Check Mate DxD
Chapitre 123 : Diminuer la Pression/Matsuryoku o Sageru
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Hariel se caressa pensivement le menton en regardant Draco. Il se mit à lui tourner autour en l'examinant avec attention.
« Lève les bras pour voir ? » Demanda-t-il.
Draco obéit. Sa respiration se bloqua alors quand son petit ami commença à palper son corps.
« Tu sais, cette partie-là sera cachée sous mes vêtements » dit-il d'une voix un peu enrouée.
« Pas dans les douches communes de ta maison ou des vestiaires de Quidditch. »
« Comme s'ils s'amusaient à regarder mes fesses » grogna Draco.
« Pourquoi ne le ferait-il pas ? Moi je le fais bien. »
« Tu les touches aussi » grommela Draco.
« Ne me dis pas que ça te gêne ! Maintenant ? Tu étais autrement plus expansif quand tu… enfin, la dernière fois. »
Hariel avait encore du mal à parler de ce qui s'était passé durant la bataille. Draco était mort sous ses yeux et il était revenu à la vie. Cet événement l'avait marqué plus que ce qu'il ne pourrait le dire. Il ne savait pas exactement comment, mais cela l'avait changé au plus profond de lui-même. Il avait goûté à un désespoir si intense qu'il s'était enfui, plongé loin en lui-même… et sa colère avait pris le dessus. Satan était apparu pour tout détruire.
Pour la première fois depuis qu'il s'était éveillé, Hariel avait peur de son pouvoir. Il avait peur de ce qui se passerait s'il n'était plus à même de le contrôler. Quand cela s'était produit récemment, aussi ironique que cela soit, Trihexa était là. Sa puissance avait pu mettre en échec celle d'Hariel alors qu'il faisait de même pour la sienne. Mais qu'arriverait-il la prochaine fois ?
« Je serais là » dit simplement Draco. « Je serais toujours là pour te retenir. »
Dernièrement, Draco semblait constamment savoir quand il déprimait. Il paraissait toujours être au courant des pensées lugubre de son amant. Était-ce le lien qu'ils avaient partagé quand il avait copié ses pouvoirs et ses connaissances ou alors tout bonnement le fait qu'il le côtoyait depuis longtemps ?
« Mais si jamais cela arrive parce que justement, tu n'es plus là ? » Demanda-t-il, amer.
« Alors je reviendrais » répondit Draco sur le même ton d'évidence que précédemment. « Où que je sois, je reviendrai pour toi. Même de la mort. »
Hariel esquissa un sourire.
« Regardez-le, le puissant Démon qui parle de revenir d'entre les morts et qui rougit à cause d'un petit pelotage de derrière » dit Hariel d'un ton qu'il espérait nonchalant en donnant à son petit ami une légère fessée.
« Disons que j'essaie de prévenir certaines réactions physiologiques » grogna celui-ci.
« Encore une fois, je te rappelle que tu as bandé devant une grande partie des Panthéons du monde entier » le taquina l'autre.
« C'était dans le feu de l'action » marmonna Draco en devenant cramoisi.
Hariel gloussa.
« Allez » dit-il. « Tu peux te rhabiller. Tout le monde n'y verra que du feu. »
Draco souffla de soulagement et se dirigea vers la pile de vêtements préparés pour lui.
« Comment tu te sens ? » Lui demanda Hariel. « Pas trop perturbé ? »
Draco enfila son sous-vêtement (qu'il avait plus de facilité à mettre que plus tôt) puis leva ses mains au niveau de ses yeux et commença à bouger les doigts et taper sur le sol du pied, comme s'il testait leur mobilité.
« C'est… étrange » dit-il. « Je sais que c'est mon corps, celui d'avant, mais j'ai du mal à m'y sentir à l'aise… Comme si j'étais un peu trop… serré. »
Il aurait été difficile d'expliquer comment Draco aurait pu grandir de 20 centimètres en seulement deux semaines. Sans compter sa masse de muscle et sa superbe mâchoire virile (ainsi que le cadeau entre ses jambes qu'il aurait été facile de voir dans les douches communes). Il avait donc été décidé qu'il dissimulerait sa nouvelle physionomie sous un Glamour avancé.
Les Glamours habituels étaient généralement des sortes d'illusions perfectionnées qui affectaient à la fois le plan physique et mental. Physique, car il permettait de modifier son apparence et mental, car il s'agissait aussi d'une enveloppe spirituelle chargée d'énergie émotionnelle. Les Faes étaient extrêmement doués pour cela. Outre altérer leurs traits (le plus souvent pour les magnifier), ils étaient également capables de manipuler les émotions : désir, peur, etc. C'était ce type de magie qu'avait utilisé la Reine Dagda sur Hermione quand elle était arrivée à la Cour Seelie.
Cependant, Draco n'était pas Fae et les Glamours Sorciers survivaient mal à des inspections plus poussées, surtout quand la différence physiologique était trop grande entre le véritable aspect et l'autre. Sans compter qu'une simple Sort de Révélation pouvait le faire tomber.
C'était Rossweiss qui avait alors fourni la solution. Une Magie Asgardienne utilisée notamment par Loki. Plus qu'une modification de l'apparence, c'était une authentique métamorphose physique. Toutefois, l'adaptation pouvait être assez difficile. Changer brusquement de proportion pouvait provoquer un certain malaise, mais également des problèmes d'équilibres. Cependant, tout semblait à peu aller pour lui. Enfin, pour le moment. C'est pour cela qu'afin de pallier à toutes complications que cette magie pourrait engendrer qu'Hariel avait tenu à ce qu'il apprenne à l'utiliser le plus tôt possible et qu'il s'entraîne à rester sous cette apparence. Fort heureusement, il avait tout une semaine pour cela.
En effet, la Déesse leur avait offert un assez beau cadeau. Mobilisant ses forces elle avait tellement étendu le temps à l'intérieur de la Faerie qu'à peine quelques jours étaient passés depuis leur départ. La durée de leur transe était totalement inconnue si bien qu'Hariel pouvait avoir tout aussi bien 15 que 150 ans pour ce qu'il en savait. Leurs fonctions vitales ayant été presque complètement mises en pause pendant le processus, ils n'avaient guère changé.
Toujours est-il que le temps présent était celui de la reconstruction. Asgard était toujours en piteux état. Les Cieux également. Cependant, les autres Mythologies avaient décidé de mettre la main à la patte en témoignage de bonne volonté pour leur alliance future. Rien n'était encore très officiel, mais des pourparlers se préparaient.
De leur côté, les représentants seraient Serafall pour les Démons, Raphaël pour les Anges et Shemahazai pour les Déchus. Asgard serait, quant à elle, représentée par le Dieu Mimir et l'Olympe, par Athéna. Les Yokai et les Vampires, membres à part entière de l'alliance, auraient aussi leurs propres envoyés.
D'un point de vue plus familial, la fin de la guerre permettrait à Azazel de se pencher sur le cas Issei. Personne ne savait encore pourquoi il ne pouvait plus voir les poitrines des femmes. C'était un problème urgent à résoudre, car s'il perdait sa raison de vivre, Issei perdait également une partie importante de sa puissance. Fort heureusement, son état de santé était stable. La conclusion de la guerre avait fait qu'il n'avait pas eu à utiliser le maximum de ses pouvoirs. Il était donc sauf. Pour le moment.
De son côté, Hariel était allé voir la situation du côté anglais. La bataille s'était tout de même déroulée extrêmement près des côtes. Sa Majesté Elizabeth était au courant de ce qui se passait. À peu près. Elle avait alors fait en sorte que son état-major surveille la zone de loin, mais fort heureusement, le piège avait fonctionné et le pire des combats avait été contenu. Tout ce qui avait été rapporté était des lumières étranges quand la barrière avait commencé à flancher, mais au final, rien de concluant.
