Check Mate DxD

Chapitre 126 : La Ville sans Maître/Shoinai Machi

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« CAMELOT : LA CAPITALE LÉGENDAIRE DESCEND DU CIEL

La ville fantastique de Camelot fait partie de nos légendes depuis des temps immémoriaux. Construite par la magie de Merlin, elle accueillait le trône d'Arthur Pendragon, Roi de l'Angleterre Magique et non Magique. Les histoires racontent qu'après la mort d'Arthur, la disparition de Merlin et celle de ma lignée royale Pendragon, la cité blanche se serait envolée vers les étoiles en direction d'Avalon.

En sachant cela, comment ne pas faire le lien avec la ville mystérieuse apparue au large des côtes anglaises et irlandaises durant la nuit ?

Mais résumons d'abord les faits. C'est aux alentours de minuit qu'un orage a recouvert la région entre le Mull de Kintyre, la côte est du comté d'Antrim et la côte ouest du South Ayrshire. Totalement imprévu, et d'une violence rare, il n'a cependant pas entraîné le moindre dégât. À ce sujet, les Sapiants se sont retrouvés incapables de déterminer son origine ou ce qui l'avait provoqué. Dans ce genre de situation, on pourrait alors penser que la Magie serait en cause et que quelques plaisantins auraient essayé de jouer un tour de mauvais goût. Toutefois, il s'avère que les autorités Sorcières ne sont pas plus avancées que les Sapiantes sur la question.

"Nos appareils de surveillance sont en alerte en permanence et leur portée est tout à fait apte à atteindre le lieu où s'est produit l'orage" a appris notre envoyée spéciale de la bouche même du Directeur du Service des Usages Abusifs de la Magie, Beaumont Templar. "Pourtant ils n'ont rien détecté. Quel que soit ce phénomène, cela n'a rien à voir avec de la magie."

La même réponse nous a été donnée par son homologue du Ministère de la Magie Irlandaise. Donc, quelle que soit la cause de cette perturbation, elle demeure un mystère pour tous. Toujours est-il qu'une fois terminé, s'il n'avait pas fait de dégât, l'orage avait laissé quelque chose : une ville flottante que seuls les Sorciers peuvent discerner et constituée de tours d'un blanc pur.

Ce dernier indice nous rapproche ainsi de la description faite dans les contes au sujet de Camelot. Cependant, pour de plus amples éclaircissements, nous nous sommes adressés à un spécialiste, le professeur Leofric Burberry-Fiels, Membre éminent de la Guilde des Historiens de la Magie.

Professeur Burberry-Fiels, vous êtes un expert réputé des légendes Merliniennes, est-ce exact ?

Professeur Burberry-Fiels (PBF) : "Myrddyniennes" si on veut être précis puisque le nom "Merlin" est une déformation moderne de "Myrddyn", le nom sous lequel il était véritablement connu. De plus, ce que beaucoup considère comme des légendes, moi je m'emploie à les replacer dans l'histoire et à en faire des faits.

Que pensez-vous de cette ville mystérieuse ? À votre avis, s'agit-il vraiment de Camelot ?

PBF : Mais assurément. Même sans nous rendre sur place, de nombreux indices nous laissent à penser que c'est le cas.

Quels sont ces indices ?

PBF : Nous ne disposons que peu de texte sur Camelot elle-même. Pourtant le peu que nous avons la décrit comme une "cité irréelle", "flottant sur les eaux telle une île immense" et "aux hautes tours du blanc de la neige baignée de soleil". Pour ce dernier point, nous disposons également d'une référence picturale. Unique, certes, mais bien présente. Un bas-relief trouvé dans des grottes du Nord Ouest du Pays de Galle dans une zone qu'il aurait été impossible d'atteindre, à l'époque sans magie présentait le motif d'une ville ressemblant énormément à celle qui est apparue. L'iconographie myrdinnienne découverte également sur les lieux permettait de confirmer qu'il s'agissait bien d'une référence à Camelot.

Et qu'en est-il, pour vous, de ce mystérieux orage ? Les légendes en parlent-elles ?

PBF : Absolument ! Il existe une prophétie de Merlin lui-même à ce sujet. Après tout, son pouvoir de Divination était bien connu et prouvé. Nous ne disposons bien sûr d'aucun texte écrit de sa main, cependant énormément de Sorciers ont rapporté ses paraboles. Elle dit notamment qu'après s'être exilée vers les étoiles, la ville reviendrait à la place qui est la sienne dans le grondement d'un orage mystique pour accueillir le Roi digne de s'asseoir sur son trône.

Voici donc des paroles très éclairantes et que penser alors de la façon dont les éléments s'enchaînent ? Alors même que le dernier descendant du Roi pour qui cette cité a été construite est couronné à son tour, voilà qu'un trône à sa mesure apparaît.

Hasard ou destinée ? L'avenir nous le dira.

Rita Skeeter

Témoignages : Meredith Blayne

Photographie : Eust… »

Sans même terminer complètement l'article, Cornélius Fudge poussa un grognement agacé et froissa le journal avant de la jeter à travers la pièce. Abandonnée sur le sol, la magie qui l'animait commença lentement à lisser à nouveau le papier. Faisant réapparaître le superbe cliché en noir et blanc qui illustrait le texte et qui était signé Eustace Dodgers, un jeune talent que Rita avait pris dans son équipe alors qu'il se morfondait à un poste sous-payé du Ministère. À cause de son statut de sang, il n'avait pu obtenir d'emploi plus approprié et passait ses journées à travailler en attendant le weekend où il pourrait s'adonner à sa véritable passion : la photographie.

La responsable des entrevues aussi était une recrue récente. C'était une jolie jeune femme rousse aux traits charmants qui avait été engagée comme secrétaire de l'un des Directeurs de Service du Ministère. C'était un poste élevé pour une Née de Sapiante comme elle cependant elle avait rapidement compris qu'il existait un revers de la médaille quand son patron avait commencé des travaux d'approche peu discrets. C'était quand il avait mis pour la première fois sa main aux fesses qu'elle lui avait envoyé la sienne au visage avant de partir. Elle était tombée directement sur Skeeter qui cherchait justement une secrétaire. Quelques semaines après, elle devait en trouver une autre puisque la jeune Mérédith Blayne était devenue reporter junior.

Mais tout cela, le Ministre de la Magie l'ignorait et s'en fichait royalement. Tout ce qui l'intéressait c'était les répercussions de l'article et de son sujet sur sa carrière et son poste. Il ne savait pas du tout comment retourner la situation en sa faveur ou si c'était même possible. Quand il se retrouvait coincé, il faisait habituellement appel à Dumbledore, mais il ne pouvait plus se le permettre. Le vieil homme était devenu son adversaire depuis qu'il tentait de prendre sa place en utilisant la peur d'un hypothétique retour de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom pour gagner les grâces de la société sorcière anglaise. Il devait donc trouver quelqu'un d'autre.

À ce moment-là, comme pour répondre à sa prière, la porte de son bureau s'ouvrit à la volée et Lucius Malefoy entra dans la pièce suivie par son secrétaire, paniqué.

« Je.. Je suis désolée, Monsieur le Ministre. J'ai voulu demander à Sa Grâce de patienter pour voir si vous étiez libre, mais… »

« Ce n'est rien, Wetherby » dit l'homme en écorchant une fois de plus le nom de famille qu'il connaissait pourtant très bien. « M. Malefoy est toujours le bienvenu ici, sachez-le »

Percy Weasley n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'il était déjà poussé dehors par l'aristocrate qui referma la porte derrière lui.

« Je vois que vous avez aussi lu l'article de Skeeter » dit Lucius avec un air dégoûté en regardant le journal à ses pieds.

« Cette femme… ce… cette… cette femme ! » S'écria Fudge, outré. « Mais comment diable fait-elle ? Il est à peine midi et son édition spéciale est déjà prête avec témoignages, enquête et interview à la clé ! »

« Elle a toujours été douée pour travailler vite quand il le fallait. Vous n'auriez jamais dû vous séparer d'elle. »

« Les emplois au sein de la Gazette ne sont pas vraiment du ressort du ministère » grogna Fudge.

