quel moment inopportun je laisserai échapper notre petit secret. »
Les narines de Lucius frémirent de colère. Quel petit impudent !
« Puisque c'est ce que vous désirez, nous n'avons plus qu'à commencer » siffla Lucius en pointant une nouvelle fois sa baguette vers le Prince et en rajoutant avec un air de triomphe. « Bien entendu, comme le stipulent les règles des duels, seule la baguette est autorisée. Vous ne pouvez donc pas utiliser Excalibur. »
« C'est évident » dit simplement Hariel en haussant les épaules. « Je ne comptais de toute façon pas là-dessus pour vous battre. »
La tension ainsi que la colère de Lucius remontèrent en flèche. Ainsi ce petit… morveux avait déjà prévu cela et comptait tout de même réussir à le vaincre. Il allait lui montrer.
« Est-ce que c'est… un duel ? »
Lucius manqua sursauter en entendant cette voix inconnue. Il se retourna et vit qu'une foule se dirigeait vers eux. Il serra les dents. Cet idiot de Fudge ! Il lui avait pourtant dit de faire en sorte que les invités restent dans la salle de bal.
« Allons, Lucius, ne soyez pas fâché » ronronna le Prince. « Que serait un duel sans un public ? »
Lucius tourna un regard furibond sur lui. Il était sûr qu'il l'avait fait exprès. Il était sûr que c'était lui qui s'était arrangé pour que les convives les trouvent. Ça ne pouvait être que lui.
« Que se passe-t-il, Votre Altesse ? » Demanda quelqu'un alors que le groupe arrivait près d'eux. « Vous êtes partis tous les deux depuis si longtemps ! »
« Je suis désolé, c'est ma faute » dit innocemment Hariel. « Le Duc Malefoy a été si impressionné par mes connaissances des traditions, qu'il voulait savoir si j'étais également au fait de celles liées aux duels. J'étais un peu gêné d'être moins sûr de mon éducation dans ce domaine alors j'ai proposé un duel d'entraînement pour lui démontrer mes talents. Je m'excuse d'avoir ainsi monopolisé notre hôte. »
Lucius se crispa en voyant son adversaire reprendre l'air innocent qu'il avait montré toute la soirée. Il avait de plus en plus l'impression de se faire manipuler. Malheureusement, à présent qu'ils n'étaient plus seuls, il ne pouvait plus refuser.
« Si vous le permettez, j'agirai en temps qu'arbitre » dit le Marquis Shaklebolt de sa voix de stentor.
« Est-ce vraiment nécessaire ? » Demanda alors le Prince, visiblement gêné. « Ce n'est qu'un duel d'entraînement et je ne voudrais pas déranger. »
« C'est la règle » répondit simplement Baldwin.
Le Prince acquiesça timidement et, à l'intérieur, Hariel jubila. L'attitude de Baldwin était un peu froide, mais c'était parce qu'officiellement, ils ne se connaissaient pas encore. Personne ne pourrait donc l'accuser de partie prit. La solution la plus simple aurait été de laisser un étranger juger le duel, mais contre Lucius Malefoy, Hariel préférait avoir un allié qui surveillait les faits et gestes de l'homme. C'était un Mangemort après tout.
« Pour ce duel, seules les baguettes sont autorisées. Il se terminera quand l'une des baguettes se trouvera dans les mains de son adversaire » énonça Baldwin.
Puis il se tourna vers les concurrents.
« Servez-vous la main » dit-il.
Lucius et Hariel se rapprochèrent l'un de l'autre.
« Si je perds ce duel dans les règles, je jure sur ma Magie que je ne devrais rien à Son Altesse Andrammax Pendragon-Emrys » murmura Lucius.
« Si je perds ce duel dans les règles, je jure sur ma Magie que je devrais faire en sorte que le fait que sa Grâce Lucius Malefoy ait tué son fils avec de la Magie Noire reste un secret » dit Hariel sur le même ton, achevant le rituel.
Il n'y eut ni souffle de vent ni flash, juste des étincelles dans le creux de sa paume. Cependant, c'était suffisant pour qu'ils sachent que leurs vœux avaient été scellés. À la suite de cela, il se retourna, fit une dizaine de pas et se positionna à nouveau face à Lucius. Chacun d'eux plaça sa baguette face à son visage pour le salut rituel puis se mirent en position de combat, jambes pliées, corps de côtés, main de baguette pointée en avant et l'autre en arrière pour l'équilibre. Ils étaient prêts.
« Que le duel commence » dit alors Baldwin Shaklebolt en levant la main.
Aussitôt, un rai de lumière violette sortit de la baguette de Lucius. Il n'avait pas dit un mot, mais c'était normal. Les sortilèges informulés étaient au programme de la sixième année de Poudlard. Tous les Sorciers adultes étaient donc entraînés à cela. De plus, dans un duel, révéler la nature d'une attaque en disant son nom n'était pas très judicieux.
Cependant, Hariel n'avait pas besoin d'entendre la formule pour savoir de quel sort il s'agissait. Sa Vision Magique était suffisante pour cela. Grâce à elle, il pouvait connaître les effets de chacun de ceux qui lui étaient lancés ainsi que leur trajectoire exacte. Il lui suffit de faire un léger pas sur le côté pour que le rayon ne fasse que le frôler.
Ce n'était pas un maléfice très sombre. Lucius ne pouvait pas utiliser une telle magie en public. Cependant, s'il l'avait touché, alors les tympans d'Hariel auraient éclaté, lui causant une grande douleur en même temps qu'il lui aurait fait perdre l'équilibre en endommageant son oreille interne.
N'attendant pas que Lucius attaque à nouveau, Hariel pointa sa baguette sur lui et envoya le sort Lumos. En modulant ses paramètres, il le rendit plus intense, mais également plus bref qu'en temps normal. Grâce à cela, la lumière faisait l'effet d'un puissant flash qui éblouit Lucius.
« Elasticus ! » Incanta ensuite Hariel.
Comme son adversaire était un bon duelliste, il réussit, malgré sa cécité, à lancer un Protego juste devant lui pour intercepter l'assaut. Sauf que s'il avait pu y voir quelque chose, il aurait remarqué que le sort n'était pas dirigé contre lui, mais contre le sol en dessous de lui. Il fallait savoir que le Protego n'était pas un bouclier absolu. Il permettait de créer un disque d'énergie qui repoussait une attaque magique. Cependant, ce disque n'était pas très étendu. En protégeant le haut de son corps, Lucius Malefoy avait laissé le bas exposé. À cause de cela, il se mit à chanceler quand le sol se déroba sous ses pieds sous l'effet d'Elasticus. Ce sort permettait de transformer n'importe quelle surface rigide en une caoutchouteuse et surtout rebondissante. Grâce à lui, Hariel venait tout simplement de changer la pierre du couloir en dessous de son adversaire en trampoline.
