Check Mate DxD

Chapitre 132 : Le bassin, le seau et le jet d'eau/Tarai, baketsu soshite mizu no funsha

Poudlard était un gruyère. Il n'y avait pas vraiment d'autres mots pour expliquer cela. Le nombre de passages secrets, de chemins dérobés et d'alcôves discrètes pouvait laisser n'importe qui s'interroger sur l'état mental des Fondateurs. Toutefois, en y réfléchissant bien, ce n'était pas vraiment de leur fait. Ou du moins pas directement.

En vérité, les quatre Sorciers avaient plutôt pourvu leur école de la capacité à contrôler son propre espace. C'est la raison pour laquelle les escaliers de la Grande Cage bougeaient ou que certaines pièces se déplaçaient d'année en année. Il s'agissait du château, ou plutôt de l'intelligence qui s'étaient développés au fil des siècles qui utilisait les facultés dont elle avait été dotée afin de… s'amuser. Parce que bien sûr, ces mouvements impromptus étaient principalement faits par jeu. Ce n'était pas forcément drôle pour tout le monde, mais Poudlard devait trouver cela hilarant. Maintenant, la question était : comment un bâtiment pouvait-il posséder un intellect ? Ou même un sens de l'humour ?

La réponse venait bien évidemment de la Magie elle-même. En effet, la Mana se nourrissait des émotions et pensées que les Magiciens et les Sorciers lui fournissaient afin de la diriger. Elle s'en imprégnait jusqu'à développer une forme de personnalité. C'est pour cela que chaque utilisateur de Magie ressentait celle-ci d'une manière différente des autres. Dans le même temps, ces émotions et ces pensées agissaient comme des ondes qui étaient absorbées par leur environnement. Et pas seulement en pratiquant la Magie, mais à chaque instant et quel que soit l'espèce. Même les Sapiants. Leurs flux mentaux parvenaient à imprégner des lieux où ils habitent ou des objets qu'ils chérissent au point d'y "graver" une part de leur psyché à la manière des sillons d'un disque vinyle. Une personne disposant de la sensibilité adéquate pouvait ensuite capter cette psyché et la percevoir. C'est ce qu'on appelait la psychométrie.

Maintenant, quand le phénomène interagissait avec la Magie d'un endroit ou d'un artefact, alors non seulement celle-ci absorbait ces émotions et pensées, mais se les appropriait au point de développer les siennes. Cette psychée nouvellement créée était toutefois toujours malléable et en perpétuelle évolution. Elle dépendait donc de l'énergie qu'elle recevait et qui la faisait s'améliorer. En clair, on pouvait dire que les habitants d'un lieu ou les possesseurs d'un artefact permettaient à la fois à celui-ci de développer une conscience, mais avait également une influence sur elle.

À partir de là, il est facile d'imaginer ce qui pourrait se passer dans une école qui avait hébergé des centaines d'adolescents pendant près de mille ans.

Il était donc possible que l'esprit facétieux du château ait créé lui-même tous ces coins et recoins au fur et à mesure des siècles, qu'il les ait agencés, modifiés, en ait fermé certains et ouverts de nouveau au nez et à la barbe des professeurs, faisant délicatement bouger certaines salles pour aménager un espace entre leurs murs par exemple.

C'était en tous les cas la conclusion auquel était parvenu Hariel et qu'il avait confiée à Hermione et à ses autres camarades. C'est une fois, lors d'un cours de Métamorphose, qu'il avait remarqué que le paysage qu'il pouvait voir par la fenêtre depuis sa place habituelle n'était pas exactement e même que d'ordinaire. Avec quelques calculs de profondeur, il en avait déduit que la pièce avait bougée. La différence était d'à peine quelques décimètres, mais elle était bien là. Et c'était en sondant l'espace alentour qu'il avait repéré une cavité qu'il était sûr n'avoir jamais perçu à cet endroit. L'un des portraits sur les lieux où il débouchait était devenu son entrée et celui-ci s'était vu confier un mot de passe par l'entremise probable de la conscience du château.

Maintenant, quant à savoir pourquoi celui-ci agissait ainsi, il fallait se demander la raison pour laquelle un adolescent les utiliserait. Puisqu'en quelque sorte, c'était ce qu'il était. Ces raisons étaient bien sûr diverses : aller plus vite d'un cours à l'autre, s'isoler pour être seul ou avec quelqu'un ou alors faire tourner en bourrique les profs… ou s'en cacher. Car en plus d'une nature facétieuse et de la camaraderie qui caractérise les plus jeunes, Poudlard avait été investi d'une mission par les Fondateurs, une mission qui avait évolué à mesure que l'école prenait conscience, mais qui n'avait pas changé : protéger et aider les élèves. Or, quel meilleur moyen de les protéger et de les aider que de leur permettre de circuler dans le château sans craindre de croiser Dolores Ombrage et sa Brigade Inquisitoriale ?

Certes le château était un gruyère mais ses trous étaient réservés en majorité aux membres de l'Ed. Nombre d'entre eux essayant de fuir ces assaillants avaient vu un pan de mur s'ouvrir pour lui, le menant à un couloir qui débouchait directement dans la Salle sur Demande.

C'est ainsi qu'au fur et à mesure des mois de son existence, grâce à ses entrées et sorties multiples, l'association s'était développée afin d'accueillir des élèves plus nombreux et à plus de moments de la journée puisqu'ils n'avaient plus à craindre de devoir être constamment sur leurs gardes en rejoignant le septième étage.

Et avec la plus grande liberté dont jouissaient les adolescents à présent, les activités s'étaient diversifiées. En plus des cours de défenses et de l'entraînement à la manipulation de la Magie sans baguette, la Salle sur Demande leur servait également à faire leur devoir, réviser leurs leçons ainsi qu'à aider leurs camarades de la même année où plus jeune avec les leurs. D'une certaine façon, ils avaient retrouvé l'esprit studieux qu'avait mis en place Hariel lors de sa première année et qu'il avait dû laisser tomber pour éviter que Dumbledore ne comprenne qu'il n'était pas affecté par sa potion de stupidité.

« J'y arrive pas ! » S'exclama soudain Seamus dans le silence de la salle. « J'abandonne ! »

Assis en tailleur, il jeta sa baguette au sol. Celle-ci frôla le hibou posé devant lui qui s'agita en battant des ailes, mi-courroucé de son traitement mi-soulagé de ne pas avoir été transformé en jumelles de théâtre comme le jeune Sorcier essayait de le faire.

« Tu n'y arrives pas parce que tu ne te concentres pas assez sur le processus » commenta Dean qui se trouvait à côté de lui. « Il faut que tu visualises la métamorphose du hibou en jumelle de théâtre. »

« Comme si je savais à quoi ça ressemble des jumelles de théâtre » grommela Seamus. « … Comme si quelqu'un utilisait vraiment des jumelles de théâtre dans la vie de tous les jours. La moitié des Sorts qu'on apprend ne nous seront jamais utiles en dehors de Poudlard. Alors à quoi bon ? »

Dean se tourna dans la direction d'Hermione. Celle-ci avait interrompu l'explication qu'elle donnait au groupe de troisième année suite à l'explosion de Seamus et avait ramené son attention dans leur direction. Leurs regards se croisèrent et ils sourirent de connivence.

« Les Sapiants se disent souvent la même chose sur leurs propres études » intervint alors Hermione. « Ils ont énormément de sujets différents et de connaissances à assimiler qui ne leur serviront probablement jamais dans leur métier où dans d'autres aspects de leur vie… du moins, c'est ce qu'ils imaginent. »

S'apercevant que de nombreuses personnes s'étaient arrêtées de travailler pour l'écouter, Hermione se leva afin que plus de monde puisse la voir et l'entendre.