Lucius leva un sourcil face à la mauvaise foi de l'homme. Bien que tous s'en défendaient, Herbert Hardcastle ne bougeait pas le petit doigt sans l'accord du Ministre. Il avait vu que Skeeter avait perdu sa touche et qu'elle ne lui serait plus utile alors il avait demandé au rédacteur en chef de la renvoyer.

« Qu'est-ce que je peux faire, Lucius ? Avec l'apparition de cette foutue cité, c'est comme si le gamin Pendragon avait déjà la couronne sur la tête ! »

« C'est exact, en effet » dit Lucius à contrecœur.

La seule personne assez digne et noble pour porter cette couronne était son Seigneur, mais jusqu'à ce que celui-ci la récupère sur le cadavre de ce Prince de pacotille, il devrait ménager ses pions.

« C'est pourquoi il ne vous reste qu'une chose à faire » reprit-il. « Vous allier à lui. Faire en sorte qu'il vous considère suffisamment indispensable pour vous assurer une place à ses côtés après son couronnement. Si vous vous débrouillez convenablement, vous pourriez devenir son bras droit. »

« Impossible ! » Geignit le tout puissant Ministre de la Magie d'une voix pleurnicharde. « Dumbledore occupé déjà ce poste. »

« Dans ce cas, il faut se débarrasser de Dumbledore. Il me semble que vous avez quelqu'un sur place à Poudlard pour cela, non ? »

« Oui ! Bien sûr ! Cette chère Dolores ! » S'exclama Fudge en se levant d'un bond de son siège.

Il s'approcha rapidement de sa cheminée, prit une poignée de poudre conservée dans une boîte de noyer polie posée sur le manteau et la jeta dans le foyer allumé. Les flammes orangées devinrent alors vers émeraude. Le Ministre énonça ensuite l'adresse (« bureau de Dolores Ombragé à Poudlard ») et enfonça sa tête dans le feu. De son côté, Lucius roula des yeux en regardant l'homme le plus puissant de la Grande-Bretagne magique (pour le moment) à quatre pattes sur le sol en train de dandiner des fesses en attendant que sa secrétaire infiltrée réponde.

Fudge avait utilisé ses prérogatives pour faire raccorder une 2e cheminée à Poudlard. Il avait prétexté la nécessité pour la femme de pouvoir librement se déplacer pour assurer ses fonctions au Magenmagot, mais en réalité. C'est pour pouvoir aller faire directement ses rapports à son patron… et aussi pour qu'il puisse l'appeler à l'improviste comme cette fois en espérant qu'elle soit dans son bureau. Quant à la question de savoir pourquoi ils n'employaient pas de miroir à double sens, c'était parce qu'ils étaient exclusivement créés par les gobelins et que l'un comme l'autre refusait de demander quoi que ce soit à ses êtres inférieurs qu'ils suspectaient d'intercepter les conversations de ceux qui les utilisaient.

« Dolores ! Enfin, vous voilà ! » S'exclama le Ministre. « Vous avez vu les nouvelles ? Où est-ce que vous en êtes avec Dumbledore ? Il faut qu'ils partent rapidement pour que je prenne sa place auprès du Prince ! »

Depuis le début de l'année, Fudges (ou plutôt Lucius) avait réussi à chasser le vieil homme de ses postes de Président du Magenmagot et de Grand Manitou de la Confédération Internationale des Sorciers. Malheureusement, il avait évité le scandale en démissionnant simplement de ses fonctions en prétextant son grand âge et sa volonté de consacrer ses ultimes forces aux élèves de Poudlard. Sa réputation était donc encore suffisamment intacte et la confiance du Prince envers lui également. Son dernier bastion était donc l'École de Magie et de Sorcellerie et s'ils réussissaient à l'en écarter, mais de façon publique, alors le socle de son pouvoir serait ébranlé. Il deviendra alors un adversaire bien plus facile à battre dans la lutte d'influence entre lui et Fudge… ou plutôt entre lui et Lucius par l'intermédiaire de cette marionnette bien pratique et crédule qu'était Fudge.

S'ils parvenaient tous les deux à évincer le vieillard alors, ils auraient un accès direct à l'oreille du Prince. Certes, celui-ci s'était montré plus coriace que ce qu'il avait d'abord imaginé, mais il avait confiance en ses qualités de persuasion. Grâce à elle, il serait aisé de faire en sorte que le jeune homme encore naïf et inconscient de la charge du pouvoir se repose sur eux. Ce ne serait ensuite qu'une formalité de l'amener pied et poings liés à son Maître pour que celui-ci puisse récupérer la couronne qui lui revenait de droit.

« Cela va être difficile » dit Dolores Ombrage dans le feu. « Le vieux renard a plus d'un tour dans son sac. Cependant, je crois tenir quelque chose. »

« Quoi donc, Dolores ? » Demanda le Ministre d'une voix excité.

« C'est une rumeur que m'a rapportée l'un des membres les plus prometteurs de ma Brigade. Apparemment, une sorte de "club" aurait émergé dans l'école où les élèves apprendraient des Sorts en dehors des directives du Ministère. »

« C'est tout ? » S'étouffa Fudges. « Tout ce que vous avez, c'est des gamins qui pratiquent des Sorts non conventionnels ? »

« Des Sorts de défense, Monsieur le Ministre, des Sports de Duels. Et tout cela sous le nez de Dumbledore. Cela ne veut dire qu'une seule chose. »

La femme sembla attendre que le Ministre continue, mais il ne le fit pas.

« Cela veut dire qu'il est au courant. De là à dire qu'il en est à l'origine, il n'y a qu'un pas. »

« Vous voulez dire que Dumbledore aurait embrigadé ses élèves dans une sorte de groupe secret pour leur apprendre à se battre ? Comme une espèce de milice ? Où d'armée ? Mais pourquoi ? C'est pour moi c'est ça ? Il veut prendre d'assaut le Ministère et s'emparer de ma place ! Je le savais ! Il faut l'arrêter tout de suite, nous devons… »

« Il n'y a aucune preuve pour le moment » l'interrompit Ombrage. « Mais j'en trouverais. »

Lucius connaissait la femme. Elle était loin d'être aussi paranoïaque et stupide que Fudge donc elle ne croirait pas que de vulgaires adolescents pourraient attaquer un bâtiment magique aussi protégé que le Ministère. Cependant, son fanatisme pour son hégémonie la pousserait à poursuivre les investigations tel un chien avec son os afin de punir quiconque s'écarterait du droit chemin.

Oui, grâce à elle, ils pouvaient effectivement parvenir à débouter Dumbledore. Mais en attendant, il y avait autre chose à faire. Si Cornélius Fudge voulait entrer dans les bonnes faveurs du Prince, il allait devoir le prouver.

Et vite.

0o0o0

La nouvelle de la réapparition de l'antique ville des Rois d'Albion avait mis le Monde Occulte en ébullition. L'article de Rita s'était répandu comme une traînée de poudre et tout le monde l'avaient déjà lu ou en avait entendu parler quand la Gazette avait finalement sorti son édition spéciale le soir même. Cependant, encore une fois la femme avait une longueur d'avance.

En effet, celle-ci ne s'était pas contentée d'un seul article. Toute son équipe avait trimé la journée entière afin de publier cette seconde édition spéciale en même temps que celle de la Gazette. Bien entendu, comme le Skeeter avait été le premier à relayer l'information, c'était sur lui que tout le monde s'était jeté. À cause de cela, les seuls exemplaires du quotidien concurrent qui avaient trouvé preneurs étaient ceux envoyés aux abonnés.

Ayant soif de nouvelles, les gens avaient dévoré le journal. Celle-ci comprenait de nombreux textes relatifs à la ville de Camelot présent dans la culture sorcière, mais également des images. Notamment celle de la fresque que le professeur Burberry-Fiels avait évoquée avec, en légende, la Prophétie de Merlin (comme tout le monde l'appelait déjà). En plus de cela, de nouvelles entrevues avaient été faites avec des érudits, mais aussi avec des politiciens et des juristes à ce sujet.

