Check Mate DxD

Chapitre 129 : Prise de la Reine ?/Joo wa Hikidashimasu ka ?

.

Hariel se redressa soudainement dans son lit. Pendant quelques instants, il cligna des yeux, tentant de rassembler son esprit embrumé de sommeil pour saisir ce qui l'avait réveillé. Puis, un sourire de compréhensions s'étala sur ses lèvres.

Le piège venait de se refermer.

0o0o0

Quand le Prince émergea de l'une des cheminées de l'Atrium, il trouva un petit attroupement proche de la fontaine. Il avait oublié que le Ministère comptait quelques employés de permanence nocturne.

Pour ce qui est des Auror et des Policiers. C'était une évidence et ils étaient d'ailleurs nombreux à être sur les lieux. Toutefois, il y avait également quelques simples fonctionnaires travaillant dans divers départements comme les Oubliators ou le Service de Détournement de l'Artisanat Moldus (en effet, les théières mordeuses n'étaient pas activées seulement durant les heures de bureau). Arthur Weasley était du reste présent aux côtés de ses collègues d'autres Services. Étant pratiquement seul dans le sien, il était probable qu'il avait plus que sa part de travail, notamment la nuit.

Hariel avait été stupéfait de savoir qu'ils n'étaient que deux à y être : Arthur, qui le dirigeait, et un vieux sorcier du nom de Perkins qui se trouvait être son assistant. Deux personnes seulement pour un Service chargé d'empêcher que des objets sapiants enchantés se retrouvent entre les mains de ceux-ci sur tout le territoire d'Angleterre, c'était bien trop peu. Les infractions au Statut du Secret que cela pouvait engendrer étaient telles qu'Hariel se demandait pourquoi la Confédération Internationale, garante de ce Statut, n'avait jamais agi. Au final, cela démontrait finalement le peu de pouvoir que possédait la CIS.

Le Prince se rapprocha donc du cercle des badauds en remarquant qu'Arthur Weasley avait l'air extrêmement préoccupé. Tendu, il regardait fixement vers l'intérieur sans faire le moindre commentaire au contraire de ses collègues. En effet, le Prince pouvait percevoir le murmure de la foule, mais ils étaient couverts par les cris qui semblaient provenir du centre de l'attroupement.

« Qu'est-ce qui se passe ici ? » Demanda-t-il d'une voix forte et autoritaire en arrivant à proximité.

Bien entendu, il savait parfaitement ce qu'il se passait. Il savait ce qui rassemblait ces gens et comment ils avaient été prévenus qu'il se produisait quelque chose. Quand Hariel avait posé ses Sorts sur la couronne, il avait fait en sorte que l'activation de la malédiction provoque une onde de choc magique telle qu'elle déclencherait tous les détecteurs et ferait retentir les alarmes du Ministère. Il était certain que l'esprit curieux de ragots des Sorciers les pousserait à voir ce qui se passait. C'était bien entendu ce que désirait Hariel puisqu'il lui fallait autant de témoins que possible.

En tous les cas, personne parmi le groupe ne répondit à sa question, mais tout le monde s'écarta pour le laisser passer. Il n'avait beau porter qu'une robe de chambre et des pantoufles, il en imposait suffisamment pour forcer le respect. Il avança donc au travers de la foule, la soie brodée de motifs orientaux bruissant à chacun de ses pas et la semelle de cuir de ses babouches claquant sur le sol.

Comme il s'y attendait, au centre, il vit une silhouette qui se tordait de douleur sur le parquet ciré en agrippant convulsivement la couronne d'Arthur. Et comme il s'y attendait aussi, il s'agissait de Lucius Malefoy.

Au-dessus de lui étaient également penchées trois personnes : le Ministre, Cornélius Fudge, la Directrice du Département de Justice Magique, Amelia Bones et… Percy Weasley.

Hariel se demanda quelques instants pourquoi le jeune homme se trouvait là. Il se souvient alors avoir appris de HariEx (de sa période auprès de l'Ordre du Phœnix pendant l'été) que celui-ci était devenu le secrétaire particulier du Ministre depuis quelques. Un poste important, mais qui ne lui avait été probablement offert que pour se rapprocher des Weasley, eux-mêmes proches de Dumbledore. Dans sa paranoïa, Fudge voulait absolument savoir ce qui se tramait avec le directeur.

Malheureusement, son plan ne s'était pas aussi bien déroulé que cela puisque la nouvelle position de Percy avait provoqué des tensions au sein de sa famille. Ce dernier reprochait à ses parents de ne pas suivre le Ministre et ceux-ci lui répétaient que ce poste était celui d'un espion et que cela n'avait rien à voir avec ses compétences. La dispute était devenue une rupture totale de contact ce qui faisait que Fudge avait perdu son atout. Apparemment, il le faisait payer au jeune homme en faisant semblant de ne jamais se souvenir de son nom exact.

C'est du moins ce qui avait été dit au QG de l'Ordre du Phoenix durant l'été. Grâce à l'écoute qu'il avait mise en place sur Alastor Maugrey en fin d'année précédente, Hariel avait pu apprendre également que les relations entre les Weasley ne s'étaient pas améliorées depuis.

Toutefois, la présence du cadet de la famille demeurait assez étrange. Hariel avait prévu que si les alarmes se déclenchaient ici, le Ministre et la Directrice du Département de Justice Magique seraient prévenus. Mais alors pourquoi est-ce que Percy était là ? Il ne dormait quand même pas sur le pas de la porte de Fudge tout de même ! C'est en se rapprochant qu'il comprit. Le jeune homme semblait hagard. Comme les autres il regardait Lucius Malefoy, mais sans que son visage ou même ses yeux ne trahissent aucune émotion. On aurait dit une marionnette auquel on aurait coupé les fils. Et c'était probablement cela.

Hariel avait prévu que si Lucius tente de s'emparer de la couronne, il utilise quelqu'un pour la voler en le plaçant sous imperius. Hariel n'avait pas pensé qu'il pourrait s'agir de Percy Weasley.Et pourtant, quelle meilleure victime que l'assistant personnel du Ministre ?

« Votre Altesse ? Que faites-vous donc ici ? » Interrogea Amelia Bones, surprise, en le voyant arriver.

« Quelque chose m'a réveillé » dit-il. « J'ai eu l'intuition que c'était elle. »

En prononçant ces mots, il désigna le précieux artefact toujours entre les mains de Lucius.

« La couronne d'Arthur ? Elle vous a appelé ? » Demanda Amelia Bones, sceptique.

Pourtant, des objets magiques puissants entrés en symbiose avec leur propriétaire légitime au point que celui-ci savait constamment où ils se trouvaient existaient. La couronne avait été, selon les légendes, fabriquée par Merlin lui-même. Que son descendant et cet artefact puissent être liés ne devait surprendre personne. Au contraire, cela ne ferait que prouver que la couronne elle-même avait choisi le Prince Andrammax pour la porter. Bien entendu, c'était ce que recherchait Hariel et avec tous ces témoins, la nouvelle ferait rapidement le tour du Ministère avant de se diffuser.

« Et bien ? » Demanda le Prince. « Ne faudrait-il pas la lui enlever ? »

Un Auror s'approcha alors.

« Nous avons essayé, mais sa Grâce le Duc Malefoy bouge trop et ses mains sont trop crispées sur elle. »

« Vous n'avez pas essayé de l'immobiliser ? »

« Aucun de nos Sorts n'a fonctionné. »

C'était, bien sûr, une autre des précautions d'Hariel. Il ne voulait pas prendre le risque que quelqu'un s'empare de la couronne avant lui.

Simulant quelques instants une hésitation, il finit par s'accroupir et tendit les bras vers elle. En effet, Lucius se tortillait énormément sous la douleur. Cependant, il parvint finalement à poser la main dessus et à la saisir. À ce même moment, Lucius se figea et son emprise se desserra, permettant à Hariel de récupérer la couronne. Comme il l'avait prévu, la malédiction avait cessé au moment même où il l'avait touché.

Il se redressa ensuite, mais au moment où il vit Fudge s'avancer pour reprendre possession du précieux artefact, il eut un mouvement de recul alors qu'un regard des plus suspicieux (parfaitement simulé) se posait sur lui.

« V… Votre Altesse ? » Balbutia le Ministre.

« Cela fait à peine quelques jours que je vous ai confié cette couronne et quelqu'un a déjà tenté de la voler et même presque réussit. Vous comprendrez que j'hésite à recommencer. »

« À… Allons. Tout s'est bien passé, n'est-ce pas ? Le voleur a été arrêté grâce à l'héroïsme du Duc Malefoy. »

« Je vous demande pardon ? »

« Et bien oui, il est évident qu'il a repris la couronne au véritable voleur, mon assistant, M. Wetherby. »

« Non ! » S'écria alors une voix provenant du fond de la foule.