« Pour eux comme pour nous, les connaissances théoriques que l'on apprend à l'école nous permettent d'obtenir une culture générale. Peut-être que cela ne servira jamais concrètement, mais cela sera tout de même une base solide sur laquelle fonder ses études supérieures et sa vie… et aussi un sujet de conversation potable pour les dîners. »

Il y eut de légers rires.

« Mais ce n'est pas tout. L'apprentissage permet de développer la mémoire, mais aussi la réflexion, la pensée critique et les capacités de recherche. Il s'agit là d'aptitudes et des méthodes qui, elles, vous serviront. »

Toutes les personnes dans la salle écoutaient à présent. L'un des passages secrets s'ouvrit alors et un groupe de deuxième année entra en riant juste pour être interpellé par les étudiants les plus proches qui leur firent signe de se taire.

« Toutefois, en ce qui nous concerne, nous, Magicien, il y a une autre raison encore » reprit Hermione. « Cela nous permet d'exercer entre autres notre volonté et notre capacité de visualisation. »

« On commence par des Sorts simples » dit à son tour Dean. « Allumer sa baguette, faire du feu, léviter des objets, transformer une allumette en aiguille ou une souris en tabatière… et puis au fur et à mesure, on nous apprend des Sorts plus complexes qui nous demande une capacité de visualisation plus importante et donc un plus grand effort de volonté. C'est grâce à ce processus progressif que notre faculté à jeter des Sorts augmente. »

Des chuchotements excités commencèrent à se faire entendre à travers de la salle. De nombreux élèves avaient hâte de rapidement maîtriser les Sorts les plus simples pour passer à ceux de plus haut niveau et plus utiles. Hermione décida alors de les reprendre au plus vite.

« Ne vous méprenez pas » dit-elle. « Ce n'est pas parce qu'un Sort est basique qu'il est inutile. Des Sorts comme le Lumos ou le Wingardium Leviosa, vous pourrez en avoir usage toute votre vie. Et rappelez-vous également que ce n'est pas parce qu'un Sort ne paraît pas fait pour le combat qu'il l'est vraiment. »

« Par exemple, le Sortilège de Lévitation peut vous permettre de soulever un objet et de le faire tomber sur quelqu'un. Après tout, le Prince Pendragon-Emrys est parvenu à remporter un duel seulement avec des Sorts de première année. »

Les paroles de Dean provoquèrent une nouvelle vague de commentaires excitée. Tous avaient entendu parler de ce fameux duel entre le Prince et Lucius Malefoy lors du bal d'Halloween… ou plutôt de Samhain. Il avait été relaté avec tous les détails les plus croustillants par Rita Skeeter dans l'un de ses articles.

« Tu as dit "entre autre" » commenta soudain Seamus.

« Comment ça ? » Demanda Hermione à qui il s'adressait.

« Tu as dit que pour nous, Magiciens, apprendre des Sorts inutiles était entre autre pour développer notre visualisation et notre imagination. Pour quoi d'autre alors ? »

« Oh, ça ! » S'exclama Hermione.

Elle sourit à son camarade.

« Tu ne devines pas ? C'est pourtant toi qui nous as dit que la Magie était un muscle. S'il est nécessaire de pratiquer des Sorts, même inutiles, c'est… »

0o0o0

« … pour augmenter la contenance de notre Cœur Magique » dit Hariel.

Les Chevalier clignèrent des yeux à cette réponse. Leur regard passait de leur futur souverain aux plaques de bois gravés qu'il avait amenés avec lui. Il s'agissait de version retravaillée de la Planche Volante de Dean. L'idée de les utiliser pour permettre aux élèves d'apprendre à contrôler plus facilement leur flux de Mana était bonne. Toutefois, les forcer à se concentrer tout en restant en équilibre sur des morceaux de bois a plus d'un mètre de hauteur et qui menaçaient de s'effondrait au moindre relâchement l'était moins.

À la place, ils avaient imaginé concevoir plusieurs types de planches runiques avec des effets visuels différents pour marquer la réussite ou l'échec. Le but était simple, les étudiants devaient seulement contrôler leur flux de Mana à l'intérieur des runes pour provoquer l'effet. Aucun effort de visualisation ou d'imagination ne leur était demandé. Uniquement de la concentration. Le prototype qu'ils avaient créé permettait de faire briller des lumières vertes sur un cercle autour de la personne debout sur la planche. Si le flux était régulier, alors toutes les lumières s'allumaient. S'il était trop faible ou fluctuant, elles pâlissaient ou clignotaient. Et s'il était trop puissant, elles passaient du vert au orange puis au rouge.

D'autres versions étaient également à l'étude. Celles-ci avec un niveau de difficulté croissant, avec un circuit plus complexe, la capacité de modifier la couleur des lumières selon la façon dont on s'y prenait, etc. C'était exactement comme Seamus l'avait dit : de la musculation. Une fois qu'on était habitué à un poids, on passait à un plus lourd jusqu'à s'y habituer à son tour et ainsi de suite.

Toutefois, la comparaison qu'avait faite le jeune Sorcier était extrêmement juste puisqu'il y avait un véritable "muscle" à entraîner. Et ce muscle, c'était le Cœur Magique.

« Par contenance » demanda finalement Fiermont Crane, « vous voulez dire… »

« Je veux parler de la quantité de Mana que peut contenir votre Corps. »

« Mais est-ce que ce n'est pas… décidé à la naissance ? » Demanda Cassiopée McMillan. « Enfin… je veux dire… je ne dis pas que certaines personnes naissent plus faible que d'autre à cause de leur lignée, seulement que… euh… »

La femme était rouge pivoine. Elle savait que ce qu'elle avait dit pouvait être mal interprété, mais elle ne savait pas du tout comment s'en sortir. Hariel se contenta d'un petit sourire.

« Je comprends ce que vous voulez dire. Oui, nous ne naissons pas tous avec la même capacité Magique et oui, cela peut-être dus à un facteur d'hérédité. Toutefois, réfléchissez à cela. Au fur et à mesure qu'un Sorcier grandit, son Cœur Magique augmente avec lui. Des Sorts lui demandant beaucoup d'énergie quand il est jeune deviennent très faciles à l'âge adulte. »

« En effet » commenta Baldwin Shaklebolt en se frottant pensivement le menton.

« C'est la même chose pour son corps. Un adulte peut porter des choses plus lourdes qu'un enfant parce que ses muscles se sont développés avec l'âge. Et un adulte qui a accru sa musculature grâce à un entraînement ou une activité physique peut porter des choses encore plus lourdes que celui qui ne l'a pas fait. »

« Donc, cela veut dire qu'en travaillant notre Magie à la manière d'un muscle, il est possible de la rendre plus puissante » en conclut Rutherford Urquart.

« Mais s'il s'agit seulement de pratique de la Magie, cela veut dire qu'il suffit de l'utiliser tous les jours pour qu'elle augmente naturellement, non ? » Demanda Aaliyah Shafiq.

« Cela dépend » répondit Hariel. « Par exemple, entre un secrétaire du Ministère et un Auror, les deux se servent la Magie quotidiennement. Pourtant, l'Auror aura une Magie plus puissante. »

« Parce qu'il utilisera des Sorts plus complexes, plus gourmand en Mana et qui solliciteront plus le Cœur Magique » conclut Rutherford Urquart qui venait d'avoir une illumination.

« Exactement. De la même manière, entre deux personnes qui s'activent toute la journée, celle qui utilisera plus les ressources de son corps au maximum les verra augmenter plus rapidement. »

« Ces "Planches" pourraient donc permettre à des personnes avec un mode de vie moins actif que, par exemple, des Aurors, de développer leur Magie de façon artificielle, n'est-ce pas ? » Demanda Baldwin Shaklebolt.