En effet, la présence de la ville flottante posait des questions législatives importantes. Si elle était la preuve de la légitimité du Prince et qu'il s'agissait bien de la capitale de son illustre ancêtre, cela voulait-il dire qu'elle deviendrait le centre de son pouvoir ? Est-ce que le Gouvernement tout entier ne devra pas déménager pour suivre la couronne ? Et est-ce que la capitale historique de Londres sera abandonnée au profit de la capitale légendaire ? Les avis sur le sujet étaient partagés. Certains approuvaient pour le côté symbolique et d'autres le refusaient pour des raisons pratiques. Après tout, les protections du Ministère étaient là depuis déjà des siècles. Un déménagement forcerait à recréer entièrement les enchantements tout en détruisant ceux présents dans l'ancien bâtiment pour éviter qu'ils ne se dégradent et deviennent de véritables poudrières magiques.

Le journal avait également demandé à Cornélius Fudge ce qu'il en pensait, ce à quoi on leur avait répondu : « M. Le Ministre n'a pas de temps à consacrer à une feuille de chou à sensation et préfère répondre à des professionnels du journalisme », propos qui avaient été, bien entendu, rapporté dans le Skeeter.

Cependant, le numéro ne contenait pas que la parole de spécialistes. Le sorcier de la rue avait aussi été consulté. Des témoignages de passants du Chemin de Traverse figuraient en bonne place dans le journal, positifs comme négatifs. Beaucoup s'exaltaient de cette nouvelle. Pour eux, c'était comme un signe de la Mère Magie. D'autres étaient plus sceptiques. C'était principalement des nés de Sapiants peu familiers avec les légendes Merliniennes et qui s'interrogeaient sur la logique d'une telle arrivée. Cependant, il y avait également ceux qui attendaient un geste du Ministre pour prendre une décision.

On aurait pu penser que certaines personnes aient un avis totalement négatif sur l'évènement, mais les journalistes n'en avaient trouvé aucun. Ils ne s'étaient pourtant pas limités à la simple rue commerçante et s'étaient rendu dans des voies latérales plus controversées comme l'Allée des Embrumes. Toutefois, sorciers "blanc" comme "noirs" voyaient dans cette arrivée un véritable renouveau. De quoi ? Les avis divergeaient sur ce point. Mais ce qui était sûr, c'est que les choses allaient changer.

0o0o0

Hermione referma le journal et le posa sur la table devant elle.

« Je dois reconnaître que pour un travail effectué en quelques heures seulement, c'est impressionnant » dit-elle avec une réelle appréciation.

« J'avoue que j'ai un peu triché » avoua Hariel avec un air gêné. « Je leur ai fourni des Retourneurs de Temps. »

La jeune femme écarquilla les yeux. Elle connaissait parfaitement ces artefacts capables de faire remonter le temps à une ou plusieurs personnes. Elle en connaissait aussi les dangers.

« Ne t'inquiète pas » reprit son ami. « J'ai soigneusement encadré l'opération et récupéré les objets. Étrangement, il m'était assez facile de différencier ceux provenant de différentes lignes temporelles pour éviter les paradoxes. »

« Tu crois que c'est à cause de ton pouvoir Élémentaire ? » Demanda Draco.

« J'en suis certain. Il est de plus en plus présent à mesure que je prends conscience de lui. Comme s'il se débloquait petit à petit et pas d'un seul coup comme les précédentes. »

« Donc il prend son temps, quoi » dit nonchalamment Dean.

Les trois autres se turent et tournèrent la tête vers lui. Finalement, après quelques instants de silence, Draco pouffa.

« Arrête de rire ! Elle était vraiment mauvaise celle-là » dit Hariel.

« Toi aussi tu la trouves drôle, avoues ! Je le vois, tu t'empêches de sourire ! »

En effet, les coins des lèvres d'Hariel tremblaient. De son côté, Hermione secouait la tête en levant les yeux au ciel.

« Oh allez, elle était bonne » plaida Dean.

« Trop facile » commenta la jeune fille. « Il va falloir faire mieux. »

Son camarade sourit au défi et Hermione ne put s'empêcher de rougir. Elle détourna alors le regard pour ne pas qu'on voie son visage.

« Et donc, c'est quoi la suite des évènements ? Pour Camelot, je veux dire » dit-elle autant par réel intérêt que pour changer de sujet.

« Et bien… on attend » dit simplement Hariel.

« Attendre quoi ? »

« Le bon moment » dit son ami. « Pour l'instant, Fudge a fait envoyer des experts pour analyser la ville. En particulier des briseurs de malédiction. Il veut s'assurer qu'il n'y a aucun danger pour la population. Enfin, c'est ce qu'il dit. »

« Il veut plutôt garder ses petites fesses intactes quand il viendra prendre possession de la ville » grogna Draco.

Hariel et Dean croisèrent alors leur regard.

« Ça serait difficile pour lui » dit le premier.

« Toute la ville est scellée » ajouta le second.

« Comment ça "scellée" ? » Demanda Hermione.

« Verrouillée en fait » précisa Dean. « Apparemment, le serveur central a procédé à une fermeture totale des systèmes. Ça comprend des mesures de sécurité comme le blocage de l'intégralité des ouvertures. »

« Comment est-ce que vous le savez ? »

« Disons que l'arrivée de la ville n'est pas passée inaperçue » dit Hariel.

En effet, si la majorité des Sorciers européens ne possédaient pas les capacités nécessaires pour percevoir le retour de la cité avant le matin, ce n'était pas le cas partout. La scène internationale s'agitait. Baldwin Shaklebolt lui avait déjà rapporté que des discussions avaient eu lieu à la Confédération Internationale des Sorciers à ce sujet. La Chine et la Russie notamment, ainsi que les États-Unis, avaient enregistré son arrivée, et ce au moment même où l'orage avait débuté. Pour le moment, les choses étaient au point mort, mais qui dit que cela resterait comme cela à l'avenir.

Toutefois, les Sorciers n'étaient pas les seuls à être aux abois. En effet, c'était tout le Monde Occulte qui avait été ébranlé. Les Magiciens, ceux qui ne faisaient pas partie des communautés Sorcières avaient parfaitement perçu ce qui se passait. Hariel avait d'ailleurs reçu un coup de fil d'Adilicia Lenn Mathers presque au moment même où il avait lui-même senti le changement. La Directrice de l'Agence de Mage Goetia et qui représentait toutes les agences locales était l'un des plus impactés par le phénomène puisque cela s'était produit sur son territoire.

Il n'avait par la suite pas fallu très longtemps pour que l'Association, qui gérait toutes les Agences à travers le monde ainsi que les débordements magiques non dus aux Sorciers, ne le contactent une fois que le lien avait été établi entre lui et la ville. Cela avait beau normalement ne pas être de leur ressort, l'évènement était trop gros pour qu'ils passent à côté. Ils s'étaient cependant heurtés à l'Alliance Mythologique elle-même puisqu'Hariel en était un futur membre (les conditions seraient son accession au trône et la divulgation totale au peuple Sorciers des civilisations mythologiques). Toujours était-il que les discussions étaient en cours pour savoir si, oui ou non, la cité ou sa simple présence constituait un danger.

« Donc après les coups de fil d'Addy et de l'Association et un compte rendu fait à Sirzechs-oji-sama pour qu'il explique la situation à l'Alliance, Dean et moi, nous sommes rendus sur place. »

« Sans nous ? » S'exclama Hermione.

« C'était la nuit. Je n'ai réveillé que Dean parce qu'il devait m'aider à identifier la ville. En plus, je craignais qu'il n'y ait des sécurités contre les intrus. Comme Camelot a été bâtie par Myrddin, on s'est dit que les systèmes reconnaîtraient ses descendants et nous laisseraient tranquilles. »

« Il s'avère qu'il n'y avait pas de sécurité dans ce genre » continua Dean. « Mais on a découvert que notre lien avec Merlin nous permettait de déverrouiller la ville. »

« Et donc ? Vous l'avez visité ? » Demanda Hermione, vexée.

« Non. On est reparti. »

« Pourquoi ? »

« La procédure de verrouillage n'aurait pas pu être remise en place après notre départ. C'est vraiment une mesure de sécurité en cas d'urgence. »

« Si on l'avait désactivé pour visiter alors, n'importe qui aurait pu y rentrer après » dit Hariel.

« Et c'est une mauvaise chose parce que… »

« Parce que ça aurait plus d'impact si c'était le Prince qui ouvrait la ville, non ? » Dis le jeune Démon avec un clin d'œil.

