Check Mate DxD

Chapitre 125 : Être soi-même/Jibunrashiku

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Hariel avait mal dormi. Il avait passé une partie de la nuit à repousser une attaque mentale de Voldemort. Il doutait que cela soit conscient. Il lui était arrivé à plusieurs reprises de contrer des vagues d'énergie psychique en provenance de son ennemi. Celui-ci était une véritable radio amateur et émettait ses sentiments profonds un peu partout et plus particulièrement dans la tête d'Hariel qui était toujours relié à lui. S'il ne le faisait pas, alors la connexion pouvait provoquer une douleur assez importante au niveau de sa cicatrice, chose à laquelle il préférait se soustraire.

Ce n'était habituellement pas un problème, mais, la veille, le Sorcier avait été en proie à des émotions extrêmement intenses. Les garder à distance pour éviter d'en souffrir avait été long, mais pas plus difficile qu'à l'ordinaire. Ce qui l'avait perturbé, c'était la nature de celles-ci. Voldemort était heureux. Genre, très, très heureux. Et comme il était peu probable que ce soit dû à une partie de jambe en l'air, cela voulait dire qu'il avait reçu de bonnes nouvelles… et donc mauvaise pour eux.

C'était cela qui l'avait maintenu éveillé : l'incertitude. Son seul contact avec l'autre camp était bien entendu Severus, mais celui-ci était absent. Évidemment, il devait avoir été appelé pour l'opération. Il était dans ce cas hors de question de tenter de communiquer avec lui, c'était bien trop dangereux. Hariel s'était donc résolu à attendre le lendemain pour aller aux nouvelles… ce qui ne l'avait pas apaisé pour autant.

Fort heureusement, les informations qu'il désirait lui étaient parvenues dès le matin, mais elles n'étaient pas venues de Severus. En vérité, il les avait eus au petit déjeuner alors que celles-ci étaient étalées en gros à la première page du journal.

« GAZETTE DU SORCIER

Mercredi 13 janvier 2016

ÉVASION MASSIVE D'AZKABAN

LE MINISTÈRE CRAINT QUE BLACK SOIT LE "POINT DE RALLIEMENT" D'ANCIENS MANGEMORTS »

Hariel leva un sourcil en voyant le titre. Encore à mettre des crimes sur le dos de son parrain ? Ça devenait lassant. Pourtant, il devait avouer que l'article présentait certains arguments assez logiques. Pour tout le monde, Sirius était le premier à avoir réussi à s'évader de la prison magique. Compte tenu de la croyance générale du Monde SORCIER sur sa culpabilité, une seconde évasion ne pouvait être que le fait de quelqu'un qui savait comment s'y prendre.

Cependant, là où le bât blessait, c'est que Sirius ne s'était jamais évadé. C'était Hariel qui l'en avait fait sortir grâce à l'aide des Gobelins. Ceux-ci pouvaient donc le faire, mais le jeune Démon doutait qu'ils puissent envisager d'assister Voldemort dans quoi que ce soit même pour une somme d'argent conséquente. Les Créatures avaient une vision bien plus globale et à long terme de leurs intérêts et ils savaient que favoriser Voldemort ne les servirait pas du tout au final.

Toujours était-il que cela voulait dire que Voldemort avait trouvé suffisamment de troupes pour prendre d'assaut la prison. Ou que, comme Excalibur l'avait entendu évoqué cet été au Square Grimmaurd, il avait découvert un moyen de rallier les Détraqueurs. Apparemment, c'était l'une des choses que craignait Dumbledore. Sans ces Créatures, il était en fait assez facile d'y entrer et d'en sortir, le système de protection étant presque exclusivement focalisé sur leur présence. Toujours était-il que l'une comme l'autre de ces solutions étaient mauvaises pour eux.

« C'est préoccupant… » dit-il en lisant avec soin la liste des 10 évadés.

« Mm… » répondit Hermione à côté de lui. « Dis, tu sais ce qui arrive à Neville ? »

Hariel leva les yeux et regarda en direction de la table de Gryffondor. Leur ami était blême. Journal ouvert devant lui, ses poings étaient si serrés autour des pages que le papier était en piteux état.

« Je trouvais qu'il avait pas mal progressé depuis quelques mois, mais que cette nouvelle le fasse autant trembler, je me fais du souci » dit la jeune femme.

« Ce n'est pas une simple évasion pour lui » répondit Hariel. « Parmi les Mangemorts en fuite, il y a les Lestrange. »

« Les Lestrange ? »

« Rodolphus Lestrange, Chef de la Maison Lestrange, son jeune frère Rabastan et son épouse, Bellatrix. Ils ont été condamnés en même temps que Barry Crouton Junior pour leurs actes de Mangemorts et en particulier l'agression sur Franck et Alice Londubat. »

Hermione pâlit en entendant cela. Bien sûr, elle savait que les parents de Neville étaient à l'hôpital à cause d'une attaque de Mangemorts. Il lui en avait parlé l'année précédente, raison pour laquelle elle s'était lancée dans des recherches afin d'inverser le processus ou bien pour trouver un moyen de permettre aux gens de se protéger de ce sortilège et des deux autres Impardonnables. Pour le moment, elle n'avait pas grand-chose. Cependant, les révélations d'Hariel sur leur véritable nature lui avaient donné une tout autre direction.

Toujours était-il qu'elle comprenait à présent l'origine de son état actuel. Et elle s'en voulait d'avoir pensé que leur ami pouvait être redevenu un trouillard.

« Parmi les 3, Bellatrix est considérée comme la plus dangereuse » continua Hariel. « Elle est connue pour être absolument dévouée à Voldemort et pour ne pas hésiter à tuer et à torturer ses victimes. C'est d'ailleurs sa réputation qui a posé tant de problèmes à Sirius. Les gens n'ont pas eu de souci à le condamner, lui, au vu de leur lien. »

« Quel lien ? » Demanda Hermione.

« Tu n'as pas lu l'article ? »

« Je l'ai… survolé. J'étais un peu trop énervé par la stupidité des Sorciers. »

« Regarde, ils expliquent la raison pour laquelle Sirius l'aurait libéré elle à cause de leur lien de parenté. »

« Ils sont cousins ? » Demanda la jeune fille dubitative.

« Oui. Bellatrix est née Black. En fait, il s'agit même de la sœur cadette d'Andromeda et l'aînée de Narcissa. »

« Donc ça veut dire qu'elle est… » commença Hermione en se tournant vers Draco.

Celui-ci se renfrogna et Hariel dissimula son gloussement derrière sa main.

« C'est ça » dit-il finalement. « C'est sa "Tatie Bella". »

Hermione se retint d'exploser de rire devant l'air outré de Draco. Cependant, elle sentit à ce moment-là quelque chose émerger dans sa mémoire. Un écho. Bellatrix. Ce nom lui était familier. Bellatrix Lestrange. Bellatrix Black. Bella… Bella Black.

« Hariel ! » S'exclama-t-elle alors en faisant sursauter son ami. « Je viens de me souvenir de quelque chose. »

« Quelque chose ? »

« Quelque chose… d'important » dit-elle. « Il faut absolument que je t'en parle. »

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Dissimulant sa nervosité comme il le pouvait, Hariel tendit sa cape au Brownie qui lui avait ouvert. La tenue du petit être, un uniforme complet et soigné frappé des armes des Fowley, renforça encore le respect qu'avait le jeune Démon pour le Duc. Apparemment, il était au fait des anciennes traditions. Il était plus que probable que ce Brownie ait un Enidh, un parrain Sorcier qui veillait à ce qu'il soit bien traité, ce qui semblait être le cas.

L'elfe n'était pas le Miniui. Hariel pouvait le sentir à partir du lien qu'il partageait avec la Maison Fowley. De toute façon, ceux-ci restaient généralement auprès de leurs maîtres.

Un bruit attira soudain l'attention d'Hariel. Il se tourna vers le hall plongé dans la pénombre et vit un second Brownie arriver dans sa direction. Cette fois, c'était bien le Miniui. Son uniforme était de plus bonne facture et constitué d'un tissu plus coûteux. Ses boutons étaient en or et non en cuivre et même le blason était décoré de fils d'or. Mais le signe le plus éloquent était bien sûr le lien.

Si Hariel devait le décrire, il aurait dit que c'était comme un tourbillon de couleurs vives qui dégageait un mélange d'humus et de tabac. C'était le même que pour les autres Brownies, mais bien, bien plus important, vif et odorant.

« Votre Altesse » dit-il en s'inclinant. « Si vous voulez bien me suivre. »

Donc le Duc avait envoyé son serviteur personnel pour venir le chercher. Pas de pression.