Du côté Sorcier, Hariel pouvait remercier la politique de l'autruche du Ministère. Des secousses énergétiques avaient été ressenties dans tout le pays, provoquant l'affolement de nombreux Animaux Magiques. Heureusement qu'il n'existait pas de réserve de Dragons en Angleterre sinon, ils auraient été bons pour la rupture majeure du Statut. À la place, ils avaient tout de même eu droit à des troupeaux de Licornes et de Sombral terrorisés, des hordes d'Hippogriffes déchaînés, des troupes de Lutins et de Pixies semant la zizanie à cause de la peur…
Mais bien évidemment, le Ministère, Fudge en tête, avait tout fait pour minimiser les faits. Ils avaient parlé "d'incidents mineurs", de "plaisanteries innocentes" voire même "d'hallucination collective", le tout pour faire croire qu'ils avaient la maîtrise de la situation. Sans surprise, aucune enquête n'avait été menée pour découvrir les origines de l'événement. Tant que la population était sous contrôle et les soutenait, le camp du Ministre estimait que tout allait bien.
Certains, bien sûr, connaissaient la vérité. Hariel avait bien pris soin de prévenir ses Chevaliers et d'autres alliés de confiance afin qu'ils puissent agir si les choses se passaient mal. Ils étaient restés en attente pendant tout le combat, ressentant les vagues de magie en sachant très bien d'où elles provenaient et pourquoi. Fort heureusement, ils n'avaient pas eu à prendre d'initiative.
Une personne cependant qui n'était pas au courant était Rita Skeeter. Hariel n'avait pas jugé bon de l'avertir immédiatement, ne sachant pas exactement comment elle pourrait aider. À cause de cela, elle s'était intéressée au tumulte qui s'était produit du fait de la bataille et que le Ministère avait tenté de couvrir. Forte de sa protection, elle avait ainsi publié un article incendiaire rappelant l'intégralité des différents incidents et leur impact sur la société. Cela avait été, bien entendu, suivi d'une virulente critique de l'inaction du pouvoir en place et de sa volonté de tenir le peuple Sorcier dans l'ignorance.
Hariel n'avait pas vraiment prévu ça. Cependant, a posteriori, il pensait que c'était un mal pour un bien. Puisqu'il était destiné à devenir à la fois Roi de l'Angleterre Magique et des Démons, il voulait que le Monde Sorcier réintègre le reste de la communauté occulte au plus vite. Faire parler d'événement étrange qui n'est dû à rien de connu pouvait en être un premier pas. Révélé qu'il s'agissait de personnes s'étant battues pour les protéger et que leur Souverain en avait fait partie pouvait en être un second.
Toujours est-il que le monde continuait. Cependant, cela voulait aussi dire que certaines choses laissées en suspens à cause de la guerre revenaient sur le tapis.
Et justement, Hariel venait de recevoir un message important… de Dean.
« Il va falloir régler ça » soupira-t-il.
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Hariel frappa à la porte de la maison de banlieue nichée au fond de l'impasse en bordure de la forêt.
Il n'était jamais venu chez son cousin. Il avait craint pendant un moment de tomber dans un quartier de bâtisses exactement semblables les unes aux autres comme il y en avait tellement en périphérie des villes. C'était le cas pour Privet Drive et il se rappelait que les Dursley s'enorgueillissaient de posséder une demeure aussi… normale. Mais aux yeux d'Hariel, c'était plus un fardeau qu'autre chose puisque sa "famille" s'était toujours assurée qu'il se souvienne qu'il n'était qu'une tâche dans leur magnifique décor.
Mais ce n'était pas vraiment le cas ici. Certes, d'un point de vue architectural, les habitations étaient très semblables les unes aux autres. La conformité est une contrainte inhérente à la construction rapide. Cependant, il semblerait que les promoteurs aient opté pour un projet de maison modulable. Des structures quasi identiques, mais avec la possibilité pour les acheteurs de choisir l'emplacement des éléments constitutifs et décoratifs. Ainsi, certains avaient leur porte d'entrée au milieu et d'autres sur le côté. Certains possédaient un garage tandis que d'autres avaient préféré garder cet espace pour la surface habitable même et déposaient leur voiture dans l'allée.
Au vu de la répétition visible de certaines teintes extérieures (murs, volets, clôture, etc.) il était probable qu'ils aient également dû les sélectionner parmi un panel. Cependant, celui-ci semblait suffisamment vaste pour que les combinaisons ne soient pas monotones.
De plus, l'espace dédié au jardin était le moyen le plus sûr d'assurer une certaine originalité. Dans les souvenirs d'Hariel, les maisons de Privet Drive avaient toute une pelouse impeccable avec une haie entre chaque et des massifs de fleurs soigneusement entretenus en bordure et tout le monde faisait en sorte que les autres reste dans le rang. Ce n'était bien évidemment pas le cas ici et tant que des branches, des buissons ou même des décorations volumineuses (et parfois hideuses) ne débordaient pas chez le voisin, tout semblait accepté.
Mais tous les jardins ne ressemblaient pas à des jungles ou des pépinières. Celui des Thomas, par exemple, était très simple. D'après ce que savait Hariel, aucun des deux n'avait particulièrement la main verte. Ils conservaient cependant leur pelouse bien entretenue afin que leurs plus jeunes enfants, les demi-frères et sœur de Dean puisse s'amuser. Certains de leurs jouets étaient d'ailleurs encore là, abandonnés sur le gazon. Il n'avait pas neigé cet hiver au sud de l'Angleterre et il était peu probable qu'il le fasse donc pour le moment, les jouets ne seraient pas perdus.
Le bruit d'une poignée de porte qu'on actionne tira Hariel de sa contemplation. Il leva les yeux et sourit à l'homme qui était venu lui ouvrir.
« Bonjour, Oncle Steven » dit-il au beau-père de son cousin.
« Oh ! Bonjour Hariel » répondit celui-ci d'une voix incertaine. « Tu viens pour voir Dean ? »
« Oui, j'aurais besoin de l'emmener dans le Makai pour la journée. »
« Oh… euh… vraiment ? » Demanda l'homme. « C'est… enfin, c'est… j'espère que ça ira… cette fois. »
Hariel eut un sourire triste à ces mots. Il savait que Steven aimait Dean comme s'il était son fils. En fait, à ses yeux, Dean était bel et bien son fils. De ça, Hariel lui en était reconnaissant. Son cousin aurait au moins quelqu'un sur qui se reposer si jamais…
« Ne t'inquiète pas, Oncle Steven » dit-il. « C'est fini. Il n'y a plus rien à craindre. »
Ce n'était pas tout à fait vrai. Il y avait encore Ombrage, Dumbledore, Fudge et bien sûr Voldemort. Cependant, après des Dragons surpuissants et la Bête de l'Apocalypse, la menace représentée par ces gens-là était dérisoire.
« Ah… très bien » dit Steven en entendant ces mots.
Il s'écarta et laissa Hariel entrer. Il leva ensuite la tête en direction des escaliers et appela son fils d'une voix forte.
« Tu veux quelque chose ? » Demanda-t-il à son invité. « Un thé ? Un café ? »
Il paraissait assez gêné en sa présence. Il se frottait le cou tout en évitant de croiser le regard du plus jeune. Il semblait en fait assez intimidé. Est-ce que c'était parce qu'il était un démon ? Un Magicien ? Ou peut-être que c'était parce que lui portait une chemise avec une cravate en haut et un jogging et des pantoufles en bas alors qu'Hariel était vêtu d'une petite robe d'inspiration XVIIe siècle français tout en brocard citron cousu de fils d'or, aux manches évasés doublés de dentelle blanche, la même qui dépassait également de la jupe courte rendue bouffante par une accumulation de jupons vaporeux.