Logique. Après tout, l'arrivée imprévue de cette "régalia géante" ne voulait pas dire que sa campagne pour le trône était terminée. Grâce à Camelot, il portait un coup décisif à ses adversaires, mais il ne devait absolument pas se reposer sur ses lauriers. Fudge avait beau être un idiot, ceux qui se servaient de lui par-derrière ne l'étaient pas.

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La tâche s'avérait plus difficile que ce qu'aurait pensé Viktor. Les archives d'ouvrages magiques que possédait Hariel étaient suffisamment vastes pour qu'il trouve quelques Sortilèges de recherche. Malheureusement, il s'était heurté à un obstacle majeur quand il avait tenté de les utiliser : ils étaient trop faibles.

En théorie, la puissance d'un Sort dépendait de la quantité d'énergie que le Magicien y injectait. Cependant, en pratique, il existait tout de même une limite à cette quantité et c'était celle de sa structure même. Si celle-ci n'était pas suffisamment organisée alors, cela pouvait causer une instabilité de la matrice. Au mieux, il ne fonctionnait pas du tout, au pire, l'énergie accumulée revenait sur le lanceur. Et de façon plutôt violente.

Généralement, les Sorts d'attaque et de défense n'avaient pas ce genre de problème. Le débit d'énergie était si rapidement évacué dans le premier que sa structure elle-même en devenait secondaire quant au second, leur nature faisait qu'ils étaient automatiquement extrêmement stables. Cependant, s'il s'agissait de Magies plus complexes, alors cela avait son importance.

De plus, les Sorts de Recherches avaient plusieurs inconvénients qui pouvaient déstabiliser la matrice. En effet, le mana ne venait pas seulement du lanceur, mais aussi, quand il était utilisé, du support de la recherche, le médium permettant d'optimiser le Sort.

Dans le cas de Viktor, il s'agissait de l'écaille de Svalinn. Il se servait de sa signature magique afin de retrouver les traces, sur Terre, d'une signature identique qui indiquerait là où la Dragonne aurait caché ses descendants. Pour simplifier, le Sort agirait comme un chien et l'écaille comme l'objet qu'il renifle afin de le mener à l'endroit possédant une « odeur » semblable.

Sauf que voilà, l'écaille était extrêmement puissante. Sa seule présence dans l'équation provoquait une grande instabilité des structures runiques des Sorts qu'il avait tentés. Alors, en y ajoutant aussi son propre mana pour déclencher la recherche… disons qu'il y avait eu quelques accidents. Comme quand on alimentait un appareil électrique qu'on essaierait de faire fonctionner avec un voltage trop important. Heureusement, l'énergie qui était revenue vers lui était à peine assez forte pour lui faire du mal. Au plus avait-il eu l'impression de recevoir un choc d'électricité statique. Ce n'était pas tant à cause de sa défense naturelle, en tant que Tour, que du fait que la quantité de mana qu'il était parvenu à infuser était faible. Malheureusement, il lui en faudrait plus que ça pour faire fonctionner le Sort. Beaucoup plus.

En effet, une autre particularité des Sorts de Recherches était que plus l'objet de la recherche utilisait d'énergie afin de se dissimuler, plus l'énergie nécessaire pour le retrouver était importante. Ça, on pouvait penser que c'était normal. Mais ce qu'il fallait aussi savoir, c'est que l'énergie de ces protections était tournée vers l'intérieur afin de modifier l'espace à l'intérieur de ses propres limites. Ce simple fait les rendait donc pratiquement indétectables à moins de lancer une recherche avec un médium et un apport assez massif en mana.

Malheureusement, les différentes communautés de Sorciers à travers le monde avaient énormément perdu ces derniers siècles. Aucun des Sorts connus à ce jour ne pouvait supporter les puissances cumulées de l'écaille de Svalinn et celle nécessaire à la recherche. Il devait bien en rester quelques-uns quelque part sur Terre, mais il devait s'agir de secrets lourdement gardés. Pareil du côté des Magiciens. Hariel possédait bien quelques archives à ce sujet, mais le manque de structure cohérente faisait qu'il était compliqué de rassembler une documentation exhaustive sur leurs pratiques. C'était le seul point sur lequel les Sorciers étaient plus avancés.

Viktor s'était alors tourné du côté de la Magie Démoniaque, la seule autre pour laquelle il pouvait avoir accès à un nombre suffisamment de données. Il ne lui restait donc plus qu'à expérimenter…

0o0o0

Le bruit d'une explosion fit sursauter Cédric. À cause du mouvement involontaire, la serviette nouée autour de sa taille se défit et tomba au sol. Il venait de sortir de la douche après un entraînement assez intensif et il ne portait plus pour le moment que ce rectangle de tissu blanc et moelleux.

Fort heureusement, il se trouvait dans ses appartements au château de Kamala. Hariel y possédait toute une aile et chacun de ses Serviteurs avait ses propres quartiers privés.

Se remettait rapidement de sa surprise, Cédric attira à lui sa baguette posée nonchalamment sur la table basse du petit salon et l'attrapa au vol. Il était de plus en plus capable de s'en passer pour faire de la magie, mais une opération aussi complexe que faire apparaître directement ses vêtements sur son dos requerrait une pratique qu'il n'avait pas encore. Il se retrouva donc en quelques secondes en t-shirt Henley, pantalon chino et bottes Chelsea, tel qu'il l'avait imaginé. Il grimaça néanmoins. Il venait vraiment tout juste de sortir de la douche et était encore trempé. Il n'avait pensé qu'à s'habiller sans prendre le temps de se sécher et maintenant le tissu lui collait à la peau.

Mais peu importe. Ce n'était pas le moment.

Rapidement, il sortit de ses appartements et regarda dans le couloir. Un attroupement de serviteurs s'était formé pas loin, dans la direction de laquelle il avait entendu l'explosion. De ce côté-ci, il n'y avait qu'une seule porte. Celle de Viktor. Sans se rendre compte qu'il courait, il parcourut la dizaine de mètres qui le séparaient des appartements de son ami.

« Pardon ! Excusez-moi ! Pardon ! » S'écria-t-il en commençant à repousser les domestiques qui lui bloquaient le passage.

Au bout d'un moment, ils s'écartèrent d'eux-mêmes pour lui laisser la place. Il atteint enfin la porte et pénétra dans le petit salon de son camarade. Frénétiquement, il regarda à droite et à gauche et vit de la fumée sortir de sous la porte l'atelier de Viktor. C'était le nom donné à la pièce où chacun des membres de la Suite d'Hariel pouvait travailler. C'était un bureau, mais aussi un laboratoire de potion, une salle d'étude, d'entraînement, et tout ce qu'ils voulaient que ça soit pour pratiquer la magie en dehors des lieux de vie. Cédric savait que son ami passait presque tout son temps là-dedans depuis des semaines. Quelque chose avait dû mal tourner.

« Viktor ? » Appela-t-il. « Viktor, ça va ? »

Seule une toux assez forte de l'autre côté de la porte lui répondit. Rapidement, Cédric se précipita alors et l'ouvrit à la volée. Étrangement, elle était bien plus lourde que ce qu'il avait prévu et pour cause. Au moment même où il avait pris la poignée, Viktor avait de même de son côté. Puis quand Cédric avait tiré la porte, il avait été entraîné avec. Cette brusque traction le déséquilibra et il tomba en avant, droit sur Cédric.

Les deux garçons s'effondrèrent sur le sol. Le choc coupa le souffle de Cédric et la douleur soudaine dans son dos et ses fesses le força à fermer les yeux. Finalement, en poussant un grognement, il les rouvrit. Aussitôt, il se mit à paniquer en voyant comment Viktor était positionné. En effet celui se trouvait à quatre pattes au-dessus de lui, ses genoux entre ses cuisses écartées et ses bras de chaque côté de son corps, au niveau des épaules.

Sans le savoir, il offrait lui-même un spectacle des plus affriolants. Allongé de tout son long, les bras au-dessus de la tête, les joues rougies par sa course et le souffle court à cause de la chute. Son Henley couleur ocre salie aux manches retroussées collait à sa poitrine à cause de l'humidité. Par les boutons ouverts, on pouvait apercevoir la naissance d'une clavicule ainsi que la peau légèrement bronzée du haut de son torse.

