Check Mate DxD

Chapitre 134 : Et si l'avenir était radieux ? /Moshi mirai ga akarukattara ?

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« TORTURE À POUDLARD : NOS ENFANTS SONT-ILS EN SÉCURITÉ ?

La Grande Inquisitrice Dolores Ombrage a été arrêtée hier soir par la Directrice du Département de Justice Magique en personne, Amelia Bones. L'acte d'accusation lui attribue de nombreux crimes parmi lesquels torture, violence sur mineur, abus de pouvoir et coercition.

Forte de sa position de Professeur puis de Grande Inquisitrice, la Membre du Magenmagot Dolores Ombrage aurait usé de son autorité pour soumettre ses élèves à de la torture physique lors des retenues qu'elle leur donnait, et ce à l'aide d'une Plume à Sang.

Pour rappel, cet objet magique extrêmement réglementé utilise le sang de la personne qui tient la plume en guise d'encre pour écrire. Ce faisant, elle provoque une douleur sur le dos de la main et l'apparition (temporaire) d'une gravure des mots ayant été tracés. À cause de ces deux faits, son usage a été strictement limité à la signature de contrats et seulement avec l'autorisation de la personne et sa pleine connaissance des effets et conséquences.

Or, il a été rapporté que le Professeur Ombrage faisait marquer des lignes à ses étudiants. Les forçant donc continuellement à graver les mots qu'ils écrivaient sur le dos de leur main jusqu'à ce que la blessure soit si profonde qu'elle ne s'efface plus.

D'après nos sources, plusieurs élèves avaient déjà porté plainte sans que l'affaire ne puisse avoir de suite. Toutefois, certains témoignages laisseraient à penser qu'il y en aurait beaucoup plus.

Savoir que l'école de Sorcellerie Poudlard, le bastion dont même Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n'osait pas s'approcher est le théâtre d'un tel scandale pourrait ébranler la confiance de nos concitoyens en cette institution chargée de protéger nos enfants.

Des précisions sur l'affaire vous seront communiquées dans une édition spéciale ce soir. »

Hariel referma le journal, satisfait. Il ne regrettait pas d'avoir débarqué chez Rita alors que celle-ci se trouvait en petite tenue en compagnie de Mafalda Hopkrik… et elle non plus (Mme Hopkrik peut-être un peu plus). Il ne regrettait pas non plus d'avoir tiré Eustace Dodgers du lit pour qu'il fonce à Poudlard. Grâce à cela, il avait pu avoir un magnifique cliché d'Amelia dans sa robe de bal jaune alors qu'elle traînait une Dolores Ombrage menottée devant elle. Manifestement, elle l'avait réveillée pour pouvoir lui lire correctement ses droits et l'arrêter officiellement. C'était, après tout, une femme de procédure.

Bien entendu, au matin, la nouvelle de son incarcération avait été découverte et tous les journaux, déjà imprimés, s'étaient vus obligés d'envoyer leurs agents à la pêche aux renseignements en vue d'une édition spéciale. Le Skeeter, au contraire, avait publié l'information à la une de sa propre édition quotidienne. Les communiqués officiels étaient restreints et les investigations peu engagées, mais Rita était la première à avoir sorti le scoop. Il était probable que tout ce qui serait écrit dans son journal pour son édition spéciale à elle aurait déjà été dit et même plusieurs fois dans la journée. Cependant, n'ayant plus la pression d'être en tête de course (ce qu'elle était déjà) elle pourrait sortir un dossier structuré avec des témoignages.

Hariel lui avait décroché une interview avec Amelia. Celle-ci avait accepté de mauvaise grâce, mais seulement quand elle avait eu l'assurance de pouvoir contrôler ce qui serait publié (pour les besoins de l'investigation bien entendu). Elle cherchait notamment à taire les noms des plaignants, les élèves qui étaient venus la voir. Ceux-ci ne seraient révélés que lors du procès et uniquement s'ils le voulaient bien.

En attendant, il lui faudrait également essayer d'obtenir les témoignages d'autres victimes, celles qui avaient été trop effrayées pour porter plainte. Bien évidemment, cette fois, toutes les auditions se feraient en présence des parents. C'était tout d'abord pour des raisons légales, mais aussi pour les jauger. À cause de l'embargo sur le courrier, certains d'entre eux ignoraient ce qui s'était passé pour leurs enfants. D'autres étaient au courant et soit n'y avaient pas prêté attention, soit n'y avaient pas cru. Dans tous les cas, il était nécessaire qu'Amelia les voie pour statuer de leur responsabilité.

