Check Mate DxD

Chapitre 115 : Confiance en Soi/Jishin

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« Fred ? George ? Je pourrais vous parler ? »

Les frères jumeaux se regardèrent surpris. Ils ne se souvenaient pas avoir fait quelque chose qui aurait pu leur valoir un entretien avec la Préfète Hermione Granger. Enfin, rien qu'elle ne puisse prouver à l'exception bien sûr de leur participation au rassemblement illégal qu'était Ed. Mais vu qu'elle en était l'une des organisatrices, il était peu probable que cela soit à ce sujet.

« On n'a rien fait » dirent-ils d'une même voix, juste au cas où.

« Écoutez, je ne suis pas… enfin, je ne veux pas… » balbutia Hermione.

Puis elle soupira.

« Ce n'est pas au sujet de vos bêtises continuelles… enfin, si, mais pas de cette façon. »

« Dit, mon frère, est-ce que je rêve ? » Demanda l'un des jumeaux.

« On dirait que non, mon frère » répondit l'autre.

« Est-ce que Hermione Granger chercherait ses mots ?

« On dirait que oui. »

Hermione soupira à nouveau. Cette fois, de frustration.

« C'est juste que je ne suis pas encore sûr de ne pas faire une erreur » dit-elle.

Elle ferma les paupières, souffla, puis plongea un regard décidé dans les yeux bleus identiques de ses interlocuteurs.

« Je ne suis pas là pour vous empêcher de faire des bêtises, mais au contraire pour vous encourager à en faire. »

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Hariel regarda Fred et George partir en chuchotant d'excitation entre eux.

« Tu es sûr de toi ? » Demanda-t-il, l'air grave.

« Plus que jamais » répondit Hermione. « Ombrage s'en est prise à ce que j'ai de plus précieux alors je vais faire la même chose en m'en prenant à sa crédibilité, son pouvoir et à sa carrière. »

L'heure d'étude avait commencé. Il n'y avait personne dans les couloirs que les deux parcouraient. Ils pouvaient donc discuter sans risque d'être entendu.

« C'est un projet ambitieux » commenta Hariel. « Je me demande si c'est vraiment une bonne idée. »

« C'est bien le plan que tu as fait pour Dumbledore, non ? Ce que tu cherches à faire, c'est à détruire sa vie. Moi je veux faire pareil avec Ombrage. »

« Mais je suis loin d'être seul pour cela » la contra Hariel. « J'ai le soutien de ma famille et l'aide de nombreuses personnes. Sans compter les titres qui me donnent un certain poids politique. »

« Tu oublies que moi aussi j'ai des alliés et des titres » rétorqua Hermione.

Ce faisant, elle passa distraitement la main dans sa poche. À l'intérieur se trouvait une petite créature chaude et poilue qui se laissa caresser avec bonheur. La taille réduite de Kylie faisait qu'elle pouvait être en permanence aux côtés d'Hermione. C'était un fait qu'elle n'hésitait pas à rappeler à qui voulait l'entendre, en particulier à une bande de Pixies jalouses. Celle-ci était présente, mais elles se dissimulaient dans les ombres sans jamais pouvoir se montrer à proximité de leur Reine. Sauf quand elle se trouvait au Repaire, bien sûr.

Toujours est-il que, de son côté, Hariel ne pouvait qu'approuver l'argument de son amie. En effet, elle était loin d'être seule. Elle était une Souveraine de Faerie et si elle le demandait, l'intégralité des races enchantées de cette contrée se battrait pour elle. Certes, ce n'était pas un titre qui ferait fléchir tous ces Sorciers rétrogrades. Cependant, celui de Grande Prêtresse lui serait sans doute plus utile. Il n'y avait encore rien d'officiel, mais bientôt, à force de se montrer, certains des Magiciens les plus sensibles allaient s'en rendre compte et alors sa légende pourrait naître.

« Cela risque de prendre du temps » remarqua Hariel.

« La vengeance est un plat qui se mange froid » rétorqua Hermione.

Les deux s'arrêtèrent. Ils étaient arrivés à destination devant les portes de l'infirmerie. À l'intérieur, Dean, toujours vêtu de son pyjama, était assis sur son lit. Face à lui, Mme Pomfresh agitait sa baguette en marmonnant de manière inintelligible.

« Tout va bien ? » Demanda Hariel.

« Ça va impec » répondit son cousin avec un sourire en levant le pouce.

Hariel roula des yeux avant de s'adresser à l'infirmière.

« Tout va bien ? »

« Mmm… ça devrait aller s'il évite les efforts physiques pendant la prochaine semaine » dit-elle après un moment. « Il devrait également ressentir un peu de fatigue musculaire de temps en temps. Rien de grave, mais si ça devait persister, il faudrait qu'il revienne me voir. »

« Bon, disons que par rapport à l'état dans lequel j'étais i jours, ça va impec' » soupira Dean. « Mais je vous assure que je vais bien. »

Il descendit du lit et fit quelques pas. Difficile à croire que quelques jours auparavant il était couvert de bandages et souffrait de multiples fractures et contusions. Heureusement, le Poussos avait bien fonctionné. Si la Potion avait pu faire repousser l'intégralité des os du bras d'Hariel en une seule nuit alors, il lui était facile d'en réparer des brisés même s'ils étaient nombreux. La magie avait pour elle une certaine rapidité et efficacité dans les soins, Hariel devait le reconnaître.

« Donc c'est officiel ? Je peux y aller ? » Demanda Dean à Mme Pomfresh pour être sûr.

La femme était connue pour être assez intraitable sur qui devait rester ou sortir de son infirmerie après tout. Cependant, celle-ci soupira, mais acquiesça ce qui provoqua une danse de la victoire de la part de Dean.

« J'ai dit pas d'effort inutile ! » S'écria l'infirmière. « Cessez immédiatement ou je vous remets au lit. »

« Oui, M'dame » répondit alors Dean en essayant de se faire tout petit.

Mais quand la femme fut partie, son sourire revint.

« Deux minutes » dit-il. « Je vais me changer et on se barre d'ici. »

Il prit la pile de vêtements qui l'attendait sur sa table de chevet et se précipita derrière un paravent.

« Au fait » demande Hariel à voix basse, mais avec un grand sourire chafouin. « Qu'est-ce que tu disais déjà, tout à l'heure à propos d'Ombrage ? Elle s'en est prise à ce que tu as de plus précieux ? »

Hermione rougit et répliqua d'une voix grinçante, mais tout aussi basse.

« Ferme ta gueule ! » Siffla-t-elle.

Hariel ricana doucement puis regarda dans la direction de son cousin.

« Heureusement, l'attaque n'a pas l'air de l'avoir trop marqué » dit-il.

« Je l'espère » répondit Hermione.

Mais elle en doutait.

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Une sonnerie retentit dans la salle. Cédric rangea ses armes et transplana directement en face de se cible. C'était préférable, elle était à plusieurs dizaines de mètres de lui. 50 m en fait, ce qui était la distance maximale pour le tir au pistolet en discipline olympique. Enfin, quand cette épreuve existait encore. Quoiqu'il en soit, c'était un écart acceptable pour s'entraîner, surtout quand on était un Démon avec une vue particulièrement aiguisée. Plus que celle d'un Humain.

« 28 coups dans la cible sur 33 en 10 secondes » commenta Millicas qui était juste à côté.

Cédric hocha la tête en regardant la fenêtre magique qui servait à son entraînement. Haute d'environs 2m, large de 3, elle était totalement rouge avec une mire de cercles concentriques jaunes et verts. Dessus, il y avait plusieurs impacts ressemblants à de gros points sombres. 5 d'entre eux se trouvaient en dehors. C'était ceux qu'il avait manqué. Mais vu leur proximité avec la cible, ce n'était pas de beaucoup.

« Ta cadence de tir a encore augmenté » rajouta le Démon. « Comment tu te sens ? »

« Mieux » répondit Cédric. « J'arrive suffisamment à maîtriser mon flux pour contrôler le recul. »

« Je pense qu'avec un entraînement continu, tu pourras atteindre une cadence de tir de 40. »

Millicas regarda à nouveau la cible.

« Ta visée aussi s'est améliorée » dit-il.

« Je me suis entraîné. Enfin… avant, quand j'étais un Sorcier » répondit Cédric.