Jouant des coudes, Arthur Weasley écarta les personnes qui se trouvaient devant lui afin de se frayer un chemin jusqu'au centre du cercle.

« C'est impossible ! » S'écria-t-il à nouveau. « Il n'a pas pu faire cela, pas mon garçon ! C'est impossible, ce n'est pas logique ! Regardez-le ! Il n'est pas dans son état normal ! »

« Allons, Arthur » dit le Ministre sur un ton doucereux et faussement amical. « Je sais que c'est dur et qu'il vous faudra être fort, mais regardez la vérité en face. Votre fils est le seul coupable p… »

« Moi aussi je trouve cela hautement illogique » intervint le Prince d'une voix froide.

C'était la première fois qu'il ne feignait pas ses émotions depuis son arrivée.

« Si le jeune était bien le coupable, pourquoi est-il toujours ici ? Il n'est retenu par personne donc qu'est-ce qui l'empêche de s'enfuir voyant qu'il a raté son coup. »

« Et bien… » commença Fudge. « Sûrement, que se sachant découvert… »

« De plus » l'interrompit le Prince, « son père a soulevé un point important. Ce garçon ne semble effectivement pas dans son état normal. »

Comme pour illustrer son propos, il prit le menton de Percy entre ses mains et lui redressa la tête. Le regard du jeune homme était celui d'un poisson mort. Hariel le lâcha et sa tête retomba mollement.

« On dirait les effets d'un Imperius si je ne m'abuse. Peut-être faudrait-il vérifier la baguette du Duc Malefoy. »

« Allons, allons ! » S'écria alors Fudge en tentant d'afficher son habituelle bonhomie (et échouant lamentablement). « Il me paraît clair que si M. Wetherby était sous Imperius, M. Malefoy ne pouvait pas le savoir et a héroïquement essayé d'arrêter la personne qu'il pensait être un voleur. »

« Sans Magie ? » Intervint Amelia Bones. « Je doute que quelqu'un comme Lucius Malefoy se soit jeté sur un voleur pour lui reprendre quelque chose sans tenter de l'arrêter avec un Sort. »

« Et vous oubliez la couronne elle-même » ajouta le Prince. « si M. Weasley était bien le voleur, pourquoi la couronne ne lui a rien fait alors qu'elle a provoqué ce qui semble être une immense douleur au Duc Malefoy ? »

« Rien… rien ne dit que ce soit la couronne. Peut-être que , sous l'influence de l'Imperius, a jeté un sort à Lucius et que… euh… »

« Oui. Continuez. Dites-nous comment il se fait que la douleur se soit arrêtée au moment où j'ai pris la couronne en main. »

« Eh bien… je… euh… c'est-à-dire… » balbutia Fudge.

Le Prince se tourna alors vers l'assemblée.

« Moi, je déclare que la couronne m'a appelé. Je soupçonne également qu'il s'agit d'un système de défense pour empêcher des personnes mal intentionnées de s'en emparer, tout comme cette étrange douleur. »

« Vous pensez donc que avait de mauvaises intentions quand il a posé la main sur la couronne ? »

« Je le pense » répondit le Prince en hochant la tête.

Puis il eut un petit sourire complice.

« Avez-vous remarqué comme il se tenait le bras gauche pendant qu'il se roulait au sol ? » Demanda-t-il.

Il sortit alors sa baguette de la poche de sa robe de chambre, et d'un geste vif, jeta un sort qui releva la manche de Lucius. Les murmures de la foule reprirent quand tout le monde aperçut ce qu'il y avait en dessous. Le fait qu'il avait la Marque des Ténèbres n'était une surprise pour personne. Il n'avait jamais caché l'avoir. Juste qu'il avait été forcé d'accomplir les délits qu'on lui avait reprochés (ironiquement par le même Sort dont il s'était servir aujourd'hui). Toutefois, celle-ci était très sombre et pulsait abominablement. C'était comme si le serpent qui la composait était vivant. La peau tout autour était également extrêmement boursouflée comme si celle-ci s'était mise à chauffer. Ce qui était le cas.

« Apparemment, la Magie de la couronne est entrée en interaction avec celle de la marque quand elle a tenté de repousser son véritable voleur » commenta le Prince.

« Aurors ! Vérifiez la baguette de » ordonna alors Amelia Bones.

Mais aucun des officiers présents ne bougea. Ils étaient tous comme figés sur place, leurs regards allant alternativement du Ministère à l'homme à terre. Finalement, la Directrice du Département de Justice Magique poussa un soupir énervé.

« Décidément, il faut tout faire soi-même » crachat-elle.

Elle se baissa et attrapa la baguette à manche en forme de tête de serpent qui se trouvait au sol. Elle pointa la sienne dessus et jeta le Prior Incantatum, le Sort permettant de vérifier lesquels avaient été lancés par le médium. Une brume violette s'éleva alors de l'extrémité de bois sombre et poli. Le résultat était sans appel. Le dernier Sortilège employé était l'Imperius, l'une des trois Impardonnables.

« Je crois qu'il n'y a plus de doute sur l'affaire » dit-elle. « Maintenant, Aurors, veuillez amener en détention. C'est un ordre ! »

Comme s'ils avaient été foudroyés, les membres des forces d'élite se précipitèrent alors. Deux relevèrent Lucius et lui passèrent des menottes anti-Magie tandis qu'un troisième récupérait la baguette.

« À… Allons ! Du calme, voyons, du calme ! » S'exclama à ce moment-là Fudge en tentant de barrer la route aux Aurors. « Ne nous emballons pas. N'importe qui aurait pu utiliser la baguette de Lucius pour… »

« Une baguette qu'il a toujours en main puisqu'elle se trouve dans sa canne ? » Murmura Hariel en se penchant vers le Ministre. « Rappelez-vous qu'il a été retrouvé au milieu de la nuit, une main sur la couronne et l'autre sur sa Marque, une personne sous l'emprise de l'Imperius à ses côtés et avec la preuve que sa baguette a été utilisée pour en lancer un. Ça sent vraiment mauvais pour lui et si vous vous obstinez, il risque de vous entraîner dans sa chute. »

Il fallut quelques secondes pour l'homme afin de choisir son camp. Il s'écarta donc du chemin des Aurors sans plus dire un mot. Enfin, pour l'instant. Nul doute que le lendemain, il donnerait une longue conférence de presse pour s'encenser lui-même et se centrer de son rôle dans l'arrestation d'un dangereux criminel.

À présent restait le problème de Percy qui était toujours sous le Sortilège de Contrainte. Jusqu'à ce jour, le seul moyen de se retrouver libéré de ce Maléfice était de s'en sortir soi-même grâce à sa propre volonté ou alors que la personne qui l'avait jeté l'annule ou meurt (ce qui s'était prétendument passé lors de la première défaite de Voldemort lorsque tous ses très riches et nobles partisans s'étaient "réveillés" de leur servitude). Beaucoup de Médicomages avaient tenté de trouver une manière d'inverser les effets du Sort sans le concours du lanceur (souvent peu coopératif), mais aucun n'y était parvenu pour la simple et bonne raison que personne ne savait exactement ce qu'il faisait.

Hariel, bien sûr, le savait puisqu'il avait reçu des cours de Morgane elle-même. À la base, comme il l'avait appris, l'Imperius avait pour but de manipuler l'esprit pour le soigner. Toutefois, avec l'utilisation faite aujourd'hui, l'esprit se trouvait contraint d'agir sur le corps (étant donné que l'esprit dominait la matière) afin de paralyser les fonctions du néocortex et du cortex préfrontal qui contrôlaient respectivement la pensée logique et la prise de décision. En sachant cela, il devrait être aisé à Hariel d'aider Percy à sortir de son état d'hébétude provoqué par l'absence d'ordre de celui qui avait jeté le Sort. Cependant, ce n'était pas une compétence que devait posséder le Prince. C'est donc la mort dans l'âme que celui-ci décida qu'il ne pouvait pour le moment rien faire pour lui.

« Je vais faire appeler Sainte Mangouste » dit alors Amelia Bones à Arthur Weasley. « Ils devraient bien s'occuper de lui. »

Plus il était loin de l'influence de celui qui avait jeté le sort (et qui était le seul à pouvoir lui donner des ordres) et mieux c'était pour lui. D'autant qu'une fois à l'hôpital, ses besoins fondamentaux pourraient être pourvus. Certaines actions simples lui étaient possibles par automatisme. Manger avec une assiette devant lui, boire quand on lui donne un verre d'eau ou faire ses besoins une fois sur des toilettes, mais il lui est impossible de prendre la décision d'aller se chercher à manger ou à boire ou d'aller aux cabinets… ou même de se retenir. Arthur hocha donc la tête pour donner son accord. Il lui était, semble-t-il, difficile de parler. Ses yeux étaient humides et menaçaient de déborder à tout moment. Il prit son fils dans ses bras en lui murmurant des mots réconfortants sans savoir s'il les entendait vraiment.