En fait, ce serait exactement comme avoir ses appareils cardio ou ses bancs de musculations chez soi.

« C'est cela. Et avec un peu d'espoir, il sera également possible de voir une amélioration de la capacité maximale d'extraction simultanée et le taux de recouvrement Magique. »

À nouveau, Hariel fit face à un auditoire qui le fixait avec des regards perdus.

« Il s'agit de… non, vous savez quoi ? Je pense que ce serait plus facile de vous expliquer cela avec un schéma. »

0o0o0

Hermione se représenta en esprit un tableau noir que la salle matérialisa. Elle s'en approcha, suivit par les autres élèves présent et pris une craie sur le rebord. Alors qu'elle dessinait quelque chose, chacun s'installa confortablement sur des chaises ou même au sol afin de pouvoir être à l'aise lors de son explication.

« Imaginez que votre Cœur Magique est un bassin » dit-elle en montrant la forme arrondie avec des vagues par-dessus. « Et que l'eau, c'est la Mana. Si celui-ci est vide, vous ne pouvez plus jeter de Sorts et vous souffrez d'épuisement Magique. »

Une condition qui pouvait conduire à la mort aussi sûrement qu'une forte perte de sang.

« Sauf qu'après quelque temps, elle se régénère, non ? » Demanda un Serdaigle de 3e année.

« C'est exact » dit Hermione en se tournant à nouveau vers le tableau.

Elle dessina une forme sinueuse avec, à son extrémité, des vagues qui tombaient à l'intérieur du bassin.

« Pour continuer l'analogie, imaginez qu'à mesure que le bassin se vide, il est rempli par un tuyau. Pour ceux qui ignorent ce que c'est, pensez à un long tube qui permet de transporter l'eau. Dans notre cas, il s'agit de l'énergie environnante qui est absorbée par notre corps pour régénérer les réserves de notre Cœur. »

« Est-ce que ça ne risque pas de déborder ? » Demanda une Serpentard.

Elle était très jeune. Peut-être onze ou douze ans.

« Si on garde notre analogie, c'est possible. Mais notre organisme fait en sorte d'arrêter d'aspirer l'énergie une fois le Cœur complètement régénéré. C'est comme si notre corps fermait le robinet. »

Cette fois, tout le monde savait, heureusement, ce que c'était.

0o0o0

« Et l'autre expression que vous avez employée ? » Demanda Siméon. « Qu'est-ce que c'était déjà ? »

« La capacité maximale d'extraction simultanée » répondit Dianthea Greengrass qui fixait le tableau avec intérêt.

Leur relation n'était pas quelque chose d'officiel. Ils n'en avaient même jamais fait mention auprès de leurs collègues. Toutefois, leur manière d'agir l'un avec l'autre était plus qu'équivoque. Aucune démonstration publique d'affection, mais de petits gestes, des regards, leur façon de se répondre ou d'interagir ensemble. Aujourd'hui par exemple, quand Hariel avait commencé son exposé, Dianthea s'était rapprochée et s'était assise sans vraiment y penser sur l'accoudoir du canapé dans lequel se trouvait Siméon. À ce moment-là, celui-ci s'était décalé pour oui laisser la place sans toutefois s'éloigner trop d'elle.

« C'est cela » approuva Hariel à la réponse de la femme. « La capacité maximale d'extraction simultanée ou capacité de seau. »

« De "seau" ? » Demanda Kelsey Prewett.

« De seau » répéta Hariel en rajoutant l'objet à son schéma. « Il s'agit de la quantité de Mana qu'un Sorcier peut extraire de son Cœur Magique pour utiliser un Sort. »

Il tapota le tableau de sa craie. Le petit seau se mit alors à bouger sur la surface sombre et plongea dans le bassin avant d'en sortir et de jeter l'eau dont il s'était empli.

« Comme la taille du Cœur Magique, du bassin varie d'une personne à l'autre naturellement… j'imagine qu'il en est de même pour le seau » fit remarquer Rutherford Urquart.

0o0o0

« C'est exact » dit Hermione au Serdaigle de 6e année qui venait de faire la remarque. « Mais elle n'est pas toujours proportionnelle. Une personne peut avoir un grand "bassin", mais un petit "seau". Il aura beaucoup de réserves, mais sera incapable de jeter des Sorts exigeant une grande quantité d'énergie. De même, une personne qui possède un "seau" avec une grande contenance pourrait être limitée par un bassin trop petit et risquerait l'épuisement Magique. »

« Mais si le cœur Magique se régénère, alors cela peut combler le manque, non ? » Demanda Patricia Simpson, la Préfète en Chef.

« C'est vrai » acquiesça Hermione. « Mais comme pour le reste, la vitesse de régénération diffère selon les Sorciers. Pour conserver l'image, la "taille" des tuyaux ou leur "flux" peut être différent d'une personne à l'autre et certains permettent de remplir le bassin plus rapidement que d'autres. »

« Est-ce qu'on a des preuves de cela ? » Demanda un Poufsouffle de septième année.

0o0o0

« Je crois bien que oui en fait… » répondit Rutherford Urquart à la question que venait de poser Cassiopée McMillan. « Il existe des rapports et des thèses sur des études liées à l'impossibilité de certains Sorciers à lancer des Sorts puissants. Évidemment, beaucoup ont invoqué le manque de puissance Magique alors même que ces personnes réussissaient à la perfection certains qui l'étaient bien moins et qu'ils s'épuisaient moins vite que d'autres. »

« Nous avons lu les mêmes rapports, Yvain » acquiesça Hariel. « Et en effet, je pense que cela pourrait être une preuve de mon hypothèse plutôt que de celle qui a été avancée. »

« Hypothèse ? Vous n'en êtes pas sûr ? » Demanda Aaliyah Shafiq.

« Disons qu'il s'agit de l'explication la plus plausible. Malheureusement, tant que nous ne disposerons pas d'outils pour mesurer efficacement la Mana, cela ne restera qu'une hypothèse. »

0o0o0

« Mais l'entraînement fonctionne quand même, non ? » Demanda Seamus. « On peut augmenter la contenance de notre Cœur Magique, notre capacité de… euh… notre "seau" et notre "tuyau", non ? »

« Oui et non » répondit Hermione. « Il a été prouvé que pratiquer la Magie renforçait le Cœur Magique. Et on peut facilement voir que plus on utilise de Sorts puissants, plus on a d'énergie. Toutefois, pour ce qui est des deux autres éléments, encore une fois, c'est difficile à démontrer. Si le Cœur Magique continue à grandir naturellement tout au long de la vie, ce n'est pas le cas de la capacité maximale d'extraction simultanée. Une personne incapable de lancer un Sort très puissant dans sa jeunesse a peu de chance d'y arriver un jour. Alors est-ce que c'est parce que cette capacité reste inchangée ou si c'est parce que sa croissance est bien moins rapide, je l'ignore. »

« Mais alors, est-ce que ça veut dire que si on a un petit seau, on ne pourra pas être fort ? » Demanda avec désespoir une jeune Gryffondor.

Hermione sourit gentiment.