« Mais c'était toujours sur des cibles fixes, n'est-ce pas ? »

Cédric grimaça et hocha la tête. Les Sorciers n'avaient l'habitude de s'entraîner à la précision que sur des cibles fixes. C'était un usage de duel. Généralement, engagés dans l'un d'eux, ils ne bougeaient pas. Ce n'était pas une règle, seulement une convention. Par la suite, même en dehors de ces situations, beaucoup restaient presque constamment en place, ne se mettant à couvert que si nécessaire tout en lançant des sorts, quel que soit leur côté de la loi. Cependant, n'importe quel autre adversaire, dans le reste du monde magique, n'attendrait pas qu'il lui fasse face et attaquerait de tous les côtés.

C'est pour ça qu'après lui avoir appris à gérer son flux, Millicas avait commencé à l'entraîner au combat sur cible mobile. Pour le moment, il se focalisait sur des assauts multidirectionnels. Toutefois, cela ne serait pas suffisant. Loin de là. Beaucoup de ses ennemis potentiels pouvaient voler donc il devrait également devoir surveiller le ciel et pouvant lui-même s'y retrouver, il lui faudrait pouvoir se défendre contre des offensives venant à 360° tout autour de lui. Et bien entendu, les choses se corseraient quand il devrait être lui-même en mouvement.

Il avait commencé assez doucement. D'abord des cibles fixes disposées autour de lui à différentes hauteurs et distances. Celles-ci projetaient une magie colorante après un temps de chargement d'une seconde. Cédric devait les toucher pour les empêcher de tirer pendant quelque temps. Naturellement, leur séquence d'activation ainsi que leur temps de rechargement et leur cadence de tir étaient aléatoires et il devait toujours être prudent. Au fur et à mesure, Millicas en avait ajouté au-dessus de lui et augmenté leur cadence. Il avait fallu un moment à Cédric pour s'habituer à ne pas rester dans la même position pour éviter les sorts. Cependant, après un peu plus d'un mois d'entraînement, il était arrivé à ne plus se faire toucher. Il était parvenu à parfaitement utiliser ses sens de Démons alliés à sa vitesse de Cavalier pour déjouer les tirs et riposter.

Bien entendu, après cela, Millicas avait augmenté la difficulté de l'exercice. Normalement, il aurait dû passer à l'assaut en vol, mais Cédric ne maîtrisait pas encore assez ses nouvelles ailes pour cela. Et avec tous ses autres cours, notamment avec son Grand Oncle et son Arrière Grand-Mères, il n'avait pas le temps. C'est la raison pour laquelle, à la place, il avait simplement commencé à l'entraîner au tir sur des cibles en mouvement.

Tout d'un coup, pour Cédric, le niveau avait évolué au-delà de ce qu'il pensait être possible. Il avait beaucoup plus de mal qu'avant à toucher ses objectifs même s'il arrivait encore suffisamment à éviter les attaques. Enfin, la plupart. Il finissait tout de même de nombreux entraînements bleus de la tête aux pieds à cause de la magie colorante. Et cela avait été pire quand Millicas avait rajouté des obstacles. Le terrain d'exercice prenait alors la forme de dédales de murs et de plateformes qui pouvaient autant servir à dissimuler un ennemi que de position pour tirer. Fort heureusement, Cédric avait compris que cela pouvait également être le cas pour lui, mais il avait encore beaucoup de mal à avancer

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« C'est normal, tu sais ? » Dis Millicas en voyant sa grimace. « Certains mettent des années et des années avant de maîtriser cette précision. Toi tu ne t'entraînes que depuis deux mois et tu as fait d'énormes progrès. »

« Je sais » répondit Cédric, fataliste. « Mais j'ai l'impression de ne pas aller assez vite. »

Millicas soupira. Décidément, sa Tante Rias et son Cousin Hariel avaient le choc pour dénicher des Serviteurs avec une envie démesurée de faire leurs preuves rapidement.

« Dans ce cas, tout ce qu'il te reste à faire c'est t'entraîner » dit Millicas.

Cédric souffla et hocha la tête. Millicas s'approcha de l'une des parois de la pièce et le toucha du plat de la main. Un cercle magique s'y alluma et le même apparut sur toute la surface du sol. Des formes translucides commencèrent alors à en émerger. Quelques secondes plus tard, en enchevêtrement de blocs, de marches, d'échelles, de plateformes et de murs remplissaient la salle et, à mesure que la lumière diminuait, devenaient plus opaques.

Cédric s'approcha d'un escalier et posa son pied sur ma première marche. Elle était solide. Celui-ci était toujours fasciné par cette salle qui parvenait à matérialiser tout un environnement en quelques instants. Un environnement d'illusions solides.

« On va juste faire un échauffement pour débuter » dit Millicas. « 10 cibles. Vitesses variables de lente à moyenne, cadence de tir faible, intelligence basique. Ton but sera de les détruire toutes les 10. Pas de réactivation. Pas de limite de temps. D'accord ? »

Cédric hocha la tête. Il sortit ses pistolets et respira avant de se mettre en position au centre de la pièce. C'était toujours là qu'il commençait. Millicas passa sa main sur le cercle magique du mur et aussitôt plusieurs sphères d'énergie rouge apparurent autour de Cédric. Celui-ci savait qu'il avait au minimum 1 seconde avant que l'un d'eux ou plusieurs se mettent à faire feu. Ce temps, aussi bref soit-il, lui permit de repérer celles en face de lui. Seulement 3.

Avec l'expérience de ces entraînements, il avait appris à ne pas engager le combat immédiatement, pas avant d'avoir saisi la situation au maximum. En effet, il était encore incapable de viser rapidement et en mouvement. Il devait donc s'arrêter et était alors vulnérable pour un ennemi qu'il n'aurait pas vu. C'est pour cela qu'après avoir aperçu ses adversaires il se mit à courir en direction d'un mur pour se cacher derrière. Bien lui en avait pris, car au moment où il partait, l'une des sphères commença à faire feu et toucha l'endroit où il était auparavant.

Protégé des 3 premières, Cédric continua à regarder de tous les côtés pour trouver les autres. De là où il était stationné, il était suffisamment à couvert pour les abattre, mais il ne devait pas oublier qu'il y en avait 7 de plus autour de lui qui pouvaient profiter de sa déconcentration pour tenter de l'attaquer. De toute façon, il avait le temps. Comme Millicas l'avait dit, l'entraînement n'était pas chronométré. De plus, il n'était pas nécessaire qu'il s'occupe de ces 3 sphères immédiatement. Leur intelligence était limitée. Elles ne viendraient pas le débusquer. Elles se contenteront de tirer en le détectant.

Après plusieurs déplacements, Cédric finit par toutes les repérer. Il en avait déjà abattu deux qui l'avaient surpris et était touché à l'épaule. Ce n'était pas une très bonne nouvelle. En plus de créer une tache colorée, le sort des sphères causait un engourdissement de la zone atteinte. Millicas lui avait dit qu'à un plus haut niveau, il imiterait la douleur de la blessure, mais pour le moment, c'était juste suffisant pour le gêner.

Il passa les minutes suivantes à continuer à éviter ses assaillants. Comme Millicas lui avait expliqué, on ne gagnait que la mort dans la précipitation. Donc à moins qu'il ne soit pressé, il devait prendre son temps pour ne pas faire d'erreur. Le mieux était de se déplacer jusqu'à ce qu'il trouve un endroit pour camper, c'est-à-dire attendre que les cibles viennent à lui plutôt que l'inverse. Certes, il était dangereux de rester fixe au combat. Sauf si on arrivait à atteindre une position stratégique d'où on pouvait voir sans être vu et tirer sans être touché.

Il avait déjà repéré le point idéal, mais malheureusement, plusieurs sphères lui barraient le passage. Il avait donc dû se rabattre sur son second choix. L'un des coins de la salle était surélevé. De là, il pouvait voir tout le terrain autour de lui. Certes, on aurait pu penser qu'il était acculé, mais dans cette position, il n'avait pas à craindre que des ennemis arrivent dans son angle mort.

Grâce à cela, il réussit à éliminer 7 autres sphères. Chacune d'elle disparaissait avec un bruit de verre brisé. Cependant, il avait également été touché encore deux fois. Une à la cuisse et une seconde à l'abdomen. La démangeaison qui accompagnait l'engourdissement des zones s'était amplifiée. Elle était plus forte à mesure qu'il était atteint par les tirs. À cause de ça, il avait du mal à se concentrer et voulait donc en finir rapidement. Malheureusement, Cédric avait perdu la dernière sphère de vue. Avec une intelligence moyenne, elle pouvait se mettre à couvert et même peut-être attendre une ouverture.