Sa coiffure, elle, faisait plus XVIIIe, en anglaises ramenées sur le dessus avec un faux gonflé discret et retombant sur l'épaule. À cela. Il avait ajouté un fascinateur de taffetas et de plumes assortis fixé dans sa chevelure par une épingle décorée d'un camé jaune et ivoire. Il ne portait pas d'autres bijoux et très peu de maquillage à l'exception d'une pointe de rose sur les lèvres et un ombre sur les joues.
« C'est gentil, mais je ne reste pas » répondit Hariel à l'homme avec un sourire.
Le silence se faisait pesant. Manifestement, Steven ne savait pas vraiment comment se comporter avec son invité. Hariel décida donc de mener la conversation. Il avait de toute façon quelque chose à lui dire.
« Je suis désolé » commença-t-il. « Désolé d'avoir amené Dean au-devant du danger. »
Le "encore une fois" n'était pas loin.
« Je… sais que tu ne l'as pas forcé » dit Steven. « Quand il est venu nous chercher pour nous mettre à l'abri, il a dit que c'était son choix. »
« Et bien, je veux que Tante Doria et vous sachiez qu'il s'est illustré dans cette bataille. Pas en combattant, mais en utilisant son intelligence pour nous sortir d'une situation compliquée. »
« C'est… c'est bien. J'en parlerai à sa mère, je suppose. Est-ce que ça va changer quelque chose ? Est-ce qu'il va recevoir une médaille ou quelque chose comme ça ? »
« Et bien… ça n'a pas vraiment été discuté, mais ça reste de l'ordre du possible. Après tout, de nombreux Dieux de Panthéons différents louent son implication. »
« C'est un peu perturbant de penser que toutes ces… figures mythologiques existent vraiment. »
« Et encore. Vous n'avez jamais été le centre de leur attention. Ça c'est dérangeant. »
À ce moment-là, du bruit dans l'escalier annonça l'arrivée de Dean.
« Oh ! Joli ! » Dit-il en apercevant son cousin.
« Merci » dit Hariel avec un sourire avant de se rembrunir légèrement. « Est-ce que tu pourrais prendre ton après-midi pour venir dans le Makai ? »
« Je ne sais pas, peut-être… » répondit le jeune garçon en jetant un coup d'œil à son père.
Celui-ci hocha la tête.
« D'accord alors. Il y a une raison particulière ? » Demanda Dean en commençant à mettre ses chaussures.
« C'est au sujet de la conversation qu'on a eue avant la bataille » lui expliqua Hariel.
« Oh ? Oh ! Oh… » fit Dean, passant de la perplexité à la compréhension puis à l'appréhension.
Cela lui semblait si loin. Presque des années. C'était même peut-être le cas.
« Et tu veux faire ça… »
« Chez moi. »
« Bon… très bien… »
« Ça va, Dean ? » Demanda son père.
« Hein ? Euh… oui. Très bien. C'est juste… disons une conversation assez pénible à avoir. »
« Vous pouvez l'avoir ici, si vous voulez. Je promets de ne pas écouter. »
« Non ! » S'exclama Dean. « C'est bon. Je… vais juste aller avec Hariel. Ne t'inquiète pas. Je reviens pour le dîner. »
« D'accord… » répondit Steven avant de voir son fils disparaître dans une lumière rouge.
Il fallut quelques instants pour arriver sur l'aire de téléportation du Château de Kamala. Dean se laissa ensuite mener par son cousin jusque dans ses appartements. Il pensait en effet que ma conversation qu'ils devaient avoir se ferait mieux en privé. Il attendit donc que la porte de son antichambre se referme derrière eux pour s'adresser à lui.
« Alors ? De quoi tu voulais me parler ? C'est au sujet de mon p… de Barclay n'est-ce pas ? »
Hariel hocha la tête, mais ne dit rien. Il se contenta de s'avancer vers son salon privé.
« C'est pas trop tôt, Hariel ! » S'exclama une voix masculine au moment où il pénétrait à l'intérieur. « Ça fait presque une demi-heure que j'attends ! Je te rappelle que c'est toi qui m'as demandé de… »
L'homme assis sur le divan se figea quand Hariel s'écarta pour laisser entrer son cousin. Celui-ci cessa aussi de bouger en l'apercevant. Il avait vu des photos, mais c'était la vision de son visage il y a quelques nuits de cela qui restait dans son esprit.
« Que… comment… » balbutia-t-il.
« Hariel… tu n'as pas… » dit Barclay qui avait également du mal à s'exprimer.
« Si » répondit celui-ci en poussant son cousin dans la pièce. « J'ai osé. »
Il se campa devant la porte, les bras croisés alors que les deux hommes le regardaient.
« C'est juste que j'en ai assez de jouer les intermédiaires » dit-il d'une voix ferme. « J'ai essayé de faire plaisir à tout le monde et ça m'est revenu dans la gueule. Maintenant, Oncle Barclay, si tu ne veux pas voir ton fils, alors il va falloir le lui dire en face. Quant à toi, Dean, tu voulais ton père biologique ? Et bien le voilà ! Tu le croyais mort ? Et bien, c'est pas le cas, alors profites-en. Et sur ce, je vous laisse ! »
Et il ponctua sa phrase en faisant claquer la porte derrière lui, abandonnant les deux hommes qui ne savaient pas vraiment quoi dire. Dean était en colère. Un peu contre Hariel et surtout beaucoup contre Barclay. Son ressentiment avait eu le temps de refaire surface alors qu'il marchait jusqu'aux appartements de son cousin. De son côté, Barclay était mal à l'aise. Ma résolution qu'il avait prise des années auparavant pour protéger sa famille le mettait à présent dans une situation difficile.
« Dean… » commença-t-il.
« Je t'arrête tout de suite ! » L'interrompit celui-ci. « Sache que j'ai déjà un père et qu'il est formidable. Alors pas la peine d'essayer de te justifier, d'accord ? Je peux très bien me passer de toi. »
Barclay sentit son cœur devenir lourd. Il savait qu'il le méritait. Mais il savait également ce que Dean méritait.
« Je sais » dit-il. « Tu n'as pas besoin de moi. Tu es grand maintenant. Presque un homme. Et tout ça grâce à Steven. »
« Comment tu… »
« Comment je connais son nom ? Parce que pendant toutes ces années, je ne vous ai pas perdu de vue, ta mère et toi. Je veillais sur vous. De loin. Si j'ai su pour l'attaque, c'est grâce aux alarmes que j'ai installées autour de votre maison. »
Il se leva et s'approcha de son fils, posant sa main sur son épaule.
« C'est faux de dire que je ne veux pas te voir. J'ai toujours voulu te rencontrer. »
« Alors, pourquoi ne pas le faire ? » Cracha Dean en se dégageant. « Pourquoi fuir tout le temps comme ça ? »
« L'habitude… » dit Barclay au bout d'un moment. « Quand on fait vivre un mensonge aussi longtemps, c'est difficile de changer. »
« Il ne fallait peut-être pas commencer à mentir, tu ne crois pas ? » Grogna Dean en s'asseyant sur le canapé et en prenant sa tête dans ses mains.
Barclay soupira puis s'approcha de lui. Il se mit ensuite à genoux, mais prit bien garde à ne pas le toucher. Il n'était pas près.
« Tu sais, à cause de la guerre, je n'ai jamais épousé ta mère dans le Monde Sorcier » dit-il. « En gardant notre couple du côté Sapiant, je pensais que cela suffirait pour nous protéger. Mais ce n'était pas le cas. Voldemort a lancé une sorte de cabale contre moi. Pour lui, je représentais la déchéance de la noblesse Sorcière. »
« Pourtant, James, le père d'Hariel, a aussi épousé quelqu'un venant du monde Sapiant, non ? »
« Ta tante Lily était une sorcière, contrairement à ta mère. De plus, il a accusé Doria de me détourner de mon devoir pour me faire vivre exclusivement dans le monde Sapiant. En bref, ce que j'avais fait pour tenter de la préserver était en train de se retourner contre nous. »
Dean ne le regardait toujours pas, mais Barclay ne perdait pas espoir.