« Non voyons. Rappelez-vous ! Même un Sort faible, s'il est bien exécuté, peut vous servir dans n'importe quelle situation. Que vous soyez capable de lancer des Sorts puissants ou non, le mieux sera toujours de maîtriser ses bases à la perfection. Et si vous entraînez votre Cœur Magique pour augmenter sa contenance, vous aurez une plus grande endurance. »

Le soulagement se peignit alors sur les traits de la fillette et de nombre de ses camarades. Beaucoup d'entre eux étaient Nés-de-Sapiants. Même à un si jeune âge, les ravages de la pensée Sang-Pur leur avaient fait croire que comme ils n'avaient pas de lignée, ils seraient incapables d'être puissants. Mais à présent, grâce à Hermione, de nouvelles perspectives s'ouvraient à eux. Elle en était consciente. Elle savait également que le Monde Sorcière d'aujourd'hui était un frein à leurs aspirations. Elle espérait donc qu'Hariel pourrait changer cela une fois sur le trône. Et elle ferait tout pour l'aider.

0o0o0

« Mais j'imagine que c'est aussi le cas pour le taux de régénération » remarqua Aaliyah Shafiq.

« Hélas oui » lui répondit Hariel. « D'après les données que j'ai recueillies, rien n'indique que ce taux augmente avec l'âge. Cette donnée et la capacité maximale d'extraction simultanée sont des variantes qui semblent demeurer inchangées presque tout le long de la vie. »

« Presque ? » Demanda Baldwin Shaklebolt. « Est-ce qu'il existe une excep… »

L'homme se figea, les yeux dans le vague.

« L'Héritage » réalisa-t-il. « De nombreux Sorciers ont expérimenté un accroissement global de leur puissance après cela. »

« Exact » répondit Hariel. « Le fait est que beaucoup d'entre eux ont soudain été capables de pratiquer des Sorts qui leur étaient inabordables alors et de récupérer leurs forces plus rapidement montre que leur capacité maximale d'extraction simultanée et leur taux de régénération avait brusquement augmenté. »

« Mais pour quelle raison ? » Demanda Rutherford.

« Je ne suis pas sûr » répondit Hariel. « D'après ce que nous savons, l'Héritage consiste, notamment, à un déblocage du potentiel Magique général d'une personne aux alentours du 16e anniversaire. Dans ce cas là, en plus de l'apparition de capacités souvent inhérente à une lignée, une partie du Cœur Magique qui était scellé est désormais accessible. Possible que ce soit la même chose pour la capacité maximale d'extraction simultanée et le taux de régénération. »

C'était une hypothèse plausible, mais Hariel demeurait sceptique. L'autre solution serait que le brusque afflux d'énergie du Cœur ait, en quelque sorte, gonflé les deux autres grâce au principe des vases communiquant. Toutefois, pour prouver cela il faudrait expérimenter l'injection brutale d'une grande quantité de Mana dans le corps ce qui serait bien trop dangereux.

« Tout ça reste une théorie extrêmement… complexe et pertinente » dit Rutherford Urquart en brisant le silence pensif qui s'était installé. « Comment vous est-elle venue ? »

« En fait, elle n'est pas de moi » expliqua Hariel avec un sourire malicieux. « Elle vient d'un Sapiant. »

0o0o0

« Un Sapiant ? » S'étonna un jeune Gryffondor avec un léger rire sceptique.

« C'est bien ce que j'ai dit » répondit Hermione avec un sourire rusé.

« Mais comment un Sapiant pourrait savoir quelque chose sur la Magie ? »

« Peut-être que c'est un savant avec des enfants Magiques » proposa une Serpentard de première année.

« Pas du tout, il s'agit d'un auteur de fiction sans rapport avec le Monde Sorcier. »

0o0o0

« Mais comment une personne qui n'a absolument aucune connaissance de la vraie Magie pourrait-elle échafauder une théorie ? » Demanda Kelsey Prewett, dubitatif.

« Vous avez raison. Cela semble absurde » lui répondit Hariel. « Et il est fort probable qu'il n'en ait même pas eu conscience lui-même. Toutefois, à de nombreuses reprises, les Sapiants ont montré une remarquable capacité à comprendre la Magie parce qu'ils disposaient de ce qu'on peut considérer comme la capacité mentale la plus importante. »

« Le savoir ? » Demanda Rutherford Urquart, les yeux froncés.

« Même un savant peut avoir un raisonnement erroné s'il ne possède pas les bonnes informations ou un avis préconçu » objecta Dianthea Greengrass.

« C'est vrai. C'est pour ça que la capacité la plus importante et utile est… »

0o0o0

« … La logique » dit Hermione.

Tous la regardèrent avec des yeux ronds. Ils attendaient qu'elles développent. La jeune fille ne se fit pas prier.

0o0o0

Susan Bones ne se considérait pas vraiment comme quelqu'un de courageux. Elle était Poufsouffle, pas Gryffondor. Il faut dire qu'elle n'en avait jamais vraiment eu besoin. Elle n'était pas si extraordinaire que ça après tout.

Bon, c'est vrai que comme Hariel Potter, ses parents étaient morts pendant la guerre contre Celui-dont-on-ne-doit-pas… contre Voldemort. Mais c'était le cas de pas mal de jeunes enfants de leur génération en définitive. Certains avaient perdu un, voir ses deux parents face aux Mangemorts lors de leurs raids. Ils ne s'étaient généralement même pas battus contre eux. Ils s'étaient contentés… d'être au mauvais endroit au mauvais moment.

C'était ce qui était arrivé aux siens. Contrairement à ceux d'Hariel ou de Neville qui avaient été actifs pendant cette guerre, ils avaient juste été fauchés alors qu'ils se promenaient. Si Susan s'en était sorti, c'était seulement dû à la chance. Elle n'avait que quelque mois et sa tante, la sœur de son père, les avait persuadés lui et sa femme de la laisser avec elle pour qu'ils puissent faire une pause, en amoureux. Elle ne s'était par la suite jamais vraiment pardonné cela.

Pourtant, malgré la guerre qui faisait rage, les dangers étaient censés être minimes. Les époux Bones avaient choisi une petite ville sur les côtes de la Manche avec une minuscule population Sorcière. Pas un lieu stratégique pour qui cherchait à contrôler le pays. Malheureusement, l'emplacement était parfait pour qui cherchait à semer la peur et à prouver qu'il pouvait atteindre n'importe quel Sorcier n'importe où et n'importe quand.

Au mauvais endroit et au mauvais moment. C'est ce qui avait tué les parents de Susan.

Bien sûr, sa tante, Amélia, avait demandé (et facilement obtenu) sa garde. Donc, comme beaucoup d'autres enfants de cette époque, elle avait été élevée par des parents qui n'étaient pas vraiment les siens. Certes, elle n'en avait pas été plus malheureuse pour autant, toutefois cela ne l'avait pas empêché de s'interroger sur ce qu'aurait pu être sa vie s'ils avaient survécu et qu'ils avaient vécus… disons, comme une vraie famille.

Non, vraiment, Susan Bones ne se voyait pas vraiment comme quelqu'un d'exceptionnel… ou même d'important. Elle avait de bonnes notes, était une Sorcière assez douée et avait des camarades sur lesquels compter. C'était plutôt autour d'elle que les choses bougeaient. Et de plus en plus.

Et bien sûr, au centre de tout cela, il y avait Hariel Potter, le Survivant, le Champion des Trois Sorciers et tout un tas d'autres titres.

En vérité, elle n'était pas sûre de ce qu'elle pensait de lui. Elle avait entendu parler de lui, bien entendu. Comme tout le monde. Elle avait entendu les histoires, les rumeurs, les légendes même à propos de lui. Toute une ribambelle de récits que sa si pragmatique tante avait écartée d'un revers de main et avec un reniflement agacé. Selon elle, personne ne savait ce qui s'était passé ce soir-là. Tout ce qui était dit était donc des spéculations vendues comme des faits.

