Check Mate DxD
Chapitre 114 : C'est la Guerre/Sensou da
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Dean se glissa hors du bureau du Directeur et dévala les escaliers. Encore une fois, il s'en était sorti sans problème… du moins, il l'espérait. Il avait l'impression que le vieux sorcier devenait plus méfiant à chacune de leurs rencontres. Pourtant il acceptait tout ce qu'il lui rapportait sans dire un mot. Même en début d'année quand il avait demandé les raisons du changement de comportement d'Hariel.
Il y avait de quoi. Depuis la deuxième année, son caractère n'avait fait que s'affirmer. De son attitude timide de ses onze ans, il était devenu peu à peu plus sûr de lui. Ça en était au point que, l'année précédente, Dumbledore avait commencé à s'inquiéter de son manque de docilité à l'avenir. Sauf qu'à son retour en Septembre, il avait radicalement changé. Il était même plus effacé que quand il était plus jeune.
Bien évidemment, Hariel avait donné à Dean une raison parfaitement valable à rapporter au directeur : le traumatisme. Les événements du cimetière l'avaient tellement chamboulé qu'il en gardait des séquelles. Dumbledore avait donc accepté ce que lui révélait son espion sans dire un mot, mais, il ne savait pas pourquoi, Dean n'était pas sûr qu'il l'ait cru. Ou alors il devait réfléchir à autre chose.
Dean chassa ces pensées en arrivant au bas des escaliers. Il ne voulait pas imaginer quel stratagème tordu le vieil homme avait manigancé pour son cousin. Il aurait bien aimé le savoir, pour le prévenir, mais il n'avait aucun moyen de le découvrir. Cela le préoccupait d'ailleurs beaucoup. Face à Hariel et même Hermione (surtout Hermione), il avait l'impression d'être totalement inutile. Ses amis étaient intelligents et rusés. Ils savaient quoi faire dans n'importe quelle situation.
Mais lui… certes, il était puissant, mais ce n'était pas comme si ça allait lui servir ici. En plus, il n'était pas sûr d'arriver à maîtriser le pouvoir qu'on lui avait dit posséder. Et il ne savait pas faire grand-chose d'autre. C'est pour cela que la perspective de devenir plus tard le bras droit d'Hariel comme Merlin et même son cousin le lui avaient annoncé lui semblait assez irréaliste.
« Dean. Tu as 15 ans » lui avait dit Hariel. « Laisse-toi le temps de grandir. Ça viendra. »
Difficile de se laisser grandir avec des êtres comme Hariel ou Hermione dans son entourage. D'ailleurs, penser à la jeune fille, ou plutôt la jeune femme, lui provoquait un pincement au cœur. Elle était si mature par rapport à lui. Il avait l'impression d'être un gamin même si elle n'avait qu'un an de plus que lui. Alors oui, ils s'étaient embrassés, mais depuis… depuis rien. En fait, rien ne montrait qu'elle puisse s'intéresser à lui.
Dean était tellement préoccupé par toutes ces pensées qu'il en négligea d'être prudent. Hariel lui avait confié sa Carte des Maraudeurs pour qu'il puisse rejoindre sans encombre dans son dortoir après ses réunions avec le directeur, mais le jeune Magicien avait totalement oublié de la regarder. C'est pour ça qu'il fut extrêmement surpris quand il entendit une voix dans son dos.
« Tiens, tiens, tiens. Mais ne serait-ce pas M. Thomas » dit la voix aux accents à la fois mielleux et sarcastiques.
Dean blêmit et se retourna vers le professeur Ombrage.
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Sous les regards noirs des membres de sa maison, Dean se dirigea directement vers la table des Serdaigles où se trouvaient déjà Hariel et Hermione. Même Seamus lui envoyait des coups d'œil furieux. Dean ne savait pas s'il préférait ça ou qu'il continue à l'ignorer.
Il faut dire que tous les Gryffondors avaient eu une mauvaise surprise le matin même quand ils avaient vu que 100 points avaient disparu d'un seul coup de leur sablier. D'abord confus, ils avaient entendu une rumeur selon laquelle le responsable était Dean et que les points avaient été enlever par le Professeur Ombrage après l'avoir trouvé hors de son lit la nuit précédente. Depuis, les Gryffondor lui faisaient la tête alors que les Serpentards l'applaudissaient presque.
« Je suis sûr que c'est elle qui leur a dit » siffla Hermione avec colère en fixant la femme vêtue de rose assise à la table principale.
Son air plus que satisfait en disait assez long. Pourtant, ils se rendirent rapidement compte qu'ils avaient sous-estimé sa malveillance quand, alors que la Grande Salle semblait pleine, elle se leva et tapa dans son verre.
« Tout le monde, merci de m'écouter ! » Dit-elle de sa voix sirupeuse. « Je tiens à vous dire quelques mots. Je sais que vous devriez l'apprendre dans la Gazette dans quelques instants, mais je ne résiste pas à l'envie de vous faire part de cette très importante nouvelle. »
Apparemment, la punition infligée à Dean n'était pas la seule chose qui la faisait sourire.
« Je vous annonce dès à présent la mise en place du Décret d'Éducation n° 26. Il accordera à la Grande Inquisitrice, c'est-à-dire moi-même, une autorité plus importante en matière d'ordre. Elle me permettra d'avoir un droit de regard sur les sanctions données aux élèves, que ce soit par moi ou par les autres professeurs. En effet, il m'est apparu récemment que la discipline se relâchait au sein de cette école à un point où il est nécessaire pour une autorité compétente de redresser la barre. »
En disant ces mots, elle regarda explicitement dans la direction de Dean. À ce moment-là, les hiboux arrivèrent dans la salle à grand renfort d'ailes pour livrer courrier et journaux. Bien évidemment, le gros titre de la Gazette du Sorcier était consacré au nouveau Décret d'Éducation. Nul doute que Fudge était intervenu pour changer la mise en page durant la nuit après la demande de son sbire. Comme personne d'autre n'était au courant, pas même Hariel, le Skeeter, lui, n'y faisait pas mention.
Dean prit le journal et l'ouvrit à la page de l'article de la une. Le texte du Décret était écrit en toutes lettres. Il le lut et blêmit en comprenant les implications. En substance, ce texte accordait à Ombrage un pouvoir sans limites pour donner, modifier ou supprimer des sanctions même attribuées par d'autres professeurs et le tout sans avoir à se justifier. La teneur des sanctions n'était pas non plus spécifiée. Preuve qu'elle pouvait sans doute faire n'importe quoi. Leur faire n'importe quoi. Et le tout en totale impunité.
Déjà, il sentait les regards haineux de ses camarades dans son dos. En plus des Gryffondors, les Serdaigles et les Poufsouffles étaient à présent également contre lui. Les Serpentards, de leur côté, ne semblaient pas gênés par cette nouvelle.
« Encore une petite chose » rajouta alors Ombrage en tapant à nouveau sur son verre. « Vous devez savoir, bien entendu, qu'un tel pouvoir ne peut et ne doit pas être effectué par un individu seul. C'est la raison pour laquelle j'annonce la fondation d'une troupe spéciale d'étudiants destinée à m'épauler dans ma tâche. Elle est connue sous le nom de Brigade Inquisitoriale. Tout le monde peut postuler et je choisirais personnellement les candidats ayant le plus de potentiel. Je vous remercie. »
Elle se rassit sous le brouhaha infernal des élèves. Pâle, Dean referma le journal. Il leva les yeux et vit qu'Hermione avait les poings serrés et fixait la femme en rose avec un regard de pure haine. Hariel, lui, avait la tête baissée, mais Dean connaissait à présent suffisamment son cousin pour savoir que la colère grondait en lui et qu'il se concentrait pour éviter de pulvériser l'intégralité de la salle avec ses pouvoirs.
