Et le retour du vocabulaire :
- Masaka… : ce n'est pas possible…
- Gochiso-sama : merci pour ce repas.
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Check Mate DxD
Chapitre 121 : Assimilation/Douka
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Fleur tremblait encore. Cela avait été moins une. Dès que Valéry avait réussi à absorber à nouveau le Graal, Gasper les avait éloignés juste à temps pour ne pas se faire écraser par la patte gigantesque de Trihexa. En temps normal, voir ce monstre se frapper elle-même la tête aurait été hilarant, mais ce n'était vraiment pas le moment de se réjouir. Toutes les phases de leur plan n'étaient pas achevées. Ils devaient encore fuir afin de mettre la Dhampire à l'abri des Dragons Maléfiques.
« Dépêchons-nous » dit Gasper alors que les ténèbres qui composaient son corps se dissipaient.
Le Vampire aux cheveux blond platine et aux yeux rouges réapparut alors, le vent des hauteurs faisant flotter la jupe de son uniforme scolaire. Il était toujours parfois ce petit garçon se cachant dans un carton, mais ici, à présent, il était un guerrier, un Fou de Rias Gremory et le Protecteur de Valéry. Le cercle des Gremory se matérialisa sous leurs pieds, mais se brisa presque aussitôt.
« Que… » balbutia le Démon-Vampire en essayant à nouveau.
Et à nouveau, le résultat fut le même. Comme il allait faire une troisième tentative, un ricanement sinistre se fit entendre dans son esprit. Dans leurs esprits à tous.
« Pauvres fous » disait la voix. « Vous pensiez nous piéger et c'est vous qui finalement êtes pris au piège. Vous ne m'échapperez pas. J'arrive pour reprendre le Graal sacré ! »
« Apophis ! » Cria alors Issei qui avait parfaitement reconnu le Dragon.
Il se jeta sur lui pour l'empêcher de poursuivre Gasper, Fleur et Valéry, mais la créature aux écailles semblable à des joyeux argentés l'esquiva avec facilité en prenant forme humaine. Comme le jeune Japonais s'apprêtait à frapper l'énorme masse du saurien, il ne toucha que l'air alors qu'un homme au physique moyen-oriental et vêtu de noir filait en direction du trio.
« Valéry n'est pas en état de se défendre » s'écria Gasper.
En effet, la Dhampire semblait dans un état comateux depuis qu'elle avait réabsorbé le Graal.
Fleur se mordit la lèvre. Il fallait qu'elle fasse quelque chose. Elle n'était pas très entraînée et son Sacred Gear était difficile à manipuler, mais elle n'était pas sans défense.
« Va essayer de la mettre à l'abri, je vous couvre » dit-elle.
« Vous êtes sûre de pouvoir vous en sortir seule, Fleur-sans ? » Demanda le Dhampire.
Non, pensa la jeune femme dans son esprit.
« Oui » dit-elle à son compagnon. « Maintenant, partez ! Ce n'est pas la première fois que je me retrouve face à un Dragon. »
N'attendant pas la réponse de Gasper. Elle se tourna alors vers son adversaire. Celui-ci volait dans leur direction. Issei s'était bien jeté à sa poursuite, mais, réagissant à un ordre de leur maître, les hordes de leurs ennemis lui avaient barré le chemin, à lui et aux autres. Fleur était donc seule contre le Dragon de l'Éclipse.
Ça va aller, se dit-elle.
Elle tendit la main vers lui, faisant apparaître un cercle bleu, sa couleur magique.
« Somnus ! » Dit-elle alors d'une voix claire et forte.
Un rayon d'un violet pâle argenté, duveteux comme de la fumée, en émergea et fila vers Apophis. Il s'enroula autour de lui tel un serpent, tentant de pénétrer son corps. Mais cela ne semblait pas avoir d'effet. Apophis n'avait rien à voir avec le Vert Gallois qu'elle avait à peine réussi à subjuguer en novembre dernier. Mais à présent, elle non plus n'était plus cette petite fille arrogante prête à tout pour plaire à sa mère. Elle avait changé, muri, s'était transformée. Elle était morte et était revenue à la vie plus forte encore. Elle était devenue Veela.
Alors elle fit ce que faisaient le mieux les Veelas. Elle commença à Chanter.
Plus question de seulement siffler, elle savait que ce ne serait pas suffisant. Non, elle devait y mettre de sa Voix.
Dans la vallée, les Veelas avaient des Chants pour des tas de choses. Calmer, exciter, troubler, endormir… mais leur propre magie ne s'arrêtait pas là. Grâce à leurs champs, ils pouvaient aider la nature à grandir, appeler le vent, entretenir les flammes. Ils se servaient de ces Chants depuis des générations et ceux-ci n'avaient jamais changé.
La raison lui en avait été donnée par Joséphine, Grand-mère. Elle lui avait dit que les paroles n'avaient pas d'importance réelle, ce qui comptait, c'était l'intention du Chanteur. Les mots ne servaient qu'à diriger l'esprit de la même manière que les sorts et les mouvements de baguette des Sorciers. Les Veelas se transmettaient ses Chants depuis tout jeune ce qui faisait que chacun d'eux représentait le mieux le dessein du Sort.
Mais Fleur n'avait pas été élevée de cette façon. Il lui faudrait des années dans la vallée pour que les Chants Veela deviennent siens. Donc, pour que sa magie soit effective, elle devait chanter quelque chose qu'elle connaissait et qui symbolisait parfaitement le sommeil à ses yeux. Une berceuse.
Dominique n'avait jamais été du genre à chanter pour ses filles. Ou bien Fleur ne s'en souvenait pas. Cependant, cet été, sa sœur, Gabrielle, avait fait un cauchemar et elle n'avait rien pu faire pour la rassurer. Dame Venelana était alors apparu comme par magie dans leur chambre. Elle avait consolé Gabrielle, l'avait aidé à se recoucher puis lui avait chanté une berceuse. C'était une très ancienne chanson démoniaque sur l'arrivée de Satan aux Enfers et comment il s'était reposé dans les bras de Lilith après sa si longue errance.
Fleur n'avait oublié aucune des paroles de cette chanson qui l'avait également tellement apaisée. Et c'est ces sentiments qu'elle transmit dans sa voix au travers de son Chant.
Apophis, lui, sentit le sort de sommeil renforcé par le Chant Veela s'insinuer en lui. Il avait l'impression d'être allongé au milieu d'un champ de fleur odorante. Le vent les faisait bouger lentement et le tintement qu'elles produisaient formait une mélodie. Sa tête, elle, était posée sur quelque chose de doux alors que des mains l'enserraient presque.
Il se sentait plonger de plus en plus dans l'abysse des ténèbres, envoûté par la musique. Mais quelque chose au fond de lui se mit à remuer. Quelque chose de sombre et de vicieux qui traînait en lui depuis le début des temps : l'Envie. Au fur et à mesure des siècles, cette Envie est devenue sa fierté, une fierté immense, démesurée, menaçant de l'engloutir lui en même temps qu'il engloutissait le monde. Une fierté qui ne lui permettait pas d'être charmé ainsi par une vulgaire petite Fée.
Son apparence humaine ouvrit la bouche et cria à la manière d'un Dragon. Il se retransforma alors, brisant le sortilège qu'on tentait de poser sur lui.
« Misérable insecte, tu oses ? » Grogna-t-il.
Fleur cessa son Chant et parvint de justesse à éviter la gerbe de flammes que lui envoyait Apophis.
« Vous ne pourrez pas m'échapper ! » Dit-il. « Acceptez votre Destin ! »
Ces simples mots hérissèrent la jeune femme. Accepter ? Laisser quelqu'un d'autre décider comme l'avait fait leur père ? Jamais. Puisqu'Apophis n'acceptait pas le sommeil qu'elle lui offrait alors, il devrait subir ce qui allait suivre. Car elle n'était pas seulement une Veela, elle était une Banshee.
Et si le Chant de la Veela pouvait subjuguer, le Cri de la Banshee, lui, pouvait tuer.
À nouveau, elle ouvrit donc ses lèvres et donna de la Voix. Aussi fort qu'elle le pouvait. Apophis accusa le coup, mais cela ne l'empêchait pas de continuer dans sa direction. Alors Fleur se mit à crier plus fort, plus aiguë. À chaque fois qu'elle montait, elle pouvait voir le Dragon ralentir, comme prise dans une bourrasque de vent. Alors elle cria encore. Plus fort. Plus aiguë. Jusqu'à ce que…
Jusqu'à ce que sa voix ne se fasse plus entendre. Jusqu'à ce que même les êtres à l'ouïe le plus développés ne puissent plus atteindre ce niveau. Jusqu'à ce que tous les sons soient absorbés par elle. C'est à ce moment-là qu'Apophis stoppa.
Il resta là, dans les airs, figé, alors que derrière lui, les troupes présentes dans le cône d'action direct de la voix de Fleur étaient réduites en poussière.
Mais soudain, alors que le silence était complet, le vide autour d'eux se mit à miroiter d'une couleur argentée et une voix se fit entendre dans l'esprit de tout le monde. Une voix que Fleur connaissait.
« Message à toutes les troupes de l'Alliance. Ici Hariel Gremory. C'est un piège. Les Dragons Maléfiques et Trihexa ont fait exprès de diviser notre armée et de nous enfermer dans les pièges que nous avions mis en place nous-même pour les empêcher de s'enfuir. Ils voulaient nous empêcher de nous rendre compte que leur véritable cible, l'endroit où se trouve la septième et dernière tête de Trihexa, c'est la Faille Dimensionnelle. À présent que les barrières sont toutes tombées, ils vont devoir soit continuer à se battre ici, soit Trihexa va se rassembler dans la Faille. Dans les deux cas, tenez bon ! »
« Non ! » Rugit alors Apophis. « Cela ne se peut… »
Il ne put cependant en dire plus. En effet, profitant de son inattention, Fleur en avait augmenté une dernière fois la puissance de son Cri. Celui-ci prit le Dragon de l'Éclipse au dépourvu. Son corps se raidit soudain, puis se ramollit et enfin, se mit à tomber droit dans la mer.
À bout de souffle, Fleur cessa de crier et tenta de reprendre sa respiration.
« Est-ce qu'il est mort ? » Demanda une voix au bout d'un moment.
Fleur tourna la tête et vit qu'il s'agissait de Gasper. Le petit Dhampire tenait sa cousine encore inconsciente entre ses bras à la manière d'une princesse.
« Je ne suis pas sûre… » lui répondit Fleur.
Comme pour lui donner raison, l'eau en dessous d'eux explosa en gerbe d'écume et Apophis surgit de l'océan en grognant.
