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Chapitre 124 : Reprise/Shinaosu
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« Hum, hum » toussota Ombrage.
« Oui, Dolores ? » Répondit le professeur McGonagall.
Rigide, elle se retourna en direction de la personne qui l'avait interrompu et la fixa. L'un de ses sourcils formait un accent circonflexe au-dessus de sa tête tandis que le second était si froncé qu'il semblait vous juger. Pour une fois, cette œillade n'était en aucun cas tournée vers ses élèves.
« J'étais en train de me demander, professeur » dit la femme de sa voix de petite fille, « si vous aviez reçu mon petit mot vous indiquant le jour et l'heure de mon inspec… »
« Bien sûr que je l'ai reçu » répliqua McGonagall dont la voix claqua comme un fouet. « Sinon je vous aurais demandé ce que vous faisiez dans ma classe. »
Le relâchement des vacances avait fait oublier que le travail de la Grande Inquisitrice était également de procéder à des inspections de ses collègues. Le rappel de ce fait s'était fait de manière assez brutale quand les élèves se rendirent compte de la présence de la femme dans leur salle de classe durant certains de leur cours. Elle était habituellement assez silencieuse, se contentant de prendre des notes dans un gros carnet rose.
De l'avis d'Hariel, une telle pratique n'était pas quelque chose de répréhensible. Tous les professeurs Sapiants se faisaient inspecter une ou deux fois dans leur vie. Le but était principalement de leur permettre d'avoir une évaluation extérieure de leur méthode et des suggestions pour les améliorer. Que certains se sentent jugés ou pas, ça, c'était l'affaire de chacun, mais laisser une profession sans supervision n'était pas conseillé. D'ailleurs, ces pratiques avaient pu mettre au jour les procédés moins que recommandables de certains éléments les moins pédagogues.
Cependant, ce n'était pas du tout l'objectif d'Ombrage. Ce qu'elle cherchait, elle, c'était le contrôle. Du haut du mirador qu'était sa fonction, elle jaugeait, jugeait et condamnait sans vergogne tout ce qui n'était pas « conforme ». Tout cela bien sûr dans le but (officiel) de donner aux plus jeunes une éducation descente. Il semblait, toutefois, aux élèves qu'elle visait particulièrement le professeur McGonagall. Étant le bras droit du directeur, la femme devait être un atout dont le Ministère voulait se débarrasser pour pouvoir affaiblir son ennemi.
C'était donc la première fois qu'elle intervenait directement et ce n'était pour nul autre que pendant le cours de l'un des enseignants les plus stricts de l'école. Celle-ci jeta d'ailleurs une dernière œillade assassine à la perturbatrice avant de se retourner à nouveau vers le tableau. Dans la classe, nombre d'élèves avaient des sourires réjouis de voir la femme crapaud ainsi rabrouée. Même Hariel ne put empêcher un léger rictus de fleurir sur ses lèvres.
« Comme je le disais » reprit le professeur, « nous allons pratiquer aujourd'hui une Disparition plus difficile, celle d'une souris. Le sortilège de Disparition… »
« Hum, hum » toussota une nouvelle fois Ombrage.
À nouveau, McGonagall se figea et se tourna en direction de l'intruse.
« Je ne vois pas très bien comment vous
espérez vous faire une idée de mes méthodes d'enseignement si vous persistez à m'interrompre sans cesse » siffla-t-elle entre ses dents. « En règle générale, je ne permets à personne de parler en même temps que moi. »
L'expression qui se dessina à ce moment-là sur les traits d'Ombrage était… particulière. En fait, dans l'esprit d'Hariel, elle était même carrément jouissive. On aurait dit qu'elle venait de se prendre une gifle. Elle se contenta donc d'un sourire pincé et se mit à écrire frénétiquement dans son carnet alors que les élèves se retenaient de rire.
Hariel, lui, ne savait pas quoi penser d'elle. Il avait entendu des Gryffondors dire qu'ils étaient allés la voir pour se plaindre du comportement de la femme et qu'elle les avait simplement renvoyés en les exhortant de ne pas faire de vague. La passivité dont elle avait fait preuve à ce moment-là était totalement à l'opposé de son caractère habituel, celui pour lequel elle était connue : dure, juste et caustique… la façon dont elle avait répondu à Ombrage aujourd'hui par exemple.
En fait, la remarque avait tellement fait mouche qu'Hariel en avait presque été admiratif… avant de se rappeler quelle était en quelque sorte l'âme damnée de son ennemi juré, Albums Dumbledore. Cependant, cet aspect-là aussi était à prendre avec prudence.
En effet, Hariel se souvenait parfaitement de cette nuit à l'infirmerie trois ans plus tôt après que cet imbécile de Lockhart ait fait disparaître les os de son bras. Il revoyait encore Dumbledore jeter un Imperius au professeur McGonagall alors que celle-ci voulait agir pour contrer les effets du regard du basilic. Compte tenu du caractère de la femme, il était probable que l'homme ait eu à utiliser ce sort à de nombreuses reprises afin de la garder dans le rang.
Il ne serait donc pas étonnant qu'elle ait développé une sorte de personnalité parallèle du fait de l'envoûtement répété : l'une d'elles stricte, compatissante et courageuse, et une autre, plus réservée et soumise en particulier aux suggestions du directeur.
Un séjour dans un hôpital magique et une bonne thérapie serait sans doute à même de pouvoir lui venir en aide. Mais Hariel pouvait-il prendre le risque d'agir ? La réponse était bien évidemment : non. Tant que Dumbledore était à l'école, il ne pouvait rien faire.
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Viktor souffla et regarda à nouveau la lettre qu'il tenait à la main.
L'enveloppe était en papier d'un blanc quasi irréel. Au dos étaient notés, avec une encre dorée et une écriture soignée, son nom et son titre : "Viktor Krum, Cavalier d'Hariel Gremory". L'autre côté était fermé par un sceau de cire qui semblait en fait fait d'or fondu et sur lequel on pouvait voir trois triangles imbriqués.
Le symbole du Roi Odin d'Asgard.
Quant à ce qui se trouvait à l'intérieur, ce n'était rien de moins qu'une invitation du Souverain à visiter son Royaume. Hariel avait intercédé en sa faveur, mais jamais il n'aurait pensé être reçu dans un délai aussi court. Le titre de Héros de la Guerre des Dragons Maléfiques avait ses avantages. Au moins, il pouvait espérer obtenir rapidement les réponses qu'il cherchait.
Faite d'un papier cartonné au grain d'une finesse remarquable, elle expliquait en lettres dorées la date et l'heure exacte de son rendez-vous. Au dos se trouvait le sceau de téléportation qui le mènerait à Asgard. Il était décoré d'un simple cadre tracé à la plume. Le cercle magique lui-même était d'un jaune scintillant. Il était fait de telle façon qui semblait en relief et s'élever à quelques millimètres de la surface opaque. Juste au-dessus se trouvait une ligne de chiffres qui décroissaient. C'était le décompte du temps avant l'activation de la téléportation.
Il ne restait plus que quelques secondes.
Victor s'avança alors au centre de l'aire de transport du Château de Kamala. C'était le seul endroit où le Sort pourrait fonctionner. Il regarda à nouveau l'invitation et vit le compte à rebours tomber finalement à zéro. Aussitôt, le cercle sur carton se mit à briller plus fort et à tourner sur lui-même. Au même moment, une réplique identique, mais plus grande se dessina sous ses pieds avant qu'il ne disparaisse. Il n'y avait pas de sensation de mouvement ou de compression comme avec le portoloin ou le transplanage. En fait, il se sentait très léger, comme un nuage ou comme s'il n'avait plus de corps. Ce qui était en quelque sorte le cas puisque sa matière avait été transmutée en énergie. C'est sous cette forme que les personnes pouvaient voyager à des vitesses quasi supra luminique. C'était cependant également une forme dangereuse à adopter, en particulier lorsqu'on s'aventurait dans la Faille Dimensionnelle.