Quant à toutes les histoires extraordinaires parues au fil des ans sur son enfance, c'étaient de pures affabulations. Elle était l'une des rares à savoir qu'Harry Potter avait été caché dans le monde Moldus, enfin, Sapiant, par Albus Dumbledore (sous son autorité propre apparemment et sans aucune mention de décision testamentaire de la part des Potter cela va sans dire). Donc toute fable incluant Harry Potter à cette époque faisant de la Magie pour accomplir des prouesses ne pouvait qu'être fausse.

Toujours était-il que Susan ne sût pas du tout à quoi s'attendre la première fois qu'elle avait vu Harry, ou plutôt Hariel Potter.

Pour la jeune adolescente de 11 ans qu'elle était, cela avait été assez… étrange. Un petit garçon portant des vêtements de petite fille était une chose particulière en soi. Le fait qu'il ne corresponde pas aux attentes de ses compatriotes, mais semblait en prendre le contrepied en était une autre. Un peu comme si cela avait été fait exprès.

Toutefois, arrivée à la fin de l'année, Susan pensait vraiment à quoi s'en tenir avec lui. Hariel Potter était un peu timide, mais aussi intelligent et il savait pousser les autres à s'améliorer. C'était un élève doué et somme toute assez populaire.

Et puis il était revenu en 2e année et là, elle ne l'avait plus reconnu. Plus de premier de la classe, il était à présent confiné au milieu du classement. Plus d'assurance, plus de volonté de pousser les autres… il était devenu comme effacer. Toutefois, des rumeurs de brusques mouvements d'humeurs lui étaient parvenues. Il avait remis à sa place plusieurs personnes de sa maison à elle qui le prenait pour l'Héritier de Serpentard et quand Hermione Granger, sa meilleure amie, s'était à son tour retrouvé pétrifiée, sa colère froide avait fait se poser des questions à Susan.

Était-il vraiment ce garçon timide et effacé qui parvenait de temps en temps à montrer ses véritables émotions ou bien était-ce de la comédie ? Elle avait continué à s'interroger jusqu'en 3e année où Hariel avait paru de nouveau assez terne. Et puis, il y avait eu le Tournoi des Trois Sorciers.

L'année avait commencé comme toutes les autres avec un Hariel plutôt discret… mais le sort s'acharnant contre lui, il s'était retrouvé malgré lui (c'était en tout les cas ce qu'il disait et Susan en était pratiquement sûre) forcé de participer à une compétition mortelle où seul des Sorciers de trois ans ses aînés pouvaient normalement s'inscrire.

C'est à ce moment-là qu'elle avait reçu l'ancien Hariel. Celui de première année. Avec une aisance surnaturelle, il s'était joué des défis qu'il devait affronter. Il avait rassemblé autour de lui un groupe d'amis fidèles et même amadoué chacun des Champions (étrangers ou non), allant même jusqu'à former une sorte de coalition. Et puis il y avait eu la 3e Tâche, la disparition d'Hariel et puis son retour en clamant que Voldemort avait ressuscité.

Pendant un temps, Susan avait pensé comme les autres qu'il cherchait à attirer l'attention. Elle savait que ce n'était pas vraiment son genre, mais l'alternative était trop dure à accepter. Pourtant, l'attitude plus que tendue de sa tante cet été-là l'avait forcé à voir la vérité en face. Voldemort était de retour et Hariel s'était battu avec lui avant de lui échapper de justesse. Tel qu'il l'avait dis.

Après un tel événement, il n'avait pas du tout été surprenant pour elle qu'Hariel ait de nouveau semblé aussi éteint à la rentrée. Quiconque s'étant retrouvé face au pire Mage Noir de tous les temps en serait traumatisé. Et pourtant…

Pourtant il y avait eu ED.

L'Éducation à la Défense. Un rassemblement illégal de personnes cherchant à échapper à la tyrannie scolaire menée par Dolores Ombrage et également le moyen de se préparer à ce qui allait arriver : une nouvelle guerre.

Au départ, Susan avait hésité à rejoindre le groupe. Étudier les Sorts qu'on leur refusait d'apprendre à cause de manœuvres politiques était une chose. Mais s'entraîner pour une guerre… ils n'étaient encore que des enfants. Ce n'était pas à eux de se battre. Et pourtant… pourtant le fait qu'ils soient face à des enfants n'avait jamais arrêté les Mangemorts. Hommes, femmes, jeunes ou vieux, les victimes qu'ils avaient faites lors de la Première Guerre étaient nombreuses. Cela voulait donc dire qu'ils devaient apprendre à se défendre pour ne pas mourir impuissant.

« Personne ne vous obligera à rejoindre le front ou à résister ouvertement » leur avait-on dit. « Nous voulons seulement que vous ne vous fassiez pas tué pas la bouche ouverte si jamais vous veniez à vous faire attaquer. Vous pouvez faire en sorte de vous protéger. D'éviter de participer au combat, mais personne n'est à l'abri de la malchance. Rappelez-vous que parfois, il suffit juste d'être au mauvais endroit au mauvais moment. »

C'était les mots d'Hermione Granger le premier jour où ils s'étaient rassemblés. Ils n'étaient pas nombreux à l'époque. Mais au final, ils seraient tous rangés de son avis à elle. Toutefois, Susan en était sûre, c'était en quelque sorte aussi du fait d'Hariel. Celui-ci était là de temps en temps. Il avait aidé à enseigner et entraîner chacun d'entre eux à ses côtés. Si l'idée de ce groupe venait bien d'Hermione, alors elle savait qu'Hariel la soutenait.

Il n'en restait pas moins que c'était Hermione que tous suivaient. C'était elle qui s'était dressée pour éveiller les consciences par ses discours. Comme elle n'en avait pas prononcé depuis longtemps, Ombragé devait penser qu'elle s'était calmée. Mais c'était faux. Elle n'en faisait plus parce qu'ils avaient déjà rempli leur office : le petit groupe qu'ils avaient formé en début d'année avait grandi, s'était étoffé, presque institutionnalisé même. Près de 80 % des élèves de l'école y participaient au nez et à la barbe de leur soi-disant professeur de Défense. C'était ce qu'on pouvait appeler un exploit.

Et pourtant, même avec ça, Susan ne se sentait pas si exceptionnelle. Après tout, quel courage il y avait d'avoir fait comme les autres ? Elle continuait donc à vivre comme elle l'avait fait, mais seulement avec l'ED en plus. C'est pour cela qu'à présent elle était paisiblement assise dans un fauteuil large de sa salle commune, près du feu, un livre sur les genoux.

Enfin, pas si paisiblement que cela. Il était déjà assez tard et sa meilleure amie, Léanne Mittal n'était toujours pas là. Elle se faisait donc du souci.

Elle venait de relire pour la dixième fois l'un des paragraphes sans le comprendre plus que les précédentes quand elle entendit un bruit. C'était celui de la lourde porte circulaire qui menait à leur salle commune. Elle reconnaissait le grincement des gonds dont l'écho se répétait sur les larges parois du tonneau qui la dissimulait.

Elle releva donc la tête et vu une petite silhouette s'introduire dans la pièce. Il faisait sombre et elle tentait par tous les moyens de se glisser discrètement vers les dortoirs, mais pour Susan, il ne faisait aucun doute que c'était…

« Léanne ? »

La silhouette sursauta et se figea tel un cerf pris dans des phares, les yeux aussi écarquillés que ceux d'une chouette.

Léanne Mittal était une adolescente discrète du même âge que Susan. Elles s'étaient rencontrées le tout premier soir de leur arrivée à Poudlard. Elles étaient toutes les deux effarouchées et intimidées par leurs nouvelles camarades de dortoir. La personnalité expansive d'Hannah Abbott avait rapidement subjugué les deux autres, Megan Jones et Lindsey O'Malley, liant les trois jeunes filles et laissant les deux dernières sur le carreau. Qu'à cela ne tienne, Susan n'était pas très "clique" et Léanne non plus.