Encore à moitié aveuglé et ne tenant plus sur ses jambes, Lucius ne put éviter l'attaque qui suivit. En effet, en plus de posséder une zone limitée, le Protego n'avait pas une durée d'existence très longue. Il s'agissait d'un charme qui fonctionnait sur l'instant. Qu'il ait contré un sort ou non, celui-ci avait disparu peu après avoir été lancé, laissant Lucius sans défense contre le Flipendo d'Hariel. Celui-ci tomba en arrière et se mit alors à rebondir sur le sol. Le choc lui fait lâcher sa baguette qu'il tenta, en vain, de rattraper tout en essayant d'arrêter de cabrioler dans tous les sens. Dans un duel, perdre sa baguette était presque synonyme de défaite. Il fallait donc à tout prix qu'il la récupère.
Mais Hariel ne lui en laissa pas l'occasion. Il détacha son épingle de cravate et pointa sa baguette dessus.
« Avifors » murmura-t-il.
Aussitôt, l'objet de mis à changer de forme. Il ne fallut que quelques secondes pour qu'il se retrouve avec un oiseau en rubis aux yeux et aux franches des plumes dorées posées dans le creux de sa main. Il le lança dans les airs et celui-ci s'envola directement vers Lucius. D'un mouvement vif, il récupéra la baguette et la ramena à son Maître.
« Le duel est terminé » dit alors Baldwin Shaklebolt. « Le vainqueur est Son Altesse Andrammax Pendragon-Emrys. »
Aussitôt, la foule se pressa autour de lui pour le féliciter et l'encenser.
« C'était incroyable ! » S'exclama quelqu'un. « Et vous avez gagné avec seulement de la magie première année ? »
« L'important, ce n'est pas le nombre de sorts que l'on maîtrise ou leur puissance. C'est la façon de s'en servir » dit-il simplement.
La fouille le pressa alors de retourner dans la salle de bal pour continuer la fête. Tout le monde semblait avoir oublié son adversaire, pourtant l'hôte de la soirée. Lucius Malfoy se retrouva donc seul, écumant de rage et pleurant presque de honte.
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Hermione cligna des yeux en regardant autour d'elle. Bien plus vaste qu'elle ne l'avait pensé auparavant, la clairière n'était plus ni sombre, ni vide, ni recouverte de brume. Au contraire, elle était claire et illuminée par des lampions qui flottaient dans les airs. De la musique se faisait entendre même si Hermione ne pouvait pas dire d'où elle venait. Ça et là, il y avait des tentes bariolées, des étals pleins à craquer de denrées diverses, d'objets étranges et aussi de jeux.
Et puis il y avait la foule. Une foule bigarrée et hétéroclite de créatures variées qu'elle n'avait fait qu'apercevoir lors de son premier passage. Elfes, Nains, Fées, Lutins, Korrigans, Sidhes, Tréants… toutes les races de la Faerie paraissaient réunies ici pour cette foire de Samain.
Hermione, elle, était figée sur place. Surprise et intimidée, elle regardait toutes ces personnes aller et venir parmi les tentes et passer devant elle sans vraiment la voir. Certains semblaient pressés, d'autres se contentaient de flâner, certains se couraient après également, certains étaient même avinés et marchaient avec difficultés. Puis finalement, quelqu'un la remarqua.
C'était un chat. Un Calico portant une chemise et un veston et qui se tenait debout sur ses pattes arrières. Avant de la voir, on aurait dit qu'il cherchait quelque chose ou quelqu'un. Puis son retard doré tomba sur Hermione et il la fixa pendant quelques instants. La jeune femme fit de même. Puis le chat s'approcha d'elle.
« Votre Majesté ? C'est vous ? »
« Hum… j'imagine » balbutia Hermione.
« Que faites-vous ici ? Vous n'êtes pas avec les autres ? »
« Les autres ? »
« Les autres souverains, là-bas. »
Il pointa un endroit dans la foule. Mais Hermione ne savait pas ce qu'il pouvait montrer.
« Je ne sais pas vraiment où aller » dit-elle au chat. « Vous ne pourriez pas me guider ? »
Le chat regarda autour de lui, embêté.
« Et bien… ce n'était pas vraiment mon chemin… »
« S'il vous plaît. »
Le chat tourna la tête à droite. Puis à gauche. Il piétina quelques instants puis soupira.
« Très bien Votre Majesté » dit-il.
Il tendit sa patte qu'Hermione saisit puis il l'attira dans la cohue. La jeune femme regardait tout autour d'elle, émerveillée. Les couleurs et les odeurs étaient si étranges et envoûtantes. La foule était énorme, mais heureusement, tous s'écartaient sur son passage en murmurant. Hermione n'arrivait pas à les entendre alors elle se contenta d'observer le monde autour d'elle. En levant les yeux vers les lumières, Elle se rendit compte qu'il ne s'agissait pas vraiment de lampions, mais de fées dont les larges jupes en forme de corolle de fleur brillaient d'un éclat soutenu.
Son guide ne parlait pas beaucoup et il semblait assez craintif. Hermione voulut entamer la conversation afin de tenter de le détendre.
« Alors… est-ce qu'il y a d'autres chats qui parlent ici ? »
Le calicot se hérissa.
« Je ne suis pas un chat, je suis un Trow… Votre Majesté » feula-t-il avec énervement avant de se rappeler à qui il s'adressait.
« Un Trow ? » Demanda Hermione qui ne connaissait pas cette espèce. « Et est-ce que tous les Trows sont comme toi ? »
« Oh non, moi je suis plutôt unique » dit le Trow en se rengorgeant. « Mais oui, d'un certain côté, on peut dire que les Trows en général ont cette allure. »
Donc, ils ressemblent à des chats.
« Et toi, tu es ? »
« Oh ! Quel sot je suis, je ne me suis même pas présenté ! »
Il s'arrêta alors puis fit une révérence.
« Je le nomme Petitpas, Owen Petitpas. Pour vous servir Votre Majesté » dit-il d'une voix solennelle.
Il semblait déjà plus à l'aise.
« Et moi, je suis Hermione Granger » dit Hermione. « Ou peut-être que je devrais plutôt dire Brigit Titania Hermione Granger, j'imagine. »
« Enchanté, Votre Majesté. »
Il tendit à nouveau sa patte afin de guider Hermione. La jeune fille allait la prendre quand quelque chose se précipita sur elle. C'était une nuée de ce qui ressemblait à des papillons qui se mit à voler autour de sa tête en pépiant joyeusement.
« Reine Brigit ! La Reine Brigit est là ! Regardez-nous, Majesté ! Regardez-nous ! »
Hermione, qui avait failli faire une geste pour les chasser se figea et les observa plus attentivement. En fait de papillon, il s'agissait plutôt de Fées. Leur corps minuscule avait la même proportion que celle des humains, mais d'une beauté à couper le souffle. Certains avaient la peau jaune, d'autres rose, d'autres encore vert, des tons pastels qui contrastaient avec les couleurs vives de leurs ailes. Parmi eux, il y avait des hommes et des femmes. Tous étaient vêtus des tuniques faites de pétales de fleurs et portaient une petite épée fine comme une aiguille aux côtés.