« Maintenant que les barrières sont tombées, mets Valéry à l'abri » dit la jeune femme au Dhampire à côté d'elle.
« Vous êtes sûr que ça va aller ? » Demanda celui-ci.
« Je crois que cette fois, je ne serais pas seule. »
En effet, la perte de connaissance d'Apophis avait affolé ses troupes permettant au reste de l'armée de se frayer un passage. Déjà. Issei se dirigeait vers elle accompagné de Rias. Le reste de la Suite Gremory et de leurs alliés leur avaient emboîté le pas alors que Sona Sitri et sa propre Suite s'occupaient de Trihexa avec l'aide des Yokai.
Mais alors que Fleur était soulagé d'avoir du renfort. Un frisson parcourut son corps. Plus que cela, c'était un tremblement intense qui contracta chacun de ses muscles. Il lui semblait que quelqu'un criait. Elle pouvait sentir de la douleur, de la peine… de la folie.
« Fleur-sans ? » Appela Gasper.
Mais la jeune femme ne l'entendait pas.
« Ha… Hariel… » balbutia-t-elle.
Elle sursauta quand une main se posa sur son épaule. Elle tourna vivement la tête en direction de Gasper qui frissonna en voyant ses yeux écarquillés de terreur.
« Fleur-sans ? »
« Vite… » souffla-t-elle. « Il faut… il faut rejoindre Hariel dès maintenant. C'est une question de vie ou de mort. »
« La mort de qui ? »
« De tout le monde. »
Mais à ce moment-là, un autre son se fit entendre. Cette fois, Fleur ne fut pas la seule à le percevoir. La raison en était que la source était toute proche et qu'il s'agissait de Trihexa. Le monstre poussait un cri étrange, un cri de peur.
Et puis soudain, il disparut.
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Draco flottait.
Tout autour de lui, l'espace était un fourmillement de couleurs lumineuses entrelacées qui s'étendait sans fin. Il n'y avait pas de haut, pas de bas, pas de droite, pas de gauche… enfin, il ne croyait pas.
C'était difficile à dire sans pouvoir regarder autour de lui. En effet, il ne sentait rien. Il ne sentait pas ses bras ou ses jambes, ses mains ou ses pieds, ses doigts ou ses orteils. Il ne pouvait pas bouger sa tête ou ses yeux ou ouvrir ses lèvres. En fait, il n'arrivait pas à sentir ses lèvres. Il n'arrivait pas à sentir son propre corps.
« C'est parce que tu n'as pas de corps, nya » dit alors une voix.
Draco voulut savoir d'où venait cette voix, mais encore une fois, il n'avait ni yeux ni cou pour mener ces recherches. Il entendit ensuite un bruit, comme les battements d'ailes d'un papillon, puis, plus rien malgré ses efforts. Pourtant, à force de fixer le vide coloré devant lui, il finit par remarquer quelque chose. Un sourire. Un très large sourire.
« Ma parole… » Murmura Draco en repensant à une phrase du livre d'Alice au Pays des Merveilles. « J'ai souvent vu un chat sans sourire, mais jamais un sourire sans chat… Chess ! »
Deux immenses yeux bleus aux reflets verts apparurent alors au-dessus du sourire. Ils furent suivis par des rayures d'un azur électrique luisant et finalement par le pelage gris cendre et touffu qui le recouvrait des extrémités de ses oreilles au bout de sa queue. Comme à son habitude, le familier semblait couché sur les airs comme sur le sol… sauf qu'il n'y avait pas vraiment d'air.
« Chess, où est-ce que je suis ? » Demanda Draco. « Comment ça je n'ai "pas de corps" ? Et si c'est ça, comment est-ce que je peux parler ? »
« Tu n'as pas de corps, parce qu'il a été détruit, nya » répondit posément le chat en se léchant une patte.
« Mais oui, bien sûr… Trihexa… » balbutia Draco.
Quelque chose passa alors juste devant son regard. C'était long et rose et ça disparut presque aussitôt.
« Qu'est-ce que c'était ? » Demanda Draco, surpris.
Par instinct, il voulut se retourner, mais son champ de vision resta fixe. Bien entendu, pour se retourner il fallait un corps.
« Tu ne poses pas les bonnes questions » ronronna Chess.
« Alors quoi ? Trihexa m'a cramé. Je n'ai plus de corps. Je suis mort, c'est ça ? »
« En quelque sorte, nya. Disons que lorsque ton corps s'est retrouvé indisponible, j'ai pris l'initiative d'amener ton esprit à l'intérieur d'Annihilation Maker, nya. »
Draco écarquilla les yeux. Alors il se trouvait à l'intérieur de son Sacred Gear ? C'était… tout à fait possible, en fait.
Beaucoup soulignaient les nombreux points communs entre lui et Issei. Tous les deux étaient les pions uniques d'un Gremory. Tous les deux possédaient un Longinus et étaient très portés sur la chose (bien que personne ne pouvait battre Issei en la matière). Et à présent, tous les deux avaient perdu leur enveloppe physique et avaient trouvé refuge dans leur artefact.
« Est-ce que ça veut dire que je vais pouvoir revenir ? » Demanda Draco avec excitation.
Cette révélation avait empli le cœur du jeune Démon de joie… et de peine. Il pensait à Hariel, à sa douleur. Il était heureux qu'il soit en vie (du moins l'espérait-il), mais il s'en voulait de lui avoir fait de le faire souffrir. Car il savait ce que sa disparition allait provoquer chez lui, une blessure qui ne serait refermée que lorsqu'il serait de retour auprès de lui.
Il était si bouleversé qu'il aperçût à peine deux ballons verts flotter dans sa périphérie avant de disparaître.
« Revenir, sans doute, nya » temporisa alors le Familier. « Mais pas de la même façon que le Dragon Écarlate, je le crains. Nous n'avons ni la chaire du Grand Rouge, ni le pouvoir d'Ophis, nya. »
« Ah… c'est vrai » remarqua Draco, découragé.
« Mais il y a d'autres moyens » reprit le chat. « Après tout, créer des êtres vivants, c'est un peu ce que tu fais, nya ? »
« Attends un peu, tu veux dire que je pourrais recréer moi-même mon propre corps ? »
Même si cela semblait physiquement impossible, le sourire du chat s'agrandit. Draco en sentit un naître sur son visage quand il se souvint d'un détail.
« Mais comment est-ce que je vais pouvoir l'utiliser ? Je n'ai jamais conservé l'une de mes créations plus de 24 h, alors tout le reste de ma vie de Démon immortel… »
« Chaque chose en son temps, nya » reprit Chess. « Il y a un moyen de faire exister pleinement ton nouveau corps dans la réalité. Ce qu'il nous faut, c'est de la matière, beaucoup d'énergie et… un concept. Ça, ce sera ton travail. »
« Comment ça ? »
« Il faut que tu imagines ton nouveau corps, que tu le crées ici, dans la matrice de l'Annihilation Maker. »
« Mais comment ? Je n'ai pas de main pour dessiner ? »
« En as-tu vraiment besoin ? Où est-ce que le dessin était une sorte de médium pour concentrer ton esprit à la manière d'une baguette magique ? »
Draco ouvrit la bouche… puis la referma. C'était vrai. Il avait toujours commencé par dessiner ses créations parce que c'était plus facile pour lui de les voir couchées sur du papier que dans sa tête. Cependant, grâce à Hariel, il avait appris à se passer du physique et à se consacrer au spirituel, au domaine de l'intention et de la volonté.
« Je vois que tu as compris, nya » ronronna Chess.
Il détendit son corps et se mit à flotter paresseusement autour de Draco. C'est quand celui-ci s'aperçut qu'il parvenait à suivre son familier du regard qu'il sut qu'il pourrait se créer une nouvelle enveloppe.
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Tobio Ikuse se propulsa en arrière pour échapper aux vagues d'énergies qui déferlaient dans toutes les directions. Il se pencha et prit Canis Lykaon par le col pour le réconforter. Le Sacred Gear grognait comme face à un ennemi.
« Masaka… »
Au fil du temps, et sans doute un peu à son insu, Hariel avait acquis une certaine réputation parmi la communauté mythologique. Le Roi Écarlate aux 666 Sceaux, le successeur de Satan. Peu les prenaient encore vraiment au sérieux, surtout ceux qui ne l'avaient pas encore rencontré. Même lui avait été dubitatif pendant un moment.
Cependant, à présent, il pouvait voir les raisons de l'enthousiasme de certains… et aussi leurs craintes.
L'énergie qui se dégageait du petit corps du Semi-Démon était faramineuse. Et elle ne cessait d'augmenter à mesure que ses sceaux sautaient les uns après les autres. Le spectacle en lui-même était impressionnant. Les ondes noires pulsaient tout autour de lui alors qu'une aura d'un rouge sombre entourait son corps et grossissait de minute en minute.
« Que s'est-il passé ici, Ikuse-san ? » Demanda soudain une voix impérieuse dans son dos.
Le jeune homme se retourna et aperçut une large silhouette à la chevelure écarlate.
« Sirzechs sami » balbutia Tobio alors que le Satan flottait à son niveau. « Draco-san est… »
« Je vois… » dit l'homme en jetant un regard inquiet en direction de son neveu.
« Est-ce que ne c'est pas dangereux pour lui ? Que peut-on faire ? »
Sirzechs ne répondit rien. Oui, c'était bien dangereux, mais il n'y avait rien à faire. Arrêter Hariel pourrait s'avérer impossible s'il continuait à devenir plus puissant.
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Soudain, Hariel sembla exploser. De nouvelles vagues d'énergie noires et rouges émergèrent de son corps, mais cette fois, au lieu de se dissiper, elles se mirent à se liquéfier et entourer la frêle silhouette d'Hariel.
« Embodiment of the Devil… » balbutia Hermione.
Elle avait déjà vu cette technique. À plusieurs reprises, Hariel avait comprimé son Pouvoir de Destruction pour en faire une extension de son corps. Elle savait qu'il l'avait découvert lors d'un combat contre Laufey et Angrboda, les deux Jotunns mère et épouse de Loki. À cette époque, cela avait été sous le coup d'une colère d'une peine terrible résultant de la mort d'Issei qui avait ouvert de force nombre de ses sceaux. Exactement ce qui se passait aujourd'hui, mais dans des proportions bien plus importantes.
« S'il continue à faire sauter ses sceaux, il va… » commença Dean.