Là, les énergies pouvaient facilement se dissiper dans l'immensité du vide. Heureusement, Le cercle qu'avait utilisé Viktor ne servait pas seulement à le guider vers un endroit qu'il n'avait jamais visité (et qui était sûrement protégé). Il utilisait aussi la magie de celui qui l'avait créé pour préserver son intégrité durant ce trajet.
Viktor n'était pas encore suffisamment expérimenté pour s'aventurer seul dans la Faille, même pour passer de la Terre au Makai. Tout comme Fleur et Cédric, il utilisait toujours des papiers imprimés d'un cercle Gremory qui lui permettait de faire la passerelle. Mais bientôt, il savait qu'il pourrait s'en passer. Pour le moment, il était heureux que la personne qui avait enchanté son carton ait une magie suffisante pour le transporter dans risque… même s'il ignorait de qui il s'agissait. Aux frémissements de l'énergie autour de lui, il avait la sensation que c'était quelqu'un de puissant.
Quelle ne fut donc pas sa surprise quand il réapparut dans une petite pièce où se trouvait une seule et unique personne, le Roi Odin lui-même.
« Votre Majesté » dit aussitôt Viktor en tombant à genoux.
« Inutile d'un tel cérémoniel, Cavalier Gremory » dit le vieillard d'un ton presque nonchalant.
« Je ne m'attendais pas à ce que vous veniez m'accueillir en personne » balbutia Viktor en se relevant.
« Il est toujours plus poli d'être présent quand on invite quelqu'un, n'est-ce pas ? Surtout quand on est celui qui l'a guidé jusqu'ici. »
Viktor déglutit. Donc c'était le pouvoir du Roi Odin qu'il avait ressenti. Être un héros de guerre ne suffisait pas à expliquer pourquoi il tenait à le rencontrer personnellement. À moins que…
Le Souverain d'Asgard eut à ce moment-là un rictus amusé, comme s'il avait lu dans les pensées du jeune homme.
« Svalinn » dit-il simplement.
Un croassement puissant fit alors sursauter le jeune Démon. Il se retourna et vit deux corbeaux d'un noir profond perchés sur une poutre du plafond. Ceux-ci s'envolèrent au moment où il posa les yeux sur eux. Ils firent quelques tours dans les airs avant de se jucher, l'un sur l'épaule d'Odin et l'autre sur le bâton qu'il tenait à la main.
Si Viktor se souvenait bien, il devait d'agir de Hugin et Munin, la « pensée » et la « mémoire », les messagers du Roi. Et aussi ses espions.
« Suis-moi » dit alors celui-ci.
Viktor hocha la tête et se mit à marcher à la suite du vieil homme. Ne sachant pas s'il pouvait avoir le droit d'avancer à ses côtés, il se contenta de rester quelques pas derrière lui.
La pièce qu'ils venaient de quitter, celle où il était arrivé était de dimension modeste par rapport aux vastes couloirs qu'ils arpentaient à présent. Cependant, une chose était parfaitement visible. L'architecture Asgardienne était basée sur deux matériaux principaux, le bois et l'or.
En effet, murs et sols étaient constitués de planches polies formant des parquets et des parements dont les jointures étaient invisibles. Les cloisons s'élevaient très haut et les voûtes qui les surplombaient étaient soutenues par de massives colonnes de bois sculpté d'ornements dorés à la feuille. Celles-ci se divisaient en une myriade de colonnettes plus fines, pareilles à des branches et qui créaient une canopée de bois au-dessus de la tête de Viktor. Les parements étaient décorés de larges frises d'or gravées de motifs racontant ce qui semblait être une infinité d'histoires. Le travail d'orfèvre était d'une beauté à couper le souffle. Les personnages étaient bien incapables de se mouvoir, comme à Poudlard, cependant il ne paraissait pas moins vivant.
Viktor avançait dans ces galeries à la suite du Roi. Celui-ci ne parlait pas si bien qu'on n'entendait pas le moindre bruit. Leurs pas étaient étouffés par les épais tapis tissés d'or, d'argent, de pourpre et d'azur qui recouvraient le parquet. Même les hommes en armes qui montaient la garde le long du couloir étaient parfaitement immobiles et aucun son ne provenait des larges fenêtres en demi-lunes qui éclairaient les lieux depuis les cintres.
« Les légendes de la Terre disent que Svalinn était un bouclier que j'aurais placé devant le soleil pour protéger le monde de ses rayons » dit finalement le Roi Odin.
Il y eut encore un moment de silence où le Souverain passa ses doigts dans son épaisse barbe.
« Mais en vérité, Svalinn était un Dragon. Un Dragon puissant, l'un des Dragon-Roi à l'époque où ils n'étaient pas que cinq. »
Viktor écoutait. Jusque-là, ce n'était rien qu'il ne savait déjà.
« Mais ce que beaucoup ignorent, c'est que le lien entre Svalinn et le Sunna, le Soleil, n'avait rien avoir avec moi » reprit le Roi. « En vérité, Svalinn était amoureuse de Sunna. »
« Amoureuse ? Svalinn était une femme ? » Demanda alors Viktor, interloqué.
Tous les renseignements qu'il avait pu trouver faisaient état d'un Dragon. Mais le Souverain balaya sa remarque d'un geste de la main.
« Il te faut te sortir de l'idée cette différence entre mâle et femelle lorsqu'il s'agit de Dragon. Ils ne sont ni l'un, ni l'autre et les deux à la fois. »
« Pourtant, la majorité des Dragons que j'ai pu rencontrer jusque-là… »
« Il s'agissait de l'expression de leur identité plutôt que leur genre. »
« Donc l'expression de genre de Svalinn était celle… d'une femme ? »
« Pas à l'époque. Svalinn aimait Sunna, mais Sunna, lui, était le Soleil. Il avait été fait pour briller et non pour aimer. »
Un amour impossible donc. Sans savoir pourquoi, une image apparut dans l'esprit de Viktor. Celle de Cédric. Il se secoua. Sa relation avec lui n'avait rien d'impossible… en fait, cela n'avait rien à voir avec l'amour… n'est-ce pas ? Ou alors…
« Mais Svalinn ne pouvait oublier ses sentiments » continua Odin. « Elle se mit donc à voler autour de Sunna pour rester auprès de lui. Cela dura pendant de très nombreux siècles si bien que les écailles des Svalinn absorbèrent ses rayons et devinrent aussi brûlantes qu'eux. Malheureusement, plus le temps passait, plus l'amour de Svalinn se faisait fort. À cause de cela, elle se rapprochait de plus en plus de lui à chacun de ses tours… et ce qui devait arriver arriva. »
Viktor regardait le dos du Souverain devant lui, attendant la suite.
« Tout Dragon-Roi ordinaire aurait pu s'approcher plus encore » reprit celui-ci. « et Svalinn, habitée par le feu de Sunna, plus que tout autre. Mais Svalinn était Svalinn. Sais-tu ce que son nom signifie ? »
« Non, Majesté » répondit Viktor.
« Il a deux sens très opposés. Il peut soit désigner la chaleur, soit… le froid. »
« Donc Svalinn était… »
« En effet » dit le Roi en se tournant vers le jeune homme, « C'était un Dragon de Glace qui devint habitée par le feu du soleil et qui absorba trop de ses rayons jusqu'à ce que… ses ailes fondent. »
Il soupira puis se remit à marcher.
« Elle est alors tombée sur Midgard, sur la Terre » dit-il ensuite. « Pendant longtemps, elle y resta seule, désespérée, pleurant la perte de ses ailes qui l'empêchaient de retourner auprès de Sunna. Personne n'osait l'approcher à cause de ses cris et de ses pleurs. Jusqu'à ce que quelqu'un trouble sa solitude. Un homme. Un Humain. »
La suite, elle semblait tout droit sortie des vieilles légendes. Mais en quelque sorte, c'était le cas. L'humain, dont le nom s'était perdu dans les âges, avait entendu les pleurs de la Dragonne, mais, loin d'être effrayé, il était allé là voir pour la consoler. Leur rencontre avait fait naître une amitié qui s'était transformée en amour. Pour l'homme, Svalinn s'était faite Femme et lui avait donné des enfants.