« Au début » reprit-il. « On s'est caché ensemble. Et puis un espion au sein des Mangemorts nous a appris que même si Voldemort savait que j'avais épousé une Sapiante, il n'avait aucune information sur elle. »
« Donc, tu t'es dit qu'en te séparant d'elle, tu attirerais les Mangemorts loin d'elle » conclut Dean en relevant la tête.
« Et de toi » ajouta Barclay. « Tu venais juste de naître quand je suis parti. »
« Et ensuite ? »
« J'ai fui. Je bougeais tout le temps pour éviter d'être rattrapé. De temps en temps, j'allais voir James. C'est comme ça que j'ai appris que j'avais été déclaré mort par les Sapiants. Malheureusement, un rapport de police ça ne convenait pas aux Mangemorts qui ont continué à me traquer. »
« Et les autres ? Le… L'Ordre du Phoenix. Ils ne pouvaient pas t'aider ? »
« James m'a proposé de les laisser me cacher et de me battre à leurs côtés, mais je me suis rendu compte que je faisais un meilleur travail en étant en fuite. Séparées de certains de ses éléments les plus importants, les troupes de Voldemort étaient plus faciles à combattre. Je laissais juste assez de traces pour que mes ennemis puissent me suivre, mais pas assez pour qu'ils me rattrapent. »
« Et… après la disparition de Voldemort ? »
« J'ai voulu vous retrouver ta mère et toi, mais Steve était déjà là. »
« Oh. »
« Je… j'ai été très jaloux au départ, mais ta mère était tellement heureuse. Je ne l'avais presque plus vu sourire depuis notre mariage. La guerre, la poursuite… elle était toujours inquiète. Je ne voulais pas briser ça. »
« Mais c'était fini ! » S'insurgea Dean. « Plus de poursuite ! Plus de guerre ! »
« Mais revenir comme ça, dans sa vie alors qu'elle était enfin parvenue à la reconstruire… je savais que le monde Sorciers n'avait pas démenti la nouvelle de ma mort. Comment l'auraient-ils pu ? Il n'y avait que James et Lily qui étaient au courant pour l'adresse exacte de Doria et c'était à ce moment-là qu'ils étaient allés se cacher. En plus, Steven ne rendait pas seulement ta mère heureuse. Il était aussi très bon avec toi. Il te considérait déjà comme son fils… et toi comme son père. Je ne voulais pas t'enlever ça… »
« Alors tu as décidé de rester loin et de… souffrir tout seul. »
Barclay se contenta de hocher la tête.
« Et après ? Quand je suis devenu Sorcier ? »
« Il y avait un autre problème à ce moment-là. Pour tout le monde, j'étais mort. »
« Comment ça ? »
« Tu sais comment les Humains deviennent des Démons, non ? »
« Alors tu es vraiment… »
Barclay acquiesça.
« Après la fin de la guerre, je… j'ai baissé ma garde. Mes poursuivants ont utilisé leur argent pour soudoyer le Magenmagot et se faire acquitter. Et pour venger leur maître, ils ont décidé de mener à bien la dernière mission qu'il leur avait confiée. Comme je ne me méfiais pas, ils m'ont eu par surprise et… »
« Tu es… mort. »
« Oui. Juste après, Dame Serafall m'a trouvé et a fait de moi l'un de ses Cavaliers. Comme le Monde des Sorciers vit en autarcie du reste de la communauté occulte depuis longtemps, je ne pouvais rien te dire… »
Barclay grimaça.
« Non. C'est juste que je ne voulais rien te dire. J'avais… j'avais peur de ta réaction à mes mensonges et, encore une fois, j'ai… fuit. »
Il eut un soupire.
« Oui, c'est vrai, j'ai fait des erreurs. Je suis humain après tout. Enfin presque. Ce que j'essaie de dire, c'est que tout être ayant la capacité de faire des choix peut faire le mauvais, mais avec de bonnes intentions. J'ai peut-être pris de mauvaises décisions, mais je l'ai toujours fait parce que je tenais à toi et à ta mère. Tu comprends ? »
Au départ, Dean ne dit rien. Il était encore en train de digérer ce qu'il venait d'entendre. Puis, au bout d'un certain temps à cogiter, il se leva et fit face à son père avant de lui rendre la main.
« Bonjour » dit-il d'une voix franche. « Je m'appelle Dean et je suis ton fils. »
Barclay resta figé, sans comprendre.
« Tu as raison » déclara Dean. « Des erreurs ont été faites et on ne peut pas revenir en arrière. Tout ce qu'on peut faire, c'est recommencer et voir où ça nous mène. Donc, je répète : je m'appelle Dean et je suis ton fils. »
L'homme en face de lui sourit. Ses yeux étaient humides. Il prit alors la main devant lui et la serra doucement.
« Je m'appelle Barclay… et je suis ton père biologique. »
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Cela faisait déjà trois jours et l'humeur de leur Seigneur n'avait pas cessé de se détériorer. Les fluctuations de sa colère traversaient la marque sur leur bras, provoquant des vagues de douleurs difficiles à diminuer.
Un échec. Les Mangemorts avaient échoué. Leur Maître avait envoyé ses troupes contre deux Sang-de-Bourbe encore non entraîné et aucun n'en était revenu. Grâce au lien qu'il existait entre eux, il leur avait annoncé qu'ils étaient morts. Tous. Ils ne savaient pas comment, mais il était sûr que c'était à cause de Dumbledore. C'était le seul à avoir toujours résisté à son emprise.
Le Ministère avait été éliminé d'office. Cette bande de mouton stupide se cachait la tête dans le sable en réfutant à grand cri la moindre possibilité de son retour. Il n'allait cependant pas s'en plaindre, cela servait ses plans. D'un autre côté, penser que des étudiants d'à peine 15 ans aient pu défaire une vingtaine de ses Mangemorts même parmi les plus faibles était absurde. Non, la seule et unique solution était que le vieux directeur ait eu vent de son projet, soit en ayant posé des alertes près des amis de Potter, soit…
Soit, il avait quelqu'un dans ses rangs.
C'était l'explication la plus logique selon lui et aussi celle qui le mettait le plus en rage. Ses doutes allaient inévitablement vers Severus Rogue. L'espionnage était dans sa nature. Il espionnait bien Dumbledore pour lui après tout. Qu'il soit un agent double ne serait pas surprenant. Quant à savoir qui de lui ou de Dumbledore était le véritable dindon de la farce, l'avenir le dirait. Tout ce qu'il pouvait faire était de surveiller son Maître de Potions et s'assurer qu'aucune information cruciale ne lui parvienne aux oreilles.
Un jour, peut-être que son utilité sera moins importante que la sécurité de ses opérations et alors là…
En tous les cas, c'était la première fois depuis ce fameux soir que les Mangemorts étaient réunis et chacun craignait pour ce qui allait se produire. Cependant, ce n'était pas pour passer ses nerfs qu'il les avait appelés (peut-être pas tout de suite). Non, il devait leur parler d'un projet.
Assis sur le trône de pierre qu'ils lui avaient sculpté, il attendait ses partisans. Un à un, chacun entrait par la colossale porte dans la vaste cathédrale souterraine. Le dernier à arriver fut bien entendu Antonin Dolohov. C'était sous son manoir que se trouvait son nouveau sanctuaire. Sa loyauté envers son maître l'avait poussé à lui offrir l'hospitalité et à mettre à sa disposition un monument à sa gloire. Voldemort attendit donc qu'il ait rejoint les autres, tous agenouillés devant l'estrade qu'il occupait.
