Check Mate DxD
Chapitre 117 : Sur tous les fronts/Subete no Saizensen de
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Le corps d'Hariel était lourd. Il était fatigué. La bataille avait été intense. Il avait même dû déverrouiller 2 de ses sceaux alors qu'ils se trouvaient seulement en arrière-garde. Et il n'était pas le seul dans ce cas. Draco, Proteus, Sirius, Remus et puis Viktor, Fleur et Cédric, ainsi qu'Hermione et Dean, tous avaient énormément donné. Ils étaient tous épuisés physiquement et mentalement.
Fort heureusement, aucun d'eux n'était vraiment blessé. Quelques égratignures, des griffures et morsures superficielles, mais c'était tout. Les équipements qu'ils avaient les avaient bien protégés. Cependant, une nouvelle fois, ils avaient été confinés sur les dernières lignes si bien qu'ils n'avaient fait que combattre quelques Dragons Artificiels dispersés durant la bataille.
Cinq jours. Cela faisait cinq jours que Trihexa avait lancé l'assaut pour la première fois. Aujourd'hui, on était le 25 décembre, mais personne ici ne pouvait penser à Noël. Le bilan était déjà bien trop lourd.
Il était d'abord apparu dans le Makai, mais pas du côté Démon. En effet, il s'était attaqué directement aux Anges Déchus et plus particulièrement à l'Institut Grigori, détruisant nombre de leurs bâtiments. Les morts avaient été nombreux. Des collaborateurs d'Azazel avaient été grièvement blessés et d'autres, parmi les plus âgés, avaient succombé. Les raisons de ce premier assaut étaient inconnues. Surtout que la Bête s'était ensuite repliée sans même se préoccuper du Domaine Démoniaque.
Deux jours plus tard, le 23, cela avait été au tour des Cieux de subir une offensive. Les dégâts étaient plus grands encore. Le 7e Ciel, le plus important, celui où se trouvait le Système Divin, avait heureusement pu être préservés. Quant au reste, tout n'était que ruines. Comment en aura-t-il pu être autrement ? Les rafales de feu lancées par Trihexa étaient si puissantes qu'elles pouvaient pénétrer les défenses du Paradis du 1er au 3e Ciel d'un seul coup. Des Anges plus anciens que le temps lui-même avaient été balayés et deux des Quatre Grands Séraphins étaient blessés. Raphaël avait perdu une jambe et Uriel, un bras et un œil. Sans doute à cause de la particularité des flammes de Trihexa, il n'était pas certain qu'ils puissent être guéris. Michael s'en était sorti. Mais malgré sa puissance, il avait été totalement écrasé par celle de son adversaire.
Et puis finalement, le jour même, c'était Asgard qui avait été la cible du monstre. Hariel, qui venait juste de revenir chez lui, avait insisté pour intervenir. Son oncle Sirzechs, cependant, lui avait interdit la première ligne au contraire de sa Tante Rias. Hariel avait fini par accepter de mauvaise grâce et malgré son épuisement, il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir inutile.
Toutefois, de là où il se trouvait il avait enfin pu voir à quoi ressemblait finalement Trihexa, la Bête.
Celle-ci marchait sur ses deux pattes arrière, mais pas comme un humain. Ses membres antérieurs (au nombre de quatre) long et épais et sa posture légèrement voûtée lui donnaient plutôt un aspect simiesque. Ses jambes, elles, étaient encore plus larges que ses bras et martelaient le sol à la manière d'un éléphant. Son corps était à la fois recouvert d'un pelage noir et d'écailles d'apparence métallique alors que des protubérances rouge sang, semblable à des cornes, émergeaient un peu partout sur lui.
Dans son dos, il avait sept queues, toutes épaisses, puissantes et préhensiles, mais toutes différentes les unes des autres. Certaines avaient l'air de queues de serpent et d'autres à d'appendices félins. Certains avaient même des formes difficiles à assimiler à un individu du règne animal. Il en était de même pour ses têtes. Sept en tout. Posées sur de longs cous écailleux, l'une d'elles était celle d'un simple reptile, une autre ressemblait plus à un dragon, les autres étaient des têtes de chiens, d'ours, de sanglier, de léopard et enfin, de lion. Certaines portaint des cornes sur leur tête, 1, 2, voire même 3. Au total, il y en avait 10. Tel qu'elle était décrite dans la Bible.
Il lui arrivait de se battre sur le sol, mais le plus souvent, c'était depuis les airs qu'elle déchaînait son pouvoir. Il avait beau ne pas avoir d'ailes, cela ne l'empêchait pas de survoler le champ de bataille telle une forteresse sinistre. Chacune de ses têtes pouvait cracher son feu dévastateur et son corps résistait à toutes les attaques lancées contre lui. À lui seul, le monstre était donc un adversaire plus que redoutable. Mais malheureusement, il n'était pas seul.
Ses libérateurs, les Dragons Maléfiques Azi Dahāka et Apophis l'accompagnaient partout dans ses ravages. Chacun d'eux était plus puissant encore que ne l'avait été Rizevim. Tous deux sous forme humaine, ils étaient installés chacun sur l'une des têtes de Trihexa. Alors que celui-ci se contentait simplement de détruire tout ce qui se trouvait autour de lui, les deux s'étaient partagé les cibles.
Le premier, qui se trouvait être un très puissant magicien, était entouré de pas moins d'une centaine de cercles magiques d'origines différentes. Ceux-ci déversaient des torrents de flammes, de foudre, de glace ou d'eau sur les âmes des guerriers du Valhalla. Alors que ceux-ci, mort sur les champs de bataille de l'histoire et recueillie par les Walkyries, ne devaient reprendre le combat que lors du Ragnarok, ils avaient été amenés au front contre cet ennemi qui ne promettait rien de moins que la fin du monde.
Les Walkyries, elles, tentaient de s'approcher d'Apophis, le Dragon de l'Éclipse. Elles utilisaient toutes leur pouvoir pour contrer celui de leur adversaire. Mais Apophis était trop puissant pour elle et déjà l'atmosphère s'était assombri. Elles savaient que s'il réussissait à faire disparaître le soleil, alors le monde autour d'eux serait englouti par les flots des Eaux Primordiales. Celles-ci étaient si puissantes que même des êtres divins pourraient se retrouver blessés. Cependant, malgré leurs efforts, Apophis considérait à peine ce combat comme un défi.
Et puis il y avait les troupiers. D'innombrables Dragons Artificiels avaient assombri le ciel, provoquant des dégâts considérables autour d'eux. Mais malheureusement, ils n'étaient pas seuls. Les nombreux affrontements d'Issei et de la Chaos Brigade et Qlippoth leur avaient permis de l'analyser et de récupérer des échantillons de son corps. Grâce à cela, ils en avaient extrait le pouvoir du Dragon Empereur Écarlate et en avaient doté certains de leurs Dragons Artificiels. Ceux-ci étaient plus puissants, plus endurants et donc plus difficiles à battre. Mais ce n'était pas le pire.
Les Deux Dragons Maléfiques avaient réussi à obtenir le Graal volé par Rizevim. Tout comme lui, ils s'en servaient pour produire en masse ces Dragons Artificiels. Cependant, leur nombre n'avait rien à voir avec ce qu'était capable de créer le fils du Général Lucifer. C'est pour cela qu'ils craignaient que les Dragon-Empereurs Écarlate Artificiels avaient la capacité d'utiliser les Compétences de Boost et de Transfert de l'original, renforçant le pouvoir du Graal.
Fort heureusement, les Nordiques pouvaient compter sur leurs alliés. Les Démons bien sûr ainsi que les survivants des Anges et des Anges Déchus. Plusieurs autres mythologies s'étaient aussi jointes au combat. Les Grecs, alliés de la première heure, mais également les Hindous. Le Dieu Singe Hanuman ainsi que le Dieu à tête d'éléphant Ganesha avaient amené nombre de guerriers, mais ils étaient moins d'être les seuls. Les ennemis naturels des divinités du Mont Méru, qu'on appelait également Deva, étaient présents. Tout comme les Anges et les Démons avaient fait la paix, les Devas et leurs homologues sombres, les Asuras avaient enterré des millénaires de conflits pour faire face à la menace, mais aussi pour s'assurer un meilleur avenir. Ainsi, le Roi Varuna avait conduit ses troupes aux côtés de celles de Ganesha et d'Hanuman.