Ce n'était donc pas vraiment le moment de leur dire que, la veille, en plus de lui enlever des points, Ombrage lui avait donné une retenue.
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Remus tournait en rond dans sa chambre. Une semaine. Cela faisait une semaine depuis Halloween et surtout depuis les événements qui avaient suivi.
Remus s'était réveillé de leur « after party » très alcoolisé aux bruits de vomissements de Sirius. Au départ, il n'avait pas bien compris ce qui se passait. Puis son ami était revenu dans la pièce. Il avait le teint cireux et verdâtre, s'essuyait la bouche et surtout était extrêmement… nu. C'était à ce moment-là que Remus avait remarqué que c'était également son cas et qu'ils se trouvaient tous les deux dans sa chambre.
Leurs regards s'étaient croisés. Tous les deux étaient choqués.
« Est-ce… Est-ce qu'on a… » avait balbutié Remus.
Mais Sirius ne lui avait pas répondu. L'air paniqué, il avait récupéré ses vêtements (presque tous et presque tous à lui) et s'était précipité hors des appartements. Depuis, il évitait Remus et quand ils se retrouvaient tous les deux, ils n'osaient pas se parler.
Au vu de la réaction de son ami, il était évident qu'ils avaient couché ensemble après leur beuverie. Seulement Remus ne se souvenait pas du tout de ce qui s'était passé. Il ne savait pas ce qu'ils avaient fait, comment ils l'avaient fait… dans quelle position. Rien que de penser à cela enflammait l'imagination de Remus. Dire que c'était sa première fois et qu'il n'en avait pas le moindre souvenir.
Mais ce n'était pas cela le problème. Non, bonne sûre que non. Le problème c'était Sirius. Pourquoi l'évitait-il de cette façon ? Il ne savait même pas si, lui, se souvenait de ce qui s'était passé. Peut-être. Dans ce cas-là, la raison pour laquelle il le fuyait était peut-être… peut-être que Remus l'avait forcé. Peut-être qu'il l'avait… violé.
Cette seule idée rendait Remus malade. Apparemment, c'était également le cas de Sirius, car, à plusieurs reprises, après l'avoir vu, celui-ci s'était senti mal et était allé vomir.
À présent, Remus ne savait plus quoi faire. Il voulait s'excuser auprès de Sirius. Il était prêt à faire n'importe quoi pour ça. Mais d'un autre côté, il ne voulait pas imposer sa présence à sa « victime ». Franchement, qui supporterait côtoyer son violeur à longueur de temps ?
C'est pour cela que Remus choisit de se taire et de se tenir éloigné de Sirius jusqu'à ce que celui-ci, peut-être, lui pardonne.
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Dean vérifia une dernière fois son glamour avant d'entrer dans la Grande Salle. Il ne se sentait pas bien. À cause de la douleur, il n'avait pas bien dormi. Heureusement que la magie lui permettait de cacher ses cernes, son teint pâle et aussi…
Il avança rapidement vers le bout de la table de Serdaigle pour s'installer avec son cousin et Hermione. Les regards qui pesaient sur lui n'avaient pas changé. Pourquoi l'auraient-ils fait ? L'annonce d'Ombrage ne datait que de la veille après tout. Par chance, on était samedi. Il n'aurait pas à fréquenter qui que ce soit ni aujourd'hui ni demain. Après… disons qu'il se débrouillerait. Être isolé dans la maison Gryffondor n'était pas très agréable. Déjà qu'on se méfiait de lui à cause de sa fidélité pour Hariel, à présent on le détestait pour avoir été l'élément déclencheur de la nouvelle prise de pouvoir d'Ombrage sur l'école.
C'était ridicule. Si on omettait le fait qu'elle le visait probablement pour atteindre Hariel, il n'était pas le seul à se promener dans les couloirs en toute illégalité. Des étudiants qui se faisaient prendre à cause de ça, il y en avait chaque année. Cependant, les élèves étaient trop embourbés dans leur marasme intellectuel pour condamner la véritable responsable de leur perte de droit : Ombrage. À la place, ils préféraient blâmer un camarade.
En arrivant là où se trouvaient ses amis, il vit Draco pousser un étudiant plus âgé qui faisait exprès de prendre toute la place afin de ménager un espace à côté de lui. Dean remercia silencieusement le Serpentard qui hocha la tête. Le Serdaigle qui avait été remis à sa place voulut protester, mais un seul regard noir d'Hermione suffit à le faire taire.
« Bien dormi ? » Demanda Hariel quand il s'assit.
« Impecc ! » Répondit Dean avec un grand sourire.
Il se retint de grimacer quand il vit son cousin froncer les sourcils. Il avait oublié que c'était un spécialiste de la lecture des visages. Il avait dû remarquer son faux sourire. Probablement à cause de ses yeux ou un truc comme ça. Le mieux était souvent de cacher un mensonge au milieu de la vérité.
« Vous avez prévu quoi aujourd'hui ? » Demanda-t-il pour changer de sujet. « Il y a une sortie à Pré-au-Lard, non ? »
« Pas pour nous » dit alors Hariel sur un ton glacial. « Emporte de quoi manger et viens avec moi au Repaire. »
Il se leva brusquement sous les regards surpris des autres. Dean cligna des yeux un instant puis prit quelques petits pains avant de se lever à son tour et de suivre son cousin. Bien entendu, Hermione, Draco et Proteus firent de même. Hariel les conduisit alors dans la salle abandonnée la plus proche avant de les téléporter jusqu'à la dimension parallèle qu'il avait créée. Heureusement, il pouvait l'atteindre de n'importe où à l'intérieur du château. Ce qui n'était pas le cas du parc.
« Assis » dit-il à son cousin une fois arrivé en pointant un doigt autoritaire sur l'un des sofas de la pièce.
Dean obéit.
« Et maintenant, enlève ton glamour » ordonna-t-il d'une voix sèche.
Aussitôt, Dean recouvrit sa main droite. Il se maudit immédiatement de son geste.
« Je… je ne vois pas ce que tu veux dire » marmonna-t-il, buté.
Hariel plissa à nouveau les yeux.
« Ne me prends pas pour un idiot » siffla-t-il. « Je reconnais qu'il est assez bien fait. Je te félicite. Mais je te rappelle que c'est à moi que tu parles. »
Il accompagna ses paroles d'un geste en direction de ses yeux. En regardant bien, on pouvait voir qu'ils étaient recouverts d'une fine pellicule iridescente. Dean poussa un gémissement fataliste. Il avait oublié que son cousin était à ce point paranoïaque que sa Vision Magique était activée en permanence. Il soupira de dissipé l'illusion. Aussitôt, il entendit Hermione hoqueter d'horreur. À présent, elle pouvait voir son visage marqué par la fatigue et surtout l'état dans lequel se trouvait le dos de sa main.
La plaie était encore à vif et barbouillée de sang. Pourtant, il n'était pas difficile de voir qu'elle formait des mots. Les bords étaient légèrement boursouflés et pâles, signent que la blessure avait commencé à s'infecter. La main de Dean tremblait discrètement. Il avait mal.
Le visage grave, Hariel posa un genou à terre et la prit dans la sienne. Il fit apparaître un mouchoir et entreprit d'éponger le sang. On pouvait à présent voir correctement ce qui était inscrit. « Je ne dois pas sortir de mon dortoir après le couvre-feu ». La phrase était longue. Elle prenait tout le dessus de la main de Dean. Et vu à quel point c'était profond, il avait dû la recopier un nombre incalculable de fois.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda alors Hariel en commençant à jeter des sorts de soins sur la peau meurtrie.