« Bien entendu, leur progéniture n'était pas tout à fait Humaine et pas tout à fait Dragonique » reprit Odin. « Et leurs descendants non plus. Ils avaient des jambes et des bras, des têtes et des torses, mais certains avaient des griffes, des ailes, des écailles et des queues. Ils étaient trop… différents des autres. »
« Alors ils se sont cachés ? » Devina Viktor.
« Pas tout de suite » dit Odin. « Svalinn était là, son corps brûlant et son souffle glacé tenaient à distance ceux qui voulaient blesser sa progéniture. Mais rapidement, elle a dû faire face à la dure réalité. Ils avaient beau avoir hérité d'elle, ils étaient encore… humains. Avec l'espérance de vie de n'importe quel humain. »
Svalinn avait donc commencé par perdre son époux. Puis, un à un, ses enfants étaient morts, puis ses petits enfants. Et puis un jour, c'était Svalinn elle-même qui avait disparu. Nul ne savait ce qu'il était advenu d'elle ou de sa descendance.
« Il est possible que le chagrin l'ait rendue folle et qu'elle se soit enfuie dans l'espace, le seul endroit suffisamment profond et infini pour que même Heimdall ne puisse la retrouver. »
« Et ses enfants ? »
Odin s'arrêta et se retourna pour regarder Viktor dans les yeux.
« Jusqu'à récemment, nous pensions que Svalinn les avait détruits pour ne pas assister à leur déchéance ou bien qu'elle les avait dissimulés au regard d'Heimdall. Nous n'avions plus aucune preuve de leur existence… jusqu'à maintenant. Jusqu'à toi, Héritier de Svalinn. »
Logique. Si le pouvoir de la Dragonne était en lui alors, c'était que sa mère était l'une de ses descendantes.
« Mais s'ils sont cachés même pour vous, comment est-ce que moi je pourrais les retrouver ? Si des Dieux ont échoué, comment est-ce que je pourrais… »
« Tout n'est pas toujours forcément une affaire de puissance brute » l'interrompit Odin. « Parfois, la compatibilité est plus importante que le reste. Le moyen de retrouver les descendants de Svalinn se trouve déjà en toi. Il s'agit de ton sang. »
« Mon sang ? »
« Bien sûr. Un bon Magicien peut retrouver n'importe qui s'il dispose d'un peu de son sang. Cependant… Cependant, il sera sans doute difficile pour ta Magie de passer les barrières mises en place par Svalinn pour protéger ses enfants. Si tu maîtrisais son pouvoir, ce serait possible, mais sans cela… »
Or, c'était justement pour apprendre à maîtriser ce pouvoir qu'il les cherchait. La frustration l'envahit. Il était pourtant si proche et voilà que ses espoirs étaient réduits à néant.
« Il reste toutefois une chose qui peut être tentée » lui dit alors Odin. « Quelque chose qui se trouve juste derrière cette porte. »
Viktor cligna des yeux et vit qu'ils étaient en effet arrivés devant une large entrée encadrée de gardes. Cependant, celle-ci était différente de toutes celles qu'il avait déjà vues ici. Alors que les autres étaient en bois, celles-ci semblaient faites entièrement d'or pur ciselé.
Odin fit un signe aux gardes. Ceux-ci se précipitèrent alors et posèrent chacun leur main sur l'un des battants. Un flux d'énergie se répandit le long des gravures. Les gardes reculèrent puis reprirent leur position initiale. À ce moment-là, il y eut un bruit fort qui résonna dans le couloir puis les portes commencèrent à glisser toutes seules sur le sol.
Odin se remit en marche et Viktor le suivit.
L'endroit où ils venaient d'entrer était totalement surréaliste. Ils avançaient sur une passerelle de bois au-dessus d'un large gouffre. Celle-ci se subdivisait en plusieurs voies en un enchevêtrement de chemins par-dessus le vide. En regardant bien, Viktor s'aperçut que celui-ci formait le motif d'un arbre. Cependant, le plus impressionnant était les cascades d'or et de joyaux qui jaillissaient des ombres du plafond et tombaient dans le gouffre au-dessous d'eux. Tout au fond, Viktor pouvait voir ce qui ressemblait à une mer déchaînée faite de trésors étincelants.
Il était clair qu'il se trouvait à présent dans la salle du trésor du Royaume d'Asgard. Être introduit en ce lieu était sans doute aussi improbable que le fait que le Souverain lui-même lui fasse la visite. Cependant, Odin ne semblait pas vouloir s'arrêter si bien que Viktor continua à le suivre. Tout le long de la passerelle étaient disposés quantité de piédestaux sur lesquels étaient entreposés des armes, des armures, des artefacts et autres objets étranges.
« Si tu es incapable de faire appel au pouvoir de Svalinn, il est nécessaire que tu possèdes quelque chose qui en soit porteur » dit le vieil homme en poursuivant son avancée. « Quelque chose comme… ceci. »
Il s'arrêta brusquement devant l'un des supports. Viktor regarda ce qu'il y avait dessus et écarquilla les yeux.
« Est-ce que c'est… »
« Oui, tu as compris. Il s'agit bien d'une écaille de Svalinn chargée de son pouvoir. »
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Les bois autour d'elle étaient étranges. Fleur pouvait le sentir. Elle ne savait pas si c'était ses sens de Démons, de Magicienne ou de Banshee, mais elle était certaine que cette forêt-là n'était pas comme les autres.
Mais c'était normal. À quoi s'attendre de la part de la Forêt des Familiers ? Lieu sacré pour la plupart, interdit pour tous, c'était un sanctuaire où se rassemblaient des créatures de toutes les dimensions attirées par la Magie de la forêt. Une fois à l'intérieur, elle les changeait en faisant d'eux des êtres à part, des esprits espérant voir apparaître le bon Démon avec qui lier leur existence.
C'était bien évidemment pour cette raison-là que Fleur se trouvait à présent à arpenter les bois.
Depuis la bataille, elle n'avait pas réussi à reprendre le contrôle de ses flammes. Parfois, elle ne produisait que des étincelles et parfois c'était un brasier qui envahissait tout autour d'elle. Elle avait tenté toutes les techniques que lui avait enseignées sa Grand-Mère sans parvenir à les maîtriser à nouveau. À cause de cela, elle ne pouvait pas retourner à la Vallée des Veelas. C'était trop dangereux et elle savait que Joséphine ne pourrait de toute façon pas l'aider. Elle était certaine que le problème ne venait ni de ses pouvoirs de Veela ni de ses pouvoirs de Banshee. C'était Incinerate Anthem qui en était responsable, enfin, en partie.
Peu le savaient, mais l'artefact possédait une sorte de conscience. D'après les rapports, Walburga, sa précédente détentrice l'appelait le Pleureur du Calvaire. Ce n'était pas vraiment une entité intelligente comme pouvaient l'être Ddraig, Albion ou Régulus. C'était plutôt un d'esprit dont la psychée s'accordait avec celle de son Porteur… et malheureusement, celle de Fleur ne parvenait plus à se lier avec elle.
Bien entendu, elle en connaissait parfaitement la cause. Elle avait peur. Elle ne se sentait pas (ou plus) capable de maîtriser un tel pouvoir. Et bien entendu, à la manière d'un cheval qui ressent la nervosité de son cavalier, le Pleureur s'affolait. C'était cet affolement qui provoquait les ratées et c'était ces mêmes problèmes qui augmentaient l'anxiété générale de la jeune femme.