Finalement, grâce à cela, l'ennemi s'était retiré. Cependant, on pouvait à peine parler de victoire. Les dégâts étaient importants et à aucun moment il n'avait semblé que leurs adversaires n'avaient plié. Ils étaient juste… partis. Comme s'ils se moquaient d'eux. La plupart des troupes alliées s'étaient donc retirées également pour panser leurs blessures. D'autres étaient restés pour achever les derniers fuyards. Hariel et sa suite avaient été du lot.
Pendant toute la durée de l'assaut, le jeune Démon avait pu constater à quel point ses serviteurs avaient évolué. Les progrès de Cédric avec ses pistolets étaient stupéfiants. La vitesse des Cavaliers lui donnait des réflexes fulgurants et une acuité visuelle décuplée. Il ne manquait jamais sa cible. Du moins pour ce qu'Harddyn avait pu voir. Sur le sol comme dans les airs, il semblait ne pas pouvoir être touché. Cependant, c'était quand il protégeait son équipe qu'il paraissait pouvoir fournir le meilleur de lui-même. Agissant comme un tireur d'élite, il surveillait le terrain pour détruire les adversaires que ses camarades, même Hariel, ne percevaient pas.
Hariel avait discuté de son entraînement avec Millicas. Son cousin lui avait résumé ce qu'il lui avait enseigné, mais il avait également été très clair : ils étaient encore loin d'avoir exploité son potentiel au maximum et, dans l'avenir, il était certain que Cédric lui réserverait des surprises. Hariel avait hâte.
Fleur avait aussi beaucoup appris ces quatre derniers mois. Elle avait bien plus appris sur elle-même et sur ses pouvoirs qu'il ne l'aurait pensé quand il lui a ait permis de se rendre en France. Mais c'était normal après tout. Qui de mieux que ses semblables pour lui enseigner à contrôler ses dons ? Grâce à cela, elle savait qu'elle ne se laisserait plus déborder par eux et qu'elle ne provoquerait plus d'émeute. Cependant, le Charme Veela était totalement inutile contre les Dragons Artificiels. Mais heureusement, c'était loin d'être sa seule arme. Son Chant Veela et surtout son Cri de Banshee faisaient des ravages chez les ennemis, car ils permettaient une action sur une vaste zone d'effet en face d'elle. Associée au feu d'Incinerate Anthem, elle avait su garder leurs adversaires à distance.
Cependant, contrairement à ses camarades, elle n'avait pas vraiment appris à se battre. Elle était donc pleine d'ouvertures et il était facile pour les envahisseurs de tenter de l'attaquer au niveau de ses angles morts. Fort heureusement, Cédric n'était le seul à veiller sur les membre du groupe. Malgré ses recherches, Viktor n'avait pas cessé de s'entraîner à la fois pour fortifier son corps et pour utiliser ses nouveaux pouvoirs. Sa résistance hors du commun faisait de lui un allié de poids, tout comme sa force monstrueuse. Elles étaient toutes deux si importantes qu'il pouvait rester indemne après de nombreuses morsures ou griffures de Dragons Artificiels et il pouvait riposter en les tuant à main nu. Sous sa poigne, les crânes des reptiles manufacturés étaient aussi fragiles que de l'argile et il parvenait à déchirer leur corps comme si c'était du papier. Cependant, s'il pouvait à nouveau utiliser les boucliers qu'il avait fait apparaître l'été précédent, il ne le montra pas.
Du côté de Sirius et Remus, Hariel sentait qu'il y avait quelque chose d'étrange entre eux. Un malaise qu'il avait perçu dès les premières minutes de la bataille. Il semblait que ses parrains étaient moins proches qu'ils ne l'étaient auparavant pour une raison qu'il ignorait. Cependant, il avait dû constater qu'ils demeuraient tout de même de féroces combattants.
Ayant embrassé sa nature lupine, Remus ne craignait plus de faire ressortir cette part de lui. Pendant ces quatre mois, il avait communié avec son loup au point de comprendre que c'était futile. Le loup n'était pas une entité différente de lui. Il était le loup. Communiquer avec lui n'avait plus donc aucun sens. Cette simple réalisation lui avait permis de faire la paix avec lui-même, faisant des diverses formes qu'il pouvait adopter des extensions de lui-même. En effet, contrairement à ce qu'il était auparavant, il en possédait plusieurs qu'il pouvait prendre selon la situation. Outre son apparence totalement humaine, il en avait également une totalement lupine, une sorte d'animagus. Il pouvait aussi passer par le stade intermédiaire qu'il avait adopté avant de s'accepter complètement et où seuls ses griffes, ses oreilles, sa queue et ses yeux étaient métamorphosés.
Il avait également appris à se transformer à volonté en la forme purement "loup-garou" de son pouvoir. Bipède, mais avec des membres antérieurs digitigrades, un torse humanoïde, mais avec des mains pourvues de griffes, une tête de loup et un pelage couleur sable sur l'intégralité de son corps. Avec de l'entraînement (et de la chance), il avait enfin réussi à atteindre une quatrième et dernière forme, celle qu'il appelait "loup géant". Son apparence était identique à celle de son animagus, mais d'une taille bien plus importante et une allure plus massive. Debout, sa tête culminait à plus de deux mètres, c'est-à-dire au même niveau que sa forme loup-garou.
Il avait par la suite remarqué que cette dernière apparence était plus résistante, mais bien moins forte. Ainsi, chacune de ses deux formes les plus corpulentes possédait l'un de ses attributs de Tour. Le tout à présent sera de savoir s'il parviendra à alterner de l'une à l'autre suffisamment rapidement pour parer à toute éventualité.
Sirius, de son côté, n'avait pas vraiment de technique nouvelle, ou développé de pouvoirs. Comme il s'agissait vraiment d'une condition extrême, il n'avait pas réussi à reproduire la transe Berserk qu'il avait manifestée durant l'été. Il espérait pourtant arriver à contrôler ce pouvoir afin d'augmenter ses capacités. L'obstacle majeur demeurait la perte de conscience provoquée par cet état. Cependant, il avait prévu de s'entraîner à cela aussi. Mais cela avait été un total échec.
Toutefois, il était loin d'être resté inactif. Sûr de vouloir continuer à manier la gigantesque lame qu'Hariel lui avait laissée, il s'était durement entraîné pour accroitre sa force. En tant que Cavalier, cette capacité n'était pas naturellement augmentée, il devait donc fournir des efforts considérables pour y parvenir. Or, Sirius n'avait jamais été quelque-un à faire de véritables efforts pour quoi que ce soit. Assez intelligent, raisonnablement doué en magie et assez bel homme, il n'avait jamais été dans l'obligation de s'investir pour quoi que ce soit et n'avait jamais rien trouvé qui en valait la peine. Peut-être à part son amitié avec les Maraudeurs. Pourtant, il semblait s'être jeté à corps perdu dans son entraînement. En particulier ces deux derniers mois pour une raison étrange.
Hariel ignorait la raison de ce nouvel engagement de son parrain toutefois il ne pouvait s'empêcher de remarquer que cela coïncidait avec le froid qui existait dans leur relation. Il se souvenait de la discussion qu'il avait eue avec Remus à Halloween et il craignait que cette tension soit de sa faute. Il préférait donc ne plus intervenir. Cependant, si cette situation devait perdurer alors il n'aurait pas le choix. Non seulement cela le peinait que les deux hommes s'évitent, mais il était certain qu'en unissant leurs efforts ils pouvaient devenir une bonne équipe. Chacun possédait des facultés opposées à la nature de leurs Pièces Démoniaques. Étant un Loup-Garou, Remus était plus rapide que la normale quant à Sirius, son entraînement intensif lui donnerait bientôt une force considérable. Ils seraient alors parfaitement en mesure de se suivre l'un l'autre sur le champ de bataille.
Mais ce n'était pas d'actualité pour le moment. L'instant n'était plus à la discussion, mais au combat et tous s'étaient bien battus. Hariel se sentait extrêmement fier d'eux. Il comprenait à présent la satisfaction que sa Tante pouvait éprouver à partager les joies, les peines et la souffrance de son équipe. Un sentiment d'accomplissement, une sensation qui rendait la fatigue un peu plus agréable.
