Check Mate DxD
Chapitre 119 : Traquenard/Jyuchyuu
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Le piège avait été installé exactement entre l'archipel des Shetlands et celle des Orcades pour être sûr que les risques seraient réduits au minimum. Malheureusement, cela voulait dire que le champ de bataille était recouvert par la Mer du Nord. Les seuls morceaux de terre ferme consistaient en des rochers émergeant des eaux, rien qui puisse vraiment supporter les évènements à venir. Cela voulait également dire que les combats se dérouleraient dans le ciel.
La majorité des guerriers étant des Démons, cela ne poserait pas de problème. Cependant, certains n'étaient pas habitués à se battre en altitude. Ils seraient donc fortement désavantagés ce qui pouvait se révéler mortel dans la bataille. Toutefois, Hariel était plus préoccupé par ceux qui ne possédaient pas d'ailes.
Fort heureusement, Hermione, Dean ainsi qu'Eleanor avaient appris une technique Démoniaque leur permettant de générer des plateformes dans les airs. Il s'agissait en fait de cercles magiques tactiles avec une position fixe sur laquelle il était possible de marcher. En déployer plusieurs pendant le combat leur donnerait le moyen de prendre appui afin de ne pas chuter.
Il restait cependant ceux qui étaient incapables d'utiliser l'une ou l'autre de ces techniques. Les Faes, notamment, seraient vulnérables, ne faisant pas partie de ces races possédant des ailes. Les seuls supports qu'ils auraient seront les plateformes des Magiciens ce qui réduirait grandement leur marge de manœuvre. Kylie, ainsi qu'Owen et Finn, avaient toutefois rassuré Hariel en lui faisant comprendre qu'ils sauraient se débrouiller et que de toute façon, une chute ne les tuerait certainement pas. Il en était de même pour l'équipe dirigée par Tobio Ikuse et qui n'était en fait composée que d'Humains.
Encore un peu inquiet, Hariel préféra se tourner vers ses troupes afin de les passer en revue. Draco était bien évidemment à ses côtés, de même que Skōll et Hati, Hermione, Dean et Eleanor. Plus loi, il y avait Sirius, Remus, Cédric et Viktor, tous formant une garde d'honneur autour de lui. En fait, parmi son équipe, il ne manquait que Fleur, et ce pour une raison toute particulière.
En effet, son oncle Sirzechs ainsi que le reste de l'État-Major avaient requis l'aide de la jeune femme pour une mission très spéciale. Selon eux, il serait risqué de continuer à combattre alors que leurs ennemis étaient capables de créer des troupes indéfiniment à l'aide du Saint Graal. Il fallait donc à tout prix le récupérer. Bien entendu, l'une des personnes les plus à même de réussir était son ancienne propriétaire, Valérie Tepes. Cependant, il était impossible pour elle d'y aller seul. Son cousin Gasper lui avait été alors adjoint comme garde du corps. Les pouvoirs temporels de Balor ainsi que la forme démoniaque que le jeune Vampire pouvait adopter seraient plus que nécessaires pour y parvenir.
Fleur avait, elle, avait été choisis pour être le troisième élément du groupe. En effet, elle était la détentrice d'Incinerate Anthem, le Sacred Gear Longinus faisant partie des reliques saintes du Christ et qui représentaient la puissance de la Sainte-Croix. Ils espéraient que son pouvoir sacré serait suffisant pour neutraliser celui du Graal afin de pouvoir le récupérer plus aisément. Face à l'importance de la mission, Hariel avait accepté de laisser partir Fleur, non sans avoir auparavant eu son approbation. Mais la Française avait été relativement facile à convaincre. Devant quelque chose qu'elle seule pouvait faire, il n'y avait pas, selon elle, à hésiter.
Hariel regarda donc ensuite plus loin et vit les équipes de Vali et celle de Tobio Ikuse accompagnés par plusieurs troupes de Démons en armes. Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, cela lui paraissait bien peu. Surtout contre Trihexa et les Dragons Maléfiques.
« Ça risque de ne pas être suffisant » marmonna-t-il.
« L'ordre de mobilisation a été lancé en Faerie » intervint Kylie. « Les troupes devraient nous rejoindre sous peu. »
« C'est assez vague » soupira Hariel.
« Malheureusement, le temps passe différemment dans la Faerie » répondit la Fae en forme de souris. « Leur préparation peut durer quelques secondes comme plusieurs heures… ou jours. »
« Je doute que nous tenions plusieurs jours » dits Hermione.
« Cela fait très longtemps que les épées ne sont pas sorties de la Faerie » dit Kylie. « Qui sait comment cela va jouer dans le temps qu'ils mettront à nous rejoindre. »
Donc, cela voulait dire que s'il fallait échafauder une stratégie, mieux valait éviter de trop compter sur les Faes. Heureusement, Hariel avait déjà quelques idées. C'était loin d'être brillant, mais ça serait toujours mieux que rien.
« Ils arrivent » dit simplement Draco.
En effet, un nuage sombre était apparu à l'horizon. Alors qu'il se rapprochait, on pouvait voir qu'il était en fait composé de plusieurs milliers de petits Dragons volants en formation serrée. Ils entouraient deux formes titanesques, l'une était celle de Trihexa et l'autre de l'un des deux Dragons Maléfiques.
La séparation de la Bête semblait l'avoir énormément diminué. Son corps était beaucoup moins imposant et sa tête unique le rendait immédiatement moins intimidant. Certes, il était toujours de la taille d'un immeuble et sa tête de léopard à deux cornes pouvait sans doute cracher un feu meurtrier, le voir ainsi redonnait de l'espoir aux combattants.
Cela voulait donc dire qu'à côté de lui, le Dragon paraissait le plus inquiétant. Énorme, comme tous ceux de son espèce, il possédait trois têtes et trois paires d'ailes, le tout dans des tons noir violacé. Azi Dahāka, puisque c'était lui, était un très puissant Magicien ainsi qu'il l'avait montré lors de la bataille d'Asgard. Non seulement ça, mais il était également versé dans de très nombreux types de pratiques occultes différentes : élémentaires, illusions, protections, soin… C'était donc un adversaire d'autant plus difficile à battre qu'il avait plus d'une corde à son arc.
« Le moment est venu » dit Hariel en se tournant vers son armée (cela lui faisait bizarre de parler de son armée). « Je ne ferais pas de long discours pour vous convaincre que vous avez raison de me suivre et qu'on va gagner. D'abord parce qu'on n'a pas le temps et ensuite parce que l'heure n'est plus aux paroles, mais à l'action. Tel que le plan a été établi par l'État Major et moi-même, Vali Lucifer et son équipe seront chargés de combattre Azi Dahāka. »
Le Semi-Démon aux cheveux argentés hocha la tête. Il avait hâte de pouvoir se venger de la destruction de la Fondation Grigori. Après tout, cela avait été sa maison pendant une grande partie de son enfance. Après avoir été fui son Père ainsi que son Grand-Père, le toit offert par Azazel était le bienvenu. Cette, c'était plus un lieu de recherche et d'étude qu'un véritable foyer, mais cela en avait été un pour lui, un où il avait pu se faire de vrais bons souvenirs.
Par la suite, lors des assauts du Ciel et d'Asgard, son équipe et lui avaient été envoyés directement sur Trihexa, mais ce que Vali désirait par-dessus tout, c'était se mesurer aux cerveaux qui avaient amené cette destruction. Il avait déjà achevé son Grand-père, Rizevim, mortellement blessé par Issei à Agraes, et à présent, il voulait ceux qui avaient repris son flambeau, les Dragons Maléfiques Azi Dahāka et Apophis. Il était conscient que chacun d'eux était plus puissant que Rizevim, mais il était prêt à se battre. Il savait qu'Issei serait confronté à Apophis au Japon donc il était certain que l'avenir de celui-ci était scellé. Il n'avait donc plus qu'à s'occuper de son complice.
« Mon équipe ainsi que l'armée Démoniaque sera chargée de tuer le maximum de Dragons Artificiels afin de dégager le champ de bataille » poursuivit Hariel. « Rien ne pourra être fait contre Trihexa si nous devons continuellement nous battre contre d'autres adversaires. »
Ne restait plus que Trihexa lui-même. Il n'avait beau être qu'1/7 de lui-même, il n'en demeurait pas moins dangereux. Il fallait donc l'occuper pour éviter qu'il gêne les autres combattants ou ne tente de s'enfuir du piège magique.
« Ce sera la mission de l'équipe Slash/Dog » dit Hariel en direction de Tobio Ikuse. « Cependant, ce ne sera pas la seule. Vu que vous êtes autant une troupe d'investigation que d'assaut, votre objectif secondaire sera d'analyser Trihexa pour définir si la séparation a amenuisé ses forces et si oui, de quelle façon. »
Connaître son ennemi comme soi-même. Sun-Tzu. L'Art de la Guerre.