« Nous vous avons trouvés ! Nous vous avons trouvés ! » Se mirent-elles à dire. « Vite ! Vite ! Venez avec nous ! Nous allons vous conduire. »
« Hey ! Pas si vite ! » S'exclama alors Owen Petitpas. « C'est à moi que Sa Majesté a demandé de la conduire, espèces de nuisances volantes. »
« Pffft ! Vilain ! Vilain chat de gouttière ! » Chantonnèrent les fées. « Essai de nous attraper si tu peux ! »
« Je ne suis pas un chat ! » Cria alors Owen en bondissant.
Mais les fées se dispersèrent en riant. La patte du Trow battit l'air sans les toucher. Comme il retombait, Hermione le rattrapa et, instinctivement, le serra contre elle.
« Ça va ? » L'interrogea-t-elle.
« Pourriez-vous… hum… pourriez-vous me lâcher, je vous prie, Votre Majesté ? » Demanda Owen.
Il semblait gêné.
« Oh ! Oui ! Excusez-moi » dit Hermione.
Elle se pencha et le posa par terre. Le Trow ajusta sa tenue, se lécha l'une de ses pattes avant et la passa derrière son oreille. Il avait beau le nier, il ressemblait tout de même beaucoup à un chat.
« Je suis… excusez-moi Votre Majesté. Je n'aurais pas dû m'énerver ainsi » dit-il finalement.
« Ce n'est rien » dit Hermione. « Nous y allons ? »
« Je vous remercie de votre confiance, Votre Majesté. »
Hermione reprit sa patte et se laissa à nouveau guider. Alors qu'elle marchait, elle sentit des battements d'ailes autour de sa tête, les petites fées étaient revenues. Cependant cette fois, elles restèrent silencieuses si bien qu'Hermione décida de les ignorer. Elle arriva enfin en vue d'une tente plus grande que les autres. Plus somptueuse également. Elle se demandait comment elle ne l'avait pas vue plus tôt.
« Voilà, c'est là que je vous laisse, Votre Majesté » dit Owen.
« Vous ne venez pas ? »
« J'ai… euh… des choses à faire… oui, c'est cela, des choses à faire, Votre Majesté » dit-il évasivement en regardant nerveusement autour de lui. « En plus, c'est le pavillon réservé aux souverains et à leur famille. Rien à voir avec moi. Rien à voir. Elle est gardée, vous voyez ? »
En effet, devant la tente se trouvaient deux chats vêtus d'un plastron métallique et portant un casque et une lance. L'un des deux finit par remarquer Owen et interpella son compagnon qui se tourna à son tour vers lui.
« Des amis à vous ? » Demanda Hermione.
« Pas vraiment » répondit le Trow en reculant. « Comme je vous l'ai dit, je vais devoir vous quitter, Votre Majesté. À une prochaine fois. »
Les deux gardes Trow se jetèrent alors à la poursuite d'Owen qui se mit à quatre pattes pour leur échapper et courir plus vite. Hermione cligna des yeux, surprise par ce qui venait de se passer. Elle regarda la tente. Il n'y avait plus personne pour contrôler son identité, mais bon, elle était tout de même une Reine. Du moins, c'était ce que tout le monde disait. Elle s'avança donc, souleva l'un de pan de toile et pénétra à l'intérieur.
« Titania ! Très chère ! Vous voilà enfin ! »
Hermione se figea aussitôt en entendant cette voix. Elle l'avait tout de suite reconnu.
C'était celle de Dagda, l'Étain, la Reine de l'Été.
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Remus sortit de la salle de bain en soupirant. Il avait eu du mal à enlever le maquillage vert que Sirius lui avait mis sur le visage pour le faire ressembler à la créature de Frankenstein (la version de 1931, jouée par Boris Karloff). Mais à présent, c'était fait. Soulagé, il se dirigea vers son lit et s'effondra sur le matelas. La nuit avait été mouvementée, mais maintenant, tout ce qu'il voulait faire, c'était dormir.
La soirée avait commencé avec une chasse aux bonbons pour les enfants de Kamala. En procession entourée par plusieurs parents, ils avaient parcouru la ville en frappant aux portes pour obtenir des sucreries. Bien entendu, la fête avait beau être récente sur le territoire Gremory, les adultes étaient au courant et avaient des réserves conséquentes. Sirius, en tant qu'organisateur, aurait dû aider à l'encadrement et ordonner le convoi, mais il était trop occupé à récupérer des friandises avec les petits. C'était donc Remus qui avait été chargé de coordonner la procession.
Par la suite, il y avait eu un bal costumé à l'intérieur du château même des Gremory. Ce n'était pas une célébration officielle donc ils n'avaient pas été tenus d'inviter chacun des clans. Cependant, nombreux étaient les amis qui avaient répondu présents. Parmi eux, les Sitri et les Baal, bien que ce Clan-ci n'était représenté que par Sairaorg et sa Suite. Regulus avait été forcée de venir déguiser en lion du Magicien d'Oz pour la plus grande joie de son frère qui avait passé la soirée à le suivre comme un petit chien (apparemment, personne n'avait dit à Regulus qu'il devrait quand même y aller). Malheureusement, cela s'était fait au détriment des responsabilités de Sirius en tant qu'organisateur si bien que c'était Remus qui, une nouvelle fois, avait dû s'en occuper.
C'était donc la raison pour laquelle il était assez fatigué et aussi qu'il prit assez mal que quelqu'un se mette à frapper avec vigueur à sa porte.
« Quoi ? » Interrogea-t-il d'une voix agressive en ouvrant.
« C'est l'heure de l'after, Remus ! » S'exclama alors Sirius.
Il portait plusieurs bouteilles d'alcool entre ses bras ainsi que deux verres à shot.
« Tu sais quelle heure il est ? » Demanda Remus avec colère.
« Je te l'ai dit ! C'est l'heure de l'after ! » Lui répondit Sirius en entrant d'office dans ma chambre.
Remus soupira et referma la porte derrière lui.
« J'ai des tas d'idées de jeux » dit son ami en posant son fardeau sur la table basse du salon des appartements du Loup-Garou.
Il s'assit par terre en tailleurs et invita son compagnon à faire de même. Remus hésita quelques instants, soupira à nouveau puis alla rejoindre Sirius. Celui-ci sourit et prit une bouteille de vodka dont il dévissa le bouchon avant d'en remplir les deux petits verres jusqu'à ras bord.
« Sirius ce n'est pas raisonnable » dit Remus. « En plus, je n'ai pratiquement rien mangé ce soir. »
« C'est pas grave. Ce sera plus amusant » dit son ami en riant.