Cependant, il n'avait pas le temps de se reposer. La bataille était finie, mais il savait que ce n'était pas encore le moment de se relâcher. Tout comme sa Tante et ses propres Serviteurs, il y avait encore un endroit où il devait se rendre : l'hôpital central de Kamala où Issei était dans le coma depuis près d'une semaine.
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Hariel était fâché de ne pas avoir été prévenu plus tôt. Et il aurait été fâché contre sa Tante pour n'avoir rien vu si elle ne semblait pas s'en vouloir autant. En fait, Hariel s'en voulait aussi. Il aurait dû le prévoir. Tout le monde aurait dû le prévoir.
La forme Diabolos d'Issei était bien trop puissante pour lui. Après tout, c'était dans le nom. Diabolos Dragon God. En quelques instants, Issei avait subi une déification. Il avait reçu des pouvoirs équivalents à ceux d'un Dieu. Mais ce que tous auraient dû prévoir c'est qu'il y aurait des conséquences. Un être vivant, même s'il était un Démon réincarné à partir d'un Dragon Humanoïde, même si c'était la chaire de deux des plus puissantes entités de ce monde qui l'avaient fait renaître, il était toujours un être de chair et de sang. Un tel être ne pouvait pas contenir le pouvoir d'un Dieu.
Mais comme il semblait aller bien, personne n'avait rien vu. Personne n'avait rien dit.
Il faut dire qu'il avait été très doué pour cacher son état apparemment. Il avait continué à s'entraîner jour après jour en prévision du retour de Trihexa sans que rien ne change dans son attitude et puis un jour… il s'était effondré.
C'était à peine une semaine avant le début des assauts. Il avait immédiatement été envoyé à l'hôpital dans un état grave. Ses organes lâchaient les uns après les autres de manière trop rapide pour faire quoi que ce soit. Son cerveau fonctionnait encore ainsi que son cœur, mais à peine. Les médecins qui s'occupaient de lui commençaient à désespérer de pouvoir le garder en vie quand ils avaient reçu un message d'Azazel. Plus qu'un simple message, il s'agissait en fait d'instructions pour le sauver. Selon lui, son état se stabiliserait si son corps était intégralement plongé dans… du lait maternel.
Pour saugrenue que soit cette consigne, personne n'avait vraiment eu les moyens d'y réfléchir. Le temps était compté. On avait alors commencé à récolter le précieux liquide chez toutes les femmes capables d'en produire. Cependant, même en tirant le lait de toutes les femmes des services d'obstétrique et de gynécologie de l'hôpital, cela n'avait pas été suffisant. Ils avaient donc réquisitionné celui de tous les autres établissements de la capitale et de ceux des villes adjacentes jusqu'à réussir à obtenir le volume nécessaire.
Issei avait alors pu être immergé dans une cuve entièrement remplie de lait maternel auquel on avait ajouté pas moins de 5 larmes de Phoenix. Et puis tous avaient attendu. Attendus jusqu'à ce que son état se stabilise. Attendu en se demandant comment du lait pouvait guérir leur ami. Mais en même temps, on parlait d'Issei. Si ça venait de seins de femmes alors, c'était forcément bon pour lui.
Et c'est pour cela qu'à peine quelques minutes après avoir été plongé dans son bain que ses constantes se mirent à augmenter. Électrocardiogramme, électroencéphalogramme, etc. Tout revenait à la normale sans que quiconque ne puisse vraiment comprendre ce miracle.
Sauf que malgré cela, Issei ne se réveillait toujours pas. Il avait été sorti de sa cuve, séché, rhabillé et installé dans un lit, mais il ne se réveillait toujours pas.
Jusqu'à maintenant.
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« Est-ce que c'est vrai ? » Demanda Rias au médecin sans trop oser y croire.
Sans attendre sa réponse, elle se précipita en direction de la chambre d'Issei. Hariel ainsi que le reste de sa Suite lui emboitèrent le pas aussitôt. Quand ils ouvrirent enfin la porte, leur ami était assis sur son lit, ses parents, qui avaient été contactés dès le malaise de leur fils, à ses côtés, pleurant de soulagement.
« Salut tout le monde » dit simplement Issei en tournant la tête vers eux.
Il souriait. Mais tous les autres étaient en larmes. Hariel aussi sentirait ses yeux le piquer. La tension qu'il avait accumulée depuis son retour dans la Makai semblait s'être évanouie d'un seul coup.
« C'est… c'est bien que tu sois réveillé » dit Akeno entre deux sanglots. « Je ne sais pas ce que je ferais si tu venais à… »
Issei s'inclina avec respect.
« Je suis désolé de vous avoir causé tous ces problèmes » dit-il.
« Tu peux l'être ! » S'écria alors Rias avec colère. « Comment as-tu pu nous cacher ton état comme ça ? Tu ne te rends pas compte de ce que j'ai ressenti en te voyant tomber ? Depuis que tu es dans le coma, je n'ai pas cessé d'essayer de me rappeler ce que j'ai manqué ces derniers mois ! »
Elle s'effondra alors sur un tabouret proche du lit, sa colère transformée en crise de larmes.
« Tu n'avais pas besoin de nous le cacher » dit-elle en lui prenant la main. « Tu avais le droit d'être blessé. Tu t'es suffisamment battu. Tu as protégé Père et Mère et même blessé mortellement Rizevim. Il n'y avait rien de mal à reprendre des forces après ça. »
« Gomen… » dit simplement Issei.
Il sourit à Rias puis à tous les autres dans la pièce. C'est alors qu'Hariel remarqua quelque chose d'étrange. Quand il regardait les filles, ses yeux glissaient pendant quelques instants sur leurs poitrines. Ça, ce n'était pas anormal quand il s'agissait d'Issei. Cependant ce qui ne l'était pas, c'était le regard de pure confusion qui déformait les traits du garçon.
« Qu'est-ce qui ne va pas, Issei ? » Demanda-t-il.
« Je… je ne suis pas sûr… Comment dire ça… c'est à propos de vos… de vos s... s… »
Il semblait vouloir dire quelque chose, mais on aurait dit que c'était coincé dans sa gorge.
« C'est bizarre » dit-il alors.
Son expression était passée de la confusion à la panique.
« Je… je n'arrive pas à le dire ! Je le vois clairement dans ma tête, je sais de quoi il a l'air, mais quand j'essaye de parler des n... n… »
« Nichons ? » Demanda alors subitement Hariel. « C'est ça ? Tu n'arrives pas à dire le mot "nichon" ? Et tout à l'heure, tu essayais de parler des "seins" ? »
Issei hocha la tête, paniqué.
« Pas seulement » s'écria Issei. « Je… je n'arrive plus à les voir ! C'est comme s'ils étaient tout… tout flous ! »
« Quoi ! »
Le cri unanime de toutes les personnes présentes résonna dans la chambre. La situation pouvait sembler totalement absurde, mais c'était très grave. La vie entière d'Issei tournait autour des poitrines des femmes. Elles étaient son inspiration et ce pour quoi il se battait, ce qui lui avait permis de survivre et de devenir plus fort. Sans cela, serait-il encore le Dragon des Nichons ?
« Je n'ai jamais entendu parler de cette maladie ! » S'exclama Gouro Hyoudou. « En plus quand tu t'es réveillé, tu n'as rien remarqué, n'est-ce pas ? Tu pouvais bien voir les seins de Maman, non ? »
« Oui, je peux les voir » dit Issei en baissant les yeux vers la poitrine de sa mère. « Mais maintenant que je me rappelle, ceux de l'infirmière étaient flous aussi. Mais je pensais que j'étais juste pas encore très bien réveillé. »
Il refait un tour d'horizon dans la pièce.
« Les seuls que je vois sont ceux de Koneko » dit-il.
La jeune fille baissa alors les yeux vers son torse plat.
« C'est parce qu'ils sont tout petits, c'est ça ? » Demanda-t-elle, mortifiée.
« Probablement » dit Hariel. « Apparemment, la taille compte. Mais pour ce qui est de ceux de ta mère, c'est plutôt logique. Tu vois les seins des femmes comme des objets sexuels. Il est normal que les seuls au monde que tu ne vois pas comme ça soient ceux de ta maman. »
« Évidemment ! » S'exclama Issei en frissonnant.
Puis soudain, il posa une main sur son front.
« Merde ! Rien que de penser à tout ça, j'ai mal à la tête. Comme si j'avais un marteau piqueur à l'intérieur. »
« Ça, c'est plus préoccupant » remarqua Hariel en fronçant les sourcils.