« Trop tard » l'interrompit Hermione. « Je crois… qu'ils sont tous ouverts. Tous les 666. »
La pression de l'air était à présent bien moins forte, mais c'est parce que l'énergie était comprimée autour d'Hariel. Son pouvoir était si immense qu'il l'englobait tout entier. Hariel lui-même avait disparu et il ne restait de lui qu'une masse informe de liquide noir à l'aura cramoisie. Celle-ci continua à grossir jusqu'à former une sphère dont la taille excédait même celle titanesque de Trihexa.
Et puis la sphère cessa soudain de grossir. Un silence de mort régnait sur le champ de bataille. Les troupes Démoniaques ainsi que la Suite d'Hariel étaient immobiles. Les Dragons Artificiels, eux, planaient nerveusement en cercle à l'altitude la plus élevée qu'ils pouvaient attendre. Azi Dahaka, lui, était circonspect. Les événements lui échappaient et il tentait par tous les moyens de reprendre le contrôle de la situation. Pourtant, un élément le rendait extrêmement mal à l'aise.
Trihexa. La Bête n'avait pas bougé non plus depuis l'explosion d'Hariel. Elle semblait… dans l'expectative. Les crocs révélés, mais sans grognement, les griffes prêtes, les muscles tendus, le monstre ressemblaient à un chat hérissé. Lui qui n'avait montré aucune émotion depuis le début des attaques, paraissait pétrifié de peur par la sphère immobile qui englobait entièrement le frêle petit Démon.
Puis soudain, une fêlure brillante d'une lumière écarlate apparut à sa surface. Elle fut rapidement suivie de plusieurs autres qui se mirent à lézarder sur toute la superficie d'un noir d'encre. Des sons s'en échappaient. Cela ressemblait à des chuchotements de fureur et à des sanglots étouffés.
Hermione frissonna alors que la lueur rougeoyante augmentait encore et encore.
« Mettez-vous derrière moi » ordonna-t-elle à sa sœur et à son ami à ses côtés. « Vous tous ! Protégez-vous ! Maintenant ! »
Elle espérait que sa voix amplifiée ait atteint tout le monde ou tout du moins, le plus possible. Elle-même eut juste le temps d'ériger le bouclier le plus solide qu'elle pouvait créer avant que l'explosion ne survienne.
Quelque chose émergea de la sphère en libérant de nouvelles vagues d'énergies d'une puissance encore plus phénoménale qu'auparavant. Le bouclier d'Hermione tint bon. Il fut l'un des rares. Parmi les troupes, les plus chanceux furent seulement expulsés. Les autres furent littéralement vaporisés. Fort heureusement, ces derniers étaient en minorité, du moins dans les forces d'Hariel. Cependant, peu de Dragons Artificiels survécurent.
Du camp ennemi ne restait plus bien sûr qu'Azi Dahaka et Trihexa, les deux indemnes, mais secoués. La Bête s'était même protégée de ses bras pour éviter la puissance du choc.
Les chuchotements de fureur entendus précédemment étaient à présent des cris et les pleurs des sanglots déchirants. Ils émanaient de la silhouette humanoïde qui avait émergée de la sphère. Immense, androgyne et d'un noir absolu qui empêchait de deviner sa physionomie, elles possédaient une imposante chevelure qui serpentait autour d'elle tels des serpents. Ses traits étaient, comme le reste, à peine visibles cependant, deux longues lignes d'un carmin lumineux coulaient de ses yeux jusqu'au bas de son visage. On aurait dit des larmes. Les fragments d'ombres de ce qui avait été son enveloppe, loin de se dissiper, s'ouvrirent comme une fleur formant sept paires d'ailes déchirées dans son dos.
Dans l'esprit d'Hermione, un mot émergea pour désigner cet être. Et elle était certaine qu'elle n'était pas la seule à le penser.
Soudain, la silhouette rugit. Le bruit suraigu et puissant se mêla aux cris et aux pleurs qui émanaient habituellement d'elle provoquant un son des plus désagréable et douloureux. Elle pointa sa main aux doigts longs et griffus en direction de Trihexa. Une sphère d'un noir auréolé de cramoisi comme elle se forma à son extrémité puis celle-ci se transforma en colonne d'énergie qui fonça droit vers la Bête.
Celle-ci fit alors quelque chose que personne jusque-là ne l'avait vue faire. Depuis les premiers assauts, Trihexa avait toujours fait en sorte de ne jamais bouger pour éviter les attaques de ses ennemis. Comme si elle voulait se moquer des efforts de ses adversaires. Pourtant, cette fois, elle bougea, elle s'écarta… ou tenta de le faire.
L'Annihilation Pilar l'atteignit au bras. Quand il se dispersa, la griffe du monstre avait tout bonnement été vaporisée. Il rugit. De douleur, de colère… et de peur.
L'image de Trihexa se troubla alors. Comme si plusieurs versions de lui se superposaient les unes sur les autres. Plusieurs versions avec chacune une tête différente. Quand finalement l'image se stabilisa, Trihexa était vraiment redevenu lui-même, ses sept têtes aux dix cornes braquées droit sur leur adversaire.
Satan.
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Draco termina de dessiner son œil droit et se recula pour voir le résultat. Il ne lui restait pas grand-chose. Son second œil et aussi sa bouche. Ce qui y était déjà était d'un réalisme frappant cependant. Il avait essayé au mieux de rester fidèle à l'original. Dans l'ensemble, il était assez satisfait de son travail.
« Satisfait ? Vraiment, nya ? » Ronronna Chess à son oreille.
« Quoi ? C'est bien moi, non ? »
« Certes » dit le Familier. « Cependant, il t'est donné l'occasion de t'imaginer toi-même une nouvelle fois et tu voudrais rester tel que tu es ? Ne rien changer ? »
« Et bien… comme on dit, il vaut mieux s'aimer soi-même. »
« Ce qui est en cause dans cette maxime, c'est le fait d'accepter que l'image que l'on a rêvé pour soi-même ne vaille pas tous les sacrifices qu'on pourrait être prêt à faire. Tous les excès que l'on serait prêt à consentir au détriment de sa santé. Mais s'il leur était donné une possibilité sans risque, beaucoup désireraient un corps plus fort, ou plus beau, ou en meilleure santé. Le tout est de ne pas se laisser dépasser par soi-même. »
« Donc, ce dont tu parles, c'est… »
« La mesure, nya » ronronna le chat. « La mesure en toute chose. Créer une image que tu veux pour toi même une fois est une chose. Ne jamais en être satisfait et vouloir continuellement plus en est une autre. De plus, nya…. »
Chess flotta dans les airs et se posa doucement sur l'une des têtes du Nodnenn Gwanum. La figure boudeuse leva les yeux sur son occupant et se remit à bouder de plus belle alors que son partenaire riait à côté de lui. Draco s'était rapidement rendu compte qu'il n'était pas seul dans la Matrice. Ses autres créations semblaient également s'y promener librement.
« Pourquoi s'arrêter seulement au physique ? À l'apparence visuelle ? » Reprit le Familier.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Tout ce qui est ici est plus qu'une apparence que tu as dessiné dans un carnet » dit Chess en tapotant la tête sous lui. « Elles ont leur propre caractère, leurs propres capacités, leurs propres… pouvoirs. Vois-tu où je veux en venir, nya ? »
« Je crois bien, oui » dit Draco avec un sourire.
D'un geste négligent, il balaya la version inachevée de lui-même qui se trouvait face à lui et recommença.
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Flammes contre piliers noirs, Trihexa et Satan se déchaînant. Le champ de bataille était devenu un champ de mines, forçant les deux camps à se retrancher.
Hermione, Eleanor, Dean et toute la Suite d'Hariel ainsi que Skōll, Hati, Proteus et HariEx se trouvaient face au spectacle à la fois fantastique et effrayant que représentait le combat de ces deux titans. De l'autre côté se roulaient Azi Dahaka et le reste de ses forces. Cependant, à cause du miroitement de l'air provoqué par les attaques successives, il était impossible de voir ce qu'il pouvait faire ou quelles troupes il pouvait rassembler.
En effet, quelque temps après le début du combat, ils avaient été rejoints par Fleur ainsi que toutes les troupes stationnées au Japon : Rias, Sona et leur Suite, les armées Démoniaques Gremory et Sitri, le Clan Himejima ainsi que les Yokai menés par Yusaka, une Kyuubi, Daiyoukai et donc Cheffe et la Faction des Youkai de l'Est et nommée comme représentante de toutes les armées Youkai unifiées contre Trihexa.
Elle-même était une alliée d'Issei et du reste de la Suite depuis quelques années, depuis ce fameux voyage scolaire à Kyoto où ils avaient sauvé la renarde après que sa fille, Kunou, les ait suppliés de l'aider. Cette entente entre Démon et Youkai avaient permis à l'Alliance d'entamer des pourparlers avec les créatures Faeriques du Japon et également d'endiguer les siècles de haines et de défiances entre leurs différentes factions.
Toujours est-il que, selon Fleur, quelque temps après la disparition de leur Trihexa, Apophis avait téléporté l'intégralité de ses forces jusqu'ici. C'était la raison pour laquelle il les avait ralliés. Petit à petit, de nouvelles troupes vinrent grossir leurs rangs. Les armées stationnées sur les autres lieux des attaques se rassemblaient aux mêmes endroits. Aux Satans, venus rejoindre Sirzechs, aux Archanges, dont Michael et aux chefs des Anges Déchus parmi lesquels Azazel et Baraqiel s'ajoutaient des divinités Grecques, Hindoues, Aztèques, Égyptiennes ainsi que de panthéons limitrophes venus aidés pour mettre fin plus rapidement à la menace de Trihexa.
Tous disaient la même chose. Trihexa avait disparu soudainement puis les troupes qui l'accompagnaient avaient été téléportées jusqu'ici. Cela voulait donc dire que les deux Dragons Maléfiques et leurs armées étaient à présent tous rassemblés au même endroit… de l'autre côté de la barrière formée par les deux combattants gigantesques.
« Le reste de la bataille finale aura donc lieu ici » dit Odin d'une voix sombre.
Le Souverain Asgard était empli d'une froide colère depuis l'attaque de son royaume. La canne qu'il tenait habituellement à la main était redevenue Gungnir, sa lance qui ne ratait jamais sa cible et l'un de ses yeux s'était assombrie, la pupille brillant d'un éclat doré irréel. Le Dieu Borgne portait décidément bien son nom.
« Ça, ça risque de poser un problème » intervint Eleanor.
Trop occupée par ce qu'elle faisait, elle ressentit à peine la pression de l'attention de plusieurs dizaines de divinités se tournant dans sa direction. Même sans Hermione, elle était toujours branchée au système du bouclier qui les entourait encore et dont elle avait les commandes.