Viktor, lui, cependant, pouvait parfaitement le voir. Il sentait d'ailleurs le rouge lui monter dangereusement aux joues. Fort heureusement, un léger toussotement leur fit regarder derrière eux. Un homme en livrée de Majordome se tenait là, droit comme un « i », les bras croisés dans le dos et avec un sourcil interrogateur.

« Dois-je vous laisser ? » Demanda-t-il sur un ton plus qu'évocateur.

« Ou… oui… » bredouilla Viktor avant de comprendre le sous-entendu. « Je veux dire… non ! Enfin, si, Heathcliff, vous pouvez partir, mais vous n'interrompez rien. »

Il se releva alors rapidement et aida Cédric à faire de même. Les deux avaient les joues écarlates.

« J'ai juste eu un petit problème lors d'une expérimentation. C'est tout » dit-il. « Pas… pas la peine de rester. Tout va bien. »

Mais comme pour le contredire, il fut alors pris d'une importante quinte de toux. Cédric le saisit par le bras et le guida vers le canapé. Une fois qu'il l'eut forcé à s'asseoir, il se retourna pour demander un verre d'eau, mais celui-ci était déjà devant lui, tendu par le majordome Démoniaque.

« Je vais m'en occuper » lui dit alors Cédric.

Heathcliff s'inclina respectueusement puis se dirigea vers la sortie afin de disperser la foule toujours présente devant la porte. En tant que responsable de l'aile où habitait son Maître, il dirigeait toute l'équipe de domestique si bien que tous obéirent immédiatement à ses ordres et retournèrent à leurs tâches. Après qu'il eut lui-même refermé la porte derrière lui, Cédric se retrouva donc seul avec Viktor.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda-t-il à son ami alors que celui-ci vidait son verre d'eau.

« Rien » répondit celui-ci, soulagé, mais la voix un peu éraillée.

« Tu m'as dit la dernière fois que tu allais essayer les Sorts Démoniaques » insista Cédric. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Il y a eu… une sorte de rejet. Je crois » expliqua finalement Viktor.

« Entre quoi et quoi ? »

« Le Sort Démoniaque et l'écaille. »

« Et c'est ça qui a causé l'explosion ? »

« Non, ça, c'est moi. Je me suis rendu compte que l'énergie démoniaque du Sort commençait à corrompre l'écaille et j'ai tout stoppé. »

« Je suppose que l'arrêt de l'alimentation du Sort en a augmenté l'instabilité. »

« Ouais… » marmonna Viktor. « Je comprends pas. Ça m'avait jamais fait ça avec les autres Sorts. »

« C'était des Sortes de Magie Humaine. Si je me souviens bien, la Magie Humaine est assez neutre… »

« D'où l'absence de rejet » soupira Viktor en s'enfonçant dans le canapé.

« Du coup, je suppose que ça fera la même chose avec tous les Sorts Démoniaques que tu pourrais utiliser » supposa Cédric.

« Y'a des chances » grogna son ami.

Les deux restèrent en silence pendant quelques instants. Viktor broyait du noir tandis que, de son côté, Cédric cherchait une solution.

« Le meilleur moyen d'éviter un rejet… ce serait d'utiliser un Sort de la même origine que l'écaille. »

« De la magie Asgardienne ? » Conclut Viktor. « Cela voudrait dire qu'il faudrait que je retourne là-bas… »

Cela l'embêtait de devoir encore une fois demander une faveur au Roi Odin. Peut-être que s'il s'y rendait de lui-même cette fois. Après tout, les échanges entre les dimensions des différentes Mythologies étaient un peu plus communs à présent. C'était surtout commercial et diplomatique, mais de plus en plus, les personnes pourraient également voyager de l'une à l'autre.

« Ou sinon, on demande à quelqu'un qui s'y connaît sur Terre » proposa Cédric.

« Un expert en Magie Asgardienne ? Sur Terre ? »

« Et bien oui. D'après ce que nous savons, Rossweiss-san est une théoricienne de la Magie très douée. C'est elle qui a créé le sceau de Trihexa après tout. Alors s'il s'agit de sa magie d'origine… »

« Elle devrait effectivement être une spécialiste à ce sujet ! » S'exclama alors Viktor en se redressant. « Merci, Cédric ! Pour le coup, je pourrais t'embrasser. »

En entendant ça, le jeune homme rougit. Il avait envie que ce soit vrai. Malheureusement, à ce moment-là, son compagnon se leva d'un bond avec une vivacité qu'il ne lui avait encore jamais vue et se précipita pour entrer en communication avec le Japon. Sur Terre.

Il ne fallut à Rossweiss qu'une petite heure pour leur fournir le Sort dont ils avaient besoin. Il était basé sur la Magie Asgardienne, mais la Walkyrie l'avait modifié elle-même pour en renforcer la structure afin de permettre un énorme apport en énergie sans qu'il ne soit déstabilisé.

Un peu de temps fut nécessaire aux deux garçons pour parvenir à utiliser le Sort, mais à la fin de la journée, ils savaient précisément où ils devaient aller. Sans surprise, il leur indiquait la Scandinavie.

0o0o0

Cornélius Fudge ne décolérait pas. Cela faisait déjà 7 jours entiers que les spécialistes qu'il avait envoyés sur Camelot tentaient, en vain, d'entrer dans la ville.

Enfin, ce n'était pas tout à fait exact. Ils étaient parvenus à prendre pied sur l'île sans le moindre problème. Aucune protection ne les avait arrêtés. Et aucun piège ne les avait empêchés de pénétrer la cité elle-même et de la parcourir. Cependant, impossible d'entrer nulle part. Certains bâtiments étaient en ruines quant aux autres, ils étaient tout bonnement impénétrables.

Pendant ces sept jours, les spécialistes s'étaient arraché les cheveux pour tenter de savoir quels types de Sorts avaient été utilisés pour sceller la ville, mais ils étaient restés bredouilles. Non seulement ils n'étaient pas parvenus à identifier la Magie responsable, mais c'était comme s'il n'y avait aucune Magie du tout. Ce qui était, à leurs yeux, impossible puisque si aucune magie ne paralysait la cité alors ils auraient pu la déverrouiller avec un simple Alohomora.

Aucun d'entre eux ne pouvait imaginer qu'il puisse exister une technologie suffisamment avancée pour bloquer leur Magie. Ils pensaient tout bonnement avoir affaire à un type de Magie encore jamais observé par eux.

Cette explication n'était bien entendu pas au goût du Ministre qui avait presque envisagé de requérir les services des Briseurs de Sorts de Gringotts. Presque. Il ferait beau voir le jour où il donnerait ne serait-ce qu'une noise pour demander l'aide de ces Créatures. Il tolérait qu'ils gardent son argent, ils devraient s'en contenter. Et puis faire appel à eux aurait également étayé cette ridicule rumeur selon laquelle les Briseurs de Sorts qu'ils employaient étaient les meilleurs du pays. Non, la vérité était que Gringotts ne pouvait se permettre d'engager que les rebuts qui n'avaient pas réussi à satisfaire au standard du Ministère.

Bien entendu, cette simple pensée illustrait assez bien le délire de désillusion que vivait le Ministre. En effet, entre le salaire mirobolant que proposaient les Gobelins et les clopinettes que pouvaient espérer avoir les employés du Service des Contre-Malédictions, le choix était vite fait. Par ailleurs, toute l'équipe que possédait le Ministère avait en fait été recalée aux entretiens de la Banque et s'était engagée dans le Service à des fins alimentaires. La plupart reposaient tout de même leur candidature régulièrement.

Toujours était-il qu'à présent, Cornélius Fudge ne pouvait plus se permettre d'attendre. Après une semaine entière, la pression exercée par la populace était trop forte. Il n'avait donc plus le choix et devait demander au Prince de venir desceller lui-même la ville au détriment de son propre plan. En effet, en l'ouvrant sous les yeux de la population, il aurait marqué quelques points. Connaissant le caractère du Prince, il aurait bien évidemment gardé auprès de lui quelqu'un qui avait l'aval du peuple. De plus. En l'accueillant lui-même par la suite et en lui faisant visiter la cité, il aurait pu lui faire une meilleure impression et gagné ses faveurs.