« Peut-être qu'avec ça, ça va marcher » dit Gasper en sortant un magazine de son sac. « Tiens, Issei-Senpai, le dernier numéro de ta revue préféré, Les Gros Nénés vont en Enfer. »
Issei prit le magazine érotique et le feuilleta, mais au bout de seulement quelque pages, il le laissa tomber en serrant sa poitrine.
« Putain ! Ça fait mal ! » Souffla-t-il. « J'ai l'impression que mon corps se déchire ! Ça fait tellement mal que je n'arrive pas à lire ce magazine ! »
« J'appelle le médecin ! » S'exclama Rias en pressant le bouton d'urgence.
« Je l'ai déjà fait » dit alors une fois familier.
Azazel se tenait dans l'encadrement de la porte. Il s'écarta pour laisser passer un docteur et deux infirmières qui se précipitèrent vers le patient pour l'ausculter.
« Pour Issei, les seins des femmes sont comme une nourriture spirituelle » expliqua le Déchu. « Ce sont eux qui le nourrissent et qui nourrissent son pouvoir. Quand il s'est déifié, il est devenu l'incarnation même du pouvoir des seins des femmes. Mais un tel pouvoir n'est pas sans répercussions et ce qui était ta subsistance est devenu pour toi un poison. Enfin, c'était mon hypothèse jusqu'à ce que ce qui est arrivé avec le magazine la confirme. »
« Mais est-ce que ça pourrait n'être que temporaire ? » Demanda Rias avec espoir.
« Je ne sais pas du tout » répondit Azazel. « Nous avançons en terrain inconnu. Il pourrait demeurer comme ça pour le reste de son existence ou bien être à nouveau normal dès demain. Mais une chose est claire, pourtant. »
Il tourna son regard vers Issei et le fixa droit dans les yeux.
« Tu ne dois plus utiliser le pouvoir de Déification Draconique. Nous avons réussi à te sauver cette fois-là, mais ne pense pas avoir toujours de la chance. Qui sait ce qui pourrait se passer à la prochaine ? Tu pourrais mourir rien qu'en apercevant la silhouette d'une femme. »
Des larmes se mirent à couler sur les joues d'Issei.
« Mourir ? Mourir en regardant une femme ? Non ! Non, ce serait… trop triste. »
« Peut-être que si tu fermes les yeux… » dit Rias.
Elle prit alors les mains de son amant et les posa délicatement sur son décolleté. Mais Issei les retira aussitôt en criant.
« Ça… ça fait mal ! Dès que j'ai touché tes… c'est atroce comme ça fait mal ! »
« S'il vous plaît, ne stimulez pas trop le patient ! » S'exclama le médecin alors que Rias plaquait ses mains sur sa bouche d'effroi.
Le silence tomba dans la pièce. C'est alors que tous se rendirent compte que la télévision était allumée. Le son était bas, mais la chanson qui passait était très reconnaissable. C'était le générique des Aventures du Dragon des Nichons, le dessin animé dont le héros était inspiré d'Issei. La mélodie que le garçon aimait tant parvint à ses oreilles et…
… il se mit à crier de douleur.
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De temps en temps, quand il se trouvait dans le bureau du directeur, il avait l'impression d'être encore à l'école. Lui debout et le vieil homme assis dans son large fauteuil en face de lui. Comme à cette époque, il attendait qu'il lui parle. Sauf qu'à présent il était hors de question de naviguer d'un pied sur l'autre. Il avait sa fierté.
Cependant, il aurait sans doute voulu le faire. Le directeur semblait souhaiter prendre son temps alors que du temps, ils n'en avaient pas assez. Il en avait déjà trop perdu en tentant de quitter discrètement le Manoir Malefoy sans se faire remarquer et il devrait y retourner pour éviter les soupçons.
C'était risqué, mais il n'avait pas le choix. Le Seigneur des Ténèbres prévoyait une attaque. La première depuis son retour. Cependant, son plan pour cet assaut était des plus retors. Deux raids d'une dizaine de membres chacun, choisis parmi les Mangemorts de moins haut rang. La raison en était que les cibles se trouvaient en fait dans le Monde Moldus. Il n'était donc pas nécessaire, selon eux et leur idéologie, de déployer des forces plus conséquentes.
De plus, il était important pour eux de rester discret et de faire ressembler le plus possible ces deux exécutions à des accidents. Voldemort tenait plus que tout à ne pas alerter les Sorciers. Non seulement cela lui permettait de préparer sa future conquête en paix, mais également de jeter le discrédit sur ses ennemis Harry Potter et Albums Dumbledore. Tant qu'il n'existait pas de preuve de son retour, alors l'opinion publique était contre eux.
C'était d'ailleurs pour cette raison que malgré tout cela il avait décidé de profiter des vacances de Noël pour lancer un raid. En effet, c'était le seul moment où les cibles ne seraient pas à l'abri des murs de Poudlard puisque celles-ci n'étaient rien de moins qu'Hermione Granger et Dean Thomas.
Voldemort désirait ôter à son plus jeune adversaire ses alliés les plus proches afin de le déstabiliser. Évidemment, jamais Potter ne croirait que ses deux amis soient morts dans un accident le même soir et il serait parfaitement d'où viendrait le coup. Il accuserait donc son ennemi que tous considéraient disparus depuis longtemps et bien entendu, personne ne l'écouterait. Tout le monde penserait, comme le dit la Gazette, que c'est un fou ou qu'il cherche à attirer l'attention en effrayant la population.
Et dans le cas hypothétique où il arrive à convaincre quelqu'un, prouver qu'il s'agissait bien d'un meurtre serait impossible. Tout d'abord parce qu'à aucun moment les détecteurs du Service des Usages Abusifs de la Magie ne remarqueraient son utilisation dans un secteur Moldus, mais également parce que même si des Aurors étaient envoyées là-bas, leurs sorts de pistage seraient incapables de trouver la moindre trace de Magie.
Voldemort avait toujours été assez énervé qu'une lignée aussi utile que les Zabini refuse encore et toujours d'entrer à son service. Leur Maison ne faisait partie ni des plus anciennes, ni des plus purs, ni des plus riches, mais elles avaient l'avantage de posséder des magies familiales puissantes qui auraient pu lui être précieuses. Notamment en ce qui concernait les protections… et les moyens de les défaire.
Lors de sa première montée au pouvoir, le vieux Francesco Zabini était un homme intraitable. Voldemort avait cru pouvoir titiller sa fibre serpentarde en lui offrant la même chose qu'à ses autres adeptes : du pouvoir. Mais le Chef de la Maison Zabini n'était pas né de la dernière pluie. Il n'était pas de ces Sang-Purs avides de puissance que le Mage Noir avait recrutés à la pelle. C'était tout l'inverse puisque son père avait fui l'Italie à cause de gens comme eux pour se réfugier en Angleterre.
Malheureusement, Voldemort n'avait pas bien étudié son partenaire potentiel et celui-ci l'avait peu poliment renvoyé sur les roses. Il avait ensuite tenté les menaces, mais Francesco n'avait pas plié. Il était protégé par les Sorts de sa famille et refusait de se soumettre face au type de personnes qui avaient presque décimé son Clan, là-bas, au pays. Il n'était pas décidé à se battre, mais il avait refusé de se laisser faire.
Malheureusement, cela n'avait pas été le cas de ses descendants. Ou de l'un d'entre eux, du moins. Dès que la nouvelle du retour de Voldemort s'était fait entendre dans certains cercles, Eusebio Zabini, le fils de Francesco, l'avait approché pour lui transmettre certains des secrets les mieux gardés de sa famille. Aîné de ses deux enfants, c'était pourtant sa sœur cadette, Isabella, qui avait reçu l'anneau et le titre d'Héritière. Dévoré par la jalousie, il aurait bien voulu rejoindre les Mangemorts à ce moment-là, mais il craignait bien trop son père pour cela.
Rongeant son frein, il avait donc attendu sa mort en espérant être libéré de lui, mais Voldemort avait rencontré son funeste destin bien avant. Il avait ensuite passé les presque 15 années suivantes à haïr sa sœur et le fils de celle-ci, Blaise, qui avait eu le culot de devenir Héritier alors même qu'il n'était qu'au berceau. Une nouvelle fois flouée, Eusebio n'avait pas hésité à rejoindre les rangs des Mangemorts dès l'annonce du retour du Seigneur des Ténèbres, lui apportant des trésors de Magie et notamment une barrière qui permettait de bloquer les émissions de Mana afin de ne pas être détecté par le Ministère.
