Check Mate DxD
Chapitre 127 : Le Château sans Roi/Ôinai jyō
.
Hariel se trouvait à la tête de la procession aux côtés de Fudge, Dumbledore et du Professeur Burberry-Fiels. Derrière eux, une troupe de journalistes prenait furieusement des notes et des photos. Ils étaient assez nombreux. En vérité, il n'y avait pas que des journalistes. La présence du Prince dans la Capitale sacrée n'était pas un secret. Elle avait attiré des foules et l'Eclipse avait accueilli autant de passagers que possible. Autant dire que l'embarcadère était encore plein à leur départ.
Ils avançaient sur une sorte de large avenue qui reliait le quai sur lequel ils avaient accosté à l'immense esplanade où se trouvait le château. D'après les vues en hauteur qu'Hariel avait pu observer. Il y en avait une pour chacune des branches de la cité. Elles étaient toutes apparemment identiques, très vastes et séparées par des terre-pleins centraux. Aujourd'hui, ces derniers étaient remplis de poussière et de gravier, mais il était certain qu'il devait y avoir de la végétation. Leur taille faisait penser qu'il pouvait peut-être même y avoir un chemin pédestre. Cela bien sûr en plus des larges trottoirs de chaque côté.
« C'est fascinant » disait le professeur Burberry-Fiels. « Bien entendu, le concept d'"avenue" était connu depuis les Romains, mais les techniques avaient disparu avec les invasions barbares. Tout comme le travail de la pierre au bénéfice du bois. Il n'y a qu'à voir ces maisons. »
En effet, les bâtiments qui bordaient la rue étaient significativement différents. Ils avaient beau être en ruine, Hariel reconnaissait le style de ceux qu'il avait pu observer à Londinium, 1500 ans auparavant : certaines bases de pierre, mais énormément de construction en planche de bois épais.
« Les Légendes disent que quand la Ville est apparue, elle était vide d'habitations, que Myrddyn désirait que chacun se crée un foyer où serait son cœur » reprit le professeur.
Hariel se demandait si ce n'était pas plutôt pour éviter que la population ne tombe sur de la technologie alterane. Il pouvait le sentir, elle était partout autour de lui, dans le sol. Celui-ci était composé de dalles parfaitement équilatérales en agencement serré et dans une matière qui ressemblait à une pierre d'un blanc mat, mais Hariel était certain que ce n'en était pas. Il penchait plutôt pour un revêtement inconnu qui dissimulait et abritait la technologie de la ville. Il se demandait d'ailleurs si un contact avec elle la ferait réagir. Après tout, il avait le « gène alteran ».
Il s'agissait d'une sécurité qu'ils avaient intégrée à énormément de leurs appareils. À mesure qu'ils découvraient de nouvelles espèces intelligentes et malgré les relations qu'ils entretenaient avec elle, il leur avait paru inévitable de se protéger contre une utilisation malavisée par des personnes moins évoluées. Ils avaient donc commencé un travail de recherche génétique comparative entre leur ADN et ceux des autres races afin de trouver un gène non seulement commun à leur propre espèce, mais qui leur était également exclusif. Ils ont par la suite encodé ce gène dans leur technologie pour que celle-ci ne puisse s'activer qu'au contact de quelqu'un qui en était porteur.
Bien évidemment, étant descendants des Alterans revenus sur Terres, tous les Magiciens avaient ce gène. Et c'était sans doute à cause d'eux que Myrddyn n'avait pas construit de lieux de vie. Mais pas seulement. En effet, il était possible que certains Sapiants le possèdent également simplement en l'ayant hérité d'ancêtres Sapiants de première génération (ce qu'en Angleterre on appelait encore des "cracmols"). Ce gène n'étant pas responsable de la capacité à utiliser la Magie, il pouvait s'être transmis en dépit de ce fait. Et donc des personnes tout à fait ordinaires se seraient retrouvées à activer une technologie trop avancée pour eux.
« Regardez, Votre Altesse ! » S'exclama soudain le professeur Burberry-Fiels. « Ne serait-ce pas des bouches d'égout ? »
Il y avait en effet des creux sombres à la jointure entre le trottoir et la chaussée. De même, il semblait à Hariel que cette dernière était légèrement bombée. Les eaux de pluie devaient donc ruisseler sur les côtés et être évacuées par les trous.
« Le bas Moyen Âge avait vu la disparition presque complète des infrastructures romaines comme le tout-à-l'égout, en particulier dans les régions les plus reculées de l'empire comme ici, sur les îles Britanniques. En retrouver un dans cette ville, c'est… c'est incroyable. Peu de choses sont vraiment connues sur la jeunesse de Myrddyn. Mais supposer qu'il ait eu accès à de tels savoirs en matière d'urbanisme pourrait laisser penser qu'il n'était pas originaire de Grande-Bretagne. »
Hariel se retint de rire. C'est clair qu'il n'était pas né en Grande-Bretagne. En fait, il n'était même pas né dans cette galaxie.
« Je me demande à quel point ce réseau est étendu » continuait le Professeur. « Et comment est-ce qu'il se débarrassait des eaux usées ? Ils les jetaient dans la mer ? Mais dans ce cas, d'où provenait l'eau pure. Je sais qu'ils possédaient un système d'eau courante. Les textes anciens disaient que même en pleine sécheresse, l'eau abondait dans la ville. »
Au vu du niveau technologique des Alterans, on pouvait s'attendre à tout : centrale de traitement des eaux usées, dessalement des eaux de mer, création d'eau par manipulation des atomes d'oxygène et d'hydrogène… ou même toutes ces solutions en même temps.
« Ce serait intéressant de descendre voir ce qu'il en est, vous ne croyez pas ? » Demanda le professeur Burberry-Fiels, toujours concentré sur ses égouts.
« Tant qu'il n'y a pas de clown meurtrier là-dessous, c'est quand vous voulez. »
Mais le professeur n'avait pas la référence.
0o0o0
Les portes du château faisaient près de 5 mètres de haut, son arc supérieur formant une ogive parfaite. Elles étaient en bois massif ou du moins c'est ce que Myrddyn avait voulu faire croire quand il l'avait construite. En vérité, comme la pierre blanche, ce devait être une sorte de revêtement. Hariel pouvait sentir la technologie courir au travers d'elle, mais également des volets qui fermaient toutes les autres ouvertures du bâtiment. C'était comme cela qu'ils devaient être maintenus verrouillés par le système.
Une estrade avait été dressée juste devant, sur le vaste parvis. Cornélius Fudge y grimpa en premier, conviant le Prince à le suivre ainsi qu'à Dumbledore et au professeur Burberry-Fiels (bien qu'avec un manque de volonté assez évident). Il disposa ses invités de chaque côté du pupitre central (avec, bien entendu, le Prince à sa droite) et s'installa derrière ce dernier.
« Mes très chers concitoyens et amis » dit-il finalement d'une voix forte et mielleuse, « je vous remercie d'être présent aujourd'hui pour ce moment historique. Il n'est pas de mots assez fort pour décrire le sentiment de fierté qui m'anime en cet instant. Camelot. La Capitale Mythique de notre puissant Royaume d'Angleterre enfin revenu tel un cadeau de notre Mère Magie comme preuve de son assentiment. »
Alors que le discours continuait, des mouvements commencèrent à agiter la foule. Certaines des personnes présentes se glissaient en direction du podium. Les Aurors amenées par le Ministre sur l'île finirent par remarquer le manège, mais il était trop tard, les premiers étaient finalement passés au travers des journalistes et avaient émergé de la masse. Aussitôt, des pancartes apparurent entre leurs mains et ils se mirent à crier.
« Le Ministère nous ment, le Ministère nous manipule ! Arrêtons de se voiler la face, la suprématie Sang-Pur existe toujours ! Si vous ne nous entendez pas quand on parle alors, nous allons crier ! »
Sur les pancartes, on pouvait voir des slogans comme « Première génération n'est pas seconde zone », « Plus d'équité, moins d'indignité », « Nous aussi nous sommes des Sorciers ».
Face à la grogne populaire, le Ministre, surpris, recula. Sans ordres, les Aurors se figèrent, incertains de la marche à suivre. Dans sa paranoïa, Fudge avait choisi des Aurors qui lui étaient totalement fidèles, qui ne bougeraient littéralement pas le petit doigt sans son aval. Et c'était ce qui était en train de se retourner contre lui.
Mais à ce moment-là, le Prince posa une main sur l'épaule du Ministre et l'écarta doucement afin de prendre sa place sur le pupitre. Il sortit ensuite sa baguette et la pointa dans le creux de son cou en murmurant un Sortilège.
« Je vous ai entendu » dit-il alors de sa voix magiquement amplifiée.
Surpris, les manifestants se calmèrent aussitôt. Hariel défit le Sort sur sa gorge avant de reprendre.
« Je dois à présent vous avouer quelque chose » dit-il. « Votre mouvement ne m'est pas inconnu. Je savais que des Sorciers se battaient pour leurs droits et, à ma plus grande honte, je n'ai rien dit. Au début, je ne pensais pas que ma voix aurait un impact et quand j'ai vu le pouvoir que je pouvais avoir, quand j'ai vu que j'étais entendu, je n'ai encore rien dit. »
Les manifestants se taisaient à présent. Ils écoutaient. Leurs pancartes cependant, étaient toujours dressées. Les journalistes, eux, écrivaient fébrilement les paroles du Prince quant au reste de la foule, ils étaient également attentifs.