Apparemment, il était déjà assez imbibé lui-même. Tout ce que Remus espérait, c'était que le jeu l'achève rapidement. Malheureusement, connaissant la descente de Sirius, il y avait peu de chance que cela arrive.
« Voilà les règles » dit celui-ci. « Chacun de nous dit un truc qu'il n'a jamais fait. Et si l'autre l'a fait, alors il doit boire son verre, d'accord ? »
« Mais c'est ridicule, Sirius ! On se connaît parfaitement l'un l'autre. Ça va être facile de trouver des trucs que l'un de nous n'a jamais faits et l'autre si ! »
Rien que pour ce qui était des pratiques sexuelles, il pouvait le faire boire à volonté. Sirius était un vrai maniaque du sexe quant à Remus… disons qu'il n'avait jamais eu l'occasion. C'était en tout cas ce qu'il se disait.
« Mais justement » dit Sirius en riant. « C'est ça qui est drôle. Et puis on sait jamais. On pourrait découvrir des trucs à l'occasion. »
Remus souffla. Il espérait que non.
« Je commence ! » S'exclama Sirius. « Je n'ai jamais… mis de sous-vêtement féminin sur ma tête ! »
Remus rougit. Il ne de rappelait pas très bien cette mémorable (et très alcoolisée) soirée de fin d'études, mais il avait des photos. L'une d'elles le montrait avec une petite culotte enfoncée sur le visage. Personne n'avait jamais su d'où il venait. Remus prit alors son verre et le vida. En riant, Sirius le remplit à nouveau.
« Allez, à toi ! » S'exclama-t-il.
« Je n'ai jamais… failli causer la mort d'un camarade » dit Remus d'un ton acide.
« Oh ! Elle était petite celle-là » ronchonna Sirius.
Ce qui ne l'empêcha pas de boire son verre et de le remplir encore une fois.
« Et puis c'était Snivelus. Il avait pas qu'à fourrer son gros nez dans nos affaires. »
« Hariel ne voudrait pas que tu l'appelles comme ça. »
« Bah ! Ce qu'il ignore ne peut pas lui faire du mal. Et puis c'est pas comme si tu allais me dénoncer, hein, mon frère ? »
Remus se mordit l'intérieur de la joue. Hariel lui avait parlé de ça. C'était un de ces moments où ses amis utilisaient inconsciemment sa peur de l'abandon pour lui faire faire des choses qu'il désapprouvait. Il savait que Sirius ne s'en rendait pas compte. Mais d'un certain côté, ça faisait peut-être plus mal encore, qu'il ne s'en soit pas aperçu.
« Allez, à moi » reprit Sirius.
Le jeu continua pendant encore une demi-heure jusqu'à ce que Sirius se mette à grogner. Remus venait de "révéler" qu'il n'avait jamais oublié de faire ses devoirs et Sirius avait déjà vu et rempli son verre à nouveau.
« Tu pourrais pas trouver des trucs plus excitants à dire ? » Demanda-t-il. « Je sais pas, un truc sexuel pour pimenter un peu les choses. Par exemple, je n'ai jamais… euh… »
« Ah ! C'est difficile pour toi de trouver quelque chose de sexuel que tu n'as jamais fait » ricana Remus.
Il commençait lui-même à être déjà bien imbibé. Le manque de nourriture dans son estomac avait rapidement fait grimper l'alcool dans son cerveau et il nageait à présent dans une espèce de brouillard informe.
« Je ne me suis jamais fait faire pipi dessus par un partenaire » dit finalement Sirius.
« T'es dégueulasse ! S'exclama Remus sans même toucher à son verre.
« À toi ! »
« Je n'ai jamais… embrassé quelqu'un du même sexe que moi » dit Remus.
En fait, il n'avait jamais embrassé personne, du même sexe, du sexe opposé ou autre. Il ne savait pas bien pourquoi il avait dit ça. C'était sorti tout seul. Il le regrettait un peu, mais d'un certain côté il se sentait heureux de voir Sirius prendre son verre et le vider cul sec en réponse à sa phrase.
« Ben ouais » se mit-il à expliquer. « Barclay et moi on a eut genre… une phase d'expérimentation à Poudlard. Et crois-moi, il m'a ouvert l'esprit… et pas que l'esprit d'ailleurs. »
Il eut un rire d'ivrogne et tenta de remplir son verre. La moitié de l'alcool finit sur la table.
« Je me suis rendu compte que les mecs c'était pas mal aussi. Et tu sais ce que j'me suis dit ? »
Il commençait à avoir du mal à parler. Sa voix se faisait pâteuse et sa diction plus approximative.
« Me suis dit que ça allait agan… agra… agrandir mon tableau de ch... chasse. »
La suite de la soirée fut très floue. Pour tous les deux.
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« Dagda » dit simplement Hermione.
Elle était une Reine, non ? Donc normalement, elles étaient de rang égal. Elle n'avait alors pas à lui donner son titre. Et puis, c'était elle qui avait commencé en l'appelant par son nom… enfin, son nom féerique.
La Reine de l'Été était toujours aussi fraîche qu'une rose et belle comme le jour. Elle était vêtue d'une robe qui semblait faite de feuilles mortes dont les camaïeux de rouges de jaunes et d'orangés qui s'harmonisaient avec l'or de ses cheveux et de ses yeux. Elle arborait un sourire éblouissant alors qu'elle s'avançait vers elle, les bras ouverts comme si elle voulait l'enlacer. On aurait dit qu'elle accueillait une amie et pas quelqu'un qu'elle avait tenté d'emprisonner dans son Sithin.
Deux autres personnes lui avaient emboîté le pas. Et se dirigeaient aussi vers Hermione. Un homme et une femme.
D'instinct, Hermione devina que la femme était également une Sidhe à l'instar de Dagda, mais d'une façon radicalement différente. Comme elle, elle était d'une beauté époustouflante, mais d'un genre particulier, plus sombre. Si Dagda avait une allure de poupée de porcelaine, elle tenait plus de la femme fatale. Sa peau était d'une pâleur lunaire faisait un contraste saisissant avec le loir d'encre de ses cheveux. Ils étaient si sombres qu'on aurait dit qu'ils aspiraient la lumière. Ses yeux semblaient également noirs, mais en regardant bien, ils étaient formés de plusieurs cercles de bleu et de gris sombres hypnotiques.
Elle était vêtue d'une robe intégralement noire qui moulait son corps longiligne. Elle paraissait très simple, mais ce n'était pas le cas. Ses mouvements faisaient apparaître des reflets argentés dans la trame du tissu qui composaient des motifs d'entrelacs de fougères et d'étoiles de neiges. Une ceinture de médaillons d'argent ceignait sa taille et elle portait de nombreux bracelets qui bruissaient à chacun de ses gestes. Tête droite, dos raide, son port était altier. Il émanait d'elle une sorte de froideurs qui ne semblait pas seulement venir de son expression grave.