Ajouté à cela certains sorts de Magie Noire qui faisaient disparaître toutes traces de son utilisation sur une large zone et ils pourraient créer une scène de crime ayant toutes les apparences d'un accident absolument non-magique. Cela voulait donc dire que même si quelqu'un l'analysait, il ne trouverait rien et Potter serait encore une fois ridiculisé par le monde qui l'adulait tant auparavant. Bien entendu, toute la disgrâce retomberait également sur Dumbledore ce qui lui ferait perdre le peu de crédibilité qui lui restait encore. Avec un peu de chance, ce serait suffisant pour que ses adeptes présents au Magenmagot puissent le faire renvoyer de son poste de Président Sorcier.
« Que prévoyez-vous de faire, Albus ? » Demanda finalement Severus.
L'homme soupira.
« Malheureusement, il n'y a rien que l'on puisse faire » dit-il.
« Je vous demande pardon ? » S'étouffa presque Severus.
« Les Mangemorts feront tout pour rester discrets » reprit Dumbledore. « Cela veut dire qu'ils s'enfuiront dès notre arrivée en désactivant leurs barrières et lancer leur sort pour effacer leur trace. Les seules empreintes magiques détectables seront les nôtres. Cela alertera le Service des Usages Abusifs de la Magie qui lancera une enquête et finalement, nous aurons maille à partir avec les Aurors. Le Ministère serait trop content de pouvoir nous imputer un délit afin de mettre fin à nos activités. Nous avons bien trop à perdre. Je suis au regret de vous dire que nous allons devoir laisser Mlle Granger et M. Thomas livrés à leur propre sort. »
« Mais ce sont des enfants ! » S'exclama Severus.
« Et c'est regrettable, mais vous savez tout comme moi que lors d'une guerre, il y a des sacrifices. Vous êtes bien placé pour le savoir. Notre groupe est trop important pour être exposé de cette façon. Si encore nous connaissions le sort de Voldemort pour effacer les traces de son passage je ne dis pas, mais… »
Severus Rogue était estomaqué par la réponse de l'homme. Après lavoir côtoyé pendant des années, il était conscient de ses manques, de sa trop grande confiance en l'être humain. Cependant, il connaissait également son profond respect de la vie. C'est pour cela qu'il n'aurait jamais envisagé qu'il puisse décider d'abandonner des enfants. Plus encore, ses propres élèves.
Ce qu'il ignorait c'est que Dumbledore voyait en fait cet assaut comme une aubaine. Loin de le desservir, cette situation allait lui donner un prétexte pour s'éloigner d'Hariel. L'enfant, qu'il pensait être le parfait outil à cause de la prophétie, était devenu encombrant. Son esclandre à la fin de l'année précédente l'avait pris de court. S'il avait pu mieux contrôler l'information, il aurait pu se montrer en position de force, mais le gamin avait tout gâché. Il devait donc de plus en plus urgent de se débarrasser de lui et quoi de mieux qu'un coup d'éclat de sa part pour se ranger à l'opinion publique et le déclarer fou. Il pourrait toujours dire qu'il avait été abusé. Ce n'était pas une excuse parfaite, mais ce serait toujours mieux que cette situation.
Le plus important était de larguer le poids mort qu'était devenu Hariel Potter afin de se rapprocher toujours plus du Prince, à ses yeux, la seule personne capable de lui donner le pouvoir qu'il recherchait… jusqu'à ce qu'il décide qu'il en voulait plus.
Tout se présentait admirablement bien. Raison pour laquelle il n'eut aucun scrupule à chasser délicatement Severus en le félicitant de son travail tout en le priant de retourner auprès de Voldemort afin de continuer. Abasourdi, Severus se retrouva à l'extérieur du bureau de son mentor sans savoir quoi faire. Il se doutait qu'il n'y avait rien à attendre de l'Ordre du Phœnix, mais il ne pouvait pas non plus laisser le plan de Voldemort s'accomplir. Ce n'était pas… ce n'était pas juste. Quoi que beaucoup puissent dire à son sujet, Severus avait bel et bien un cœur. Il avait beau ne pas apprécier les gens en général et les enfants en particulier, ils ne voulaient pas non plus qu'ils soient tués.
Mais que pouvait-il bien faire pour empêcher cela ? Rien du tout. S'il tentait d'en sauver un, l'autre mourrait tout de même et sa couverture serait détruite. Et il ne pouvait pas laisser faire cela. Cependant, si Albus ne pouvait pas l'aider alors qui…
Se rappelant soudain quelque chose il fouilla dans sa poche et en sortit un papier sur lequel était calligraphié un cercle magique. Potter le lui avait donné avant de partir en vacance. Il se doutait bien que c'était de la Magie Démoniaque, mais il ne savait pas vraiment comment cela fonctionnait.
« Il vous suffit de faire un souhait » lui avait dit l'insupportable gamin en le lui donnant.
Plus facile à dire qu'à faire selon Severus. Pourtant, l'homme soupira et décida de formuler une demande à voix haute. Celle-ci était assez simple, il demandait à pouvoir contacter Hariel Potter le plus rapidement possible. Aussitôt qu'il eût prononcé ces mots, un cercle rouge semblable à celui sur le papier apparut sous ses pieds et en quelques secondes, dans un flash de lumière, il disparut.
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Hariel se frotta l'arête du nez en finissant de lire le rapport qu'il avait sous les yeux. Il aurait dû savoir que certains profiteraient du chaos ambiant pour servir leurs propres intérêts.
Bedeze Abaddon, le 3e au tableau général du Jeu de Classement, s'était tenu tranquille ces derniers mois. Il s'était trouvé sur la sellette après la révélation du scandale des Pièces Démoniaques de Roi, l'été précédent. L'enquête suivait son cours, mais à cause de l'implication de certaines familles très influentes, celle-ci avait énormément été retardée. Cependant, ce qu'il en était ressortit, c'était notamment celle du Clan Baal et plus particulièrement de son chef, Wilfur Baal, le Grand Oncle d'Hariel.
Décidé à faire porter le chapeau à quelqu'un pour ce qui s'était passé et alléger sa peine, Bedeze avait utilisé son prestige pour soulever la population du Domaine contre son suzerain. Mission réussie puisqu'une insurrection avait eu lieu pas plus tard que l'après-midi même. Les choses auraient pu très mal tourner sans l'intervention de Sairaorg, surtout que son père avait été tout spécialement inutile.
En effet, Wilfur Baal avait toujours été un incompétent aux yeux d'Hariel (et de beaucoup de monde d'ailleurs). Incapable de prendre une décision par lui-même, il consultait toujours ses prédécesseurs au titre de Chef de Clan. Ceux-ci s'étaient retirés dans l'un des palais du Domaine, une sorte de temple du culte du Clan Baal. Wilfur Baal s'y rendait souvent pour demander l'avis de ses ancêtres derrière les lourdes portes closes et en ressortait le plus souvent avec une solution, si ce n'est innovante, au moins à peu près efficace. Le processus était long ce qui faisait que les choses bougeaient doucement dans le territoire Baal.
Wilfur n'avait pris de décision rapidement que trois fois dans sa vie. La dernière en date s'était faite durant l'insurrection quand il avait décidé d'évacuer sa capitale avec ses aïeux. Il avait donc abandonné son domaine, mais également son fils cadet, Magdaran, le demi-frère de Sairaorg et ancien Héritier du Clan. Le jeune Démon, d'un naturel plus doux et calme avait néanmoins été exemplaire, tenant les rênes de la ville jusqu'à l'arrivée de son aîné.
Hariel savait que la relation entre les deux frères était étrange. La naissance de Magdaran était advenue à la suite de la décision de Wilfur de chasser Sairaorg du Domaine. C'était la première fois qu'il en prenait une aussi rapidement. La raison en était, bien sûr, le fait que Sairaorg ne possédait pas le Pouvoir de Destruction du Clan Baal. Une fois son fils déchu et relégué à une propriété proche de la frontière (lieu où il avait passé du temps avec sa cousine Lilith Gremory, alias Lily Evans-Potter), Wilfur s'était remarié et avait eu un second fils, Magdaran, lui pourvu du fameux don du Clan Baal.