Bien sûr, c'était Lucius qui en avait eu l'idée, mais, comme à son habitude, il avait laissé croire le Ministre qu'elle était de lui. Cela n'empêchait pas qu'il était à présent en train de faire les 100 pas sur le quai de marbre blanc de la ville en attendant le bateau devant amener le Prince.

En effet, même si aucun piège ou barrière n'avait pu être trouvé, les briseurs de malédiction avaient découvert qu'il était absolument impossible de se transporter par magie sur l'île. La première fois, ils étaient arrivés par balais. Ils avaient ensuite pu très facilement utiliser un portoloin pour retourner sur le continent et faire leur rapport préliminaire, mais impossible de revenir dans l'autre sens. À chaque tentative, ils étaient renvoyés automatiquement à leur point de départ, souvent de manière assez brutale.

Pareil pour le transplanage. Il était possible de transplaner depuis l'île, mais il était impossible de faire le chemin inverse. De même, il était impossible de transplaner sur l'île elle-même. Comme dans les lieux protégés comme Poudlard ou le Ministère. Ils avaient également essayé d'utiliser le foyer d'une des maisons en ligne pour la connecter au réseau de Cheminette avec les mêmes problèmes. Partir de l'île, oui, y aller, non.

Sans compter que les autres types de transport, comme les balais, étaient plutôt perturbés. Ils ne l'avaient pas remarqué au départ puisqu'ils s'étaient directement posés sur le quai. Mais plus on s'enfonçait dans les terres, plus la vitesse et l'altitude diminuaient. Après à peine 1 km, ils ne pouvaient tout simplement plus voler.

C'est pour cela que le matériel, les équipes et bien sûr, les visiteurs, devait venir par bateau. Ce n'était pas une technique que les Sorciers maîtrisaient, ils devaient donc, encore une fois (et malgré le fait qu'ils s'en défendaient absolument), s'en remettre à une technologie Sapiante remise en état par un Sorcier de première génération. Et comme l'électricité et la Magie ne faisaient pas bon ménage, c'est grâce à la vapeur que l'engin fonctionnait.

Le seul point positif, c'est qu'au moins le Ministre pourrait le voir arriver de loin…

0o0o0

Le Paddle Steamer Eclipse ou plus simplement PS Éclipse était un bateau assez singulier. D'allure ancienne, majoritairement en bois, il possédait une coque effilée, avec un tirant d'eau assez réduit, peinte en noir et blanc. Il possédait également trois mâts, l'un à l'avant, un autre à l'arrière ainsi qu'un Beaupré.

Cependant, les ressemblances avec les anciens navires à voiles s'arrêtaient là. Déjà, la hauteur des mâts et leurs répartitions sur le pont ne collaient pas. De taille identique, il s'agissait d'un artimon, à l'arrière et d'une misaine, à l'avant. Donc pas de grands mâts. De plus, la coque était flanquée de deux structures métalliques arrondies de chaque côté d'un bleu outremer. Et enfin, il y avait une haute cheminée aux deux tiers arrières du bateau qui crachait une fumée blanche alors qu'il naviguait sur la mer d'Irlande en direction de Camelot.

Le bateau à vapeur était l'un des quelques ayant fait partie de la flotte de la Générale Steam Navigation Company créée au début du XIXe siècle en Grande-Bretagne. On le reconnaissait aux énormes lettres GSN peintes en rouge sur les caissons métalliques contenant les roues à aubes de chaque côté et qui surmontaient le logo de la compagnie, un planisphère rond entouré d'un ruban, les deux du même écarlate que les lettres.

Son faible tirant d'eau, c'est-à-dire la distance assez réduite entre la ligne de flottaison et la quille indiquait qu'il s'agissait d'un bateau fait pour la navigation en haut fond, généralement dans les rivières. C'est parce que les bateaux de la GSN avaient été construits au départ pour des trajets sur la Tamise et non pas des excursions en mer. Mais celui-ci le pouvait.

En effet, il appartenait à Francine Morgan et à son père Toby Morgan. Les deux étaient passionnés de bateaux à vapeur et étaient parvenus à acheter celui-ci et à le remettre en état. Le fait que Francine soit une Sorcière les avait bien aidés. Non seulement sa Magie leur avait épargné bien des complications lors de la restauration, mais c'était également elle qui permettait au PS Éclipse de naviguer sur la mer sans se faire renverser par les vagues.

Habituellement, ils proposaient des escapades le long de la Tamise pour les Sapiants et les Sorciers qui le désiraient et qui étaient séduits par l'idée de voyager sur un tel engin. Cependant, depuis quelque temps, leur fonction principale était de faire des aller-retour (surtout des allées) entre les côtes anglaises et l'île flottante pour transporter personnes et matériel pour le compte du Ministère (qui ne leur avait pas encore parlé rétribution monétaire, ce qui était pour le moins inquiétant).

Toujours est-il que Francine s'exécutait sans discuter puisque la demande était venue directement du Ministre… et que c'était des Aurors à la mine patibulaire qui avaient transmis l'ordre de réquisition. Après tout, en une semaine, c'était seulement le 5e trajet (et 2e de la journée) qu'elle et son père effectuaient. Le reste du temps, ils pouvaient continuer leurs itinéraires tarifés sur la Tamise. Entre les deux, il leur suffisait d'un portoloin fourni avec le boulot qui les transportait, eux et l'Éclipse depuis leur hangar à Londres jusqu'à une crique du nord du Pays de Galle.

Cependant, la véritable raison pour laquelle elle ne protestait pas un peu plus était que ces trajets lui permettaient de contempler la magnifique ville d'un blanc lumineux qui était venue de nulle part. C'est pour cela que, comme à chaque fois, elle se tenait à la proue du bateau en attendant de voir apparaître le haut des tours à l'horizon.

« Arriverons-nous bientôt, Capitaine ? » Demanda une voix jeune dans son dos.

Elle se retourna, le mouvement faisant crisser le caoutchouc de son ciré jaune (hors de question quelle porte des vêtements d'époque comme son père). La personne qui venait de parler était effectivement jeune. Malgré le roulis, il semblait stable sur ses pieds. Seules quelques mèches de ses cheveux rouges voletaient à cause du vent.

« On devrait bientôt voir les tours de l'île à l'horizon, Votre Altesse » dit-elle au Prince Pendragon-Emrys. « Quand ce sera fait, il ne nous restera plus qu'une heure de trajet environ. »

« Très bien, Capitaine » lui répondit le jeune homme.

« Je ne suis pas le capitaine » dit Francine. « Ça, c'est mon père. »

« Bien sûr. »

La jeune femme fronça les sourcils en regardant quelque chose derrière le Prince.

« Veuillez m'excuser » dit-elle. « Mais on dirait que les autres passagers commencent à faire un peu de chahut. »

En effet, ils n'avaient jamais eu autant de monde lors d'un trajet vers l'île. En plus du jeune homme, il y avait le Professeur Dumbledore et un autre vieillard qui ne quittait jamais leur côté. Le reste était des journalistes ainsi que des badauds venus assister à l'évènement qui allait se produire bientôt : le Prince allait permettre aux Sorciers de pénétrer à nouveau la sainte cité de Camelot.

« Vous pensez que ça va aller, professeur ? » Demanda le Prince après que Francine se soit éloignée pour calmer la foule derrière eux.

« Bien sûr mon enfant » dit le vieillard avec un sourire rassurant. « Ce n'est qu'une nouvelle étape sur le chemin que vous avez choisi. »

« Mais ça rendra les choses tellement réelles ! Dire que je vais devenir Roi c'est une chose. Avoir un trône, ça en est une autre. »

« Est-ce que vous voulez tout arrêter ? Personne ne vous en voudra » dit Dumbledore avec un ton chaleureux. « Tout le monde vous aime et vous respecte. »

Le Prince soupira.

« C'est pour ça que je dois le faire » dit-il, résolu. « Tout le monde compte sur moi. »

Dumbledore hocha la tête, toujours souriant. Intérieurement, il jubilait. Il savait que jouer avec le sens des responsabilités du jeune homme était le moyen imparable pour lui faire faire ce qu'il voulait. Il avait mis un peu de temps pour parvenir à trouver la bonne méthode. Après tout, avec Fudge, il suffisait de lui faire quelques compliments et de lui faire croire que ses idées venaient de lui grâce au conseil du Directeur et qu'elles ne lui avaient pas tout simplement été soufflées.