Hariel avait été particulièrement étonné quand Simeon lui avait fait passer l'invitation d'Hector Fowley. Étonné et également extrêmement anxieux. Bien que ça n'avait pas du tout été prévu, il semblait que son éclat de la dernière fois ait joué en sa faveur. Cependant, même si la première étape était franchie, il restait la plus importante qui était de rallier le Duc à sa cause. Et cela ce n'était pas une mince affaire.

C'était la raison pour laquelle Hariel était aussi peu sûr de lui-même s'il tentait désespérément de ne pas le montrer. Il avait combattu des Démons, des Dieux, des Dragons et l'Apocalypse elle-même et pourtant il se sentait démuni face à un vieillard.

Que devait-il faire ? Que devait-il dire ? Les flagorneries étaient inutiles. Tout le monde savait qu'il était insensible à ce genre de choses. Il était également imperméable aux idéaux. Tout ce qui relevait du pur sentiment, de l'idéalisme et des convictions le laissaient froid. Il croyait aux faits, il croyait à la logique et à l'intelligence. Ce n'était pas qu'il était dépourvu d'émotions, c'est plus qu'il pensait que les émotions seules ne servaient à rien sans quelque chose de plus concret pour les appuyer.

C'était en tout cas le résumé que lui en avait fait Fiermont Crane. Tous les deux s'étaient côtoyés sur les bancs du Magenmagot depuis suffisamment de temps pour que le doyen de leur groupe ait appris deux ou trois choses sur lui.

La logique, l'intelligence… tout ça, Hariel les avait. C'était juste qu'il n'était pas trop sûr de la manière de les utiliser. Devait-il ruser avec le vieil homme ? Que lui dire ? Quoi lui cacher ? Que se passerait-il s'il se rendait compte qu'il mentait ? Non, celle-là, elle était facile. Si jamais le Duc Fowley se rendait compte qu'il mentait, alors il romprait tout contact avec Hariel et son camp et il serait impossible de le faire changer d'avis. Et s'ils n'avaient pas le soutien du Duc alors… tout était fini.

Soudain, Hariel se figea. Quelque chose qu'il avait aperçu du coin de l'œil l'avait fait stopper net. Il se tourna alors et se rendit compte qu'il s'agissait d'un miroir. Ou plus précisément de son propre reflet. Cependant, c'était un reflet qu'il ne reconnaissait pas.

C'était bien son visage, ses lèvres, son nez, ses pommettes… Le tout était légèrement plus étroit et allongé qu'à l'accoutumée à cause des années supplémentaires que le Prince avait sur son véritable lui. Pourtant, il ne reconnaissait pas son expression. Il pouvait lire l'anxiété sur ses sourcils, ses yeux… et de manière générale un malaise qui lui donnait presque l'impression de voir un étranger.

C'était également ses cheveux, rouge écarlate, d'une nuance plus sombre que ceux de sa Tante Rias et plus clair que ceux de son Oncle Sirzecks et long au point d'atteindre ses genoux… sauf qu'ils étaient coiffés en queue de cheval basse maintenue par un ruban noir. Pas une mèche ne s'échappait et même sa frange avait soigneusement été raidie pour tomber sur son front en un arc de cercle impeccable. Ses vêtements se composaient d'une robe formelle en laine d'une teinte verte de gris sombre ouverte sur un costume pantalon anthracite et gilet de soie vert forêt brodée de fils noir et cravate perle fixée par une épingle ornée d'un diamant. L'ensemble était très chic. À la fois onéreux et strict. Classique.

C'était Fiermont qui l'avait choisi. Il avait sélectionné sa tenue, supervisé sa coiffure et l'avait briefé sur l'homme qu'il allait rencontrer.

« Fowley aime les gens directs » avait-il dit. « Il n'apprécie ni les fioritures du langage ni celles de l'habillement. »

Sauf que ce n'était pas lui. Ce qu'il avait sous les yeux, ce n'était pas Hariel. Non. Cela ressemblait plus… à Harry. Au petit garçon qu'il avait été chez les Dursley, incertains, mal à l'aise sans vraiment comprendre pourquoi. Celui qu'il était avant d'avoir enfilé la robe verte de sa grand-mère pour s'amuser avec son cousin. En clair, un être qui n'existait plus et qui n'avait plus lieu d'exister.

À ce moment-là, l'anxiété d'Hariel commença à laisser la place à un autre sentiment. La colère. La frustration. Se dévisageant lui-même dans le miroir, il constata les dégâts et cela ne lui plut pas du tout.

« Monsieur ? » Demanda le Brownie qui le guidait. « Pouvons-nous y aller ? »

« Quelques petites secondes » répondit Hariel.

Avec un geste théâtral, il leva la main et claqua des doigts. Des étincelles se mirent alors à chatoyer autour de lui avant de le recouvrir. Sur leur passage, la coiffure et les vêtements d'Hariel se métamorphosaient en quelque chose davantage à son goût.

Sa chevelure était toujours en queue de cheval, mais celle-ci était à présent plus haute sur son crâne et maintenue par un anneau doré. La tension de son cuir chevelu qu'elle provoquait étirait discrètement le coin de ses yeux, accentuant leur forme en amande.

Sa tenue avait également changé du tout au tout. Le classique costume Sorcier avait laissé la place à un tailleur féminin noir. Le pantalon avait une taille très haute et des jambes plus évasées aux chevilles. Il était accompagné d'un chemisier blanc à revers de col long et manches bishop, c'est à dire légèrement bouffante en particulier au niveau de l'avant-bras, mais fermer par des manchettes aux poignets. Ces dernières étaient particulièrement visibles, car la veste qui parfaisait l'ensemble était seulement posée sur ses épaules. Le tout était complété par des chaussures Richelieux noir vernis et d'épais bracelets dorés.

D'un geste négligent, il fit apparaître la petite mallette ronde qu'il avait reçue deux Noëls auparavant et qui contenait son maquillage. Il opta pour un brillant à lèvres proche de sa carnation juste pour ajouter un éclat mouillé à sa bouche, fit ressortir ses pommettes avec un léger blush pâle et utilisa un mascara discret pour allonger ses cils.

Il se regarda quelques secondes dans le miroir. Le résultat était une apparence légèrement androgyne un peu éloignée de ce qu'il avait l'habitude de faire lors de ses sorties, mais définitivement à l'opposé du désastre qu'il était quelques instants plus tôt. Certes. Il n'était plus ni strict ni classique, mais il demeurait simple et surtout il demeurait lui.

Après tout, celui qui régnerait serait Hariel et pas Andrammax. Ce dernier devait donc se mettre à ressembler à la personne qui s'assoirait sur le trône sinon, quand il se révélerait au grand jour, les gens risquaient de crier à l'imposture. De plus, si le Duc l'avait invité, c'était parce qu'il avait été interpellé par le véritable lui, celui de la soirée, celui qui avait rabattu le casier de ces insupportables moutons, le vrai lui. Et le vrai lui, c'était aussi ça. À prendre ou à laisser.

« Nous pouvons y aller » dit-il finalement en se tournant vers le Brownie.

Celui-ci, toute expression absente de son visage, inclina la tête et se remit en route à travers les couloirs du manoir Fowley. Hariel, plus détendu, lui emboîta le pas.

Ils n'eurent cependant pas beaucoup de chemin à faire puisque le serviteur s'arrêta rapidement devant une porte qui ne se distinguait pas de celles qu'ils avaient croisées le long de leur trajet.

Le Brownie frappa et ouvrit sans attendre de réponse.

« Son Altesse le Prince Andrammax Pendragon-Emrys » dit-il simplement.

Le Duc avait dû lui faire un signe parce que presque aussitôt, il se tourna vers Hariel et l'invita à entrer. Celui-ci le remercia d'un léger hochement de tête et pénétra dans le bureau. Comme il s'y attendait, les lieux étaient austères, fonctionnels, mais reflétaient également le rang de la personne qui l'occupait.

Les sols étaient composés de parquets cirés impeccables et les murs disparaissaient sous les bibliothèques remplies et les vitrines garnies d'objets usuels. Le point de mire évident était bien sûr le large bureau en bois massif sculpté agrémenté d'un non moins large et massif fauteuil de cuir. Dans lequel trônait Hector Fowley.

« Votre Altesse » le salua celui-ci d'une rauque, mais ferme.

« Duc Fowley » répondit Hariel sur le même ton.