Fort heureusement, Hariel avait eu une idée pour mettre fin à ce cercle vicieux. Ce qu'il fallait, c'était quelque chose qui pourrait contrebalancer la puissance de l'artefact et permettre à Fleur de regagner suffisamment de contrôle pour se calmer. Ainsi, petit à petit, la connexion se rétablirait entre la Démone et le Sacred Gear.
Et bien entendu, ce « quelque chose » devait lui aussi avoir un lien fort avec Fleur, un lien d'esprit suffisant pour servir de tampon entre elle et un Longinus. Cela ne pouvait donc être qu'un Familier.
« Alors, petite demoiselle » dit une voix près d'elle. « Y'a pas un de ces gamins qui vous titille l'œil ? »
Zatouji n'était pas un Démon très puissant. Mais il possédait cependant un don assez rare qui faisait de lui le parfait guide de la Forêt de Familiers. En effet, son aura était suffisamment neutre pour ne pas effrayer les créatures. Grâce à cela, il occupait cet emploi envié et ne semblait pas près de le lâcher.
En tout les cas, pour quelqu'un avec un poste aussi prestigieux, on pouvait dire qu'il présentait assez mal. D'environ 30 ans (en apparence), c'était un homme dégingandé au visage quelconque qui se promenait constamment en débardeur et short avec un pull attaché autour de la taille. Ses longs cheveux roux étaient coiffés en queue de cheval et retenus par une casquette tirée en arrière. Il portait perpétuellement des mitaines, un sac à dos jaune et Fleur trouvait que ses yeux s'attardaient un peu trop souvent sur son décolleté à son goût.
« Pas encore » lui répondit-elle avec agacement (tant à cause de sa recherche infructueuse que du surnom que le guide lui avait donné).
« Oh ben vous pressez pas. Moi j'ai tout mon temps. En plus, c'est pas si souvent que je peux fréquenter une petite demoiselle aussi mignonne que vous. Normalement, j'aurais dû accompagner le petit dernier de la Suite de je sais plus quel noble, mais il a été décommandé pour vous. Rare ça. »
En effet, comme la forêt n'était accessible qu'à l'occasion des pleines lunes, le Royaume de Démon tenait un planning serré des visites. Ce n'était pas Fleur qui était programmé pour ce mois-ci, cependant elle disposait de circonstance exceptionnelle. Quand Hariel avait déposé une demande, il avait appris qu'en récompense pour ses exploits lors de la Guerre, il avait été gratifié d'une priorité d'accès à la Forêt des Familiers pour tous les membres de sa Suite. Il en avait donc profité pour inscrire les autres.
Il avait toutefois hésité pour Draco. Chess n'avait pas été choisi comme Familier dans les règles de l'art donc il était sans doute possible pour lui d'en avoir un autre. Mais il pensait que c'était peut-être un peu tôt après la disparition du chat. Il en avait discuté avec lui et Draco avait au moins accepté d'essayer.
Cependant, du côté de Fleur, la recherche était toujours infructueuse. Elle avait croisé toute une pléthore de créatures volantes, oiseaux, chauves-souris, mammifères flottants, quelques chatons, des mini ogres, des lézards, des insectes et des choses informes à tentacules, mais rien qui n'ai vraiment attiré son regard ou n'ait été attiré par elle. Elle avait eu quelques espoirs sur les premiers (après tout, elle était une sorte de Fae oiseau), mais la majorité l'avait ignoré alors que les autres l'avaient même carrément fui.
Au bout d'un moment, elle approcha d'une rivière et en suivit le cours jusqu'à un étang. Elle doutait de trouver quoi que ce soit d'intéressant de ce côté-là. Les Veelas ne dédaignaient pas l'eau et aimaient se baigner, mais c'était avant tout des créatures de Feu et d'Air. Une trop longue immersion pouvait leur être fatale, une faiblesse que possédaient même ceux qui ne s'étaient pas éveillés à leur héritage féerique. C'était pour cette raison que Fleur était toujours aussi en colère contre Dumbledore pour ce qui s'était passé lors de la seconde tâche du Tournoi des Trois Sorciers.
Toujours est-il qu'elle était certaine qu'elle ne trouverait pas son familier au fond de l'eau (et surtout pas ces Ondines au corps de barbare sibérien en toge). Cependant, un chemin en valait un autre et elle pouvait toujours découvrir quelque chose sur la rive.
Soudain, comme qu'elle faisait le tour de l'étang, elle aperçut un très gros papillon aux ailes couleur rouge, jaune et orange qui passa devant elle. Émerveillée, elle le suivit du regard puis fit un pas dans sa direction. Elle entendit alors un plouf et sentit sa chaussure s'imbiber de liquide. Elle grogna en se rendant compte qu'elle avait posé le pied dans l'eau.
Elle allait le retirer quand, tout à coup, quelque chose jaillit de la surface de l'étang et s'enroula autour de sa jambe puis de son bassin, de son ventre et finit sa course pile dans son décolleté. Elle poussa un cri et se recula, ses mains s'agitant dans les airs.
« Ça alors ! » S'exclama Zatouji en se penchant pour regarder la créature. « Un Cetus au stade larvaire. Rare ça. Bon boulot. »
« Enlevez-moi ce truc ! Enlevez-le de là ! » S'écria la jeune femme avec une voix plus aiguë que la normale.
« Si vous insistez » dit l'autre homme avec un sourire grivois.
Il tendit la main, mais le petit reptile bleuté lui mordit un de ses doigts.
« On dirait qu'il s'est attaché à vous. Il doit vouloir devenir votre Familier » dit-il en suçant sa blessure.
« Quoi ! » S'écria Fleur d'une voix encore plus aiguë. « Mais certainement pas ! C'est froid, c'est visqueux et totalement dégoûtant. Enlevez-moi ce truc ! »
« Vous savez, c'est un très bon Familier. Très puissant. Presque plus que les Ondines. Pour l'instant, c'est qu'un bébé, mais s'il est bien élevé, il pourra atteindre un stade de niveau Monstre Marin. »
« J'en ai rien à foutre ! Je veux pas de ce truc ! »
Il était hors de question que son Familier soit une… une anguille !
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L'histoire plut beaucoup à Hariel quand Fleur la lui raconta. Il explosa même de rire tant la situation était amusante. Fleur, elle, son Anguille (c'était le nom qu'elle avait fini par donner à son Familier) posée sur ses genoux, ne riait pas du tout.
« C'est logique » dit finalement le jeune garçon après avoir calmé son hilarité.
« Je ne vois pas en quoi » grogna Fleur.
« Incinerate Anthem est un artefact de type Feu. Pour contrebalancer son pouvoir, et le tien, il faut au moins un Familier de type Eau. »
Et suffisamment fort qui plus est. Heureusement, Zatouji avait raison, le Cetus était rare et puissant. À mesure de son développement, celui-ci allait devenir un hybride serpent d'eau avec un torse humain, un peu comme les Lamia. Ou bien des caractéristiques de pieuvre. Cependant, il en existait certains qui pouvaient atteindre des dimensions titanesques. C'était le cas pour le Cetus originel, le monstre marin tué par Persée pour délivrer Andromède.
Si Fleur parvenait à maîtriser sa répulsion envers lui, elle pourrait avoir à ses côtés un allié dont le pouvoir rivaliserait avec celui d'un Dragon.
Mais en voyant la grimace sur son visage alors qu'elle prenait le "ver" entre ses doigts, ce n'était pas encore gagné.
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Dean posa la planche au sol et grimpa dessus, le pied arrière perpendiculaire à la longueur et l'autre, légèrement tournés vers l'avant comme il avait l'habitude de le faire quand il faisait du snowboard à Yad Moss, en famille.
Il n'avait presque plus retouché à sa planche volante depuis l'été, mais il n'avait pas arrêté d'y repenser après la bataille de ce Noël. Ce qui n'était au départ destiné à n'être qu'une sorte de bouée de sauvetage pour lui permettre de s'échapper de l'Oasis sur Dakara lui avait finalement sauvé la vie quand il tombait comme une pierre. Cela lui avait donc donné envie de reprendre un peu ce projet fait à la hâte et abandonné.