Pendant des années, flatter l'orgueil de l'homme avait suffi, mais, par la suite, Lucius Malefoy était parvenu à le supplanter. En effet, en plus des flagorneries, il lui permettait d'assouvir son avidité grâce à ses nombreux pots-de-vin. Dumbledore, lui, ne pouvait rivaliser sur ce plan-là. Son image l'empêchait de dépenser la fortune qu'il avait acquise en secret. À cause de cela, il avait perdu le Ministre.

Mais pour le Prince, c'était différent. Il n'avait besoin ni de le flatter, ni de le valoriser et encore moins de le payer. Le Prince était un vertueux. Il était sérieux, juste, droit et honnête. C'était le type de personne à la fois le plus facile et le plus difficile à manipuler. En effet, il pouvait se montrer extraordinairement buté si on ne savait pas comment s'y prendre, mais une fois qu'on a trouvé le bon levier alors cela devenait extrêmement aisé. Tout le contraire de Fudge qui était facile à amadouer, mais dont la tête de linotte et le caractère lunatique faisaient que le Directeur devait être deux fois plus sur ses gardes pour l'empêcher de faire une bêtise. Avec le Prince, il savait qu'il était tranquille.

Au départ, l'approcher avait été compliqué. Heureusement, sa position de directeur de Poudlard lui avait permis de lui envoyer un courrier pour l'inviter à Poudlard. À l'époque, le jeune Prince avait seulement 13 ans et venait de déménager en Angleterre après tout. Il était parfaitement justifié pour l'homme qui dirigeait la seule école du pays de se manifester. Cependant, celui-ci avait refusé poliment. Il était déjà inscrit à la Ud'dharta Rahasya Marûsthali, la Cité Mystérieuse du Pays de la Mort (nom donné au désert de Thar, au Nord-Ouest de l'Inde et à la frontière du Pakistan au centre duquel se trouvait l'école) et souhaitait y rester pour l'année scolaire.

Bien entendu, Dumbledore ignorait qu'il s'agissait d'une excuse pour ne pas être trop vu sur le territoire anglais pendant qu'Hariel était à Poudlard. Toujours était-il que Dumbledore avait tout de même envoyé une seconde lettre pour remercier le jeune garçon de sa franchise et lui dire qu'il pouvait toujours lui écrire s'il avait besoin de quoique ce soit.

Et puis il avait attendu.

Plusieurs mois étaient passés avant qu'il ne reçoive de réponse. Il ne pouvait pas relancer, son insistance risquait de dévoiler son jeu. Il avait cependant envoyé des vœux du Nouvel An avec une réitération de sa proposition, mais cela n'avait eu aucun effet. Il en était au point où il cherchait déjà de nouveaux moyens de se rapprocher du Prince quand celui-ci lui avait fait parvenir une lettre pour lui demander conseil. La première d'une longue série.

Grâce à elle, Dumbledore avait découvert un jeune homme peu sûr de lui qui avait entrepris sur un coup de tête de retourner dans le pays de ses ancêtres après la mort de ses parents. N'ayant rien à quoi se raccrocher, il avait tenté de trouver une place dans ce monde en faisant valoir ses droits. Tout ce qu'il cherchait, c'était la possibilité d'appartenir à quelque chose de plus grand que lui, de participer à bâtir sa nouvelle maison.

Mais ce à quoi il ne s'était pas du tout attendu, c'est à cette avalanche de titres et les responsabilités qui allaient avec. Tout d'un coup, tout le monde autour de lui envisageait la possibilité qu'il puisse les utiliser pour monter sur le trône. Son tuteur le premier. Hariel avait insisté pour faire de Simeon un « méchant » afin de renforcer la confiance de Dumbledore dans le fait qu'il pouvait être son seul allié.

Bien entendu, comme le jeune Démon l'avait prévu, le vieil homme avait sauté dans la brèche. Il s'était servi de ses prétendues insécurités pour le séduire en lui disant tout ce qu'il avait envie d'entendre, le fait qu'il pouvait vivre sa vie comme il le désirait, que ses choix lui appartenaient et qu'il ne devait pas se sentir obligé de faire quoi que ce soit.

Il y avait eu des ratés bien sûr, certaines des paroles d'encouragement de l'homme n'avaient pas aussi bien fonctionné qu'il l'aurait voulu, mais c'était normal. Il testait les eaux. À mesure qu'il apprenait à connaître sa proie, il lui était plus facile de savoir quoi lui dire. C'est ainsi qu'il avait gagné sa confiance et qu'il l'avait persuadé de se rencontrer.

Cependant, son tuteur, Simeon Randall-Delûte avait été un adversaire plus coriace. Même si le jeune Andrammax n'appréciait pas sa façon de le presser à accepter le pouvoir qui lui était donné, il restait quelqu'un de proche, plus encore après qu'il ait pris Draco Black sous son aile. En effet, il faisait pâle figure à côté d'un enfant de presque son âge. Dumbledore était persuadé que celui-ci avait reçu pour consigne de se lier avec le Prince afin de renforcer sa connexion avec leur tuteur. Après tout, selon les dires du Prince dans ses lettres, l'une des choses qui lui manquaient le plus, c'était une famille.

Cependant, Dumbledore avait persévéré et finalement obtenu qu'il s'oppose à son tuteur pour organiser une rencontre. À partir de là, il avait été assez facile de le manipuler. Plus subtil que l'avocat qui le représentait, Dumbledore faisait toujours mine d'être du côté d'Andrammax. Toutefois, il se servait de l'altruisme du jeune garçon pour lui donner envie d'agir pour le monde Sorcier, de prendre une part encore plus active dans la société.

C'est comme ça que l'homme était parvenu à persuader le Prince de réclamer la couronne. Face à son succès, Dumbledore avait jubilé. Il se voyait déjà à la droite du trône comme un nouveau Merlin, chuchotant ses conseils au jeune Roi et, en coulisse, dirigeant véritablement le pays.

Certes, le Prince était déjà bien entouré. Il y avait le vieux Fiermont Crane et la jeune Mautière. Mais ceux-ci étaient des associés de son tuteur. Pas de lui. Ils avaient rassemblé une sorte d'élite autour de lui afin de favoriser l'accession au trône de leur poulain. Il était au courant puisque le jeune Andrammax lui racontait tout. Ils étaient ainsi proches de lui, mais ça ne dérangeait pas vraiment Dumbledore. Après tout, ils faisaient son travail. C'était eux qui faisaient campagne, une tâche dont il aurait été difficile pour Dumbledore de s'acquitter, en particulier cette année alors qu'il était persona non grata dans tous les cercles importants. Cependant, il le savait, c'était lui qui ramasserait les lauriers au final puisque c'était lui qui avait la confiance du Prince.

C'était lui qui régnerait.

0o0o0

Cela faisait déjà près d'une demi-heure que la cité était en vue. Petit à petit, ce qui n'était tout d'abord qu'un point noir sur la ligne d'horizon avait révélé les hautes tours du château que la lumière du soleil matinal faisait scintiller.

Toujours installé à la proue, au plus près du beaupré, le Prince avait les yeux dans le vague. Ou plutôt, c'est ce que toute autre personne pensait. Invisibles pour tous les regards excepté les siens, plusieurs écrans flottaient devant lui, montrant des images de la ville depuis des points de vue différents. Les Sorts d'enregistrement audio visuel étaient communs chez de nombreuses civilisations occultes. Tout comme la visualisation qui lui permettait de créer des écrans dans le vide. Les rendre impossibles à percevoir à tout autre que la personne qui les avait invoqués était cependant une technique plus complexe. Mais après analyse, il s'agissait simplement d'une question de longueurs d'onde mentale.

En effet, ces écrans étaient des sortes de mirages qui transformaient les informations sous forme de données magiques des Sorts d'enregistrement en signaux lumineux. En modifiant la Magie pour qu'elles deviennent plutôt des données télépathiques et donc directement transmises à son cerveau, celui-ci manipulait sa vision pour lui donner l'illusion de ces écrans. C'était assez simple puisque c'était exactement de cette façon que fonctionnaient les Sorts de Communications magiques à l'exception du fait qu'ils n'agissaient qu'avec des données sonores ou mentales (des pensées), transformées en données télépathiques pour le transfert d'un esprit à un autre sous forme de « voix dans la tête ».