Malgré leur différence en matière d'influence politique, il n'en demeurait pas moins que le rang d'Hariel était supérieur à celui de son interlocuteur. Il n'avait donc pas à lui donner l'appellation de « Votre Grâce » qu'il devait recevoir habituellement. Ce n'était en aucun cas un manque de respect, seulement de l'étiquette.

Le Duc indiqua le fauteuil Chesterfield de cuir capitonné assorti au sien et positionné devant son bureau. Hariel s'avança d'un assuré dans la pièce et s'installa gracieusement sur le meuble. Il posa ses bras sur les accoudoirs se trouvant dans la continuité du dossier bas, faisant pendre négligemment ses mains dans le vide et croisa les jambes.

Le Duc Fowley se mit alors à l'observer derrière ses mains jointes devant sa bouche sans dire un mot. Hariel, lui aussi, se taisait. Ce n'était pas à lui de commencer. Ce n'était pas les usages et le faire le mettrait dans une position désavantageuse pour la suite des négociations. C'était donc une bataille de volonté. Le Duc regardait Hariel et celui-ci lui renvoyait son regard en l'assortissant d'un petit sourire mystérieux.

« Vous n'êtes pas comme je l'imaginais » dit finalement Fowley en rompant le silence.

« Est-ce un compliment ou une critique ? » répliqua Hariel du tac au tac.

« C'est ce qu'il me reste à décider » dit le Duc.

À nouveau, le silence s'installa entre les deux. Les deux hommes s'observaient l'un l'autre sans un mot. C'était au premier qui craquerait. Encore une fois, ce fut le Duc.

« Quels sont vos projets pour l'Angleterre une fois sur le trône ? »

Droit au but. Comme Hariel s'y attendait.

« Faire ce que vous n'avez pas pu faire » répondit-il sur le même ton.

Hector Fowley plissa les yeux.

« C'est-à-dire ? »

Hariel sourit.

« Que pensez-vous de l'état de l'Angleterre, Duc Fowley » demanda-t-il au lieu de répondre. « Ce que vous pensez vraiment. »

« Illogique » dit l'homme. « Un pays qui ne progresse pas est un pays qui se meurt. Nous sommes gouvernés par de vieilles traditions dont nous ignorons le but et que nous ne respectons que par habitude. La hiérarchie au mérite est une hypocrisie maintenue par les dirigeants pour faire croire que les masses populaires ont un peu de pouvoir. Et cela sans compter tous les préjugés, les complexes de supériorité et les petites fiertés mal placées. »

« Cela fait longtemps que notre société est comme ça » répliqua Hariel dont le sourire avait disparu. « Et vous l'auriez réformé si vous n'étiez pas occupé à l'empêcher de couler. Les mêmes défauts que vous venez d'énoncer ont déjà précipité l'Angleterre vers la ruine et c'est vous seul qui avez sauvé les meubles. Cela a épuisé vos forces. Vous en êtes sorti glorifié et puissant, mais plus capable de vous lancer dans des combats aussi difficiles que changer notre monde. »

Le Duc regarda le Prince. Il n'y avait pas de colère dans ses yeux. Pas de ressentiment pour le rappel de ses manques. Juste une compréhension totale et une acceptation de ceux-ci.

« Et vous pensez pouvoir y remédier ? »

Le sourire d'Hariel revient alors orner ses lèvres.

« C'est en cours, cher Duc. C'est en cours. Les choses bougent à Poudlard. C'est déjà un changement important. Quant au reste… Connaissez-vous mes Chevaliers ? »

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Hermione hésita un instant avant de finalement frapper à ma porte du professeur le plus détesté de Poudlard. Elle avait un problème et elle espérait qu'il serait capable de l'aider à le résoudre.

Depuis le début de l'année, elle avait été très prise avec l'ED pour penser aux projets personnels qu'elle avait en cours. C'était notamment le cas de celui qui l'occupait depuis près de trois ans à présent, c'est-à-dire l'adaptation des Potions Magiques Sorcières à l'usage des Démons.

Elle avait l'impression que cela faisait des décennies maintenant qu'elle s'était aperçue que la Pimentine n'agissait pas correctement sur Draco. Depuis elle n'avait cessé de faire des recherches pour trouver des ingrédients du monde démoniaque équivalent à ceux sur terre pour recréer la Potion. À chaque fois, elle s'était heurtée à des obstacles, des composants qui entraient en interaction avec les autres et qui empêchaient le résultat final de fonctionner.

La découverte du meuble d'apothicaire de Salazar Serpentard l'avait bien aidé. Elle avait pu avoir accès à une quantité d'ingrédients rares et précieux qu'elle avait pu analyser avec son Glam Sight. Quant à leur contrepartie démoniaque, elle devait malheureusement se contenter de livres. Elle n'avait jamais eu l'occasion de se retrouver chez un herboriste Démoniaque jusque-là. C'était sans doute cela qui l'avait freiné. Ça et l'irrégularité des résultats de ses yeux Faeriques. Ils avaient été "réparés" depuis, par la Déesse, mais c'était tout simplement le temps qui, cette fois, lui avait manqué.

À son retour de vacances, cependant, elle avait remarqué que le club qu'elle avait mis en place fonctionnait à présent presque tout seul. Elle se retrouvait donc avec du temps supplémentaire pour les recherches qu'elle avait abandonnées. Mais en près de deux mois de travaux, elle n'avait pas avancé. Elle devait donc se rendre à l'évidence.

Elle avait beau être intelligente, elle n'était pas un vrai Potionniste. Elle était bien entendu capable de préparer n'importe quelle Potion existante, elle en était certaine. Mais en créer une n'était peut-être pas dans ses cordes.

Pourtant, elle voulait plus que tout y arriver. D'abord par défi, son orgueil lui intimant de ne pas abandonner avant d'avoir trouvé la solution. Et également parce qu'elle désirait absolument apporter sa pierre à l'édifice du monde Démoniaque comme tout Magicien ayant formé un contrat avec un Démon devait le faire.

En théorie, lorsqu'un Magicien passait un contrat avec un Démon, ce dernier lui permettait d'user de son pouvoir et de sa science. En échange, le Magicien devait aussi donner quelque chose, des réalisations qui bénéficieraient à la société Démoniaque tout entière afin d'augmenter le prestige du Démon.

Sous un contrat similaire, Eleanor avait créé une Magie totalement originale et ouvert la voie vers une nouvelle façon de l'appréhender. De son côté, Hermione n'était même pas capable de fournir une seule Potion. Elle avait toujours rêvé d'être l'égale de sa sœur, mais celle-ci semblait perpétuellement quelques pas devant elle. C'était normal après tout. Elles avaient tout de même plus de 10 ans de différence d'âge. Sauf que depuis quelques années à présent, elle avait l'impression que cet écart se creusait encore et encore.

C'était donc pour combler cette distance qu'elle frappait aujourd'hui à la porte du bureau de Severus Rogue. Celui-ci n'était pas seulement un professeur, c'était également un Maître de Potion agréé par la Guilde des Préparateurs ce qui était loin d'être anodin. Pour cela, il avait dû créer une nouvelle Potion qui avait été reconnue d'utilité publique.

Permettre aux Loup-Garous de ne plus être une menace à la pleine lune était une réalisation que l'on pourrait considérer comme d'utilité publique. On penserait que l'inventeur de la Potion Tue-Loup démissionnerait de son travail d'enseignant qu'il semblait détester pour se consacrer à la recherche, mais cela n'avait pas été le cas. Certains disaient que c'était par reconnaissance envers Dumbledore, mais Hariel était certain (et Hermione était d'accord avec elle) que le directeur lui serrait en fait la bride pour qu'il reste son espion.

Hermione frappa. Elle attendait quelques instants, mais aucun son ne sortit de la pièce. Pourtant, elle savait que le professeur Rogue était dans son bureau. Elle pouvait voir au travers du mur grâce à ses yeux Faeriques. Cependant, celui-ci ne répondait pas.

La jeune fille ne se laissa toutefois pas démonter et se contenta de pousser la porte qui était ouverte.

« Professeur ? » Dit-elle en glissant la tête à l'intérieur. « Désolé de vous déranger, mais j'aurais voulu vous parler. »

« Mes Granger » siffla alors Severus. « Est-ce qu'on ne vous a pas appris à frapper avant d'entrer ? »

« Je l'ai fait. Mais vous n'avez pas répondu. »

« C'est qu'il devait y avoir une raison, vous ne pensez pas ? »

Son ton était de plus en plus acide.

« Vous savez ce qu'on dit ? Qui ne dit mot, consent » objecta Hermione avant de finalement entrer dans la pièce.