« Mes fidèles serviteurs, bienvenus. » Déclara-t-il finalement, sa voix résonnant sur la voûte de pierre sans qu'il ne soit nécessaire de l'amplifier par magie, « Comme vous le savez, nous avons perdu récemment quelques de nos frères. »
Aucun ne répondit. Les seuls présents étaient les proches de Voldemort, tous des nobles Sang-Purs. Ceux qui étaient morts lors des embuscades ratées n'étaient à leurs yeux que de la racaille bonne à servir de chair à canon.
« C'est pourquoi à présent il est temps de remplir à nouveau nos rangs. Non pas avec du sang neuf, mais du sang plus ancien, des serviteurs oubliés et qui nous rejoindront bientôt. »
Des murmures se firent alors entendre. Le message pouvait sembler cryptique, mais pour eux, il était très clair.
Leur prochain raid serait à Azkaban.
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Remus se précipita dans la chambre à la suite de Sirius.
Il lui tournait autour depuis la fin de la guerre, mais son ami avait toujours trouvé un moyen de l'éviter. Remus essayait de ne pas trop insister puisque la nouvelle qu'il avait reçue pendant la bataille était des plus choquante, mais il ne pouvait pas non plus ignorer qu'une partie de lui vivait à présent dans son ventre.
Il avait donc décidé de lui parler à la sortie de ses appartements. Malheureusement, dès qu'il l'avait aperçu, Sirius avait blêmi et était retourné brusquement à l'intérieur. Normalement, Remus lui aurait laissé un peu plus de temps, mais la vue de sa grimace et de son teint cireux, ses instincts parentaux exacerbés avaient pris le dessus.
« Sirius ? Où es-tu ? » S'écria-t-il en pénétrant dans la chambre de son ami.
Un bruit distinctif provenant de la salle de bain le renseigna aussitôt. Il s'approcha puis poussa la porte. Sirius était à genoux sur le carrelage, la tête dans la cuvette des toilettes.
« Est-ce que ça va ? » Demanda Remus.
« À ton avis ? » Grogna Sirius en s'asseyant sur le marbre froid du sol.
Les genoux relevés, il tenait sa tête entre ses mains, probablement pour l'empêcher de tourner. Remus s'avança puis tira la chasse avant de s'accroupir près de son ami pour lui caresser le dos.
« Ça arrive souvent ? » Lui demanda-t-il.
« Assez ouais » dit Sirius. « Je sais pas pourquoi ça s'appelle les nausées matinales si ça arrive à n'importe quel moment de la journée… »
On était en milieu d'après-midi.
« En fait, c'est un vieux mythe » répondit Remus. « Beaucoup de f… de personnes enceintes ont des nausées à différentes périodes. C'est dû à l'émission d'hormones par le fœtus pendant le début de la grossesse. »
Sirius releva la tête et regarda son amie. Ses yeux roulèrent un peu à cause du mouvement, mais fort heureusement, son haut-le-cœur reflua rapidement.
« Tu as lu des livres sur la grossesse » dit-il, les paupières plissées.
Remise rougie. Oui, bien sûr qu'il avait commencé à lire des livres sur la grossesse. Et ce dès qu'il avait senti les premiers changements dans l'odeur de son ami.
« Tellement toi » grogna Sirius
Il passa une main devant ses yeux en gémissant.
« Mais pourquoi ça m'arrive maintenant ? Avant de le savoir, j'allais parfaitement bien et puis… »
« Peut-être que ton esprit t'a protégé des effets néfastes. Une sorte de… déni » proposa Remus.
Sirius grogna à nouveau. Il rejeta sans tête en arrière, la faisant taper sur le mur glacé derrière. C'était dur, mais la fraîcheur lui faisait du bien.
« Dire que ce qui m'arrive, c'est à cause de toi… » marmonna-t-il.
D'abord, Remus sentit un pincement de remords dans sa poitrine. Puis ce sentiment se transforma rapidement en colère. Comment pouvait-il oser tout lui mettre sur le dos ?
« Je te rappelle qu'à l'époque, boire, c'était ton idée » siffla-t-il en se relevant. « Si tu ne m'avais pas forcé à me bourrer la gueule, ça ne serait pas arrivé ! »
« Ah ouais ? » S'écria Sirius en se relevant à son tour.
Ses nausées n'étaient pas encore tout à fait passées. La brusque transition en station debout lui fit tourner la tête. Il vacilla et se retint au mur, mais cela ne l'empêche pas de répliquer avec venin aux paroles de son ami.
« Et peut-être que si tu savais garder ta queue dans ton pantalon, on n'en serait pas là ! »
« Venant de ta part, c'est un peu fort, tu ne trouves pas ? »
« En attendant, celui qui se retrouve enceint, c'est moi ! »
Remus allait répliquer, mais il se retint. Non, ça n'était pas vraiment le moment de se disputer. Ce n'était pas bon pour le bébé.
« C'est vrai, tu es enceint » dit-il. « De notre enfant. C'est pour cela que ce serait plus facile si nous prenions le temps de discuter de notre avenir avec lui. »
« Qui te dit que je veux le garder ? » Demanda alors abruptement Sirius.
Remus blêmit. Le loup en lui se mit à crier d'horreur.
« Tu n'es pas sérieux ? »
Sirius ne répondit pas, mais son regard restait fixé sur l'autre homme.
Bien entendu qu'il n'était pas sérieux. Une interruption de grossesse était quelque chose d'interdit parce que trop dangereuse. La magie de l'enfant se développait dès la conception et aidait à la croissance de son organisme. Elle servait également à le protéger contre toute agression. Une tentative de le déloger risquait de provoquer une explosion qui tuerait à coup sûr la mère et sa progéniture.
Et même au-delà, ses convictions personnelles le lui interdisaient. Il avait beau ressentir toute cette colère, il savait qu'il commençait déjà à s'attacher à l'enfant de son meilleur ami. Mais ça, il ne voulait certainement pas qu'il le sache.
« Tu ne comprends pas ce que ça fait » s'écria-t-il. « J'ai l'impression d'avoir été… abusé. J'ai l'impression que tu as profité de moi ! »
À nouveau, Remus sentit la rage tordre ses entrailles.
« Figure-toi que si, j'ai une petite idée de ce que ça fait quand quelqu'un profite de soi parce que c'est ce que toi, Barclay et James n'avaient pas arrêté de faire durant toute notre scolarité. »
« Quoi ? » S'exclama Sirius. « Mais non, je… nous… »
« J'étais tellement terrorisé à l'idée de vous perdre que dès que vous me demandiez quelque chose, je le faisais. Je ne sais pas si toi ou James l'aviez remarqué, mais c'est un fait. Alors tu m'excuseras, mais tes airs de diva, ça ne me fait ni chaud ni froid. »
« Mais… je veux dire… ce n'est pas… je n'ai jamais… c'était à l'école, non ? Je ne pouvais pas le savoir ! »
« Peut-être que oui. Peut-être que non. Mais peut-être aussi que si tu étais vraiment mon ami, tu aurais remarqué que je me forçais parfois, que même si on se disputait je finissais toujours par être de votre avis à toi ou à James ou à Barclay. C'était pareil à Halloween ! »
« Mais enfin, tu es adulte maintenant ! Tu ne devrais plus… »
« Oui ! Je sais ! Je ne devrais plus. Mais toujours est-il que je le fais encore. C'est pour ça que j'ai fini par accepter de boire. Parce que toi, comme d'habitude, tu insistais et tu insistais… et… »
Remus fit une pause, ses yeux braqués sur son ami. Celui-ci était blême et ce n'était pas à cause des nausées.
« Et puis, tu sais quoi ? J'en ai assez » dit finalement le Loup-Garou.
Il fut volte-face et sortit de la salle de bain, laissant derrière lui un Sirius pétrifié sous le choc.