Il était probable que Dumbledore aussi serait interrogé. Hariel n'était pas certain si le vieil homme répondrait en chargeant le Ministre et en se posant en victime ou s'il se tairait. Pour ce qui est de Fudge, ce serait bien évidemment silence radio au mieux, menaces d'arrestation au pire. Cet homme savait très bien comment creuser sa propre tombe.

« Et maintenant ? » Demanda Hariel.

« Maintenant, rien… ou pas grand-chose » dit Fiermont Crane.

« Avec le scandale Ombrage, Fudge n'a plus aucune chance de remonter sa côte de popularité » continua Baldwin Shaklebolt. « Sans lui, il n'y a plus d'obstacle au niveau administratif et pour ce qui est du Magenmagot, tous ses sympathisants vont probablement se rallier à nous. »

Jusque-là, leur camp politique était, en dépit de la présence d'Hariel dont le couronnement se rapprochait, amassé en marge des autres. Avec son alliance avec le Duc, l'intégralité des membres dits "neutres" les avaient rejoints, mais ils restaient tout de même largement minoritaires. Malgré les ronds de jambe qu'il faisait, Fudge maintenait toujours une distance entre eux. Il espérait ainsi devenir un pion politique important pour Hariel, une sorte d'allié providentiel qui saurait le seconder en cas de problème à l'hémicycle.

« Mais ça ne veut pas dire que nous n'allons rien faire » dit Dianthea Greengeass. « Avec la déroute de Fudge, nous allons obtenir une majorité incontestable pour les décisions. Cela nous permettra de faire passer certaines lois qui n'auraient pas été acceptées auparavant. »

Son regard glissa vers Spencer Bradley qui releva les yeux, surprit.

« Oui, Cynon, c'est vous que ça concerne » dit la femme. « Nous devons absolument commencer à promulguer les lois sociales pour faire cesser les discriminations. »

« Est-ce que ce n'est pas un peu inutile de le faire maintenant ? » Demanda le jeune homme. « Enfin, je sais que c'est important, ne vous méprenez pas, je suis bien placé pour le savoir. »

En effet, la situation demeurait assez bloquée pour lui. Les manifestations sur Camelot avaient valu à leurs auteurs une série de licenciements. Ceux-ci avaient été annulés grâce à l'intervention du Prince, mais la tension était encore assez considérable au sein du Ministère.

« Ce que je dis c'est que le couronnement est assez proche » reprit-il. « Est-ce que ça ne serait pas plus facile de changer ça après que vous ayez… »

« J'apprécierais qu'ils évitent de comprendre ce que je compte faire » l'interrompit Hariel. « De plus, au vu de ce que l'on prépare, je préfère donner une sorte de galop d'essai à cette loi, vous ne pensez pas ? »

Le jeune homme hocha la tête. En effet, mieux valait habituer les gens à ce qui allait arriver.

« Bien » dit le futur souverain. « Et si on se mettait au travail ? Je suis sûr qu'on peut faire pas mal de choses en 3 mois. »

0o0o0

L'atmosphère était assez étrange au château. Du moins, c'était ce qu'avait pensé Hariel pendant un moment. Mais en y réfléchissant d'un peu plus près, il s'était rendu compte qu'elle était simplement revenue à la normale, celle d'avant Ombrage.

Cela avait commencé au petit déjeuner le dimanche. Dumbledore avait annoncé le départ du Professeur Ombrage suite à son arrestation. Il avait ajouté que sans la présence de la Grande Inquisitrice, sa Garde Inquisitoriale était à présent dissoute. Pour ce qui était de tous les Décrets d'Éducation qui avaient été passés durant et même avant sa prise de fonction, il avait assuré qu'il plaiderait auprès du Magenmagot pour qu'ils soient réexaminés.

Hariel avait alors pensé que c'était bien son genre de se faire passer pour le gentil après-coup.

Il y avait également eu le problème du remplacement. Après tout, Ombrage, malgré sa totale inaptitude, occupait le poste de professeur, un poste qu'il fallait rapidement combler pour préparer les élèves pour les examens, en particulier ceux de 5e et de 7e année. Sur ce coup-là, Hariel devait avouer que Dumbledore avait fait assez fort. Il avait eu du mal à le reconnaître, mais c'était ce qu'il avait pensé en voyant Alastor Maugrey assis à la place du Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, le soir, au dîner.