Elle savait qu'elle agissait un peu comme Hariel en cet instant. C'est fou comme sa nonchalance et son aplomb pouvaient déteindre sur elle. Manifestement, au vu de l'expression du professeur, celui-ci l'avait également remarqué.

« Et que me vaut le plaisir de votre intrusion ? » cracha Severus.

« J'ai… disons un problème » répondit Hermione. « Je suis, comme qui dirait, coincé sur une Potion et j'aurais voulu votre aide. »

À ces mots, Severus se figea. Il écarquilla les yeux pendant une seconde avant que ses traits ne changent. Avec surprise (mêlé aussi d'un peu d'effroi), Hermione le vit lutter pour empêcher les coins de sa bouche de remonter.

« Et donc… vous… Miss Granger, Miss je-sais… enfin, celle qui connaît toujours les réponses en cours est coincé par l'un de ses devoirs. »

Sa voix était hachée comme s'il essayait de ne pas rire.

« C'est… inattendu. »

« Ça n'a rien à voir avec un devoir pour l'école » souffla Hermione en roulant des yeux, « c'est un travail personnel. J'essaie de créer une nouvelle version de la Pimentine, mais je bute sur des incompatibilités au niveau des ingrédients. »

« Et pourquoi voudriez-vous modifier une Potion qui a déjà pleinement prouvé son efficacité ? » Demanda Severus qui avait repris le contrôle de son visage.

Hermione se retint de lever les yeux au ciel. Elle aurait pensé qu'un esprit aussi brillant que celui de Severus n'ait pas été corrompu par l'indolence généralisée qui caractérisait le Monde Sorcier. Pour eux, tant que quelque chose fonctionnait, il était inutile d'y revenir. C'était la principale cause du marasme dans lequel se trouvait leur société.

« En fait, il y a quelque temps, j'ai remarqué que la Pimentine avait moins d'effet sur les Démons que sur nous. J'ai donc pensé qu'en créant une Potion similaire, mais avec des ingrédients provenant du Makai, qui est leur milieu naturel, elle serait plus efficace. »

« C'est donc cela qui vous bloque ? » Demanda Severus.

Il tentait par tous les moyens de paraître indifférent, mais Hermione voyait parfaitement qu'il était intéressé.

« J'espère pour vous que cela concerne strictement les Potions. Vous savez que si ça sort du cadre de mes attributions, je ne pourrais pas vous aider » dit-il tout de même.

Hermione roula des yeux. C'était la dernière lubie d'Ombrage. Après la parution de l'article sur les évasions d'Azkaban près d'un mois auparavant, les élèves avaient commencé à poser des questions à leurs professeurs. De nombreuses questions. Celui sorti le même jour sur le Skeeter avait empiré les choses puisque Rita, revancharde au possible, s'en était pris au Ministère à demi-mot, le rendant responsable du manque de sécurité de la prison.

Cela avait résulté à un nouveau Décret d'Éducation, le numéro 28 où il était « désormais interdit aux professeurs de divulguer la moindre information qui ne concerne directement les matières qu'ils sont payés pour leur enseigner ». En clair, quiconque discutait sur l'énorme bévue du Ministère serait renvoyé.

C'était une nouvelle preuve du mépris de la femme pour l'éducation en général et le travail des enseignants en particulier. Leur fonction n'était pas seulement de transmettre des connaissances à leurs élèves, de leur, c'était aussi de leur permettre de développer leur autonomie de travail ainsi qu'un esprit critique. Les forcer à abandonner une partie de leurs attributions de cette façon était une manière évidente et dommageable d'empêcher les élèves de grandir et de devenir des êtres indépendants d'esprit.

Mais le mal provoqué par ce nouveau décret ne s'arrêtait pas là. Poudlard était un environnement en vase clos où les seuls adultes étaient les professeurs. Or si ceux-ci ne pouvaient plus assurer les fonctions de confident et ne référant, les enfants se retrouvaient dans un espace où ils ne pouvaient plus faire confiance aux adultes pour les aider. Ce que faisait Ombrage, c'était exiger cette confiance aveugle des élèves pour les adultes seulement du fait qu'ils étaient des adultes et sans leur apporter de raison de le faire.

En clair, elle creusait un peu plus à propre tombe.

« Tout d'abord, ce qu'Ombrage ignore ne peut pas nous faire de mal » fit remarquer Hermione. « Et ensuite, oui. Ça ne concerne que le domaine des Potions. Pas la peine de s'inquiéter. »

« Bien » répondit Severus. « Le problème c'est que je ne vois pas trop ce que je pourrais faire. Après tout, je ne suis pas familier avec la faune et la flore Démoniaque. Cependant, si vous avez des notes que je peux consulter, j'y jetterai un œil à l'occasion. »

« Je les ai toujours sur moi » dit Hermione.

Elle fouilla sa poche et en sortit un petit rectangle marron. Elle fit un geste et le pavé grandit pour se transformer en carnet à la couverture en cuir et de la taille d'une main environ qu'elle posa sur le bureau.

Aussitôt, oubliant toute dignité, Severus se jeta presque dessus et l'ouvrit avidement. Hermione haussa un sourcil avant de secouer la tête en levant les yeux au ciel. Ne sachant pas si elle devait partir ou non, elle se mit à regarder autour d'elle.

Le bureau de l'homme était presque comme elle et tout le monde au château l'avaient imaginé… et en même temps pas du tout. L'endroit était sombre et meublé sobrement. Un bureau, un fauteuil, deux chaises devant et un canapé dans un coin. Le reste était occupé par des étagères de livres et de fioles colorées, des meubles à multiples tiroirs pour les ingrédients ainsi que de coffres, probablement pour le matériel. Une porte dans un coin devait mener à un laboratoire privé. Cela pouvait sembler étrange que la préparation se fasse ailleurs que là où se trouvent les ingrédients et les équipements, mais c'était par mesure de sécurité. En cas de problème avec la Potion, au moins un gâchis potentiel serait évité. Perdre tous ses ingrédients à cause d'une explosion de Potion ne devait pas être très agréable.

En tout, les cas, l'ensemble que l'on n'aurait pu croire froid et inquiétant demeurait assez chaleureux. Plusieurs chandeliers éclairaient la pièce au lieu d'un lustre zénithal et le mobilier, même s'il était rare, semblait confortable. Il régnait dans ce lieu une sorte de douce chaleur et la lumière paraissait iridescente par endroit à cause des liquides colorés qu'elle traversait.

Finalement, les yeux d'Hermione tombèrent sur une réelle incongruité. Une fleur en pot. Celle-ci ressemblait à une jacinthe, mais d'un rouge rubis scintillant. Sa tige était d'un vert sombre parcourue de veines lumineuses et ses feuilles étaient dentelées. C'était vraiment un végétal magnifique, mais Hermione doutait que le professeur soit du genre à décorer son bureau avec des fleurs.

« Qu'est-ce que c'est ? » Demanda alors Hermione.

« Mmh ? » Balbutia Severus, enterré dans les notes de la jeune fille.

« La fleur » précisa celle-ci.

« Un cadeau d'un collègue qui me l'a envoyé pour que je l'étudie » répondit distraitement l'homme.

Hermione s'avança et fronça les yeux.

« Vous a-t-il dit d'où elle venait ? »

« De… euh… quelque part en Italie, je crois. Sur une pente cachée du Stromboli. »

Décidément, il était bien plus loquace quand il était concentré sur quelque chose d'important.

« C'est étrange… » dit Hermione en fixant la fleur. « Elle est originaire du Makai. »

« Mmh… Quoi ? » S'exclama soudain Severus.

Il se leva de son bureau et se précipita en direction de la jeune fille.

« Vous êtes sûr ? »

« Assez oui. »

Elle se remit à observer la fleur.

« Je ne l'ai jamais rencontré au cours de mes lectures. C'est étrange » marmonna-t-elle comme pour elle-même. « Par contre, c'est amusant, ses propriétés pourraient très bien lui permettre de remplacer l'algue joyau pour notre Potion. Sa compatibilité n'est pas très bonne avec le sang de lézard des volcans, mais si on en ajoute qu'une seule goutte au lieu de deux ça devrait aller. On pourra compenser la différence avec 1… 2… 3… non, 2,5 grammes de pierres d'essence de feu supplémentaires. »

« Attendez un instant ! » S'exclama alors Severus. « Si vous n'avez jamais vu cette plante, comment pouvez-vous connaître ses propriétés ou ses interactions avec d'autres ingrédients ? »

Hermione regarda l'homme quelques secondes puis ôta ses lunettes. Severus écarquilla les yeux quand il vit les iris rubis fendus dissimulés sous l'illusion. Celles-ci étaient légèrement différentes depuis l'été. Moins grosses, elles avaient plus la taille de prunelles ordinaires et la pupille était plus ovale que rectiligne. De même, la peau congestionnée qui se trouvait au coin de ses paupières depuis son incident avait disparu.