L'homme, lui, avait l'air encore moins humain qu'elle. Sa peau était brune, mais pas comme s'il était bronzé, plutôt comme si un pelage de bête avait été tatoué sur sa chair. Son visage avait quelque chose d'animal, mais ce n'était pas uniquement à cause de la paire de bois imposants qui ornaient son crâne. Ses yeux étaient trop grands, trop ronds, et son nez trop relevé pour qu'il paraisse vraiment ordinaire. Ses iris étaient orangés et jaunes comme des feuilles d'automne et ses pupilles étaient légèrement anguleuses. Sous certains points de vue, elles semblaient presque carrées.
Ses cheveux étaient d'un vert sapin et tombaient en longues mèches sur ses épaules laissées nues par une absence d'habits sur le haut de son corps. Son torse était musculeux et ciselé quant à ses cuisses, on pouvait les voir dépasser du pagne de fourrure attaché par une ceinture de cuire qui lui servait de seul vêtement. Plus qu'une absence de pudeur, on aurait dit qu'il affichait son anatomie à la vue de tous. Il émanait de lui une grande virilité ainsi qu'une évidente sauvagerie, deux caractéristiques dont il semblait retirer un certain orgueil, orgueil qui apparaissait parfaitement dans son attitude.
Tous les deux paraissaient extrêmement familiers à Hermione. Cependant, elle ne parvenait pas à se souvenir d'où elle les avait vus.
« Cela fait longtemps, Titania » dit la femme en arrivant derrière Dagda.
Sa voix n'était pas tellement hostile, mais on ne pouvait pas vraiment dire que les salutations étaient des plus chaleureuses.
« En effet » dit Hermione, hésitante, en évitant l'embrassade de la Reine de l'Été.
La femme la regarda et un léger rictus se mit à déformer ses lèvres.
« Apparemment, notre première rencontre vous échappe un peu, ma chère » dit-elle sur un ton moqueur.
« Quel dommage ! » Intervint alors l'homme.
Sa voix était suave, douce comme le miel avec une pointe d'exagération. Il avait accompagné ses paroles d'un geste grandiloquent et théâtral qui hérisse le poil d'Hermione. Sans qu'elle sache pourquoi, l'attitude de l'homme lui déplaisait.
« Mais cela ne rendra notre nouvelle rencontre que plus belle » ajouta-t-il en s'inclinant.
Il compléta sa pose d'un clin d'œil appuyé en direction d'Hermione. Celle-ci s'en rendit alors compte que c'était censé être dans un but séducteur. Elle frémit, mal à l'aise.
« Il faut dire que la dernière fois, vous étiez assez… confuse et endormie » reprit la femme qui avait roulé des yeux aux simagrées de son compagnon.
Confuse ? Endormis ?
C'est alors qu'Hermione se souvint. Elle se rappelait où elle les avait vus. Dans les évènements brumeux qui avaient suivi sa rencontre avec la Déesse. Celle-ci avait pratiqué un rituel de purification avec l'aide des trois autres Souverains de la Faerie. Cela ne voulait donc dire qu'une chose. La femme ne pouvait être que la Boand de la Cour de l'Hiver, la Reine Nuada. Quant à l'homme, il devait s'agir du Roi Obéron, le Lug de la Cour de l'Automne, souverain du Grand Peuple.
« On dirait que la lumière se fait » ricana la Reine de l'Hiver.
« Allons, Nuada, ne sois pas méchante envers cette pauvre enfant » la réprimanda Dagda.
L'autre femme renifla avec dédain et se contenta de s'éloigner.
« Ne lui en veuillez pas, très chère » dit Dagda en prenant les mains d'Hermione. « C'est juste sa nature unseelie qui veut ça. On n'y peut rien. »
« Elle a toujours eu mauvais caractère et a tendance à être assez rabat-joie » rajouta Obéron en passant son bras par-dessus ses épaules. « Vous êtes bien mieux entre gens de bonne compagnie. »
Hermione se sentait de plus en plus mal à l'aise. Elle avait déjà des griefs contre Dagda. La femme avait tenté de la séquestrer en l'ensorcelant. Quant à Obéron… elle ne savait pas pourquoi, mais elle n'aimait pas son attitude. Il émanait de lui une certaine arrogance qui lui hérissait le poil. Pourtant, elle était amie avec Hariel qui savait se montrer extrêmement orgueilleux lui-même. Cependant, c'était différent. Hariel était sûr de lui, de ses capacités à faire les choses. Toutefois, son comportement n'avait jamais exprimé une quelconque supériorité. Il n'avait jamais fait sentir personne inférieur.
Obéron était tout le contraire. Si Hariel était fier, alors le Roi de l'Automne était arrogant. Plus que sûr de lui, il était sûr de sa supériorité sur les autres. De plus, c'était, semble-t-il, un séducteur. Or ces deux caractéristiques n'étaient pas compatibles. Comment arriver à charmer véritablement quelqu'un quand on le considère comme un inférieur ? Certes, elle ne le connaissait que depuis quelques minutes et c'était un peu tôt pour juger les gens, mais pour l'instant, elle ne l'aimait pas.
« Et c'est la raison pour laquelle je m'en vais » leur répondit Hermione.
Elle enleva ses mains de celles de Dagda, dégagea le bras d'Obéron de son épaule et leur passa devant. Elle n'était pas bien sûr d'où elle allait, mais tant que c'était loin d'eux, elle prenait. Malheureusement, elle était si préoccupée à regarder que les deux autres ne la suivaient pas qu'elle heurtât quelqu'un de plein fouet.
« Pardon » dit-elle aussitôt en se reculant.
Elle se frotta le nez. La personne qu'elle avait bousculée était extrêmement… compacte, mais en même temps assez soyeuse. Elle leva les yeux et s'aperçut qu'il s'agissait d'un homme, ou plutôt de son dos. Celui-ci était recouvert par son impressionnante chevelure d'un blond presque blanc. Lisse et lumineuse, elle descendait jusqu'en dessous de ses genoux. Quand il se tourna vers elle, Hermione vit son visage parfait qui semblait taillé dans de l'ivoire ainsi que ses prunelles couleur or, ambre et feuille d'automne disposées en cercles concentriques, toutes les caractéristiques qui criaient qu'il était un Sidhe.
Hermione resta quelques instants à contempler sa beauté avant de se reprendre. Ne sachant pas comment faire une révérence, elle inclina la tête et recommença ses excuses.
« Je vous prie de me pardonner » dit-elle. « Je ne regardais pas où j'allais. »
« Ce n'est rien » dit l'homme d'une voix grave de baryton.
Elle était extrêmement séduisante. Cependant, elle avait quelque chose d'étrange. Elle semblait émettre un son un peu râpeux en arrière-plan. Un bruit pas désagréable, mais qui ne paraissait pas vraiment humain.