Par respect, Amelia et le Prince dispersèrent les badauds.

« Au fait » dit Amelia une fois qu'ils furent presque seuls. « Je ne me souviens pas avoir jamais rencontré cette personne. »

Elle désignait la haute silhouette austère qui avait accompagné le jeune homme depuis son arrivée.

« Oh ! Veuillez m'excuser, je n'y pensais plus » dit celui-ci d'un faux air innocent. « Je vous présente Grendel, mon Majordome. Il s'occupe de moi depuis que je suis enfant. »

Le Dragon transformé en humain s'inclina avec raideur devant la Sorcière. Il n'avait pas vraiment le choix. Lors de leur combat, Hariel l'avait frappé avec Excalibur. Il n'avait pas été blessé, mais, comme la dernière fois, il s'était retrouvé sous son contrôle. À cette époque, cela n'avait pas duré bien longtemps, mais Hariel serait entraîné depuis. Durement et dans le seul but d'obtenir la maîtrise totale de son adversaire.

Et il avait réussi.

« Il ne me semble pas l'avoir déjà vu à vos côtés » remarqua Amelia.

« C'est normal. Sa présence aujourd'hui est exceptionnelle. Il n'acceptait pas de me laisser sortir seul dans une tenue aussi… modeste. »

« Je vois » dit la femme sur un ton suspicieux.

Hariel savait qu'elle avait des doutes sur ses mensonges, mais loin de craindre ce fait, il s'en réjouissait. Elle était intelligente, perspicace, charismatique, autoritaire et juste. Tout ce qu'il fallait pour quelqu'un de son futur gouvernement.

0o0o0

« Qu'est-ce que tu en dis ? » Demanda Dean à l'homme qui se trouvait dans sa tête.

« Je pense que cette fois on y est » dit Ahiram après un moment de réflexion.

Dean observa la feuille de papier devant lui. Dessus, on pouvait voir un torse d'homme schématiquement représenté, une sorte de canevas pré fabriqué et imprimé en série. Les lignes tracées à l'intérieur, cependant, avaient été faites manuellement. Les marques à peine visibles sur la surface et les traits en partie effacées montraient qu'elles étaient le résultat de nombreux remaniement au fil des essais.

Quand il était revenu du Makai, il s'était mis à dessiner frénétiquement pour oublier que son cousin était en danger… et que lui aussi probablement. Heureusement, en début de soirée, un appel l'avait rassuré. Apparemment, Hariel avait devancé tout le monde. Il avait déduit l'endroit où se rendrait Grendel et y avait envoyé HariEx sur les lieux pour analyser le terrain et mettre son plan au point. Au moment où le Dragon était arrivé, il s'était simplement éclipsé au vu et au su de tous dans le but de le piéger… et il y était parvenu.

Soulagé, Dean n'en avait pas pour autant lâché son travail. Cela faisait déjà une semaine qu'il planchait sur ce seul dessin, mais au vu de son importance, c'était plus que nécessaire. Depuis l'été, il avait appris les techniques des Runes de Chair avec Ahiram et lu tous les livres qu'Hariel avait pu lui fournir. Toutefois, il avait refusé (à juste titre) de se lancer avant de parfaitement maîtriser la théorie. Le vieux Dakarite avait beau s'y connaître, son savoir était plus pratique que véritablement académique. Il avait seulement suivi les consignes de ses prédécesseurs.

Ce qu'il aurait fallu à Dean, c'est un authentique professeur. Cependant, un Maître en Runes de Chair était quelque chose d'extraordinairement rare. L'art s'était perdu au fil des siècles, car il était trop complexe et dangereux. De nombreux gouvernements Sorciers avaient interdit cette pratique à cause de cela. L'utilisation de lames et de sang et les incisions sur le corps avaient également participé et énormément de gens l'assimilaient à de la Magie Noire. Il restait bien des écrits protégés par des Magiciens plus éclairés ou par d'autres êtres comme les Démons, mais ils demeuraient assez rares. Et s'il existait quelque part une personne sachant les utiliser à la perfection, ni Hariel ni les services secrets Gremory ne l'avaient trouvé.

Il y avait bien cependant quelques adeptes de ces pratiques de par le monde parmi les communautés de Magiciens. Ceux-ci étaient d'ailleurs très étroitement surveillés par l'Association à cause des fortes probabilités de pollutions magiques que leurs expérimentations pouvaient générer. Si leurs procédés étaient trop brouillons pour qu'Hariel prenne le risque de les laisser enseigner à son cousin, ils avaient toutefois leur utilité. En effet, leurs recherches avaient notamment pu restaurer certaines des techniques annexes au Rune de Chair. C'était le cas, par exemple, de la fabrication des lames rituelles. C'est grâce à cela que Barclay avait pu offrir à Dean, au Noël de sa 4e année, un set de ces lames qui pourraient lui être utiles. Toutefois, sans les connaissances pour les manier, elles ne servaient pas à grand-chose.

Dean se retrouvait donc dans l'obligation de maîtriser le plus possible la théorie pour ne pas faire d'erreurs sur ses tracés puisque la moindre imprécision ou maladresse pouvait lui coûter la vie.

Toujours était-il, qu'à présent, il se sentait prêt (même si, en l'état des choses, tout était relatif). Il avait alors commencé par une pièce qu'il désirait réaliser depuis longtemps déjà. Il s'agissait en fait de la raison originelle pour laquelle il avait tenté d'en apprendre plus sur les Runes de Chair : guérir son asthme… ou plutôt employer la Magie pour aider ses voies respiratoires à demeurer ouvertes même en cas d'effort ou dans un environnement peu favorable.

À la base, il avait utilisé le motif qu'Hariel avait dessiné sur son torse pour la première fois trois ans auparavant pour calmer l'une de ses crises et dont il avait lui-même souvent usé depuis lors. Après tout, ce n'était pas les Runes elles-mêmes qui avaient été oubliées, mais les techniques pour les graver de façon permanente sur la peau.

Cependant, il ne pouvait pas les employer tels quels puisque leur forme était trop "générique" pour lui. C'était en effet l'une des raisons qui faisaient que les Runes de Chair étaient une pratique complexe. Ainsi fixées sur le corps, elles se liaient à la Magie de leur hôte. Or, pour une fluidité maximale de la Mana, elles devaient absolument être ajustées à celle-ci. Cela fait que chaque travail de Rune devait être étudié et modifié pour s'adapter à la personne à qui il était destiné. Le faire pour soi-même était déjà une tâche complexe, alors pour d'autres, cela demandait une maîtrise extrême et de vastes connaissances pour éviter les accidents.

En effet, si quelques lignes mal positionnées pouvaient seulement affecter le flux d'énergie et diminuer l'efficacité des Runes, d'autres erreurs pouvaient avoir des conséquences bien plus funestes. Nombre des livres encore disponibles sur le sujet faisaient état de ces risques : explosion magique, problèmes de santé permanents, handicaps, perte de pouvoirs définitive, décès ou même dissolution de l'âme elle-même.

C'était la raison pour laquelle Dean avait été si hésitant… et qu'il l'était encore aujourd'hui.

« Je pense moi que ce travail a toutes les chances de fonctionner » lui dit Ahiram pour le rassurer. « Mais si tu as encore des doutes, tu peux toujours demander à l'Esprit. »

« À Merlin ? »

Ahiram avait énormément évolué au contact du cerveau de Dean et des connaissances anciennes. Sa manière de s'exprimer, ses croyances et même sous certains aspects, son caractère. Mais malgré cela, il appelait toujours Merlin "l'Esprit".

« Pourquoi lui demander ? »

« C'est lui qui a enseigné les Runes de Chair au premier Protecteur. »

Dean cligna des yeux, surpris. Il se rendait compte à présent qu'il ne s'était jamais demandé d'où provenaient les connaissances d'Ahiram sur les Runes de Chair. Il savait, bien sûr que c'était son prédécesseur qui le lui avait appris. Mais il ne s'était jamais interrogé sur la façon dont la lignée des Protecteurs les avait acquises au tout début. D'après ce qu'il avait compris, il n'y avait pas de Magicien parmi ceux qui s'étaient installés dans l'oasis pour échapper aux Goa'ulds. La tradition des Runes de Chair devait donc dater d'après que "l'Esprit de la Montagne" ait éveillé le potentiel du premier Protecteur. Cela voulait alors dire que cette tradition devait avoir entre 1000 et 1500 ans au moins.

Après coup, Dean aurait dû se douter que Merlin était intervenu. Les Runes utilisées par les Protecteurs étaient les mêmes que sur Terre. Mais de là à leur avoir enseigné les techniques pour les inciser sur leur corps… Cela signifiait donc que le Merlin original devait posséder ces connaissances. Encore une fois, c'était une conclusion logique puisque c'était probablement lui qui avait guidé Ahiram pour les Runes se trouvant sur son crâne. Dean ne se souvenait pas vraiment de ce moment-là, mais à présent, il se disait que le modèle qu'il arborait était bien plus complexe que ceux qu'il avait vus sur le Protecteur lorsque celui-ci était encore "en vie". Le tracé devait donc être l'œuvre de l'Intelligence Artificielle.