Il avait remarqué, pendant son unique chevauchée, qu'il y avait de nombreux défauts sur son travail de rune de l'époque. La décélération avait été beaucoup trop lente et il avait dû mettre plus de pouvoir que nécessaire pour arrêter sa chute. Il y avait également des problèmes de mobilité. Ses mouvements n'étaient pas aussi fluides qu'il l'aurait voulu et il avait failli plusieurs fois être déséquilibré.
De plus, il se rendait compte que l'objet manquait énormément de mesures sécurité. Les pieds n'étaient pas fixés sur le support, il n'y avait pas de protection contre l'air ni de moyen pour amortir la poussée due à l'accélération. Pour peu pratique et étrange que l'étaient les balais, leur forme allongée et la position du Sorcier une fois dessus participait à leur stabilité. La planche permettait certes d'offrir une posture plus confortable et de libérer les mains, mais si le moindre coup de vent faisait basculer son utilisateur, cela ne servait à rien.
Fort heureusement, Dean était beaucoup plus doué en runes maintenant qu'il ne l'était pendant l'été. Sur les conseils d'Hariel, il avait profité de ses nouvelles capacités intellectuelles pour s'avancer énormément dans le programme. Cela avait eu pour effet malencontreux qu'il s'ennuyait comme un rat mort dans la majorité des cours, mais cela lui avait donné une connaissance de la magie runique même supérieure à celle du professeur Babbling.
Il avait donc pu reprendre entièrement le l'assemblage de symbole pour transformer un bout de bois en objet enchanté volant avant de transposer le tout sur une nouvelle surface.
Et à présent, il allait commencer les premiers essais.
La planche se mit à s'élever de quelques centimètres au-dessus du sol et s'arrêta. Dean fit des mouvements, mais les fixations qu'il avait fabriquées semblaient fonctionner. Il avait une bande de tissus autour de son pied qui retenait une plaque de métal gravée sous sa semelle en contact avec une seconde rune inscrite dans le bois. Ensemble, elles demeuraient arrimées l'une à l'autre.
Dean n'était pas encore tout à fait convaincu par ce système. Les deux runes étaient bien fixées, mais une simple bande de tissus ne serait sans doute pas assez résistante pour arrêter une chute. Le plus sûr serait probablement des chaussures spéciales où la plaque serait incrustée dans la semelle. Ou mieux encore que les sillons de la semelle elle-même forment la rune. Mais bon. Pour le moment, cela ferait suffirait.
Dean fit alors avancer la planche. Reculer. Tourner… le tout d'abord à vitesse réduite puis en augmentant l'allure de plus en plus. Pour l'heure, il se contentait de rester à une hauteur raisonnable et de faire des mouvements seulement sur un plan. Les mesures de sécurité devaient aussi être testées et il préférait être assez proche du sol au cas où elles ne s'enclencheraient pas et qu'il serait désarçonné.
Cependant, même au bout d'un moment, tout se passait pour le mieux. Toujours au niveau de l'herbe du parc, il faisait des tours, de détours, des zigzags, des marches arrière également, accompagnant les mouvements de sa planche avec son corps comme il le faisait sur son snowboard. Quoique, vu qu'il était sûr du plat et qu'il n'y avait pas de neige, c'était plutôt un…
« Wow ! Trop génial ce truc ! » S'écria alors une voix non loin.
Dean sursauta, perdant sa concentration. La planche fit une embardée, le projetant vers l'avant. Heureusement, la sécurité des attaches s'activa. Il sentit alors ses pieds se libérer de la surface de bois. Aussitôt, sa jambe d'appui se porta devant lui, pour le retenir, mais sa force d'inertie était bien trop grande. Il trébucha, avança l'autre jambe pour s'équilibrer, mais bascula cette fois sur le côté et son épaule heurtés le mur du château.
« Oh merde, mec ! Je suis désolé ! » S'écria Seamus en se précipitant pour l'aider à se redresser.
« Ça va, ça va… » le rassura Dean en se remettant sur ses pieds et en se laissant d'avoir eu l'idée stupide de tester sa planche à l'extérieur.
Il pensait qu'avec ce froid, personne n'irait se balader dans le parc. Il avait même choisi l'un des rares murs aveugles du château pour être sûr de ne pas être surpris. Heureusement que ce n'était que Seamus.
Il regarda autour de lui avec empressement et ses yeux finirent par tomber sur sa planche. Elle semblait indemne. N'ayant plus personne dessus, une autre mesure de sécurité s'était mise en place et elle s'était tout simplement posée au sol. Dean courut presque vers elle, la ramassa et l'examina pour voir s'il y avait des dégâts.
« Y'a pas de mal ? » Demanda Seamus.
« Non. Ça va » répondit Dean au bout d'un moment.
« Désolé de t'avoir surpris. »
« Y'a pas de mal. Je m'attendais juste pas à voir quelqu'un. »
« En fait, je te cherchais » avoua Seamus. « Je voulais savoir si tu voulais qu'on s'entraîne un peu dans la Salle sur Demande. »
Malgré l'absence d'Hermione (ainsi que de lui et des autres), son petit cercle d'entraînement magique ne s'était pas relâché. Au contraire, elle avait eu la surprise de constater que de nouveaux membres les avaient rejoints. Elle avait confié le contrat enchanté à Ginny Weasley au cas où et celui-ci serait trouvé enrichi de plusieurs noms parmi lesquels Daphné et Astoria Greengrass (les filles de Diantea Greengrass), mais aussi, à son grand étonnement, Seamus Finnigan.
Sa défection en début d'année avait été un coup dur pour Dean. Cependant, les agissements d'Ombrage qui était, officiellement une envoyée du gouvernement, l'avaient énormément fait réfléchir sur ce qui pouvait être dit par eux. Après tout, si une personne missionnée par l'État était capable de terroriser une école, alors qu'est-ce que cela pouvait bien dire sur ledit État ? Et cela, c'était avant qu'il ait été en retenue avec elle.
C'était Neville qui l'avait trouvé dans les toilettes en train d'essayer, en larme, de nettoyer le dos de sa main. Il avait sorti l'essence de Murlap qu'il transportait toujours avec lui depuis les premiers sévices que la femme avait infligés aux autres élèves et l'avait soigné. Il ne lui avait pas tout de suite parlé d'Ed, il avait plutôt passé son temps à le réconforter et l'écouter.
Apparemment, la mère de Dean était une fervente partisane du Ministre. Son père, quant à lui, préférait ne pas trop intervenir quand il s'agissait du monde de son épouse. Il ne s'y sentait pas très à l'aise ni très accepté. Il avait raison bien sûr, cependant, sa tactique de l'autruche avait permis à cette dernière de retourner leur fils contre ses camarades.
Toutefois, depuis le début de l'année, confronté à l'attitude d'Ombrage, le jeune Irlandais avait commencé à douter des propos maternels et à nuancer son avis. Pas au point de se réconcilier avec Dean, mais suffisamment pour qu'il écrive à sa mère. Les réponses de celles-ci avaient été assez décevantes pour lui. Mme Finnigan lui avait dit que la « sévérité » du professeur Ombrage était bienvenue dans « le relâchement de l'éducation provoqué par Dumbledore » et qu'il devait simplement rester dans le rang. En clair, elle ne faisait que citer la propagande que le Ministère diffusait dans la Gazette.
Devant ce manque de soutien, Seamus s'était donc retrouvé seul à réfléchir. C'est comme ça qu'il avait finir par comprendre à quel point l'attitude de la femme crapaud était mauvaise. Ça et les discours d'Hermione. Malheureusement, il se sentait trop honteux pour s'excuser auprès de Dean. Il savait à quel point il l'avait blessé et il s'en voulait.
Et puis il y avait eu la retenue.