Sa voix s'était faite plus douce, mais on sentait encore la colère en dessous. Dean savait que c'était pour lui qu'il tentait de se contrôler.
« Je me suis fait prendre par Ombrage quand je revenais de mon rapport à Dumbledore avant-hier soir » dit-il après un moment. « Bien sûr, le vieux fou n'a rien fait pour me défendre. Elle m'a enlevé 100 points et m'a donné une retenue pour le lendemain. »
« Mais pourquoi tu ne nous as rien dit ? » Intervint Hermione.
« Avec le nouveau décret et l'article, vous étiez déjà tellement remontés que je ne voulais pas rajouter de l'huile sur le feu. Je pensais… je pensais que je pourrais arriver à me débrouiller seul. »
S'il parvenait à lui faire face alors peut-être que, par la suite, il se sentirait utile. Il espérait que grâce à cela, il pourrait entrevoir l'homme qu'il était censé devenir, le bras droit du souverain du Royaume Magique d'Angleterre. Mais il avait tout raté.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« … Rien » prononça Dean avec difficulté.
« Comment ça "rien" ? » S'écria Hermione.
« Je ne… peux rien dire » grogna Dean.
Il faisait un effort quasi surhumain pour essayer de parler à ses amis. Il voulait en dorer plus, mais il ne pouvait pas. Fort heureusement, il semblait qu'Hariel avait compris, car il plissa les yeux et se concentra un peu plus sur lui.
« Hermione » dit-il. « Utilise le Glam Sight et regarde ça. »
Hermione fronça les sourcils et s'approcha de Dean. Celui-ci savait que, derrière ses lunettes d'illusions, elle venait d'ouvrir ses paupières, révélant ses larges iris couleur rubis aux pupilles fendues.
« Qu'est-ce que c'est que… » balbutia-t-elle.
« Un sort… de silence ? »
« De secret en fait » lui répondit Hariel. « Certains se ressemblent beaucoup. Surtout les moins vicieux d'entre eux. »
« Si c'est bien Ombrage qui a fait ça, c'est étonnant de sa part. »
« Sauf si elle cherche à être discrète. »
Hariel leva les yeux vers son cousin.
« Tu confirmes qu'Ombrage t'a bien lancé un sort de secret ? » Lui demanda-t-il.
« Je… ou… oui » répondit celui-ci.
« C'est bien ce que je pensais » marmonna Hariel. « Il ne peut pas révéler le secret, mais répondre par oui ou non lui est possible. »
« Si je me souviens bien, c'est un sort assez basique » commenta Hermione. « Les plus complexes ne permettraient même pas de faire ça. »
« Et les plus vicieux l'étrangleraient ou le feraient souffrir s'il essayait de parler » rajouta Hariel.
« Sans aller jusque là, pourquoi n'a-t-elle pas utilisé un sort plus avancé ? »
« Elle en est peut-être incapable. Après tout, ses capacités magiques ne sont pas très grandes si tu te rappelles bien. »
En effet, l'une des premières choses qu'Hariel avait faites quand elle était arrivée avait été de la sonder. En utilisant sa Vision Magique, il avait pu évaluer sa force. Pour Dean, cela ne restait encore que des couleurs, des sons et des odeurs sans trop de sens. Il maîtrisait à présent cette seconde vue sans problème, mais n'était pas assez doué pour lire les auras. Il était incapable, comme ses amis, d'analyser un sortilège ou une personne seulement en la regardant. Encore une de ses nombreuses failles.
« Il reste quand même assez difficile à enlever » reprit Hariel. « On ne le fera pas partir avec un simple Finite Incantatum. Il faut un contre-sort spécifique… ou on peut manipuler les runes. »
Il se tourna vers Hermione. Celle-ci grimaça.
« Tu as vu comme il… je ne crois pas y arriver, pas pour une première fois. »
« Effectivement » concéda Hariel. « Enlever ce type de sort, c'est un peu trop pour un premier essai de désenvoûtement de personne, même pour toi. »
« Et toi ? Tu pourrais l'enlever » intervint Dean.
Hermione n'était pas la seule à pouvoir agir sur un sort pour le modifier et le briser. En fait, c'était une compétence magique assez commune, même chez les Sorciers. Après tout, Gringotts employait de très nombreux briseurs de malédictions pour leurs affaires. Hariel pouvait utiliser une méthode identique, mais sans baguette. La capacité que possédait Hermione cependant était bien plus puissante, car il n'y avait pas de limite à ce qu'elle pouvait faire… mais c'était également plus dangereux, surtout si elle manipulait un sort jeté sur un être vivant.
Il fallut par la suite plusieurs longues minutes à Hariel pour supprimer le sort posé sur son cousin. Cela aurait pu être plus rapide, mais lui non plus n'avait pas trop l'habitude de travailler sur des vivants. Hermione, elle, observait attentivement ses gestes, les imprimant dans son esprit pour les repérer au besoin. Finalement, Dean sentit quelque chose se briser en lui. Il ressentit en même temps une certaine libération et une grande fatigue.
« Ça va mieux ? » Demanda Hariel. « Tu peux parler ? »
« Je crois » répondit Dean d'une voix lente.
« Raconte-nous ce qui s'est passé alors » lui dit son cousin. « Pourquoi l'as-tu laissé te faire copier des lignes ? »
Dean fronça les sourcils en regardant dans le vide.
« Je… je ne suis pas sûr » dit-il. « J'avais déjà causé tellement remue-ménage avec cette histoire que je ne voulais pas faire de vagues. »
« Mais franchement ! Écrire des lignes avec une Plume à Sang ! » S'écria Hermione.
« Je sais ! Et j'ai refusé au départ ! Comme toi ! Mais elle a dit que personne ne me croirait. Qu'elle faisait ça pour mon bien, des trucs du genre… »
« Et tu as obéi ? »
Hariel donna un coup de coude à Hermione et lui jeta un regard appuyé. Celle-ci finit par hocher la tête et respira profondément.
« Pourquoi est-ce que tu l'as cru ? » Demanda Hermione d'une voix plus calme.
« Je… je ne sais pas » lui répondit Dean. « Je ne suis pas sûr. C'était comme si… je la croyais. Comme si elle ne pouvait pas mentir. Vous pensez qu'elle m'a lancé un sort comme l'Imperius ? »
« Tu t'es senti contraint d'écrire les lignes ? » Demanda Harddyn. « Est-ce que ton corps bougeait tout seul ? »
« N... non. »
« Alors ça doit être autre chose. Difficile à dire. Surtout qu'avec ton occlumencie, ce genre de sort ne devait pas avoir trop d'impact sur toi. »
« Est-ce qu'il faisait chaud ? » Demanda alors Draco. « Est-ce que tu te souviens d'une odeur particulière ? »
« Tu penses qu'elle a utilisé le même truc qu'avec toi ? »
Quand elle avait donné une retenue à Draco, elle avait essayé de le droguer avec une potion dont l'odeur se diffusait dans la pièce. Dean ne se rappelait pas avoir senti quelque chose de particulier.
« Ça ne veut rien dire » commenta Hariel. « Possible que la potion soit inodore cette fois.
« Donc elle aurait manipulé mon esprit ? »
« En quelque sorte. À mon avis, si potion il y avait, elle devait sûrement servir à amoindrir, voir à annihiler ta capacité à prendre des décisions et ton sens critique. »
« Tu veux dire… comme la drogue… du violeur ? » Demanda Hermione, horrifiée.