Soudain, il sentit quelque chose le heurter à l'épaule et un picotement se répandit dans son corps. D'instinct et avant même de regarder d'où le tir avait pu provenir, il roula sur le sol pour s'abriter à nouveau. Il jeta rapidement un coup d'œil autour de lui pour voir si l'ennemi se trouvait à proximité. Constatant que non, il passa la tête par-dessus le mur bas derrière lequel il s'était réfugié… seulement pour la baisser aussitôt pour éviter une autre attaque. Heureusement, il avait réussi à apercevoir où était positionnée la dernière sphère. Cependant, ce n'était pas une bonne nouvelle.

En effet, elle était dans le coin opposé de la pièce, sur un bloc en hauteur. Très en hauteur même. En fait, c'était l'emplacement qu'avait choisi Cédric au départ pour camper, mais qu'il n'avait pas pu atteindre. Le point de vue sur la salle était meilleur, car il se trouvait plus haut. Il était aussi suffisamment proche du plafond pour ne pas avoir à se soucier d'attaque venant du dessus. Enfin, dernier avantage, la plateforme était assez large pour se mettre à couvert afin de ne pas être touchée.

Cédric tenta à plusieurs reprises d'essayer de détruire son ultime adversaire, mais à chaque fois, celui-ci se reculait pour éviter son tir. Il tenta également de changer de position pour un résultat identique. Le seul moyen pour arriver à l'avoir serait de se mettre à découvert pour l'inciter à se montrer. Bien entendu. Il fallait qu'il reste le moins possible immobile.

Malheureusement, en zigzaguant parmi les obstacles, son regard était pointé vers sa cible. À cause de cela, comme il avançait à reculon, son pied buta sur une marche. Il tomba alors en arrière et s'effondra sur le sol. Au même moment, il vit la sphère émerger de sa cachette et se réparer à faire feu. Puisqu'il visait mieux avec une seule arme, il lâcha l'un de ses pistolets et tira dans sa direction en espérant la toucher avant qu'elle ne le fasse. Seulement, son coup partit quelques micros secondes trop tard. Toutefois, il avait très bien visé, car le sort de son adversaire percuta le sien, les faisant dévier l'un l'autre. Celui de Cédric fusa en direction du plafond et le second heurta le sol juste entre ses jambes.

Cependant, en cet instant, tout ce qui intéressait Cédric, c'était son propre sort. À ce moment-là, la rage de vaincre, l'envie de le voir tout de même toucher son ennemi le submergea sans qu'il ne s'en rende compte. Si seulement il pouvait dévier de sa direction pour repartir vers la sphère. Mais le sort continua sa course et heurta le plafond juste au-dessus d'elle. Pourtant, au lieu de s'y écraser, il rebondit en direction du sol et frappa la cible qui disparut avec un bruit de verre brisé. Aussitôt, il y eut une sonnerie annonçant la fin de l'entraînement. Tous les obstacles autour de Cédric redevinrent translucides et s'effacèrent rapidement. Cédric, lui, resta allongé sur le dos alors que les picotements dus aux impacts qu'il avait reçus s'estompaient.

« Que… qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda-t-il à Millicas alors que celui-ci se rapprochait de lui.

« Apparemment, ton sort a rebondi sur le plafond » répondit le jeune Démon.

« J'ai bien vu, ça » soupira Cédric en se redressant. « Mais pourquoi ? Est-ce qu'il y a des enchantements dessus ? »

« Non, il n'y en a pas. Cela doit venir de ta magie. »

« De ma magie ? »

Il n'avait jamais entendu parler de sorts qui rebondissaient autrement que sur un bouclier. Ce n'était pas logique.

« La magie peut être manipulée de différentes façons » se mit à expliquer Millicas. « C'est une énergie, mais il est parfois possible de modifier sa nature. Certains sont capables de contrôler sa direction à volonté comme Ajuka-sama ou de la rendre solide, comme Hariel. Peut-être que toi tu lui as permis de rebondir. »

« Vraiment ? » Demanda Cédric, dubitatif.

« Et c'est une bonne nouvelle, non ? Comme tu l'as vu, c'est assez efficace. Tu devrais peut-être travaille sur ça. »

« Mais c'était un hasard ! Et puis je ne vois pas en quoi ça pourrait être utile. Je veux dire, ce n'est pas tous les jours que je vais me battre dans un endroit clôt, si ? »

« Qui sait ? »

« Franchement, je préférerais trouver quelque chose de plus utile si je veux aider Hariel. »

Millicas soupira et s'assit à côté de Cédric.

« Tu sais » dit-il après un moment, « je suis souvent comparé à mes parents. Je veux dire… ce n'est pas non plus n'importe qui. »

C'est vrai que même sans le titre de Maoh de Sirzechs, ils étaient tout de même deux des plus puissants Démons existants.

« Et puis autour de moi il y a aussi Rias-onee-san et Hariel, deux fortes personnalités avec un pouvoir destructeur. À côté, moi je fais pâle figure. »

« Pourtant vous êtes extrêmement puissant vous-même » répliqua Cédric.

« C'est exact. Mais l'important ce n'est pas le pouvoir en lui-même, mais la façon de l'utiliser. Chacun des autres à quelque chose en plus qui le rend unique. Si je tentais de les imiter, je serais toujours le fils de mes parents, le neveu de Rias-onee-san ou le cousin d'Hariel. C'est pour ça que j'ai dû trouver une manière de me distinguer. De faire les choses différemment. Tu sais, mes Parents, Hariel et Rias-onee-san peuvent être assez voyant quand ils combattent. »

Sur les quatre, Cédric ne connaissait qu'Hariel et il ne l'avait jamais vu combattre. Cependant si sa personnalité était un indice sur la façon dont il se battait, oui, il voyait tout à fait.

« Alors pour contrebalancer, moi j'ai préféré me concentrer sur la discrétion et la précision » poursuivit Millicas.

Il leva le doigt et une lueur noir et rouge se mit à briller au bout. Il le pointa vers le mur et tira plusieurs fins éclairs de Pouvoir de Destructions. Chacun des impacts était parfaitement circulaire et tous formaient une ligne impeccablement droite en travers de la cloison.

« Tu ne dois pas te presser pour trouver quelque chose de nouveau et de plus efficace tout de suite » Reprit-il. « Tu as quelque chose dans lequel tu es doué. Développe-le. Fais-en ton atout. »

« Comment ? En faisant rebondir ma magie ? »

Il y avait un peu de sarcasme dans la voix de Cédric. Pourtant, Millicas était on ne peut plus sérieux.

« Par exemple » dit-il. « Si tu réfléchis aux particularités de ton arme, qu'est-ce qu'elle fait ? »

« Elle… tire de la magie ? »

« Plus précisément ? »

« Elle… »

Cédric tentait de se rappeler ce que lui avait dit Hariel à ce sujet.

« Elle comprime la magie que je lui envoie pour un tir plus rapide et puissant. »

« C'est ça » acquiesça Millicas. « Elle prend la Mana qui vient de toi pour en faire une arme. Cependant, pour le moment tu n'utilises que la Magie Démoniaque. »

« Euh… oui. »

« Mais tu as un autre type de Magie, non ? »

« Et bien… » hésita Cédric.

Depuis qu'il était un Démon, il avait à peine utilisé sa Magie Humaine. Pourtant elle était toujours là, non ? Sauf que depuis ce jour où il avait mis la main sur ces pistolets, il n'en avait plus du tout fait usage. Il faut dire que la Magie sans baguette n'était pas son fort. C'est en pensant ces mots qu'il se rendit compte de quelque chose. Les armes prenaient Mana, son énergie magique, dans son corps pour agir… tout comme le faisait sa baguette. Il était donc possible d'imaginer qu'on pouvait les considérer comme des sortes de médiums à l'instar de celles-ci. Mais s'il pouvait envoyer sa Magie Démoniaque à l'intérieur… alors il pouvait faire la même chose avec des sorts de Magie Humaine avec des effets identiques : vitesse et puissance.

« Je vois que tu as trouvé où je voulais en venir » dit Millicas avec un sourire.

« Je pourrais essayer ? » Demanda Cédric, excité.

« Je t'en prie » répondit le jeune Démon.

Cédric se leva, pensif. Il ne savait pas quel sort choisir. Il fallait que ce soit visible. Finalement, il se décida pour un simple sortilège d'étincelles. Il pointa son arme et se mit à réfléchir. Comment faire ? Avec une baguette, c'était facile. Une formule magique, un mouvement de poignet et le tour était joué. Mais dans son cas, il y avait une différence majeure. La baguette tirait naturellement l'énergie du corps du Sorcier et la transformait en sort grâce au mouvement et à l'incantation. Sauf que là, c'était lui qui poussait la magie. Pas l'inverse.