Il fallait savoir à qui ils avaient affaire. Trois combats avaient été menés face à Trihexa. Tous avaient été perdus, mais beaucoup avait été appris. À partir de là, comparez les différences de potentiel entre le véritable Trihexa et cette fraction de lui permettrait de monter une meilleure stratégie pour le vaincre. Avec un peu de chance, cette division pourrait être la clé de leur victoire. L'ennemi avait voulu les désorienter en lançant de multiples assauts, mais peut-être n'avait-il fait qu'affaiblir son arme principale. Seul l'avenir leur dirait.
« Ce sera dangereux » dit Hariel au jeune japonais.
« Mais nécessaire » répondit celui-ci en caressant la crinière de l'énorme loup noir aux yeux rouges à ses côtés.
C'était la forme physique qu'adoptait Canis Lycaon, le Longinus d'Ikuse, et qui, sous cette apparence, se faisait appeler Jin. Apparemment, c'était lui qui permettait à son maître de voler puisqu'une celui-ci ne se tenait pas sur l'une des plateformes créées par les Magiciens. C'était également le cas pour les membres de son équipe. Natsume Minagawa, Kouki Samzjima et Shigune Nanadaru, était accompagné des avatars spirituels de leurs Sacred Gears, respectivement un faucon, un chat blanc et une espèce d'animal à quatre cornes et portant un masque, et qui, positionnés à leurs côtés, leur donnait la faculté de flotter dans les airs.
Le Sacred Gear du dernier membre du groupe, l'Absolute Demise de Lavinia Rémi, ne permettait pas à la blonde pulpeuse de voler. Cependant, comme les autres, il possédait un avatar physique suffisamment grand pour pouvoir la porter. En effet, la poupée faite de glace faisait plus de 3 m de haut. Elle avait l'apparence d'une femme en robe pourvue de quatre bras, mais sans visage à l'exception de trois paires d'yeux. Sa taille, et surtout le pouvoir qui émanait d'elle provenait du fait qu'elle était, tout comme Canis Lykaon, un Longinus.
« Bien, puisque tout le monde est prêt, il ne nous reste plus qu'à attendre que l'ennemi tombe dans notre piège » dit Hariel en se tournant à nouveau vers l'horizon où le nuage sombre avait grossi.
« Ils ne peuvent pas nous voir ? » Lui demanda Hermione.
Leur armée était suffisamment importante pour être perceptible par leurs adversaires malgré la distance. Après tout, si eux étaient capables de les apercevoir, alors ceux-ci aussi.
« Le piège est comme une nasse invisible » lui répondit Hariel. « Tant qu'ils ne sont pas à l'intérieur, ils ne peuvent pas nous voir. En principe. »
« Donc ils pourraient. »
« Vu leur puissance, c'est une possibilité. »
« Tu ne penses pas qu'ils vont essayer de nous éviter dans ce cas ? »
« S'ils l'avaient voulu, ce serait déjà fait. À mon avis, ils cherchent vraiment l'affrontement. »
« Et tu penses que le piège sera suffisant pour les retenir ? »
« Non. Pas une seconde. C'est pour ça que nous sommes là, pour les garder à l'intérieur. »
Une nouvelle fois, Hariel se tourna vers son armée.
« L'assaut commencera une fois le piège refermé » dit-il. « Cependant, avant de donner la charge, il y a un sort que j'aimerais tenter sans risquer de toucher les alliés. C'est pour cela que je vous demanderai d'attendre jusqu'à mon signal. »
Il n'y eut pas de réponse, mais tous acceptèrent son plan. Hariel se tourna donc à nouveau en direction de leurs ennemis et commença se préparer.
« C'est quel genre de sort ? » Lui demanda Hermione.
« Un qui fera des dégâts. J'espère. »
D'abord, Hermione ne vit rien. Puis elle se souvient qu'elle possédait une vision plus puissante que ses yeux ordinaires. Grâce au Glam Sight, elle fut alors en mesure de percevoir ce que faisait Hariel… même si elle ne comprenait pas encore très bien pourquoi.
Utilisant l'humidité présente dans l'atmosphère, il créait des dizaines de disques faits d'eau dans les airs au-dessus d'eux. Ceux-ci étaient épais et semblaient capter les rayons du soleil. Elle vit ensuite une bulle de liquide en émerger et se placer juste en dessous de chacun des dispositifs.
Avant qu'elle ne puisse examiner plus l'étrange assemblage du jeune Démon, l'espace tout autour d'eux se mit à miroiter avant de redevenir limpide. Ça y était. Le piège s'était refermé sur l'armée ennemie.
« Patientez jusqu'à mon signal » prévint une nouvelle fois Hariel.
Hermione observa à nouveau son ami, puis les disques d'eaux et les bulles au-dessus d'eux et finalement, leurs adversaires. Elle attendait de voir ce qu'Hariel leur avait préparé. Au départ, elle ne perçut rien et crut que le sort était toujours en cours d'élaboration. Cependant, alors qu'ils volaient vers eux, un Dragon Artificiel tomba soudainement du ciel. Puis un autre. Et encore un autre. Le Sort d'Hariel était bien actif, mais elle était incapable de comprendre ce qu'il pouvait bien faire. Pourtant, en regardant bien, elle finit par percevoir des sortes de rayons dorés assaillir les ennemis de tous côtés, mais sans qu'elle n'arrive à savoir d'où ils venaient.
« Oh le bâtard ! » S'exclama alors Eleanor à ses côtés avec un ricanement. « J'avoue que parfois son talent me fait peur. »
« Tu comprends ce qu'il fait ? » L'interrogea Hermione.
« Quelque chose de très simple… et de mortel. » Dit sa sœur. « Il est en train d'utiliser les rayons du soleil pour tuer ses adversaires. »
« Du soleil ? » Demanda la jeune Sorcière.
Elle leva alors les yeux dans la direction que pointait Eleanor.
« Tu vois ces disques ? Ce sont en fait des lentilles convexes qui concentrent la lumière solaire. »
« Comme… une loupe ? »
« Exactement. Comme quand on arrive à enflammer des feuilles mortes avec une loupe. Le rayon produit par la convergence possède une température extrêmement élevée. Une température qui lui permet, apparemment de traverser les Dragons Artificiels. »
« Et les… euh… bulles, en dessous ? »
« Elles agissent comme des miroirs pour guider le faisceau sur les ennemis. Cependant, Hariel fait plus fort encore. En créant d'autres de ces "bulles" à proximité des Dragons, il dirige le rayon pour les atteindre aux endroits les plus vulnérables. Mais ça veut dire aussi que pour chacune d'elle il calcule l'emplacement et l'indice de réfraction nécessaire pour l'envoyer directement où il veut. Et ce en temps réel ! Je t'avais dit qu'il était effrayant. »
Les deux sœurs continuèrent alors à regarder les Dragons tomber comme des mouches face à la puissance du soleil. En même temps, Hariel transmettait à ses troupes les informations sur les points faibles de leurs adversaires. Apparemment, certaines parties de leur corps étaient trop résistantes pour ce niveau de pouvoir. Notamment celles recouvertes par des écailles. Toutefois, leur ventre, le cuir de leurs ailes et certaines portions de leur tête (en particulier leurs yeux) l'étaient infiniment moins. Il serait alors nécessaire de tenter de viser ces points précis.
Cependant, même si cette attaque était incroyablement puissante et occasionnait une grande quantité de victimes à leurs adversaires, ceux-ci étaient encore extrêmement nombreux, trop pour qu'Hariel puisse tous les abattre. Rapidement, il fut donc débordé et dut lancer l'assaut.
La bataille commençait.
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Cédric avait pris position en hauteur pour surveiller le champ de bataille. En tant que sniper, c'était le meilleur emplacement pour lui. C'était pour cela qu'il avait été entraîné.
Dissimulé par un Sort d'Occlusion, il pouvait ainsi attaquer sans être aperçu. Cet enchantement avait été prévu pour leurrer l'esprit des gens autour afin de leur faire croire qu'il n'y avait personne. Ce n'était pas une véritable invisibilité. Pas une physique en tout cas, comme Draco pouvait le faire avec ses créatures invoquées ou Hariel à l'aide d'Excalibur, cependant, cela demeurait redoutablement efficace.
Bien entendu, cette technique n'était pas absolue et une grande capacité de perception ou un instinct surdéveloppé permettait de percer l'occlusion. Toutefois, les Dragons Artificiels ne possédaient ni l'un ni l'autre. Ce n'était rien de plus que des armes biologiques à l'intellect restreint dont la principale force résidait dans le nombre. Tant qu'il restait à couvert, il n'avait rien à craindre.