« C'est possible. Ce genre de drogue a pour effet de rendre une personne manipulable. Cependant, comme elle n'a pas les mêmes effets sur la mémoire, elle a dû utiliser le sort de secret pour se couvrir. »
C'était diabolique. Et préoccupant. Cette femme allait de plus en plus loin. Certes, cela rajoutait de l'eau à leur moulin pour l'action en justice qu'ils préparaient contre elle, mais en attendant, cela la rendait dangereuse. D'autant que son nouveau Décret lui donnait plus de pouvoir encore. Si avec celui qu'elle avait déjà elle parvenait à faire ce qu'elle lui avait fait alors il n'osait même pas imaginer ce qu'elle ferait ensuite.
Ses réflexions furent alors interrompues par un large bâillement.
« C'est normal » lui dit Hariel. « C'est le contrecoup du sort ajouté à ta nuit blanche. Un peu de sommeil et tu iras mieux. »
« D'accord » répondit Dean d'une voix déjà endormie.
« Je t'accompagne à ta chambre » lui dit son cousin en l'aidant à se relever.
Quand Hariel avait créé la pièce, il l'avait conçue pour accueillir une chambre pour lui et une autre pour Hermione. Par la suite, il en avait rajouté une pour Draco, puis pour Dean et ainsi de suite en fonction des personnes qui fréquentaient le Repaire. Il conduisit donc son cousin jusqu'à celle qu'il avait aménagée pour lui et l'aida à se mettre au lit. À cause de la fatigue et grâce aux soins apportés par Hariel à sa main et qui avaient arrêté la douleur, Dean s'endormit dès que sa tête toucha l'oreiller.
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Hermione faisait les cent pas en attendant le retour de son ami. Cette femme. Cette… femme ! Elle lui sortait vraiment par les yeux.
Elle n'arrêtait pas de revoir dans sa mémoire la blessure sur la main de Dean, boursouflée, suintante de sang et de magie sombre. Et puis il y avait le sort de secret. Quand elle l'avait regardé avec ses prunelles féériques, cela ressemblait à une corde qui entourait la gorge et la bouche de son… camarade. C'était aussi pour cela qu'elle avait préféré laisser faire Hariel. Il était tellement étroitement lié à lui qu'elle avait eu vraiment peur de faire du mal Dean en essayant de le lui retirer.
Un bruit lui fit tourner la tête. Hariel ressortait de la chambre de Dean.
« Il dort ? » Demanda alors Draco.
« Oui » répondit simplement Hariel.
« Cette femme va de plus en plus loin » dit Hermione d'une voix dure. « Je ne sais pas comment tu arrives à rester si calme. Moi je… »
Mais la fin de sa phrase demeura coincée dans sa gorge, car à ce moment-là, elle fut frappée par de l'énergie provenant tout droit de son ami. Les vagues de pouvoir oppressant déferlaient de son corps. Elles étaient si puissantes que ses vêtements et ses cheveux flottaient. Il tourna alors le regard vers elle. Hermione avait rarement vu Hariel exprimer une telle rage. Celle-ci était si forte que ses yeux en étaient devenus rouge sang.
Mais soudain, il les referma. Il prit plusieurs grandes inspirations qui firent refluer l'énergie. Quand il rouvrit enfin les paupières, ses iris étaient revenus à leur vert habituel.
« S'énerver ne mène à rien » dit-il. « Pour le moment, mieux vaut garder la tête froide pour penser à un plan d'action. Parce que je suppose que tu ne comptes pas la laisser s'en sortir comme cela. »
« Non » cracha Hermione. « Certainement pas. »
« Bien » répondit Hariel. « Je t'aiderais dans la mesure de mes moyens. Est-ce que tu as une idée ? »
Hermione réfléchit. Qu'allait-elle bien pouvoir faire ?
« Si vous le désirez, Majesté, nous pouvons aller tuer la femme » dit une voix.
Hermione baissa les yeux et vit qu'il s'agissait d'Owen Petitpas. Contrairement à leur première rencontre, il était nu. Aussi nu que pouvait l'être un chat. Cela avait d'ailleurs été une source de profonde indignation, mais son père, le Roi Gordon, avait été intraitable. Il était envoyé là-bas en tant qu'animal de compagnie et donc il serait accoutré comme tel. Raison pour laquelle le seul « vêtement » qu'il portait était un collier de cuir comportant une médaille avec son nom.
Il ne poussait cependant pas le vice au point de marcher à quatre pattes. Il avait décrété que tant qu'il serait ici, dans le Repaire, il resterait debout. Ce n'était, toutefois, pas le cas de Finn. Le Kobold se trouvait dans le même état de dépouillement que son ami Trow, mais se tenait à quatre pattes comme n'importe quel chien domestique.
« On pourrait le faire » dit-il. « On pourrait le faire ? Dites-moi qu'on pourrait le faire ? »
Comme un vrai chien, il remuait la queue et haletait en laissant sa langue en dehors de sa gueule.
« Il serait aisé de lui tendre une embuscade et de l'occire » dit une voix provenant de l'une des poches d'Hermione.
Kylie, la Balmus ressemblant à une gerbille, émergea et sauta au sol. Elle était aussi nue que les autres, mais tenait tout de même une petite épée qu'elle se mit à brandir dans les airs en luttant contre des ennemis invisibles.
« Ravi de voir que vous êtes enfin d'accord » répliqua Hermione en roulant des yeux.
En effet, depuis leur arrivée sur Terre, les trois Fae n'avaient pas arrêté de se disputer. Kylie commandait aux deux autres et ne cessait de se moquer d'eux, Finn défendait Owen contre les attaques de Kylie quant à Owen, il se querellait avec Kylie quand celle-ci l'insultait tout en repoussant les marques d'affection de Finn. Et tout ça quand il ne tentait pas d'attraper les Pixies qui tournaient souvent autour de la tête d'Hermione. Celles-ci étaient toujours présentes à proximité de leur Reine même si personne à l'école ne les apercevait jamais.
« Mais aussi attrayante que soit cette idée, je préfère la battre à son propre jeu » reprit Hermione.
Elle se tourna alors vers Hariel.
« Tu aurais un pantalon à me prêter ? »
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Fleur respira profondément. Dans sa tête, elle sentait le flux et le reflux de la Magie en elle. Grâce à sa Grand-Mère, elle avait réussi à identifier les différents types d'énergies qui la traversaient.
La Magie Démoniaque, la Magie Humaine, le pouvoir d'Incinerate Anthem et bien sûr, la Magie Veela.
Elle avait appris à discerner chacune afin de les utiliser au mieux. Bien évidemment, elle devait se concentrer sur la dernière. Elle devait s'instruire de la façon de la manipuler et, au besoin, de la contenir. C'était elle qui émanait de son corps et séduisait les gens autour d'elle. C'était également elle qui blessait ceux qui l'entouraient quand elle criait. Elle était plus volatile et insaisissable que les autres donc apprendre à la maîtriser était une priorité.
En temps normal, un entraînement nécessitait une cible. Et comme le pouvoir Veela consistait principalement à de la manipulation mentale, une cible vivante. Malheureusement, il n'y en avait pas dans la vallée. Les Veelas étaient insensibles au Charme des autres et leur lien avec leurs compagnons humains les protégeait aussi. De plus, toute la faune résidant ici avait fini par être immunisée à force de les côtoyer.
Fleur devait alors procéder à un exercice plus subtil et complexe : apprendre à ressentir sa Magie dans son intégralité et en permanence pour éviter qu'il ne lui échappe. Sans cible, elle ne pouvait pas deviner si son contrôle fonctionnait. Elle devait donc savoir. Elle n'avait pas le choix. Mais grâce à cela, elle aurait une meilleure maîtrise sur ce pouvoir que sur les autres.