Puisqu'il n'y avait aucune référence dans les données alteranes (ils les avaient bien évidemment étudiés activement), il était possible que ce soit une pratique que le Merlin original ait découverte sur Terre après son retour (voir qu'il l'ait inventé, qui sait ?). Toutefois, comme une grande partie des connaissances de Merlin, Dean n'y avait pas accès au contraire du reste.

Le plus étrange, c'est qu'il n'avait rien trouvé à ce sujet dans le Compendium. Pas qu'il ait effectivement fait des recherches sur les Runes de Chair, mais il avait bien tenté de compulser l'ouvrage. "Tenté" était le mot juste, car il pouvait être assez difficile à parcourir.

La première fois qu'il l'avait utilisé, sur Dakara, il s'était ouvert tout seul sur la page du Grand Saut. Depuis, il parvenait toujours à la retrouver quand il la cherchait, mais c'était presque tout. Il s'était rapidement rendu compte que le nombre de pages était beaucoup plus important qu'il ne paraissait de visu. De plus, certaines avaient tendance à bouger. Il pouvait tomber sur une lors d'une consultation et ne plus la retrouver à la suivante ou il s'apercevait que deux d'entre elles n'étaient plus l'une à côté de l'autre comme précédemment. D'autres fois, il avait beau feuilleter le grimoire, il revenait sans arrêt sur la même. C'était ce qui s'était produit avec le schéma qui avait permis d'enfermer Trihexa. Comme il tombait sans cesse dessus, il avait fini par le retenir.

Toujours était-il qu'à défaut de savoir si Merlin avait bien laissé des informations sur les Runes de Chair dans son Compendium (ou la raison pour laquelle il ne pouvait pas y accéder alors qu'il en avait besoin), il ne restait plus à Dean qu'à poser la question au seul qui devait encore avoir les réponses : l'hologramme de Camelot.

« D'autant plus que nous pourrons ensuite directement nous rendre à la chambre rituelle » ajouta Ahiram.

Dean se figea. Parmi les éléments nécessaires à toute pratique des Runes de Chair, il en avait 2 sur les 3. Il possédait une lame adéquate et, à présent, le motif. Ce qui lui manquait était une pièce consacrée au tracé des symboles sur le corps. En effet, une technique aussi précise et complexe ne pouvait pas se faire dans n'importe quel endroit. Il fallait un lieu spécifique protégé des interférences énergétiques extérieures et qui permettait une bonne circulation du Mana. Un tel lieu n'existait plus à proprement parlé sur Terre, pas à sa connaissance ou celle d'Hariel (à l'exception des pis aller instables créés par les fanatiques mentionnés plus tôt). Il s'était donc préparé à devoir en mettre une en place de toute pièce… jusqu'à la proposition d'Ahiram.

« Tu crois que ça fonctionnerait ? » Demanda-t-il avec une certaine fébrilité

Toutefois, ce n'était pas dû à l'excitation, mais à la peur. Celle de passer le pas. Dessiner le motif sur une feuille de papier c'était une chose. Le faire sur son corps en était une autre. La seule idée de s'entailler la peau de lui-même le faisait frémir. C'était l'un des aspects de cette pratique qu'il avait simplement ignorés pour éviter d'y songer… sauf qu'à présent, il n'allait plus pouvoir faire l'autruche bien longtemps.

« Je serais là pour t'aider » lui dit Ahiram.

Dean hocha la tête, pas encore totalement rassuré, mais déjà plus que précédemment. Rapidement, il plaça le dessin dans sa Poche Dimensionnelle puis il s'accroupit ensuite sur le sol et tira une petite mallette de sous son lit. C'était là-dedans qu'il rangeait des affaires de Magie quand il ne les utilisait pas. Elle était ensorcelée pour ne pas être visible et aussi pour qu'il soit le seul à pouvoir la débloquer (avec des frères et sœurs plus jeunes dans la maison, c'était plus prudent). Bien évidemment, elle était également plus vaste à l'intérieur qu'à l'extérieur.

L'ouvrant rapidement, Il fouilla quelques instants avant d'en tirer un couteau. C'était une lame faite pour les rituelles, celles avec un fourreau circulaire. Celle-ci était en acier simple. Ce n'était pas l'une des spéciales qu'il avait reçues l'année précédente. Cela n'avait rien à voir avec le fait que ce soit un cadeau de son père (ce qu'il avait appris récemment), mais plutôt avec celui qu'elles étaient trop "particulières" pour la pièce qu'il voulait. À chaque travail l'outil adéquat après tout.

En fouillant encore, il trouva un peu de chocolat provenant de Honeydukes, la confiserie de Pré-au-Lard et qu'il avait cachée ici pour le préserver de l'appétit de ses frères et sœurs. Même si les incisions seraient légères, il perdrait tout de même un peu de sang sans compter que le rituel serait assez fatigant. Le problème, c'est qu'il ne pourrait utiliser aucune potion dans les heures qui suivraient pour ne pas altérer la Magie. Les plaies se refermeraient rapidement, mais sur le coup, il risquerait d'être un peu faible. Le chocolat, très riche en sucre et en Mana, serait nécessaire pour reprendre des forces.

Le Sceptre de Merlin était à son poignet sous sa forme de bracelet et il récupéra son trousseau de clés où se trouvait attaché le Compendium miniaturisé sur son bureau. Satisfait de ses préparatifs, il décida de prévenir ses parents qu'il partait. Toutefois, en ouvrant la porte, il se rendit compte que la maison était extraordinairement silencieuse.

Fronçant les sourcils, il sortit son portable et l'alluma. Il était plus de 4h du matin. Pas étonnant que tout le monde soit couché. Il était tellement pressé de terminer son travail qu'il n'avait pas vu le temps passer. Il n'avait même pas dîné. Il avait un peu faim. Mais finalement, ce n'était pas plus mal. D'après ses recherches, les rotules étaient moins éprouvantes à jeun. Probablement parce que la Magie n'entrait pas en interaction avec le processus de digestion. Donc s'il devait vraiment faire son premier rituel de Runes de Chair, il était prêt.

0o0o0

Allongé de tout son long sur les tuiles fraîches, la tête reposant sur ses bras croisés en arrière, Draco regardait les étoiles. Ou plutôt, il les voyait, mais sans vraiment les voir tant les pensées s'accumulaient dans son esprit.

Il s'était réveillé quelques heures plus tôt, sentant que quelque chose n'allait. En bon "Majordome" ses appartements étaient connectés à ceux d'Hariel. Il lui suffisait d'ouvrir l'une des portes de sa chambre pour se retrouver dans celle de son compagnon… sauf que cette nuit-là, celui-ci ne se trouvait pas à l'intérieur.

Pour autant (et heureusement, car Draco aurait commencé à paniquer encore une fois), elle n'était pas vide. Proteus était là. Sous sa forme d'enfant, il paraissait encore plus petit qu'avant pour Draco qui avait gagné une vingtaine de centimètres à Noël. En bon Familier, il lui transmit tout de même fidèlement le message que lui avait confié Hariel.

« Le piège sur la couronne s'est déclenché. Je pars au Ministère avec Grendel pour m'assurer que Fudge ne fera pas des siennes surtout s'il s'agit de Lucius. L'autorité du Prince ne sera pas de trop. Je reviens vite. »

Savoir que le Dragon cinglé était avec Hariel n'était pas vraiment pour plaire à Draco. Pas qu'il craigne pour sa survie, Hariel était parfaitement capable de se débrouiller, mais il se sentait vexé de voir quelqu'un d'autre à ses côtés. Il avait accepté la position de second Majordome de Grendel seulement pour une raison : continuer à maintenir la couverture du Prince.

En effet. Depuis quelque temps, les gens étaient de plus en plus curieux de connaître ce dernier sur un plan plus… personnel. Ils voulaient savoir où il habitait, ce qu'il faisait de ses journées, etc. Jusque-là, il avait noyé le poisson en prétextant qu'il faisait restaurer l'une des anciennes propriétés dont il avait hérité sur le sol Anglais, mais comme aucune rénovation aussi difficile soit elle ne prenait autant de temps, il avait dû transformer son mensonge en réalité.

Ce n'était pas comme s'il ne possédait pas vraiment des propriétés dont il avait hérité sur le sol Anglais. Toutefois, il était nécessaire d'en trouver qui soit à la fois digne de son rang, exploitable et assez rapide à remettre à neuf. Fort heureusement, la chance était de son côté, car l'une d'elles correspondait parfaitement à cette description et il se demandait comment il avait fait pour ne pas y penser plus tôt.