« On appelle ça des yeux Faeriques » dits Hermione. « Ou Glam Sight. Ils me donnent plusieurs capacités comme celle de pouvoir analyser mon environnement et notamment la magie. Les informations recueillies par mes yeux sont transmises à mon cerveau sous forme de runes. »

Généralement, pour des végétaux terriens, ou au moins d'Europe, ces informations s'affichaient en Futhark, les runes nordiques. Mais quand elle avait examiné la fleur, elle avait perçu des runes démoniaques.

« Même si je ne connais pas le nom que l'on donne à une plante ou un animal, je peux obtenir toutes les informations qui leur sont relatives. »

« Remarquable… » balbutia Severus.

« Quant aux interactions et au fait que je sais comment les régler, c'est aussi grâce à mes yeux. En partie » expliqua encore Hermione. « Avec de l'entraînement, je suis parvenu à modéliser, en quelque sorte, la préparation d'une Potion dans mon esprit. Grâce à cela, je peux en élaborer une version virtuelle… illusoire si vous préférez en l'aidant de toutes les données recueillies par mes yeux. »

Elle ne savait pas si la Déesse, en lui accordant ces pouvoirs, avait vraiment prévu la façon dont elle les utiliserait. C'était possible. Ou alors peut-être lui avait-elle seulement donné des outils à développer elle-même.

« Avec un tel pouvoir, comment pouvez-vous ne pas parvenir à… »

« Tout connaître d'un ingrédient que je rencontre ne veut pas dire que j'ai la science infuse » répondit Hermione à la question presque informulée.

Elle ignora le reniflement de son interlocuteur.

« Il y a de trop nombreuses plantes, champignons, et substances d'origine animale sur terre et aussi dans le Makai pour que je les aie toutes déjà analysées. Les livres aident, mais il faut que je voie les ingrédients en vrai pour que cela fonctionne. Je procède donc presque seulement par tâtonnement en fonction des ingrédients sur lesquels je peux mettre la main dessus. C'est pour ça que je voulais demander conseil à quelqu'un qui avait une connaissance étendue sur les Potions et qui pourrait me guider. Quelqu'un… comme vous. »

« Je… je vois » dit finalement Severus.

Il semblait incertain. C'était une attitude assez étrange pour cet homme toujours si sûr de lui.

« Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas versé en ingrédients Démoniaques… »

« Je pourrais vous fournir des livres sur le sujet et les quelques-uns que je possède » l'interrompit Hermione.

Elle savait que ce genre d'appât était bien trop tentant pour qu'il l'ignore.

« Très bien » dit-il finalement. « Laissez-moi vos notes et je vous dirai ce que j'en pense. »

À ce mot, il se réinstalla à son bureau et se remit à lire. Hermione attendit quelques secondes avant de comprendre que c'était le signal pour elle de partir. Elle allait refermer la porte derrière elle quand un cri la fit sursauter.

« Miss Granger ! Revenez ici ! »

Hermione hésita un instant avant de faire marche arrière. Elle sursauta à nouveau quand elle vit Severus se précipiter vers elle.

« Ça ! » S'exclama-t-il en plaquant presque son carnet sur son visage. « Ça, c'est quoi ? »

Hermione parvint à se dégager et saisit le document avant d'observer la page sur laquelle il était ouvert. Apparemment, Severus était tombé sur un autre de ses travaux en cours.

« Ça ? » Dit-elle sur un ton mi-figue mi-raisin dissimulant la satisfaction d'être devenu celle qui apprenait quelque chaise au grand Severus Rogue. « D'après Hariel, rien de moins que les plus puissants Sorts de Soin qui existent. Je vous explique ? »

0o0o0

Hariel se sentait fatigué. Un peu déprimé également. Allongé sur un canapé de leur Repaire, il regardait le plafond. Le timide soleil de printemps entrait par les fenêtres de la reconstitution de la Salle Commune de Serdaigle et éclairait la pièce d'une lumière fraîche.

On était début mars et il avait enchaîné les rencontres avec diverses personnalités du Monde Magique, Excalibur et Fumseck couvrant ses arrières auprès de Dumbledore. Certes, ils avaient à présent le Duc Fowley de leur côté ce qui était un formidable atout politique. Lors de leur entretien, Hariel avait été franc et direct, comme l'homme appréciait qu'on s'adresse à lui. Il avait parlé des Chevaliers et des groupes de travail déjà mis en place, des réformes qu'il voulait proposer, etc. Voyant que le Duc était réceptif à sa cause, il avait continué en révélant la véritable identité du Prince, à la fois en tant que Harry Potter que Gremory.

C'était un coup de poker énorme. Une prise de risque, mais de risque calculé. Une personne comme Hector Fowley ne supporterait pas de découvrir certaines informations sur le taré. Pas de cette manière. Au final, sa réaction avait été plutôt positive. Heureusement. Bien entendu, en cas de problème, Hariel était plus que prêt à effacer la mémoire de l'homme, mais cela n'avait pas été nécessaire.

C'est ainsi que les rangs des Chevalier s'étaient retrouvés grossis par l'arrivée d'Erek (surnom choisi par Fowley lui-même) à la satisfaction de tous. En effet, sa présence avait considérablement accéléré la course au trône. Pour une fois, l'instinct de mouton des Sorciers devait à quelque chose. Après tout, qui ne voudrait pas être à la fois dans les petits papiers du Prince et ceux du Duc ?

Cependant, cette accélération était venue avec un coût et Hariel en payait à présent les frais. Il était non seulement physiquement épuisé (ce qui n'était pas rien pour un Démon) et mentalement. Il n'arrivait même plus à travailler sur sa thèse annuelle. Pour la première fois depuis des semaines, il avait un samedi après-midi de libre. La recherche scientifique et les longues heures à résoudre les problèmes de ce monde avaient toujours été plus un passe-temps qu'un véritable travail. Une manière de se détendre. Et pourtant, aujourd'hui, rien n'était venu. Il était resté pendant plus d'une heure à regarder ses tableaux blanchis à la craie sans rien noter avant d'abandonner et de s'effondrer sur le canapé.

Et dire que lorsqu'il serait sur le trône, il y aurait sans doute deux fois plus de travail. C'était effrayant d'y penser. Aurait-il même le temps de continuer ses recherches ? Ou de passer d'autres doctorats ?

« Tu dois être fatigué pour avoir fait une erreur pareil » dit alors une voix.

Hariel se redressa. Draco se tenait devant les grands panneaux noir couverts de symboles blancs. Il effaça un " " sur un algorithme différentiel de la vitesse en milieu supraluminique puis prit une craie sur le rebord. Il traça à la place un "", ajouta un signe négatif sur le produit factorisé puis décala la virgule sur le résultat final.

Le voyant faire, Hariel se précipita. Il l'écarta assez peu délicatement de son travail et regarda ce qu'il avait fait. Il reprit le calcul et se rendit alors compte que ses corrections étaient… justes.

« Mais… que… comment » balbutia-t-il. a

Draco était loin d'être bête. C'était un excellent élève. Depuis des années, il était deuxième dans toutes les matières derrière Hermione. Premier dans les cours qu'elle ne suivait pas. Bien entendu, si Hariel ne faisait pas semblant que la Potion de Stupidité dont tentait de la gaver Dumbledore depuis près de quatre ans fonctionnait, il n'aurait été que troisième (et quatrième si Dean n'essayait pas de garder ses nouvelles facultés cognitives sous le radar), mais cela restait un bel exploit.

Pourtant, Hariel savait qu'il n'avait ni le type d'intelligence ni même les connaissances adaptées à la résolution d'un tel calcul. Ou du moins, se dit-il après un instant, il ne les avait pas quelques mois auparavant.

« Attends que je résume » dit-il. « Non seulement tu t'es donné de plus grands pouvoirs et une plus grosse bite, mais aussi un plus gros cerveau ? »

« Ben… » hésita Draco en haussant les épaules.