« C'est comme n'importe quelle magie quand tu n'utilises pas de baguette » fit Millicas. « Imagine le résultat. »

« Je ne suis pas très doué pour ça » soupira Cédric. « Je n'arrive pas à savoir quand le sort prend forme. Je comprends pourquoi les Sorciers se sont rabattus sur les baguettes. C'est vraiment plus pratique. »

« Allez, ne te décourage pas » l'encouragea Millicas. « J'ai peut-être quelque chose pour t'aider. »

Il se releva et aida le plus âgé à faire de même. Les deux garçons sortirent de la salle d'entraînement et se mirent à parcourir les couloirs du château de Camala jusqu'à la chambre de Millicas. Celui-ci invita Cédric à endurer et se dirigea aussitôt vers la bibliothèque. Il chercha quelques instants avant de trouver deux livres qu'il tendit à Cédric.

« Tu devrais lire ça. Le premier, c'est pour plus facilement comprendre le second. »

Cédric prit les livres et en lit les titres : « Introduction à la Technomagie » et l'autre « Émergence de la magie : de la formule au sort ». Il ne savait pas du tout ce que c'était. Cependant, le nom de l'auteur lui était familier.

« Granger ? » Demanda-t-il.

« Eleanor-san est la sœur aînée d'Hermione-san » répondit Millicas. « C'est une Humaine non magique, une Sapiante, mais elle a perfectionné pratiquement seule un prototype d'Ajuka-sama permettant à une personne non magique d'utiliser la magie. »

« Vraiment ? » Demanda Cédric, intrigué.

« Elle a également créé un nouveau type de magie qui a forcé le Ministère des Sciences et Technologie d'ouvrir un collège d'étude rien que sur le sujet. »

« Je… je vois… » dit distraitement Cédric en regardant les livres.

Il prit le premier et le feuilleta. Il se demandait si les réponses qu'il cherchait étaient vraiment entre ces pages. Il l'espérait.

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Hermione avait raison. Dean n'allait pas très bien. Il essayait de donner le change, mais à l'intérieur, il en était tout autrement. L'attaque de la Brigade Inquisitoriale l'avait secouée. Pas seulement physiquement, mais aussi psychologiquement. Il avait l'impression de s'être engagé sur un chemin pentu et il ne savait pas comment faire machine arrière.

C'était en tentant de se dresser contre eux qu'il s'en était rendu compte. En s'entraînant pour devenir plus fort, il devenait également dangereux pour les autres, les humains normaux, bien plus faibles que lui. En son for intérieur, il savait que ce n'était qu'une question de contrôle et s'il s'entraînait à développer son pouvoir, il devait aussi s'entraîner pour le contenir et le maîtriser.

Mais si jamais il échouait ? Si sa Magie lui échappait, même si ce n'était que pour un instant ? Et si… s'il se trouvait auprès de sa famille à ce moment-là ? C'était ce qui le terrifiait le plus. Faire du mal à ceux qu'il aimait. Être responsable de leur douleur… ou de leur mort.

Il aurait bien voulu en parler avec Hariel ou Hermione, mais il n'était pas sûr qu'ils comprendraient ce qu'il ressentait. Hariel avait beau avoir tout ce pouvoir, il le maniait depuis qu'il avait six ans. Grâce aux sceaux posés par sa mère, il avait le temps de s'habituer à un niveau de puissance avant de passer au suivant. Et même s'il venait à prendre le contrôle, il y avait des gens autour de lui qui pouvaient l'arrêter, des gens d'une force considérable et qui survivraient assurément à un déchaînement de sa Magie.

Hermione, quant à elle, n'était pas… puissante. Pas vraiment. En tant que simple Magicienne, son pouvoir était, certes, important et hors de la norme, toutefois c'était très loin du niveau d'Hariel et de Dean. Cependant, en tant que Grande Prêtresse de la Déesse, c'était une autre histoire. Elle avait la possibilité de puiser et d'utiliser directement toute la Magie ambiante, quelle qu'elle soit. Mais cette énergie n'était pas à elle, elle ne le conservait pas dans son corps comme les autres. Elle la prenait, s'en servait et relâchait le reste. Elle n'avait donc pas à vivre avec la pression constante que ce pouvoir lui échappe et détruise tout ce qu'elle aime.

Non. Dans l'esprit de Dean, aucun d'eux ne comprendrait suffisamment la situation pour pouvoir l'aider. Et en attendant, Dean se faisait l'effet d'une bombe à retardement.

« Je sais à quoi tu penses » dit une voix près de lui.

Dean tourna les yeux et vit le vieux visage d'Ahiram. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il était dans sa chambre, à l'intérieur de son esprit.

« Tu sais toujours à quoi je pense » rétorqua Dean. « Tu es dans ma tête. »

« Alors, disons que je comprends ce que tu ressens » dit l'homme en s'asseyant à côté de lui.

Dean le regarda. Attendant qu'il s'exprime.

« Avant que mon prédécesseur ne me trouve, il se passait des choses étranges autour de moi » dit-il.

Dean comprit qu'il parlait du Protecteur qui l'avait précédé, là-bas, sur Dakara.

« Je crois que vous appelez ça de la Magie accidentelle, non ? » Reprit Ahiram.

Dean hocha la tête.

« Donc ma Magie faisait des choses étranges et ça effrayait mes parents. Ça effrayait tout le monde à vrai dire. »

« Mais pourquoi ? Ils n'ont pas pensé que c'était le signe d'un nouveau Protecteur ? »

« Tu sais, les Protecteurs ont une durée de vie plus longue que les autres. Moi-même, j'ai plus de 100 ans et j'aurais pu vivre encore quelques dizaines d'années. »

S'il ne l'avait pas rencontré, se dit Dean avec amertume. Mais il est vrai qu'il se souvenait qu'Hariel avait mentionné quelque chose comme ça une fois, par le passé, des siècles plus tôt. Plus un sorcier était puissant, plus il pouvait vivre longtemps. Cela expliquait pourquoi Dumbledore était toujours là alors qu'il était centenaire.

« Et puis tous les Protecteurs n'étaient pas aussi assidus à leur tâche que je ne l'étais » reprit Ahiram. « Mon prédécesseur, Batnoam, ne se préoccupait pas beaucoup de ses devoirs ou de chercher un héritier et peu de gens l'avait vu utiliser sa magie donc au fil du temps, ils avaient oublié qu'il possédait des pouvoirs. »

« Mais je croyais que les Protecteurs apparaissaient généralement dans la même lignée. Si les autres l'avaient remarqué, alors lui aussi. »

« Tu as raison. Le plus souvent, ils apparaissaient dans la même lignée. D'ailleurs, Batnoam était mon grand-père. Mais je ne l'avais jamais rencontré avant. »

« Comment ça se fait ? »

« Il avait bien trop d'enfants pour se soucier de chacun d'entre eux et encore moins de leur descendance » répondit Ahiram avec amertume. « Sous prétexte d'agrandir sa lignée pour être sûr que son successeur vienne au monde, il avait pris de très nombreuses femmes, et ce tout au long de sa vie. Certains de mes oncles et tantes étaient même plus jeunes que moi. Bien sûr, ce n'était qu'un prétexte pour satisfaire ses appétits. »

Dean se rendit alors compte qu'ils ne se trouvaient plus dans sa chambre. Plus vraiment. Il était de retour sur Dakara, dans le village des Insoumis. Les rues bourdonnaient d'activité. Cependant, dans un coin, assis sur le sol il y avait un enfant d'une dizaine d'années. Personne ne faisait attention à lui et quand ils le faisaient, ils l'évitaient avec des expressions apeurées. En voyant son visage, Dean le reconnut. C'était Ahiram.

« À cause de ça, j'étais souvent seul. Même mes parents ne voulaient pas m'approcher. Certains disaient que j'étais un démon. D'autres que j'étais possédé par les mauvais dieux. Les enfants se moquaient de moi et parfois me jetaient des pierres. »

Dean put voir des images de son mentor encore préadolescent et pourchassé par des jeunes bruyants et qui riaient de lui.

« Un jour, je ne sais pas s'ils sont allés trop loin ou si j'ai décidé que c'en était assez. Toujours est-il que je me suis défendu. J'ai repoussé un enfant qui me frappait. Il a volé dans les airs et s'est écrasé au sol. Malheureusement, sa tête a heurté une pierre et il est mort. »

Dean vit la surprise et l'effroi sur le visage d'Ahiram ainsi que la peur et la colère sur celui des intimidateurs. Bien entendu, l'incident avait provoqué la fureur des parents du jeune décédé et tous les autres avaient également réagi de concert. Pour eux, c'était la confirmation de leurs craintes qu'Ahiram était un être maléfique. La foule enragée ressemblait à ce que Dean avait imaginé au sujet des procès de Sorcière sur Terre, en Europe comme dans les colonies.