Tintagel. Le Château d'Uther puis de Vortigern et qui avait vu naître Arthur.

Après l'installation d'Arthur à Camelot, Tintagel avait été laissé à l'abandon. C'était de toute façon préférable. Les mauvais souvenirs y étaient bien trop nombreux. Sans compter les énergies maléfiques qui avaient empoisonné le lieu. Myrddyn l'avait donc scellé et dissimulé pour exorciser en quelque sorte le mal.

Toutefois, à présent, il pouvait parfaitement devenir la demeure princière dont Hariel avait besoin. Grâce à Myrddyn, il était encore en à peu près bon état. Tous les travaux nécessaires avaient été entrepris par les Gobelins à l'aide d'un contrat négocié par Balbok et il serait bientôt prêt à être habité.

Mais qui disait grande demeure, disait aussi personnel pour y travailler. Il y aurait des Brownies, bien sûr, certains faisant partie de l'héritage même d'Hariel. Toutefois, l'arrivée de Grendel lui avait également donné une idée. Celle d'un Majordome Humain (ou d'apparence Humaine) afin de marquer un changement par rapport aux habitudes des autres Sang-Purs. Normalement, il était prévu que Grendel fasse son apparition lors de la première invitation du Prince à visiter sa demeure, mais il semblait à Draco qu'Hariel avait décidé de modifier ses plans et de l'introduire plus tôt que programmé. Qu'à cela ne tienne puisque c'était sa décision, mais Draco demeurait tout de même vexé.

Toutefois, ce n'était pas ce fait qui occupait à présent ses pensées et qui l'avait obligé à se retirer sur le toit de l'une des tours du Château de Kamala.

« C'est vrai que l'avantage d'avoir des ailes, c'est qu'on peut s'isoler dans des endroits inaccessibles pour la plupart… Un avantage qui ne sert strictement à rien si on se trouve dans un lieu où tout le monde possède des ailes. »

Sans bouger de sa position, Draco leva les yeux. Tout ce qu'il vit, c'est une paire de jambes et l'intérieur d'une jupe.

« Rouge… » dit-il simplement. « J'aime bien le rouge. Ça te va bien. »

« Moi aussi je trouve que les petites culottes rouges me vont bien » dit Hariel avec un petit rire.

Il s'assit à côté de son petit-ami sur les tuiles fraîches alors que ce dernier tournait à nouveau ses yeux vers le ciel.

« Comment tu vas ? » Demanda Hariel.

« Je ne sais pas. Pas vraiment. »

« J'imagine. Après une telle nouvelle… »

« C'est juste que je n'arrive pas à y croire » l'interrompit Draco en se redressant. « Est-ce que Lucius est vraiment hors d'état de nuire ? Ce n'est pas la première fois qu'il est arrêté et il s'en est sorti ! »

« Les circonstances sont différentes. Le Monde Sorcier est moins… chaotique qu'il ne l'aurait après la guerre. Les institutions étaient dévastées et toujours vérolées par les partisans de Voldemort. Aujourd'hui, les preuves sont solides et je mettrais toute mon influence pour qu'il soit jugé et condamné. Tu ne me fais pas confiance ? »

Draco soupira et s'allongea à nouveau.

« Si, mais… c'est juste que depuis toujours, Lucius était pour moi cette espèce de roc sinistre et inébranlable que personne ne parviendrait à faire tomber. Je crois qu'à une époque j'en ai été assez fier, mais au fur et à mesure des années… »

Il n'avait pas besoin d'en dire plus. Hariel connaissait parfaitement les méthodes d'éducation que Lucius avait pratiquées sur son fils.

« Même après l'avoir quitté j'ai toujours pensé que le mettre hors d'état de nuire serait plus… compliqué que ça. Une sorte de croisade de tous les instants qui ferait paraître la guerre contre Voldemort comme une vulgaire dispute d'enfants… Là, j'ai l'impression que c'est… trop simple. »

« Et pourtant, c'est arrivé, Draco. Il est arrêté et il va être condamné à Azkaban. Fini. En termes d'échecs, la Reine de Voldemort a été prise. Alors, cesse de jouer les allumeurs avec ton corps de top model et reprends-toi ! »

« Les allumeurs ? » Demanda Draco sans comprendre.

Il baissa les yeux et s'aperçut rapidement de quoi Hariel voulait parler. En se couchant, il avait inconsciemment était un peu plus brusque que ce qu'il n'aurait dû. Le mouvement avait donc fait remonter son t-shirt, dévoilant le bas de ses abdominaux ciselés.

« Si tu te sens mieux, mais que tu ne sais pas quoi faire, si tu allais préparer les bagages. Je te rappelle qu'on rentre à Poudlard demain. »

Draco grogna de frustration et passa ses mains sur son visage tout en contractant son dos. Le geste eut pour effet de faire encore remonter le t-shirt, offrant une plus grande surface au regard appréciateur d'Hariel. Décidément, quand il avait recréé son corps, Draco avait vraiment bien fait les choses. Qu'il en ait conscience ou non, il avait choisi tous les atouts qui plaisaient particulièrement à Hariel chez un homme.

« Puisque tu sembles tellement aimer montrer tes muscles, je devrais peut-être te demander d'arrêter de porter de t-shirt quand nous sommes dans ma chambre » dite celui-ci alors que son compagnon se relevait.

Celui-ci lui lança un coup d'œil taquin puis d'un geste ample fit passer son haut par-dessus sa tête, révélant l'intégralité de son torse en dessous.

« On se voit dans ta chambre » dit-il alors d'une voix plus grave en lâchant le vêtement au sol de façon négligente.

Il se retourna ensuite et sauta simplement du toit.

Le sourire d'Hariel s'atténua alors quelque peu et son regard se fit plus trouble. Malgré ce qu'il avait dit à Draco, Malgré son assurance, il n'était pas tout à fait sûr que sortir Lucius du tableau soit un coup aussi décisif que cela. Certes, sans la fortune Malefoy, Voldemort perdait une grosse partie de ses revenus, mais rien ne disait que la place laissée vacante par le départ du bras droit du Mage Noir le resterait. Après tout, aux échecs, quand un Pion parvenait à se hisser au niveau du Roi, il pouvait être promu. En une nouvelle Reine pourquoi pas.

Le tout était à présent de savoir quel pion Mangemort saurait se montrer suffisamment utile pour être promu…

0o0o0

Le cercle de téléportation déposa Dean en plein milieu de la salle de la porte. Après que la ville soit totalement passée sous leur contrôle, il avait été facile pour les trois administrateurs du système d'autoriser les transports pour eux et leurs alliés. Pour le moment, ils estimaient que ce n'était pas nécessaire de le généraliser. Ils avaient trop de secrets. Et même une fois ceux-ci révélés, il faudrait placer des limites pour éviter que tout le monde ne débarque sur l'île comme dans un moulin. Hariel envisageait d'ouvrir le transplanage sur la Cité même et de ne laisser qu'une autre d'arrivage à l'intérieur du château, comme chez lui, à Kamala. Mais cela demeurait pour l'instant de l'ordre d'un projet.

« Merlin ? » Appela Dean.

Les lumières s'étaient allumées autour de lui à son arrivée, mais il n'y avait aucun signe de l'hologramme. Soudain, le jeune garçon aperçut un cercle blanc se dessiner au sol et un second au-dessus de lui a près de 2 m de hauteur. Au même instant où le cercle inférieur se mit à s'élever dans les airs, l'autre se mit à redescendre. Sur leur passage, Dean vit apparaître une silhouette formée d'un maillage violet en 3 dimensions. Les deux cercles se rejoignirent rapidement et repartirent dans l'autre sens, déposant cette fois le long de leur progression, une texture sur la structure de base. Même avant cela, Dean avait parfaitement reconnu la silhouette de Merlin. Pourtant, il resta figé à le regarder jusqu'à ce qu'il soit pleinement devant lui. Tout cela n'avait pris que quelques secondes.

« C'est nouveau ça… » commenta Dean.

« Il s'agit d'un protocole totalement inutile et anti-ergonomique mis en place par Son Altesse pour, je cite ses mots, "faire en sorte que je cesse de me glisser dans le dos des gens pour les surprendre". »

« Ça, je peux le comprendre » acquiesça le jeune Magicien.

« Puis-je vous être utile à quelque chose, Maître Thomas ? » Demanda l'hologramme.

« Oui, en fait… »

Il fit apparaître dans sa main le papier où se trouvait son schéma de Runes de Chair. Il allait le donner à Merlin quand il hésita.

« C'est bien toi qui as appris la Magie aux Protecteurs de Dakara, n'est-ce pas ? »

« En effet. J'ai utilisé la technologie de la cité pour stimuler le potentiel du Premier Protecteur et ai créé l'artefact afin qu'il puisse découvrir des potentiels similaires au sein de sa lignée dans le but de perpétuer la fonction. »

« Pourquoi ? »

« Le nombre de données est insuffisant pour pouvoir répondre à cette question. Veuillez reformuler. »

« Pour quelle raison as-tu créé la lignée des Protecteurs » précisa Dean.