« Pourquoi ? » Demanda Hariel. « Je veux dire, tant qu'à faire, pourquoi pas. Avec la capacité de se créer un corps parfait, pourquoi ne pas aussi augmenter ton intelligence. Mais pourquoi… »

« Fuku » répondit Draco. « Enfin, Ichiryu. Quand tu l'as créé, tu as dit que c'était parce que tu voulais un interlocuteur à ta mesure. Donc quand j'ai eu la possibilité de devenir plus que ce que j'étais avant, j'ai décidé d'avoir un plus grand pouvoir afin de te protéger, un corps à la fois fort et attirant et… un intellect pouvant être équivalent au tien. »

« Tout ça… pour moi ? » Demanda Hariel.

C'était flatteur, touchant… et aussi un peu effrayant. Voir que toute l'existence de Draco tournait autour de lui au point qu'il ait littéralement changé pour lui donnait le sentiment de ne pas être à la hauteur de l'amour que l'autre garçon lui portait. Par rapport aux sacrifices et efforts qu'il avait consentis, il se sentait égoïste et sans cœur.

Fort heureusement, Draco le connaissait bien.

« Ne va pas croire que je n'ai pas aussi fait ça pour moi. Tu penses que ça me plaisait de passer pour l'idiot de service du groupe ? »

La boutade fit rire Hariel. Le doute restait encore dans son esprit, mais il se sentait déjà un peu mieux.

« N'empêche, tu aurais pu choisir pure comme modèle. Si c'est mon intelligence que tu as copiée, cela veut dire que la tienne doit être particulièrement… grosse. »

« Qu'est-ce qui est gros ? » Demanda alors une voix dans leur dos.

Les deux garçons se retournèrent et virent Hermione et Dean qui venaient d'apparaître dans le Repaire.

« Le cerveau de Draco » répondit Hariel. « Apparemment, Monsieur s'est dit qu'un plus gros cerveau ferait bien dans son CV quand il s'est créé un nouveau corps. »

« Quoi ? » S'exclama alors Dean. « En plus de ta grosse bite ? »

Draco ricana.

« Ouais, en plus de ma grosse bite. »

« Est-ce qu'on pourrait arrêter de parler de la bite à Draco ? » Soupira Hermione.

Les trois garçons ricanèrent.

« Tiens au fait » dit alors Dean qui, pendant la conversation, s'était à son tour approché du tableau noir. « Si tu arrives à traduire la mécanique de cette équation, tu devrais pouvoir raccourcir tes calculs de poussée. »

En disant ces mots, il se mit à noter une suite de signes sur un pan encore vierge. Hariel savait qu'il s'agissait de chiffres et de symboles mathématiques Alterans. Parvenir à traduire les notions dont il était question ne serait pas simple, mais ce serait assurément un coup de pouce bien utile à son travail.

« Ahiram et moi on a pensé que ça pourrait t'aider » rajouta-t-il. « Ça nous est venu à force de passer devant ce tableau presque tous les jours. »

« Génial » grogna alors Hermione. « Maintenant, je suis la moins intelligente du groupe. »

À ces morts, les trois garçons se regardèrent puis éclatèrent à nouveau de rire.

« Hermione, tu ne seras jamais la "moins intelligente" » dit Hariel en essuyant une larme au coin de son œil.

Avec ce fou rire, Hariel sentait une nouvelle énergie affluer en lui. Il avait beau avoir peur du travail qui serait nécessaire quand il serait Roi, mais il savait qu'il n'aurait pas à tout faire tout seul. Ses amis seraient là, sa famille aussi et les Chevaliers ainsi que chaque Sorcier et Sorcière de Grande-Bretagne. S'il parvenait à insuffler en eux la même passion qui l'habitait alors, il savait qu'il n'aurait plus à s'en faire pour l'avenir du pays… et le sien.

0o0o0

Ce sont les cris et les pleurs qui alertèrent Hariel et les autres alors qu'ils remontaient des cachots. Inquiet, il croisa le regard d'Hermione et celui de Dean avant de se précipiter vers le Grand Hall. Il remarqua qu'une foule se trouvait là, disposée autour de quelque chose proche de la gigantesque porte. C'était de là que provenait le vacarme. Du coin de l'œil, il vit arriver Draco et Proteus. Les deux avaient des cours dans les étages, mais avaient dû descendre pour le dîner. Comme tous les élèves présents ici, d'ailleurs.

Rapidement, il se fraya un chemin à travers le groupe et arriva enfin au bord du cercle formé par les adolescents aux visages choqués et effrayés. En face de lui se trouvait le professeur McGonagall. La femme avait une expression qu'il ne lui avait jamais vue. Apparemment, le spectacle sous ses yeux lui soulevait le cœur.

Au centre se trouvaient trois autres femmes. Le professeur Trelawney se tenait là, hagard, sa baguette dans une main et une bouteille d'alcool dans l'autre. C'était elle qui poussait les cris. Ses lunettes épaisses en cul-de-bouteille étaient de travers et les châles et écharpes qui la recouvraient habituellement pendaient de ses épaules. Derrière, tentant de la maintenir debout, se tenait le professeur Sinistra. La femme au port altier, à la peau sombre et aux lèvres pincées jetait sur sa collègue des regards de pitié mêlés de dégoût et d'énervement. Cependant, cela n'était rien aux côtés de ceux qu'elle lançait à la troisième personne présente et qui n'étaient autres que Dolores Ombrage.

Les deux anciens professeurs se tenaient au milieu de plusieurs valises dont une était retournée sur le sol, comme si on l'avait tout simplement jeté.

« Non ! » Hurla Trelawney. « Non ! Ce n'est pas possible… ça ne se peut pas ! Je refuse de l'accepter ! »

« Allons, très chère, n'avez vous pas remarqué que cela vous pendait au nez ? » Lui demanda Ombrage avec sa voix aiguë de petite fille. « Même en étant incapable de prédire le temps qu'il fera demain, vous auriez dû deviner que vos piètres performances au cours de mes inspections et votre absence totale de progrès par la suite rendaient votre renvoi inévitable. »

Hariel renifla. Ombrage voulait-elle vraiment faire croire qu'elle avait cherché à aider Trelawney ? Quelle blague ! Hariel connaissait peu le professeur. Il ne prenait pas ses cours. Même chose sur ses amis proches. Il avait cependant eu des échos. Certains de ses élèves ne tarissaient pas d'éloges sur elle. C'était le cas, notamment, de Lavande Brown et Parvati Patil, deux Gryffondors de leur année qui embrassaient pratiquement le sol qu'elle foulait. Il avait reçu des avis plus nuancés de la part d'autres étudiants et même carrément négatifs provenant de Ron.

Selon lui, ses cours étaient plus une escroquerie qu'autre chose. S'il devait la décrire, Hariel dirait que la femme était un mélange de Madame Irma d'opérette et d'arnaqueuse. Sa salle de classe, au sommet de l'une des plus hautes tours, ressemblait à un souk avec des tapis et de lourds voilages un peu partout, sans doute pour donner une apparence mystique au lieu. L'air était embrumé par l'encens cependant depuis quelque temps il peinait à couvrir une autre odeur plus entêtante encore. Celle de l'alcool.

Si Hariel devait donner une date, il dirait que la consommation du professeur avait grimpé en flèche à partir de la première inspection d'Ombrage. "Première" parce qu'il y en avait eu plus. Apparemment, la femme se rendait en cours de Divination assez souvent au point que cela pouvait être considéré comme du harcèlement. Elle se tenait au fond de la classe, prenant des notes dans son carnet et faisant des bruits de désappointement continuel. Puis, à la fin du cours, elle se contentait de dire qu'il allait falloir améliorer la chose avant de partir. Aucune remarque constructive, aucun conseil… Elle ne faisait même pas mention des "problèmes" qu'elle avait relevés.

Il était évident que son but n'était pas d'aider le professeur Trelawney à mieux enseigner. Non, elle en avait en quelque sorte fait son bouc émissaire afin de montrer aux autres ce qui pourrait leur arriver. De plus, organiser son départ au moment où les élèves étaient présents dans le hall pour le dîner était le comble du sadisme et une volonté profonde d'humilier encore plus la femme. Pas étonnant que même la sévère et solide Minerva McGonagall (la vraie, pas le chien-chien de Dumbledore) en ait la nausée.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! » Geignit Trelawney dans un sanglot étouffé alors que les larmes ruisselaient sous ses énormes lunettes. « Vous ne… pouvez pas me renvoyer ! Je… je suis ici depuis 16 ans ! Poudlard est… c'est ma maison ! »

« C'était votre maison » dit Ombrage avec un sourire triomphant en accentuant bien le premier mot pour enfoncer le clou. « Mais depuis que le Ministre de la Magie a signé vos ou plutôt vos deux révocations i peine une heure, vous n'habitez plus ici ni l'une ni l'autre. Veuillez donc avoir l'amabilité de prendre vos affaires et de dégager ce hall. Vous nous embarrassez. »

Hariel sentit son pouvoir flamboyer en lui, mais il le ravala en même temps que sa colère. Près de lui, il sentait Hermione, Dean et Draco faire de même. Peu importe ce que l'on pouvait penser de Trelawney, elle ne méritait pas d'être humiliée de la sorte. Et le professeur Sinistra, puisqu'il semblait qu'elle soit aussi renvoyée, encore plus.