« Est-ce que c'était bien mon rôle ? C'est ce que je me suis demandé. Est-ce que c'était de ma responsabilité ? J'ai réfléchi pendant longtemps et j'ai réalisé que la réponse était "oui". Car si je dois hériter de ce trône, alors je dois aussi hériter des injustices perpétrées par ceux qui m'ont précédé afin de les réparer. Parce que c'est bien une injustice qui vous amène ici. Votre mouvement est légitime. Et c'est pour cela que je m'engage à changer les choses. »
« Les promesses c'est bien, mais ça ne reste que des mots » dit alors un homme à la tête du groupe.
Il s'agissait bien évidemment de Spencer Bradley. En effet, ce rassemblement ne devait rien au hasard. Les Chevaliers avaient bien remarqué que le mouvement social qu'il avait entrepris s'essoufflait. Les nombreuses menaces de renvoi avaient porté leur fruit et ils n'étaient à présent plus qu'une vingtaine encore actifs. Il était prévu de longue date que le Prince intervienne pour appuyer la lutte. Après tout, le but initial était le réveil des consciences, un travail préparatoire pour les changements qui allaient advenir après le Couronnement. Il avait été décidé que c'était le meilleur moment.
« Vous avez raison » reprit Hariel. « Les mots s'envolent, mais les écrits, eux, restent. C'est pourquoi je m'adresse autant à vous qu'à nos amis journalistes ici présents. J'espère qu'ils diffuseront les promesses que je fais au peuple Sorcier aujourd'hui. »
Ces derniers, en haleine, se tenaient prêts à noter les moindres mots qui sortiraient de la bouche de leur futur roi. Parmi eux, Rita n'était, bien sûr, pas en reste. C'était tout à fait inutile puisque l'article qui allait être publié sur cet événement était déjà prêt à être imprimé afin d'assurer la primeur au Skeeter. Mais cela n'empêchait certainement pas la femme de jouer son rôle.
« Dans la mesure où la gestion de notre gouvernement se doit d'être efficace, il sera nécessaire que la compétence prime sur tout autre critère en matière d'emploi au sein du Ministère. C'est pour cela je compte mettre en place un système de concours de différents niveaux qui détermineront les positions que pourront occuper les candidats. Ceux-ci accéderont alors au statut de "fonctionnaire d'État", un statut qui garantira leurs devoirs ainsi que leurs droits et leurs salaires en fonction de leur niveau. Ainsi, plus vous travaillerez, plus vous montrerez dans la hiérarchie et plus votre travail sera valorisé. Votre salaire augmentera au niveau des responsabilités que vous aurez. »
Spencer abaissa son panneau.
« Si personne ne le fait, je reviendrai vous rappeler vos paroles » dit-il alors.
Son ton était brûlant, assuré. Il s'agissait de mots qu'ils avaient auparavant répétés, mais cette fois, Spencer les pensait. Il ferait tout pour que la promesse d'Hariel devienne réalité.
« Ce sera avec plaisir » dit le Prince en hochant la tête.
Alors qu'il se détournait, Ministre s'approcha de lui avec un air affolé.
« V… Votre Altesse ! » Couina-t-il assez bas pour que les autres ne l'entendent pas. « Vous… vous ne pouvez pas faire ça ! Un… un vulgaire concours ? Pour des postes aussi importants ? Ce n'est pas dans nos habitudes ! Il faut pouvoir choisir des gens avec une solide expérience, une éducation exemplaire, des compétences… »
« Et c'est ce que ce concours nous garantira. Des candidats qui savent ce qu'ils font. Les temps changent, mon cher Cornélius » ajouta le Prince en posant sa main sur l'épaule du Ministre. « Nous ne pouvons plus nous contenter de nos habitudes. »
Il fit un sourire franc et hocha la tête en direction de l'homme. Puis, il sauta à l'arrière de l'estrade et s'approcha des portes du château.
« Mais l'heure n'est plus aux discussions » dit-il. « Elle est à l'émerveillement. »
Il avança alors la main et la posa sur le battant. Un scintillement irisé apparut à l'endroit du contact. Le Prince la retira. Son empreinte lumineuse était toujours sur le bois d'un rouge sombre. Des faisceaux en jaillirent et se diffusèrent sur la porte, puis les murs du château et enfin partout autour. Il y eut par la suite un énorme bruit de loquet. Un brusque battement fit alors sursauter tout le monde. Un second leur fit lever les yeux. Un à un, les volets qui obstruaient les ouvertures se débloquaient en claquant contre les parois. Tout autour d'eux, les gens pouvaient entendre des bruits similaires, certains forts, d'autres plus faibles. La ville entière se déverrouillait.
Finalement, il y eut un grand fracas et la porte magistrale commença à s'ouvrir toute seule. Comme pour accueillir son Roi.
0o0o0
La porte monumentale ouvrait sur un imposant cloître circulaire. Des arches gracieuses en ogives se succédaient sur la surface intérieure, laissant pleinement voir la vaste cour qu'elles entouraient. Celle-ci était pavée de la même pierre lisse que le reste excepté au centre. Là, un grand arbre avait été planté.
Les visiteurs se seraient attendus à ce qu'il soit mort après tout ce temps, mais ce n'était pas le cas. Il était non seulement bien en vie, mais semblait également plein de vigueur. Son tronc puissant à l'écorce douce teintée de nuances de bruns et de miel s'élevait vers les cintres, presque aussi haut que le mur d'enceinte. Très semblables à un saule pleureur, les extrémités souples de ses branches retombaient en direction du sol. Ses feuilles longues et fines en forme de lance étaient d'une couleur lilas soutenue. Les grappes de fleurs ressemblant à des glycines jaunes desquels pendaient de gros fruits carmins ressortaient parfaitement par-dessus.
Les branches s'agitaient comme sous un vent léger alors qu'il n'y en avait pas et des pétales et des feuilles tourbillonnaient jusque sur le dallage blanc. Même coupés de leur base, ceux-ci semblaient demeurer d'une grande fraîcheur et il n'y en avait pas autant qu'on aurait pu le penser. Après mille ans d'abandon, on aurait pu croire qu'ils se seraient accumulés, mais ce n'était pas le cas. Comme si sa floraison était récente.
Le groupe de Sorciers, leur Prince en tête, s'avança dans la cour. Tous admiraient les merveilles autour d'eux et en particulier le magnifique végétal. Chacun était d'accord pour dire qu'ils n'avaient jamais rien vu de pareil.
« Je… je crois que c'est un arbre Faerique » dit Hermione dans la tête d'Hariel.
Quant à la raison pour laquelle Myrddyn avait planté un tel végétal à cet endroit, cela demeurait un mystère. Hariel doutait que cela soit seulement pour des motifs décoratif. Un arbre plus terrestre aurait parfaitement fait l'affaire.
Encadré par les Aurors, le groupe traversa ensuite la grande cour. Les officiers sorciers n'étaient pas tant là pour protéger la foule que pour empêcher certains d'aller se perdre dans le château. À l'avant se trouvaient les experts en contre maléfices de Fudge. Ils vérifiaient s'il n'y avait pas de piège sur le chemin. Hariel, lui, savait qu'il n'y en avait aucun, ni magique ni technologique. Une fois le système débloqué, les lieux étaient sans le moindre danger… du moins, tant qu'il n'en donnait pas l'ordre.
À l'opposé de l'entrée principale, le cloître était interrompu par un immense escalier. Les premières marches, plus larges, formaient un demi-cercle avant de redevenir droites. Au sommet se trouvait une seconde porte, imposante également, mais moins que celle à présent dans leur dos.
Celle-ci débouchait sur un large vestibule carré aux allures de cathédrale. Il était percé de trois portes, une de chaque côté et la dernière en face. Toutes les trois étaient ouvertes. Par les latérales, on pouvait voir des sortes de galeries couvertes aux arcades pourvues de fenêtres vitrées qui semblaient faire le tour du bâtiment. Celle de devant, au contraire, ouvrait sur un imposant couloir qui paraissait presque sans fin.
C'est cependant dans cette direction que le Prince conduisit le groupe.
Contrairement au reste, il n'y avait pas d'ouverture ou de fenêtre pour faire entrer la lumière. L'espace était donc très sombre. À la lumière des baguettes, les Sorciers s'aperçurent que des lustres étaient suspendus à la voûte. Les chaînes qui les maintenaient en l'air étaient reliées à un système de manivelle au niveau du sol ce qui impliquait qu'il devait être possible de les faire descendre pour les allumer. Le fait qu'il suffit de quelques coups de baguette pour enflammer les dernières bougies sans abaisser les lustres montrait que ce système avait été mis en place pour les Sapiants habitant l'endroit.
À mesure qu'il progressait, le groupe pouvait voir que des tapisseries étaient encore accrochées aux murs, mais, contrairement à l'architecture, le temps avait fait des ravages sur elles. Certaines étaient en lambeaux, d'autres simplement illisibles. Le peu qu'il restait permettait de reconnaître des figures humaines ou animales, parfois des lettres, mais celles-ci étaient trop abîmées ou trop loin pour qu'il soit possible de décrypter quoi que ce soit. L'ensemble rappelait légèrement le style utilisé pour la tapisserie de Bayeux, mais celle-ci racontait principalement l'accession au trône d'Angleterre de Guillaume le Conquérant, événements qui s'étaient déroulés 500 ans après Arthur.