« Les consignes de mon créateur étaient d'attendre votre venue sur Dakara. Ne pouvant me déplacer hors de la ville. Il me fallait un intermédiaire capable d'utiliser la Magie afin de pouvoir localiser la vôtre. Quand mes capteurs ont détecté l'approche d'humains fuyant un ennemi, j'ai saisi cette opportunité pour obtenir un vivier d'intermédiaires possible. La… chance a fait qu'un sujet compatible est entré en contact avec moi. J'ai donc éveillé son potentiel et lui ai appris à s'en servir suffisamment pour qu'il se démarque de la population. »

Cette explication semblait froide et mécanique. Et pourtant Dean pouvait sentir que ce n'était pas totalement la vérité. L'hologramme avait-il sauvé ces gens seulement pour mener sa mission à bien ou est-ce qu'une part de son créateur vivait en lui au travers des souvenirs présents dans son programme ? Hariel avait décrit Myrddyn comme quelqu'un qui se sentait responsable. Quelqu'un qui jugeait que son pouvoir devait servir à aider son prochain. L'Intelligence Artificielle basée sur lui avait-elle les mêmes sentiments ? Dean le pensait. En fait, il en était même persuadé.

Toutefois, il n'était pas là pour disserter sur la potentialité que l'I.A. qui régissait la cité soit ou non douée d'émotions. Il avait un autre projet en tête.

« Est-ce que cela veut dire que c'est toi aussi qui leur as appris les Runes de Chair ? »

« En effet. »

« Donc tu possèdes une base de données à ce sujet ? Une qui te vient de Merlin ? »

« La réponse adéquate est "en quelque sorte" » répondit l'hologramme. « Les connaissances parcellaires dont je dispose sur le sujet ont été extraites de passages étudiés du Compendium. »

« Ça veut dire que tu as eu accès à l'intégralité du Compendium ? » Demanda Dean avec excitation.

« Négatif » répondit malheureusement l'AI. « Malgré mes tentatives, le fonctionnement du Compendium m'est demeuré inaccessible. Aucun de mes protocoles ne parvenait à extraire les données complètes de l'ouvrage en dépit de mes similitudes avec notre créateur commun. »

Donc, l'hologramme de Merlin avait les mêmes problèmes que lui avec ce fichu grimoire.

« Mais tu as tout de même pu extraire des données sur les Runes de Chair. »

« Affirmatif. »

Cela voulait alors dire qu'il existait bien des informations dans le Compendium à ce sujet. Le tout était de parvenir à les trouver… enfin, si ce fichu bouquin pouvait se montrer plus coopératif. Mais toujours était-il que l'hologramme possédait, lui, quelques données qui étaient accessibles. Il déplia donc son dessin et le lui montra.

« Je voulais avoir ton avis sur ce schéma runique » dit-il. « S'il est… sans danger. Pour moi. »

« Très bien » acquiesça l'I.A. « Acquisition des données. »

Une sorte de laser de couleur bleuté provenant du plafond les balaya soudain, lui et l'image. Une grande fenêtre se matérialisa ensuite dans les airs à côté d'eux et afficha le circuit créé par Dean. Cependant, à la place de la silhouette basique aux bras et aux jambes écartées qui lui avait servi de support pour son travail se trouvait à présent une reproduction de son propre corps, extrêmement détaillé et aussi extrêmement… nu.

« Ola ! » S'écria alors Dean en rougissant. « Tu pourrais prévenir avant de… enfin…. Tu pourrais quand même, je sais pas, me mettre quelques vêtements. Notamment sur… enfin… sur les parties intimes. »

« L'ajout de vêtements à la simulation compromettrait la visibilité du tracé. De plus, il n'y a aucune référence anatomique officielle pour ce que vous appelez les "parties intimes". Il y a cependant 79,3 % de chances que cela désigne votre pé… »

« Ok ! Stop ! Laisse tomber ! » S'écria le jeune garçon en rougissant de plus belle. « dis-moi plutôt ce que tu penses de mon travail. »

« Au vu des données que je possède, j'estime la fiabilité du circuit runique à 36,4 %. »

« Seulement ? » S'exclama Dean, estomaqué.

« Mon niveau de connaissance actuel ne me permet pas de donner une meilleure estimation. »

« Je vois… » soupira Dean.

C'était frustrant. Voilà qu'il se retrouvait au même point que tout à l'heure… ou peut-être pas.

« Dis-moi. Quel est le niveau de tes connaissances en Runes ? Pas forcément de Chair, tes connaissances générales. »

« Si l'on exceptés les données relatives aux Runes de Chair, mes données sur le sujet sont de zéro. À l'exception du Compendium, il n'existe aucune base de données sur la Magie dans la Cité. »

Donc cela voulait dire qu'au final, il en savait sans doute moins que lui en la matière. Toutefois, au contraire de Dean, il possédait une puissance d'analyse et de calcul qui pourrait très bien faire la différence… à condition qu'il ait accès à un nombre suffisant d'informations.

Dean hésita quelques instants puis tira de sa Poche Dimensionelle une tablette électronique. Il s'agissait de l'une de celles créées par Hariel et qui permettait notamment de consulter sa base de données personnelle sur la Magie. Tous les livres qu'il avait pu acquérir, même ceux pour son cousin, étaient compulsés là-dedans. Avec un peu de chance, il y avait suffisamment de renseignements sur le sujet pour permettre à Merlin une meilleure analyse.

Toutefois, il hésitait tout de même à donner à l'I.A. un accès à toutes ces connaissances. La base de données n'était pas la sienne. Il ne savait pas ce qu'Hariel en penserait.

Son cousin était assez frileux en matière d'Intelligence Artificielle depuis que celle qu'il avait créée avait manqué de tuer plusieurs personnes avant de s'enfuir. Dean savait qu'il était donc assez mal à l'aise en présence de Merlin même s'il parvenait parfaitement à le cacher… ou presque. Toujours était-il qu'il se tâtait pour savoir s'il ne devait pas d'abord lui demander la permission…

Non. Non, sur ce coup-là, il devait se débrouiller. C'était ce genre de dilemme qui l'attendrait sûrement à l'avenir. Il ne pouvait pas demander à Hariel à chaque fois, il devait prendre ses décisions seul et en assumer les conséquences.

Mais pour celle-ci, il sentait qu'il n'y aurait pas de conséquences à assumer parce qu'il avait confiance. Il croyait sincèrement qu'il y avait quelque chose du vrai Merlin dans l'I.A. qu'il avait créée et que celui-ci n'utiliserait pas les renseignements qu'il pouvait lui donner pour leur faire du mal.

« Il devrait y avoir les informations dont tu pourrais avoir besoin là-dedans » dit-il alors en tendant la tablette à l'hologramme.

Celui-ci hocha la tête. À ce moment-là, une plateforme semblable à celle qu'ils avaient utilisée pour prendre le contrôle de la cité émergea du sol. Sur un signe de Merlin, Dean posa la tablette par-dessus. La surface de verre fumé se mit à luire et des étincelles lumineuses se mirent à parcourir la surface du petit appareil.

« Connexion établie » dit alors Merlin. « Transfert et traitement des données en cours… veuillez patienter… »

Dean se demanda ce qu'il devait faire en attendant, mais il n'est pas le temps de réfléchir à la question.

« Traitement des données terminé » dit l'hologramme avec un sourire chafouin probablement inspiré de son créateur. « Nouvelle analyse du circuit runique opérationnelle. »

Dean, de son côté, était assez estomaqué par la puissance de l'ordinateur alteran. La base de données d'Hariel comptait des centaines de milliers d'ouvrages et il n'avait fallu à l'I.A. que quelques secondes non seulement pour télécharger l'intégralité des données, mais également pour les compulser et les utiliser pour un second examen du schéma de Dean.

« Mes analyses me permettent de prévoir un taux de réussite de 95 %. »

C'était une nette amélioration, mais ce n'était toujours pas 100 %.

« Des données supplémentaires sont nécessaires pour terminer l'analyse. Puis-je donc vous poser quelques questions ? »

« Euh… oui » balbutia Dean.

« Question n° 1 : au sujet du cercle présent au niveau du plexus solaire. Le motif ici est plus étendu que sur les données que je possède. Pouvez-vous en expliquer la raison ? »

« Euh… c'est pour un meilleur traitement de l'oxygène une fois les bronches dégagées. Je sentais qu'il était nécessaire de faire le cercle plus grand pour fluidifier l'échange. »

« Information enregistrée. Il est cependant conseillé, avec un cercle de cette taille, de faire passer la limite exactement sur les mamelons pour une meilleure efficacité. »

Le dessin sur la fenêtre se modifia légèrement et Dean dut avouer qu'il sentait qu'en effet, le résultat serait meilleur.