De plus, leurs adversaires n'étaient pas si difficiles à abattre. Certes, les écailles sur le dessus de leur tête et leur dos étaient épaisses, mais comme Hariel l'avait démontré, ils avaient suffisamment de points faibles. Un coup bien ajusté lui permettait d'exploser un crâne ou de fracturer leurs articulations, le faisant chuter. Leur faiblesse était telle qu'il était encore plus facile pour ceux qui étaient au contact de les vaincre.
Cependant, encore une fois, leur force venait du nombre et c'était donc en submergeant leurs adversaires qu'ils pouvaient l'emporter. C'était alors le travail de Cédric de faire en sorte que cela n'arrive pas. De son œil d'aigle, il veillait sur chacun des membres de la Suite de son maître et sur autant de soldats Démons qu'il pouvait. Tous s'étaient séparés en petits groupes afin de pouvoir combattre plus aisément. Face à un adversaire supérieur en nombre, mais faible, le mieux était de rester éloigné les uns des autres pour avoir toute la latitude pour se battre au maximum de sa puissance.
Cédric vit Sirius faire des moulinets avec son arme et, soudain, la jeter sur ses ennemis. Son poids et la force avec laquelle il l'avait envoyé furent suffisants pour déchirer tous les Dragons face à lui. Et oui, tel un boomerang, elle fit rapidement demi-tour pour revenir dans sa main. Remus, sous sa forme de Loup Géant, le suivait de près. Apparemment, il avait choisi de privilégier la résistance plutôt que la puissance brute.
Le jeune Démon remarqua alors que la dynamique entre les deux était étrange. Remus était plus focalisé à défendre Sirius qu'à attaquer leurs adversaires alors que ce dernier semblait décidé à l'éviter. Il savait qu'il s'était passé quelque chose entre eux aux environs d'Halloween, mais il ignorait exactement quoi. Il n'était pas assez intime avec eux pour connaître les détails ou être suffisamment à l'aise pour en parler.
En vérité, il devait avouer que lui et les autres membres de la Suite n'étaient pas très proches. Certes, il avait passé presque un an avec Fleur et Viktor, mais ça faisait quatre mois qu'il ne les avait pas vus. Hariel était toujours à Poudlard et Draco avec lui. Sirius et Remus, de leur côté, étaient les seuls qui étaient dans le Makai avec lui, mais ils n'avaient été que très peu de temps ensemble. Ils étaient généralement plus préoccupés par leur entraînement respectif. Et puis il y avait le fossé générationnel. Ils avaient peut-être l'air d'avoir le même âge que lui, ils n'avaient pas moins de quinze ans de plus.
Bon, toujours était-il que pour le moment, il n'avait pas trop à s'en faire pour les deux hommes. Si Remus assurait les arrières de son ami, il pouvait se consacrer aux autres.
Parcourant à nouveau le Champ de bataille du regard, il aperçut rapidement Skōll et Hati. Avec leur taille, ce n'était pas bien difficile. Les deux loups ne possédaient pas d'ailes, mais ils avaient l'étrange faculté à marcher sur l'air ce qui leur permettait de jaillir sur les ennemis pour les déchiqueter à coups de leurs griffes acérées et de leurs crocs aiguisés. L'un comme l'autre était capable de trancher presque n'importe quoi. Les Dragons Artificiels n'étaient donc pas un problème pour eux. De temps en temps, Skōll envoyait des jets de feu sur les adversaires tandis que Hati soufflait un vent glacé. Dans ces moments-là, les motifs lumineux de leur fourrure, rouge pour le loup noir et bleu pour le blanc, se mettaient à étinceler.
Plus loin, Proteus se battait seul contre plusieurs ennemis. Sous son apparence adulte, il avait suffisamment de pouvoir et de maîtrise en magie pour s'en sortir sans l'aide de personne. Il aurait eu encore plus de facilité sous sa forme de Dragons, mais il devait vraisemblablement conserver des forces pour combattre Trihexa. C'était aussi probablement le cas d'Excalibur, ou plutôt de HariEx qui se battait non loin de lui. Hariel l'avait libérée avant le début de la bataille afin qu'elle puisse y prendre part. Bien entendu, tout renfort était le bienvenu.
Partout autour, des Démons se battaient seuls ou par groupes de deux ou trois contre la multitude des Dragons. Au centre de la formation se trouvait Hariel accompagné de Draco, bien sûr, mais également d'Hermione, d'Eleanor et de Dean. Un peu au-dessus des combats (mais pas autant que lui), ils observaient l'avancée de leurs ennemis pour communiquer avec les troupes tout en en éliminant le plus possible. Leur force de frapper était telle qu'il n'était pas nécessaire pour lui de vérifier s'ils n'étaient pas débordés.
Cédric continua à étudier le Champ de bataille avec attention afin de repérer la seule personne qu'il n'avait pas encore pu voir.
Viktor.
Sans trop savoir pourquoi, il était plus inquiet de ce qui pourrait lui arriver que pour les autres. Enfin si, il le savait. Le Bulgare lui avait manqué pendant ces quatre longs mois où il était reparti dans son pays. Il avait envie de le voir, de lui parler, d'être tout simplement avec lui. Il n'était pas suffisamment naïf pour ignorer ce que cela voulait dire. Aussi étrange que cela puisse paraître, il était amoureux.
Cependant, c'était un sentiment assez inhabituel à ressentir pour lui. Mais peut-être pas forcément parce que c'était lui aussi un garçon. En fait, de toute sa vie, il n'avait jamais eu l'occasion de penser à ces choses. Il était trop préoccupé par le fait d'être parfait et de tout faire pour plaire à son père pour cela. Certes, au cours des années, il s'était rapidement rendu compte ce qu'il n'aimait pas. Il n'aimait pas les filles qui se comportaient comme des groupies, celles qui gloussaient dès qu'il ouvrait la bouche, le collaient à chaque instant de la journée où se montrer trop pressante afin de lui rendre service. Toutes ces filles avaient des attitudes de séductrices, Cho Chang la première, et Cédric détestaient ça. Cependant, il ne lui était pas venu à l'esprit que ce serait parce qu'il n'aimait pas les filles. Après tout, qui voudrait d'une partenaire qui agit comme ça ?
Mais de toute sa vie, il n'avait jamais eu le temps ou l'occasion de développer des sentiments pour quelqu'un… jusqu'à Viktor.
Le garçon, ou plutôt le jeune homme étaient comme lui. Il devait souvent faire face à des hordes d'admirateurs. Il savait donc ce que c'était de devoir se méfier des apparences. Cependant, à l'inverse de lui, il savait sortir de cet état de grâce pour être lui-même. En dehors des moments où il était avec son groupe, il était calme, parfois rieur, fiable et même, contrairement à ce que beaucoup croyaient, assez doux.
C'était ce Viktor-là qui attirait Cédric, pas la star de Quidditch ombrageuse et qu'on disait arrogante. Cependant, de son côté, il ne savait pas ce que celui-ci pensait de lui. Ils étaient amis, ça il le savait. Ils partageaient une même mission également. Mais à aucun moment, ils n'avaient pu discuter de ce qu'ils ressentaient l'une pour l'autre d'un point de vue personnel. Cédric n'aurait jamais pu aborder la question, contrairement à beaucoup d'autres choses, il n'avait jamais été entraîné à parler de ce genre de sujet.
Soudain, son regard capta une silhouette massive et musclée qui se battait en contrebas. Même dans la tourmente, il pouvait reconnaître Viktor n'importe où. Malheureusement, en le voyant, son cœur manqua un battement. Trop. Il y avait trop d'adversaires autour de lui.
Il était cerné.
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Svalinn, le Dragon Bouclier qui protège les Mondes de la brûlure du Soleil, l'un des 7 Souverains Disparus.
Dans les Mythes Scandinaves, Svalinn n'était pas un être vivant, mais un bouclier placé entre les Mondes d'Yggdrasil et le soleil pour empêcher ses rayons d'assécher les eaux et de faire fumer la terre. En y réfléchissant bien, on aurait pu y voir une parfaite définition de l'atmosphère planétaire. Cependant, la vérité était que ce bouclier était en fait un Dragon, un Dragon dont on avait mystérieusement perdu la trace bien avant notre ère.
Il faisait partie d'un groupe que l'on appelait les Souverains Disparus, 7 Dragons-Rois d'une puissance supérieure aux autres, presque équivalentes aux deux Dragons-Divins, Ddraig et Albion. Pourtant, à part le fait qu'il s'agissait de Dragons, peu de choses les reliaient. Ils provenaient de différentes mythologies, de différentes parties du monde et leur perte avait eu lieu à différentes époques. Toutefois, sans aucune preuve de leur mort, ils avaient tout simplement été déclarés disparus et étaient entrés dans la légende.