« Allons, allons, Sybille, je vous en prie. Reprenez-vous » murmura cette dernière à sa collègue en tentant de la consoler.

« Aurora à raison » dit alors McGonagall en s'avançant, un mouchoir à la main. « Calmez-vous… Tenez, mouchez-vous. Ce n'est pas si grave. Vous ne serez pas obligé de quitter Poudlard. Vous non plus Aurora. »

« Ah vraiment Professeur McGonagall » dit Ombrage sur un ton assassin.

Son intonation avait augmenté de plusieurs octaves en disant ces mots.

« Et qu'est-ce qui vous donne le droit de dire cela ? »

« Moi, bien sûr » dit soudain une voix en dehors du cercle alors que les grandes portes de l'école s'ouvraient avec fracas.

La foule s'écarta pour laisser passer le directeur qui s'avança lentement avec un sourire sur le visage. Derrière lui, les portes restaient ouvertes sur la nuit noire et brumeuse. Un léger vent frais se faisait sentir.

« Vous, professeur Dumbledore ? » Demanda Ombrage avec un petit rire grinçant particulièrement désagréable. « J'ai bien peur que vous n'ayez pas compris la situation. J'ai ici… »

Elle tira de sa robe deux parchemins.

« … Des ordres de révocation signés par moi et par le Ministre de la Magie. Conformément au Décret d'Éducation n° 24, la Grande Inquisitrice de Poudlard a le pouvoir d'inspecter, de mettre à l'épreuve et de renvoyer tout enseignant qu'elle, ou plutôt, je juge incapable de répondre aux critères exigés par le Ministère. Or, j'ai estimé que les professeurs Trelawney et Sinistra n'étaient pas au niveau requis et c'est pourquoi j'ai mis fin à leurs fonctions. »

Des murmures s'élevaient dans le hall. Depuis le début, les élèves n'avaient pas vraiment compris que le professeur Sinistra était sur la sellette autant que Trelawney. Autant pour la seconde, le fait qu'elle soit renvoyée était prévisible (c'était la forme et non le fond qu'ils trouvaient choquante) autant pour la seconde, personne ne comprenait vraiment.

Aurora Sinistra avait toujours été un professeur extrêmement compétent. Cependant, certains élèves avaient rapporté que, lors de ses inspections et seulement à ce moment-là, la femme s'était montrée hésitante voir bégayante et un peu distraite. C'était probablement ce qui avait amené Ombrage à prendre des mesures contre elle également. Des rumeurs avaient alors couru et parlaient d'un complot d'Ombrage contre elle puisque ces "absences" n'arrivaient qu'en sa présence.

Toujours est-il que le Dumbledore, même après la tirade de la femme, continuait à sourire. Il s'avança vers les deux professeurs déchus et posa une main paternaliste sur leurs épaules avant de se tourner à nouveau vers Ombrage.

« Vous avez tout à fait raison, bien sûr, professeur Ombrage. Comme Grande Inquisitrice, vous avez parfaitement le droit de mettre fin aux fonctions de mes enseignants » dit-il. « En revanche, vous n'avez aucune autorité pour les expulser du château. Je crains bien que ce

pouvoir-là incombe encore au directeur de l'établissement. Or, je souhaite que les professeurs Trelawney et Sinistra continuent d'habiter à Poudlard. »

Trelawney laissa échapper un petit rire frénétique ponctué d'un hoquet qu'elle

n'arriva pas à étouffer,

« Non » gargouilla-t-elle. "... Non, je vais… je vais partir, Dumbledore ! Je quitterai Poudlard pour chercher f… fortune

ailleurs… »

« Non » dit alors abruptement Dumbledore. « Je souhaite que vous restiez. »

Puis il reprit rapidement son air de gentil grand-père avant de se tourner vers McGonagall.

« Puis-je vous demander de raccompagner Sibylle chez elle, professeur ? »

« Bien entendu » répondit celle-ci. « Merci, Aurora, je m'occupe d'elle. »

La femme hocha la tête et se recula pour laisser sa collègue se baisser vers la forme gémissante au sol puisqu'entre temps, Sybille s'était effondré.

« Allez, ma chère ! Levez-vous… »

Le professeur Chourave surgit de la foule et se précipita pour prendre l'autre bras de Trelawney. Toutes deux l'entraînèrent vers l'escalier de marbre en passant devant Ombrage. Le professeur Flitwick accourut derrière elles et sortit sa baguette pour rassembler les malles de la femme. Il ne restait plus qu'un petit sac en bandoulière entre les mains de Sinistra.

« Vous pouvez également rester si vous le désirez, Aurora » dit Dumbledore.

« Cela ira » répondit-elle. « J'ai déjà une nouvelle offre d'emploi. Je pensais refuser, mais vu que je ne suis plus la bienvenue ici… »

Elle ponctua ses mots d'un long regard noir à Ombrage. Apparemment, la théorie de l'implication d'Ombrage dans ses problèmes lors de ses cours lui semblait plus que plausible.

« Dans ce cas, je vous félicite » répondit le directeur. « Soyez certaine que nous vous regretterons. »

Personne ne remarqua que, contrairement à Sybille, il n'insista pas. De son côté, le professeur Ombrage resta parfaitement immobile, les yeux fixés sur Dumbledore, toujours souriant.

« Au moins, les quartiers d'Astronomie sont libres » grinça-t-elle. « Mais qu'allez-vous faire lorsque j'aurai nommé un nouveau professeur de divination qui aura besoin des siens ? »

« Oh, ça ne posera aucun problème, répondit Dumbledore sur un ton enjoué. "Figurez-vous que j'ai déjà trouvé un nouveau professeur de divination et il préfère loger au rez-de-chaussée."

« Vous avez trouvé ? » S'étouffa Ombrage. « Vous avez trouvé ? Puis-je vous

rappeler, Dumbledore, qu'en vertu du décret d'éducation numéro vingt-deux… »

« Le ministère est chargé de choisir lui-même la personne qualifiée dans le cas et uniquement dans ce cas, où l'actuel directeur ne serait pas en mesure de trouver lui-même un candidat » répondit

Dumbledore. « Or, je suis heureux de vous annoncer qu'en la circonstance, j'ai réussi. Puis-je vous présenter ? »

Il se tourna vers les portes ouvertes à travers lesquelles filtrait à présent la brume nocturne. Un bruit de sabot se fit entendre. Puis un murmure stupéfait le replaça à la vue de celui qui venait d'apparaître dans les ombres de la nuit. Les élèves qui se trouvaient encore devant la porte s'écartèrent à nouveau, mais pour laisser un massage plus large que la première fois à cause de la stature de celui qui pénétrait à présent dans le Hall en faisant claquer ses sabots sur le sol.

Immédiatement, Hariel reconnut la robe palomino du Centaure qui venait d'entrer. Elle était plus claire que dans ses souvenirs, mais c'était sans doute parce que la dernière fois, il ne l'avait vu qu'avec sa vision nocturne et sous la pâle lueur de la lune et non sous celle des torches de l'école. Ses cheveux blonds dorés ainsi que sa queue brillaient également, mais pas autant que ses yeux bleu saphir.

« Voici Firenze » dit Dumbledore d'un ton joyeux à une Ombrage qui semblait frappé par la foudre. « Je pense que vous le trouverez qualifié pour ce poste. »

0o0o0

« Vous avez vu la tête que faisait Ombrage ! » S'exclama Dean avec un rire joyeux.

Les quatre s'étaient écartés pour discuter en paix avant de rejoindre les autres pour le repas. Cachés dans les escaliers menant aux cachots, ils étaient invisibles pour la plupart des habitants du château.

« Oui. Je te rappelle qu'on était là » lui répondit Hermione. « En tout cas, ça me fait presque mal de le dire, mais c'était un coup de maître de la part de Dumbledore. »

« C'est un sournois. Nous l'avons toujours su » fit remarquer Hariel. « Rien ne dit explicitement que le personnel de Poudlard doit être Humain. C'est pour ça qu'Ombrage n'a pas pu faire renvoyer Hagrid et Flitwick malgré sa xénophobie rampante. Et les Centaures sont connus pour leurs dons d'astromanciens. En tout cas, il est clair que Dumbledore déteste Ombrage presque autant que nous. Ça me le rendrait presque sympathique. »

« Tu ne vas quand même pas nous faire le coup de l'ennemi de mon ennemi… » commença Draco.