Il avait été imprudent. Il avait essayé d'agir comme Hermione, se soulever, chercher la provocation. Mais tout ce qu'il était arrivé à faire c'était à énerver Ombrage pendant un cours ce qui lui avait valu de se retrouver le soir même dans son bureau. Il en était sorti avec une cicatrice douloureuse qui disait « Je ne dois pas faire de chahut en classe » et l'impossibilité d'en parler, pas même par écrit.
Devant sa peine, Neville était parvenu à lever le maléfice que la femme avait jeté à son camarade. C'était l'un des Sorts qu'il avait appris en Éducation de Défense. Il ne pouvait pas le lancer sans baguette, mais au moins ça lui permettait de libérer les autres élèves de ce maléfice.
Aussitôt capable de pouvoir raconter ce qui s'était passé, il avait écrit à sa mère, mais sa réponse n'était pas vraiment ce qu'il avait étendu. Si les premières lettres à ses protestations l'avaient déçu, celle-ci s'apparentait plus à une trahison. En effet, Mme Finnigan n'avait pas cru un moindre mot du récit que son fils avait fait de sa retenue. Elle avait bien reçu l'avis selon laquelle Ombrage avait puni Seamus, mais elle accusait ce dernier d'inventer une histoire rocambolesque pour se venger de son professeur.
C'était face au désespoir de son ami que Neville avait fini par lui parler d'Ed. Si les adultes ne voulaient pas les protéger, alors ils devaient le faire eux-mêmes. À ce moment-là, c'était déjà les vacances et les principaux instructeurs (c'est à dire notamment Hermione et Dean) étaient partis, mais Neville avait pris les choses en main pour lui apprendre les bases, notamment la magie sans baguette.
Seamus avait été émerveillé et en même temps soulagé. Il ne se voyait pas du tout faire face à son (ex) ami. Cependant, avec son retour il n'avait plus eu le choix. Par chance, à cause des évènements de la Guerre des Dragons Maléfiques, Dean avait vraiment ou relativiser. Pardonner à son camarade avait donc été plus facile. Depuis, ils étaient presque comme soudés à la hanche. Comme si Seamus voulait rattraper le temps perdu. Dean pensait en fait que ce qu'il voulait rattraper, c'était plutôt sa trahison, mais pour le moment, il laissait courir.
« Mais c'est génial ce truc ! » S'exclama Seamus en regardant la planche. « Tu as trouvé ça où ? »
« Euh… je l'ai fabriqué » balbutia Dean.
« Sérieux ? Comment ? »
« Avec quelques runes » dit-il évasivement en montrant le dessous de l'objet.
Le circuit complexe de symboles s'étendait gracieusement le long de la surface. Ils y avaient deux cercles principaux, un à l'avant et un à l'arrière, tout deux reliés l'un à l'autre par des suites de signes et de formes géométriques formant un dessin délicat. Au centre des deux cercles se trouvaient des pictogrammes plus élaborés. Il s'agissait de Sigiles qu'il avait inventé pour l'occasion. Ils étaient faits pour créer et gérer la poussée de façon plus efficace que n'importe quelle phrase runique.
« Punaise ! Ça, c'est du délire ! » Siffla Seamus impressionné. « Je peux essayer ? »
Dean hésita. Il n'avait pas vraiment terminé les tests.
« Seulement si tu restes au niveau du sol » dit-il. « Je n'ai pas expérimenté toutes les mesures de sécurité. »
« D'acc-o-d'acc ! » S'exclama l'irlandais.
Dean soupira et finit par lui tendre la planche. Son ami s'en saisit, mais, au lieu de s'installer immédiatement dessus comme il le pensait, il se mit à l'examiner en détail.
« Où tu l'as trouvé cette planche ? » Demanda-t-il sans la quitter des yeux.
« Conjuration » lui répondit Dean.
Seamus siffla.
« C'est du niveau 7e année ça » fit-il remarquer. « On m'avait dit qu'Hermione et les autres étaient en avance, mais toi, j'étais pas au courant… »
Dean se sentit alors mal. Avant le début de l'année, lui et Seamus étaient assez proches. Après tout, ils étaient camarades de dortoir depuis plus de quatre ans maintenant. Cependant, il y avait beaucoup de choses que l'Irlandais ignorait sur lui. Trop sans doute. Il avait un peu l'impression de lui mentir sur lui.
Sans sembler avoir conscience des pensées qui traversaient l'esprit de son ami, Seamus continuait à observer l'objet entre ses mains. Il n'accordait pas vraiment d'importance aux différentes gravures, mais plutôt à la planche elle-même. C'était une planche assez basique, près d'1 m de long, une vingtaine de centimètres de large, rectangulaire.
Seamus la posa sur le sol, mais encore une fois, ne monta pas dessus.
« Y'a un truc pour la faire venir dans la main ? Comme les balais » demanda-t-il.
« Euh… non » balbutia Dean.
Il n'y avait pas du tout pensé.
« C'est un peu difficile de la ramasser » dit Seamus en la récupérant. « Déjà comme elle est collée par terre, c'est pas pratique. Mais même sans, y'a pas vraiment de prise. Par exemple, sur un skate, il suffit d'appuyer le pied sur l'extrémité recourbée pour le faire se relever et l'attraper sans avoir à se baisser. En le faisant un peu plus fort, on peut même le faire sauter dans la main. »
« Tu fais du skate ? » Demanda Dean, surpris.
« Pas mal oui. En amateur. »
« Je le savais pas… »
« Bah, c'est pas comme si on devait tout savoir l'un sur l'autre non ? Chacun son jardin secret. »
Il ne savait pas s'il l'avait fait exprès. Toujours était-il que Dean se sentit immédiatement rasséréné par la remarque de son ami.
« Je crois que c'est la forme tout entière qui va pas » poursuivit celui-ci. « Je veux dire, sur un skate, sa taille, son épaisseur, même les extrémités recourbées, c'est pour l'aéro… machin, non ? Le truc pour que ça aille plus vite… »
À ce moment-là, Dean prit conscience que, depuis qu'il avait commencé à travailler sur ce projet sur Dakara, à aucun moment il ne s'était posé la question de l'aérodynamisme de sa création. Il s'était simplement dit que puisque la magie serait impliquée, ce genre de problème n'aurait pas vraiment d'importance. Il se rendait compte à présent qu'il s'était trompé.
Contrairement à ce que pensait Seamus, l'aérodynamisme, ce n'était pas exactement faire en sorte d'aller plus vite. Ou seulement en partie. En vérité, il s'agissait de créer une forme avec une meilleure pénétration dans l'air et une friction plus réduite. L'effet en était, bien entendu, d'un côté, une amélioration de la vitesse, mais également, une diminution de la consommation de carburant. Selon sa forme, un véhicule pouvait aller plus loin plus vite avec un maximum de capacité.
Or, d'un certain côté, les Sorciers aussi avaient un « carburant ». C'était leur énergie magique qui permettait aux balais et à la planche volante de fonctionner. Tout comme pour une voiture, une meilleure pénétration dans l'air voulait dire une dépense en Mana réduite et donc une plus grande efficacité.
Des plans et des schémas accompagnés de calculs et de principes complexes émergèrent à ce moment-là dans son cerveau. Fort heureusement, Ahiram veillait au grain si bien que Dean ou parfaitement entendre quand son ami se tourna vers lui pour lui parler.
« Euh… au fait, comment ça marche ? » Demanda-t-il.
Il était enfin monté sur la planche, mais il ne savait pas vraiment quoi faire ensuite. Sur un balai, c'était simple. Il suffisait de sauter un peu, de taper du pied sur le sol et c'était parti. Cependant, le fonctionnement de la planche volante était plus complexe. Au contraire d'un balai, il était nécessaire de faire un effort de focalisation conscient pour que cela marche. Le balai drainait de lui-même la Mana du Sorcier pour voler alors que ce dernier devait l'impulser lui-même à l'intérieur de la planche pour l'utiliser.
« C'est… pas vraiment pratique… » dit Seamus alors qu'il tentait de se concentrer plus fort.