« Par chance, l'agitation était telle que Batnoam n'a pas pu l'ignorer et il est venu voir ce qu'il se passait. »

« Et il t'a aidé ? »

« Il avait beau être un Protecteur laxiste, il avait tout de même le sens du devoir. Et il avait beau être indifférent à sa descendance, il ne pouvait pas en laisser mourir un sans rien faire. Alors il m'a fait passer le test du Cube. »

« Et après ? »

« Il m'a entraîné » répondit Ahiram. « Et je n'ai plus jamais blessé personne. »

« En même temps, tu vivais à l'écart de tout, c'était facile » grogna Dean.

« C'est vrai. Mais je ne t'ai pas raconté cette histoire pour que tu t'inspires de moi. Je te l'ai raconté pour que tu ne fasses pas comme moi. Batnoam n'était pas un bon grand-père. Et il a presque été un pire maître. Il n'a jamais su insuffler en moi la confiance nécessaire en mes capacités pour me donner envie de me mêler à nouveau aux autres et finalement je me suis isolé. C'est pour ça que tu dois faire mieux que moi. »

Ahiram se leva et se plaça devant Dean.

« Pour contrôler ton pouvoir, tu as besoin d'entraînement et de confiance en toi. Ces deux choses, je les ai acquis au bout de plusieurs dizaines d'années parce que j'étais seul. Tu as besoin des autres auprès de toi pour t'aider. »

« Mais si je blesse quelqu'un ? »

« Choisis des personnes qui pourront le supporter. Ton cousin et ta petite amie par exemple. »

« Hermione n'est pas ma petite amie ! » S'écria Dean en rougissant.

Enfin, pas encore. Il espérait que cela change, mais la jeune femme ne semblait pas faire de geste dans sa direction. Lui-même hésitait à en faire.

« Même s'ils ne peuvent pas complètement comprendre ce que tu traverses, ils pourront t'aider et te soutenir. Et si tu penses que tu n'arrives plus à te contrôler, trouve un endroit pour t'isoler. »

« Comme ici ? »

« C'est un début. Un lieu physique serait bien, mais pour commencer, ton propre esprit peut convenir. Il te suffira de trouver un endroit où déverser tes émotions les plus fortes pour éviter qu'elles ne te fassent perdre le contrôle. »

Cependant, il y avait un problème. Certes, sa chambre était un lieu où il se sentait à l'abri, mais se déchaîner ici, où étaient rassemblés ses souvenirs et toutes ses connaissances n'était pas une bonne idée. Il ne pouvait donc pas faire ça là. Malheureusement, à l'extérieur, c'était Poudlard. Au départ, il avait choisi de copier le château dans son esprit parce que c'était l'endroit le plus extraordinaire qu'il ait jamais vu. Il avait décidé ça le 1er septembre 2011, alors que lui et les autres élèves de première année traversaient le lac de Poudlard en barque. La vision de cette immense forteresse illuminée qui le surplombait était les spectacles les plus marquants de sa jeune vie.

Par la suite, il avait adoré chaque minute de son passage dans le château. Les tours, les cours, les tapisseries, les armures, même les couloirs glacés en hiver, il adorait tout. C'est pour cela que quand son cousin l'avait entraîné à bâtir une forteresse dans sa tête, il l'avait pris au mot et recrée ce lieu de contre de fée.

Malheureusement, à présent, il ne ressentait plus ce sentiment de sécurité. Il y avait eu le basilic, Sirius Black, le tournoi et maintenant Ombrage. Le château était devenu un piège mortel pour lui et plus un endroit d'émerveillement. Essayer de se calmer dans ce décor ne pouvait pas avoir le résultat escompté.

« Et bien, change-le » dit Ahiram qui savait toujours ce qui le préoccupait. « S'il y a bien quelque chose sur lequel tu as la maîtrise, c'est sur ce qui se passe dans ta tête, non ? »

Dean cligna des yeux. Il n'y avait même pas pensé. Il sourit. Oui, il pouvait restructurer les murs de son esprit. Il avait d'ailleurs quelques idées, déjà. Et avec un peu de chance, cela le distrairait suffisamment pour qu'il ne réfléchisse pas à la raison pour laquelle il faisait ça.

0o0o0

Viktor se tenait devant la maison de son enfance. Il ne voulait pas frapper à la porte. Pas encore. Il avait besoin de se calmer un peu avant même s'il savait que c'était peine perdue. Il n'avait pas décoléré depuis une semaine, depuis qu'il s'était rendu compte que le seul moyen de poursuivre dans ses recherches était de revenir ici.

Rien. Il n'avait rien trouvé dans les Archives Ministérielles Bulgares. Il avait également obtenu des entrées pour des collections privées sans plus de succès. Il n'y avait aucune trace dans la famille Krum ou dans les familles à laquelle ils étaient liés d'un quelconque indice sur l'origine de ses pouvoirs. Il en était donc arrivé à la seule solution qui s'imposait, que cela venait du côté de sa mère.

Sa relation avec elle était vraiment… compliquée. Cela faisait longtemps que Sonja Krum n'était plus dans sa vie. Il n'était pas si jeune que ça quand elle était partie, mais il avait en fait peu de souvenirs d'elle. S'il devait dire ce qu'il ressentait, il répondrait de la colère. De ma haine aussi. Et tout en dessous, de la tristesse. Tout ce qu'il avait, cela venait de son père.

Quand il était petit, celui-ci lui avait dit que sa maman était morte. Il n'avait changé de version que récemment, mais Viktor n'était toujours pas persuadé que ce soit la vérité. Il y avait derrière la disparition de sa mère un mystère qui durait depuis trop longtemps maintenant. Est-ce qu'elle était partie ? Est-ce qu'elle était morte ? C'était les deux histoires que lui avait données Vassily. En fait, pendant toutes ces années, Viktor n'avait pas demandé. Cela ne l'intéressait pas.

Mais à présent, il voulait savoir. Il voulait savoir qui était sa mère et ce qui s'était passé. Il se mit donc à avancer dans la neige et frappa à la porte.

Il entendit du bruit à l'intérieur. Quelque chose qui tombe. Des bouteilles.

« Qui c'est ? » Cria une voix éraillée.

« C'est moi » répondit simplement Viktor.

La porte s'ouvrit alors sur son père qu'il n'avait pas vu depuis presque 6 mois. Vassily n'avait jamais été un homme très soigné, mais aujourd'hui son aspect était repoussant. Sa barbe avait poussé de façon erratique en même temps que ses cheveux. Ses vêtements étaient froissés et recouverts de taches de graisse. Ses yeux étaient injectés de sang et sa peau, luisante. Mais le pire, c'était l'odeur. Une odeur de sueur rance, de tabac froid et d'alcool. Viktor se retint de reculer en la reniflant.

« Si tu veux revenir, c'est pas la peine d'essayer » grogna Vassily. « À moins que tu te traînes à mes pieds pour implorer mon pardon, fils indigne. »

« Je n'ai pas besoin de revenir » répondit Viktor, lui signifiant par là qu'il se débrouillait parfaitement sans lui. « Je veux te parler. Maintenant. »

Le ton de sa voix était sans appel. Vassily grogna et s'écarta. Viktor entra alors dans la maison sans même un regard, mais il n'alla pas plus loin que le hall. La puanteur qui émanait de son père était encore plus forte ici. Il s'y ajoutait également des relents de moisissure qui prenaient à la gorge. Viktor grimaça puis se jeta un sort pour filtrer les odeurs. À présent qu'il pouvait à nouveau respirer normalement, il observa autour de lui.

Le ménage n'avait pas été fait depuis déjà quelque temps. Il y avait beaucoup de poussières et de miettes sur le sol. Viktor se demandait bien pourquoi. Depuis presque aussi longtemps qu'il se souvenait, Ilyana venait s'occuper de la maison au moins trois fois par semaine.

« Où est Ilyana ? »

« Je t'en pose des questions ? »

Comprenant qu'il n'aurait pas de réponse sur ce qui était arrivé à la femme de ménage. Il se dirigea vers le salon. La pièce était dans le même état que le hall sauf que de nombreux cadavres de bouteilles étaient éparpillés un peu partout. Les rideaux étaient également fermés ce qui donnait un aspect assez glauque aux lieux. Vassily s'affala dans le canapé et prit une bouteille sur un guéridon. Elle était apparemment vide, car il l'a reposa et en prit une autre qu'il vida à grandes gorgées.