Soudain, des cris lui parvinrent aux oreilles brisant sa concentration. Elle s'était habituée aux sons ordinaires de la vallée, le vent dans les arbres, les bruissements des ailes des oiseaux et les chants des autres Veelas. Mais là, c'était différent. Intriguée, elle rouvrit les yeux et se releva. Comme elle était demeurée assise en tailleur un bon moment, elle chancela un peu. Cependant, elle réussit à rester debout, secoua ses jambes ankylosées, et se précipita vers la source du bruit.
Près du lac, elle vit un attroupement. De nombreux Veela et Humains regardaient quelque chose. À mesure qu'elle approchait, Fleur parvenait à mieux entendre les sons inhabituels et même à les identifier. Des cris de rage, de bruits de coups et de pas sur les pierres… Un combat ?
Elle arriva enfin derrière le groupe et tenta de voir ce qui se passait. Deux Veelas, deux femmes, se battaient. Leur fureur était telle qu'elle avait causé leur transformation. Les Veelas étaient connus pour être de magnifiques créatures féériques à la voix envoûtante. Cependant quand elles étaient en colère, elles changeaient du tout au tout. Leurs mains se paraient de griffes, leurs pieds de serres et leur visage se déformait au point de ressembler à celui d'un oiseau alors que des plumes poussaient à divers endroits de leur anatomie. Dans ces moments-là, la douce odeur qui émanait habituellement de leur corps devenait âcre et piquante. C'était cette apparence qui avait inspiré aux Grecs de l'Antiquité les fameuses Harpies.
Cependant, malgré le changement, il était encore possible de reconnaître les combattantes. L'une d'elles en particulier interpella Fleur. C'était sa Grand-Mère. L'autre, elle s'en souvenait, était celle qui l'avait prise à partie plusieurs semaines auparavant, Albertine, que Fleur avait menacée en révélant sa nature Démoniaque.
« Pardon ! Excusez-moi ! » Dit-elle en tentant de se frayer un chemin parmi la foule.
Elle finit par arriver au bord du cercle et remarqua ses cousines qui observaient le combat.
« Louise ! Margot ! Qu'est-ce qui se passe ? »
« C'est à cause de toi » siffla la première.
« Comme d'habitude » ajouta la seconde.
« Albertine n'arrêtait pas d'essayer de monter les autres contre toi et Grand-Mère Joséphine depuis des semaines. Grand-Mère le savait et elle a décidé de laisser courir. »
« Mais Albertine a fait l'erreur de s'en prendre à Grand-Père, et… »
Et Joséphine voulait le lui faire payer.
Soudain, il y eut des cris dans l'assistance. Des flammes étaient sorties des mains d'Albertine. Avec de grands gestes, elle avait ensuite envoyé les deux boules de feu droit sur Joséphine. Mais la vieille femme avait esquivé et riposté de la même manière. Fleur savait que les Veelas étaient capables de manipuler le feu, mais elle savait également qu'elles ne le faisaient qu'en de rares occasions… et le plus souvent pour tuer, car il allait forcément de pair avec leur apparence monstrueuse née de leur colère.
« On ne peut pas la laisser continuer ! » S'exclama Fleur. « Elle risque de mourir ! »
Mais ni Margot ni Louise ne répondirent. Elles se contentèrent d'assister au combat avec un regard inquiet et tendu. Elles avaient beau ne pas aimer Fleur, elles aimaient leur Grand-Mère. Elles ne voulaient pas qu'il lui arrive quelque chose.
« Il faut les séparer ! »
« On ne peut pas » siffla Margot.
« Pourquoi ? Est-ce que c'est une loi ? Une tradition ? Est-ce qu'elles sont engagées par un rituel sacré ou quelque chose ? »
« Tu ne comprends pas » lui dit Louise. « Personne n'interviendra. C'est tout. »
« Et bien moi je le ferais ! » S'exclama alors Fleur.
Sans attendre la réponse de ses cousines, elle se précipita dans le cercle.
« Grand-Mère ! Albertine ! Arrêtez ! Ça ne vaut pas la peine de se battre. »
Mais les deux femmes ne l'écoutaient pas. Elles semblaient prises de frénésie. Fleur tenta de s'approcher, mais elle faillit prendre un coup et fut obligée de reculer. Elle Jura intérieurement. Elle avait vaincu une Sorcière terroriste pas plus tard que cet été. Elle devait bien être capable d'arrêter deux vieilles Veelas. Le problème c'était que l'une d'elles était sa Grand-Mère et qu'elle ne voulait pas la blesser. Elle se retrouvait donc dans l'incapacité de décider quoi faire.
Soudain, Albertine réussit à frapper Joséphine avec l'un de ses poings recouverts de flammes. Contrairement aux pouvoirs mentaux, les Veelas n'étaient pas immunisés contre le feu de leurs congénères. Joséphine poussa un cri quand il brûla sa chaire. Elle retomba sur le dos en feulant. Albertine voulut alors profiter du fait que son adversaire soit distraite par sa blessure pour se jeter sur elle. Mais, voyant cela, Fleur lança un bras en direction des combattantes.
« Non ! » Cria-t-elle.
Aussitôt, un mur de flammes émergea du sol exactement sur la trajectoire d'Albertine. Celle-ci eut juste le temps de ralentir et de sauter en arrière pour ne pas finir brûlée. Voyant que tout s'était passé (à peu près) comme prévu, Fleur se précipita vers sa Grand-Mère. La douleur avait calmé sa colère et son visage avait repris son apparence humaine.
« Est-ce que ça va ? » Lui demanda Fleur.
Joséphine grogna sans répondre. Fleur avança la main et jeta le seul sort de soin qu'elle connaissait, un sort basique qui permettait de traiter divers types de petites blessures. C'était l'un des rares sorts qu'Hariel avait vraiment insisté pour qu'elle et les autres Champions apprennent pour la 3e Tâche du Tournoi des Trois Sorciers. Lentement, elle vit la brûlure commencer à guérir.
Malheureusement, elle avait totalement oublié Albertine. Celle-ci avait entrepris de faire le tour de la barricade enflammée et Fleur ne s'en rendit compte que quand celle-ci se jeta sur elle en crachant de rage.
« Arrête ! » Cria alors Fleur par réflexe.
Sauf qu'elle n'avait pas vraiment parlé. Elle avait chanté. Les Veelas pouvaient hypnotiser les gens avec leur Chant. Elles pouvaient leur faire ressentir des sentiments comme la peur ou le désir. Elles pouvaient également utiliser leur Chant pour leur donner des ordres. Et c'était ce que Fleur venait de faire… sur une autre Veela. C'était complètement stupide. Elle le savait. Ça ne pouvait pas marcher.
Pourtant, dès que la commande fusa, Albertine stoppa net. Comme foudroyée. Elle retomba en arrière sur ses fesses et, sous le choc, se transforma. Ses yeux étaient écarquillés comme des soucoupes et elle fixait Fleur avec un mélange étrange d'horreur, d'incompréhension et de respect contraint. Tout autour d'eux, la foule s'agitait et discutait. Un mot semblait revenir assez souvent dans leurs conversations, mais Fleur ne le discernait pas très bien.
Elle sentit alors des mains se poser sur les siennes. Elle baissa le regard et vit que c'était celles de Joséphine.
« Aide-moi à me relever » dit-elle.
Fleur obéit et prit la main de sa Grand-Mère pour la mettre debout. Joséphine scruta la foule autour d'elle qui continuait à chuchoter.
« Suis-moi » dit-elle.