Finalement, le couloir n'était pas sans fin et ils finirent par arriver devant de grandes doubles portes. Celles-ci, contrairement aux autres, étaient closes. Elles n'étaient cependant pas scellées ce qui fait qu'il suffit d'un peu de Magie pour l'ouvrir. Hariel, toutefois, se doutait de ce qui se trouvait derrière. Pris d'une de ses fameuses intuitions, il avait disposé la caméra aérienne pour qu'elle le suive pile à son zénith afin qu'il sache précisément où il se positionnait dans le château. Or les images qu'il avait sous les yeux lui disaient qu'il se situait à présent exactement à la périphérie de la tour centrale de la ville. Cela voulait donc dire que la pièce derrière la porte en constituait la base. Cela ne pouvait être qu'un seul endroit.
« La salle du trône d'Arthur… » murmura Dean qui avait reconnu les lieux.
En effet, ils se trouvaient dans une pièce aux dimensions immenses et circulaires pourvue de bas-côté sur presque toute sa périphérie. Bien qu'elle soit au cœur du château, elle était dotée de très larges baies vitrées qui descendaient presque jusqu'au sol, permettant d'éclairer l'endroit. Au travers, on pouvait apercevoir un paysage de jardin luxuriant et coloré illuminé par le soleil. Hariel savait qu'il s'agissait d'une illusion, tout comme le plafond de la Grande Salle de Poudlard. Cependant, il n'était pas certain que celui-ci n'existait pas réellement à l'extérieur à un endroit où un autre du château.
De larges piliers encastrés dans les murs découpaient la salle en 77 quartiers alternant l'une des baies et des loggias de la profondeur des bas-côtés illuminés à l'arrière par des vitraux chatoyants. Ils soutenaient une voûte monumentale sculptée en forme de fleur inversée. Son cœur, toutefois, était un énorme cristal qui semblait briller d'un éclat intérieur. En se concentrant dessus, Hariel se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'un simple cristal, mais de Mana, d'énergie magique, cristallisée.
Les dalles au sol étaient disposées en cercle, mais elles ne recouvraient pas l'intégralité de la surface de la pièce. En effet, au centre, se trouvait un très large disque de bronze poli incrusté dans la pierre. Il était décoré de lignes entrelacées prenant la forme de deux dragons opposés, leurs queues formant une triquera stylisée. L'un d'eux tenait dans sa griffe une épée et l'autre une coupe.
Sur le mur face à l'entrée se trouvait une très vaste alcôve pourvue d'une estrade de pierre. Tout au sommet et au centre, un très imposant fauteuil aux accoudoirs massifs en métal était installé. Son dossier haut, d'une couleur ivoire (la même que l'assise) était décoré de nervures argentées prenant la forme d'un arbre et qui enchâssaient un énorme cristal hexagonal bleu. À ses côtés, un peu plus bas, s'en trouvait un autre, plus petit et avec des octogones concentriques sur son dossier.
« C'est la Chaise de Contrôle » lui expliqua Dean. « C'est une sorte de dispositif de commande généralisé des systèmes : pilotage, armement, organisation interne, etc. »
Bref, le centre nerveux de l'intégralité du château… et de l'île.
« L'autre, c'est le Siège Périlleux » rajouta Dean au sujet du fauteuil bas décoré d'octogones. « Merlin… Merlin a dit que ce serait pour ton conseiller. »
Hariel sentait qu'il voulait dire autre chose, mais il ne savait pas vraiment quoi.
« Par contre, c'est étrange » reprit Dean. « La dernière fois, il y avait la table ronde au centre et les deux sièges étaient autour. »
« Tu es sûr que c'était cette pièce ? » Demanda Hermione.
« Oui, ça j'en suis sûr »
« C'est étrange en effet »
Le groupe s'avança. Hariel en tête. Il remarqua tout de suite que quelque chose était posé sur l'assise du trône. C'était un large anneau métallique décoré. Disposé pile au centre du siège, il semblait attendre.
C'était la Couronne d'Arthur.
0o0o0
Hariel avait refusé de la toucher.
« Il n'est pas encore l'heure pour moi de porter cette Couronne » avait-il dit.
C'était un geste purement symbolique. Il voulait conserver l'image du jeune homme responsable qui ne prenait le trône que par devoir et un désir de faire le bien (ce qui était tout de même en partie véridique). Il craignait qu'en y touchant, certains puissent se méprendre et se faire des idées. De l'avis d'Hariel, il n'était pas très sain que les rois se Couronnent eux-mêmes. Un dirigeant ne pouvait l'être que par la volonté des Dieux ou du peuple. C'était sa décision de la recevoir, mais pas de la prendre. C'était ce que certains comme Napoléon avaient fait et ça s'était assez mal terminé.
Bien entendu, il était hors de question de la laisser ici, donc Hariel en avait explicitement confié la garde au Ministère. La mettre entre les mains de Fudge pouvait sembler hasardeux, mais le risque était calculé. Bien trop de journalistes l'avaient vu faire pour que le Ministre prenne le risque de faire n'importe quoi avec. Si jamais celle-ci devait « disparaitre » dans les mois à venir, la réputation d'incompétence de l'homme serait encore alimentée.
Lucius d'un autre côté, demeurait un problème différent. Il se fichait que la réputation du Fudge soit entachée si cela lui permettait d'obtenir la Couronne pour son maître. Heureusement, Hariel avait prévu quelques mesures supplémentaires. Sorts d'alerte, de suivit ainsi qu'une surprise au cas où l'homme voudrait mettre la main dessus. Hariel et Hermione avaient eu le temps d'étudier la Marque des Ténèbres de Severus. Ils s'étaient demandé s'il n'y avait pas moyen de lui découvrir une utilité à l'avenir (et d'en débarrasser le professeur de Potion si cela s'avérait indispensable par la même occasion). Et il se trouve que c'était le cas.
Comme la Marque avait été apposée par Voldemort lui-même, elle était saturée par sa signature magique. C'était nécessaire pour qu'il puisse l'utiliser afin d'appeler ses Mangemorts ou les torturer à distance. Or, une signature magique, c'est comme des empreintes ou de l'ADN, c'était unique à chaque personne et ça pouvait servir à l'identifier. Entre autres.
Quand un Magicien voulait protéger un objet par un Maléfice, il devait préciser plusieurs paramètres : la nature de la punition, le moyen de la déclencher et surtout, qui devait être puni. Les Égyptiens étaient les spécialistes de ce genre de malédictions. Celles posées sur leurs tombes et leurs pyramides étaient célèbres (raison pour laquelle des briseurs de Sortilèges comme Bill Weasley pouvaient être nécessaires là-bas). Hariel s'en était donc inspiré.
Il avait inséré l'empreinte magique de Voldemort dans son Maléfice. Grâce à cela, quiconque la portant en lui ressentirait de la douleur au contact de la Couronne, une douleur qui ne cessera pas avec la perte de ce contact, mais perdurerait jusqu'à ce que celui qui l'avait jeté donc Hariel l'annule lui-même. En clair, tout Mangemort qui poserait la main sur la Couronne verrait sa Marque le brûler plus intensément que si Voldemort le punissait.
Le plus amusant était que même s'il parvenait à la rapporter à Voldemort, celui-ci serait incapable de la porter sans que son corps entier ne le fasse souffrir le martyr. Hariel n'avait aucun doute au vu de sa puissance et de ses connaissances qu'il puisse faire cesser la douleur, cependant pour ce qui était du Maléfice lui-même, il pouvait toujours se gratter.
Toutefois, après cet événement, le Prince avait évoqué la nécessité de ramener la Couronne au Ministère ainsi que celle de permettre à ses équipes de briseur de Sortilèges de vérifier l'ensemble de la ville pour des pièges afin d'écourter la visite. En vérité, il devait se préparer pour le soir même quand lui et ses amis retourneraient au château pour une excursion un peu plus privée.
Pendant qu'il attendait que Fudge se décide à l'appeler, Hariel avait déjà fait ses propres essais. Sa téléportation ne fonctionnait pas plus que le transplanage ou la Cheminette pour se rendre sur l'île. Et même ses ailes étaient affectées par la technologie de l'endroit. Tout comme avec les balais, son altitude avait commencé à diminuer peu après avoir pénétré le périmètre de la ville et était devenue inutile à peine à mi-chemin du château.
Mais au moins, il pouvait s'y rendre. Volant derrière lui, Draco portait Hermione et Dean utilisait son nouveau modèle de Planche Magique. Son association avec Seamus avait porté ses fruits. Il ne s'y connaissait pas en runes, mais son expérience avait été inestimable pour la conception de ce 3e modèle. Il y avait encore quelques lacunes, mais Dean était confiant dans le fait qu'elle pouvait parfaitement le transporter sur l'île. De plus, il avait parlé de l'idée de Seamus à Hariel et Hermione et ceux-ci avaient accepté d'utiliser les planches pour les entraînements à la Magie sans baguette. Les résultats étaient indéniables. Libre de se focaliser sur le seul flux de leur Mana, sans but précis auquel réfléchir, leur capacité à la manipuler avait crû de manière exponentielle.