Bien des décennies plus tard cependant, Sairaorg était revenu et avait exigé sa place d'Héritier. Amusé et désireux d'humilier son aîné, Wilfur avait accepté un duel entre lui et son cadet pour le titre. Bien évidemment, l'entraînement draconien qu'avait subit Sairaorg et la puissance qui en avait découlé lui avaient permis de gagner plus qu'aisément, obligeant son père à faire de nouveau de lui l'Héritier. Le fait que le pouvoir de Magdaran soit bien inférieur à tous ses cousins Gremory ainsi que son manque d'entrain pour le combat, lui préférant la botanique et le jardinage, était en partie responsable de cette défaite.
Dans les années qui avaient suivi, les relations entre les deux frères étaient restées tendues. Sairaorg s'était montré plus qu'amical envers ce demi-frère qu'il n'avait jamais connu. Magdaran, toutefois, avait des sentiments plus conflictuels. Il avait appris depuis son plus jeune âge à mépriser ce frère aîné faible et sans pouvoir. Se mêlait à cela l'humiliation qu'il avait ressentie en perdant leur duel. Il ne tenait pas particulièrement au titre, mais une défaite pareille lui était tout de même restée en travers de la gorge. Cependant, Sairaorg demeurait le seul de sa famille à vraiment faire attention à lui. Jamais ses parents n'avaient été aimant ou encore n'avaient soutenu sa passion pour les plantes au contraire de son aîné. C'est à cause de la gentillesse de celui-ci qu'il se détestait de le détester.
Il avait donc été particulièrement étonné quand Sairaorg s'était précipité à sa rescousse. Malgré sa faiblesse, Magdaran avait tenté de s'opposer à Bedeze avec sa Reine. Cependant, les deux avaient été facilement battus. Bien entendu, l'envahisseur cherchait le Seigneur Baal, le père de Magdaran, mais celui-ci ignorait où il avait pu partir. Heureusement pour lui, Genjiro Saji, le Pion de Sona Sitri avait été envoyé pour le sauver et il empêcha Bedeze de cause plus de dégâts au plus jeune. Mais malheureusement, lui non plus n'était pas de taille.
Bedeze, en tant que membre du Clan Abaddon, possédait le pouvoir de générer des trous dans l'espace pour aspirer les attaques et les renvoyer. C'était l'une des choses qui avaient fait de lui le Champion qu'il était. C'est également ce pouvoir qui lui avait permis de faire tourner Sairaorg en bourrique.
Du moins les premiers instants. Car si Sairaorg ne n'avait pas le Pouvoir de Destruction, il avait passé son existence entière à se créer un pouvoir qui lui serait propre. Sa propre destruction. Une destruction incarnée par Régulus et leur Capacité Interdite à tous les deux, la Bête Destructrice.
Tout comme les Juggernaut Drive des deux Dragons Célestes, cette capacité avait réduit sa durée de vie. Mais qu'étaient quelques années face à la possibilité de protéger son frère adoré ? De plus, en voyant son aîné combattre, Magdaran avait fait la paix avec lui-même et c'était ses prières qui avaient donné à Sairaorg la volonté nécessaire pour activer ce pouvoir destructeur. Grâce à lui, il avait réalisé l'impossible. Avec son seul poing, il avait brisé les trous de Bedeze, détruisant ainsi l'armure derrière laquelle son ennemi était retranché.
Cependant, le pouvoir du Clan Abaddon n'était pas la seule chose qui avait permis à Bedeze d'atteindre le Rang qu'il occupait. C'était également un guerrier fort, rapide et précis. Et la Pièce du Roi avait encore renforcé sa puissance. Grâce à elle, il faisait presque jeu égal avec celle de Sairaorg. Mais ce n'était pas assez. Loin de là.
Paniqué, Bedeze avait tenté de s'enfuir, mais seulement pour être rattrapé par l'une des lignes que le Sacred Gear de Saji lui permettait de lancer. Grâce à son feu maudit de Vritra et à l'aide du puissant Sairaorg, le jeune Démon avait réussi à acculer le Champion… et à le défaire par la seule force de leurs poings.
Après cela, un autre acteur avait rejoint le combat, Roygun Belphégor. Numéro 2 au classement du Jeu, elle faisait également partie des Démons à avoir utilisé la Pièce du Roi. Cependant, contrairement à Bedeze, elle était prête à accepter son jugement. Elle avait gagné le Domaine Baal pour tenter de stopper son camarade, mais était arrivée après l'action. En compensation, elle avait demandé à pouvoir escorter Bedeze jusqu'aux gardes pour son arrestation et se mettre aussi à leur disposition. Elle avait par ailleurs promis de mettre son pouvoir au service des Quatre Satan pour lutter contre Trihexa si jamais cela s'avérait nécessaire.
Hariel soupira en jetant à nouveau un regard au rapport. Ils n'avaient vraiment pas besoin de ces chamailleries en ce moment. À cause de cela, deux puissants Combattants, Sairaorg et Saji, étaient blessés, deux Combattants qui seraient indispensables pour vaincre les Dragons Maléfiques, Trihexa et leurs séides. Si ceux-ci tenaient le même rythme que précédemment, alors ils n'attaqueraient pas avant le surlendemain. Cependant, le côté aléatoire du choix de leurs cibles laissait présager le pire. Ils pouvaient très bien décider d'attaquer le lendemain ou bien le soir même pour les surprendre. Faire croire à un certain degré de prévisibilité afin de les déstabiliser au plus mauvais moment.
C'est ce que Hariel ferait, lui.
À ce moment-là, on toqua à la porte. Sans attendre de réponse, celle-ci s'ouvrit et Draco passa la tête par l'embrasure.
« Oui ? » dit Hariel.
« Quelqu'un demande à te voir » dit Draco.
Hariel remarqua qu'il semblait surpris. Il fronça les sourcils.
« Qui ? » Demanda-t-il en se levant.
« Severus. »
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L'homme regardait autour de lui. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre quand il avait utilisé le petit papier (il n'était même pas sûr que cela allait fonctionner). Cependant, ce n'était certainement pas à « ça ».
Pendant quelques secondes, il avait baigné dans une lumière assez intense qui pourtant ne l'avait pas ébloui. Puis il était réapparu ailleurs. Dans un autre endroit que son point de départ. À ce moment-là, plusieurs choses se bousculaient dans sa tête. D'abord le fait qu'il était à Poudlard quand il avait disparu. Ce moyen de transport avait donc ignoré les protections millénaires qui se trouvaient sur l'école avec une facilité déconcertante. Ensuite, que c'était sans doute le plus commode qu'il n'ait jamais essayé. Transplanage, Cheminette, Portillons, Balais… tous ceux-là avaient d'horribles inconvénients au niveau du confort. Il s'en était toujours accommodé jusque-là cependant, il ne savait pas s'il pourrait le faire encore après avoir expérimenté un déplacement aussi… fluide.
Ayant repris ses esprits, il avait pu enfin regarder où il avait atterri et, effectivement, ce n'était rien de ce à quoi il aurait pu s'attendre. Il se trouvait dans une vaste salle hexagonale au sol marqueté de pierres colorées rouges et noires. De larges pilastres de bois polis, disposés à chaque coin, grimpaient jusqu'au plafond situé à plusieurs dizaines de mètres de hauteur et se divisaient en colonnettes décorées de feuilles formant une canopée au-dessus de sa tête.
Un bruit soudain le tira de ses pensées. Il baissa les yeux et vit que les très hautes portes en face de lui s'étaient ouvertes, laissant le passage à un homme en livrée formelle noire brodée de rouge. Sur son pectoral, on pouvait voir le dessin d'une rose stylisée.
« Bienvenue au Château Gremory » dit l'homme après être arrivé à son niveau. « Puis-je vous demander à qui ai-je l'honneur ? »
« Severus Rogue » répondit celui-ci en tentant de garder le contrôle de sa voix.
« Ah ! Oui » dit l'homme. « Sa Grâce Hariel vous a effectivement mis sur la liste des personnes autorisées. Désirez-vous que nous vous conduisions à lui ? »
« Euh… oui » dit Severus en se maudissant pour son hésitation.
« Dans ce cas, suivez-moi, je vous prie » dit l'homme.