« La tension sur la barrière est trop importante » expliqua-t-elle. « Le combat entre ces deux-là l'a déjà pas mal endommagée. Plus vite que ce que je ne peux, la réparer. J'ai redirigé l'énergie inutilisée de vos secteurs respectifs vers ici, mais ce n'est pas suffisant. En particulier à cause de vos présences… énergétiquement imposantes. »
Certains dieux s'indignèrent, d'autres ressentirent de la gêne, mais au-delà de ça, tous diminuèrent leur aura afin de soulager un peu les protections.
« Malheureusement, ce ne sera pas assez » soupira Eleanor. « La violence du combat entre Trihexa et Hariel est trop grande. Tôt ou tard, la barrière va exploser et les dégâts impacteront directement la Terre. »
« Et il ne faut pas oublier Hariel lui-même » intervint Sirzechs. « Plus le combat s'éternise et plus la pression sur son corps se fera forte. »
« Pourtant il est le seul à avoir réussi à tenir la dragée haute à Trihexa depuis le début des conflits » rétorqua Ganesh en caressant pensivement sa trompe.
« Parce que tu penses que nous ne pourrions pas nous-même lui tenir tête ? » Ricana Indra.
Le Dieu de la Guerre n'était pas vraiment un allié. Il avait soutenu la Chaos Brigade l'enfant un temps en coulisse et était toujours le bienfaiteur de la Faction des Héros. Cependant, ce n'était pas non plus vraiment un ennemi. Surtout dans cette situation. De nombreuses divinités considérées comme Maléfiques ou tout simplement égocentriques s'étaient jointes à l'assaut contre Trihexa. C'était notamment le cas d'Hadès qui était toutefois sous l'étroite surveillance de ses frères.
« À lui sans doute, mais il reste une armée entière de Dragons Artificiels, d'Armures Écarlates et Deux Dragons Maléfiques puissants à combattre » reprit Ganesh. « Et nous ne pouvons pas déployer toute notre force au risque de détruire cette barrière… voir le monde. »
« Nous pourrions nous diviser la tâche » intervint Horus.
Le Dieu avait l'apparence d'un jeune homme à la peau brune, aux cheveux noirs bouclés avec du khôl autour des yeux et une petite barbe. Son aspect de faucon lui venait de l'armure de métal divin et vivant qui recouvrait sa silhouette quand il se battait.
« Les 2 Dragons Célestes pourraient reprendre l'assaut des Dragons Maléfiques, nos armées s'occuperaient de celles de nos adversaires ce qui fait que nous pourrions nous charger de Trihexa personnellement afin de soulager le jeune Gremory. »
« Encore faudrait-il que nous puissions l'arrêter… » dit Athéna.
La Déesse, dont les cheveux lavande coulaient sur son armure dorée, était pensivement appuyée sur sa lance en regardant le combat.
Après son commentaire, les idées fusèrent de toute part, mais pour le moment, personne n'en avait de véritablement concrète. L'énergie déployée par Hariel était trop forte. Ils épuiseraient tout autant à l'arrêter qu'à combattre Trihexa.
Pendant que le concile divin devisait, Hermione se rapprocha de sa sœur.
« Tu te rends compte que tu viens juste de faire un exposé devant la moitié des panthéons de la planète ? » Demanda-t-elle avec un léger ricanement.
Eleanor grimaça.
« J'essayais de ne pas y penser en parlant. En fait, j'essaye de ne toujours pas y penser » dit-elle.
Soudain, une sonnerie stridente se mit à émaner de l'écran devant elle.
« Il va falloir vous dépêcher de trouver une solution ! » Cria alors la jeune femme à la cantonade. « La barrière va bientôt atteindre sa masse critique ! »
Comme pour illustrer son propos, une gerbe de flammes de Trihexa balaya le ciel, laissant derrière elle une traînée de runes argentées. Les limites de l'enceinte jusque-là invisibles étaient si endommagées qu'elles n'arrivaient plus à se dématérialiser. Cette particularité était généralement assez utile pour opérer des réparations, mais ici, cela reviendrait à coller une rustine de vélo sur un pneu de camion troué.
« Encore un tir à cet endroit et les dégâts seront irrémédiables » prévint Eleanor.
« Je crains que ce ne soit exact » dit Ajuka Belzébuth qui avait rejoint sa protégée. « Même moi j'aurais du mal à restaurer une barrière aussi malmenée. »
« La seule solution serait d'amener le champ de taille ailleurs » intervint Thot en passant l'un de ses longs doigts sur son crâne rasé de scribe. « Mais comment faire en sorte que nos ennemis nous suivent ? Ce n'est pas comme si nous pouvions utiliser nos pouvoirs pour les transporter. Il y aurait forcément une résistance de la part des Dragons Maléfiques… Et Trihexa et le jeune Satan n'en parlons pas. »
« D'autant qu'il n'y aurait aucun endroit sur Terre qui serait vraiment à l'abri des dégâts de leur combat » rajouta Athéna, son homologue Grecque.
« Est-ce qu'il ne serait pas possible de créer un autre piège plus puissant par-dessus celui-ci ? » Demanda Thor en agitant nerveusement son marteau.
« Pas si nous voulons conserver nos forces pour Trihexa » répondit Quetzalcoatl en secouant sa tête garnie de plumes multicolores.
« Nous pourrions… nous pourrions les déplacer sans les déplacer » intervint alors Dean.
Il n'était pas aussi résistant qu'Eleanor si bien qu'attirer toute cette attention divine sur lui manqua de la déstabiliser.
« Nous… si nous ne pouvons pas les déplacer physiquement, nous pouvons les déplacer quantiquement » dit-il.
Malheureusement, ces termes étaient un peu trop complexes pour la plupart des immortels présentes. Ajuka ainsi que Thot semblaient à peu près comprendre de quoi il s'agissait, mais c'était tout.
« Toutes les dimensions sont entourées de champs protecteurs qui les isolent notamment de la Faille Dimensionnelle » expliqua-t-il.
« Oui, nous le savions » répliqua Thot sur un ton légèrement condescendant.
« Sauf que ces champs sont en fait formés de couches de membranes repliées les unes sur les autres… à la manière d'un oignon. »
À présent, même le Dieu Ibis l'écoutait avec un certain intérêt. De son côté, Dean tentait d'ordonner ses pensées avec l'aide d'Ahiram. Utiliser ces concepts une fois était une chose, savoir les expliquer en était une autre.
« Ces couches sont plus ou moins épaisses et forment des plis plus ou moins importants. C'est à l'intérieur de ces plis, notamment les plus proches, que les Sorciers placent leurs dimensions incartables. Même ce piège où nous nous trouvons est en fait fixé sur une membrane intérieure. C'est pourquoi il est invisible pour tous ceux présents dans la dimension même. »
« Si tu pouvais accélérer, ce serait pas mal ! » Lui cria Eleanor depuis son écran.
« J'y viens » lui répondit Dean d'une voix rendue un peu plus aiguë par le stress. « Toujours est-il que notre ancêtre à Hariel et à moi, Merlin, a étudié ces membranes et créé un rituel pour se déplacer entre elles. »
En disant ces mots, il fit flotter le Compendium devant lui. Ajuka, Thot ainsi que Ganesh, Quetzalcoatl, Athéna et d'autres divinités du savoir s'approchèrent pour voir de quoi il s'agissait.
« Remarquable » marmonna Ajuka.
Il avança ses doigts pour caresser la page, mais les retira rapidement en chassant les petits éclairs que son geste avait générés. Certains artefacts n'appréciaient pas d'être touchés par quelqu'un d'autre que leur propriétaire légitime.
« Mais la puissance nécessaire demeure assez importante » ajouta-t-il.
« Une chance que nous disposons… d'une batterie » dit Thot en jetant un regard à Hermione.
« Merci pour la comparaison » rétorqua celle-ci, sarcastique.
« Il a raison dans un certain sens » dit Ganesh. « Par certains côtés, les Grands Prêtres peuvent être plus puissants que nous-même. Notre pouvoir est limité sur Terre, car plus nous sommes puissants et plus notre présence se fait écrasante. Un Grand Prêtre, cependant, est capable de manipuler l'intégralité de la toute-puissance de son Dieu, car sa présence elle-même ne se fait pas ressentir. »
« Alors pourquoi n'y a-t-il pas plus de Grands Prêtres ? » Demanda Hermione.
« Il y en a » dit Quetzalcoatl. « Dans nos mondes respectifs. Pas sur Terre. Enfin, plus maintenant. »
« C'est une question de synergie » lui répondit Thot. « Et de culte également. Se lier avec un humain nécessitait qu'il croie en nous. C'était un prérequis. Or une grande partie de nos religions se sont éteintes hors de nos dimensions. »
« Pourquoi faut-il vous révérer ? » Interrogea Hermione en songeant qu'elle-même n'avait jamais voué un culte à Dana avant de devenir sa Prêtresse.
« Pas "révérer", plutôt croire sincèrement en notre existence. Toujours est-il que ce simple fait nous permet de nous "synchroniser" avec quelqu'un et que si la synergie est bonne, cette personne peut devenir Grand Prêtre. »
Cette explication était, en quelque sorte, rassurante pour Hermione. Elle n'avait jamais vraiment su pourquoi elle avait été choisie. Toute histoire de prédétermination et de destin sonnait vague à ses oreilles. Mais parler de synergie Divinité/prêtre, c'était déjà plus précis.
« Je voudrais pas vous presser, mais il faudrait se dépêcher un peu ! » S'écria alors Eleanor.
« Euh… oui… très bien » dit Hermione. « Comment on fait ? »
« Mr Thomas doit mettre le rituel en place afin de transporter simultanément l'ensemble des individus présent dans la barrière à ce moment et Mlle Granger doit lui envoyer l'énergie nécessaire » dit Ajuka.
« À lui directement ? » Demanda Hermione, inquiète.
Contrairement à elle, l'énergie de Dean était limitée en fonction de sa robustesse. Sur les 8 sceaux créés par Hariel pour contenir sa magie, seulement la moitié avait pu être ouverte. Un tel afflux de mana risquait de le tuer.
« Dans son Sceptre plutôt » dit le Démon. « C'est à cela qu'il sert. En tant que médium externe, il permet d'accumuler l'énergie nécessaire à un rituel sans surcharger le corps du Magicien. »
« Très bien alors » dit Hermione.