Son cerveau tournait à plein régime. Était-il vraiment comme ça ? Avait-il profité des insécurités de son ami pour lui faire faire ce qu'il voulait. Non, c'était absurde. Et pourtant… pourtant un souvenir lui revenait en tête. C'était juste après l'incident avec Servilus. Il était devenu tellement habitué au caractère docile de Lunard quand ils étaient sous leurs formes animales qu'il en avait oublié à quel point il pouvait être dangereux. C'est pour ça que quand ce fichu graisseux avait commencé à les suivre, il lui avait tendu un piège pour qu'il rencontre Remus un soir de pleine lune.
Bien évidemment, ce qui devait arriver était arrivé et le loup avait attaqué l'humain. Servilus avait été sauvé in extremis par James donc il n'avait rien eu. De plus, Dumbledore, pour quelque obscure raison, avait classé l'affaire sans suite. Malgré ce qui pouvait être considéré comme une tentative de meurtre, les Aurors n'avaient pas été impliquées. Sirius n'avait même pas reçu de retenue ou d'heures de colles.
En soi, c'était une bénédiction puisque si les autorités avaient eu vent de la chose, Remis aurait été exécuté comme une bête enragée. Qu'il y ait des victimes ou pas ne faisait pas de différence au regard des lois sorcières. Déjà, qu'il n'aurait même pas eu le droit de recevoir une éducation à Poudlard, apprendre qu'il pourrait hypothétiquement être dangereux aurait été une raison suffisante pour demander sa tête.
Mais pourtant, cela n'avait pas eu l'air de réjouir Remus. L'incident l'avait plongé dans une profonde dépression. Sirius avait tenté de lui dire que ce n'était pas grave, mais pour la première fois, le Loup-Garou si doux sous sa forme humaine s'était emporté. Bien évidemment, Sirius avait fait de même et une dispute avait éclaté. Cependant, Remus avait fini par se ranger à l'avis de son ami et les choses en étaient restées là. Certes, Sirius s'était pris un savon monumental de ma part des cousins Potter, mais Remus lui avait pardonné…
… Ou bien avait-il fait semblant par peur de demeurer seul…
« Remus, attends ! » S'écria alors Sirius.
Il se précipita hors de la salle de bain puis traversa sa chambre pour passer dans son petit salon. Mais à ce moment-là, il vit la porte se refermer. Ignorant la nausée qui revenait, il courut pour essayer de rattraper son ami, mais elle lui claqua au nez. Au travers, il pouvait entendre les pas de quelqu'un s'éloigner rapidement.
« Remus… » balbutia-t-il en appuyant son front sur le bois.
Il se retourna, s'adossa contre le battant et se laissa glisser jusqu'au sol. Des larmes commencèrent à couler de ses yeux. Il se mit à serrer son ventre de ses bras et se recroquevilla sur le parquet alors qu'il faisait libre court à son chagrin tout en regrettant les mots qu'il avait prononcés à l'instant et les actions qu'il avait faites depuis sa rencontre avec Remus.
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Eleanor déposa ses affaires au centre de son petit salon.
L'appartement qu'elle occupait à présent était bien moins grand que celui qu'elle avait auparavant. Elle avait déménagé quand elle avait démissionné de son poste d'assistante, en septembre. La Doyenne Hunger avait bien essayé de la faire changer d'avis, mais Eleanor était bien décidée à se consacrer à ses propres recherches.
C'était d'elle-même qu'elle était partie du confortable trois-pièces que la femme avait mis à sa disposition pendant quatre ans. N'étant plus à son service, elle estimait devoir laisser la place à son successeur. Elle aurait pu tout aussi bien déménager dans la maison de Mission Hill. Hariel lui avait d'ailleurs proposé. Mais elle préférait être le plus indépendante possible.
Son nouveau logement était donc non seulement moins grand, mais également moins équipé que le précédent. Elle vivait principalement des revenus générés par ses nombreux articles publiés, mais pas seulement. En tant que Magicienne contractante d'Ajuka Belzébuth, elle recevait une allocation de recherche ainsi que l'accès à certaines installations.
On pouvait alors dire que, pour elle, tout se passait assez bien même si ce n'était pas du tout la direction qu'elle voulait que sa vie prenne au départ. Quand elle était entrée au M.I.T. elle se voyait chercheuse dans les grandes universités ou les entreprises prestigieuses voir, par la suite, fonder son propre laboratoire indépendant. Mais ça, c'était avant de rencontrer Hariel.
Lui, ainsi que la Magie, avait tout changé. Elle avait découvert un univers à la fois merveilleux et dénué de sens que personne n'essayait de comprendre vraiment… à part elle. Certes, elle n'aurait pas la carrière qu'elle désirait dans le Monde Sapiant, mais elle s'était fait une raison. Et puis peut-être qu'elle pourrait l'avoir dans le Monde Magique après tout…
« Katell, je suis rentré ! » Dit-elle d'une voix claire, mais un peu fatiguée.
La Brownie en robe de servante apparut alors pour prendre les bagages de la sœur de sa maîtresse. Bien évidemment, elle l'avait suivi dans sa nouvelle résidence, faisant la navette entre ici et le domicile familial des Granger. Elle était bien suffisante pour s'occuper des deux lieux. Il était même parfois difficile de lui trouver quelque chose à faire.
Dès que la petite créature fut partie, Eleanor s'effondra plus qu'elle ne s'assit dans le fauteuil tout proche. Au départ, elle n'avait pas prévu de rester plus de quelques jours en Angleterre, mais ses parents avaient insisté. Après les événements de Noël, ils voulaient profiter de la présence de leurs filles. En vérité, ils avaient besoin de se sentir rassurés en les gardant auprès d'eux un peu plus longtemps.
Mais Eleanor avait fini par décider qu'elle devait rentrer. Il y avait encore énormément de chose à faire et de recherches à mener. La bataille contre Trihexa et ses Dragons Maléfiques avaient beau avoir été terribles, elle avait également été la source de nombreuses découvertes qu'il lui fallait approfondir.
La première était bien sûr le transport. C'était assez embêtant de devoir toujours demander à sa sœur ou quelqu'un d'autre de faire le taxi. Si elle pouvait le faire par elle-même, elle gagnerait un temps fou. Malheureusement, si elle était parvenue à simuler le phénomène par l'accélération, la véritable téléportation n'était pas encore à portée de main.
Elle avait pourtant réussi à comprendre la plupart des processus mis en œuvre dans les différents types de transports magiques.
Par exemple, le transplanage ressemblait énormément à la méthode qu'elle avait développée par utilisation d'un tunnel de vide. Sauf qu'au lieu de protéger la matière en mouvement à l'aide d'un champ de force, la magie parvenait à la compresser et à la réassembler à destination. C'était pour cela que les problèmes de transplanage causaient des désartibulations. Toute fluctuation dans les données d'arrivée provoquait des difficultés lors de la reconstitution.
Quant à ce qui se passait entre les deux, elle n'était pas encore tout à fait sûre. Mais après les démonstrations de Dean lors de la bataille, elle était presque certaine que la théorie des membranes était la solution qu'elle recherchait.
Au contraire, la téléportation utilisée notamment par le Démon (en fait par tous les Magiciens non-Sorciers), prenait son origine dans un tout autre principe. Ce n'était pas la matière qui voyageait, mais l'espace qui se pliait afin que deux zones éloignées de l'espace-temps se rejoignent et permettent d'aller de l'un à l'autre. Une phase de transport pur était cependant à envisager quand il s'agissait de traverser les dimensions. Raison pour laquelle c'était aussi dangereux puisqu'une personne pas assez puissante pour protéger son corps courait au désastre en franchissant la Faille.