Ainsi, Svalinn, le Dragon Bouclier, Bahamut, le Dragon des Abysses, Bakunawa, le Dragon des Eaux Protéiformes, Typhon, le Dragon des Ouragans Rugissants, Quetzalcoatl, le Dragon à Plumes, Jabberwocky, le Feydeagon et Falkor, le Dragon Onirique, étaient devenus des figures oubliées de nos jours. Tellement oubliés qu'à l'exception du livre de la bibliothèque des Tepes, Viktor n'avait rien pu trouver d'autre sur eux.
Certes, leurs noms résonnaient encore dans les histoires et l'imaginaire collectif, mais si Svalinn était devenu une métaphore de l'atmosphère, Bakunawa et Quetzalcoatl étaient devenus des divinités et Typhon et Bahamut, des Monstres mythologiques. Jabberwocky et Falkor, eux, étaient devenus des simples personnages de fiction, leur nom ayant surgi dans les esprits de Lewis Carroll et Michael Ende, comme des réminiscences de très anciens récits.
Le livre en lui-même était assez complet. Cependant ce que Viktor n'y avait pas trouvé, c'était de lien entre le Dragon Bouclier et sa mère à l'exception d'un nom. Cela aurait pu être un hasard, une famille ayant seulement pris le nom d'une figure légendaire, mais il en doutait. Quelque chose en lui hurlait presque que ce n'était pas ça et qu'il y avait une connexion directe entre lui et le Souverain Perdu. Hariel avait approuvé son sentiment et puisque c'était grâce à lui qu'il avait trouvé les premières bribes d'informations depuis le début de ses recherches, il ne pouvait que lui faire confiance.
À partir de là, le seul lieu où il pouvait être sûr d'obtenir de nouveaux éléments était Asgard. Si Svalinn était un Dragon des mythes Scandinaves, alors les divinités Ases devaient savoir quelque chose. Grâce à Hariel, il avait pu obtenir un entretien avec le Roi Odin avant les festivités de Yule, mais la guerre avait changé tout ça.
Viktor se retrouvait donc avec encore plus de questions qu'auparavant et surtout avec des pouvoirs dont il ne faisait qu'entrapercevoir le potentiel. Si Svalinn était un Dragon protecteur et qu'il avait un rapport avec lui, alors il était (sans doute) normal que ses capacités se soient éveillées puisqu'il était une Tour, un protecteur également. Et c'est aussi pourquoi les boucliers qu'il avait créés étaient si résistants et avaient pu tenir tête à un Berserk et à un Démon rendu fou par le pouvoir de son Longinus.
Cependant, même avec ces connaissances, il était encore incapable d'utiliser ces pouvoirs. Il savait que grâce à eux il pourrait faire la différence. Grâce à eux, il pourrait… Malheureusement, à force d'essayer, il en avait oublié de se battre… et il s'était laissé submerger. Les Dragons Artificiels tournaient autour de lui de tous les côtés. À droite, à gauche, devant, derrière, au-dessus, en dessous… Il en venait de partout et Viktor arrivait à peine à les tenir à distance. Il savait qu'il était en mauvaise posture.
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Cédric tenta de descendre un maximum de Dragon de la sphère grouillante qui entourait Viktor. Malheureusement, ils étaient bien trop agglutinés les uns sur les autres pour qu'il parvienne à viser correctement. Il devait donc se rapprocher au risque d'être plus vulnérable.
Rapidement, il se mit à planer vers son ami en faisant pleuvoir les balles magiques sur les adversaires. Il n'était plus question à présent de précision, mais de disperser l'ennemi afin de sortir Viktor de ce piège.
Malheureusement, à ce moment-là, l'attention des lézards géants se tourna vers lui. Leurs têtes triangulaires pivotèrent dans sa direction et leurs yeux rouges et fous le fixèrent. Ils délaissèrent Viktor pour se précipiter vers lui, leurs gueules ouvertes et prêtes à enfoncer leurs crocs pointus comme des aiguilles dans sa chaire.
Cédric était un Cavalier. Sa défense magique n'était pas aussi performante que celle de son ami. De plus, le combat à courte distance n'était pas son fort. Durant les entraînements avec Millicas sur cible mouvante, il n'avait un taux de réussite que de 10 à 20 % quand elles étaient à moins de 5 m de lui. Son seul avantage était que les Dragons étaient plus gros que celles dont il avait l'habitude, mais, malheureusement, également plus vifs.
Il commença à enchaîner les tirs rapidement pour éliminer les adversaires les plus proches de lui. Mais, dans la précipitation, il n'avait pas enclenché sa Vision Magique. Il ne vit donc les Dragons qui arrivaient dans son dos jusqu'à ce que Viktor pousse un cri.
« Derrière toi ! »
Cédric tourna juste assez la tête pour voir deux gueules ouvertes se précipiter vers lui. Malheureusement, faire volte-face en plein air était encore plus difficile que sur le sol. Il était donc impuissant contre ses assaillants. Son seul salut aurait été d'utiliser sa technique de rebond, mais il se trouvait en extérieur. Il n'y avait rien sur lequel faire ricocher ses tirs.
Pris de panique, il ferma les yeux. C'était stupide. Il y avait des tas d'autres choses à faire. Il aurait ou tenter de se protéger avec un bouclier ou bouger pour essayer de minimiser les dégâts des morsures. Il était un Démon au fond. Il était bien plus résistant qu'un Humain. Malheureusement, la peur le tétanisait totalement.
Il pensait qu'il pourrait y arriver. Qu'il était prêt. Après tout, il avait déjà été sur le champ de bataille. Deux fois. La dernière pas plus tard que la veille. Et pourtant, à aucun moment il n'avait été aussi seul et acculé de cette façon. En cet instant, il se souvient de quelque chose qu'il croyait avoir dépassé depuis des mois. Il revoyait le petit homme chauve, Peter Pettigrow, pointer sa baguette sur lui et puis…
À cet instant-là, il avait su ce qui allait lui arriver. Les regrets avaient alors afflué en lui. Cependant cette fois, il n'en avait qu'un : ne pas avoir dit à Viktor qu'il l'aimait.
Soudain, au lieu des crocs perçant sa chair, il sentit un corps chaud recouvrir le sien et le forcer à se serrer contre lui. Comme rien d'autre ne venait, il rouvrit les yeux. La première chose qu'il vit, ce fut Viktor. L'avait-il sauvé ? Oui, c'était plus que probable. Il leva le regard vers lui et vit qu'il rayonnait. Littéralement. Il était totalement entouré d'or.
Il fallut quelques secondes pour comprendre que ce n'était pas Viktor qui brillait, mais le bouclier sphérique qui les enveloppait à présent. D'une couleur dorée, il irradiait, et sur sa surface, on pouvait apercevoir des lignes scintillantes. En regardant bien, on voyait qu'elles formaient des motifs. Deux. Celui d'un Dragon et celui d'un soleil.
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Viktor n'avait pas réfléchi. En voyant son ami au travers du mur de Dragons qui s'amenuisait, il en avait été soulagé. Puis le sang s'était retiré de son visage quand il avait aperçu les deux qui l'attaquaient par-derrière. Au moment où il avait poussé son cri, il savait que Cédric ne pourrait pas réagir à temps. Il avait perçu son regard paniqué et son corps tendu.
Alors il s'était précipité. La vitesse n'était pas son fort, mais il était toujours suffisamment rapide et agile dans les aires grâce à ses années de Quidditch pour réussir à atteindre son camarade. On dit que la peur donne des ailes. Et dans son cas, c'était vrai. Viktor avait peur. Une peur primale, irrationnelle. Il savait qu'il devait sauver Cédric. Bien sûr, c'était normal. Cédric était son ami, son coéquipier. Mais il y avait plus que ça. Il avait l'impression que si jamais il lui arrivait quelque chose, alors il en mourait.
Il réussit finalement à atteindre Cédric et à le plaquer contre lui, présentant son dos aux Dragons en espérant que sa résistance naturelle serait suffisante. Et puis, lui aussi, avait fermé les yeux.
C'était la chaleur qui l'avait incité à les rouvrir. Il y avait celle sur son torse à cause du corps de Cédric. Celle-ci semblait faire battre son cœur sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Mais il y en avait également une autre, sur son visage. Comme s'il était baigné de soleil. Il les avait alors immédiatement écarquillés. Il avait fait ça. Il le savait. Ce bouclier sphérique brillant comme l'astre du jour venait de lui. Les motifs qui le parcouraient ne pouvaient pas signifier autre chose. C'était le symbole de Svalinn.