Cela n'avait pas été immédiat, mais vu que chacune était la seule que l'autre connaissait, elles avaient fini par se mettre ensemble pendant les cours. Puis elles avaient commencé à manger ensemble, travailler ensemble, lire ensemble et parfois même, discuter ensemble. Ni l'une ni l'autre n'avait jamais vraiment fait allusion au fait qu'elles soient amies. Jamais les mots n'avaient été prononcés. Toutefois, l'année suivante, cela n'avait pas empêché Léanne de chercher Susan dans le train ou Susan et demander à changer de lit avec Megan afin d'être à côté de celui de Léanne.

Il leur avait fallu du temps pour apprendre à se connaître. Ou plutôt pour apprendre à se confier. Susan avait parlé à Léanne de la mort de ses parents et Léanne avait dit à Susan que son léger accent venait du fait qu'elle avait été adoptée en Inde vers l'âge de 8 ans par le couple Mittal, indiens eux aussi, mais vivant au Royaume-Uni.

Est-ce qu'elles étaient toujours ensemble ? Non. Est-ce qu'elles se racontaient absolument tout ? Pas davantage. Mais il était certain qu'elles se souciaient l'une de l'autre. C'était la raison pour laquelle Susan avait attendu que sa colocataire revienne alors qu'ils étaient déjà assez tard pour un lendemain d'école.

« Tu vas bien ? » Lui demanda-t-elle en s'approchant. « Il est plus de minuit ! Tu as eu des ennuis ? »

« Non… je… » balbutia Léanne.

À ce moment-là, malgré la faible luminosité, Susan remarqua que la main de son amie était entourée de tissu sombre.

« Tu t'es fait mal ? Montre-moi ! »

Elle se saisit de la main de sa camarade, mais celle-ci la retira violemment.

« Ce… ce n'est rien » dit celle-ci. « Je suis tombé et… et je me suis éraflé. »

« Attends, je vais te lancer un Sort de Soin » dit alors Susan en prenant à nouveau la main de Léanne tout en cherchant sa baguette dans sa poche.

« Je te dis que c'est rien ! » S'écria celle-ci en sautant presque en arrière.

Susan la regarda, ébranlée par son comportement. Ce n'était vraiment pas dans ses habitudes de s'énerver. Des deux, c'était même plutôt Susan la sanguine. Enfin, façon de parler puisqu'elle ne haussait presque jamais le ton. Mais Léanne, elle, était le calme incarné. Il y avait donc de quoi être surprise.

Susan vit alors le regard de son amie devenir semblable à celui d'une bête traquée. Elle la bouscula rapidement et se dirigea vers les escaliers qui menaient au dortoir avant de monter les marches quatre à quatre et disparaître.

« Qu'est-ce que… » balbutia Susan.

C'est à ce moment-là qu'elle sentit quelque chose d'humide sur sa main. Elle baissa les yeux et les écarquilla de surprise. Sa paume et le dessous de ses doigts étaient recouverts de traînées de liquide sombre. Même dans la pénombre, Susan reconnut immédiatement du sang.

Léanne avait dit qu'elle s'était éraflée en tombant. Elle ne pouvait quand même pas saigner autant, si ?

Rapidement, elle se précipita à son tour dans les escaliers. Elle entra dans le dortoir plongé dans le noir et regarda les hautes silhouettes des lits à baldaquin dispersés dans la pièce. Grâce à la lueur de la torche qui se trouvait à l'extérieur, elle put voir que les rideaux de celui de Léanne étaient clos.

Susan s'en approcha et appela doucement Léanne pour éviter de réveiller les autres. Comme elle n'eut aucune réponse, elle se décida à essayer d'ouvrir les rideaux. Mais elle n'y parvint pas. Elle les avait bloqués.

Susan resta quelques instants debout devant le lit de son amie. Elle était soucieuse. Quelque chose clochait. Elle ne savait pas quoi, mais elle sentait que c'était grave.

0o0o0

Hermione ouvrit les paupières. Il faisait noir. Du moins, pour une personne ordinaire. Une personne ordinaire ne verrait rien autour d'elle, mais une personne ordinaire ne possédait ni Vision Magique ni Yeux Féeriques.

Elle n'avait même plus besoin d'activer la première par elle-même. Comme Hariel le lui avait dit, à force de l'utiliser en permanence, c'était comme si ses iris en avaient été modifiés à jamais. En vérité, il s'agissait plus d'un réflexe automatique. Inconsciemment, elle activait la Vision dès qu'elle s'éveillait. Il était même possible qu'elle ne se dissipe pas pendant son sommeil. Elle n'en était pas sûre.

Pour les Yeux Féeriques, bien sûr, c'était autre chose. Depuis ce rituel i ans, ses globes oculaires entiers avaient été changés, voire même, remplacés par de nouveau imprégnés des pouvoirs confiés par la Déesse.

C'est grâce à ces deux particularités qu'elle pouvait y voir comme en plein jour. Enfin, pas exactement comment plein jour bien entendu. Sans lumière, elle ne distinguait aucune couleur. Toutefois, elle discernait les différents flux d'énergies dans son environnement. Tel un sonar, ses yeux percevaient les formes des objets sur leur passage, contours évanescents, mais bien présents pour son regard enchanté.

De plus, le moindre objet, le moindre flux, le moindre souffle d'air était recouvert d'ensembles de Runes mouvantes qui lui indiquaient leur nature ou leur état. Elle savait que par simple volonté de sa part, elle pouvait modifier ces Runes, modifiant ainsi la matière ou les Sorts auxquels elles appartenaient. C'était comme si le réel était entre ses mains. C'était cela le pouvoir de la Magie. Altérer la réalité. Et elle, Hermione, la Grande Prêtresse de la Déesse, était l'incarnation même de cette capacité.

C'était une notion assez écrasante pour elle si bien qu'elle essayait généralement de ne pas y penser.

Elle se redressa donc dans son lit et sentit quelque chose effleurer son front et tomber entre ses jambes. Elle baissa les yeux et vit que c'était une fleur. Une Silène Acaule pour être précis. Une petite fleur mauve à 5 pétales. Hermione soupira en remarquant qu'il y en avait également plusieurs autour d'elle. Bien qu'elle s'en douta déjà, un léger rire fantomatique et cristallin ainsi que le délicat bruit d'un battement d'aile de papillon lui indiquèrent les coupables.

Au départ, les quelques Pixies qui la suivaient partout depuis son retour de la Faerie étaient bien innocentes. Elles demeuraient cachées. Discrètes. Et la seule fois où elles avaient fait quelque chose, c'était quand l'une d'elles avait attaqué le Professeur Ombrage quand celle-ci avait voulu s'en prendre à Hermione, après la retenue manquée avec elle. La fine épée, à peine plus épaisse qu'une aiguille, n'avait laissé qu'une estafilade guérie en quelques instants par Magie. Ce n'était donc pas une grosse affaire.

Toutefois, par la suite, elles s'étaient enhardies. Apparaissant de plus en plus souvent à Hermione, lui apportant des objets dont elle avait besoin comme une plume ou un parchemin vierge, lui laissant des petits cadeaux, ce genre de choses… Et depuis le début du printemps, tous les matins avant qu'elle ne se réveille, elles accrochaient des fleurs dans ses cheveux et en parsemaient ses draps.