Il fit ensuite volte-face et se dirigea vers la sortie. Immédiatement, presque par instinct, Severus se mit à le suivre. Son esprit bouillonnait de réflexions en tout genre. « Gremory » était le nom Démoniaque de Potter. Et par extension de Lilith. S'il se trouvait dans leur château, est-ce que ça voulait dire qu'il était apparu en Enfer, dans un autre monde ? Appelaient-ils même ce lieu les enfers ? L'homme qui était venu à sa rencontre devait alors être un Démon. Pourtant son apparence était très humaine. Comme Hariel. Donc cela voulait sans doute dire que celle de Potter ne venait pas de son père, mais que tous les Démons étaient Humanoïdes.
Alors qu'il traversait les couloirs du château, il vit d'autres personnes. Surtout des domestiques. Tous avaient un physique presque parfaitement humain si l'on exceptait des couleurs d'yeux et de cheveux assez extravagantes. Même leurs vêtements ne semblaient pas si extraordinaires. La livrée des hommes ainsi que les uniformes des femmes ressemblaient trait pour trait à ceux des serviteurs du XIXe siècle. Leurs ailes étaient également invisibles. Il avait vu Hariel les faire apparaître du vide. Peut-être que c'était aussi le cas pour les Démons pur sang.
Les questions continuaient à se bousculer dans sa tête. Cependant, malgré cela, Severus n'en était pas moins attentif à ce qui l'entourait. Vastes couloirs de pierres blanches au parquet recouvert de tapis moelleux, grands escaliers de marbre clairs aux rampes ciselées, salles majestueuses aperçues au hasard d'une porte ouverte… L'ensemble était bien plus lumineux que ce à quoi Severus se serait attendu d'un palais démoniaque.
Même le monde extérieur, contemplé au travers d'immenses baies vitrées ou de coursives ouvertes, n'avait rien à voir avec ce qu'il avait imaginé. Les Sorciers n'avaient que peu de connaissance sur les Démons. En fait, ils étaient le plus souvent considérés comme des mythes et tous les rituels magiques censés les invoquer comme de la Magie Noire et donc interdite. Les seules données qu'il possédait lui venaient de l'éducation moldue… sapiante qu'il avait reçue dans sa jeunesse auprès de son père. Celui-ci n'était pas vraiment croyant, mais les visions de l'enfer étaient du domaine populaire.
Pourtant ce qu'il voyait par les fenêtres n'avait rien à voir avec les terres arides et enflammées décrites dans les films et les livres. En fait, ça ressemblait énormément à la Terre. Un ciel bleu, une végétation verte, et également de nombreux bâtiments et des gens circulant dans les rues ou dans les airs au-dessus. D'après ce qu'il pouvait voir, le Domaine Gremory semblait assez prospère. Et surtout assez riche.
Severus avait depuis longtemps réévalué ce qu'il savait d'Hariel Potter. Pendant plus de 10 ans, il avait imaginé un prince pourri gâté, orgueilleux et imbuvable, tout comme il avait toujours vu James, son père. Cependant, leurs premières confrontations avaient bousculé ses croyances et l'avaient rendu plus que perplexe. Hariel était bien fort et arrogant, mais également redoutablement intelligent et autoritaire. Pas à la manière d'un petit tyran de cours d'école, mais à celle de quelqu'un qui pouvait commander aux autres. Malgré lui, Severus avait donc commencé à le respecter.
En essayant de se souvenir de la façon dont il l'avait vu pour la première fois, il se rendait compte à quel point il avait porté des œillères. Le Hariel qu'il avait rencontré lors de sa première année paraissait timide et effacé et pourtant il n'avait pas pu s'empêcher de voir un copié-collé de James, son tourmenteur. La réaction qu'il avait eue après lui avait en quelque sorte donné raison. Mais Hariel n'était en rien comme James. Ça, il l'avait bien compris. Cependant en regardant l'environnement dans lequel il avait grandi, Severus se rendait compte qu'il aurait pu être bien pire que lui… mais que cela n'avait pas été le cas.
Finalement, le serviteur qui le guidait stoppa devant une large porte à doubles battants. Il posa sa main sur le bois et celles-ci s'ouvrirent d'elles-mêmes. Severus se remit à le suivre à l'intérieur alors qu'il se posait des questions. Une simple magie de reconnaissance sur la porte ? Ou bien un sort de déverrouillage sans baguette ? Les deux ? Les légendes sur des races magiques capables de faire de la magie sans aucun focal étaient nombreuses. De même, certaines Créatures, comme les Elfes de Maison où les Vampires n'avaient pas besoin de baguette pour utiliser leurs pouvoirs. Cependant, soit les Sorciers considéraient cela comme des chimères, soit comme une méthode trop faible ou réservée à quelques dons de Créatures en particulier, peu fiable et certainement pas une menace pour un Sorcier entraîné. Severus savait, d'expérience, que certains avaient eu un réveil difficile en affrontant certaines de ces créatures.
Soudain, le serviteur s'arrêta avant de se tourner vers Severus.
« Je vous prierais de patienter ici » dit-il en s'inclinant. « je vais prévenir Sa Grâce Hariel de votre arrivée. »
Il se retourna alors vers une autre porte, moins imposante, que Severus n'avait pas remarquée. En fait, il n'avait pas vraiment regardé autour de lui quand il était arrivé. La pièce était en réalité assez petite. Les murs étaient décorés de lambris d'appuis d'une hauteur d'un mètre environ, du même bois couleur miel que les lames entrecroisées du plancher. Le reste était blanchi à la chaux sur laquelle étaient suspendus de grands miroirs qui reflétaient la lumière de l'unique lustre de cristal. À sa droite, le mur était interrompu par deux portes à égale distance, mais l'une, la plus proche de lui, plus discrète. À sa gauche, près de la porte d'entrée, il y avait une large cheminée comme celles des manoirs Sorciers et destinés à accueillir les invités ainsi qu'une seconde porte.
Les deux portes du fond étaient aussi marquetées que celle du mur en face de Severus et où le serviteur s'était rendu. Il comprit alors qu'il se trouvait dans une antichambre, une sorte de hall où les personnes qui attendaient le maître des lieux pouvaient patienter. À partir de là, celui-ci pouvait choisir d'accueillir l'invité dans les parties communes ou ses appartements privés. Il était probable que les portes sur les côtés mènent à une salle à manger et un grand salon. La plus petite porte près de l'entrée, en face de la cheminée, elle, devait être une salle de bain. Le tout était des pièces de réceptions, réservées aux invités et aux gens avec qui le propriétaire faisait des affaires. Cela voulait donc dire que la porte en face était celle des appartements privés, ceux réservés à la famille et aux amis.
« Monsieur Severus Rogue désirerait être reçu par sa Grâce Hariel » dit le serviteur par l'embrasure de la porte.
Il y eut un moment de silence avant qu'une voix familière se fasse entendre.
« Je… je vais le chercher » dit-elle.
Est-ce que c'était Draco ?
Mais alors que Severus voulait vérifier, le serviteur referma la porte et se posta à côté d'elle.
« Sa Grâce se prépare à vous recevoir » dit-il.
« C'est que la situation est assez urgente » dit Severus.
Pris dans ses propres réflexions et dans l'observation de l'environnement qui avait vraiment vu grandir Hariel, Severus avait un peu oublié le but de sa visite. Cependant, le degré d'énervement face à la situation le lui avait tout de suite rappelé. Le serviteur ouvrit la bouche pour répliquer, mais à ce moment-là, une voix se fit entendre à l'intérieur.
« Faites-le entrer » dit-elle.
Le son était étouffé, mais Severus reconnut rapidement celle d'Hariel. Ce n'était pas seulement à cause de son timbre, mais également de la façon dont il s'était exprimé. Ce ton ferme et autoritaire qui n'avait rien à voir avec la personne qu'il était à l'école et qu'il n'avait entendu que deux fois dans sa vie.
Obéissant à l'ordre donné, le serviteur ouvrit la porte et s'écarta pour laissez-passer Severus. Celui-ci pénétra dans la pièce qui devait être le salon privé et se figea en voyant les personnes en face de lui. Il reconnut bien entendu Draco, mais celui-ci était vêtu d'un uniforme strict, presque militaire, tout en cuir noir. Il se tenait debout et droit, légèrement derrière un large fauteuil. Mais c'était la personne dans ce fauteuil qui surprit le plus Severus.