« C'est comme pour la musculation » avait dit Seamus. « On peut devenir plus fort en faisant des activités sportives, mais il faut se concentrer sur la performance, sur l'adversaire, etc. Mais avec la muscu, on se concentre seulement sur les mouvements et les muscles qu'on développe. Et vous avez bien dit que la Magie, c'était comme un muscle non ? »
C'était en effet assez bien trouvé. Hermione l'avait parfaitement reconnu. De son côté, Hariel était très satisfait de la tournure des choses. Un Sorcier avait utilisé un concept théorique pour créer une nouvelle technique. Certes, Seamus était en partie Sapiant donc il était coutumier de leur bouillonnement intellectuel. Mais ça restait tout de même une avancée. Si les autres élèves voyaient que leurs "chefs" avaient mis en pratique l'idée de l'un de leurs camarades, alors ça voulait dire que leurs propres idées pouvaient être écoutées également et pouvaient être considérées comme valides. C'était la libération de la pensée.
Hariel se posa sur le sol quand ses ailes ne purent plus le porter. Derrière lui, Draco et Dean firent de même. Hermione, elle, sauta rapidement des bras du premier en bougonnant. Le voyage n'avait pas spécialement été confortable. De manière générale, elle n'aimait pas trop voler alors quand en plus elle n'avait pas le contrôle…
« Et maintenant ? » Demanda-t-elle.
« On va marcher » dit Hariel.
« Fudges a beau être idiot, il aura quand même posté des Aurors pour faire des rondes, je suppose. »
Mais Hariel ne répondit. Il porta son pouce à ses lèvres et se mordit jusqu'au sang. Il le tendit ensuite en avant tout en murmurant l'incantation de la Dame du Lac.
« Depuis les profondeurs du Lac jusqu'aux hauteurs des Cieux, j'invoque ton nom, ô toi la Gardienne de l'Épée Sacrée, Excalibur. »
Une goutte de liquide carmin tomba alors sur le sol qui ondula comme de l'eau. La poignée d'Excalibur en émergea, puis sa lame dont l'extrémité était maintenue par des doigts opalins couverts de sang rubis. Toutefois, Hariel ne se saisit pas immédiatement de son arme. À la place, il s'agenouilla et prit la main éthérée dans la sienne. Du bout des lèvres, il murmura une prière pour lui rendre grâce. Après tout, elle était son ancêtre.
Elle était la Dame du Lac. Pas Nimueh Guenièvre de Carmelide, Grande Prêtresse de la Déesse et Reine d'Albion, mais sa mère, qui lui avait transmis le titre. Sa mère qui avait guidé Arthur sur les chemins de sa mémoire, lui révélant ses propres souvenirs pour permettre au jeune prince de trouver la force de manière Excalibur. Parce qu'elle savait aussi. Après tout, l'eau a de la mémoire.
Hariel se redressa ensuite et se saisit de la poignée de l'arme légendaire. La main relâcha alors sa prise et s'enfonça à nouveau dans le sol qui retrouva sa solidité. Hermione fronça les sourcils.
« Tes cheveux… » dit-elle. « Tu n'as plus besoin de sceller tes pouvoirs pour toucher l'épée ? »
En effet, la magnifique toison du jeune Démon était toujours du rouge sang qui le caractérisait.
« Non » répondit-il. « Excalibur possède un fourreau à présent. »
En disant ses mots, il se tourna vers Draco et lui prit la main en souriant. Hermione vit celui-ci lui renvoyer son sourire et roula des yeux.
« Vous croyez vraiment que c'est le moment » soupira-t-elle.
« Allons, Hermione, on a toujours une ou deux minutes pour un peu de roucoulades » lui dit alors Dean en prenant la propre main de la jeune fille dans la sienne.
« Pas vraiment, non » dit celle-ci. « Dis-nous plutôt en quoi Excalibur va nous aider à arriver au château. »
Malgré son ton plus que grave, Dean remarqua qu'elle n'avait pas retiré sa main.
« Que je sache, son invisibilité ne fonctionne que pour toi. »
Un sourire mutin se dessina alors sur les lèvres d'Hariel. C'était le genre d'expression qui disait "tu penses que tu sais, mais en fait c'est moi qui sais, nananère". Hermione détestait ce sourire (surtout le « nananère »). En particulier parce que cela voulait dire qu'Hariel ne dirait rien et qu'il allait seulement le montrer.
En effet, à ce moment-là, la lame d'Excalibur, se mit à scintiller d'une aura blanche. Puis ce fut au tour d'Hariel. En remarquant que Draco et Dean étaient également touchés, elle regarda ses mains. Elles aussi brillaient.
La lumière finit par s'atténuer jusqu'à disparaître complètement. Hermione eut alors la surprise de voir le sol au travers de ses paumes. Après un examen minutieux, elle s'aperçut en fait que tout son corps était devenu transparent. C'était la même chose pour Hariel, Draco et Dean. Même la planche de Dean qui tenait à présent sous son bras. Excalibur, elle, n'était plus du tout en vue, mais un second coup d'œil permit à Hermione de remarquer un bracelet autour du poignet d'Hariel qu'il n'avait pas avant. Il avait dû changer sa forme pour la rendre plus pratique.
« Que… » balbutia-t-elle.
« J'ai étendu l'invisibilité à nous quatre » répondit Hariel toujours avec son sourire mutin. « Nous pouvons nous voir les uns les autres, mais pour toute autre personne, il n'y a rien. »
« Impressionnant. »
« Je trouve aussi. Allez, on se dépêche. »
Malheureusement, ils n'avaient pas fait quelques mètres que Dean poussa un cri étouffé et s'effondra sur le sol.
« Je crois que j'ai buté sur quelque chose » grogna-t-il.
« Tu regardes pas où tu marches ? » Ricana Draco.
« Je voudrais t'y voir ! Il fait trop sombre, je vois que dalle ! »
« C'est vrai que c'est casse-gueule » dit Hermione en tâtonnant pour trouver Dean et l'aider à se relever.
« Ah mince » dit Hariel, contrarié. « J'avais oublié que vous ne pouviez pas voir dans le noir. »
Il ne connaissait ni Sort ni Potion pour résoudre le problème et créer des lumières magiques était absolument hors de question. Excalibur pouvait rendre les objets invisibles, mais pas la lumière. Il décida donc qu'il guiderait Hermione et que Draco ferait la même chose avec Dean.
« Pourquoi tu es aussi pressé ? » demanda Hermione à son ami alors que celui-ci la faisait avancer prudemment.
Le sol de la rue principale était bien évidemment lisse, mais également jonché de débris provenant des maisons.
« Je voudrais éviter qu'il y ait des problèmes avec la technologie de la ville. J'ai surveillé à distance tous les agents du Ministère pour agir au cas où l'un d'eux tomberait sur quelque chose, mais on a eu de la chance. »
« Tu penses que ça aurait pu être le cas ? »
« Par définition, tous les Magiciens sont des descendants des Alterans. Ils possèdent donc tous le gène qui permet d'activer leur technologie. Je doute que Myrddyn ait mis quoi que ce soit de dangereux, surtout à l'époque, mais je serais plus tranquille si je pouvais restreindre le contrôle de la cité. »
« C'est possible ? »
« En cas d'invasion de la cité, les Alterans avaient prévu un système de verrouillage » intervint Dean, juste derrière. « Il permet à une personne de restreindre l'accès à sa seule empreinte psychique. Mais je ne sais pas s'il y en a un sur Camelot. »
Hariel ne savait pas non plus. Il avait profité de la filature des Briseurs de Sortilèges pour observer aussi le château. Les caméras magiques qu'il avait invoquées lui avaient permis de voir énormément de choses. Apparemment, exception faite du siège de commande, l'endroit avait été fourni à Arthur « non meublé ». Tapis, tapisseries, chaises, tables, lits, jusqu'aux plus petits guéridons, tout cela datait de l'époque d'Arthur et tout était irrémédiablement pourri. D'après ce que Dean lui avait raconté, la grotte où avait été cachée la cité pendant 1000 ans était assez humide et les ravages s'en faisaient ressentir. Fort heureusement, cela n'avait pas semblé avoir d'emprise sur le matériau que Myrddyn avait utilisé pour la construire.
Toujours était-il qu'il n'avait rien remarqué qui puisse ressembler à l'image de la borne de verrouillage qu'il avait vu dans les archives fournies par Dean. Pas même dans les appartements royaux. Mais c'était peut-être normal. Habituellement, un tel dispositif était dissimulé sous le sol de la Salle de l'Astria Porta, juste devant elle pour qu'il puisse être activé au moment de l'évacuation. Mais une fois encore, rien n'indiquait qu'il y ait effectivement une Astria Porta. Hariel n'avait rien vu durant la journée et Dean n'avait toujours aucun indice à ce sujet.
« C'est quand même bizarre ce manque d'informations » remarqua Draco.
« Au départ, je pensais qu'elles n'étaient simplement pas stockées au même endroit dans la base de données, mais Ahiram et moi n'avons rien trouvé. C'est comme si Merlin ne voulait pas que je sache. »
« Peut-être qu'il voulait nous cacher quelque chose » dit pensivement Hariel.
Le truc, c'est qu'il ne savait pas ce que ça pouvait être.