« Votre Majesté » ajouta-t-il en s'inclinant devant Hermione.
« C'est très aimable à vous, Monsieur… » hésita celle-ci.
L'homme la regarda quelques instants avant de répondre.
« Sholto » dit-il simplement. « Roi Sholto des Sluagh. Membre de la Cour d'Hiver Unseelie. »
« Votre Majesté » le salua alors Hermione en courbant une fois de plus la tête. « Je suis Herm… Titania, la Brigit de la Cour du Printemps. »
« Cela va sans dire » répondit Sholto.
Il n'y avait pas de moquerie dans sa voix. Pas non plus de respect. C'était juste… factuel. Son expression aussi était extrêmement neutre. Comme s'il ne ressentait pas d'émotions.
« Excusez-moi » dit-il simplement en s'inclinant.
« Oui, je… »
Cependant, le Roi Sholto ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase et fit volte-face. Hermione demeura seule, interdite. Elle avait eu l'impression pendant quelques secondes de voir quelque chose remuer sous sa chemise, au niveau de son ventre. Mais l'homme était parti si vite qu'elle n'en était pas certaine.
« C'est un exploit que de faire reculer le Seigneur des Cauchemars, nya » dit alors une voix dans son dos.
Hermione sursauta et se tourna dans sa direction. Sur une table se trouvait allongé un très gros chat. Son corps était rond. Sa tête également. Elle était de plus anormalement large. Sa queue elle-même rappelait un pompon. Son pelage, d'une blancheur immaculée, était parcouru de taches orange et grises. Ses yeux ressemblaient à deux fentes en demi-lune inversées qui fixaient Hermione. Cependant, le détail qu'elle remarqua par-dessus tout était la petite couronne posée de guingois entrai ses oreilles en pointes.
« Le Seigneur des Cauchemars ? » Demanda Hermione.
« Le Roi Sholto est le Seigneur des Sluagh et les Sluagh sont des créatures nées des cauchemars des êtres vivants, nya. »
« Il n'a pas l'air… cauchemardesque » dit Hermione sans se rendre compte qu'elle rougissait légèrement.
« Il est en partie Sidhe. Du côté de sa mère, nya. Il en a la beauté. Et vous savez ce qu'on dit, "au pays des aveugles, les borgnes sont rois". »
Hermione regarda à nouveau dans la direction où était parti l'homme d'un air pensif. Donc il était à moitié un Sluagh ? Elle se demandait bien quelle partie. Finalement, elle se tourna une nouvelle fois vers le chat… ou plutôt, le Trow, et s'inclina devant lui.
« Je vous remercie de vos explications » dit-elle. « Je suis la Brigit Titania, Reine du Printemps. »
Elle était toujours mal à l'aise de dire ces mots. Cela lui semblait étrange et elle se sentait ridicule. C'était comme un déguisement qu'elle n'avait pas vraiment envie de mettre et qui la faisait paraître comme une idiote. Heureusement, le Trow ne rit pas. Au contraire, il se releva sur ses courtes pattes arrières et s'inclina devant elle.
« Je vous salue, Ma Reine, je suis le Roi Gordon des Trows. C'est un honneur de pouvoir vous rencontrer et de vous servir, nya. »
« Me servir ? Je suis une Reine, vous êtes un Roi… est-ce que ça ne fait pas de nous des égaux ? » demanda Hermione, gênée.
« Que nenni, nya » dit le chat avec un léger rire. « Les quatre Souverains du Printemps, de L'Été, de l'Automne et de l'Hiver sont supérieurs aux autres. Les Reines de l'Été et de l'Hiver règnes sur les Sidhe Seelie et Unseelie uniquement. Seule la Reine Nuada possède un féal en la personne du Roi Sholto pour la simple et bonne raison que sa mère était Sidhe Seelie, mais que la Reine Dagda a refusé qu'il siège à sa cour, nya. »
Si elle devait émettre une hypothèse, Hermione dirait que Dagda se souciait trop des apparences pour laisser les « cauchemars » de la Faerie circuler dans son Sithin. Quand elle y avait été, elle avait remarqué que tout là-bas y était brillant, beau… et assez superficiel également.
« Mais c'est différent pour le Roi de l'Automne et la Reine du Printemps, nya » reprit le Roi des Trows. « Eux sont Souverains du Grand et du Petit Peuple. »
Hermione se souvenait des discussions qu'elle avait eues avec Nilin, l'un des Gnomes qui l'avaient guidé lors de son premier passage en Faerie.
« J'en avais entendu parler. Mais j'ignorais que ces peuples avaient également des Souverains… » dit-elle.
« Toutes les races du Grand Peuple en ont un, nya » dit le Roi Gordon. « Ils sont au nombre de huit : Les Elfes Clairs, les Elfes Sombres, les Nains, les Gobelins, les Géants, les Orcs, les Ogres et les Trolls. »
« Et… pour le Petit Peuple ? » demanda Hermione avec appréhensions.
« Pour nous, c'est plus complexe » dit alors une nouvelle voix.
Hermione sursauta. Cette fois, cela venait de ses pieds. Elle baissa les yeux et vit… un chien. Ou plutôt une chienne puisque la voix était féminine. Il s'agissait d'une Golden Retriever debout sur ses pattes arrière. Elle était vêtue d'une robe rouge semblable à celle d'Hermione et elle portait une couronne dorée sur la tête. Derrière elle se trouvait un autre chien, lui aussi une Golden et lui aussi debout sur ses pattes arrières. Il était pourvu de bottes, d'un baudrier, d'une épée et d'un grand chapeau à plume.
« Mes excuses pour cette intervention impromptue, Votre Majesté, wan » dit la femme en faisant une révérence. « Je suis Siobhan, Reine des Kobolds. Et voici mon fils, Finn. »
Le second Golden Retriever ôta son couvre-chef et s'inclina un peu maladroitement.
« Je suis ravi de vous connaître, Votre Majesté. C'est un honneur et je dois dire que vous sentez très bon. »
« Euh… merci » répondit Hermione, dubitative.
La Reine Siobhan, elle, porta sa patte à sa gueule et toussota. Aussitôt, Finn s'excusa en baissant la tête, l'air penaud et en gémissant exactement comme… un chien.
« Pour en revenir à notre sujet, user de taxonomie avec le petit peuple est beaucoup plus complexe » reprit la Reine des Kobolds. « Il y existe de très nombreuses espèces, races, sous-classes de Fae, trop nombreuses pour les décompter. Et beaucoup d'entre elles vivent seulement disséminées au travers de leur territoire dans la Faerie. »
« Mais certaines se sont rassemblées à la manière des autres races afin de former des communautés cohérentes. »
Cette fois, la phrase avait été prononcée par un blaireau. Il était presque aussi grand que la Reine Siobhan même s'il marchait plutôt vouté et à l'aide d'une canne. Il portait une chemise blanche ainsi qu'un gilet lie-de-vin et une culotte kaki. Lui aussi portait une couronne sur la tête.