« Certainement pas » s'indigna son compagnon. « Qu'ils s'entredéchirent, je serais positivement ravi. »

« C'est tout de même un peu dommage pour ceux qui sont au milieu. Comme Trelawney et Sinistra » dit Hermione.

Puis elle fronça les sourcils.

« Une question quand même » dit-elle. « Il est clair que ce n'est pas par bonté d'âme que Dumbledore a laissé Trelawney rester. Au départ, je pensais que c'était pour emmerder Ombrage, mais il n'y a pas que ça, non ? »

« Trelawney est une voyante médiocre, c'est vrai, mais c'est une véritable Oracle. C'est elle qui a annoncé la prophétie entre Voldemort et moi. C'est pour ça que Dumbledore veut la garder sous la main. »

« Et qu'il a insisté autant pour qu'elle reste alors qu'il a presque jeté le professeur Sinistra dehors » conclut-elle. « Franchement, je me sens vraiment triste pour elle. Quel besoin Ombrage avait de s'acharner sur elle aussi au point de l'ensorceler pour lui faire rater ses inspections. »

À ce moment-là, Hariel se mit à danser d'un pied sur l'autre.

« En fait » commença-t-il, hésitant, « pour le coup, ce n'est pas Ombrage qui l'a ensorcelée. C'est moi. »

« Pardon ! » S'exclama Hermione en ouvrant de grands yeux réprobateurs. « Mais… mais pourquoi ? Je ne comprends pas. Tu cherchais à ce qu'elle soit renvoyé ? »

« Oui » répondit simplement Hariel. « Tu sais l'offre d'emploi dont elle a parlé avant de partir ? Ça venait de moi. Enfin, plutôt, ça venait de Balbok pour le compte du SPE Trust. »

« Tu l'as faite virer… pour l'embaucher ? » Demanda Dean. « C'est exagéré, non ? »

« Je te connais bien donc je vais te laisser l'occasion de t'expliquer, mais ça a intérêt à être convaincant, Hariel Andrammax Potter-Gremory. »

« Ne dis pas mon vrai nom à voix haute » siffla Hariel en regardant de tous les côtés.

Une fois qu'il se fut assuré que personne n'avait entendu, il jeta un Sort d'Intimité autour d'eux. Il mit ensuite sa main à l'intérieur de sa robe et en sortit deux liasses de parchemins reliés. Elles ne se trouvaient bien sûr pas dans sa robe, mais c'était plus discret de les retirer de sa Dimension Personnelle de cette façon. Il tendit les deux ouvrages à Hermione qui fronça les sourcils.

Le titre du premier était « Ascendant Céleste. De l'influence des mouvements cosmologiques sur l'utilisation de la magie » et le second « Astronomie et Astrophysique. Complémentarité de l'étude des étoiles chez les Sorciers et les Mordus ». Les deux étaient signés « A. Sinistra ».

« Puisque Rutherford était concentré sur l'éducation et la recherche, il a fait un rapide tour d'horizon dans divers établissements d'enseignements supérieurs afin de jeter un coup d'œil aux thèses des étudiants. »

« Pourquoi ? » Demanda Draco.

« Il espérait en trouver qui développait des idées originales. Cela lui aurait permis d'amener de nouveaux talents dans son groupe de travail. Au passage, il m'a envoyé ces deux-là. Il pensait que ça m'intéresserait au vu de mon propre sujet de doctorat. »

« Donc, ce sont toutes les deux des Thèses écrites par le professeur Sinistra ? » Demanda Dean alors qu'Hermione les feuilletait.

« Et elles sont brillantes par-dessus le marché. Un tel niveau aurait dû lui donner les honneurs et des postes d'enseignant-chercheur. »

« Mais elle a choisi Poudlard ? Ça n'a pas de sens » dit Hermione. « Je sais que c'est censé être la meilleure école du monde, mais ce n'est que de l'enseignement secondaire. »

« En fait, elle n'a pas vraiment choisis d'enseigner ici. J'ai dit que son travail aurait dû être reconnu, pas qu'il l'avait été. »

Hermione regarda à nouveau les titres.

« Bien sûr » dit-elle. « Rapprocher la sorcellerie de la science sapiante a dû la faire passer pour une originale. »

« Plus que ça. Elle a carrément été conspuée et ses travaux, même antérieurs, invalidés, y comprirent sa première thèse » dit Hariel en montrant le second document. « Le seul endroit qui lui restait, c'était Poudlard puisque Dumbledore était connu pour recueillir les "chiens errants". »

« C'est triste, mais ça n'explique toujours pas pourquoi tu t'es cru obligé de massacrer sa carrière. »

« En fait, ce n'était pas la première invitation que nous lui avions envoyée » révéla Hariel. « Nous essayons de la recruter depuis septembre, mais elle a toujours refusé. Je ne sais pas si c'est par crainte d'être à nouveau au centre d'un scandale ou par loyauté envers Dumbledore, mais je devais trouver un moyen de l'amener là où ses talents ne seraient pas gâchés. »

« Contre son avis, Hariel. Tu l'as forcé. Même si je me doute qu'elle sera plus heureuse en réalisant son potentiel, ce ne sont pas vraiment des méthodes. »

« Je te rappelle, Hermione, que je vais être Roi. J'ai besoin des meilleurs autour de moi pour m'aider à redresser le pays. Alors c'est vrai que ces méthodes ne sont pas très éthiques, mais crois-moi que je ferais le nécessaire pour qu'elle n'ait pas à en souffrir. Et également que je n'utiliserais ce genre de méthode qu'en dernier recours. »

Hermione souffla par le nez pour évacuer sa colère. C'est vrai. Hariel allait être roi de la même façon qu'elle était Reine. Mais contrairement à lui, elle avait beau avoir le titre, elle n'en avait pas encore les responsabilités. Hariel, lui se démenait déjà pour sauver son pays du marasme dans lequel il s'enfonçait. Jusque-là, il avait été exemplaire. Seul cet incident jouait avec la ligne de l'éthique. Cependant, elle devait penser à ce que, elle, aurait fait dans cette situation. Si le sort du peuple dont elle avait la charge en dépendait.

Elle laissa donc couler pour cette fois. Mais elle décida également de garder les yeux bien ouverts.

Au cas où.

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Personne n'avait prévu de tempête dans la mer d'Irlande durant cette nuit du 4 au 5 avril 2016. Aucun indice météo n'avait indiqué que cela puisse être possible.

Cependant et pendant une bonne partie de la nuit, les éclairs déchirèrent le ciel alors que le vent se déchaînait, créant des vagues de plusieurs dizaines de mètres. Fort heureusement, aucune perte humaine n'était à déplorer. Le trafic maritime passait plus au sud et aucun bateau de plaisance ou de pêche ne se trouvait dans ces eaux. Du moins selon les données des ports.

La tempête s'était arrêtée aussi brusquement qu'elle était arrivée et sans indices météorologiques pouvant expliquer le phénomène. Les dégâts étant finalement minimes et donc à par les chercheurs et quelques théoriciens du complot, tout le monde oublia rapidement l'événement. Après tout, la mer était de nouveau comme avant. Ni plus. Ni moins.

Mais ce n'était pas tout à fait vrai. En effet, si la majorité de la population ne voyait rien, une certaine frange, elle, constatait que quelque chose avait changé. En effet, au matin, tous les Sorciers de Grande-Bretagne et d'Irlande pouvaient voir que la tempête avait déposé quelque chose sur la surface des flots.

Une ville. Une ville flottante. Une ville de Tours blanches qui reflétaient la lumière et que seuls les êtres doués de magie pouvaient apercevoir.

Une ville de légendes.

Camelot.

À suivre…

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Et voilà un autre chapitre qui sonne véritablement mon grand retour. Pas mal de choses se passent ici. Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Apparemment, le nom de Bella Black a éveillé quelques souvenirs en Hermione. Mais lesquels ? Vous le savez, vous ? Sinon, vous devriez 😁.

Et voici le retour de Camelot. Comment elle est arrivée là ? Je suis sûr que vous pouvez le deviner, non ? En tout cas, vous en saurais plus au prochain chapitre.

En tous les cas, n'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires et je vous dis à la prochaine fois.