Jusque-là, il n'avait pu obtenir de sa planche qu'elle s'élève d'un demi-centimètre avant de retomber.
« C'est le même fonctionnement que la magie sans baguette » lui expliqua Dean. « Tu dois puiser consciemment ta Mana et la diriger jusque dans la planche pour activer les runes. C'est vrai que c'est plus compliqué, mais tu dépends moins d'un médium qui tire l'énergie pour toi. »
Et de plus, avec de l'entraînement et un nouveau jeu de symboles, cette technique pouvait être plus avantageuse encore. La remarque sur le fait qu'il n'y avait pas de commande pour « appeler » la planche comme un balai avait fait réfléchir Dean. Il serait assez facile de créer un système semblable en ajoutant quelques circuits. Toutefois, s'il se débrouillait bien, cette fonctionnalité ne serait pas utile qu'au sol.
Pouvoir invoquer la planche à distance permettrait d'éviter des accidents en plein ciel par exemple. La magie des balais marchait par contact donc dès que le Sorcier est désarçonné, il ne peut plus rien faire. Cependant, si quelqu'un tombait de la planche volante, il pouvait utiliser ce système pour la rappeler et ainsi se sauver la vie.
« Tu sais quoi ? » Dis Seamus au bout d'un moment alors qu'il tentait de stabiliser la planche après avoir réussi à la maintenir en l'air. « Ça ferait un bon exercice pour apprendre à manipuler sa Mana tu ne crois pas ? »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Et ben, déjà que lancer un sort avec une baguette c'est pas facile, mais si en plus on doit se concentrer pour contrôler notre énergie alors qu'on l'a jamais fait, c'est encore pire. Si on pouvait utiliser un objet comme celui-là juste pour qu'on s'habitue à manipuler l'énergie avant même de lancer des Sorts ce serait pas mal, non ? »
« C'est… c'est une très bonne idée » remarqua Dean étonné que personne n'y ait jamais pensé.
C'était même une excellente idée. Utilisez un focal de ce type pour s'entraîner et donner un but à la mana ne pouvait qu'améliorer grandement la vitesse d'apprentissage de leurs élèves.
« Faudrait en parler à Hermione » dit-il.
Oui. Finalement, avoir Seamus de retour à ses côtés avait du bon.
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Hariel était comme un papillon entouré de fleurs… si les fleurs étaient pour la plupart d'une insupportable fatuité et d'une arrogance des plus agaçantes. Cela n'empêchait pas le jeune Démon sous déguisement de passer des uns aux autres avec une expression affable et mesurée. Après tout, c'était bien à ça que servait ce genre de soirée.
L'engouement de la population Sorcière pour le Prince n'avait pas décliné. Le nombre d'invitations que Siméon faisait parvenir à Hariel était chaque semaine plus important que la précédente. Bien évidemment, celui-ci prenait un soin tout particulier à sélectionner celles auxquelles il désirait assister. En définitive, il était en quelque sorte en campagne électorale.
Réclamer le trône au nom de son héritage était une chose. S'asseoir dessus en était une autre. Bien entendu, à cause des anciennes lois, il aurait été tout à fait possible à Hariel de simplement se décréter Roi. La Magie le lui aurait permis et le Gouvernement Magique d'Angleterre n'aurait pas eu d'autre choix que de l'accepter.
C'était du reste ce que craignait Cornélius Fudge, raison pour laquelle il tentait de rallier à lui la vieille garde Sorcière qui avait toujours eu le pouvoir et qui refusait de le perdre. La majorité était d'ailleurs formée de serviteurs de Voldemort qui voulaient, bien sûr, que la place échoie à leur Seigneur. En ce sens, Fudge faisait donc, comme à son habitude, une marionnette bien pratique.
Cependant, Hariel considérait que ce serait une faute tactique trop importante. En imposant son pouvoir, il risquait de créer une fracture au sein de la société. Ne pas assurer sa légitimité et sa compétence était certain de provoquer l'apparition de factions dissidentes. Leur opposition pourrait alors paralyser le pays à moins qu'Hariel n'y mette un terme par la force. Or, il voulait éviter cela à tout prix. Sa nature démoniaque ne serait pas un secret encore très longtemps. Il devait donc impérativement faire en sorte qu'il ne puisse être assimilé aux vieux préjugés sur les Démons.
C'est pour cela qu'il devait avant tout charmer son public.
La première étape était déjà achevée. Le Prince n'avait pas revendiqué le pouvoir pour lui, mais à la demande populaire. Le risque de passer pour quelqu'un se laissant manipuler et avec un manque de conviction était calculé. Tout ce qu'il lui restait à faire, c'était persuadé des personnes influentes, notamment les membres du Magenmagot, qu'il était un choix valable pour le trône. En effet, ce sera eux qui lui donneront leur accord pour le couronnement. Leur pouvoir dépassant celui d'un Parlement ordinaire, ils avaient alors la possibilité de placer quelqu'un au-dessus d'eux. En l'occurrence, un Roi. Fudge avait tout fait pour empêcher cela, mais n'avait finalement réussi qu'à repousser l'échéance au Solstice d'Été. Il avait donc profité de ce délai pour faire sa propre campagne.
Ce répit n'était cependant pas pour déplaire à Hariel, car lui aussi avait besoin de soutien. C'est pour cela qu'il faisait toujours très attention aux hôtes des soirées auxquelles il assistait ainsi, bien sûr, qu'aux invités qui seraient présents. Ce genre de chose n'était pas difficile à trouver. Le journal mondain publiait les listes très fréquemment. Ils prétextaient un quelconque travail d'investigation, mais c'était généralement les organisateurs qui faisaient fuiter ces informations afin que tout le monde sache quel personnage prestigieux pouvait se montrer à leur fête.
Cependant, ce jour-là, ce n'était pas des invités qu'Hariel était venu rencontrer, mais bien l'hôte de la soirée. Une personne bien particulière à qui il n'avait encore jamais eu l'opportunité de parler.
Le Duc Hector Fowley.
Surnommé plus communément le "Duc", Hector Fowley était un homme extrêmement âgé. Né en 1908, il était devenu Ministre de la Magie à l'âge de 40 ans et avait conservé le pouvoir pendant un peu plus de 10 ans. Appelé le "Ministre de la Reconstruction", il avait succédé à Wilhelmina Taft qui s'était farouchement battue pour maintenir le Ministère à flot au milieu de deux guerres simultanées, celle contre Grindelwald et également la 2e Guerre Mondiale. Elle devait aussi réparer les dégâts causés par son prédécesseur, Léonard Spencer-Moon. Ayant échoué à reconnaître la menace que représentait Gellert Grindelwald, il lui avait permis d'asseoir son pouvoir et de devenir un danger pour le monde tout entier.
Cependant, épuisée, Whilelmina Taft avait laissé la place à Hector Fowley. Celui-ci fut une véritable bénédiction pour le Ministère. Alors que, usé par la guerre, il était près de s'effondrer, Fowley avait redressé la barre avec brio. Connu pour sa rigueur, il avait mis en place de nombreuses mesures pour freiner la débauche de dépense due aux célébrations de la fin de la guerre et lancé une politique économique afin de faire face au déséquilibre financier. Pour tout le monde, il était encore aujourd'hui l'image du contrôle, de l'austérité et de la fermeté.
Il était également toujours un pilier non négligeable du Magenmagot. Résolument neutre, il prenait rarement parti lors des discussions et s'abstenait de voter. Cependant, quand il le faisait, il était généralement suivi par de très nombreux autres membres toutes factions confondues.
Si Hariel l'avait dans son camp, sa victoire était presque certaine. C'était du moins ce qu'avait dit Fiermont Crane. Malheureusement, parvenir à faire bouger l'animal était des plus difficile. Il ne parlait jamais lors des cessions, refusait le dialogue et disparaissait assez rapidement après. Il ne répondait jamais aux invitations et ne donnait jamais de fête à une exception près, pour l'anniversaire de son épouse, Katherine.