Aux abords du Château, deux Aurors montaient la garde devant la porte principale. Un Sort de détection apprit au groupe qu'ils n'y en avaient pas d'autres à l'extérieur de l'enceinte. Fudge avait laissé en tout et pour tout deux plantons pour garder la ville légendaire. Pas de renforts, pas de patrouille, pas de Sortilèges d'alarme ou de surveillance dispersés aux alentours, juste deux hommes pas mêmes attentifs à ce qui se passait autour d'eux, car occupés à jouer à la bataille explosive. Si des puissances étrangères souhaitaient venir voir ce qu'il y avait ici, rien ni personne ne pourrait les en empêcher… à part Hariel.
Une lueur spectrale bleu-vert émergeait des portes ouvertes. Elle éclairait suffisamment les deux Aurors pour qu'ils n'aient pas besoin de lumière supplémentaire. Passer à côté d'eux fut donc extrêmement facile. Hariel se dit qu'ils étaient tellement concentrés sur leur jeu qu'ils auraient pu également y parvenir à découvert.
À l'intérieur, les quatre amis s'aperçurent que la source de la lumière était l'arbre Faerique. De nuit, les roses et les jaunes étaient devenus des vers et des bleus qui brillaient dans la nuit. Simple phosphorescence naturelle ou Magie, cela n'avait pas d'importance, car le spectacle était à couper le souffle. Toutefois, il était impossible pour les intrus de rester à admirer l'arbre. Ils avaient du travail.
« Ils ne nous entendent pas ? » Chuchota Hermione alors qu'ils traversaient le campement monté par les employés du Ministère.
La jeune fille pensait qu'ils auraient fait un détour en passant par le cloître, mais Hariel était parti droit devant lui. S'apercevant qu'aucun des hommes présents ne semblait remarquer le bruit de leurs pas, elle s'était risquée à poser la question.
« L'invisibilité d'Excalibur est à prendre au sens large » répondit Hariel. « En fait, on devrait parler d'imperceptibilité plutôt que d'invisibilité. Ils ne nous voient, ne nous entendent pas et ne peuvent percevoir ni notre présence, ni notre énergie. »
« Et en cas de contacts ? »
« Il y a une compulsion mentale qui empêche de comprendre qu'on vient de heurter quelqu'un. »
« Utile » reconnut Hermione. « C'est vraiment le niveau au-dessus de ta cape ou de la Création papillon de Draco. »
« Pour les Úcenrafn de Draco, c'est certain, mais pour ce qui est de ma cape… une partie de ses compétences étant scellées, je ne sais pas à quel point elle est puissante. »
Fort heureusement, les autres portes n'étaient pas fermées non plus. Ils purent donc pénétrer à l'intérieur du Château sans le moindre problème. Aussitôt dans le grand hall, Hariel commença à jeter des Sorts pour arrêter quiconque essayerait d'entrer. Il ne pouvait pas mettre un bouclier sur l'ouverture ou même la refermer, mais il pouvait placer des compulsions pour les empêcher d'approcher. Il ajouta également des Sortes de Silences au cas où ils feraient du bruit ainsi que des Sorts de Surveillance et d'Alerte. Une fois assuré que personne ne les dérangerait. Il laissa tomber leur invisibilité. Il conserva cependant Excalibur, toujours à son poignet.
« Où veux-tu aller ? » Demanda alors Draco à son compagnon.
« La salle du trône » dit-il simplement. « Puisque la chaise est le contrôle central du système, il doit être possible de trouver des renseignements sur celui de verrouillage. »
Ils s'engagèrent donc le long du long couloir seulement éclairé par quelques lueurs flottantes générées par les Démons et les Magiciens. Avec les protections sur l'entrée, personne à l'extérieur ne le remarquerait. Cependant, pour plus de sécurité, Hariel se mit à jeter plusieurs autres Sortilèges au fur et à mesure de leur avancée. Une fois parvenus à la porte de la Salle du Trône, également ouverte, ils pénétrèrent à l'intérieur avant de la sceller derrière eux par Magie. Mieux valait être prudent.
À nouveau, ils purent admirer la pièce. À présent qu'ils étaient présents en personne, Hermione, Draco et Dean pouvaient se rendre compte à quel point elle était immense. D'un bout à l'autre, elle devait faire environ une centaine de mètres de diamètre. Cela comprenait également les deux longues galeries des bas-côtés profondes d'une dizaine de mètres. Celles-ci étaient closes par plusieurs rangées de colonnes qui se subdivisaient en dentelle de pierre soutenant les balcons bombés qui prolongeaient les loggias ou l'encadrement massif des baies vitrées.
Ne prenant guère plus de temps pour admirer l'endroit, ils s'avancèrent en direction de l'alcôve où se trouvait le trône. Alors qu'ils pensaient que le moindre de leur pas allait résonner dans la salle comme dans une église, il n'en fut rien. C'était comme si la matière qui composait le sol absorbait les sons. La seule exception était le large disque central. Celui-ci n'était pas fait de la même matière. En vérité, il semblait être constitué d'un alliage de bronze et d'autre chose, mais il n'y avait pas la moindre technologie présente dans le métal. Celui-ci était toutefois en excellent état. Il paraissait également scellé profondément dans le sol, car la semelle de leurs chaussures tira à peine un léger bruit mat qui résonna tout de même dans le silence de la salle en produisant un écho.
Finalement, les quatre arrivèrent au pied de l'estrade et stoppèrent net.
« Tu… comptes y aller ? » Demanda Dean à son cousin au bout d'un moment.
« Euh… oui, j'y vais » répondit nerveusement Hariel.
Il grimpa les marches avec une légère appréhension et se retrouva rapidement devant la Chaise de Contrôle. Deux émotions se bousculaient en lui. D'abord de l'excitation à l'idée de tester une technologie aussi avancée, mais également la crainte de faire une erreur en tentant de la maîtriser. Toutefois, une 3e émotion, cachée tout au fond de lui semblait prête à refaire surface. Le doute.
Parce que ce n'était pas n'importe quelle chaise. C'était un trône. Son trône. Celui sur lequel il s'assiérait pour régner sur l'Angleterre magique. À ce moment-là, il ressemblait plus au Prince qu'il ne l'avait jamais fait. Les appréhensions qu'avait celui-ci à accepter le pouvoir étaient en fait celles qu'avait Hariel, mais n'osaient pas s'avouer. Une fois dessus et avec la Couronne sur la tête, il serait responsable du bonheur et de la sécurité de millions de gens. Un poids écrasant pour une personne seule.
Sauf que justement, il n'était pas seul. Dans son dos, ses amis ne disaient rien, mais ils étaient là, le supportant silencieusement. Ils le connaissaient. Ils étaient donc bien conscients de ses doutes et de ses craintes, mais ils étaient présents maintenant et ils seraient toujours présents plus tard quand le Sort d'un pays sera entre les mains de leur camarade. Et ils ne seraient pas les seuls.
Rassuré, Hariel s'assit sur le trône.
Aussitôt, il y eut comme un bruit de mise sous tension et le cristal bleu au sommet du dossier s'illumina. Celui-ci s'inclina alors en arrière. La base avant de la Chaise se souleva également, se transformant en repose pied pour permettre à Hariel d'être toujours installé confortablement. Soudain, des lumières un peu floues apparurent autour de sa tête et se mirent à défiler rapidement.
« Hariel ! Ça va ? » Demanda Draco, inquiet.
« Oui, je… wôw… » répondit celui-ci, captivé par les lumières. « C'est… c'est juste… wôw. »
« Tu vois quelque chose ? » L'interrogea Hermione.
« Je crois que j'ai accès à tous les systèmes de la cité ici. Apparemment, la technologie et la physiologie alterane rendent même possible le pilotage de l'ensemble par une seule personne. »
« C'est exact » approuva Dean. « Laisser l'intégralité du contrôle à un pilote unique permettait d'augmenter la réactivité des manœuvres. Un seul esprit voulait dire qu'aucune communication n'était nécessaire et donc pas de temps perdu. »
« Je dois faire attention à ne pas activer certains systèmes par erreur » dit Hariel. « Les armements notamment. »
« Il y a des armes ici ? » Demanda Hermione.
« Des drones à énergie, je pense. Sauf que je ne comprends pas pourquoi Myrddyn a cru utile d'en ajouter. Ils sont trop puissants pour toute utilisation qu'Arthur aurait pu en faire. »
« C'est vrai » approuva Dean. « C'est du niveau guerre spatial ces trucs-là. Ça passe facilement au travers des boucliers. »
« La raison est évidente. Myrddyn ne prévoyait tout simplement pas qu'Arthur soit le seul souverain de cette cité. »
Tous se retournèrent en direction de la voix et Hariel tenta de se redresser. Comme un fauteuil de détente intelligent, la chaise de contrôle releva son dossier et baissa son repose-pied. Il y avait quelqu'un d'autre avec eux dans la pièce. C'était un très vieil homme vêtu d'une robe ample, d'un chapeau mou et pourvu d'une très longue barbe.
« Merlin ! » S'exclama alors Dean.
« En effet » dit l'homme, ou plutôt l'hologramme, en s'inclinant. « Je suis bien l'intelligence artificielle créée par Merlin et nommée d'après lui chargée de veiller sur la cité. Je vous salue à nouveau Dean Thomas et je salue également Hermione Granger, Draco Black et Son Altesse Hariel Potter-Gremory. »
« Vous… vous voulez dire que Mer… Myrd… enfin, votre créateur pensait que je pourrais avoir, moi, l'utilité de tels armements ? » Demanda Hariel.