« Alors ? Tu veux quoi ? »

« Où est Ilyana, déjà ? »

Vassily roula des yeux.

« Je l'ai foutu à la porte. J'en avais marre qu'elle me fasse des reproches. »

Viktor aimait bien Ilyana. Elle avait un peu été comme une mère pour lui. Il savait que son père et elle couchaient ensemble de temps en temps, mais il faisait tout pour ne pas y penser. S'il s'était comporté comme il le faisait maintenant avec elle, ce n'était pas étonnant qu'elle ait essayé de l'aider.

« Je suppose que tu es pas venu me parler de ma femme de ménage » repris Vassily. « Tu veux quoi ? De l'argent ? J'en ai pas pour toi. »

« J'ai des questions sur la mère » répondit simplement Viktor.

Vassily serra les poings.

« Je veux pas parler de cette salope. »

« Mais moi, si. Depuis toujours, tu la traites de salope, de traînée et d'autres insultes. Tu me dis qu'elle est morte depuis que je suis jeune et puis soudain, au moment où je m'en vais tu me dis qu'elle est partie avec un homme. Je veux savoir la vérité. »

« Oh ? Le petit Viktor veut sa Maman ? T'es qu'une lavette ! »

« Et toi, une larve. Tu t'es vu dans le miroir dernièrement. »

Vassily se leva, en colère.

« Je t'interdis de me faire la leçon parce que tout ça, là… c'est de ta faute. »

Il ponctua son accusation d'un large geste qui englobait toute la pièce.

« Oh, je t'en prie. Dis plutôt que tu ne peux pas vivre seul sans ta vache à lait » lui répondit Viktor.

Vassily serra le poing et son attitude se doit hostile.

« Tu devrais faire attention » lui dit son fils. « Rappelle-toi ce qui s'est passé la dernière fois. »

L'autre homme se dégonfla alors comme une baudruche en se remémorant les os brisés de sa main. Il se souvenait encore de la douleur qu'il avait ressentie quand il avait essayé de frapper son garçon, ce qui le dissuada de recommencer. À la place, il retomba dans le canapé en tentant de jouer les indifférents.

« Tu veux que je te parle de ta grosse salope de mère ? » Éructa-t-il.

« Et je veux la vérité. Pas tes discours sans queues ni tête mêlés d'injures. D'abord d'où est-ce qu'elle venait ? De quelle famille ? Est-ce qu'elle avait des parents ou des frères et sœurs ? »

« Je sais pas » grogna Vassily.

« Comment ça, tu ne sais pas ? »

« Je ne sais pas d'où elle vient et je connais pas sa famille. Je l'ai rencontré par hasard alors qu'elle visitait le pays et elle est restée. »

« Et tu ne lui as jamais posé la question ? »

« Elle tenait pas à me le dire » répondit Vassily en haussant les épaules. « Ça m'arrangeait. »

Évidemment que ça l'arrangeait. La seule chose qui avait toujours intéressé Vassily Krum, c'était Vassily Krum. À se demander comment sa mère ou Ilyana avaient pu être attirées par lui.

« C'était quoi son nom de famille alors ? Ne me dis pas que ça non plus tu ne lui as pas demandé. »

« Ça commençait par un S » révéla Vassily après un moment. « Sva quelque chose… »

« Tu te fiches de moi ? » S'exclama Viktor, outré, « Tu ne te rappelles même pas le nom de ta femme ? »

« Ça fait longtemps » répondit son père en haussant les épaules.

« Fais un effort ! »

« Qu'est-ce que tu me donnes en échange ? »

« Je te demande pardon ? »

« Ben si je te donne ces informations, j'aurais bien droit à un petit quelque chose, non ? Tu te rends compte ? Tu as laissé ton père sans un seul revenu, fils ingrat ! »

Au comble de la fureur, Viktor saisit son géniteur par le col et le souleva du canapé comme si c'était un fétu de paille et le plaqua contre le mur le plus proche.

« Tu… tu oses essayer de marchander des infos sur ma mère, ordure ? » Cracha-t-il.

« J… J'ai mal… » gargouille alors sa victime tentant de se libérer de son emprise.

Vassily Krum avait toujours été grand et musclé. Plus que Viktor. Il n'était pas habitué à se faire bousculer ainsi. Par personne. Même après six mois d'alcool de mauvaise nourriture et d'inaction, il était encore assez fort pour casser la figure de n'importe qui. Et pourtant son fils le maintenait comme s'il n'était rien et il était impossible pour lui de le faire lâcher pris.

« Réponds-moi ! » Cria celui-ci. « Ma mère ! C'était quoi son nom ? »

« C'était Sva… Svalinn » gargouilla Vassily. « Oui, c'est ça, Svalinn. Ça vient du nord, je sais plus où. »

« Tu es sûr ? »

« Oui ! Je suis sûr ! Tu peux me faire confiance ! »

« Te faire confiance à toi ? Tu veux rire ! Tu n'es même pas capable de me dire la vérité sur sa disparition. Tantôt, elle est morte et tantôt, elle est partie. Quelle est la vérité alors ? Fais attention, si tu mens, je le saurai. »

Bien sûr, Viktor n'avait pas vraiment le pouvoir de dire s'il mentait. Pas sans utiliser des sorts qu'il ne connaissait pas. Cependant, il espérait que la peur le ferait parler.

« Elle… elle est morte ! » Gargouilla Vassily.

« Tu es sûr ? Pourquoi tu as dit qu'elle était partie ? »

« Parce que… parce que… »

« Comment elle est morte ? » Demanda Viktor avec insistance.

« Arrête ! Je t'ai répondu ! Lâche-moi ! »

« Comment elle est morte ? » Répéta-t-il.

« Ça n'a pas d'importance… »

« Si, ça en a ! Cette fois, je veux savoir ! Comment ma mère est morte ? »

Sous le coup de la colère, ses ailes de Démon se déployèrent. En les voyant, Vassily poussa un cri de terreur.

« Non ! Tu n'es pas mon fils ! » hurla-t-il, hystérique. « Lâche-moi, Dyavol ! Lâche-moi ! »

« Comment est-ce qu'elle est morte ! » Reprit Viktor, avec encore plus de force.

« Je t'en prie ! Je t'en prie ! Ne me force pas à… »

« Comment ? »

« Je l'ai tué ! » Cria finalement Vassily.

Sous la surprise, Viktor fit un bon en arrière, lâchant son père qui s'effondra au sol.

« Tu… quoi ? »

« Je l'ai tuée, cette salope ! Je l'ai tuée ! »

Les jambes tremblantes, Viktor s'appuya sur le canapé pour ne pas tomber à son tour. Il se contenta de rester là à écouter son père déblatérer. Comme si les vannes étaient ouvertes, Vassily était à présent intarissable.

« Elle me trompait. Je le savais » disait-il. « Elle disait que non, que je me faisais des idées, mais je savais. Elle partait de plus en plus longtemps sans que je sache où elle allait. Elle disait que la nature de chez elle lui manquait, mais je savais que ce n'était pas vrai. Elle voyait un autre homme. Alors je la surveillais quand elle sortait, mais elle arrivait à m'échapper. Toujours, elle m'échappait pour retrouver son amant… »

On aurait dit qu'il était fou. Viktor n'avait jamais considéré son père comme totalement équilibré, mais jamais comme un dément.

« Et puis un jour, elle a dit qu'elle partait. Avec toi » continua Vassily. « Elle a dit qu'elle devait te présenter à sa famille. Mais moi je savais. Je savais. Elle voulait me quitter avec lui, son amant. Elle voulait t'emmener vivre avec elle avec son amant. Mais moi je ne voulais pas. Non, je ne voulais pas. Tu étais déjà tellement doué en Quidditch. Je ne pouvais pas te laisser partir. Tu devais faire carrière. J'ai refusé, mais elle ne voulait pas entendre. Je lui ai crié dessus, mais elle ne voulait pas entendre. Et toi tu pleurais et pleurais et pleurais. Et puis soudain… mes mains étaient autour de son cou et elle était toute molle. Elle ne bougeait plus. »

Viktor ne disait rien. Il était pâle. Pâle comme la mort.

« Je l'ai enterré discrètement dans le jardin et j'ai dit à tout le monde qu'elle était partie avec son amant. J'espérais que ça le ferait venir et que je pourrais l'entier aussi, mais il n'est jamais venu. Le lâche. Quant à toi, tu continuais à pleurer et à faire des cauchemars. Je ne savais plus quoi faire. Alors j'ai demandé à un Sorcier Noir de t'enlever tes souvenirs. Et puis quand tu as demandé où était maman, je t'ai dit qu'elle était partie. Mais toi tu voulais aller avec elle et tu pleurais encore. Mais moi j'avais besoin de toi. Tu devais devenir un champion. Alors je t'ai dit qu'elle était morte et tu as arrêté. J'étais content. »

Viktor se redressa. Il se sentait mal. Vassily leva les yeux vers lui.