Elle se tourna vers Dean qui hocha la tête. Il leva son Sceptre et posa la main sur son Compendium. La formule complexe écrite sur les pages noires servait de déclencheur au sortilège. Dean devait se l'approprier mentalement puis en faire évoluer les paramètres afin d'englober tous ceux qu'il voulait déplacer et ensuite les amener à destination. Comme l'avait dit Ajuka. L'effort était assez important. Mais il était surtout cérébral. Pour ce qui était de l'énergie, il manipulait celle qui s'accumulait rapidement dans son sceptre.
« Je me lance » dit-il au bout d'un moment.
L'atmosphère vibra tout autour d'eux. Des vagues de mana les traversaient, signes qu'ils passaient de membrane en membrane assez rapidement. Trihexa et Hariel ne semblaient pas le remarquer et continuaient à se battre, mais des cris et des grognements provenant d'au-delà d'eux se faisaient entendre. Apparemment, leurs ennemis étaient au courant que quelque chose se passait sans vraiment savoir quoi.
Soudain, Dean sentit sa maîtrise du rituel se mettre à glisser. Il avait l'impression de perdre la main sur son propre sortilège. Craignant que ce soit une manœuvre des Dragons Maléfiques, il remonta rapidement jusqu'à la source du détournement et vit qu'il s'agissait en fait… d'Hermione.
« Tu… tu es en train de prendre le contrôle du sort » lui dit-il.
« Je sais » souffla Hermione. « Je… je ne suis pas sûr de savoir pourquoi ou comment je le fais. Je crois que c'est la Déesse. Elle m'attire quelque part. Elle… »
Soudain, l'espace vibra une dernière fois avant de se stabiliser. Dean sentit le sort se défaire, ayant accompli son œuvre. Apparemment, quel que soit l'endroit où voulait les emmener Hermione, ou plutôt la Déesse, ils étaient arrivés. Ils étaient tellement moins dans les membranes que la réalité n'était même plus visible. Du moins, il ne pensait pas.
Ils étaient toujours au-dessus de l'océan, mais celui-ci était différent. Dean n'aurait pas su dire comment, mais il en était sûr. L'espace autour d'eux était empli de brume et pourtant, il était capable de voir parfaitement tous ceux qui se trouvaient avec lui.
« Où est-ce qu'on est ? » Demanda Hermione.
L'endroit lui paraissait extrêmement familier.
« Mais en Faerie, bien sûr, Majesté » dit alors une petite voix aiguë qu'elle connaissait.
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« Kylie ! » S'exclama Hermione en reconnaissant la petite souris.
Finn et Owen étaient présent également. Tous trois étaient debout surs… le vide. Ils ne volaient pas, ne flottaient pas et n'avaient pas de plateforme magique pour les soutenir. Ils semblaient seulement tenir dans les airs.
« Que faites-vous ici ? » Demanda Hermione. « Je croyais que vous deviez ramener les troupes. »
« Si fait. Votre Majesté » répondit la petite Balmus en hochant la tête. « Cependant, nous avons reçu un appel de la Déesse. Elle vous envoie un message. »
« Quel message ? »
Kylie ouvrit alors la bouche, mais ce n'était pas sa voix qui en sortit. Plus vraiment.
« La Faerie se trouve dans la brane la plus externe de celles qui entourent la Terre. Grâce à cela, quelle que soit la violence des assauts, rien ne perturbera la réalité. C'est pourquoi je t'ai amené ici. Mais prends garde, ce lieu est bien plus proche de la Faille Dimensionnelle qu'aucun autre. Il ne faut pas que tu laisses Trihexa s'enfuir. »
« C'est bien Dana, ça » renifla Hadès avec dédain. « Toujours à donner des avertissements et jamais à être là. »
« Ne parle pas de Grand-mère de cette façon » le réprimanda Zeus avec une bourrade.
« Ce n'est pas l'heure de se disputer » intervint Sirzechs avant que l'échange ne tourne en dispute. « La Déesse nous a donné une nouvelle marge de manœuvre. Nous devons saisir cette occasion pour réformer nos rangs et… »
« Trop tard ! » S'exclama alors l'une des divinités en pointant quelque chose en dessous d'eux.
Les autres suivirent son regard, mais ne virent pas tout de suite ce qui se passait. Tout ce qu'ils voulaient, c'était l'étendue agitée de la mer en dessous d'eux. Cependant, alors qu'ils observaient, des éclats rouges sous la surface attirèrent leur attention. C'était les Armures Écarlates. Elles se trouvaient sous l'eau et avec elle toute l'armée des Dragons Artificiels.
Déjà, les premiers émergeaient des flots juste en dessous de leur cible. Mais c'était seulement pour se faire happer par une volée de flèches lumineuses envoyées par la Déesse Artémis. C'était elle qui avait donné l'alerte. Sa vision supérieure et ses sens accrus lui avaient permis de voir arriver la menace. Mais même pour elle, le déluge d'ennemi était trop important et elle ne put empêcher l'autre armée de surgir des flots dans leur direction.
« Damnés Dragons ! » Siffla Sirzecks.
Ils avaient profité du fait que leurs adversaires soient déboussolés par le changement de lieu afin de lancer une attaque-surprise. Le combat entre Trihexa et Hariel les avait empêchés de voir Azi Dahaka et Apophis envoyer leurs forces sous les eaux pour une nouvelle attaque.
« Que chacun rassemble ses troupes et se prépare à l'assaut » ordonna Sirzechs.
Un léger vent de révolte passa parmi les Dieux, mais ils finirent par s'exécuter. Le Satan jura intérieurement. Ils n'étaient pas faits pour une bataille d'aussi grande ampleur. Ils n'étaient pas une armée suffisamment unie. Les échauffourées multiples de précédemment pouvaient sembler désavantageuses et paraissaient diviser leurs forces, mais il n'en était rien pour la simple et bonne raison qu'il était plus facile de commander des armées différentes quand elles étaient peu nombreuses.
L'Alliance entre les mythologies était trop récente. Ils avaient passé leur temps à essayer de faire la paix entre eux et ceci avait remarquablement fonctionné. Cependant, s'ils avaient fini par apprendre à vivre ensemble, ils ne savaient pas comment faire la guerre ensemble.
À l'inverse, leurs ennemis étaient une force totalement unie pour la simple et bonne raison qu'ils n'avaient pas d'intelligence propre. Tout au plus un esprit de ruche avec les Dragons Maléfiques en leur centre. Ils étaient donc parfaitement coordonnés… contrairement à eux.
Aux yeux de Sirzechs, la bataille s'annonçait difficile.
« Il faut que le maximum d'entre nous parte en avant-garde jusqu'à ce que nos armées soient réformées » dit-il.
« Chaque Mythologie devrait envoyer quelques-uns pour diriger les troupes. Le reste pourra alors mener l'assaut » approuva Athéna.
« Dans ce cas, allons-y » dit Hermione.
« Miss Granger… » commença Sirzechs.
Mais le regard que lui lança la jeune femme le fit taire. Non, il n'allait certainement pas contrarier Titania et encore moins dans son propre royaume.
« Où se trouvent nos forces ? » Demanda-t-elle à Kylie.
« Elles arriveront au moment opportun » répondit la Balmus.
Hermione renifla. Elle en avait assez de tout ce jargon mystique.
« Dans ce cas, allons-y » soupira-t-elle.
Elle se tourna alors vers les autres.
« Pas la peine de poser la question, petite sœur » dit Eleanor avec un rictus.
Dean, lui, se contenta de hocher la tête.
« Tant qu'Hariel ou Draco ne sont pas là, on te suit » dit Sirius.
Il parlait pour l'ensemble de la Suite, pour Proteus, Skōll et Hatti ainsi qu'HariEx.
Les autres équipes, celle de Vali, de Tobio Ikuse et les Suites Sitri et Gremory étaient également prêtes à en découdre. Hermione tourna son attention vers Sirzechs qui hocha la tête. Autour de lui, de nombreux Dieux s'étaient déjà rassemblés. C'était principalement des Divinités Guerrières. Celles parmi les moins belliqueuses et les plus sages, comme Thot et Ganesh, étaient reparties réorganiser les troupes.
« Dès que ce sera fait. Nous pourrons nous concentrer sur Trihexa » dit Sirzechs.
Mais c'était avant tout à son neveu qu'il songeait.
« Tiens bon, Hariel ! »
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Hermione tombait plus qu'elle ne volait en direction du nuage de Dragons qui venaient sur eux. Pour la première fois de son existence, elle utilisait le Glam Sight au maximum de ses capacités. Elle lisait les schémas runiques afin de prévoir les attaques adverses avant même qu'elles ne soient lancées et communiquait ses informations avec ses alliés.
C'était particulièrement utile pour les Dragon Shot des Armures Écarlates. Ceux-ci n'étaient pas aussi mortels pour les Divinités que pour des Créatures lambda, mais ils étaient loin d'être inoffensifs. D'autant plus que tous les Dieux rassemblés ici pour l'assaut devaient également faire barrière entre les ennemis et leurs armées en train de se reformer. Ils ne pouvaient pas se montrer imprudents.
C'est pour cela que pour chaque attaque, elle indiquait le point d'origine et la direction précise du sort qui lui était donnée par la séquence runique mise en œuvre par leurs adversaires. Déterminer la disposition dans l'espace et surtout parvenir à la communiquer à d'autres personnes relevait du challenge. Fort heureusement, la télépathie n'était pas toujours une affaire de mots, mais souvent d'images ou d'idées. C'était bien plus facile à comprendre et à décrypter.
Malheureusement, toute son attention étant concentrée assez loin d'elle, Hermione ne se rendit pas compte à quel point elle était vulnérable jusqu'à ce que…
« Attention, Majesté ! » S'écria une voix.
La Grande Prêtresse sursauta et se tourna en direction du bruit. Tout ce qu'elle parvint à voir fut la gueule ouverte d'un Dragon Artificiel à quelques centimètres de son visage. Celle-ci était figée tout comme la créature à laquelle elle appartenait. En regardant bien, Hermione remarqua que son immobilité était avant tout due à la main griffue qui lui traversait le poitrail. Celle-ci se secoua afin de se dégager et le Dragon, privé de support, tomba du ciel jusque dans la mer en dessous.
La jeune Magicienne put alors apercevoir à qui appartenait la griffe. Ou plutôt à quoi. En effet, la chose ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait vu auparavant. De plus de 2 mètres de haut, elle possédait un corps d'apparence semi-humanoïde, filiforme, presque squelettique, recouvert d'une peau cireuse. Par certains côtés, il rappelait à Hermione la forme dégénérée de Loup-Garou de Remus avant sa transformation en Démon.