Toutefois, si ces principes étaient clairs pour Eleanor, parvenir à les reproduire demeurait plus compliqué. C'était en particulier vrai qu'elle refusait tout simplement d'utiliser les schémas des sorts originels tels quels. Non, pour elle, il était vital qu'elle puisse le faire avec sa propre magie, son propre système, pour cela. Même si elle devait échafauder un tout nouveau moyen de transport au lieu de seulement adapter ceux existants.
Après tout, chacun avait ses avantages, mais, surtout, ses défauts. Le transplanage était rapide, mais dangereux (sans compter l'inconfort). La téléportation permettait le déplacement de plusieurs personnes, mais était assez lente à activer. Pour ce qui était du portoloin, la limite des destinations était un problème. Si une personne voulait voyager en toute sécurité par ce moyen (de façon régulière, donc avec un portoloin à usage multiple), elle ne pouvait avoir qu'un seul point d'arrivée (à moins d'en avoir en permanence une dizaine sur soi). Enfin, la Cheminette avait l'avantage d'un réseau établi et fixe, mais les erreurs d'adresse (souvent dues à une mauvaise articulation) étaient monnaie courante (sans compter que l'utiliser comme moyen de communication était juste ridicule).
De plus, chacun de ces transports avait pour caractéristique d'être difficilement accessible au commun des gens. Il fallait une licence pour transplaner, une permission pour un portoloin et se procurer une poudre spéciale pour la Cheminette. Quant à la téléportation, Hariel et les autres l'employaient assez facilement, mais cela demeurait une technique de haut niveau. Même parmi les peuples mythologiques, il était peu probable que les citoyens lambda puissent l'utiliser.
Toujours est-il que si jamais Eleanor devait créer son propre système, elle devrait tenter de garder tout cela en tête, travailler sur les points forts de chacun des moyens de transport tout en minimisant leurs points faibles. Cela voulait dire que pour une sécurité maximale, un réseau était nécessaire… ou plutôt des points d'arrivée désignés afin d'éviter les accidents comme avec les Cheminettes, mais avec une interface plus aisée pour parer à toute erreur de destination. À l'instar des portoloins qui permettaient également des points de départ au hasard (et donc une absence de contrainte). Il faudrait qu'il soit rapide, pratique, confortable et surtout, ouvert à tous ce qui signifiait que le déplacement ne devait pas seulement être possible avec la magie personnelle du voyageur (ce qui permettrait à des personnes non magiques comme ses parents ou ceux de Dean de l'utiliser). Il faudrait également que ce ne soit pas un consommable, plutôt un objet que tout le monde transporte, par exemple…
Eleanor se leva alors et se dirigea vers la petite pièce qui lui servait de bureau. Sa tête fourmillait d'idées nouvelles qu'elle avait hâte de mettre en œuvre.
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Le Ministre Fudge était d'excellente humeur en sortant de son bureau. Cependant, une voix dans son dos doucha rapidement son enthousiasme.
« Cornélius ? Un mot, je vous prie » annonça la personne sur un ton dur et froid.
« Amelia ! » S'exclama l'homme avec un air bonhomme. « Que me vaut le plaisir de votre visite ? »
« Ceci est arrivé sur mon bureau tout à l'heure » dit la Directrice du Département de Justice Magique en levant une feuille de parchemin qu'elle tenait à deux doigts comme si elle la révulsait.
Outre sa voix froide, son attitude était des plus rigides et son regard, glacial.
« Et bien, et bien… » dit Cornélius Fudge en lisant le papier. « Il me semble qu'il s'agit du nouveau Décret d'Éducation que je viens de signer pour cette chère Dolores. Elle fait un travail admirable pour nous permettre de redresser nos manques en matière d'éducation. »
« Vraiment ? » Demanda Amelia Bones. « Il ne me semble pourtant pas qu'il s'agisse effectivement d'éducation, ici. »
Elle tourna le papier et le lut à voix haute.
« Décret d'Éducation n° 27 : Tout élève en possession du Skeeter sera renvoyé. Je vous fais grâce des majuscules totalement hors de propos avec lesquels ce document officiel a été rédigé et j'attire votre attention sur le contenu » dit-elle. « C'est tout simplement hors de question ! »
« Mais enfin, Amelia ! Cet immonde torchon, dit que… »
« Peu importe ce que raconte ce "torchon", comme vous dîtes, le fait est que le droit à la liberté d'expression est inscrit dans nos lois et à moins que ce journal n'enfreigne ces mêmes lois, ce qu'il publie est légal ! Est-ce que vous comprenez ? »
« Il me semble que vous m'avez déjà tenu le même discours quand j'ai voulu proposer au Magenmagot de le faire fermer » dit le Ministre d'une voix sèche.
« En effet. Et comme le contenu de ce journal est légal, l'interdire ne relève pas de vos fonctions ! »
« Mais il faut protéger les élèves contre… »
« Ce que vous faites avec ce Décret est illégal » répéta la femme comme si elle parlait à un enfant passablement énervant.
« Mais je suis le Ministre ! » S'offusqua alors Fudge.
« Raison de plus ! Votre travail est de faire respecter la loi. Pas de vous placer au-dessus. C'est pour cette raison que je pose mon véto » ajouta-t-elle en déchirant la feuille.
« Vous ne pouvez pas ! Je suis le Ministre quand même ! » S'exclama celui-ci en s'étouffant presque.
« Et moi, en tant que Directrice du Département de la Loi Magique, je me dois de l'appliquer. N'oubliez pas qu'elle prévaut sur tous les Décrets que vous pouvez émettre. »
« S'il faut en référer au Magenmagot, je le ferais ! »
« Ne vous gênez surtout pas. Sans angle constitutionnel, vouloir demander au Magenmagot de faire une loi contre un seul journal créera un précédent dangereux pour la liberté de la presse et toutes les autres. Je doute que les membres vous suivent là-dessus. »
La femme se pinça ensuite l'arrêté du nez à deux doigts pour diminuer la pression qui montait en elle. Elle avait toujours autant de mal à discuter avec cet homme. Elle avait vraiment hâte du changement de gouvernement qui allait se produire d'ici peu.
« Sur un autre registre » dit-elle finalement. « Je vous conseille de vous calmer avec ces Décrets. Bien que vous pensiez le contraire, ils ne sont pas bons du tout pour votre cote de popularité. Sur ce… »
La femme gratifia son supérieur d'un dernier signe de tête avant de tourner les talons. Resté seul, Fudge bouillonnait de rage. Il fit volte-face et retourna rapidement dans son bureau. Il devait contacter Dolores pour qu'elle intensifie sa prise de contrôle de l'école en se débarrassant des éléments indésirables. Sitôt que Poudlard serait devenu un endroit sain où étudier, la population verrait qu'il était indispensable et sa réélection serait assurée. Plus que cela, ils verraient alors d'un mauvais œil ce Prince étranger s'approcher du pouvoir.
Après tout, pourquoi se fier à un inconnu quand ils pouvaient compter sur un véritable Britannique ?
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« Hermione ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu te sens mal ? » Demanda Hariel après avoir regardé son amie s'agiter sur son fauteuil.
« Je ne sais pas trop » répondit celle-ci.
Cela faisait plusieurs jours que cette sensation étrange la poursuivait. Elle n'avait mal nulle part, elle ne se sentait ni fatiguée, ni nauséeuse ou courbaturée. Elle ressentait seulement un malaise. Au départ, elle avait pensé à un simple cafard, ou du vague à l'âme. Mais c'était plus profond que ça. Comme si elle n'était pas à l'aise dans sa peau, comme si son esprit était en décalage avec elle.
C'était une sensation assez désagréable. Elle s'était dit que ça allait passer, que c'était un contrecoup de la bataille. Mais cela faisait déjà près d'une semaine et la sensation était toujours présente.