« Oh, Viktor ! Tu es là ? » Demanda-t-il d'une voix absente. « Et si tu allais jouer au Quidditch. Tu es si doué. J'ai besoin que tu gagnes encore. Encore. Encore… »

Il tendit la main, mais Viktor s'éloigna. Il fit volte-face et s'enfuit de la maison. Il attendit à peine d'être au-dehors pour transplanter. C'était dangereux. Avec sa précipitation et dans son état, il aurait pu se désarticuler. Pourtant il arriva indemne à destination bien que plus proche de l'un des lacs de Rila que du chalet de sa grand-mère.

Là, il s'effondra sur le sol… et vomit.

0o0o0

Voldemort sentait des douleurs dans ses articulations à cause du froid. Comme à chaque fois, il maudissait Potter et sa chance insolente qui lui avait permis de le prendre par surprise, sans compter sa bestialité qui lui avait fait préférer user de ses poings comme un vulgaire Moldu plutôt que la magie.

Il avait fallu du temps pour qu'il guérisse de ses blessures. Son corps était neuf, encore en formation. Les coups avaient brisé ses os et ses organes et à cause du bouillonnement de magie qui lui avait redonné naissance, il n'avait pu utiliser ni potions ni sort pour être soigné. À la place, il avait été obligé d'avoir recours à des méthodes de Moldus afin de pouvoir être remis sur pieds. Quelle humiliation !

Sa rémission avait donc duré une éternité pendant laquelle il n'avait pu se lever de son lit. En fait, c'était la première fois en six mois qu'il sortait de la maison de Dolohov, le Mangemort qui l'hébergeait. Il aurait été plus confortablement installé chez l'un de ses partisans plus riches, mais c'était eux qui étaient les plus surveillés. Ce n'était donc pas prudent. Il devait rester discret pour agir.

Fort heureusement, son esprit, lui était en éveil. Grâce à cela, il avait pu échafauder des plans, donner des ordres à ses serviteurs et surtout, torturer Potter avec des rêves afin de le manipuler. Peu après sa renaissance, il s'était rapidement rendu compte de la présence de ce lien. Il ne connaissait pas encore sa nature exacte (peut-être une séquelle de l'utilisation de son sang pour son rituel de résurrection, comme l'immunité à la magie du sacrifice), mais il savait déjà comment s'en servir. Oh oui, Potter allait enfin lui être utile.

Mais pour le moment, il avait des choses plus importantes à faire. Ses Mangemorts s'activaient dans l'ombre pour préparer son retour en toute discrétion. Il savait que Dumbledore se débattait pour que le Monde Sorcier réalise qu'il était de retour, mais l'aveuglement communicatif du Ministre (entretenu par Lucius), était parfait pour lui mettre des bâtons dans les roues. Cet idiot de Fudge ne se rendait même pas compte qu'il travaillait en fait pour lui.

Voldemort leva sa baguette, éclairant le chemin à l'intérieur de l'ancien manoir des Jedusor. Il avait pensé faire du lieu son quartier général. L'occuper ainsi aurait comme été une ultime revanche envers son père. Cependant, il était rapidement revenu à la raison. Il avait besoin d'un endroit possédant déjà de vieilles protections. Celles-ci seraient plus puissantes que tout ce qu'ils pourraient faire dans cet environnement totalement dénué de la moindre magie. De plus, la proximité de la ville était un problème. Il n'aurait aucun mal à écraser les insectes qui y vivaient, mais l'éradication de toute une population ne resterait pas secrète bien longtemps.

Il s'était donc résolu à abandonner les lieux. Cependant, auparavant, il devrait récupérer certaines choses qu'il avait dissimulées entre ces murs il y a des années de cela. Au départ, il les avait stockés ici pour les protéger. Puis, il avait préféré les laisser là, car il n'en avait pas eu l'utilité. Mais à présent, il savait qu'il ne pouvait plus se contenter de demi-mesures contre ces sales rats.

Il arriva finalement devant un tableau. Celui-ci représentait trois personnes. Un homme et une femme à l'allure grave se tenaient debout derrière un jeune adulte installé dans un fauteuil. À une époque, Voldemort avait ressemblé à ce jeune homme. Aujourd'hui toutefois, il était heureux qu'il ne reste plus rien chez lui de ce visage honni.

Son père. Thomas Jedusor Senior.

Il se souvenait parfaitement de son expression quand il l'avait assassiné. Voldemort l'avait très longuement fait souffrir. D'abord psychologiquement en torturant ses parents, sa femme ainsi que ses enfants sous ses yeux. Le plus jeune n'avait même pas 10 ans. Le plus âgé allait sur ses 17, comme Voldemort. Cela voulait dire que ce porc n'avait pas attendu pour se remarier après avoir jeté sa mère dehors et l'avoir condamné à la mort. Il avait donc pris un plaisir tout particulier à déchirer lentement les corps de ses demi-frères et sœurs, laissant leur père (qui était aussi le sien) les regarder se vider de leur sang et de leur tripe pendant qu'il était impuissant à les sauver.

Et puis ça avait été son tour. Ce n'était pas la première fois que Tom torturait quelqu'un, bien sûr, mais c'était celle dont il se souvenait le plus, dont il était le plus fier. Il ne savait pas si c'était parce que sa victime était son géniteur ou s'il avait réussi à la maintenir en vie pendant près de 48 h de souffrances ininterrompues avant qu'il ne rende l'âme. Les deux peut-être.

Ce tableau était donc pour lui teinté d'une douce ironie. C'était comme si Voldemort avait chargé son père de veiller sur ce que son assassin avait de plus précieux. Comme s'il continuait de le tourmenter même dans la mort.

« Éclaire-moi, Lucius » dit-il alors.

Son serviteur obéit immédiatement et, alors que son maître éteignait sa baguette, il dirigeait le faisceau de la sienne sur la peinture. Voldemort commença à désactiver les protections et pièges qu'il avait mis en place des années auparavant, soulagé que sa magie soit demeurée inchangée malgré sa résurrection. Finalement, le tableau bascula, révélant un tunnel. Au bout de celui-ci se trouvait un escalier qui menait aux sous-sols de la bâtisse. Voldemort avait scellé l'accès pour que personne n'y descende.

Tout en bas, les restes d'un laboratoire de magie noire prenaient la poussière. Il y avait des bocaux étranges dont les contenus étaient masqués par la saleté et de très nombreuses taches sombres qui ne pouvaient être que du sang séché. Cependant, ce n'était pas ce qui intéressait Voldemort. Il se dirigea directement vers d'un coin de la pièce où se trouvait deux étagères. La première était remplie de très vieux livres alors que l'autre coulait sous divers artefacts aux formes singulières.

« Qu'est-ce que c'est, Maître ? » Demanda Lucius.

Même sans Vision Magique, il pouvait sentir la puissance exsuder des objets. Une puissance très sombre.

« Rien qui te concerne pour le moment, Lucius » répondit Voldemort.

« Oui, Maître. Excusez-moi » dit aussitôt l'autre homme.

« Sors les coffres que je t'ai demandé d'apporter et remplis-en un avec les livres ! » Ordonna le Mage Noir. « Moi je m'occupe des artefacts. »

« Si vous le désirez, Maître, je peux également m'occuper de cela. »

« Personne ne touche à ces artefacts à part moi » siffla Voldemort avec colère.

« Comme vous le désirez, Maître. Je suis désolé de mon audace. »

Voldemort ne répondit pas. Il se dirigea alors vers les objets précieux et commença à les nettoyer précautionneusement de la poussière et des toiles d'araignées qui s'étaient accumulées. Il les prit ensuite un à un, leur jeta plusieurs sorts de protection avant de les placer délicatement dans le coffre à côté de lui. Il était tellement absorbé qu'il ne faisait absolument plus attention à son serviteur. C'est pour cela qu'il ne vit pas celui-ci lorsque, avisant le titre de l'un des ouvrages de son maître, se dépêcha de le glisser dans les plis sombres de sa robe de Mangemort. Non, il était tout entier pris par sa tâche, imaginant toutes les utilisations atroces qu'il pourrait faire avec ces artefacts qu'il avait rassemblés durant ses voyages autour du monde.