C'était d'autant plus flagrant que la Créature avait des pattes arrières formées comme celles des digitigrades auxquels les loups, comme les autres canidés, appartenaient. En effet, la longueur de métatarse et leur quasi-verticalité donnaient l'impression que ses jambes avaient deux pliures au lieu d'une seule au genou alors que si on parlait en terme humain, il marchait (de façon naturelle) sur la pointe de ses pieds ou plutôt appuyée sur ses tarses.
La différence majeure avec un Loup-Garou était que ces derniers ainsi que ses deux mains étaient extrêmement grandes. Ajouté à cela la longueur de ses bras et de son cou et la Créature pouvait sembler avoir une silhouette des plus grotesques. Cependant, cette impression était atténuée par l'apparence assez hideuse de sa tête.
Proportionnelle à ses mains et ses pieds, elle avait une forme triangulaire avec un museau étroit en dessous duquel se trouvait une gueule extraordinairement large remplie de deux rangs de dents pointues. Son visage plat était à mi-chemin entre celui d'un animal et celui d'un humain. De plus. Elle possédait deux énormes yeux dorés aux pupilles fendues ainsi que deux très longs appendices dans la continuité de ses arcades sourcilières proéminentes et qui semblaient lui servir d'oreilles.
Cet aspect plus que singulier sans compter le sang qui voulait de ses griffes et de ses crocs rendait la créature effrayante. Cependant, Hermione n'avait pas peur. La couleur blanche mouchetée de tâches noires et orange de sa peau ainsi que l'aura que percevait son Glam Sight lui permirent de savoir immédiatement de qui il s'agissait.
« Owen ? » Demanda-t-elle sur un ton interrogateur.
Le Trow écarquilla légèrement les yeux de surprise face au manque de réaction de sa Reine. Il s'était attendu à plus de crainte de sa part devant son aspect plus que terrifiant. D'un certain côté, il se sentait heureux de cela.
« Kylie avait dit que les Trows pouvaient changer de forme, mais ça, c'est assez impressionnant » reprit la Magicienne.
Owen se retint de rougir du compliment (pas que cela se serait vu sur sa physionomie) et se secoua. Ce n'était pas le moment de se laisser aller à la joie de l'acceptation de sa maîtresse.
« Ce n'est pas prudent de rester planté sans bouger au milieu du champ de bataille, Majesté » dit-il.
« Je n'ai pas le choix » répondit Hermione. « Je dois guider l'assaut avec ma Vision Magique. »
« Dans ce cas, nous vous couvrirons » dit Finn.
Le golden retriever chaussé de bottes et armée d'une rapière sa rapprocha par derrière la figure imposante de son ami Trow. Puis, alors que de nouveaux Dragons fonçaient dans leur direction, il pointa sa lame vers eux. Son image sembla se troubler un instant et d'autres versions de lui apparurent autour des ennemis. Dans un seul assaut coordonné, Finn et ses doubles s'élancèrent sur eux et les transpercèrent de part en part. Les Dragons rugirent de douleur et tombèrent dans le code alors que les autres Finns s'estompaient.
« Est-ce que tu viens de te dédoubler ? » Demanda Hermione.
« En quelque sorte » répondit le chien. « Nous autres Kobolds, vivons sous terre. Nous avons appris à maîtriser la roche, les ombres et les faux semblants. »
« Donc ce n'était que… des illusions ? Comment as-tu réussi à tuer les Dragons alors ? »
« Dans les ombres, ce que l'on pense être réel peut le devenir » dit Finn. « Enfin, c'est ce que me dit tout le temps Maman. »
Il ponctua sa remarque d'un rire innocent.
« Laissez, Majesté. La plupart du temps, il ne comprend même pas ce qu'il raconte » dit Kylie en approchant à son tour.
« C'est vrai ! » Approuva le Kobold sans s'offusquer de la critique.
« Soyez tranquille Majesté » reprit la Balmus. « Faites ce que vous avez à faire, nous couvrirons vos arrières jusqu'à ce que… »
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Un rire cristallin résonna alors autour d'eux. Il était aussi doux et léger qu'un carillon et pourtant tout le monde pouvait l'entendre, et ce malgré le bruit de la bataille.
Hermione regarda autour d'elle et aperçut de petits êtres d'une beauté gracile portée par des ailes de papillons. Des Pixies. Flottantes, elles riaient et leur voix semblait déclamer un poème.
« Elle s'en vient avec la brume
Elle s'en vient avec les ombres
Griffes et crocs, crinières et sabots
Armures scintillantes et lames d'ivoire
Craignez son passage
Craignez sa fureur
À moins que son ennemi vous ne soyez pas. »
« La voilà enfin » dit Kylie.
« Quoi ? » Demanda Hermione.
Owen baissa les yeux vers la mer et la jeune fille suivit son regard. Au niveau de la surface des flots, la brume s'était épaissie. Elle était devenue compacte et d'un gris profond et menaçant. Pendant un instant, elle craint que l'ennemi ait envoyé du renfort, mais le ton triomphant du Trow la détrompa.
« C'est la Chasse Sauvage » dit-il.
La brume se mit à tourbillonner pour former une sorte de tunnel dans la mer. Des silhouettes commencèrent alors à apparaître dans ce magma gris. D'abord indistinctes, elles finirent par émerger les unes après les autres.
C'était en majorité des Sidhes. Seelie ou Unseelie, ils étaient tous montés sur des destriers fantastiques, équidés ou non. Parmi eux, Hermione reconnut Obéron ainsi que Nuada et Dagda, mais également Sholto. Celui-ci chevauchait un cheval osseux, à la peau de cuir sombre et pourvu d'ailes de chauve-souris. Elle savait qu'il s'agissait d'un Sombral, le même que les créatures qui tiraient les calèches de Poudlard et que seuls ceux ayant vu la mort pouvaient percevoir.
Derrière les Sièges, il y avait autres cavaliers, des êtres d'une grande beauté, aux longs cheveux et aux oreilles pointues. Des Elfes. Ils étaient suivis par des troupes à pieds composés de Nains, de Gobelins, de Géants, de Trolls… toutes les races de la Faerie semblaient avoir été rassemblées.
Le cortège était cependant précédé par une Créature singulière qu'Hermione n'avait jamais vue… ou plutôt qu'elle ne s'attendait pas à voir ici. En effet, le meneur de l'armée Faerique était un immense renard au pelage cuivré scintillant sur l'endos et blanc ivoire sous le menton et le ventre. Sa longue queue foisonnante s'agitait comme un voile dont le panache était décoré de pointes d'un noir profond.
En regardant mieux, la Magicienne parvint à discerner des silhouettes sur la tête de la Créature. Des silhouettes qu'elle reconnaissait puisqu'il s'agissait de la Reine Siohban des Kobolds, du Roi Malcolm des Balmus et de la Reine Reagan des Pixies. Si tous les trois se retrouvaient ensemble, alors cela voulait dire que le renard était…
« Oui » répondit Owen à la question silencieuse d'Hermione. « C'est bien mon père, le Roi Gordon. »
Ainsi donc, l'autre forme du Souverain des Trows était cet immense goupil à l'allure sauvage. C'était tellement différent de la physionomie douce et ronde dont elle avait l'habitude que ça en était choquant.
Alors que le quatuor se précipitait en direction des ennemis pour les prendre à revers, la Reine Siohban sauta en avant. La Golden Retriever avait troqué sa robe pour un pourpoint et des bottes noires, mais avait conservé sa couronne sur sa tête. Hermione aperçut une lueur sombre jaillir du bout de sa patte avant d'exploser. Elle voulut se protéger, mais elle se rendit rapidement compte que la vague d'énergie qui la traversait était inoffensive. Elle obscurcit cependant l'atmosphère et fit apparaître des centaines de points lumineux tous autour d'eux, reliés entre eux comme des constellations.
« C'est le Nyx Regime de la Reine des Kobolds » souffla Kylie. « Tous les êtres liés aux ténèbres présentes dans son enceinte voient leurs forces augmentées. »
« Ouais ! Bravo Maman ! » Cria Finn.
Dès que la noirceur se fut installée, Sholto poussa un cri guerrier. Des ombres des soldats de la Chasse surgirent alors des Créatures monstrueuses. Des sortes de raies avec des tentacules et des fards osseux, des sorcières vêtues de lambeaux aux griffes acérées, des globes composés d'yeux et de bras en grand nombre… Hermione frémit. Voilà donc ce qu'étaient les Sluaghs. Les cauchemars de la Faerie.
Dépassant le cortège de tête, ils enfoncèrent le nuage de Dragons Artificiels créant un tunnel par laquelle les Souverains Faeriques se glissèrent. Parvenus de l'autre côté, ils se frayèrent un chemin en direction d'Hermione. Alors qu'un groupe d'ennemi allait les intercepter, ce fut au tour du Roi Malcolm d'intervenir. Le blaireau s'élança dans les airs droits sur les Créatures. Une lueur blanche entoura son corps comme qu'il frappait les lézards volants de toutes ses forces, projetant les uns et brisant les autres.
Hermione se souvenait d'avoir vu une telle lueur. C'était quelques années auparavant, lors du Jeu de Classement entre la Suite de Rias et celle de Sairaorg. Ce dernier, n'ayant jamais eu le Pouvoir de Destruction de sa famille, s'était entraîné afin de maîtriser une forme de combat ancestrale appelée Touki. Grâce à cela, il utilisait sa propre force vitale pour décupler ses capacités. Il était clair que le Roi des Balmus possédait la même technique. Selon les standards de son peuple, sa taille imposante faisait qu'il devait être assez faible physiquement parlant. Il avait dû compenser ce fait avec cette technique ce qui lui avait permis de se hisser à la place qu'il occupait aujourd'hui.
Ses efforts conjugués à ceux de Siobhan et de Malcolm permirent au groupe d'arriver sans encombre jusqu'au niveau d'Hermione.
« Comme il nous l'a été ordonné, nous avons répondu à l'appel de la Haute Reine Titania » dit Obéron sur son habituel ton charmeur.
Derrière lui, Dagda semblait se forcer à sourire, mais on voyait bien qu'elle n'aimait pas être commandée de quoi que ce soit. Nuada, elle, avait un retard des plus arrogant, mais elle paraissait bien moins énervée que sa collègue. Plus indifférente.
« Merci à vous tous » dit Hermione même si elle n'était pas sûre que c'était la meilleure réponse possible.
« Reine Titania » dit alors une voix dans son dos.
Elle se retourna. Sirzechs volait à son tour vers elle. Elle se rendit compte qu'il n'était pas seul. Un autre Démon se trouvait avec lui. Il était recouvert d'une armure d'or décoré d'un lion.
Sairaorg.