« C'est comme… si mon esprit ne voulait pas suivre mon corps… comme s'il était resté en arrière sans que je comprenne pourquoi… » dit-elle en se frottant le visage. « Oui, je sais. Ce n'est pas très clair, mais… je ne sais pas. C'est la façon dont je le vois. »
« Peut-être que vous n'êtes pas tout à fait en phase à cause du décalage temporel » intervint alors Kylie.
La petite Balmus était celle des Faes les plus proches d'Hermione. Elle profitait de sa taille pour la suivre partout, se cachant dans l'une de ses poches. Elle n'occupait pas seulement les fonctions de garde du corps, mais également de conseil. Ses connaissances sur la Faerie avaient été précieuses à Hermione.
« Tu penses ? » Demanda celle-ci. « Je veux dire, cette… période est toujours un peu floue. »
Ni elle, ni Hariel, ni aucune autre personne ayant participé à l'enfermement du noyau de Trihexa ne se souvenait vraiment de ce moment en particulier. Entourés de magies, ils avaient perdu la notion du temps. Cependant, personne n'avait signalé d'effet secondaire… enfin, à part elle.
« Je ne parle pas de ça, mais du fait que vous n'avez pas célébré Yule » dit la souris en secouant la tête.
« En même temps, nous étions un petit peu occupés à autre chose » fit remarquer Hariel. « En quoi est-ce que c'est un problème ? »
« Les rites religieux sont une part très importante de la magie divine. C'est une sorte de contrat à bénéfice mutuel entre la Divinité et les croyants. »
« Oui, ça, je le sais. Les prières des adeptes donnent de l'énergie aux Dieux et ceux-ci accordent des faveurs en échange. Les Démons font la même chose avec les vœux. Sauf que pour les Divinités, les célébrations servent à renforcer ce contact. »
« C'est exact, Seigneur Hariel » dit la souris en hochant la tête. « Seulement, c'est aussi l'occasion pour la Divinité de renforcer son lien avec son clergé. »
« Tu veux dire… ses Prêtres ? » Demanda Hermione.
« Les faveurs divines aux croyants sont des magies passives. Ils les "subissent" si on peut dire. Les Prêtres, eux, utilisent ce pouvoir de façon active. Ils ont donc d'autant plus besoin de ce lien. Surtout s'ils sont élevés dans la hiérarchie. »
« D'où la nécessité de célébrer les fêtes » conclut Hermione. « Mais pourquoi je ressens ce… ce malaise ? C'est la perte de puissance ? »
« Si tu étais une Prêtresse ordinaire, tu perdrais de la puissance, oui, mais ce n'est pas le cas ici, n'est-ce pas ? » Dit Hariel.
« En effet » lui répondit Kylie avant de se tourner à nouveau vers sa Reine. « Vous n'êtes pas une simple Prêtresse, vous êtes une Grande Prêtresse. »
« Souviens-toi de ça qu'a dit Thot. Les Grands Prêtres partagent la fréquence des Dieux eux-mêmes. Ton esprit, ton âme même est lié à celle de la Déesse. C'est pour ça que tu as l'impression d'être hors de ton corps. C'est parce que le temps réel est différent du temps sacré. Sans la célébration, le temps qui vous relie toi et elle est comme stoppé. Ton âme est avec elle et ton corps… ici. »
Hermione cligna des yeux.
« C'est… troublant » dit-elle.
« Une telle dépendance n'aurait pas dû arriver aussi tôt, mais votre lien est extrêmement puissant » expliqua Kylie.
« Une minute, comment ça se fait que toi tu en saches autant ? » Lui demanda Hermione.
« C'est parce que moi. J'ai été initié aux Mystères de Dana » dit la petite souris.
« Donc ça fait de toi… une Prêtresse ? » La questionna Hariel.
« En effet. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle j'ai été choisi pour vous accompagner. Afin de partager mes connaissances avec vous. »
« Moi qui pensais que c'était parce que tu étais une Princesse et que tu représentais la vassalité de ton père » fait remarqué Hariel.
« C'est aussi le cas » approuva Kylie. « C'est un honneur de servir auprès de la Reine et c'en est un encore plus grand de l'initier à son rôle. »
« Et pour Finn et Owen ? » Demanda Hermione.
Le chien et le chat étaient également présents dans le petit salon d'Hariel. Ils n'avaient pas toute la latitude de leur camarade pour être aux côtés de leur Maîtresse en permanence, mais ils avaient leur propre combine. Celle-ci était notamment de passer pour de simples animaux la plupart du temps, en particulier à Poudlard. Mais qui disait animaux, disait qu'ils ne pouvaient pas porter de vêtement. Ils étaient donc, pour les normes humaines comme Faeriques, totalement… nus. Si Finn s'en accommodait parfaitement, cela avait été plus difficile pour Owen. Le fait de se promener ainsi dévêtu le rendait grognon, lunatique et d'humeur changeante… bref, ils se comportaient comme n'importe quel chat.
« Moi je sais rien du tout ! » S'exclama le Kobold avec énergie pour répondre à la question.
« Littéralement » ronchonna son compagnon en interrompant sa toilette.
Jamais il ne l'avouerait, mais il s'était habitué à ces toilettes de chat.
« Et toi ? » Lui demanda Hermione.
« Qui sait » répondit Owen en reprenant le léchage méthodique de ses pattes (les supérieurs, hors de question qu'il passe sa langue entre ses cuisses pour lécher les autres, il avait sa fierté).
Hermione regarda Kylie qui secoua la tête. Elle ne savait pas. Les Trows étaient secrets par nature à la manière de leurs homologues félins. Impossible de savoir s'il était également un initié.
« Bon, c'est très bien tout ça » dit finalement la jeune Prêtresse, « mais moi, je fais quoi pour que ça s'arrête ? »
« Le mieux serait de célébrer les rites maintenant » répondit Kylie.
« Même si le solstice est passé ? » Demanda Hariel.
« Cela devrait relâcher la tension sur votre âme jusqu'à Imbolc, en février » dit la souris. « Une fois que le cours de la roue de l'année aura repris normalement, tout devrait rentrer dans l'ordre. »
« Très bien » grogna Hermione. « On pourrait faire ça ce soir, j'imagine. Il nous faut seulement une bûche, des bougies, de l'encens… »
« Attends ! » S'exclama Hariel. « Tu penses que ça ira si tu le décales à demain soir ? »
« Au point où j'en suis… Pourquoi ? »
« Je me disais qu'on pourrait inviter nos familles et nos amis pour la fête. Le faire demain soir nous permettrait de tout préparer. »
« Le public n'est pas vraiment nécessaire pour le rituel en lui-même, vous savez ? » Intervint Kylie.
« Je sais bien, mais je me disais qu'on pourrait profiter de cette occasion pour célébrer autre chose. »
« Comme quoi ? » Demanda Hermione.
Hariel sourit et elle comprit immédiatement de quoi il voulait parler. Ils venaient de sortir d'une guerre. Comme Yule était la fête du Renouveau, c'était la parfaite occasion pour célébrer le fait… qu'ils étaient tous en vie.
À suivre…
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Et voilà un autre chapitre. Il n'y a pas beaucoup d'action et c'est normal après tout ce qui s'est passé dans les précédents. Comme le dit le titre, le but est de faire baisser la pression avant le retour à Poudlard. J'espère que ça vous a plu.
Parler de grossesse et d'avortement est un sujet vraiment d'actualité. Pour éviter tout malentendu, je tiens à préciser que ce que j'ai pu dire à ce sujet est fait pour favoriser la continuité de mon histoire. Ce n'est en aucun cas un avis personnel. Le seul avis que je pourrais donner est que peu importe ce qu'on peut en penser, le droit à l'avortement est un droit fondamental de la femme à disposer de son propre corps. Quelle que soit la situation.
Voilà, su ce, je vous dis à la prochaine fois. N'hésitez pas à me laisser des commentaires.