Elle tira alors Fleur avec elle pour sortir du cercle. Les spectateurs s'écartaient sur leur chemin. Tous sauf un. Le Grand-Père de Fleur, Gatien Delacour. Celui-ci avait une lèvre fendue et un bleu qui commençait à apparaître sur l'une de ses pommettes. Ses vêtements étaient déchirés. Louise et Margot avaient dit qu'Albertine s'en était pris à lui, mais jamais Fleur n'aurait pensé que cela aurait été physiquement. L'homme s'approcha de son épouse et posa sa main sur le côté brûlé de son visage. Joséphine grimaça faiblement. Elle porta à son tour sa main à son visage et effleura tendrement le bleu et la lèvre fendue.
« Je reviens, mon amour » dit-elle avant de tirer à nouveau Fleur.
« Je suis désolé » dit celle-ci après que les deux femmes se soient éloignées du cercle. « Je… je sais que c'est ma faute. Toi, Albertine, Grand-Père… je… je vais partir d'ici, je pense que ça sera mieux pour tout le monde. »
« Tu n'iras nulle part, ma chérie » la contredit Joséphine. « Pas tant que ton entraînement ne sera pas fini. Ne t'inquiète pas pour ton Grand-Père. Il est solide. Quant à cette petite garce d'Albertine, je dois avouer que tu ne t'es pas mal débrouillée. »
« Je ne voulais pas que vous vous blessiez. »
« Ta barrière de feu était très bien en tout cas. »
« Je suis contente que ça n'ait pas brûlé tout le monde. Je n'ai pas vraiment l'habitude de manipuler Incinerate Anthem, et… »
« Tu es sûr ? Tu es sûr que c'était ton Sacred Gear ? » Demanda Joséphine.
« Et bien… oui. Que veux-tu que ce soit d'autre ? »
« Tes pouvoirs Veela. Malgré ma rage, je les ai parfaitement reconnus. Toute la foule les a parfaitement reconnus. »
« Mais c'est impossible, Grand-Mère. Je n'étais pas transformée. Les Veelas ne peuvent pas utiliser leurs pouvoirs de feu à moins d'être transformés. »
« Les Veelas, oui » doit Joséphine sur un ton mystérieux.
« Ça suffit maintenant ! » S'écria Fleur en stoppant net et en arrachant sa main de celle de sa Grand-Mère. « Depuis que je suis arrivé, tu es comme ça ! Tu dis que je fuis être entraînée comme une Veela, mais tu dis aussi que je n'en suis pas une ! Tu dis que certaines choses sont impossibles pour des Veelas, mais pas pour moi ! Qu'est-ce que je suis à la fin ? »
Joséphine la regarda quelques instants avant de soupirer.
« De toute façon, avec ce qui vient de se passer ce moulin à rumeur va aller bon train et je préfère que tu l'apprennes de ma bouche » dit-elle.
Elle lui fit un léger sourire.
« Suis-moi » dit-elle en lui faisant un petit signe.
Elle les fit remonter la rivière qui traversait la vallée jusqu'à sa source. Là, elle émergeait de la montagne en hauteur et cascadait jusqu'en bas. Joséphine entra dans le lit du cours d'eau et marcha vers la chute. Elle fit à nouveau signe à Fleur de la suivre et passa en dessous. La jeune femme resta quelques instants interdite et finit par suivre son aïeule. Elle tenta de se protéger tant bien que mal des trombes qui lui tombaient dessus et avança. Cependant, au mieux de rencontrer une paroi rocheuse comme elle le pensait, elle traversa la cascade et se retrouva dans une grotte.
Fleur papillonna des yeux pendant un bref moment avant de regarder autour d'elle. Joséphine, elle, s'était approchée d'une série de torches et avait entrepris d'allumer l'une d'elles en frappant deux morceaux de silex.
« Attends » dit Fleur.
Elle leva les mains et fit apparaître une sphère lumineuse qui éclairera toute la grotte. Elle fit ensuite un vague mouvement de bras et sa robe ainsi que celle de sa grand-mère furent aussitôt sèches.
« Décidément, ce genre de Magie est bien pratique. »
Joséphine était une Veela pure née d'un parent Sapiant. Elle ne possédait donc pas de pouvoirs magiques. En fait, contrairement à ce qu'on pouvait penser, les Veelas avec des pouvoirs de Magiciens étaient rares. Ils avaient plus souvent tendance à procréer avec des Humains sans magie. En même temps, c'était normal. Ils étaient beaucoup plus nombreux.
La lueur de la sphère illuminait la grotte qui était plutôt un couloir. Elle jetait également des ombres blafardes sur le visage de sa Grand-Mère. Fleur n'avait pas vraiment eu le temps de bien finir son travail. La brûlure n'était plus à vif, mais la chaire était encore durement marquée.
« Je devrais peut-être m'occuper de ça… » dit-elle en approchant une main de la blessure de Joséphine.
« Laisse ! » Dit-elle en s'éloignant. « Je préfère qu'elle reste comme ça. Ça me rappellera ce jour et que je dois me méfier d'Albertine. »
« Mais… » Commença Fleur, gênée.
« Ne t'inquiète pas » la rassura son aïeule. « Même avec ça, je sais que je reste belle. Je pense même que je le suis encore plus. »
Fleur n'insista pas et suivit sa Grand-Mère le long du couloir. Au fur et à mesure de leur avancée, elle remarqua que les murs n'étaient pas nus. Ils se remplissaient peu à peu de peintures rupestres. Certaines semblaient assez anciennes.
« Nous habitons cette vallée depuis très longtemps, vois-tu » lui dit Joséphine. « Depuis de nombreux siècles. Plusieurs millénaires même. Et tout a commencé… avec elle. »
Alors qu'elle disait ses mots, la vieille femme les fit pénétrer dans une large caverne. D'innombrables dessins la recouvraient, mais le plus impressionnant d'entre eux se trouvait exactement en face d'elles. Il s'agissait d'une silhouette féminine vêtue d'une robe noire entourée d'autres figures habillées de couleurs pastels. Un creux dans la voute de la salle faisait filtrer la lumière, jetant des rayons de soleil sur la femme et faisant scintiller l'or de ses cheveux. Elle était au centre. Au centre de la paroi, au centre de ses fidèles et même au centre des peintures, car toutes semblaient partir d'elle.
« Qui est-ce ? » Demanda Fleur, à la fois intimidé et émerveillé.
« Son nom a été perdu au fil des siècles » lui répondit sa Grand-Mère. « Mais c'est elle qui a créé cette vallée pour nous, les Veelas. »
« Est-ce qu'elle aussi en était une ? »
« Oui et non » répondit Joséphine. « Elle était plus puissante que les autres. Bien plus puissante. »
« Puissante… comment ? » Demanda Fleur.
Joséphine se tourna vers elle et lui sourit.
« Son Charme était tel qu'il pouvait attirer n'importe qui, peu importe ses préférences ou les leurs. Même s'ils étaient Veelas ou protégés par eux. »
Fleur se souvient de cette fois-là, à Londres, la première que son pouvoir s'était activé. Tous les humains présents qui avaient été subjugués. Contrairement à ce que disait Hariel, elle savait qu'elle préférait les hommes. Donc seuls les hommes intéressés par les femmes auraient dû être attirés par elle. Et puis il y avait eu ce qui s'était passé avec Albertine.
« Son Chant était aussi extraordinaire » reprit Joséphine. « En plus de subjuguer les autres, il pouvait blesser, voire même tuer. Quant à ses Flammes, elle pouvait les manipuler à loisir sans avoir à se transformer. Ça ne te rappelle personne ? »
« Tu penses que je… que je suis… Non ! » S'exclama Fleur. « Je… Non ! Il est possible que mes pouvoirs soient plus puissants parce que je suis un Démon… »
« Peut-être. Mais rien ne dit que ce n'était pas aussi le cas pour elle. »
Fleur regarda à nouveau la femme à la robe noire. Elle regarda ensuite la sienne. Même couleur. Elle était la seule de toute la vallée avec cette couleur. Cela voulait donc dire que tout le monde savait. Cela voulait également dire que la plupart, comme Albertine, refusaient ce fait. Le fait qu'elle était… qu'elle était quoi d'ailleurs ? Un métis Démon-Veela ?