« Question n° 2 : les Runes de soutien sur la partie inférieure du motif sont censées se trouver au niveau du pubis, de chaque côté de la ligne médiane selon mes données. Pour quelle raison les avez-vous placés plus haut, au niveau de vos crêtes iliaques ? »

« Et bien en fait… disons que j'ai… j'ai senti qu'elles seraient plus efficaces ici » bredouille Dean.

Il ne savait pas vraiment comment l'expliquer. À certains moments, lors de son travail, il avait eu la sensation que certaines des Runes n'étaient pas là où il faudrait (alors qu'il suivait parfaitement le dessin). En modifiant leur emplacement à plusieurs reprises, il avait eu le sentiment que le motif était plus harmonieux. Plus efficace aussi.

« Mes données indiquent que certains praticiens des Runes de Chairs développent un instinct pour le placement des Runes s'ils sont en accord avec leur propre Magie. L'explication est acceptée. Cela conclut donc l'analyse. J'estime que le circuit est sûr à 99 % et prêt à être tracé. »

« Dans ce cas… dans ce cas, je pense que je vais utiliser la salle de rituel présente dans la Cité. »

« Celle-ci a été créée selon les données recueillies dans le Compendium. Son utilisation est donc possible pour votre circuit de Rune. »

La fenêtre géante où celui-ci était tracé disparut alors. Au même moment, un compartiment s'ouvrit sur le côté du piédestal en face de lui. Un casier en émergea avec un petit cristal longiligne implanté à l'intérieur.

« Ce cristal de donnée contient le motif de votre circuit. Une machine est à votre disposition à proximité de la salle de rituel. Si vous l'y insérez, celle-ci créera un tracé à l'encre sur votre corps à l'image du votre circuit. Il vous suffira ensuite de suivre ce racé. »

Dean avait lu que dessiner les lignes pour réparer le rituel était une pratique courante. Mais il savait également que des tracés imprécis avaient mené à des accidents alors même que les schémas avaient été parfaitement réalisés. Disposer d'une exactitude mécanique était vraiment un soulagement supplémentaire pour le jeune garçon.

« À présent, si vous voulez bien me suivre jusqu'aux anneaux de téléportation, je vais pouvoir vous y men… »

« Non, attends ! » L'interrompit Dean.

Il se tut quelques instants, les yeux dans le vide.

« Après réflexion, je pense que j'aimerai la trouver moi-même en utilisant le système. Après tout, il faudra bien que je m'y habitue, non ? »

Merlin acquiesça et, comme il n'était plus nécessaire, son hologramme se dissipa en une pluie de pixels. Dean grimpa les marches vers l'une des salles de contrôle. Ce n'était pas son siège dans la Salle du Trône, mais il devait avoir accès au plan du bâtiment depuis cet endroit.

Il se plaça alors devant la console principale et passa un bras par-dessus. Les cristaux et panneaux qui la composaient s'illuminèrent et des écrans holographiques apparurent. Le système était prêt à être utilisé.

0o0o0

Les ciels étaient d'un bleu vif parcourus d'épais nuages cotonneux d'un blanc nacré. Le fond de l'air était assez humide, mais aucune averse n'était prévue. Un beau samedi matin d'avril. Et pourtant, même le soleil printanier ne parvenait pas à rendre les lieux moins lugubres.

Aux yeux d'Amelia Bones, le Manoir Malefoy avait tout l'air de l'antre du mal. Peut-être sa vision était-elle biaisée par ce qu'elle savait de la famille et de son Seigneur, mais toujours était-il qu'il se dégageait quelque chose de malsain de cet endroit. Elle l'avait toujours pensé.

Manifestement, elle n'était pas la seule à le sentir.

« C'est la première fois que vous venez ? » Demanda-t-elle au groupe d'Auror qui l'accompagnait.

« Oui, Madame » répondit l'un des plus jeunes.

« J'y suis entré une fois. I ans. Pour la fouille suite à la Loi sur la Protection des Moldus » dit un autre, plus âgé. « On a jamais rien trouvé, mais je fais encore des cauchemars en pensant à ce lieu. »

Amelia se souvenait de cette fouille. Durant l'été 2012, Arthur Weasley, en sa qualité de directeur du Service de Détournement de l'Artisanat Moldus (Sapiant, se corrigea-t-elle intérieurement), était parvenu à promulguer une Loi pour la saisit par le Ministère des artefacts sombres dangereux chez les particuliers. Elle n'en avait pas la certitude, mais il était plus que probable que Lucius Malefoy en était la véritable cible. La relation des deux hommes n'était pas au beau fixe et elle s'était d'ailleurs fortement dégradée par la suite.

Bien entendu, ce qu'elle ignorait, c'était que c'était précisément à cause de l'attaque indirecte d'Arthur que Lucius avait glissé le journal de Jedusor dans le chaudron de Ginny Weasley. Que la fille de la personne ayant promulgué une loi contre les artefacts sombres soit justement retrouvée en possession de l'un d'entre eux aurait été des plus jouissif pour l'homme. Malheureusement pour lui, l'intervention d'Hariel et de Dobby l'avait empêché d'en profiter pleinement.

Toujours était-il que la virulence de Lucius à la chambre après ce « fait d'armes » avait redoublé et plus aucune proposition faite par Arthur n'avait été acceptée depuis. Toutefois, dans l'esprit d'Amelia, c'était plutôt à cause de l'absence de l'influence de Dumbledore. Il ne faisait aucun doute pour elle que c'était lui qui avait poussé Arthur (l'un de ses plus fidèle et docile partisans) à rédiger de projet de loi qu'il avait par ailleurs soutenu publiquement, raison pour laquelle il était passé.

« Désolé pour mon retard Amelia » dit alors une voix dans le dos de la femme. « Une affaire de dernière minute à régler. »

Amelia serra subrepticement les poings. Quand on parlait du loup…

« C'est vous qui avez demandé à être présent lors de la perquisition, Albus » grinça-t-elle. « Le moins que vous puissiez faire serait d'être à l'heure. »

« Allons, Amelia, ne nous énervons donc pas tant. Surtout sous ce beau ciel bleu » temporisa Dumbledore avec son sourire habituel de gentil grand-père.

Amelia serra la mâchoire. Elle n'avait jamais apprécié cette attitude bonhomme qu'affectait le Sorcier. Pour elle, c'était faux. Toutefois, depuis quelques mois à présent qu'elle connaissait de nouveaux détails sur l'homme, elle trouvait son jeu et son être tout entier, méprisable.

Les trois dossiers avaient été envoyés à son adresse par un hibou dont elle n'avait pu déterminer la provenance. Sur l'un d'eux, il était écrit « Sirius Black », sur le second « Cornélius Fudge » et enfin le troisième, « Albus Dumbledore ». Si le premier comportait des éléments pour prouver l'innocence des crimes qui lui étaient reprochés, les deux autres étaient remplies de documents incriminants, plus qu'elle n'en avait jamais vu sur les deux hommes.

Tout ce qui pouvait être imputé à Cornélius, elle était déjà au courant. Abus de confiance et de pouvoir, corruption, subornation, coercition… rien de bien nouveau. Pour ce qui était de Dumbledore en revanche, elle avait été plus que choquée. Bien sûr, elle savait que l'homme n'était pas clair. Elle se doutait qu'il devait avoir quelques squelettes dans ses placards. Toutefois, ce qu'elle avait eu sous les yeux était la preuve d'une corruption bien plus profonde. Et il ne s'agissait pas seulement d'argent ou de pouvoir, mais de personnes également, des personnes qui avaient perdu la vie.

À cause de son attitude, Dumbledore avait toujours donné l'impression à Amelia d'une grosse limace. À présent, c'était plutôt une gigantesque pieuvre, tout aussi visqueuse, mais dont les tentacules se resserraient petit à petit sur le Monde Sorcier.

Elle ignorait totalement d'où pouvaient provenir ces documents. Tout ce qui les accompagnait était une lettre succincte :

« Ceci pourra servir un jour, quand leur pouvoir s'effondrera. Je compte sur vous pour faire respecter la justice. »

À cause de la présence du dossier sur Sirius Black et des rumeurs qu'elle avait entendus de sa nièce Susan sur des propos tenus par Hariel Potter sur son parrain, elle avait pensé un instant que cela pouvait venir de lui. Mais au souvenir du pauvre garçon durant son procès l'été précédent, elle avait rapidement laissé tomber l'idée. L'enfant paraissait plus quelqu'un de broyé par le système qu'ayant la capacité de le défier.