Derrière lui se tenaient les membres de sa Suite. Kuisha, bien sûr, en tant que Reine, était la première.
« Les armées sont de nouveau en ordre. Nous allons nous retirer pour leur laisser la place et nous occuper de Trihexa » dit-il.
Sous entendu, c'était le moment d'essayer de sauver Hariel.
« Seigneur Sairaorg ? » S'étonna Hermione. « Je vous pensais blessé suite à l'attaque du domaine Baal. »
« Je suis venu dès que j'ai appris les nouvelles » dit-il.
Donc il s'inquiétait également pour Hariel. C'était compréhensible. Lilith avait été très important pour lui et son fils était quelqu'un qu'il chérissait en sa mémoire. Pendant un temps, il n'avait vu en Hariel qu'une extension de sa mère, mais Hermione savait à présent que le Démon voyait son ami pour qui il était et reconnaissait sa valeur.
« Il va venir avec nous » précisa Sirzechs. « Nous espérons que le pouvoir des Abaddon pourrait nous être utile. »
Kuisha Abaddon avait déjà essayé d'utiliser sa Compétence héréditaire pour arrêter le feu de Trihexa. Mais comme il semblait impossible de se téléporter hors de sa trajectoire, celle-ci ne pouvait pas non plus être infléchie par un stratagème. En fait, que Draco ait réussi à utiliser son Sacred Gear pour aspirer les flammes avait été une surprise pour tout le monde. C'était peut-être dû au fait qu'il s'agissait d'un Longinus ou peut-être à cause de l'état affaibli de la Bête suite à sa division.
Toujours est-il que Trihexa était à présent à nouveau entier. Il était donc probable que le pouvoir de Kuisha serve non pas à détourner son énergie à lui, mais celui d'Hariel. Sans doute pour pouvoir l'approcher et lui faire reprendre ses esprits.
« Très bien » Répondit Hermione. « Je… »
Elle allait dire qu'elle arrivait, mais au dernier moment, elle se retint. L'assemblée autour d'elle l'en avait empêché. Elle se rendait compte qu'elle ne pouvait pas partir et les laisser. Elle devait diriger son armée.
« Ma Reine » dit alors Malcolm en penchant son énorme tête par-dessus son épaule. « Si vous le désirez… »
« Non » l'interrompit Hermione. « C'est moi qui mènerais nos troupes. »
C'était son devoir. Et puis il y avait une autre raison. À de nombreuses reprises, elle avait dit à Hariel qu'il n'avait pas à tout faire seul et qu'il lui fallait de temps en temps faire confiance aux autres pour agir. Elle se devait à présent de suivre son conseil. Elle serait bien plus utile à la tête des armées Faeriques qu'au milieu des Dieux à essayer de sauver Hariel. De plus, elle savait que son oncle ne laisserait jamais rien lui arriver.
« Quelle est la tactique ? » Demanda-t-elle à Sirzechs. « Voulez-vous que mes troupes rejoignent les autres ? »
« Non, le mieux serait que vous gardiez vos positions afin de maintenir l'ennemi pris en tenaille » dit le Satan. « L'armée Faerique est l'une des plus puissantes. J'ai bon espoir qu'elle coupe toute retraite à l'armée adverse. »
« Je comprends » dit Hermione. « Nous allons donc rejoindre le gros de nos forces et… »
Mais elle suspendit sa phrase en plein milieu, car à ce moment-là, quelque chose d'étrange se produisit. Depuis déjà pas mal de temps, elle s'était habituée au fracas de la bataille entre les deux géants qu'étaient Trihexa et Hariel. Mais soudainement, ce vacarme avait disparu.
Elle leva alors les yeux. Les titans s'étaient arrêtés. Entre eux deux, elle aperçut une silhouette.
« Est-ce que ce ne serait pas… »
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« Cette fois, je suis vraiment satisfait » dit Draco en regardant son travail.
« Je suis sûr qu'Hariel sera particulièrement heureux des… améliorations que tu t'es apportées, nya » ronronna Chess. « As-tu terminé ? »
« Encore un léger détail. »
Comme il l'avait fait depuis des heures déjà, il modela son imagination en une image concrète. Huit images en fait, toutes identiques. Huit pions rouges et dorés placés sur le devant de sa poitrine. À son ordre, les Pièces Démoniaques pénétrèrent le torse de son nouveau corps et y disparurent.
« Pour que je sois toujours le Pion d'Hariel Gremory » dit Draco avec solennité.
Puis il se tourna vers son Familier.
« Et maintenant ? »
« Maintenant, essaye de commencer à habiter ton corps, nya. Cela te sera utile quand je te ferai sortir » répondit le Chat.
« Comment est-ce que tu vas faire ça ? »
« Je te l'ai dit avec Beaucoup, beaucoup d'énergie et de la matière. Et je sais déjà où me procurer les deux… »
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Douleur. Peine. Colère.
Draco.
Je t'aime
Ses derniers mots encore et encore roulants dans son esprit blessé.
Douleur. Peine. Colère.
Désespoir.
Ça faisait mal. Il avait mal. Il avait échoué. Il n'avait pas réussi. Et tout cela c'était sa faute. Sa faute à lui, mais aussi sa faute à elle.
La Bête. Trihexa.
Trihexa le Monstre. Trihexa la meurtrière. Trihexa… Trihexa. Trihexa. Trihexa ! TRIHEXA !
Tout ce qui comptait à présent, c'était de détruire Trihexa. Par tous les moyens.
La créature sous ses yeux attaquait, mais peu importe. Son pouvoir était aussi meurtrier que son feu. Personne ne pouvait se mettre en travers de son chemin.
Personne. Personne. Personne…
Sauf que quelqu'un a essayé.
Dans sa vision d'un rouge carmin. Sous sa colère aveugle, une silhouette apparut. Un chat. Un chat flottant. Un chat souriant.
Hariel savait qu'il connaissait ce chat. Ce chat lui faisait mal. Il le faisait pleurer, mais il le connaissait.
Il le connaissait, mais il était un obstacle. La surprise avait stoppé Hariel comme elle avait stoppé Trihexa, mais la colère avait repris le dessus.
Convoquant son pouvoir, il fit feu. Trihexa fit feu également. Droit sur le chat.
Celui-ci ne se départit même pas de son sourire.
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Sous les yeux horrifiés d'Hermione, les flammes orangées et l'énergie noire et carmin frappèrent Chess simultanément, engloutissant totalement le Familier. Cependant, alors que la stupeur la paralysait, elle se rendit compte que quelque chose n'allait pas.
Normalement, le choc de ces deux attaques aurait dû créer une explosion aux proportions cataclysmiques… mais il n'en était rien. Est-ce que les deux s'annulaient mutuellement ? Se combattait l'une l'autre ? Non, ce n'était pas ça. Pas ça du tout même.
À l'endroit où les deux masses d'énergies se rejoignaient, un maelstrom commença à se former. Et au centre de ce maelstrom, il y avait Chess.
Le chat ne semblait pas du tout affecté par le déferlement magique. Toujours souriant, il était négligemment allongé dans les airs. Cependant, Hermione finit par remarquer qu'il tenait quelque chose entre ses pattes. Une plume. Une longue effilée d'un blanc immaculé luisante d'une aura irisée. Nonchalamment, il caressait l'objet alors que l'enfer se déchaînait autour de lui.
Un autre fait étrange se produisit à ce moment-là. Alors que Trihexa et Hariel continuaient à attaquer, ils semblaient à présent mal à l'aise. Ils se tortillaient et paraissaient vouloir échapper à quelque chose. Hermione remarqua soudain que la forme sombre qu'était devenu son meilleur ami avait saisi le bras qui lançait l'assaut Chess avec son autre main et semblait lutter pour le tirer à lui.
C'est alors qu'elle comprit ce qu'il se passait. Elle ne savait pas comment, mais le vortex créé par Chess ne faisait pas que le protéger de l'énergie. Il l'aspirait. Et non seulement ça, mais il forçait également les deux titans à lui en donner toujours plus. Il les vidait de leurs forces.
Alors que Trihexa se contentait de crier et de griffer l'air pour échapper à la succion, la forme immense du Satan d'Hariel semblait fondre de plus en plus. C'était logique puisqu'elle était composée d'énergie pure.
Alors que la bataille avait cessé autour d'eux pour observer ce phénomène, Hermione vit les attaques devenir de moins en moins puissantes à mesure que le pouvoir des deux combattants était aspiré. Les torrents de feu et d'énergie noirs se transformèrent en rayons puis en simples filets avant de finalement s'éteindre. Face à un Trihexa hagard et apparemment épuisé, il ne restait plus que la frêle silhouette d'Hariel.
« Goshisou-sama, nya » dit alors une voix.
C'était comme si Chess avait murmuré à son oreille. Elle savait d'ailleurs qu'elle n'était pas la seule à l'avoir entendu. Mais c'était pour le moment le cadet de ses soucis, car, à ce moment-là, elle vit avec horreur Hariel basculer dans le vide.
« Non ! » Cria-t-elle.
Elle voulut le rejoindre, mais déjà une large silhouette aux cheveux carmin était passée à côté d'elle et se précipitait vers lui.
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L'esprit d'Hariel était flou. Il se sentait tomber, mais il ne savait pas pourquoi. Il voulait sortir ses ailes, stopper sa chute, mais il était si fatigué. Soudain, son corps ralentit et des bras le rattrapèrent avant de le presser sur un torse solide.
Péniblement, il ouvrit les paupières et reconnut les yeux turquoise de son oncle Sirzechs.
« Est-ce que tu vas bien, Hariel ? » Demanda-t-il avec un regard hanté.
« Est-ce que je vais bien ? » Répéta Hariel sans trop comprendre. « Pourquoi est-ce que je… »
La mémoire lui revient alors subitement, le frappant comme un coup de poignard.
« Draco… » gémit-il alors que des larmes coulaient de ses yeux.
Il avait vu Draco disparaître dans les flammes de Trihexa et puis… et puis rien. Il n'arrivait pas à se souvenir. Il y avait eu de la peine. De la colère. De la douleur. Et puis…
« J'ai mal » dit-il en éclatant en sanglots.
« Je suis désolé » dit Sirzechs en faisant des cercles dans son dos pour tenter de la calmer.
« Là, là, ça ira, petit Démon, nya » dit soudain une voix à son oreille.
Hariel se tourna dans la direction de Chess. Le chat était toujours au même endroit, toujours souriant et caressant la plume entre ses pattes. Il se rendit alors compte que le Familier était tout ce qui lui restait de Draco.
« Chess » dit-il d'une voix désespérée en tendant la main dans sa direction.