À l'extérieure, de nombreux Dragons essayaient de détruire cette protection. Ils donnaient des coups de crocs, de griffes ou encore tentaient de le percuter sans résultats. À part un seul. En effet à chaque fois que l'un d'eux le touchait, ils hurlaient de douleur alors que les endroits où leur chaire était entrée en contact avec la surface brillante se mettaient à brûler. Le bouclier n'avait pas uniquement la couleur du soleil, il en avait aussi apparemment la chaleur.
Viktor se rappelait ses lectures. Elles disaient qu'à force d'absorber les rayons de l'astre pour protéger la Terre, le corps de Svalinn était devenu aussi ardent que lui. Son feu s'était alors tari, car sa respiration seule suffisait à consumer ses adversaires.
« Viktor ? » Entendit-il.
Celui-ci sortit de sa stupeur et baissa les yeux. Cédric le regardait, interrogatif.
« C'est… c'est toi, ça ? » Demanda-t-il.
Il était inutile de deviner de quoi il voulait parler.
« Ouais… » Répondit le Bulgare, incertain.
« Tu m'as sauvé la vie » dit alors l'autre jeune homme.
« Toi aussi » dit simplement Viktor.
Il y eut un silence avant que Cédric ne reprenne la parole.
« Euh… tu pourrais me lâcher, maintenant ? »
Viktor remarqua alors qu'il maintenait toujours la tête de son ami sur son torse musclé. Rapidement, il écarta les bras et recula légèrement. Cédric fit de même. Aucun des deux garçons n'osait se regarder. Ce fut finalement Viktor qui parvint à briser la glace.
« C'est dommage… pour une fois que j'étais plus grand que toi » dit-il.
En effet, ils avaient été sur la terre ferme, Viktor n'aurait jamais pu serrer Cédric comme il l'avait fait. Le Bulgare était large, mais pas très grand. Cédric le dépassait au moins d'une tête. Cependant, loin de détendre ce dernier, la remarque ne le fit que rougir encore plus. Il estima alors préférable de changer de sujet.
« Tu sais comment nous sortir de là ? » Demanda-t-il en regardant les Dragons au-delà de la barrière.
En effet, Viktor ne pouvait pas simplement le laisser tomber. Ils étaient cernés de tous côtés. Sans protections et sans moyen de s'échapper, ils se feraient déchiqueter sans nul doute.
« Je pourrais utiliser la technique d'Hermione » proposa Viktor. « Surcharger le bouclier et le faire exploser pour disperser les Dragons et s'enfuir pour trouver une meilleure position. »
Cédric regarda la barrière autour d'eux en se mordant la lèvre, indécis.
« Tu es sûr d'y arriver ? » demanda-t-il. « Il est loin d'être ordinaire. »
Viktor ferma les yeux et commença à se concentrer sur le flux de Mana qui le reliait à leur unique protection.
« On dirait… que la structure est la même que d'habitude, mais que l'énergie vient d'une autre source » dit-il.
« Comment ça, "une autre source" ? » Demanda Cédric.
« C'est un peu comme… les sources élémentaires, tu vois ? »
Il faisait référence aux cœurs magiques multiples que possédait une personne avec des pouvoirs élémentaires. En plus de leur source principale (ou leurs sources principales dans les cas des métis Démon Magiciens ou Magiciens réincarnés qui en avaient deux), ils possédaient des sources énergétiques liées à leurs éléments. Quand ils les invoquaient, ils puisaient dans ces sources-là et non dans leur(s) principale(s).
« On dirait que je dispose d'une source supplémentaire, mais au lieu qu'elle représente un élément, elle sert à protéger. »
Mais au final, si la structure du sort était identique à celui dont il avait l'habitude alors, en théorie, il pouvait le faire exploser. De son côté, Cédric était inquiet. Ils avaient affaire à une énergie inconnue et qui semblait assez puissante. Qui sait ce qui allait se produire si…
Mais c'était trop tard déjà. Le bouclier autour d'eux se mit à briller plus fort à mesure que Viktor le chargeait en Mana. La lumière était si intense que Cédric avait du mal à garder les yeux ouverts.
« Viktor, tu es sûr… »
Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Dans un sifflement aussi bruyant qu'un coup de tonnerre, le bouclier autour d'eux explosa.
Cependant, la déflagration était bien plus importante que ce qu'on aurait pu penser. Quand Viktor rouvrit les yeux, il était seul dans le ciel. Alors que des dizaines, voir des centaines de Dragons grouillait aux alentours, il était apparemment l'unique survivant.
« C… Cédric ? » Appela-t-il en regardant autour de lui.
Mais il n'apercevait personne. Il n'était quand même pas…
« Cédric ! » Cria-t-il plus fort.
Il n'y eut pas de réponse. Viktor continua à observant dans tous les sens quand finalement il le vit. C'était une petite silhouette qui tombait vers l'un des rochers qui affleuraient de l'eau, mais il savait que c'était lui. Il la vit s'écraser. Il se précipita alors en priant Dieu et Satan pour qu'il soit toujours en vie.
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Cédric rouvrit les yeux avec peine. Le choc avait été rude. Heureusement qu'il était un Démon. Il grogna et regarda autour de lui. Bon, apparemment, s'il arrivait déjà à tenir debout, c'est qu'il ne devait pas aller trop mal. Quoique, de là où il était, il pouvait voir qu'il était bien amoché.
Le brouillard dans l'esprit de Cédric commença à se dissiper. « De là où il était » ? « S'il arrivait déjà à tenir debout » ? Il ne comprenait plus ce qu'il ressentait.
Oui, il était debout. Il regardait même le ciel vide de ses myriades de Dragons. Alors pourquoi sentait-il la pierre de l'île sur son dos et pourquoi… pourquoi est-ce qu'il se voyait lui-même, debout, et en train de regarder le ciel avant de revenir vers lui alors qu'il était allongé dans le cratère provoqué par sa chute.
Un bruit derrière lui/eux le(s) fit se retourner. Viktor s'était posé à proximité et se précipitait dans sa/leur direction.
« Je suis désolé ! » S'exclama-t-il. « Je ne pensais pas… je ne voulais pas… je… »
Soudain, il se figea, interdit, un air de totale incrédulité sur le visage.
« Euh… Cédric ? » Demanda-t-il. « Pourquoi est-ce que je te vois en double ? »
Les Cédric n'eurent pas le temps de répondre.
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Sirius balança son arme en un mouvement semi-circulaire presque parfait. Il ne fut même pas ralenti par les Dragons Artificiels sur son passage. En effet, la lame était à la fois si lourde et aiguisée qu'elle traversait le corps des ennemis aussi facilement que du beurre. Même les écailles robustes sur leur dos ne lui résistaient pas. Vu que le reste était principalement composé de matières molles et d'os creux, il n'y avait rien pour lui faire vraiment obstacle.
Le fait qu'il se trouve dans les airs était également un plus non négligeable. Lorsqu'il se battait à terre, il devait toujours prendre garde de la direction de sa lame. En effet, si celle-ci devait heurter le sol, avec sa vitesse et la force qu'il mettait dans ses coups, non seulement elle s'en retrouverait abîmée, mais les vibrations qui remonteraient dans son bras seraient telles que cela pourrait briser ses os. Il devait donc calculer l'orientation du moindre de ses mouvements et privilégier les attaques latérales ou ascendantes (au risque d'être prévisible et donc aisément déjoué). Bien entendu, il arrivait des fois où il était obligé de porter un coup vertical ou transversal descendant. Mais dans ces cas-là, il devait faire en sorte de stopper la lame avant qu'elle ne touche le sol, ce qui était loin, très loin, d'être facile.
Parce que le problème majeur de Sirius était qu'il manquait cruellement de force pour diriger correctement une telle arme. Il avait eu beau s'entraîner pour muscler son corps, il était toujours trop faible. À cause de ça, la puissance de ses coups venait uniquement de la force cinétique qu'il donnait à son épée. Il n'y avait ni technique ni finesse dans son maniement et encore moins de contrôle.
Mais pourtant, il s'était juré d'y arriver. Depuis le combat contre Draco, lorsqu'il avait perdu la tête, il voyait à quel point il pouvait faire des dégâts avec cette lame. La cicatrice de Remus avait mis du temps à partir, même avec la magie, c'était dire à quel point le coup avait été puissant. Cependant, il était hors de question qu'il demeure sans améliorer son contrôle. Encore une fois, les blessures de Remus lui revenaient à l'esprit.