« Son nom n'est pas parvenu jusqu'à nous » dit encore Joséphine. « Cependant, ce qu'elle était, nous le savons. Que ce soit une appellation qu'elle ait choisie elle-même ou alors est-ce qu'il y en avait d'autres à son époque, c'est un mystère. Toujours est-il quelle était… »
Une Banshee
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Quand Dolores Ombrage arriva dans la Grande Salle ce matin-là, elle remarqua immédiatement l'attroupement près de l'une des tables.
Elle s'était permis d'être un peu plus en retard qu'à son habitude, preuve qu'elle se sentait suffisamment en confiance à présent dans l'école. Depuis la veille, elle avait presque tous les pouvoirs à Poudlard, une sensation des plus plaisantes, elle devait l'avouer. Il ne lui restait plus que le poste de directrice à atteindre. Mais cela devrait attendre. Le Ministre avait beau avoir la mainmise, Dumbledore était toujours un monstre sacré que peut osait toucher. S'attaquer à ceux autour de lui était une première étape pour saper son autorité et son prestige, mais il fallait tout de même patienter jusqu'à ce que le vieil homme fasse une erreur pour le déboulonner de son siège.
Mais en attendant, elle savourait son nouveau pouvoir avec délectation en se permettant de relâcher un peu la pression. Cependant, la vision des élèves massée en groupe ce matin-là au mépris de l'un de ses Décrets n'était pas vraiment pour lui plaire. Il allait sans doute être nécessaire qu'elle serre la vis à quelques-uns pour effrayer les autres. Comme elle avait fait avec ce morveux métis ami de Potter il y a quelques jours.
Elle arriva près de l'attroupement et poussa l'un de ses célèbres (et redouté) toussotements. Avec un plaisir évident, elle regarda les adolescents s'écarter aussitôt du passage, lui ouvrant la voie vers le fauteur de trouble.
« Mrs Granger ! » S'exclama-t-elle en voyant la jeune fille qui se trouvait au centre de toutes les attentions. « Qu'est-ce que c'est que ça ? »
« Ça ? » Demanda innocemment Hermione.
Elle se redressa de la table sur laquelle elle était appuyée et se mit à faire quelques pas dans le cercle formé par ses spectateurs afin de faire admirer le nouveau vêtement d'uniforme qu'elle portait : un pantalon.
« Plusieurs choses en fait » reprit-elle. « Une déclaration féministe pour le droit de porter le pantalon, un choix pratique également… et aussi une contestation pour votre décision arbitraire de nous dire comment nous habiller. »
« Nous sommes dans une école, Mrs Granger » répliqua Ombrage sur un ton acide. « Il y a un code vestimentaire stricte. »
« C'est vrai, mais jusqu'à votre arrivée, personne n'aurait été choqué que je porte un pantalon ou que n'importe quelle fille porte un pantalon… ou un garçon une jupe, tant que c'était ceux prévus pour l'uniforme scolaire. »
« Mais un garçon n'est pas une fille, Mrs Granger » siffla Ombrage.
Hermione lui jeta un regard moqueur accompagné d'un rictus. Elle se mit au centre du cercle afin d'être vue de tous.
« La façon dont on s'habille ne devrait pas changer la façon dont nous sommes perçus ou que nous voulons être perçus. Une femme pourrait avoir les cheveux courts, porter des chemises et des pantalons, elle n'en resterait pas moins une femme. Alors pourquoi un homme qui porterait une jupe, des cheveux longs et des bijoux ne serait pas moins un homme ? »
Ombrage renifla.
« Raisonnement ridicule, Mrs Granger. Regardez-vous ! Ce pantalon ne vous donne absolument pas l'air féminin. À présent, allez vous changer sinon je vous donne une retenue. »
« Oui, ça a tellement bien marché la première fois » ricana Hermione en mettant ses mains dans ses poches.
Subrepticement, elle commença à sortir quelque chose se trouvant dans l'une d'elles et fit en sorte qu'Ombrage le remarque. C'était un bout de sac transparent, le même qu'elle avait utilisé pour conserver la Plume à Sang qu'elle avait confisqué lors de sa première retenue. Bien entendu, Hermione n'était plus en sa possession depuis longtemps, mais la femme n'était pas obligée de le savoir. D'ailleurs, cela eut l'effet escompté, car elle blêmit en voyant le leurre.
« Et je crois que vous confondez "être une femme" et "être féminine" » reprit Hermione. « Ce n'est pas la même chose. En revanche, si pour vous, la féminité est ce qui nous rend désirables aux yeux des hommes alors je pense que vous n'avez aucune crainte là-dessus. »
Elle retourna à la table et fit mine de s'y appuyer à nouveau. Ce faisant, elle heurta une petite cuiller qui tomba sur le sol. Le geste avait paru involontaire.
« Oh ! que je suis maladroite » s'exclama alors Hermione d'une voix fausse.
Elle s'approcha de la cuiller et se pencha pour la ramasser en prenant bien garde à ne pas plier les jambes. Le pantalon avait été retouché par Hariel pour épouser les formes de la jeune femme si bien que quand elle se baissa, le fin tissu se mit à mouler la courbe de ses fesses. Il y eut des halètements et des bruits étranglés, en particulier provenant de la gent masculine de l'école.
« Vous voyez ? » demanda Hermione en se redressant. « Vous n'avez pas à vous en faire pour moi. »
Ombrage, rouge de colère, commença à bégayer.
« 10… non, 50… non, 100 points en moins pour Serdaigle ! » s'écria-t-elle enfin.
« Enlevez-moi tous les points que vous voulez, je m'en fiche » dit Hermione d'une voix froide.
« Les points, les coupes… Je ne veux plus faire partie de ce système qui nous divise. S'il a été créé, j'en suis sûr, pour provoquer une saine émulation parmi nous et une motivation pour la réussite, ce n'est plus le cas maintenant. Cela ne sert qu'à nous dresser les uns contre les autres. Je rejette ce système. Vous pouvez donc m'enlever 1000 points si ça vous chante, je m'en fiche. »
Elle se tourna vers les élèves.
« Je sais que parmi vous, en particulier en ce qui concerne mes camarades Serdaigles, beaucoup ont travaillé dur pour gagner ces points. Mais je vous le demande, quel en était le but ? Le prestige de votre maison ? Ou la simple satisfaction personnelle ? Parce qu'au final, vos réussites vous profiteront à vous, mais pas ici. Plus tard. Il faut cesser d'étudier pour les points, pour les notes et étudier pour soi, pour se construire un avenir. C'est ça le but de l'éducation, n'est-ce pas Professeur Ombrage ? »
Le visage de la femme devint encore plus rouge. Elle marmotta quelques mots inintelligibles et finit par sortir de la salle en trombe. Autour d'Hermione, les élèves se mirent à discuter. Certains jetaient des regards à la table des professeurs. Ceux-ci n'étaient pas intervenus, mais ils n'avaient rien perdu de l'échange.
Pendant ce temps-là, Hariel s'approcha de son amie.
« C'était magistral » lui dit-il avec un sourire.
« Merci » répondit celle-ci.
« J'ai particulièrement aimé le coup de la petite cuiller. On aurait dit moi. »
« Oui, je sais. Je me suis demandé : "qu'est-ce qu'Hariel ferait ?" et j'ai trouvé ça. »
« Dommage » soupira celui-ci. « J'aurais bien voulu la faire celle-là… sauf que j'aurais porté des mini jupes et des dessous affriolants. »
« Ça je l'aurais parié » dit Hermione en riant.