Ses soupçons cependant se portaient plus vers un autre jeune homme. Quand il était venu la voir, le Prince avait fait mention de la justice, de savoir si elle désirait un monde "plus juste". Le fait qu'elle ait reçu ces dossiers quelques jours après leur entretien n'était qu'une preuve de plus. Qui plus est, son pouvoir, bien que nouvellement acquis pouvait être suffisant pour rassembler tous ces documents incriminants. Toutefois, le jeune homme ne l'avait jamais approché. Elle savait qu'il avait un plan. Elle ignorait lequel, mais elle espérait que ce soit pour le bien de l'Angleterre.

Les menottes qui avaient été passées à Lucius avaient non seulement bloqué sa Magie, mais également coupé son contrôle sur les protections de sa demeure. Bien qu'ils aient rencontré quelques-unes des difficultés habituelles inhérentes aux vieilles bâtisses enchantées, ils avaient fini par rentrer sur le terrain même.

Il leur avait fallu ensuite une dizaine de minutes pour parcourir l'allée centrale jusqu'au sombre manoir. Les jardins autour d'eux étaient à la Française, souvenir des origines outre-Manche de la famille Malefoy. Des buissons bas formant des arabesques étaient positionnés de chaque côté et même le plus petit massif de fleurs rencontrait un double en parallèle. L'endroit semblait désert. Les seuls mouvements provenaient des paons blancs (des paons ! Des paons blancs) que Lucius élevait.

Arrivés à la porte, ils eurent à nouveau quelques difficultés pour ouvrir, mais elle non plus ne résista pas bien longtemps. Sans Lucius et sans personne d'autre de son sang pour pallier son absence, les protections étaient au bord de l'effondrement. Il fut donc par la suite assez facile pour les Aurors de se disperser dans la bâtisse.

« Soyez méthodiques et prudents ! » Disait Amelia en guise de consignes. « Arrêtez-vous pour sonder chacune des poignées, chacune des portes et chacune des pièces à la recherche de pièges avant d'y entrer ! Ensuite, retournez tout et n'oubliez pas de chercher aussi des passages et caches secrètes ! Une fois que la pièce est retournée, retournez là encore pour être sûr avant de passer à une autre. N'oubliez pas les couloirs et les alcôves ! »

Elle suivait les travaux avec attention, Dumbledore semblant flâner derrière elle. À se demander ce qu'il était venu faire ici. Elle était en train de s'occuper personnellement des papiers privés trouvés dans le bureau de Lucius quand l'une de ses Aurors l'interrompit.

« Madame ! Vous devriez venir voir ça ! » Dit-elle.

Amelia leva les yeux et aperçut la jeune femme aux cheveux roses pousser l'un des pans de la bibliothèque, révélant une porte secrète. Amelia se leva et la rejoignit.

« C'était pas là la dernière fois ! Je le jure ! » S'exclama l'Auror qui avait déjà été dans le Manoir trois ans auparavant.

« La Magie qui le dissimulait devait être trop forte à cette époque. Maintenant, Lucius est isolé des protections » commenta Amelia. « Comment vous est-il venu l'idée de fouiller la bibliothèque Auror Black ? »

« Mon père est d'origine Sapiante. Grâce à lui, j'ai lu des tas de livres et vu quantité de films. Il y a toujours une porte secrète dans la bibliothèque. Toujours. Même les enfants savent ça. »

Amelia eut un rictus. Que les Malefoy aient utilisé une astuce que même les jeunes Sapiants connaissaient était hilarant. Elle jeta ensuite un œil à l'intérieur et fronça les sourcils. Derrière la porte. Il y avait une petite pièce avec un bureau recouvert de papiers et de livres ouverts, une bibliothèque, du matériel de potion et d'innombrables autres objets inconnus. Sur une étagère, il y avait également des bocaux remplis de liquide. Des "choses" baignaient à l'intérieur. Des choses qui avaient l'air vivantes à un moment donné. Amélia ne voulait vraiment pas savoir ce que c'était. Apparemment, il devait s'agir du laboratoire privé de Lucius.

« Vu à quel point il était dissimulé, il est très possible qu'il soit extrêmement protégé » commenta Dumbledore. « Le mieux serait que nous nous en chargions nous-même personnellement. Je pense pouvoir désactiver à peu près n'importe quelle barrière qu'il pourrait y avoir. Tout comme vous Amelia. Inutile de mettre d'autres personnes en danger. »

Amelia grimaça, mais dut convenir qu'Albus avait parfaitement raison. Elle renvoya donc les deux Aurors fouiller le reste du manoir et commença à jeter des Sorts de Diagnostics magiques dans la pièce. Comme le vieux fou l'avait dit, elle était truffée de pièges qui s'activaient quand ce n'était pas le maître de maison qui était présent. Les effets de certains d'entre eux la firent blêmir et elle sentir une légère nausée s'emparer d'elle. De son côté, Dumbledore se mit à se promener nonchalamment en agitant sans baguette pour désactiver les pièges. Toutefois, malgré les apparences, il avait un but. Apparemment, Lucius était en pleines recherches. Sur quoi ? Il l'ignorait, mais il se disait qu'il serait intéressant de la savoir.

S'approchant du bureau de manière désinvolte, il commença à lire l'un des parchemins. Il fronça alors les sourcils et le prit à la main pour le parcourir plus attentivement. Il tourna ensuite la tête vers l'un des livres ouverts et caressa les pages du doigt en suivant les diagrammes inscrits. Une certaine jubilation s'empara alors de lui. Il venait de faire une découverte capitale sur laquelle il devait absolument mettre la main.

« Albus ? Vous avez trouvé quelque chose ? »

Sans répondre, celui-ci se retourna brusquement et jeta un Sort informulé à Amelia. Celle-ci, surprise, eut à peine le temps de voir la lumière rouge arriver sur elle. Sans avoir pu se défendre, elle s'effondra sur le sol, inanimée. Rapidement, Dumbledore rangea sa baguette et se tourna à nouveau vers le bureau. Il roula le parchemin qu'il venait de lire et le glissa dans la manche de sa robe où il sembla disparaître. Il prit également le livre et entreprit ensuite d'examiner à la hâte le reste des papiers et ouvrages présents. Il devait absolument tous les récupérer. Hors de question que le Ministère mette la main dessus, c'était trop précieux.

Il vérifia rapidement le contenu de la bibliothèque où il collecta quelques livres supplémentaires qu'il cacha dans sa manche qui semblait sans fond avant de se diriger à nouveau vers Amelia. Il fouilla d'abord sa poche, prit quelque chose puis se redressa pour pointer encore une fois sa baguette sur elle.

« Enervate » dit-il.

La femme convulsa légèrement avant de se remettre brusquement sur ses pieds.

« Albus ! Vous… vous… » balbutia-t-elle blême de rage en se relevant et en cherchant frénétiquement sa baguette. « Comment avez-vous osé ! Vous… vous… »

« Allons, du calme Amelia ! » L'interrompit Dumbledore avec son ton chaleureux et innocent. « Ce n'était qu'un tout petit Sort de rien du tout. Comme celui-ci, d'ailleurs. Oubliette ! »

À nouveau, le rayon frappa la femme sans qu'elle ait pu réagir. Ses yeux se firent alors vitreux. Dumbledore lui jeta un Sort de confusion et se pencha à son oreille.

« La pièce est identique à ce qu'elle était quand nous sommes rentrés » dit-il tout en remettant sa baguette dans sa poche. « Nous avons retiré tous les pièges de la pièce et à présent nous allons la fouiller. »

Puis il se redressa.

« Êtes-vous prête Amelia ? » Demanda-t-il.

« Plaît-il ? » L'interrogea la femme en clignant des yeux.

« Je viens d'enlever les derniers pièges. Nous pouvons commencer à fouiller la pièce.

« Ah ? Bien, bien, bien » dit-elle avant de se diriger vers le bureau à présent vide.

Dumbledore souriait. Un véritable sourire cette fois. Ce qu'il venait de trouver était une découverte capitale. Cela allait bouleverser ses plans, mais pour le mieux. Grâce à cela, le pouvoir suprême serait à lui et rien qu'à lui.

À suivre…

.

Et voici un autre chapitre de terminé. J'espère qu'il vous a plu. Comme je n'ai pas pu écrire tout ce que je voulais cette fois, j'ai déjà de la matière pour le prochain chapitre. Youpi !

Je ne sais pas si j'en avais déjà parlé, mais les idées que je développe à propos des Runes de Chair ne sont pas de moi. Je les ai tirés d'une autre fanfiction Harry Potter écrite par Miranda Flairgold, « My Second Life ». Dans son histoire, elle appelle ça « Blood Magic ». Dans les traductions françaises qui ont été faites, ça s'appelle la « SanguiMagie ».

Une fin mystérieuse et inquiétante, non ? On se demande quel était le sujet des recherches de Lucius et pourquoi elles plaisent autant à Dumbledore. Si vous voulez me donner des hypothèses, n'hésitez pas.

Et n'hésitez pas, comme d'habitude à envoyer des commentaires. À la prochaine !