Une fois que les deux étagères furent vides, il ne restait plus rien ici qui puisse intéresser Voldemort. C'est pour ça qu'il décida de mettre le feu à l'endroit. C'était autant pour détruire les preuves de son passage que le dernier vestige de l'existence de son père.

Debout dans le parc, il regarda pendant longtemps les flammes consumer la demeure qui aurait dû être la sienne. Normalement, les pompiers auraient déjà dû être présents, mais personne à part lui ne verrait l'incendie. Derrière lui, Lucius se tenait immobile et silencieux. Les deux coffres flottaient à ses côtés. À cause de leur contenu chargé en magie, il était dangereux de les rétrécir à nouveau.

« Tu m'as bien servi ce soir, Lucius » dit finalement Voldemort.

« Je suis heureux de pouvoir me racheter à vos yeux Maîtres » répondit Lucius en posant un genou à terre.

« C'est vrai. Depuis mon retour, tu n'as eu de cesse que de me prouver ta fidélité et ton engagement malgré ta défection et ta lâcheté. Et pour cela, je te pardonne. »

« Je vous remercie, Mon Seigneur. »

« Cependant… »

Voldemort tourna l'endos au brasier et toisa son serviteur.

« Cependant, tu as perdu un objet qui m'était précieux. Un objet que je t'avais confié pour une bonne raison. »

« Maître ? »

« Le journal, Lucius. Le journal. »

Lucius blêmit.

« Tu aurais dû savoir que ce n'était pas un journal comme les autres puisque c'était moi qui te l'avais confié. Et pourtant, tu l'as perdu. Pire encore, il a été détruit. »

« Je… je ferais tout pour me faire pardonner pour cela également, Maître. Je vous le promets. »

« J'en suis sûr, mon cher Lucius, j'en suis sûr. Cependant, un tel crime ne saurait pas rester impuni. »

Voldemort sortit sa baguette et la pointa sur son serviteur.

« Endoloris ! »

0o0o0

Simeon frappa à la porte des bureaux du Skeeter et entra sans attendre de réponse. Rita, penchée sur un parchemin qu'elle noircissait, releva la tête.

« Très chère Régent Pendragon-Emrys » dit-elle d'une voix mielleuse. « Quelle surprise ! »

« Miss Skeeter » salua sèchement l'avocat.

Il n'aimait pas vraiment la journaliste. Il n'aimait pas ses méthodes et encore moins son éthique douteuse. Cependant, Hariel lui faisait relativement confiance donc il la tolérait. Mais la femme, parfaitement au courant de son inimitié pour elle, ne gâchait pas une occasion de se moquer de lui.

« J'aurais besoin des numéros des annales de rapport officiel des débats du Mangenmagot. Je crois que vous m'en aviez emprunté quelques-uns pour un article. »

Ces annales étaient l'équivalent magique des Hansards. C'était un résumé des réponses des différents membres à chaque sujet discuté en session normale au Magenmagot. Ils étaient disponibles dans les Archives du Ministère, mais pouvaient également être achetés par des particuliers. Bien entendu, ils étaient censés être exhaustifs. Cependant avec ce gouvernement, les passages sous silence étaient nombreux.

« Oh, bien sûr » roucoula Rita. « C'était pour un article sur certains projets de mois absurdes de ces dix dernières années dont personne n'a saisi l'importance exacte. Il a fait un tabac. »

En effet, et Fudge ne s'en était toujours pas remis. De nombreuses réclamations et plaintes avaient eu lieu. Toutes par Hurleurs. À croire que les Sorciers étaient trop après deux pour se déplacer même quand il s'agissait de protester contre leurs droits bafoués.

« Vous l'avez lu ? Oh ! Suis-je bête, vous avez probablement participé à ces lois. »

« Je ne suis au Magenmagot que depuis cinq ans. »

« Ce qui fait la moitié d'une décennie, non ? Excusez-moi, je vais chercher vos livres. »

Et la femme se leva sans laisser à Simeon le temps de répondre. Celui-ci souffla d'énervement et se résigna à attendre. Alors qu'il regardait autour de lui, il jeta un coup d'œil sur l'article qu'elle écrivait. En voyant le titre, ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Il prit prestement le papier et commença à le lire.

« Tragique non ? »

Il sursauta. Rita était revenue avec les livres.

« C'est mon article pour le l'édition de demain. »

« Oui… tragique » dit Simeon. « Je pourrais en avoir une copie ? J'aimerais qu'Hariel le lise. »

Rita plissa les yeux.

« Je croyais que tant que mes articles étaient documentés avec des sources fiables et qu'ils ne parlaient pas du Prince j'avais carte blanche » dit-elle d'un ton aigre.

« Ce n'est pas pour une relecture » précisa Simeon. « Je doute qu'il ait envie de le retoucher. C'est juste que je préfère qu'il le lise avant sa parution. Je pense qu'il apprécierait que personne ne le voie après avoir pris connaissance de ça… »

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Hermione apparut dans le Repaire et se dirigea directement vers Hariel.

« J'ai reçu un SMS de Simeon. Les documents qu'il devait m'envoyer sont arrivés ? Ça va vraiment m'aider à établir une stratégie pour contrer Ombrage. Je pense que j'ai vraiment besoin de… »

Sa phrase mourut dans sa gorge quand elle vit son ami. Les yeux hagards, il était affalé sur le canapé. Dans sa main, il tenait un morceau de parchemin froissé.

« Hariel ? » L'appela-t-elle, inquiète. « Ça va ? »

Elle s'approcha et toucha son épaule. Hariel tourna alors son attention vers elle.

« Quoi ? » Coassa-t-il.

« Est-ce que ça va ? »

« Je… je ne sais pas » balbutia Hariel. « Simeon m'a envoyé un papier à lire et… »

Il ne termina pas sa phrase. À la place, il lui tendit le parchemin. Hermione le prit et le défroissa. Elle reconnut tout de suite l'écriture de Rita Skeeter. Cela devait être un projet d'article. La simple lecture du titre la fit écarquiller les yeux. Le reste la fit blêmir.

« Un Enfant Sorciers meurt sous les coups de ses parents Sapiants

Hier, dans la petite ville Clovelly, dans le Devon, la famille Wilson tout entière a été arrêtée pour le meurtre du plus jeune fils du couple, David, âgé de 9 ans. L'enquête des forces de Police sapiante a révélé que l'enfant était victime d'abus physiques et psychologiques depuis des années, abus qui ont atteint leur paroxysme ce jour-là quand a fouetté le jeune David à mort sous les yeux complices de son épouse et de leurs deux enfants plus âgés.

Cependant, ce que l'enquête ne dit pas, c'est que le jeune David était un Sorcier. N'ayant pas reçu la lettre de Poudlard qui survenait à la date du 11e anniversaire, personne n'était au courant, pas même lui. Toutefois, il avait déjà eu, à plusieurs reprises, des incidents de magie accidentelle. Très pieuse, la famille avait cru à une possession démoniaque et avait tenté de "guérir" l'enfant. Outre les châtiments corporels violents, celui-ci était également soumis à des restrictions alimentaires. Retiré de l'école, il devait effectuer les corvées de la maison sous prétexte de purifier son âme par le travail. Il avait même été obligé de déménager de sa chambre et dormait dans un placard sous l'escalier… »

À suivre…

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Et voilà une fin de chapitre un peu dur et assez abrupt. J'espère néanmoins que ce chapitre vous a plu.

Pour les exercices de Cédric, je me suis inspiré d'un anime que j'aime particulièrement : Maoh Shojo Lyrical Nanoha. Si vous ne connaissez pas, ça mélange magie et technologie. La première saison n'est pas ma préférée, mais ça va mieux par la suite en particulier la 3e, qui est plus longue, dans celle-ci, une jeune fille, Teana, utilise des pistolets magiques. Par contre, pour la technique du rebond, je me suis inspiré d'un autre animé, No Game No Life. Si vous l'avez vu, alors sachez que Cédric devrait atteindre le même niveau que Shiro avec des armes. Juste pour que vous sachiez 😉.

J'ai un peu l'impression de me répéter quand même… Cédric, Dean, Draco… ils ont tous l'impression d'être nuls et de devoir faire des efforts pour être utiles à Hariel. J'espère que vous ne trouvez pas ça saoulant…

Au sujet du père de Viktor, le mot qu'il dit, Dyavol, c'est "Démons" en bulgare. C'est juste que je venais d'utiliser Démon juste avant et que je voulais pas faire de répétition.

Le passage sur Voldemort, c'était surtout parce qu'il manquait des pages. Je devais l'écrire à un moment où à un autre et voilà, c'est fait.