Il était très mal à l'aise. Bien sûr, Dean lui avait décrit l'aspect de Merlin sur Dakara. Mais voir le vieillard qu'il était devenu après son départ était assez pénible. Il savait que c'était son grand-père, mais en même temps. Ça ne l'était pas. Son apparence était celle d'un inconnu et son esprit était artificiel.
« Pas seulement les armements. Merlin voulait que cette cité vaisseau puisse vous être le plus utile possible, et ce en n'importe quelle situation. »
« Euh… juste une question » demanda alors Draco. « Le nom de "Merlin" est une forme moderne des diverses appellations de Myrddyn en fonction de la langue. Comment est-ce que cela se fait que vous vous référiez à votre créateur par ce nom ? »
« De la même manière que je m'exprime dans un anglais contemporain » répondit l'A.I. « Le sous-programme de mon système présent sur terre dans la grotte située à l'intérieur de l'endroit que vous appelez Glastonbury Tor avait aussi pour fonction de mettre à jour automatiquement ses banques de données linguistiques. Il devait s'auto actualiser afin d'être compréhensible par les personnes venues passer les épreuves. Lors du transfert de Dean Thomas par la Porte des Étoiles, le sous-programme a également envoyé ces informations pour permettre ma propre auto actualisation afin de pouvoir communiquer. »
Astria Porta, Porte des Étoiles, oui, c'est pas mal. Je garde, se dit Hariel.
« Très bien, puisque vous êtes là et que vous êtes capable de communiquer, pourriez-vous m'indiquer où se trouve la borne permettant le verrouillage du système ? »
« Je le peux, en effet » dit l'hologramme. « Elle se trouve dans la salle de la porte située à 687 m dans la tour centrale. »
« Et par où est-ce qu'on peut s'y rendre »
« L'accès à la tour a été hautement restreint pour raison de sécurité. Il est impossible de s'y rendre depuis n'importe quel accès du château. Le seul moyen est d'utiliser le transporteur à anneau se trouvant dans cette pièce. »
« Dans ce cas, pourriez-vous nous y conduire ? » Demanda Hariel en commençant à se lever.
« Je le pourrais, mais avant cela, mon créateur voulait que je vous montre quelque chose. »
Les lumières se remirent à bouger autour de la tête d'Hariel avant de se figer. Il fronça les sourcils. Les nombreux schémas complexes de la ville avaient seulement laissé place à un symbole. Le même qui était gravé sur le disque de bronze au centre de la salle.
« Il s'agit de la sous-routine principale affiliée à ce poste » dit Merlin. « Pourriez-vous l'activer ? »
« Vous ne pouvez pas le faire vous-même ? » Demanda Hermione. « Je croyais que vous contrôliez le système. »
« C'était le cas jusqu'à ce que Son Altesse s'asseye sur la Chaise de Contrôle. La majorité des commandes m'a été enlevée jusqu'à nouvel ordre. Je ne peux donc pas activer de moi-même cette sous-routine. »
Hariel acquiesça et se concentra sur le symbole. La technologie alterane était énormément basée sur un contrôle télépathique. Ce qui était la façon la plus efficace de la contrôler, car aucun outil humain n'était plus puissant ou rapide que son cerveau. Activer la sous-routine demandée par l'hologramme était assez facile. C'était comme imaginer son doigt presser un bouton, autrement dit le symbole sous ses yeux.
À ce moment-là, il y eut une vibration dans l'air. Sauf qu'elle ne venait pas du siège, mais du centre de la pièce. Comme soulevé par Magie, le disque de bronze se mit à flotter tout seul à un peu plus d'un mètre au-dessus du sol. Soudain, le dossier de la Chaise de Contrôle se redressa totalement et les marches de l'estrade s'inclinèrent vers l'arrière, créant une pente. Tout en restant bien droit, le siège commença à glisser le long de cette pente.
Hariel pouvait voir la matière du dallage se décomposer en myriades de petits cubes blancs qui se déplaçaient les uns sur les autres et se réarrangeaient d'eux-mêmes.
La Chaise se mit ensuite à avancer de lui-même en direction du disque flottant. On avait l'impression qu'il glissait sur le sol, mais c'était faux. Hariel le comprenait à présent. Ce qu'il avait pris pour une matière lisse, un revêtement destiné à dissimuler la technologie était en fait un assemblage de ces petits cubes. Eux-mêmes étaient des appareils indépendants, mais capables de communiquer et d'agir en synergie. Ainsi ce n'était pas le fauteuil qui avançait, mais le sol en dessous de lui et à mesure qu'il le faisait, il se reformait à un autre endroit.
Soudain, des mouvements dans sa vision périphérique attirèrent l'attention d'Hariel. À mesure qu'il progressait, d'autres sièges apparaissaient également en émergeant de dessous les bas-côtés. Apparemment, il y en avait un par quartiers formés par les piliers de la salle. Tous semblaient faits de la même matière métallique et ivoire que la Chaise de Contrôle, mais avec un dossier bien plus bas. En se tournant de chaque côté pour mieux voir, Hariel s'aperçut aussi que le second trône qui se trouvait sur l'estrade, celui du Conseiller, avançait également vers le disque.
Alors qu'il s'en approchait, Harddyn baissa les yeux pour regarder en dessous. Il vit que c'était un espace creux de quelques centimètres. Les cubes blancs poussés par la progression de son siège et des autres se déplaçaient dans tous les sens comme des fourmis excitées avant de réintégrer la masse du sol, sans doute pour remonter la piste des fauteuils et combler le trou qu'ils avaient laissé en avançant. En tendant l'oreille, Hariel eut l'impression d'entendre comme des petits piaillements en provenance des cubes, mais il se faisait peut-être des idées.
Et puis finalement, le trône s'arrêta au bord du disque. Celui-ci se trouvait juste au niveau de ses bras posés sur les accoudoirs de la chaise. Le siège du Conseiller et les autres firent de même, entourant le vaste objet circulaire. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il comprit. Ce n'était pas un disque. C'était une table. La Table Ronde.
Avec admiration, Hariel avança la main et la posa sur le métal. C'était froid, mais également lisse. Il ne l'avait pas remarqué auparavant, mais la surface était extrêmement polie. Presque un miroir. Un métal aussi ancien aurait normalement dû être plus abîmé que cela. Il ne sentait toujours pas de technologie à l'intérieur (à l'exception de celle qui la faisait flotter) cependant, sa Vision Magique lui indiqua qu'un puissant Sortilège de conservation était à l'œuvre. L'énergie, quant à elle provenait du cristal de Mana qui se trouvait au-dessus, au centre de la fleur formée par la voûte. Au vu de sa taille, Hariel était certain qu'il fournissait toute la Cité. Il regarda ensuite autour et compta exactement 75 fauteuils autour de la table. 77 en prenant également en compte son trône et le Siège Périlleux.
« Il y avait autant de chevaliers ? » Demanda-t-il à Merlin.
Il se souvenait d'un temps où il n'y en avait que 6 : Bedivere, George, Perceval, Bâton Mouillé, Fesses d'huîtres, et Bill Graissent d'oie (alias Tristan, Gauvain et William).
« Il y en a eu » répondit l'hologramme. « Je rajoutais un siège et agrandissant la salle à chaque fois qu'un nouveau Chevalier nous rejoignait. »
Il parlait bien sûr à la place de Myrddyn.
Hariel hocha la tête puis se remit à contempler la table. Puis il se tourna vers son cousin. Les deux garçons se regardèrent puis le premier indiqua à l'autre le fauteuil à sa droite.
« Quoi ? Non… je… » balbutia le jeune Magicien.
« C'est le tien » dit simplement Hariel.
« Je… je pense pas que je suis vraiment celui qu'il faut pour le rôle. Hermione serait plus adaptée, tu ne crois pas ? »
Mais Hermione s'était déjà installée de l'autre côté, à la gauche d'Hariel. Elle le fixait avec un regard d'encouragement. Draco, lui, se tenait à la place qu'il estimait être la sienne, derrière le fauteuil de son Maître. Lui aussi regardait Dean. Finalement, celui-ci déglutit et hocha la tête. Il s'approcha du Siège Périlleux et s'assit dessus. Aussitôt, les octogones concentriques sur le dossier se mirent à pulser et des lumières apparurent autour devant son visage.
« Wow ! » S'écria-t-il. « On dirait… c'est comme si le Siège était une annexe de la Chaise de Contrôle. »
« En effet » dit l'hologramme de Merlin. « La Chaise de Contrôle de Camelot diffère des autres. Ce n'est pas un simple fauteuil, c'est un trône, un symbole de pouvoir. Or, le pouvoir devient dangereux lorsqu'il ne se trouve dans les mains que d'une seule personne. »
« Ce qui veut dire… »
« Ce qui veut dire, mon cher Cousin, c'est que si jamais je venais à faire une bêtise, tu serais là pour me rattraper » dit Hariel avec un sourire.
Il tendit la main vers lui. Dean la regarda quelques instants puis sourit aussi.
« Pas de pression à ce que je vois » dit-il en la serrant.
Les deux garçons pouffèrent de rire.