« Malcolm, Roi des Balmus, pour vous servir, Vitre Majesté. »
Donc, les Trows ressemblaient à des chats, les Kobolds à des chiens et les… Balmus, à des blaireaux, se dit la jeune femme.
« Je vois les rouages de votre cerveau tourner dans votre tête Reine Titania » dit le Roi Malcolm avec ce qui ressemblait à un sourire. « En effet, les Trows et les Kobolds partagent des similitudes avec les espèces que vous nommez chat et chiens. Les Balmus, cependant, représentent une variété plus protéiforme. Elle regroupe des formes semblables à ce que vous appelez, les animaux fouisseurs. Rongeurs, mustélidés et taupinidés. »
« C'est pour cela qu'il est complexe d'appréhender nos peuples tant notre diversité est importante » reprit la Reine Siobhan.
« Et pourtant, tous nous somment des purs esprits de la nature. Nous lui ressemblons et nous la contrôlons. »
Cette nouvelle voix était grave et profonde. Et surtout, elle semblait provenir de bien au-dessus de la tête d'Hermione. Celle-ci leva les yeux et ils s'écarquillèrent en voyant l'être qui se penchait sur elle. Il s'agissait d'un arbre. Mais un arbre avec un visage. Loin d'être le résultat d'une simple paréidolie, elle pouvait distinctement apercevoir deux prunelles noires la fixer. Ils se trouvaient au centre d'une figure faite de bois noueux formant un nez et une bouche presque dissimulée par une barbe faite de mousse. Elle se souvenait que Nilin lui avait dit que les Tréants, les arbres anthropomorphes, étaient les plus grands parmi les espèces du Petit Peuple.
« Bien le bonjour, Firendar, Doyen des Tréants, nya » ronronna le Roi Gordon. « Il est rare de voir l'un des tiens sortir des bois. »
« Il me fallait apporter les respects de mon peuple à notre bien-aimée Reine » dit le végétal vivant en plongeant son regard dans les yeux d'Hermione.
« Je vous remercie » dit celle-ci, embarrassée par l'épithète "bien aimée".
Le Tréant hocha la tête.
« Florae, Faunae, Puca, Lutins, Korrigans, Leprechauns, Gnomes… sans compter bien entendu les Trows, les Kobolds et les Balmus » reprit le grand arbre. « Toutes ces différentes races ont un souverain prêt à vous jurer allégeance. »
« Vous nous oubliez, je crois » dit alors une voix glaciale.
Celle-ci provenait d'une fée, comme celle qui accompagnait toujours Hermione depuis son arrivée. Comme elle, elle était svelte et d'une beauté bouleversante. Sa peau, cependant, était d'un blanc d'os, ses cheveux noirs de suie, de même que ses yeux et ses ailes de papillon étaient couleur charbon. Elle portait une robe albâtre qui semblait avoir été faite de soie d'araignée (ce qui était sûrement le cas).
« Reine Reagan des Pixies » ronronna Gordon. « Je m'étonne que vous vous considériez encore des nôtres. J'ai entendu dire que vous courtisiez l'Étain depuis quelque temps pour qu'elle vous accepte dans son Sithin. »
« Des racontars de gouttière, chat » dit la petite femme avec mépris. « Je ne suis fidèle qu'à la Reine Titania. Par ailleurs, moi, j'ai pris les devants pour m'assurer la sécurité de notre Souveraine dans le monde des Humains. »
« Oui, oui, oui ! » s'exclama l'une des Pixies présentes en se mettant à voleter au milieu du groupe. « J'ai protégé la Reine ! J'ai protégé la Reine ! Quand la vilaine femme en rose a voulu l'attaquer dans le dos, je l'ai poignardé comme ça ! Et comme ça ! »
Elle sortit sa petite épée et commença à la faire voltiger dans les airs en combattant un ennemi invisible. Hermione se demanda de qui elle pouvait bien parler puis elle se souvint d'Ombrage. Elle avait essayé de l'attaquer ? Quand cela ?
« Je vois, wan » dit la Reine Siobhan alors que ses yeux se plissaient face au spectacle.
Elle envoya un regard noir à la Reine Reagan qui l'ignora superbement. Manifestement, il y avait une lutte de pouvoir pour savoir qui aurait les faveurs d'Hermione. Celle-ci sentait que cela allait être assez pénible à la longue.
« Et si nous… » commença le Roi Gordon.
Cependant, il fut interrompu quand deux chats arrivèrent parmi leur groupe. Hermione les reconnut immédiatement. Il s'agissait des deux gardes de la tente. Il portait avec eux un troisième qui se débattait et que la jeune femme reconnut également.
« Lâchez-moi ! Mais lâchez-moi » crachait Owen en se débattant.
Les gardes obéirent, mais seulement pour le jeter au pied de leur Roi. Aussitôt, les petites Pixies se mirent à voler autour de lui en riant.
« Tu es de retour, vilain chat ! Vilain chat ! » scandèrent-elles en cœur.
« Je ne suis pas un chat ! » s'exclama Owen en tentant de les faire fuir.
Mais un coup de patte du Roi Gordon le plaqua au sol.
« Cesse des simagrées, Owen, nya » siffla-t-il. « Dire qu'il a fallu envoyer les gardes pour te ramener ici… »
Owen s'assit et croisa les bras. Il avait l'air de bouder. Cette attitude le rendait encore plus charmant, mais Hermione se dit que cela ne serait pas judicieux de le caresser. Cependant, cela ne sembla pas déranger Finn. En voyant le Calico en gilet, il s'était jeté sur lui pour l'enlacer.
« Owen ! Mon ami ! » s'exclama le Prince des Kobolds.
« Ah non ! Lâche-moi sale cabot ! » s'écria celui-ci en se débattant.
Il semblait à la fois en colère et gênée. Il tenta de fuir à nouveau, seulement pour être encore une fois plaqué au sol par le Roi Gordon qui, cette fois, garda sa patte sur le dos du Trow plus petit.
« Veuillez excuser mon fils, Votre Majesté » dit ce dernier en s'inclinant.
Son fils ? S'exclama Hermione intérieurement. Maintenant qu'elle les regardait ensemble, elle pouvait dire qu'en effet, ils se ressemblaient. Tous les deux étaient des Calicos et certaines de leurs tâches étaient assez semblables.
« Oh non, ça ira » dit-elle. « En fait, j'ai déjà rencontré Owen. C'est lui qui m'a conduit jusqu'ici. Sans lui, j'aurais été totalement perdue. »
« Vraiment ? » demanda le Roi Gordon. « Donc vous vous connaissez ? »
Pour autant qu'Hermione arrivait à le voir, son expression se faisait des plus calculatrices.