C'est aussi pour ça qu'il vaut travaillé sur son Ulfark. Selon ce qu'on lui avait rapporté, lors de sa crise, sa force avait été décuplée, lui permettant des assauts d'une précision et d'une violence sans précédent. Il n'avait toujours aucune technique, mais il semblait utiliser son arme avec beaucoup plus d'aisance. Malheureusement, cet état s'accompagnait d'une sorte de folie meurtrière et Sirius refusait de perdre le contrôle. Il avait déjà toute sa tête quand il avait blessé Rémus, qui sait ce qu'il ferait si jamais…
Non, il ne voulait pas y penser. Tout ce qu'il voulait, c'était parvenir à obtenir la puissance de son loup intérieur, mais sans perdre sa conscience. Cependant, malgré son entraînement, à aucun moment il n'avait ressenti l'animal qui sommeillait en lui. S'il n'arrivait pas à comprendre comment fonctionnait son pouvoir, alors il ne pourrait pas l'exploiter comme il le désirait.
En attendant, il devait se contenter de balancer son épée dans tous les sens sans avoir à se soucier de faire du mal à quiconque (à part aux ennemis). C'était aussi un avantage de se battre dans le ciel, la possibilité de s'écarter du reste des troupes. Comme il n'avait que peu de contrôle sur son arme, cela aurait été difficile de stopper pour éviter de toucher quelqu'un. Mais là, ça allait, il était seul…
… Ou presque.
Sirius se retourna soudain et lança sa lame. L'arme se mit à tourbillonner comme un disque mortel dans les airs en fauchant tout sur son passage. Remus n'eut que le temps de lever sa queue pour qu'elle ne soit pas tranchée net. Puis, tel un boomerang, la trajectoire de l'épée s'infléchit et revint en direction de son propriétaire qui en saisit la poignée au vol.
C'était une nouvelle fonction de sa lame. Grâce à des runes qui s'attiraient l'une l'autre, il était capable de rappeler son arme quand il ne l'avait plus en main. Bien entendu, ne pouvant totalement stopper son geste à cause de son manque de force, il l'accompagna dans son mouvement et fit plusieurs tours sur lui-même avant que l'énergie cinétique ne se dissipe.
« Qu'est-ce que tu fiches là ? » Grogna-t-il à Remus après s'être de nouveau mis en garde.
Comme il était impossible pour le loup-garou de parler sous une forme animale, il en reprit une plus humaine.
« Il te faut quelqu'un pour surveiller tes arrières » lui répondit-il.
« Je n'ai besoin de personne » dit vivement Sirius en balançant son épée. « Comme tu le vois, c'est beaucoup mieux pour tout le monde si je combats seul. »
« Vraiment ? » Demanda Remus en saisissant le col de la veste de son ami.
Il le tira dans son dos et envoya un coup de griffe dans la gorge du Dragon qui tentait de le surprendre par-derrière. Celui-ci se mit à feuler en se débattant, mais il était loin d'être mort. Remus s'avança pour essayer de l'achever, mais à ce moment-là, du coin de l'œil, il vit la lame de Sirius s'abattre dans sa direction. Il eut juste le temps d'enlever sa main. La créature, elle, se retrouva tranchée en deux.
« Oui. Vraiment » dit Sirius. « Maintenant si tu veux bien… »
À nouveau, il envoya son épée dans les airs. Malheureusement, cette fois, certains de leurs adversaires voulurent en profiter pour l'attaquer. Comme il était désarmé, Sirius commença par esquiver. Il allait leur lancer un sort quand un loup géant couleur sable fondit sur les Dragons gueule en avant et se mit à les déchiqueter.
« Tu ne devrais pas être aussi imprudent ! » S'exclama Remus une fois retransformé.
Le sang noir des créatures maculait son visage. Une partie coulait de ses lèvres jusqu'à son menton. Il ne se sentait pas bien. C'était la première fois qu'il se servait de ses crocs sur un ennemi. C'était la première fois qu'il sentait du sang dans sa bouche. Sa partie loup se réjouissait de la mort de son adversaire alors que sa partie humaine en était dégoûtée. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas ressenti ainsi la dualité entre ces deux parties de son être.
Non, il devait rester concentré. Il devait rester focalisé sur ce qu'il avait à faire. Malheureusement, sa tête tournait. Est-ce que le sang était empoisonné ou alors est-ce que c'était juste son dégoût qui prenait le dessus ?
« Tu aurais pu te faire tuer ! » Reprit-il. « Qu'est-ce qui te prend d'abandonner ton arme comme ça ! »
« Qu'est-ce qui me prend ? » Éructa Sirius.
Il tendit la main pour récupérer sa lame. Cette fois, il bougea à peine quand le fuseau frappa sa paume. En temps normal, sans suivre le mouvement il aurait pu se déboîter l'épaule, mais la colère semblait lui donner des forces.
« Je te rappelle, mon cher Remus que même sans cette épée, je suis loin d'être impuissant ! » Cria-t-il. « J'étais l'un des meilleurs de l'Académie des Aurors avant de me faire arrêter. Je sais me défendre tout seul. »
« Comme tu dis, tu étais à l'Académie ! » Riposta Remus. « Tu n'avais même pas fini la formation ! Ne crois pas que ça fait de toi un foudre de guerre ! »
« Merci pour le vote de confiance ! Donc tu t'es dit que toi tu pouvais l'être pour moi, monsieur "j'ai à peine un ASPIC en DCFM" ! »
« Je te rappelle que je me suis entraîné ces derniers mois ! »
« Comment est-ce que je le saurais ? Tu m'évites depuis Halloween ! C'est à se demander même pourquoi, maintenant, tu ne veux plus me lâcher. »
« Je ne peux pas te laisser seul ! Tu pourrais te blesser ! »
« Je suis un Démon, je peux endurer quelques dégâts et j'ai la magie pour me soigner. Je ne suis pas en sucre, Remus. »
« Maintenant que tu es enceint, si ! »
Remus plaça aussitôt ses mains devant sa bouche en se rendant compte des mots qu'il avait prononcés. Sirius resta interdit pendant quelques secondes. Quelques Dragons voulurent en profiter, mais il les repoussa d'un sort.
« Que… qu'est-ce que tu viens de dire ? » Balbutia-t-il. « Enceint ? Moi ? Non… ce n'est pas… ce n'est pas possible. Je… »
Instinctivement, il plaça sa main sur son centre et blêmit. Mais comment ? Qui ? Pour être enceint, il devait avoir couché avec quelqu'un, de préférence un homme qui l'avait pris. Or la dernière fois qu'il avait été en dessous, c'était… à Halloween.
« Remus » dit-il d'une voix blanche. « Est-ce que… est-ce que ce bébé, c'est… notre bébé ? »
Le Loup-Garou demeura figer les mains sur sa bouche. Il allait hocher la tête quand un sifflement semblable à un coup de tonnerre se fit entendre. Les deux hommes se retournèrent et virent un immense mur de feu arriver dans leur direction.
Remus ne réfléchit pas. En moins d'une seconde, il s'était transformé et avait recouvert Sirius de son corps massif.
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Jusque-là, le plan se déroulait comme il l'avait prévu. En prenant chaque ennemi à part et en le faisant affronter des adversaires à leur niveau, ils avaient énormément limité les pertes. L'Équipe de Vali était presque au niveau d'Azi Dahāka tandis que Slash/Dog, malgré leur nombre réduit, avait suffisamment de force de frappe et de talent pour résister aux assauts de Trihexa.
De leur côté, les Dragons Artificiels pleuvaient du ciel et formaient une couche de cadavres sur la surface de la mer. Heureusement, comme le piège était une sorte de dimension parallèle, il serait facile de les récupérer pour ne pas laisser de traces.
Hariel, lui, se trouvait pile au centre du champ de bataille, là où il pouvait avoir une vue des troupes. Aidés d'Hermione, Eleanor, Dean et bien sûr, Draco, ils éliminaient tous les ennemis à portée de tir.
« Joli » dit-il à Eleanor qui venait de faire exploser plus d'une dizaine de Dragons d'un seul coup.
Elle utilisait le Sort qui lui avait déjà permis de tuer plusieurs soldats en armures lors de l'embuscade de la forêt pendant l'été. Que les adversaires ne soient cette fois pas des humains ne paraissait pas visiblement poser de problème.
« Moi aussi j'ai quelque chose dans ce goût-là » lui dit le jeune Démon avec un clin d'œil.
Il tendit la main vers un groupe de plusieurs Dragons. Aussitôt, leur poitrine se mit à gonfler puis éclata, projetant des gerbes de sang qui semblèrent s'écraser contre une sphère tout autour d'eux. Tout ce qui restait ensuite était un corps boursoufflé qui tombait dans l'océan en dessous.
« Pas mal. On dirait, une décompression explosive » dit Eleanor.