« Pour info, je serais là aussi » dit Hermione. « Pas pour te rattraper, mais pour te donner des coups de pied au cul. »
« Je n'en attends pas moins de ma Première Ministre » dit Hariel.
Hermione leva un sourcil.
« Première Ministre ? Sérieux ? Tu te souviens que je n'ai que 16 ans ? »
« Et moi 15, je te rappelle. Et pourtant, nous 4 sommes plus intelligents et matures que la majorité des Sorciers. »
« C'est pas faux » grogna Hermione.
Hariel gloussa à nouveau puis prit une longue respiration pour se calmer.
« Si nous y allions » proposa-t-il alors en se tournant vers Merlin.
« Par ici, je vous prie. »
Hariel, Dean et Hermione se levèrent et suivirent Merlin, Draco leur emboîtant le pas.
« On va laisser ça comme ça ? » demanda Hermione en parlant de la table.
« Puisque plus personne ne siège, la Salle du Trône se remettra en place au bout de quelques minutes » la rassura Merlin.
Il les fit passer sous l'une des arches des bas-côtés, celle qui était la plus proche de l'alcôve où se trouvait la Chaise de Contrôle. Ils remarquèrent alors que le sol avait des motifs différents à cet endroit. À présent qu'il les avait vu faire, Hariel savait que les petits cubes modulables reproduisaient l'impression qu'il était composé de dalles. La forme en cercles concentriques de la Salle du Trône était un effet d'illusion. C'était donc aussi une illusion si celui des bas-côtés était décoré d'enfilades de cercles tout du long. Leur dimension, toutes égales, interpella Dean. Son cerveau boosté par Magie mesurait leur diamètre et le comparait à ses souvenirs.
« C'est ça » dit-il. « Il y a un transporteur à anneau sous l'un de ces cercles. La taille correspond. »
« C'est exact » approuva Merlin. « Les motifs servent à la fois indiquer et dissimuler l'appareil. »
Une personne au courant de la technologie des anneaux pourrait ainsi immédiatement faire le lien. Cependant, un seul cercle attirerait trop l'attention. C'est pourquoi le motif était répété pour que ça ne paraisse pas trop étrange. De plus, cela voulait également dire que même en ayant perçu la possibilité de la présence d'un transporteur à anneaux, il serait difficile à un non initié de trouver le bon.
Merlin, bien entendu, le savait. Il conduisit donc le petit groupe sur le tout dernier cercle au bout du bas-côté, à l'endroit où il touchait le mur de l'alcôve.
« C'est un peu évident, non ? » Demanda Dean.
« En vérité, il faut savoir que le transporteur est mobile et peut-être déplacé sous chacun des autres cercles de la pièce » dit Merlin. « Il s'agit ici de sa place par défaut, mais il est facile d'utiliser les commandes du vaisseau ou les Chaises de Contrôle pour en modifier la position. »
« Et comment l'activer ? » Demanda Hermione.
« Le boîtier est bien évidemment dissimulé » dit l'hologramme. « Mais Son Altesse a la capacité de ressentir la technologie, je crois. »
« Mmm… » acquiesça Hariel qui avait déjà commencé à chercher.
Effectivement, il percevait comme des circuits qui partaient de tous les cercles autour de lui et qui reliaient le système à un espace particulier sur le mur du fond. Ceux-ci étaient principalement inactifs sauf bien entendu ceux de celui sur lequel ils se tenaient. Il pouvait parfaitement ressentir l'énergie au travers d'eux. Celle-ci était en attente, mais bien présente. En les suivant, il localisa enfin le boîtier. Celui-ci n'était pas sur le mur derrière, mais sur le côté, sur la paroi qui les séparait de l'alcôve. Il n'avait même pas besoin de sortir du cercle pour le toucher.
Il tendit la main et la posa directement à l'endroit exact qu'il avait découvert. Un rectangle lumineux bleu vert apparut alors tout autour, mais rien d'autre ne se produisit. Hariel resta quelques instants interdit avant de se rappeler que la technologie des Alterans était principalement mentale. Il ne suffisait pas d'appuyer sur le bouton, il devait aussi penser au lieu où il voulait se rendre. C'était simple, c'était la salle de la Porte.
Aussitôt, les lignes d'énergie qu'il avait perçues s'illuminèrent, courant le long du mur jusqu'au sol et autour du cercle dans lesquels ils se tenaient. Hariel ôta ensuite sa main. Tout s'éteignit, mais à ce moment-là, quelque chose jaillit du sol. C'était les anneaux qui, sur leur passage, propulsèrent les petits cubes du dallage dans les airs. Encore une fois, Hariel eut l'impression de les entendre sauf que cette fois, ce n'était pas des piaillements, mais des pépiements de joie. Il n'eut toutefois pas le temps de se poser plus de questions, car déjà lui et les autres étaient enveloppés d'une lumière blanche.
Quand celle-ci se dissipa et que les anneaux retournèrent dans le sol, il fallut quelques secondes à Hariel pour y voir à nouveau. Cependant, il remarqua tout de suite qu'ils n'étaient plus dans la Salle du Trône. C'était radicalement différent.
L'endroit où ils se trouvaient était plus exigu. C'était une pièce grossièrement hexagonale d'une vingtaine de mètres carrés à peine éclairée par de larges plafonniers qui diffusaient une lumière d'un blanc laiteux. Les parois et le sol semblaient faits en métal sombre et des baies vitrées occupaient presque entièrement deux des côtés. Au travers, ils pouvaient voir une autre salle. Celle-ci était bien plus vaste tant en surface qu'en hauteur. Mais le plus important était l'immense anneau encastré dans le mur tout au fond.
« Alors c'est ça, une Porte des Étoiles » murmura Hariel.
Il avait bien sûr examiné des schémas provenant des données alteranes dans la tête de Dean, mais c'était différent d'en contempler une en vrai. D'un diamètre de 6,7 mètres, elle était en fait composée de deux anneaux, un extérieur, fixe, et un intérieur, mobile. Enchâssé le long de l'anneau extérieur on pouvait voir neuf chevrons métalliques surplombés de cristaux triangulaires bleutés pointés vers l'intérieur. Et sur toute la surface de l'anneau intérieur se trouvait, sculpté en relief, un total de 36 symboles les uns à côté des autres. Il s'agissait en majorité de constellations de la Voie Lactée stylisées.
Le principe de base de l'établissement d'un vortex était simple. Il fallait entrer d'abord 6 symboles correspondant à 6 constellations et donc 6 points dans l'espace. Le croisement de ces points donnait la destination. Un dernier était également nécessaire (le seul symbole qui ne représentait pas forcément une constellation) qui désignait l'origine, le point de départ du voyage. Ainsi, avec ces deux points fixes dans l'espace, il était facile pour la porte de départ de se relier avec celle d'arrivée en créant un vortex entre les deux permettant le passage.
Pour ce faire, il fallait que quelqu'un sélectionne les symboles un à un et dans l'ordre sur un appareil dédié, un Clavis, qui les communiquait à la porte à la manière d'un identifiant téléphonique. Au cours de la numérotation, l'anneau intérieur tournait sur son axe jusqu'à ce que les symboles s'alignent sur les chevrons. À ce moment-là, ceux-ci s'abaissaient et se relevaient et que le cristal s'illuminait pour « verrouiller » le symbole choisit. Le premier s'alignait sur le premier en haut de l'anneau et ainsi de suite dans le sens horaire jusqu'au septième. C'est alors que le vortex s'ouvrait.
Enfin, ce principe était valable pour les Portes d'un même réseau et surtout positionnées dans le même système galactique. Il était possible de se connecter à une Porte d'une autre galaxie (s'il y en avait), mais l'apport en énergie était beaucoup plus important. De plus, il était nécessaire d'introduire dans la séquence d'activation un 8e symbole servant à indiquer le changement de zone. D'où l'utilisation d'un 8e chevron. Le 9e, quant à lui, permettait d'atteindre une Porte en mouvement dans l'espace (à bord d'un vaisseau par exemple). L'apport en énergie était plus important encore qu'avec seulement 8 chevrons.
Bien entendu, en réalité, l'opération était bien plus complexe que ça. Les Portes étaient des machines sophistiquées et établir des vortex n'était pas toujours réalisable. Les raisons étaient diverses, mais généralement c'était à cause de divers pare-feux destinés à protéger les passagers ou éviter des réactions entre l'espace conventionnel et le subespace. Il était également possible que la Porte de départ ne trouve tout simplement pas le signal d'une autre Porte à l'endroit indiqué. En effet, on parle de point fixe dans l'espace, mais les étoiles d'une galaxie étaient en perpétuels mouvements. C'est pour cela que des calculs extrêmement pointus étaient nécessaires pour compenser la dérive stellaire et permettre d'accéder au réseau. Normalement, les Clavis se chargeaient d'opérer ces calculs, mais si celui-ci était détruit, même avec un système improvisé il serait presque impossible d'établir une connexion puisque la Porte n'était pas capable elle-même de ce genre d'opération.
En tout les cas, il s'agissait vraiment d'un magnifique appareil. Hariel était tellement hypnotisé qu'il remarqua à peine la marche devant lui. Heureusement, Draco veillait et il l'empêcha de trébucher. Hariel le remercia d'un sourire et regarda dans quoi il avait failli buter.