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Dolores Ombrage se précipita jusqu'à son bureau et referma la porte derrière elle. Comment cette petite peste osait-elle ? Elle allait le payer. Mais cette fois, elle n'irait pas voir Fudge, non. Cette fois, c'était personnel. Elle allait le lui faire payer.
Et elle savait exactement comment. Malgré sa colère, elle avait parfaitement vu la réaction des garçons à son geste ordurier. Celle de l'un d'eux en particulier, un jeune Sang-de-Bourbe métis de sa connaissance. Oui, elle allait se servir de lui pour atteindre cette garce. Enfin… pas personnellement bien sûr. Après tout, elle était au-dessus de ça. Mais bientôt, elle aurait une force de frappe bien plus importante. L'annonce de la création de sa Brigade Inquisitoriale avait commencé à faire des émules et les demandes avaient afflué. Elle avait déjà remarqué des éléments plus que prometteurs.
Oui, si cette gamine voulait la guerre, elle allait l'avoir.
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Dean courait. Il allait être en retard. Un lacet défait l'avait forcé à s'arrêter et il avait dit aux autres de partir devant. Il avait mis plusieurs minutes à le refaire tant ses doigts étaient gelés. L'hiver arrivait et le château était de plus en plus glacial. Cependant, même à cause du froid, il n'aurait pas dû mettre autant de temps. C'était comme si ses lacets refusaient de se laisser attacher. Pourtant, Dean n'y avait pas fait plus attention que cela. Il s'était juste dépêché de se relever et de repartir.
Les couloirs étaient déserts. Tout le monde devait se trouver en classe et lui était en retard. Heureusement que c'était un cours d'Histoire de la Magie. Le Professeur Binns était tellement absorbé par sa propre voix qu'il ne remarquait pas quand un élève arrivait après tous les autres. À se demander pourquoi il n'y avait pas plus de personnes qui séchaient cette matière. En tous les cas, ce n'était pas son intention à lui donc il se mit à accélérer.
Cependant, au détour d'un couloir, il se heurta à quelqu'un. L'individu était si massif, qu'il tomba en arrière. Dean grimaça en sentant la douleur sur son postérieur et son nez. Il se frotta l'un puis l'autre avant de se relever.
« Désolé » dit-il. « Je ne regardais pas où j'allais. »
« Tu te crois drôle, petit malin ? » dit une voix à la fois moqueuse et énervée.
Dean releva la tête et vit pour la première fois le garçon qu'il avait bousculé. Il le reconnut immédiatement. C'était un Serpentard de 7e année du nom de Lucian Bole. Il était batteur dans l'équipe de Quidditch de sa maison, d'où la large carrure qui l'avait empêché de bouger quand Dean l'avait heurté, mais ce n'était pas pour cela qu'il était connu, pas en ce moment. Sa triste notoriété venait du badge doré formant un « I » épinglé sur sa robe. En effet, il faisait partie de la célèbre et controversée Brigade Inquisistoriale annoncée quelques jours avant et formée depuis l'avant-veille. Celle-ci avait d'ailleurs déjà commencé à faire parler d'elle en tyrannisant les élèves. Comme les professeurs, ils avaient le droit d'enlever des points et de donner des retenues et n'avaient de compte à rendre à quiconque à part Dolores Ombrage, la Grande Inquisitrice. Or, celle-ci leur laissait carte blanche pour à peu près tout.
« On dirait qu'on a affaire à un petit rigolo, pas vrai les gars ? » dit Dole.
Dean remarqua alors que celui-ci n'était pas seul. Plusieurs autres élèves se trouvaient avec lui, garçons et filles et de toutes maisons même si Serpentard était la plus représentée. Tous portaient un insigne doré avec un « I ».
« Je suis vraiment désolé » reprit Dean. « Je n'ai pas fait exprès. »
« Oh ! Vous entendez ? Il a pas fait exprès le petit. C'te blague. Alors, on s'en prend à la Brigade Inquisitoriale ? »
« Non, je… »
« Il va falloir te donner une petite leçon alors » reprit Dole alors que ses camarades l'entouraient.
Dean les compta et prit à ce moment-là conscience que tous étaient présents, tous les membres de la Brigade. C'était étrange. D'habitude, ils patrouillaient par groupe de deux ou trois afin de faire le plus de mal possible.
« C'est un piège » dit la voix d'Ahiram dans sa tête.
« Je sais » lui répondit Dean en voyant les brutes approcher.
Ils n'avaient pas sorti leurs baguettes. Apparemment, ils voulaient s'occuper de lui à mains nues. Dean tenta de prendre la sienne, mais se rendit compte qu'elle ne se trouvait plus dans sa poche. Il fronça les sourcils. Un ricanement lui fit à nouveau tourner son attention vers ses agresseurs. L'une des filles tenait une baguette qu'il reconnaissait parfaitement. C'était la sienne. Mais comment... Non. C'était évident. Si c'était bien un piège alors le fait qu'il ait du mal à refaire ses lacets permettant à tout le monde de se rendre en classe pour qu'il se retrouve seul faisait partie du plan. Ils avaient également dû lui prendre sa baguette sans qu'il s'en rende compte.
Heureusement pour lui, Dean était loin d'être démuni. Il convoqua sa magie qui afflua avec force en lui. Il la sentit vibrer dans son corps, puissant, quasi incontrôlé et… fatal. Il prit alors conscience que ses adversaires n'étaient que des humains. De simples Humains. Jusque là, à par pour l'entraînement, il n'avait affronté que des Dragons Manufacturés. Jamais encore il ne s'en était pris à des Humains. Or, quand il n'avait pas de baguette, il avait du mal à maîtriser la force de sa magie. Contre Hariel, Draco et les autres Démons ou même Hermione, cela n'avait pas la moindre importance, mais face à ces Sorciers… Dean se rendit compte qu'il pouvait les tuer. Il se figea.
Le premier coup le cueillit au ventre et le second au visage. Il s'effondra.
« Défends-toi ! » lui cria Ahiram, impuissant.
« Je… ne peux pas. Ils risquent de… mourir ! » haleta mentalement Dean.
Il reçut un coup de pied dans le torse et un autre manqua sa tête de justesse. Il se mit à se protéger avec ses bras et se roula en boule alors que les coups pleuvaient encore et encore et encore.
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Les blessures étaient trop nombreuses pour utiliser de simple sort de soins sur lui. Mme Pomfresh avait alors enduit des bandages de potion curative pour penser ses plaies et ses bleus. À cause de cela, il avait l'air d'une momie. Elle lui avait fait boire une potion contre la douleur ainsi que dû Poussos pour toutes les fractures de son corps.
Il n'avait pas bougé ni repris connaissance depuis qu'il avait été retrouvé dans un couloir. Personne ne savait qui lui avait fait ça et personne ne semblait disposé à chercher.
Mais Hermione et Hariel, eux, savaient parfaitement de qui il s'agissait. Il suffisait de voir le petit sourire satisfait que la femme affichait quand elle les regardait pour savoir. C'était elle. Ombrage.
Alors qu'ils se trouvaient tous les deux au chevet de Dean, ses deux amis se regardèrent et hochèrent la tête. Tous les deux avaient eu la même pensée au même moment.
C'était la guerre.
À suivre
.
Et voilà un autre joli petit chapitre pour vous. J'espère qu'il vous a plu.
J'avoue que la scène de la petite cuiller, je l'avais vraiment imaginée pour Hariel au départ. Mais Hermione lui a piqué la vedette.
Voilà, je ne vous dis rien de plus. N'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à dans deux semaines.