D'un geste négligent, Hermione fit disparaître ses dernières avant d'ouvrir doucement les rideaux de son lit afin de sortir. Au passage, elle prit ses lunettes sur la table de chevet puis se dirigea à pas de loup en direction de la salle de bain. Il était très tôt. Aucune de ses camarades de dortoirs n'était encore réveillée. Elles ne faisaient pas partie du groupe d'Hariel et ne pratiquaient aucune activité physique le matin au contraire d'elle. Ce n'était pas plus mal. Cela permettait à Hermione d'être tranquille pour réparer les "dégâts" de la nuit.

Rapidement, Hermione entra dans la salle de bain et referma la porte derrière Kylie avant d'allumer la lumière. La petite Balmus était la seule de sa garde autoproclamée autorisée dans le dortoir… à part les Pixies qui semblait se ficher de tout. Hermione lui avait aménagé un coin où dormir dans le tiroir de sa table de chevet. Elle le laissait entrouvert pour que la Fae à l'apparence de souris puisse aller et venir à sa guise. Réglée sur le cycle de sommeil que sa maîtresse, elle se réveillait en même temps qu'elle et la suivait jusqu'à la salle de bain. Habituée, Hermione n'avait même plus besoin de vérifier sa présence.

Elle cligna des yeux quelques instants, éblouit par la soudaine lumière avant de se diriger vers le miroir. À nouveau, elle soupira. Comme elle le soupçonnait, ses cheveux étaient couverts des mêmes fleurs violettes qu'elle avait trouvées dans son lit. Malheureusement, ce n'était pas les seuls « dégâts » dont elle devait s'occuper. En enlevant les fleurs et en défaisant la coiffure des Pixies, elle se rendit compte avec fatalité qu'ils s'étaient allongés d'une trentaine de centimètres dans la nuit. Encore.

Pour ça, elle doutait que les petites créatures ailées soient totalement responsables. Elle avait constaté des changements avec ses cheveux bien avant qu'elles ne commencent à s'amuser avec. Elle supposait donc que c'était plutôt dû à sa propre nature qui évoluait lentement, passant de simple Magicienne à Sidhe.

Elle pouvait déjà voir d'autres effets sur elle. Sa peau était plus douce (au point que plusieurs de ses camarades lui avaient demandé ce qu'elle utilisait comme produits) et ses imperfections se dissipaient peu à peu. Alors que sa croissance s'était arrêtée vers le milieu de la 4e année, elle avait, depuis l'été, repris quelques centimètres encore. Le changement le plus important cependant (bien que rares soient ceux à l'avoir vu), c'était ses yeux. Lorsqu'elle les avait obtenues, c'était deux énormes iris rouge sang avec des pupilles obliques et des tissus congestionnés autour.

Depuis que la Déesse l'avait guérie, la métamorphose avait été manifeste. Le derme autour de ses orbites était de nouveau lisse et ses prunelles avaient repris une taille normale. Elle avait conservé ses pupilles en amande ainsi que, pendant un temps, la couleur écarlate. Toutefois, celle-ci avait commencé à évoluer par la suite. Le monochrome carmin avait à présent laissé la place à un camaïeu de rouges, de roses et de pourpres formant des cercles changeants autour de ses iris et parsemés de reflets moirés causés par la présence permanente du voile de la Vision Magique.

Pendant longtemps, Hermione avait trouvé l'aspect de ses yeux à la fois inquiétant et fascinant. À présent, ils lui semblaient simplement envoûtants. Peut-être un peu trop pour être honnête. Elle se demandait quel serait leur effet sur des personnes normales. Elle avait découvert que ses parents et Eleanor ne paraissaient pas affectés, mais qui sait ?

Soufflant de frustration, Hermione rassembla ses cheveux et en coupa l'excédent qu'elle fit disparaître en même temps que les fleurs. Elle déplia ensuite ses lunettes et les posa sur son nez. Quand elle se regarda à nouveau dans le miroir, ses yeux étaient redevenus de ce brun familier qu'elle partageait avec les autres membres de sa famille.

Il lui suffit par la suite d'un geste de la main pour échanger la simple culotte et le t-shirt qu'elle portait pour dormir contre son équipement de sport, jogging avec veste (il faisait encore frais, surtout à cette heure) et baskets. Elle sortit de l'une des poches un élastique pour attacher ses cheveux alors que Kylie sautait dans la seconde.

S'estimant prête, Hermione éteignit la salle de bain et en sortit. Elle se dirigea ensuite vers la porte de son dortoir pour se rendre dans la salle commune. Là-bas, Hariel et Luna devaient l'attendre. Ensemble, ils descendraient dans le hall pour retrouver leurs autres amis avec qui ils allaient courir, notamment, Proteus, Draco et bien sûr, Dean.

0o0o0

« Professeur Firenze ! »

Le Centaure s'arrêta alors qu'il allait grimper les marchés du perron de l'école. Il ne dormait pas sur place et venait tous les matins aux alentours du petit déjeuner auquel il n'assistait pas et se rendait directement à sa salle de classe. Celle-ci avait été déménagée au rez-de-chaussée puisqu'il lui aurait été difficile, voire impossible, d'occuper celle du professeur Trelawney. Les escaliers humains n'étaient pas très adaptés. Et encore moins l'échelle d'argent qui permettait de grimper jusqu'au sommet de la Tour Nord où se tenaient les cours de Divination.

Le groupe d'Hariel l'avait aperçu à plusieurs reprises alors qu'il revenait de l'endroit mystérieux où il dormait, mais ils ne s'étaient jamais croisés jusqu'à ce matin.

« Bien le bonjour à toi, Hariel Potter » dit l'étalon en hochant la tête. « Et à vous également chers élèves. »

« Comment allez-vous ? » Demanda Hermione. « Est-ce que vous vous habituez à Poudlard ? »

« C'est quelque peu déroutant pour quelqu'un dont les sabots n'ont jamais foulé le sol des bâtisses des Hommes, mais l'acclimatation se passe… aussi bien que possible, je vous remercie. »

Il avait dit ces derniers mots avec une expression presque affectueuse sur le visage. Hermione s'agita sous son regard insistant. Les Centaures étaient-ils des peuples féeriques ? Et si oui, Firenze avait-il ressenti sa « royauté » ? Sinon, elle ne s'expliquait pas vraiment la façon dont il la fixait.

« Tant les élèves que mes collègues enseignants sont… majoritairement satisfaits de ma présence ici » reprit-il.

« On imagine bien quels sont ceux qui ne le sont pas » déclara alors Dean avec une grimace.

Il n'avait pas besoin de nommer qui que ce soit. Tous savaient qu'Ombrage était loin d'être ravie et qu'elle multipliait les inspections auprès du Centaure. Malheureusement pour elle, aucun des membres de sa Brigade Inquisitoriale n'était dans ses classes. Il était donc impossible pour elle de leur demander de faire du chahut pour le faire passer pour incompétents. Mais il ne faisait aucun doute qu'elle essayerait de trouverait un moyen.

« Dumbledore vous a fait mettre les sabots dans un sacré nid de vipères » fit remarquer Hariel. « Sans compter que vous ne pouvez plus… »

Il ne finit pas sa phrase. Mieux valait ne pas remuer de nouveaux souvenirs.

Les Centaures de la Forêt Interdite étaient non seulement très territoriaux, mais également sectaires. À raison sans doute, vu la façon dont les traitaient les Sorciers. Ils avaient refusé d'être classifiés comme des « Êtres » parce que cela ne leur apportait pas le moindre avantage du fait de leur isolation. À cause de cela, cela avait été le prétexte d'énormément de gens malintentionnés pour entrer sur leur territoire pour une raison ou une autre. Bien entendu, toute riposte trop importante les exposait à la vindicte de la population. Ils n'avaient donc aucun moyen de se défendre contre une véritable intrusion, d'où une surveillance accrue de leurs frontières.