La légère marche était en fait une petite plateforme hexagonale. Sur les trois côtés opposés à lui étaient installées trois consoles recouvertes de claviers dont les touches étaient en cristal illuminé de l'intérieur. Dessus, il pouvait voir, en blanc, des caractères alterans. De l'autre côté de celles-ci, mais cette fois au niveau du sol se trouvaient trois autres consoles plus petites, mais dans le prolongement des premières. Elles étaient dirigées vers l'une des baies vitrées et en particulier vers la Porte des Étoiles.
Sur l'une des consoles extérieures, Hariel aperçut les symboles de l'anneau intérieur de la Porte. Il était probable que c'était la version de la Cité d'un Clavis. La pièce devait donc servir, entre autres, à contrôler les allées et venues par vortex.
Un mouvement sur la gauche lui fit tourner la tête, l'hologramme de Merlin s'était rematérialisé auprès d'eux et leur indiquait de passer par la paroi en verre qui ouvrait sur la salle de la Porte. Celle-ci se débloqua automatiquement à leur approche. De l'autre côté, un petit escalier descendait jusqu'à un large palier. En face, un escalier similaire menait à une autre pièce qui paraissait identique à celle qu'ils venaient de quitter. Probablement une seconde salle de contrôle. Il était possible que la majorité des fonctions de la ville entière puisse être commandée d'ici.
Hariel remarqua alors les hauteurs des marches étaient décorées de lettres alteranes qui brillaient d'une lueur blanche. Il ne connaissait pas encore assez la langue pour les traduire, mais il semblait qu'il s'agissait de consignes de sécurité.
Le palier s'étendait assez profondément vers l'extérieur de la salle. Une grande porte tout au bout, celle-ci en métal solide, devaient sans doute mener au reste de la tour. À l'opposé, à leur droite, là où se rejoignaient les deux petits escaliers un plus monumental descendait jusqu'au niveau du sol de la salle de la Porte.
« À partir de là, je pense savoir où aller » intervint Dean. « Ça ressemble beaucoup aux schémas des autres villes. »
« En effet » approuva Merlin. « Quand j'ai… enfin, quand Myrddyn a construit cette ville, une grande partie, des zones inaccessibles ont été calquées directement sur les plans originaux des Cité-Vaisseaux. »
« Il y a d'autres zones inaccessibles ? » Demanda Hariel.
« La ville est constituée de 3 zones principales. La zone habitable, bien sûr… »
Hariel supposait qu'il s'agissait de la ville et du château eux-mêmes, les parties blanches.
« Et deux zones inaccessibles, la tour centrale, appelée Tour de Merlin, et le soubassement de la ville. »
« L'endroit par lequel nous sommes passés sur Dakara ? » Demanda Dean qui entraînait déjà les autres au bas de l'escalier.
« C'est ça. Ce sont des lieux où la technologie n'est pas dissimulée puisque les seuls à pouvoir y accéder étaient Myrddyn et Morgane, en tant qu'Alterans ainsi que Nimueh et Arthur. »
« À quoi servent-elles ? »
« À l'époque d'Arthur, pas à grand-chose. Il m'arrivait d'utiliser la Porte des Étoiles, mais sinon elles étaient pratiquement à l'abandon. »
« Alors, pour quelle raison les créer ? »
« Pour l'avenir, bien sûr » répondit l'hologramme comme si c'était une évidence.
Hariel tiqua au ton qu'avait employé l'I.A. C'était exactement celui qu'utilisait son Grand-père 1500 ans auparavant quand il voulait lui dissimuler des choses qu'il avait vues dans l'avenir. Sachant qu'il était inutile d'espérer obtenir des réponses de Myrddyn, il doutait en obtenir plus d'une Intelligence Artificielle qu'il avait lui-même créée avec ses souvenirs et son caractère. Il ne demanda donc aucune précision sur cette déclaration énigmatique.
« Ça devrait être par là… » annonça alors Dean qui était parvenu jusque devant la Porte.
Grâce à Ahiram et aux informations de la base de données de Merlin, il savait, tout comme Hariel, entrer en phase télépathique avec la technologie. Les yeux dans le vague, il tournait sur lui-même comme s'il cherchait quelque chose. Ce qui était le cas. Soudain, une portion du sol s'ouvrit. Une colonne blanche décorée de lignes lumineuses bleutées en émergea et s'éleva sur un mètre de hauteur. Sa partie supérieure était lisse et inclinée, de la taille d'une main.
« C'est ça » dit alors Dean. « Après toi Hariel. En te synchronisant avec, tu vas pouvoir prendre le contrôle forcé de l'intégralité des systèmes. Toute la technologie de la ville n'obéira plus qu'à toi. »
Hariel hocha la tête et s'avança vers la borne. Il posa sa main dessus sans que rien de visible ne se produise. Cependant, dans son esprit c'était différent. Il sentait la machine enregistrer son empreinte énergétique pour faire en sorte que tous les systèmes la reconnaissent comme utilisateur unique. Pourtant, Hariel n'était pas vraiment content du résultat. Il se souvenait parfaitement de ce que Merlin lui avait dit dans la Salle du Trône. Il envoya donc sa première commande dans le système. Aussitôt, d'autres bornes surgirent du sol le long de la première, se fixant à elle au travers de goulottes. Une fois en place, la surface de la plateforme supérieure avait presque quadruplé de volume.
« Qu'est-ce que tu fais ? » Demanda Dean.
« Je vais tous nous enregistrer comme utilisateur principal » répondit son cousin. « Comme on nous l'a dit récemment, le pouvoir dans les mains d'une seule personne peut devenir dangereux. »
En disant ces mots, il avait relevé les yeux en direction de l'hologramme. Celui-ci avait esquissé un léger sourire avant de simplement hochera tête. C'était probablement pour ça que Myrddyn avait insisté pour leur montrer la Table Ronde avant de monter ici.
Hermione et Dean se regardèrent puis chacun posa sa main sur le panneau. Draco, lui, ne bougea pas.
« Tu viens ? » Lui demanda Hariel.
Il secoua la tête.
« Ce n'est pas ma tâche » dit-il.
En effet, sa tâche était de le suivre à chaque instant et en tout lieu. Il n'était donc pas qualifié pour partager le pouvoir sur la Cité. Ce n'était pas seulement pour ne pas risquer d'abus (volontaire ou non) qu'il était nécessaire de diviser le commandement. C'était aussi pour éviter que l'absence de la seule personne à les diriger ne les paralyse totalement. Ainsi, même en l'absence d'Hariel, quelqu'un pouvait gérer le système. Hariel le comprenait tout à fait.
« Allez-y » dit-il simplement aux deux autres.
Dean utilisa assez facilement la technologie pour laisser son empreinte. Hermione, encore débutante, eut plus de mal. Cependant, après cette nuit-là, il n'y avait plus que 3 maîtres à bord de Camelot.
0o0o0
Hariel fut surpris quand il arriva finalement au Repaire avec les autres. Comme pour tous les moyens de transport, ce n'était que la téléportation vers la Cité qui était problématique. Pour le retour, il leur avait été très facile de créer un cercle à l'intérieur même de la Salle de la Porte et de se retrouver presque immédiatement à Poudlard dans la dimension de poche qu'il avait aménagée 5 ans auparavant.
Skōll et Hati se trouvaient là, ce qui était normal. Sirius et Remus étaient là également. Ils se tenaient encore assez loin de l'autre, ne s'étant toujours pas réconciliés. Remus en était déjà à 6 mois de grossesse, mais son ventre commençait à peine à s'arrondir. Cependant, selon Averroès qui suivait la gestation, tout allait bien. Fleur était aussi présente ce qui était déjà un peu plus exceptionnel à cette heure de la nuit. Viktor et Cédric, eux, étaient absents, mais c'était normal. Ils étaient récemment partis tous les deux en expédition pour retrouver les descendants de Svalinn.
Toutefois, il y avait dans la pièce une dernière personne qu'Hariel ne s'attendait pas du tout à trouver : son oncle, Sirzechs Lucifer.
« Oji-sama ? » Demanda Hariel, inquiet.
En effet, son oncle semblait soucieux ce qui n'était jamais bon signe.
« Des rapports viennent de nous parvenir de coins reculés du Makai » dit-il d'une voix grave. « Le Dragon Fou de la Force et du Crime est réapparu. »
« Grendel ? »
« Oui. Et selon nos rapports, Hariel, il en a après toi. »
À suivre…
.
Ça faisait longtemps que j'avais pas fait un petit cliffhanger dites-moi. J'espère que ça vous a manqué. En tout cas, merci de m'avoir lu.
Je suis vraiment désolé pour les slogans et les pancartes de la manifestation. Je suis vraiment vraiment nul pour ça.
La description de la salle du trône ne correspond pas à celle faite par Dean dans le Chapitre 99. Je sais. Ne vous inquiétez pas, j'ai corrigé ledit chapitre pour le rendre conforme à la description de celui-ci parce que c'est celle que je préfère.
Dans cette histoire, Hariel ne sera pas Maître de la Mort. Cependant, la cape est bien une Relique scellée. Cela veut dire qu'il peut y avoir un Maître de la Mort… juste que je ne sais pas qui. C'est pourquoi je vous demande votre avis : à part Hariel, qui ferait un bon Maître de ma Mort ?
Bref, voilà. N'hésitez pas à me laisser un commentaire et je vous dis à ma prochaine fois.