Toujours était-il qu'avant même de prendre pied sur l'île, Hariel avait déjà une petite idée de ce qui l'attendait. Et il n'était pas le seul.

« L'aspect général en flocon est cohérent avec le modèle de Cité-Vaisseau traditionnel alteran » fit remarquer Dean.

En effet, comme il l'avait déjà observé durant l'été, vu du dessus, la ville avait une forme proche des étoiles de neige. La partie centrale faisait penser à une vaste esplanade duquel partaient six branches équidistantes les unes des autres qui s'élargissaient à leur extrémité.

« Ce design avait été choisi pour favoriser la flottabilité de la ville. »

Lui et Hermione avaient décidé de rester à Poudlard pendant les vacances. Malgré le manque d'élève, la pression exercée par Dumbledore n'était plus aussi importante. Cela permettait évidemment à Hariel d'aller et venir plus librement et aux deux de vaquer à leurs occupations, le premier avec son ami Seamus pour mettre la version 3.0 de sa planche et la seconde dans les cachots avec Severus pour travailler sur sa potion notamment. Elle trouvait cela assez gênant de se glisser plusieurs fois par semaine dans le bureau du professeur en faisant attention à ce que personne ne la voie. Elle avait l'impression de retrouver son amant. À présent, elle pouvait passer des journées à travailler avec lui sans que personne ne la cherche.

Mais pour le moment, tous les deux se trouvaient dans le Refuge pour partager avec leur ami sa première vision de sa future capitale.

« Donc c'est bien une construction alterane » dit la voix d'Hermione dans sa tête.

« Oui et non. La structure générale de l'île, sa forme, sa taille, respecte bien les plans originaux, mais les différences sont bien trop importantes. Elle ne ressemble pas à des villes comme Mu, Avalon, Lemuria, Atlantis, Ys ou encore Agartha. »

« Que des villes légendaires disparues » remarqua Hermione.

« Et pour cause. Les Alterans les ont pulvérisés avant de s'exiler avec Atlantis. »

« Pour quoi faire ? »

« À cause de l'épidémie qui les a frappés, ils n'étaient plus assez nombreux pour remplir tout cet espace. Ils en ont donc choisi une et détruit les autres pour éviter que leur technologie ne tombe entre de mauvaises mains. »

C'était au final une assez bonne idée. Après leur départ, la race des Goa'uld avait connu une expression fulgurante. Ils ont utilisé le réseau d'Astria Porta afin de conquérir la galaxie tout en pillant les technologies qui leur tombaient sous la main. Qui sait ce qui se serait passé s'ils étaient parvenus à trouver ces Cité-Vaisseau bourrés des dernières technologies de la race la plus avancée de plusieurs galaxies ?

« Toujours est-il que Merlin s'est bien inspiré de sa ville natale d'Atlantis, mais y a apporté des modifications assez importantes » reprit Dean.

Aussitôt, une nouvelle fenêtre apparut dans le champ de vision d'Hariel. C'était des images retransmises directement des connaissances présentes dans le cerveau de Dean jusqu'à lui. Il était probable qu'Hermione puisse également la voir. Après l'apparition de Camelot, lui et Ahiram avaient creusé dans la banque de données alterane que comprenait son esprit à la recherche d'informations. Ils avaient aussi trouvé énormément de renseignements sur les anciennes Cité-Vaisseau et ils les avaient triées également. Aller savoir à quel point Merlin s'était inspiré d'elles pour créer sa cité.

En tout, les cas, les images montraient bien la structure en flocon de neige avec les six branches (traduit de l'Alteran comme étant des quais) et le bâtiment central pourvu d'une haute tour. D'après l'échelle, celle-ci devait mesurer près de 800 m. La ville, quant à elle, devait faire enviro kilomètres de diamètre ce qui correspondait également à Camelot. Cependant, les similitudes s'arrêtaient là.

En effet, la ville de Camelot était d'un blanc éclatant alors que celle sur les images avait une teinte gris métallique. Il est probable que la couleur de la première ne soit qu'un camouflage de pierre censé dissimuler la technologie qui parcourait la ville. Les Alterans, eux, n'avaient pas eu besoin de ce subterfuge pour leurs propres cités, l'intégralité de ses structures était donc composée d'un alliage sombre. Il avait la même teinte que celui des Astria Porta, mais, selon Dean, ce n'était qu'une coïncidence. Utiliser du Naquadah, le métal dont elles étaient faites, pour des bâtiments était suicidaire. La conductivité énergétique était bien trop importante. La moindre fluctuation pourrait conduire à des explosions. À la place, un alliage de différents métaux exotiques avait été utilisé. Leur structure moléculaire était inconnue à Hariel ce qui voulait probablement dire qu'on ne les trouvait pas sur Terre.

Autre différence, sur les images d'archive, de nombreux bâtiments étaient disposés le long des branches. Bien moins imposant que le château, la moyenne équivalait au moins à l'Empire State Building. Au contraire, les extrémités des quais étaient vides.

L'inverse pouvait être vu à Camelot puisqu'il n'y avait aucune structure géante le long des branches alors qu'on pouvait en observer à leurs extrémités. Certains avaient d'ailleurs une forme reconnaissable. Hariel avait en effet aperçu une arène et aussi un théâtre à ciel ouvert. Possible que les autres soient également des lieux de culture. Ou peut-être de connaissance.

Pour autant, cela ne voulait pas dire que les branches elles-mêmes étaient vides, cependant, les bâtiments étaient moins bien conservés. Comme l'avaient décrit les rapports des experts envoyés par Fudge, il s'agissait de structures qui différaient des autres par les techniques de construction et les matériaux. En effet, si les grands édifices blancs sortaient de l'ordinaire, les maisons et autres bâtiments correspondaient parfaitement à l'architecture et aux matériaux utilisés à l'époque d'Arthur. Quant à savoir pourquoi ils n'étaient pas construits avec les mêmes matériaux, même Dean ne le savait pas. Il semblait que les archives internes à la ville aient des lacunes.

Mais ce n'était au final pas très important. Cela en ferait plus à découvrir par la suite.

0o0o0

Finalement, le bateau à vapeur accosta au port de la ville… du moins, c'est comme ça qu'ils avaient nommé ce lieu. Camelot avait un tirant d'air, c'est-à-dire la distance entre sa surface praticable et celle de l'eau extrêmement haut. C'était probablement pour protéger les habitations en cas de tempête. Les vagues venaient se briser contre les murs élevés et les épargnaient.

Cependant, à cet endroit-là, le niveau du sol était abaissé à celui de l'eau et des anneaux de métal sortant de la pierre indiquaient que le lieu était fait pour amarrer des bateaux. La large plateforme rectangulaire indiquait que le lieu devait pouvoir accueillir un trafic de personnes et peut-être de marchandises assez important. Sur l'un des deux murs qui encadraient l'embarcadère, de lourdes portes devaient mener à des entrepôts creusés dans la plateforme. L'autre était tout simplement absent, remplacé par un immense escalier menant au niveau du sol.

Il fallut plusieurs minutes pour que le PS Éclipse s'amarre et déploie sa passerelle. Cependant, quand ce fut fait, le premier à descendre fut bien évidemment Hariel. Celui-ci avança habilement sur l'étroit appontement et prit enfin pied sur l'île.

Un courant d'énergie le traversa. C'était comme si l'île l'accueillait. Comme si elle souhaite la bienvenue au premier Pendragon à avoir foulé son sol depuis 1500 ans.

À suivre…

.

Et voilà un autre chapitre de terminé. Merci pour votre attente.

Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas eu de POV de Dumbledore alors j'ai mis celui-ci. C'est vrai que la relation entre les deux n'est jamais vraiment décrite dans les chapitres. On a presque l'impression que lui et le Prince ne se connaissent pas. Voilà qui rectifie le tir.

J'espère que ça vous a plu. N'hésitez pas à m'envoyer des commentaires. Je vous dis à bientôt !