« C'est exactement ça » lui répondit Hariel. « Je crée autour des Dragons une poche sous vide. Celui qui est dans leur poumon et dans les vaisseaux se dilate et fait éclater le reste du corps. »
« Intéressant » dit la jeune femme avec un demi-sourire condescendant. « Mais c'est amusant, tu vois, moi aussi j'ai appris à utiliser le vide d'air pendant mes travaux sur la téléportation. »
Elle se tourna vers les Dragons et une sorte d'anneau brillant entoura son poignet. Hariel l'avait déjà vu faire. C'était la manifestation du chargement de l'un de ses sorts dans son appareil. Des filaments lumineux couleur argentés se mirent à tourbillonner dans les airs, limitant une sphère autour d'elle et soudain, elle disparut. Il lui fallut ensuite une fraction de seconde pour reparaître devant l'un de leurs adversaires dans un nuage d'étincelles argentées et lui asséner un coup sur le crâne. Son poing, renforcé par la magie, brisa l'os. Le choc expulsa les yeux des orbites et le cerveau gicla par les plaies.
Alors que, privé de sa tête, le Dragon continuait à voleter comme un poulet décapité (mais il n'irait pas bien loin), un autre se précipita dans sa direction. Le voyant arriver du coin de l'œil, Eleanor ne bougea pas. Pas vraiment. À nouveau, les filaments argentés l'entourèrent et elle disparut encore une fois pour se matérialiser juste au-dessus de son adversaire alors que celui-ci refermait ses mâchoires à l'endroit où elle se trouvait auparavant. Elle tendit ensuite la main vers lui, un cercle magique apparut et ce qui ressemblait à des échardes de glace s'en échappa, perçant des trous dans le cuir des ailes du Dragon. Celui-ci tenta de rester en l'air en les battant plus vite, mais il n'avait plus aucune prise au vent. Il poussa un rugissement et tomba jusque dans la mer où il s'abîma.
Mais Eleanor, elle, était déjà répartie, filant d'ennemi en ennemi, disparaissant et réapparaissant instantanément d'un endroit à un autre pour tuer ses adversaires, généralement en un seul coup. De son côté, Hariel l'observait avec un sourire en coin. Décidément, son amie ne cesserait jamais de l'impressionner. Grâce à son pouvoir élémentaire de vent, il savait exactement ce qu'elle faisait. Elle utilisait un vide d'air pour surpasser la plus grande barrière de la vitesse sur leur planète : la friction.
Tout objet lancé à quelque vitesse que ce soit au sein d'un environnement possédant une atmosphère était soumis à la friction, au frottement de la matière contre l'air qui l'entoure. C'était l'un des principaux soucis des constructeurs de véhicules conçus pour la vitesse : trouver des formes adaptées à la pénétration dans l'air, des formes permettant de glisser plutôt que de se battre contre cette friction. C'est ce qu'on appelait l'aérodynamisme.
C'était des principes similaires qui régissaient les sportifs de haut niveau en matière de vitesse. Vêtements près du corps, chaussures légères, le tout en matériaux fins et robustes… il arrivait même que certains s'épilassent pour éviter que leur toison offre une prise à l'air. Parfois, la différence n'était que de quelques dixièmes de secondes, mais cela pouvait tout faire quand il était question d'être le premier.
Cependant, la technique d'Eleanor rendait absolument obsolète toutes ces mesures et toute la science derrière pour la simple est bonne raison qu'elle éliminait tout bonnement le problème. Comme elle l'avait dit à Hariel, il s'agissait bien de vide d'air. Grâce à la magie, elle réussissait à créer un tube dépourvu de la moindre particule. Un tube de vide, comme celui de l'espace. Il lui suffisait alors de se propulser à l'intérieur pour atteindre pratiquement sans aucun effort sa destination.
Cela paraissait assez simple, mais c'était en fait bien plus complexe que cela ce qui dénotait de l'intelligence d'Eleanor. En effet, comme Hariel l'avait démontré plus tôt en tuant des Dragons, un vide d'air était quelque chose de dangereux. Même une exposition pendant une fraction de seconde pouvait avoir des conséquences importantes sur l'organisme. C'est pour cela qu'il fallait une protection. C'est à cela que les filaments argentés servaient. Il s'agissait en fait d'un bouclier qui assurait sa survie pendant la fraction de seconde du déplacement et qui se désagrégeait par la suite.
Mais ce n'était pas tout. En effet, le tout n'était pas seulement de fabriquer une route, mais aussi de l'emprunter. Pour cela, Eleanor devait imprimer à son corps un mouvement, puis lui permettre de s'arrêter exactement à la fin de son tube et cela sur une durée extrêmement réduite. Une telle vélocité devait être une charge énorme pour son organisme à moins qu'elle ne soit également protégée de cela. En effet, il était plus que probable que son bouclier ait la double fonction d'amortisseur et qu'il maintenait son corps dans une certaine position afin d'empêcher l'accumulation et le relâchement soudain de l'énergie cinétique (comme la poussée que l'on ressent quand on freine trop fort en voiture).
Toutes ces opérations simultanées démontraient de véritables prouesses de compréhension de la physique et de programmation, mais ce n'était pas tout. Loin de là. Car pour créer le tube de vide, il était essentiel de connaître exactement le point d'arrivée. La magie d'Eleanor était intimement liée à l'emploi des coordonnés dans l'espace. En effet, la manifestation de ses sorts dans la réalité ne nécessitait pas toujours d'émerger de son focal. Celui-ci était bien le lieu d'émergence de la formule, mais celle-ci pouvait très bien se manifester n'importe où autour du lanceur ou de la cible comme Hariel l'avait déjà vérifié.
Cela signifiait alors qu'en plein combat, si cette formule était utilisée comme technique d'évasion, mais aussi d'assaut comme le faisait Eleanor sous les yeux de son ami, celle-ci devait calculer en temps réel et en une fraction de seconde, les coordonnées d'arrivée de son tunnel afin de les insérer dans sa séquence magique. Bien entendu, elle ne pouvait le faire nu manuellement ni vocalement. Hariel estimait donc que son costume, notamment sa visière, était pourvu de système permettant une transmission télépathique depuis son cerveau jusqu'à son focus. Cependant, même propulsée à la vitesse de la pensée, une telle rapidité de calcul était impressionnante. Même pour Eleanor.
Et puis, il y avait autre chose qui émerveillait Hariel en regardant son ami.
« Décidément, on est vraiment sur la même longueur d'onde » murmura-t-il.
Mais alors qu'Eleanor s'occupait d'achever un énième Dragon, un autre était déjà sur elle. Elle sentit sa présence plus qu'elle ne le vit, se rendant compte immédiatement qu'elle ne pourrait pas l'éviter à temps. Sa technique de Transport du Vide était trop dangereuse utilisée à l'aveuglette. Une fois son tunnel créé, il était impossible de le modifier et si l'enfant la fraction de seconde pendant laquelle elle l'empruntait, quelque chose passait au travers, elle le percuterait à coup sûr. Le bouclier qui l'entourait à ce moment-là ne la protégeait pas des dégâts physiques et à une telle vitesse, le choc la tuerait assurément.
Elle travaillait bien sur une variante de son Sort qui lui permettrait de se déplacer seulement de quelques centimètres, mais elle avait fini par abandonner, le trouvant inutile. Le coup en énergie était exactement le même que pour le Transport du Vide. Seule la durée d'incantation était plus rapide, car le Pas du Vide, comme elle l'appelait, ne nécessitait pas de coordonnées, mais juste une direction et créait un mouvement automatiquement. Elle n'avait pas du tout pensé que cette technique pourrait l'aider à esquiver au cas où elle n'aurait pas le temps de calculer une destination.
Elle n'allait donc pas pouvoir échapper aux corps aiguisés ou aux griffes acérées de son adversaire.
Cependant, alors qu'elle se faisait cette réflexion, elle entendit comme un craquement suivi d'un gémissement. Rapidement, elle se retourna pour voir ce qui se passait et vit le Dragon tomber droit en direction de l'eau en dessous de lui. D'autres bruits similaires furent émis alors que le reste des ennemis autour d'elle tombaient à leur tour les uns après les autres, hérités par quelque chose d'imperceptible qui faisait éclater leur tête ou perçait des trous énormes dans leurs flancs ou leurs ailes.
« Ne baisse pas ta garde » dit une voix derrière elle.
Hariel l'avait rejoint et souriait.
« De munitions invisibles ? » Demanda Eleanor.
« Juste trop rapide pour l'œil » répondit son ami en tendant la main devant lui.
Entre son pouce et son index, il tenait une sphère de couleur métallique.
« Une bille en acier » remarqua Eleanor avec circonspection. « Est-ce que tu l'as juste… jetée sur les Dragons ? »
« Oui et non » dit Hariel sur un ton mystérieux. « Certes, la force physique des Démons est importante, mais il y a plus ingénieux comme moyen de propulsion. »
Il lâcha la bille qui se mit à flotter au-dessus de la paume de sa main. De petits éclairs jaunes crépitaient tout autour.