Par la proximité de l'école, Dumbledore possédait un passe-droit relatif. Cela n'avait pas empêché les arcs de se bander à son approche et quelques flèches avaient failli partir quand il avait fait sa proposition. Pour un Centaure, quitter la harde, surtout pour aller chez les Humains, était une infamie. Mais Firenze s'était tout de même porté volontaire. La conséquence pour lui avait été le bannissement pur et simple. Même s'il devait ne plus travailler au château, il ne pourrait jamais retourner chez les siens. Jamais.

Du goût d'Hariel, la pilule était amère. Pourtant, Firenze ne semblait pas s'en soucier.

« Ce sont les étoiles qui m'ont poussé à accepter la proposition d'Albus Dumbledore » dit-il. « Les événements qu'elles ont annoncés étaient trop graves pour que je reste à l'écart. Mes frères peuvent croire que cela ne les concerne pas, je sais que c'est faux. J'agirai donc dans la mesure de mes moyens ici et je tenterais de protéger la tribu du mieux que je le peux. »

Un dévouement assez admirable aux yeux d'Hariel. Il ne savait pas si lui en ferait autant pour des gens qui l'avaient rejeté par obscurantisme et entêtement.

« Vous pensez pouvoir faire la différence ? » Demanda Seamus sans la moindre moquerie.

« Si je peux partager mon art avec ceux qui ont le don, oui, je l'espère » dit Firenze.

Ses yeux glissèrent sur Hariel et, à sa grande surprise, également sur Luna Lovegood. Celle-ci se contenta de lui sourire.

« Je crois que quelqu'un cherche à vous parler » dit alors Firenze en se redressant et en tournant la tête vers l'entrée de l'école.

Hariel et les autres suivirent son regard et aperçurent Susan Bones. Celle-ci se tenait dans l'ombre de la porte et se tortillait sur place, comme si elle attendait quelque chose. Quand tous les yeux se braquèrent sur elle, elle sursauta et se mit à trembler légèrement, comme gênée. Mais elle ne bougea pas.

« Vous devriez aller lui parler » dit alors le Centaure en commençant à monter les marches du perron. « Ça pourrait être important. »

Arrivé au niveau de la Poufsouffle, il inclina la tête vers elle puis disparut dans les ombres du grand hall.

« Tu voulais nous dire quelque chose, Susan ? » L'interrogea Hermione alors que le groupe avançait avec elle dans sa direction.

« Euh… oui… je… » dit-elle avec hésitation en jetant des coups d'œil frénétiques aux autres personnes présentes.

« C'est à Hermione que tu aimerais parler ? » Demanda Hariel.

L'adolescente hocha la tête. Hariel tourna son regard vers Hermione. Celle-ci cligna des yeux en assentiment.

« Bon, on va aller à la douche » dit-il finalement. « Tu nous rejoins dansa Grande Salle ? »

« Ok » dit simplement Hermione.

Susan regarda passer tous les membres du groupe à côté d'elle et bientôt, les deux jeunes filles furent seules. Pourtant, Susan ne se décidait pas à parler.

« Et donc… tu voulais me dire quelque chose ? » Demanda Hermione.

« En fait… j'ai une question à te poser » dit finalement Susan.

« J'écoute. »

« Est-ce que tu pourrais… »

Elle hésita.

« Est-ce que tu pourrais me confirmer une rumeur ? »

0o0o0

Susan se précipita en direction du Grand Escalier et se faufila par la petite porte juste à droite de ce dernier qu'elle avait déjà emprunté tant de fois au cours des années. Normalement, elle devait aller en cours, mais le frisson d'horreur qui parcourait son corps depuis qu'elle avait parlé à Hermione l'en empêchait. Elle devait agir.

Elle glissa presque plus qu'elle ne descendit les marches menant aux sous-sols du château, passa devant la nature morte qui dissimulait l'entrée aux cuisines et se dirigea vers l'un des celliers. Là, elle se précipita vers l'un des énormes tonneaux placés contre les murs et tapa sur le couvercle selon un code précis. Celui-ci bascula alors, libérant l'accès à la salle commune de sa maison.

Tout en continuant à courir, elle s'achemina vers son dortoir, vide à cette heure. Elle s'avança vers son lit et ouvrit le coffre qui se trouvait à ses pieds avant de fouiller frénétiquement à l'intérieur.

« Mais où est-ce qu'il est ? … je sais qu'il est là… » marmonnait-elle.

Finalement, avec un petit cri de triomphe, elle se saisit d'un cahier qu'elle brandit dans les airs. Elle se releva ensuite rapidement et le posa sur son bureau avant de l'ouvrir.

Elle n'avait pas vraiment compris quand sa Tante Amelia le lui avait offert à Noël. Après tout, elle possédait une chouette, elle n'avait pas besoin d'un carnet connecté. Selon les explications de sa Tante, il suffisait d'écrire dedans pour que les mots apparaissent également dans un second qu'elle avait gardé pour elle.

« Juste au cas où » avait-elle dit.

Et puis Ombrage s'était mise à surveiller le courrier. Cela ne la gênait pas puisqu'il n'y avait rien dans ses lettres qu'elles auraient pu censurer, mais à présent…

Elle avait assez mal dormi cette nuit-là. Ce qui s'était produit avec Leanne se répétait en boucle dans sa tête. Sa défiance, sa colère et puis le sang… Mais ce matin-là, son amie était de nouveau comme avant. Affable et discrète. Elle serait excusée pour ce qui s'était passé et lui a dit qu'elle était juste énervée à cause de la retenue avec Ombrage qu'elle avait eue. C'était pour ça qu'elle était en retard.

Mais Susan savait que quelque chose clochait. Derrière son insouciance, elle avait perçu de la peur, de l'inquiétude également. Elle avait aussi vu sa main avec un bandage, cette même main qu'elle tenait contre elle la veille. Et puis il y avait le souvenir, celui de rumeurs au sujet de ce qui se passait pendant les retenues avec la Grande Inquisitrice.

Au départ, ces rumeurs, elle n'y avait pas cru. Mais à présent… et puis elle avait demandé à Hermione qui lui avait parlé de la terrible vérité : Dolores Ombrage forçait les élèves à écrire avec leur propre sang grâce à des plumes maudites.

C'est après cela que Susan à avait plus eu qu'une seule idée en tête : écrire à sa Tante, la Directrice du Département de Justice Magique. Mais comment ? Si Ombrage surveillait le courrier, elle verrait qu'elle tentait de la dénoncer. Et puis elle s'était souvenue du carnet.

Prenant sa plume, elle la trempa dans l'encrier. Elle passa quelques secondes à respirer profondément afin d'empêcher sa main de trembler puis se mit à écrire…

À suivre.

.

Et voilà un nouveau chapitre de terminé. Je suis vraiment désolé du retard que j'ai pris sur cette histoire. Depuis septembre, j'ai un nouveau poste à mon travail et j'ai dû m'y adapter ce qui a diminué ma fréquence d'écriture. J'ai également pris quelques vacances bien méritées qui m'ont fait énormément de bien donc je suis de nouveau d'attaque.

L'auteur à qui Hariel (et moi) avons emprunté sa théorie du bassin et du sceau est Hajime Kanzaka qu'il a développé dans son roman Slayers qui a été adapté en manga et anime, le tout dans les années 90. Dans sa théorie, il ne parle que du bassin et du seau (pool capacity et bucket capacity) donc je l'ai un peu adaptée. J'espère que vous avez trouvé ça intéressant. Je vous conseille aussi de regarder les 4 saisons de l'anime qui est assez génial.

Encore une fois désolé du retard. N'hésitez pas à m'envoyer des commentaires et à la prochaine !