Bien évidemment, quand il avait vu qu'il avait reçu un carton, Hariel s'était jeté sur l'occasion. Il se doutait que le Duc ne l'avait pas convié personnellement, mais plutôt que Katherine Fowley avait elle-même choisi les invités. Il n'allait cependant pas chipoter et si se servir de la femme pour atteindre son ami était nécessaire. Il le ferait.
Malheureusement, cela n'avait pas, jusque-là, eu le résultat escompté. En arrivant, Hariel avait bien sûr présenté ses respects à la maîtresse de maison et héroïne de la soirée. Son époux était à côté d'elle, mais il avait à peine répondu quand le jeune Prince l'avait salué à son tour. Par la suite, il avait été difficile de les approcher. Le couple restait ensemble, mais il semblait que la femme s'était donné pour mission de protéger son partenaire contre les importuns (c'est-à-dire tout le monde). Probablement que le prix de sa protection était le fait qu'il demeure à ses côtés jusqu'à la fin de la soirée. En effet, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, il ne paraissait pas avoir l'intention de partir. C'était donc une bonne chose pour Hariel.
Discutant à droite et à gauche, il se déplaçait avec stratégie au travers de la salle. Tel un fauve, il encerclait sa proie, se rapprochant de plus en plus d'elle. Tout en devisant, il gardait une oreille attentive à ce qui se passait autour, en particulier parmi le groupe où se trouvaient les époux Fowley. Il espérait ainsi pouvoir attraper une balle au bond et entrer dans la conversation. C'est à cause de cela qu'une conversation lui parvint, une conversation qui lui fit se hérisser les poils d'énervement.
« Une fumisterie vous dit ? »
Il s'agissait de Katherine Fowley qui réagissait à ce que lui disait l'un de ses hôtes.
« Bien entendu » répondit celui-ci avec une assurance démesurée. « Je le tiens du Ministre Fudge lui-même. Une vulgaire plaisanterie de mauvais goût. Non, mais vous imaginer, des lumières colorées dans le ciel ? C'est forcément dû à un sortilège. Ce genre de chose ne peut pas exister. »
« Mais pourtant » intervint un autre homme à l'allure dubitative, « ce phénomène, ces… "aurores boréales", sont une manifestation que les Sapiants connaissent depuis longtemps si je ne m'abuse. »
« C'est là que l'on constate à quel point ils sont naïfs » reprit le premier homme. « Cela fait des siècles que des Sorciers s'amusent à faire apparaître des lumières dans le ciel, parce que c'est cela en fait, une répétition de la même blague encore et encore, croyez le bien… donc les Mordus voient ces lumières apparaître dans le ciel et ils sont incapables d'en dire l'origine, n'est-ce pas cocasse ? »
« En fait… » intervint soudain Hariel, faisant cesser les rires que la remarque avait déclenchés, « ils le savent parfaitement. »
L'homme qui avait parlé voulut se tourner vers celui qui avait interrompu son moment de gloire, sans doute pour lui envoyer une remarque cinglante. Cependant, en reconnaissant Hariel, il manqua s'étrangler en ravalant les mots qu'il allait prononcer et s'inclina respectueusement.
« Votre Altesse, sachez que mes informations sont des plus fiables » dit-il avec une certaine obséquiosité. « Le Ministre est… »
« Je ne savais pas que le Ministre Fudge possédait de quelconques connaissances en astronomie Sapiante » répondit Hariel. « Si c'était le cas, il saurait que les aurores polaires sont en fait généralement provoquées par l'interaction des vents solaires, c'est-à-dire des flux de plasma constitués d'ions et d'électrons éjectés par la haute atmosphère de notre astre, avec les gaz du champ magnétique de notre propre haute atmosphère. Le choc crée ainsi un phénomène lumineux d'origine magnétique visible à l'œil nu. »
« Mais si elles sont "polaires" comme vous dîtes, pourquoi en a-t-on vu au Nord de l'Écosse ? » Demanda une femme. « Que je sache, nous ne sommes pas au pôle Nord. »
« Les régions dites "polaires" ne désignent pas forcément les terres des pôles. Plutôt les zones aux alentours de ce qu'on appelle les "cercles polaires", qui délimitent les secteurs climatiques polaires au Nord et au Sud. Il n'est donc pas anormal d'en voir en Écosse. Cela arrive de temps en temps, d'ailleurs. »
« Cela pourrait tout aussi bien être alors les mêmes plaisantins depuis des années » insista alors l'homme arrogant qui semblait ne pas vouloir en démordre. « Après tout, comme je l'ai dit, des lumières dans le ciel paraissent trop incroyables pour qu'il n'y ait aucune magie là-dessous. »
Hariel eut un léger rictus. Il n'avait pas tout à fait tort dans le sens où l'aurore boréale qui avait traversé le ciel à Noël était bien d'origine magique. L'énergie de la bataille était entrée en résonnance avec les membranes de la réalité et causée un phénomène magnétique semblable à une aurore, mais sans qu'aucun flux de plasma solaire n'en soit responsable. Cependant, l'avouer reviendrait à embrouiller les gens et à leur faire penser que l'homme pouvait avoir raison. Après tout, comment expliquer un si brusque afflux de magie sans expliquer également la bataille monstrueuse qui avait eu lieu à cet endroit. C'était beaucoup trop tôt. Il devait donc passer sous silence certains éléments tout en clouant le bec à son interlocuteur.
« Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, que ne peut en rêver votre philosophie » cita-t-il.
Certains dans l'assemblée parurent comprendre la référence à Shakespeare. L'homme. Cependant, ne semblait pas connaître Hamlet et fronçait les sourcils.
« Je ne m'appelle pas Horatio » dit-il simplement.
« Vous venez de démontrer mon point de vue » soupira alors Hariel en levant les yeux au plafond.
À force de rester dans leur monde, la plupart des Sorciers étaient incapables d'appréhender la réalité. Cette pseudo théorie sur les aurores boréales en étaient une preuve flagrante.
Énervé, Hariel prit une gorgée de champagne. Il était autant en colère contre l'homme pour être aussi idiot que contre lui-même. Son but ici était de charmer les gens. Pas de se les mettre à dos.
Cependant, alors qu'il finissait de vider son verre, il perçut du coin de l'œil quelque chose qui le surprit. Pendant toute la conversation, il était resté concentré sur son interlocuteur. Il avait brièvement vu l'expression des autres personnes et notamment celle de Katherine Fowley, tout passionné qu'ils étaient par ses propos. Toutefois, il se rendit compte qu'à aucun moment, il ne s'était intéressé à Hector.
C'est pourquoi il fut passablement surpris quand il perçut un léger rictus amusé sur les lèvres fines de l'homme. Il se tourna alors vers lui et le fixa droit dans les yeux. Le Duc soutint son regard et Hariel se dit qu'en définitive, il n'avait peut-être pas perdu sa soirée.
À suivre…
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Désolé à tous du retard. J'ai eu pas mal de trucs au boulot et j'ai aussi préparé un voyage. Parce que oui, fin novembre début décembre je suis allé au Japon. Je suis assez content vu que ce voyage était au départ prévu pour avril 2020… mais y'a eu le COVID. En tout les cas, c'était super. Je suis rentré il y a pile une semaine et je me suis rapidement mis à la correction de ce chapitre. Merci d'avoir attendu.
La toute première scène est une retranscription quasi à l'identique d'une scène du livre de Harry Potter et l'Ordre du Phœnix. Juste parce que McGo est trop un badass dans celle-là.
Au départ, je voulais m'inspirer de l'Asgard du MCU pour celle de mon histoire… mais finalement non, ça n'allait pas. Par contre, j'ai encore fait une pièce avec des cascades de pièces d'or… comme dans Prince des Neiges… comme dans VORACITY 😅.
Et voilà, n'hésitez pas à m'envoyer des commentaires et je vous dis à bientôt.