« La force électromagnétique… » comprit alors Eleanor. « Un canon électrique ? »
Hariel hocha la tête.
Il avait essayé. Il avait vraiment essayé. Après avoir discuté avec Myrddyn sur les différentes utilisations des pouvoirs élémentaires, il avait tenté de faire émerger les manifestations plus symboliques de ses capacités. Le Feu représentant la vie, capable d'animer les objets inanimés, la foudre capable de faire circuler l'énergie, l'eau de purifier et soigner… pourtant, il ne parvenait pas à comprendre ces singularités et donc à les matérialiser. Quelque chose bloquait dans sa tête. C'était trop abstrait pour son esprit logique. C'est pour ça qu'il était retourné à la base. À sa base. L'utilisation des éléments de la nature en application des lois scientifiques.
Et c'était comme cela qu'il s'était rendu compte qu'il avait totalement négligé une part importante de phénomènes physiques liés à l'électricité : le magnétisme. La capacité à créer des charges positives ou négatives afin d'attirer ou repousser les métaux. À partir de là, il lui avait fallu peu de temps pour trouver une alternative magique au théorique railgun ou canon à rail. Son nom vient du fait que son but était de pouvoir tirer des projectiles en chargeant deux rails parallèles et conducteurs avec des potentiels électriques différents. Tous corps métalliques conducteurs placés entre ces deux rails subissaient alors une poussée qui le propulsait avec une vitesse exponentielle.
Bien entendu, Hariel n'avait pas besoin de rails, pas physiques en tout cas. Pouvant manipuler l'électricité, il pouvait créer les deux courants nécessaires dans le vide afin de projeter ses billes d'acier comme des balles de pistolet.
« Je lui ai tout de même apporté une petite amélioration en vue de la bataille » rajouta-t-il en direction de son amie. « Et je suis content de voir que nous avons la même façon de penser. »
À ce moment-là, la bille au creux de sa main disparut. Presque même instant, un des Dragons poussa un cri. Touché au niveau du thorax, celui-ci avait explosé, le tuant sur le coup.
« Toi aussi tu utilises un tunnel de vide afin d'augmenter la vitesse et donc la force d'impact de tes projectiles » comprit alors Eleanor.
Tout corps dans un milieu dépourvu d'atmosphère pouvait accélérer à l'infini et conserver sa vélocité. Une fois la sphère éjectée par le Railgun, elle filait à la même allure jusqu'à ce que quelque chose la stoppe. Généralement le corps d'un ennemi. Le procédé demandait moins de calculs que celui d'Eleanor, car la bille n'était pas affectée par le vide et n'avait donc des protections n'étaient pas nécessaire. De plus, au vu de son utilisation, elle n'avait bien entendu pas besoin d'être arrêtée. Seul le couloir de vide devait être contrôlé. Sa direction bien sûr, mais aussi sa longueur qui, selon les capacités d'Hariel, pouvait détendre sur des kilomètres et des kilomètres.
Pouvoir montrer ses dernières découvertes à Eleanor enthousiasmait Hariel et il savait que c'était réciproque. Cependant, l'excitation que les deux ressentaient leur faisait oublier le plus important.
Trihexa.
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Hermione était inquiète. Pourtant, tout se passait bien. La stratégie d'Hariel fonctionnait à merveille. Ses troupes démoniaques ainsi que lui-même parvenaient à réduire le nombre de Dragons Artificiels. De son côté, l'équipe de Vali arrivait sans peine à tenir Azi Dahāka en respect et gagnait même du terrain. Et pour ce qui est de Tobio Ikuse et de ses compagnes, leur action guérilla contre le fragment de Trihexa semblait l'occuper suffisamment pour leur laisser à tous les coudées franches. On n'aurait peut-être même pas besoin des armées de la Faerie.
Mais c'était là le problème. Ça se passait trop bien. Azi Dahāka avait tenu tête à des centaines de Walkyries à Asgard. Il n'avait jamais paru être acculé alors même que ses adversaires étaient des divinités guerrières. De plus, même diminuée, Trihexa restait un ennemi d'une puissance inimaginable. Et puis, à bien y réfléchir, quelque chose d'autre clochait.
L'Angleterre, le Japon, l'Inde, l'Égypte… en tout, il y avait 6 champs de bataille. Sauf que Trihexa avait 7 têtes. Donc où pouvait bien se trouvait la dernière ? Hermione avait un mauvais pressentiment. Un combat facile, une tête manquante… c'était comme si c'était fait exprès.
« Hariel ! » S'écria-t-elle en direction de son amie.
Créant plusieurs plateformes dans les airs, elle rejoignit le jeune Démon qui continuait à discuter avec sa sœur.
« Quelque chose ne va pas » dit-elle. « C'est trop facile. »
« Qu'est-ce qui est facile ? » Demanda Eleanor.
« Cette bataille. C'est vrai que l'ennemi est en sous-nombre par rapport aux autres attaques, mais quand même. Compte tenu des dégâts de la dernière fois, tu ne penses pas que le nombre de victimes est trop peu élevé. »
Hariel fronça les sourcils et regarda autour de lui. Hermione avait raison. Il se rendait compte à présent du décalage entre leur bataille d'aujourd'hui et celle de la veille. À Asgard, alors même qu'ils se trouvaient à l'arrière, maintenir une cohésion et rester en vie avait été un combat de tous les instants. La moindre perte de concentration aurait pu être fatale. Mais si lui et Eleanor pouvaient plaisanter en se montrant leurs techniques, ce n'était pas grâce à ses propres compétences de commandant. Quelque chose clochait sûrement.
« Et puis » rajouta Hermione. « Il manque une tête. »
Hariel comprit immédiatement ce qu'elle voulait dire et cette idée lui fit dresser les cheveux sur la tête. Si la dernière tête n'était pas en train de combattre, c'est qu'elle devait faire autre chose. Comme par exemple, accomplir le dessin des Dragons Maléfiques dans la Faille Dimensionnelle. Et personne ne pouvait rien faire, car ils étaient tous occupés à se battre à différents endroits des mondes.
« Il faut prévenir mon oncle » dit alors le jeune Démon.
Il porta sa main à son oreille espérant activer le sort de communication, mais il se rendit compte à ce moment-là que celui-ci avait cessé de fonctionner. Pris d'un doute, il sortit son téléphone portable et regarda le réseau disponible. Il n'y avait rien.
« Ils brouillent les communications ! » Jura-t-il.
« Alors il faut que tu y ailles toi-même ! » S'exclama Hermione.
« Je ne peux pas vous laisser ici. »
« Ils cherchent seulement à nous occuper, pas à nous détruire. Profites-en ! »
« Nous ne laisserons pas cela arriver » dit alors une voix lugubre qui résonna dans leur tête.
À ce moment-là, celle de Vali lui parvint aux oreilles. Il était impossible de contacter l'extérieur, mais apparemment, les communications magiques proches semblaient fonctionner.
« Il se passe quelque chose avec Azi Dahāka. »
Soudain. Il y eut un rugissement. L'air ambiant sembla alors vibrer et un flot d'énergie se déversa aux alentours.
« Il se passe quelque chose… » dit Hermione en regardant autour d'elle.
Une vague noire traversa le ciel au-dessus d'eux. Hariel comprit immédiatement ce qu'il se passait. C'était le piège. Le piège qu'ils avaient utilisé pour contenir leurs adversaires se retournait maintenant contre eux. Azi Dahāka devait déjà en avoir pris le contrôle depuis pas mal de temps. C'est pour ça qu'ils ne pouvaient plus contacter l'extérieur. À l'insu de tous, il avait reconfiguré le sort pour bloquer les communications. À présent, il venait à nouveau de le modifier, mais cette fois de façon bien plus ostentatoire. Nul besoin de se cacher puisque leurs adversaires avaient compris leur plan…
Et les avait enfermés à leur tour.
À suivre…
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Enfin un autre chapitre de fait. Je suis vraiment désolé du retard. Vacances et puis… ben, plus d'inspiration pour écrire. Mais là, ça va, je suis de retour sur les rails. Enfin, j'espère.
On m'a parlé plusieurs fois des ressemblances entre mon histoire et le manga « Moi quand je me réincarne en Slime ». Cette fois-ci, l'attaque utilisée par Hariel est directement inspirée d'une Attaque de Limule, Meggido, qui lui permet de tiers plusieurs milliers de soldats d'une armée ennemie en quelques minutes.
Au sujet des Dragons disparus, le Jabberwocky est une créature évoquée par Lewis Caroll dans « Alice de l'autre côté du miroir ». Falcor, lui est un personnage du livre (et des films) de l'« Histoire sans Fin » de Michael Ende.
En tout cas, j'espère que le chapitre vous a plu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à la prochaine fois.