« Sèche tes larmes, petit maître, rien n'est encore… »
Mais à ce moment-là, comme venant de nulle part, une mâchoire immense se referma sur la petite silhouette ronde. Sans que personne ne l'ait remarqué, Trihexa était passé à l'assaut. Peut-être pensait-il récupérer son pouvoir ou bien voulait-il juste mettre fin à une menace. Toujours est-il que le corps démesuré de la Bête s'était précipité vers le chat et que sa tête de Dragon l'avait engloutie d'un seul coup.
« Non ! Chess ! » Cria Hariel en se débattant pour se dégager de l'emprise de son oncle.
Mais à nouveau, il entendit la voix du familier à son oreille. Il ricana quelques instants avant de souffler doucement.
« À nouveau, merci pour ce repas, nya »
C'est à ce moment-là que la tête de Dragon explosa. Il n'y eut cependant pas de détonation. Elle avait plutôt éclaté comme une bulle de savon, avec un léger « plop » et des éclaboussures multicolores. Toutefois, c'est là que le maelstrom autour de Chess réapparut et qu'elles furent aspirées à leur tour. Les bords de la blessure de la Bête se mirent à se liquéfier et des traînés de matière suivirent le même chemin.
Trihexa se débattit. Il grogna, rugit et griffa l'air, mais sans succès. Son corps tout entier devenait une masse fluide comme de la peinture. Des gouttes se détachaient de son enveloppe et étaient aspirées par le tourbillon qui entourait le chat.
« Non ! Ce n'est pas possible ! Ce n'est pas vrai ! » S'écria alors une voix.
Les Dragons Maléfiques n'avaient pas bougé depuis le début de leur assaut. Ils devaient chercher un moyen de passer le combat entre les titans sans se faire blesser au passage. Et puis Chess était arrivé. Le petit familier avait commencé à vider à la fois Trihexa et le jeune Satan de leurs forces sans même sourciller ce qui ne devait normalement pas être possible.
Pendant des siècles, ils avaient planifié cet assaut. Ils avaient manipulé tellement de gens. Rizevim Lucifer, Crom Cruach, Ophis même. Ils s'étaient préparés. Ils ne pouvaient pas échouer. Trihexa devait être leur arme suprême, la clé vers les autres mondes et de nouvelles conquêtes, des terrains de chasse et de destruction inexplorés.
Et ils avaient été déjoués par des enfants.
La Grande Prêtresse et sa sœur la Technomancienne avait retourné leurs pièges contre eux, l'Héritier de Merlin les avait cachés et le jeune Successeur de Satan lui… Lui avait discerné leur plan, il les avait trompés, avait prévenu les autres et finalement, avait fait montre d'une puissance telle qu'il avait tenu même à la Bête de l'Apocalypse. Si seulement son Chevalier Servant ne s'était pas interposé, Hariel Gremory aurait été balayé sans avoir pu démontrer la mesure de son pouvoir.
Mais il l'avait fait. Et à présent, c'était son Familier qui leur mettait des bâtons dans les roues et ça, ils ne pouvaient pas le permettre. Ils devaient absolument détruire cette affreuse boule de poil avant que Trihexa ne soit…
Mais le choc de l'attaque conjuguée de tous les Dieux les stoppa net. Aucun d'eux ne savait ce qui se passait. Tout ce qu'ils voulaient c'était que leur ennemi était en mauvaise posture et que la chose qui le mettait dans cet état était cet étrange chat souriant. Ils devaient donc le défendre à tout prix.
Azi Dahaka et Apophis n'avaient pas le choix. Ils étaient forts, mais pas autant que toutes ces divinités rassemblées. Ils furent alors obligés de regarder, impuissants, la Bête, le monstre qu'ils avaient libéré se dissoudre presque entièrement, aspiré par un vulgaire Familier.
Les dernières particules de l'une des plus terribles Créatures au monde disparurent dans un tourbillon. Chess se lécha les lèvres.
« Il est temps » dit-il.
Puis il se mit à briller.
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La lumière envahit soudain le monde vide et coloré de Draco.
« Qu'est-ce qui se passe ? » Cria celui-ci.
« Les conditions ont été repli, nya » dit alors Chess en flottant nonchalamment devant lui.
« Je vais pouvoir… revivre ? » Demanda Draco avec enthousiasme.
Le sourire du chat s'agrandit. Le garçon sourit à son tour, mais à ce moment-là, il remarqua quelque chose. Le bout de la queue du Familier devenait gris.
Son pelage avait toujours été gris, mais c'était un beau gris anthracite, rien à voir avec cette teinte cendreuse. Avec stupeur, Draco vit la queue de Chess devenir intégralement de ce gris sale avant de se mettre à partir en poussière.
« Ch… Chess » balbutia-t-il. « Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »
« Quoi ? Ça ? » Demanda le chat en montrant son arrière-train.
En effet, celui-ci avait également commencé à tourner au gris et à s'effriter.
« Disons que j'ai un peu dépassé les limites pour te sortir de là, nya. »
Son ton était toujours nonchalant alors que son corps partait en morceaux.
« Ne me dit pas que tu… » s'exclama Draco.
Chess sourit encore plus.
« Limite Break : Impossible Incarnation » dit-il. « Ce n'est pas quelque chose que tu pourrais maîtriser, nya. Jamais. Trop de choses te retiennent dans ce monde. »
Ses pattes arrières avaient disparu à présent et ses pattes avant s'effritaient à leur tour.
« Disons que parfois, des sacrifices sont nécessaires pour réaliser l'impossible, nya » reprit-il. « Quelque chose qui n'aurait pas dû être possible a été fait pour que quelque chose d'encore plus impossible se produise. »
« Chess… est-ce que tu vas mourir ? » Interrogea Draco, les larmes aux yeux.
« Peut-être » répondit le Familier dont il ne restait à présent plus que la large tête ovale.
« Est-ce qu'on se reverra quand même ? » Demanda à nouveau Draco.
Encore une fois, le sourire du chat s'agrandit.
« Savais-tu que c'était une pratique très seine de croire à 6 choses impossibles avant le petit déjeuner ? » Interrogea Chess.
« Ah ? » Dis Draco, les larmes aux yeux.
« Un : Les mythologies peuvent s'unir dans un même but. »
Les oreilles rondes et duveteuses de Chess devinrent grises puis tombèrent en poussière.
« Deux : Des enfants ont déjoué les plans de Dragons ancestraux. »
Tout le tour du visage du familier se mit à être rongé petit à petit.
« Trois : Le trône de Satan sera bientôt de nouveau occupé. »
Les yeux si vifs de Chess commencèrent à se voiler puis à se craqueler.
« Quatre : Trihexa a été vaincu par un simple chat. »
Le visage du Familier était à présent presque parti. Son museau rose, ses moustaches blanches, son pelage anthracite et bleu… tout cela était gris.
« Cinq : Tu vas pouvoir revivre. »
Il ne restait plus qu'une seule chose de Chess. Son sourire. Son éternel sourire de chat. Mais déjà, celui-ci commençait à s'effriter. Il eut tout de même le temps de dire ses derniers mots.
« Six : Nous nous reverrons. »
La lumière, qui n'avait cessé de s'amplifier à mesure que Chess disparaissait, était à présent insoutenable. Draco ferma les yeux.
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Comme la lumière se dissipait, Hariel rouvrit les paupières.
Chess avait disparu. À sa place se tenait un jeune homme. Un jeune homme grand, bien bâti, à la peau unie et bronzée et également extrêmement… nu.
Cet état permettait à quiconque de voir à quel point il était bien formé. Chacun des muscles de son corps était apparent, mais sans être trop visible. C'était comme les dunes d'un désert couleur chair lisse avec des formes douces. Ses mains étaient larges et puissantes, sa taille fine. Ses cheveux, eux, étaient d'un blond doré avec des mèches plus claires, presque argentées, mi-longs et attachés en demi-queue de cheval derrière son crâne. Quand à ses yeux… ses yeux, Hariel ne pouvait pas les voir, il était trop loin.
Mais ce n'était pas un problème, car l'homme tourna son attention vers lui, sourit et se mit à marcher dans sa direction. Il n'y avait pas de sol et pourtant, ses pas étaient fermes. Sirzechs resserra sa prise sur son neveu, mais Hariel se débattit et finit par se libérer.
Il était comme hypnotisé par lui. Il y avait quelque chose chez lui de tellement familier, quelque chose qui lui faisait mal, mais qui le rendait également très heureux. Quelque chose qu'il n'était pas sûr de vouloir croire. Une évidence qu'il refusait tant elle était impossible.
Finalement, le jeune homme arriva juste devant lui.
« Hariel ? » Dit-il.
Celui-ci fronça les sourcils. Le connaissait-il vraiment ? Ou alors est-ce que ce n'était qu'une illusion ?
« Hariel, c'est moi » dit le jeune homme.
Le Démon leva la tête et l'observa. Son menton, ses pommettes, son front. C'était à la fois familier et différent. Et puis il vit ses yeux. Deux yeux d'un gris particulier. Un gris qu'il connaissait.
Il sourit alors, car le doute n'était plus possible. Il sourit, car il venait d'assister à un miracle.
« Oui » dit-il. « C'est toi. »
Il se jeta à son cou en pleurant.
« Draco ! »
Celui-ci passa alors ses bras puissants autour de son corps et le serra contre lui. Il caressa sa tête pour calmer ses sanglots tout en lui chuchotant des mots apaisants.
Finalement, Hariel le relâcha, mais resta tout contre lui. Il ne voulait pas partir. Il ne le pouvait de toute façon pas. Draco l'avait pris par les hanches. Les deux amants se regardèrent avec des yeux débordants d'amour. Puis Draco se pencha vers Hariel. Celui-ci leva son visage et ferma les paupières.
Leurs lèvres se rapprochèrent enfin et ils s'embrassèrent.
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Je vous l'avais dit que je ferais revenir Draco, non ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Ça valait le coup ? Moi j'attendais ça avec pas mal d'impatience. Oui, je l'ai transformé en surfer, et alors ?
La forme secondaire prise par Owen et que j'ai décrite m'a été inspirée de celle du personnage de Kyo Soma dans Fruit Basket.
Pour ce qui est du nouveau physique de Draco, il y aura des comparaisons dans les chapitres suivants donc je n'ajoute rien de plus.
Par contre, je l'avais déjà fais dans Roi des Neiges, je crois, mais j'espère que cette fois, vous avez bien saisit la référence à la Belle et la Bête de Disney (le dessin animé) à la fin.
En tous les cas, n'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à dans deux semaines.