« Eh bien, eh bien, Severus » ronronna la personne assise de manière nonchalante. « Quel plaisir que vous veniez me rendre visite. »
À la voix, il reconnut bien évidemment Hariel Potter. Cependant, cette apparence… ses cheveux d'ébène étaient d'un rouge vif et ses yeux émeraude semblaient scintiller comme jamais sans ses habituelles lunettes rondes. Il avait l'impression de les avoir déjà vus quelque part…
« Bien sûr… » murmura-t-il. « Le Prince… »
Comme tout le monde, il avait vu les différentes photos du Prince Pendragon-Emerys dans la presse. Celui-ci possédait exactement la même teinte de cheveux et d'yeux. Certes, Hariel était bien plus petit et plus jeune sans compter que ses vêtements de cuir noir étaient résolument féminins. Cependant, à partir de là, il n'était pas difficile de comprendre que lui et Hariel Potter étaient une seule et même personne. Le Prince s'était fait connaître le jour même de la rentrée ou Hariel était à nouveau entré dans le Monde Sorcier. Que deux êtres d'une puissance aussi extravagante apparaissent à la même période était trop improbable.
« Je vois que tu as deviné » ricana Hariel. « Je n'en attendais pas moins de toi. »
Mais pourquoi ? Comment ? Il devait avoir reçu de l'aide pour cela. Impossible que Simeon Randall-Delûte ne soit pas au courant de… Non. Ce n'était pas le moment pour les questions. Il y avait bien plus urgent pour l'instant.
« Je suis venu vous dire que le Seigneur des Ténèbres se prépare à une attaque » dit-il.
En entendant ces mots, il vit le regard d'Hariel devenir plus dur.
« Je t'écoute » dit-il.
« Il a un plan pour vous discréditer encore plus aux yeux du Monde Sorcier. Pour cela, il a décidé de s'attaquer à vos amis Miss Granger et M. Thomas. »
« Quoi ! » S'exclamèrent alors deux autres voix.
Severus se rendit alors compte qu'ils n'étaient pas seuls dans la pièce. Il avait été tellement absorbé par Hariel (sans compter Draco) qu'il n'avait pas vu les autres. D'un autre côté, c'était également un choix délibéré. Il était pratiquement sûr que le sale cabot et son loup-garou d'ami étaient présents et il n'avait pas vraiment envie de les voir. Cependant, quand il porta son attention sur l'assemblée, il remarqua que les deux étaient à chacune des deux extrémités de la pièce. Y avait-il de l'eau dans le gaz entre eux ? Ce serait amusant.
Étaient également présents, pour une raison qu'il ignorait, Fleur Delacour, Viktor Krum et Cédric Diggory. Il savait que les trois avaient sympathisé avec Hariel durant le Tournoi, mais de là à leur révéler ses secrets et à les inviter chez lui… Il y avait aussi cet élève du nom de Proteus. Celui-ci ne semblait pas avoir de prénom sans que ça ne gêne personne. S'il se souvenait bien, il venait du même orphelinat d'où était censé venir Potter. Est-ce que c'était un Démon également ?
Cependant, la plus grande surprise venait de la présence ici de deux personnes qu'il croyait être chez eux, c'est-à-dire Hermione Granger et Dean Thomas. C'étaient, bien sûr, eux qui s'étaient exclamés quand il avait annoncé les plans du Seigneur des Ténèbres.
« Je pensais qu'il voulait rester sous le radar » dit Hermione. « Une attaque dans le Monde Sapiant va forcément être découverte par le SUAM ! »
« L'un de ses disciples est du Clan Zabini » répondit Severus. « Il lui a révélé certains arcanes de la famille, notamment celle d'un bouclier magique qui en empêche la détection. »
« Qu… quel membre du Clan Zabini ? » Demanda Draco d'une voix blanche.
« Ce n'est pas Blaise » le rassura son parrain sur un ton apaisant. « C'est son oncle, Eusebio. »
Draco soupira de soulagement. Il n'aurait vraiment pas aimé que son ami…
« Je suppose que Dumbledore ne veut pas agir. C'est pour cela que vous êtes ici » fit remarquer Hariel.
« Oui, il ne veut pas… »
« Être entraîné par ma "chute" » poursuivit le jeune garçon. « Voldemort pense qu'attaquer mes amis ça me faire réagir et que j'exigerai une enquête. Puisqu'à cause du bouclier le Ministère n'aura rien détecté, je passerai pour un fou ou quelqu'un en manque d'attention. Je suppose que les morts doivent passer pour des accidents et que les Mangemorts ont les moyens d'effacer toute trace de magie. »
Severus hocha la tête.
« Donc ça veut dire que si Dumbledore refuse d'agir c'est pour ne pas se retrouver sur les lieux en laissant des traces de sa magie et de celle de son groupe alors que celle des Mangemorts aura disparu. »
Encore une fois, il avait parfaitement raison. Pendant ces plus de quatre ans à Poudlard, Severus avait été témoin de certains éclats d'intelligence de la part du jeune garçon, surtout lors de sa première année. Cependant, analyser une situation aussi rapidement que ce qu'il venait de le faire relevait d'un tout autre niveau.
« On n'a pas le temps de discuter ! » S'exclama alors Hermione. « Je ne pense pas que les Mangemorts vont laisser partir mes parents s'ils ne me trouvent pas à la maison. Pareil pour ceux de Dean. On doit les arrêter ! »
« Ça arrive vraiment au plus mauvais moment » soupira Hariel. « Combien de Mangemorts devrait-il y avoir ? »
« Une dizaine par groupes » répondit Severus. « Ce sont de recrus de bas niveau, mais contre des étudiants et des Mol… Sapiants, ce serait suffisant. »
« S'ils ne sont qu'une dizaine, alors on peut chacun s'occuper de ceux qui menacent nos familles respectives » déclara Dean.
« Quoi ! » Balbutia Severus.
« Tu as raison. Et ça devrait être rapidement fini. »
« Dans la soirée » estima Hermione.
« Mais… »
« On ne sait pas quand aura lieu le nouvel assaut » dit pensivement Hariel en ignorant les réactions de surprise de Severus. « Mais sauver vos familles est bien plus important et ça ne devrait pas durer trop de temps. Par contre, si vous vous en occupez vous-même, alors il sera nécessaire qu'aucun d'eux n'en réchappe. C'est bien compris ? »
Severus remarqua alors quand disait ces mots sont regarda s'était plus spécifiquement tourné vers Dean Thomas. Celui-ci avait légèrement blêmi, mais il avait hoché la tête. Cependant, Severus ne comprenait plus rien. Est-ce que ces deux étudiants de cinquième année pensaient pouvoir vaincre des adultes entraînés à utiliser la Magie Noire ? Seuls.
« Je… je pars devant » déclarera Dean.
Severus voulut intervenir, mais un cercle magique d'une couleur blanc irisé apparut sous les pieds du jeune garçon. Celui-ci disparut alors sans qu'il n'ait pu ouvrir la bouche.
« Vous ne pensez quand même pas le laisser y aller seul ! » S'exclama-t-il.
« Il est largement capable de s'en sortir et moi aussi » répondit Hermione sur un ton péremptoire.
Alors qu'elle disait ces mots, un cercle couleur lavande se mit à briller sous elle. Severus voulut se précipiter vers elle pour l'empêcher de partir, mais il fut pris dans la lumière et disparut avec elle.
À suivre…
Et voilà un autre chapitre de terminé. Il est un peu en retard, mais ça risque de devenir la norme. Je ne pense plus pouvoir écrire exactement un chapitre par semaine. À chaque fois, je stresse et je me dis que je vais le finir pendant mon weekend. Donc j'ai décidé de lâcher la bride. Au lieu de me restreindre à un calendrier serré, j'écrirais juste les chapitres les uns après les autres sans forcément les commencer au début de ma semaine ou de les finir à la fin. J'espère que ça n'impactera pas sur leur qualité. Au contraire.
En tout les cas, nous voilà dans la saga de Noël (sans Noël). Principalement, ce sera la bataille contre Trihexa avec un évènement majeur à la fin… mais je ne vous en dis pas plus.
Au tout début du chapitre, Hariel a expliqué comment ses Serviteurs ont évolué. Ne vous inquiétez pas, bientôt, vous le verrez en actions.
On a aussi de nouveau Severus. Il a un peu été mis de côté ces derniers chapitres, mais je vais le faire participer un peu plus par la suite. Après tout, lui aussi va faire partie de la Suite d'Hariel ).