« C'est une action qui t'honore Owen » dit-il finalement. « Cependant, tu as manqué à tes devoirs en refusant d'assister à cette célébration importante. Je suis donc dans l'obligation de te punir. »
« Quoi ? » s'exclama Owen.
« C'est vraiment nécessaire ? » demanda Hermione.
« Oui, Votre Majesté » répondit le Roi. « Mon fils sait qu'il doit assumer la responsabilité de ses actes. En conséquence de quoi, je le condamne à accompagner Sa Majesté sur Terre et de vivre à ses côtés en tant que son chat de compagnie pendant un an. »
« Quoi ! » s'exclama Hermione.
« Mais je ne suis pas un chat ! » Cria encore une fois Owen.
« Une minute, vieux chat d'égouts ! » s'écria la Reine Siobhan. « Je sais parfaitement ce que tu fais ! Puisque Raegan a des agents sur place, tu veux en avoir un à toi pour t'attirer les faveurs de Sa Majesté. »
Hermione se retint de soupirer. Elle savait que cette lutte de pouvoir allait être pénible.
« Puisque c'est comme ça, Finn, tu iras avec eux ! »
« Moi ? Pourquoi ? » S'exclama le Golden Retriever en faisant tomber son chapeau de surprise.
« Comme ça, tu pourras rester avec ton ami » argumenta sa mère.
« Super ! Je vais pouvoir rester avec Owen ! » s'écria Finn en prenant à nouveau le Trow dans ses bras (Hermione aurait juré avoir vu ce dernier rougir).
« Je pense pour ma part que c'est une mauvaise idée » grogna le Roi Malcolm. « Ces deux-là s'entendent comme chien et chat. »
« Je ne suis pas un chat ! » s'exclama Owen.
Mais il fut totalement ignoré.
« Je propose donc d'envoyer quelqu'un d'autre pour les contrôler un peu et ne pas causer des ennuis à la Reine » reprit le blaireau.
« Et je suppose que tu as quelqu'un en tête ? » demanda Gordon.
« Quelqu'un de ton propre peuple, j'imagine ? » poursuivit Siobhan.
« Ce n'est pas le sujet, mais oui. Kylie, ma petite fille. »
« Présente ! » s'exclama alors une voix aiguë.
Quelque chose de petit et fauve se mit à courir sur la table où était toujours installé le Roi des Trows et sauta dans le vide. L'animal fit un salto dans les airs et retomba sur ses pattes avant de s'incliner gracieusement devant Hermione.
« Je suis la Princesse Kylie. Ravie de faire votre connaissance, votre Majesté ! »
C'était une gerbille (quant à savoir comment un blaireau pouvait avoir une petite-fille, gerbille, là c'était une autre question). Son pelage était un dégradé de marron orangé depuis son dos jusqu'à ses flancs. Son ventre, pour autant qu'on pouvait en dire avec ses vêtements, était blanc. Elle portait une chemise blanche aux manches bouffantes et un gilet brun, un pantalon noir ainsi qu'une ceinture de tissu rouge et des bottes. Elle faisait un peu pirate.
« Je suis prête à vous suivre » poursuivit-elle, « à vous servir et surtout à empêcher ces deux idiots de se battre. »
« Hey ! » s'écria Owen.
« Mais je ne me bats pas avec Owen, c'est mon ami ! » s'exclama Finn.
De son côté, Hermione se disait qu'elle devait absolument limiter les dégâts. Elle n'allait pas revenir du Pays des Fées avec des animaux de compagnies parlant quand même ? Déjà que cette histoire de Pixie protectrice la mettait mal à l'aise.
« Mais ça ne poserait pas de problème que vous alliez dans le monde des humains ? »
« Pourquoi cela se serait-il ? » demanda Reagan.
« Et bien… beaucoup de vos races sont inconnues des Sorciers et j'imagine que c'est pour une bonne raison… »
Son cerveau tournait à toute vitesse. Elle devait trouver des prétextes.
« Et puis peut-être que les autres ont leur mot à dire, je veux dire, la Reine Dagda, la Reine Nuada et le Roi Obéron… Je ne peux pas prendre cette décision toute seule. »
« Bien sûr que si, nya » ronronna le Roi Gordon. « après tout, en tant qu'Élue de la Déesse, vous n'êtes pas seulement Reine du Printemps, vous êtes également Haute Reine de Faerie. »
« Quoi ? »
« En clair, ce que ça veut dire, ce que pour eux comme pour nous, vos désirs sont des ordres. »
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Sirius se réveilla à cause du sang qui tambourinait fortement dans ses tempes. C'était généralement le signe d'une gueule de bois monumentale qui suivait une cuite dans les mêmes proportions. Alors qu'il remuait, il sentit un corps chaud contre son dos. Ça lui arrivait parfois de se réveiller avec quelqu'un. Bien entendu, en raison des grandes quantités d'alcool qu'il avait ingurgité, les évènements qui avaient amené cette personne dans son lit étaient flous, voire même brumeux. En fait, sa mémoire était aussi claire que le smog londonien. En clair, il ne se souvenait pas qui était avec lui et encore moins ce qu'ils avaient fait.
Cependant, une douleur dans ses articulations, une certaine fatigue musculaire en même temps qu'une sorte de satisfaction lui faisait dire qu'ils devaient salement s'être envoyés en l'air. Une douleur dans le bas de son dos lui faisait dire que cette personne était soit un homme, soit une femme adepte des sex-toys. Les deux n'étaient pas pour lui déplaire.
Décidé enfin à ouvrir les yeux, il réussit à tourner la tête en direction de son ou sa partenaire de lit. Il remarqua d'abord qu'il s'agissait bien d'un homme. Assez jeunes, la peau claire et les cheveux couleur sable.
À cause de son état, il lui fallut plusieurs minutes pour reconnaître Remus.
À ce moment-là, la nausée le prit. Il rejeta les couvertures, s'extirpa de l'étreinte de son ami, sauta hors du lit et se précipita jusqu'à la salle de bain pour vomir.
À suivre…
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Et voilà le nouveau chapitre. Pas trop de retard cette fois, je suis content. Le blocage semble être fini (pour l'instant).
Je vous avais déjà dit que je m'étais inspiré de la série de livres Merry Gentry pour créer les Sidhes ? Et bien Sholto est un personnage de cette série. Du moins physiquement.
J'ai déjà utilisé ça pour Chess, le familier de Draco, mais le Roi Gordon des Trows s'exprime en finissant certaines de ses phrases par "nya" qui est l'onomatopée du miaulement du chat en japonais. De même, la Reine Siobhan des Kobolds termine ses phrases par "wan" qui est celui de l'aboiement du chien.
En tous les cas, je vous remercie de m'avoir lu. N'hésitez pas à m'envoyer des commentaires et je vous dis à dans deux semaines.