Comme plusieurs personnes, il avait été absent pour les cérémonies de Beltaine. Plusieurs élèves comme Susan, Draco, voire même Blaise, avaient reçu des permissions spéciales pour quitter l'école le temps de la journée pour assister aux rites sur le domaine du Duc Fowley.

Plus que spéciales, celles-ci avaient été exceptionnelles puisque les sorties pour raison autre que familiale, comme par exemple pour les célébrations rituelles, n'avaient plus été d'actualité depuis de très nombreuses années à mesure que les Sorciers perdaient leurs liens avec les anciens usages (une situation des plus ironique pour une société si conservatrice).

Hariel ne pouvait même pas blâmer Dumbledore pour cela aussi puisque cela durait déjà depuis plusieurs siècles. En fait, au moins depuis la dissolution du Conseil des Sorciers en 1707. L'hypothèse d'Hariel était que cela venait de l'autarcie. Le traditionalisme forcené des vieilles familles avait été renforcé une fois la stimulation de l'extérieur éliminée. Elles s'étaient ensuite campées sur leurs positions et s'étaient mises à pinailler sur tout et n'importe quoi, assurant que des éléments, le plus souvent visuels, étaient par essence liés à leur identité. C'est pour ça qu'il y avait encore des robes et les chapeaux pointus, des balais, des chaudrons, des balances et des télescopes en cuivre et des moyens de transport aussi incommode que la Cheminette. En s'accrochant à ses détails, ils avaient peu à peu oublié d'autres aspects plus importants comme des pratiques magiques, des connaissances anciennes et, bien entendu, des rites cruciaux.

Quand, à la fête de Samhain, le Prince Pendragon-Emerys avait exprimé son intérêt a retrouver les vieilles traditions, plus particulièrement celles des cérémonials sacrés, la société sorcière s'étaient bien évidemment tourné vers leurs bibliothèques ancestrales pour exhumer des savoirs tout aussi ancestraux qu'ils avaient ensuite tenté de mettre en pratique avec plus ou moins de succès.

Hariel avait, bien sûr, donné en quelque sorte son aval à cette pratique, notamment en assistant à certaines de ces célébrations, celles qui avaient le plus de chances d'être authentiques. Elles étaient d'ailleurs généralement organisées par ses soutiens comme celle de ce jour.

En tout les cas, en fervent supporteur du Prince, Dumbledore avait accepté cette dérogation aux règles habituelles. Hariel, de son côté, se dirait qu'il serait bon qu'à l'avenir, ces rites deviennent également partis importante de la vie scolaire à venir à Poudlard. Cela permettrait à tous les adolescents, en particulier ceux étant nés de parents Sapiants, d'être intégrés dans les traditions de leur peuple. Après tout, ils célébraient déjà Halloween et Noël, réactualiser ces fêtes et en ajouter d'autres ne poserait sans doute pas de problème.

Toujours était-il qu'une fois de retour, les élèves ayant eut la permission de s'absenter (excepté Hariel, qui s'était, comme à son habitude, éclipsé en douce) avaient découvert Maugrey Fol'Oeil prêt à prendre la relève d'Ombrage. Apparemment, Dumbledore l'avait contacté peu après le départ d'Amelia, la veille. Sans Fudge pour lui mettre des bâtons dans les roues, il avait été assez facile de ramener l'ancien Auror.

Il avait déjà essayé en juillet, mais le Ministre avait rejeté sa candidature pour raison médicale. Il venait de sortir de plus de 10 mois d'emprisonnement dans des conditions épouvantables, ce n'était pas une situation idéale pour reprendre le travail à peine quelques semaines après. Hariel était d'accord avec ce point, mais il savait pertinemment que l'homme n'en avait rien à faire de la santé de son séide et qu'il voulait seulement se débarrasser d'un partisan de Dumbledore pour assurer sa place à Ombrage.

Normalement, Hariel aurait déjà dû être au courant pour le vieil Auror, mais il n'avait pas relevé les infos de sa surveillance le matin même. Grâce aux sortilèges discrets qu'il avait placés sur la prothèse oculaire enchantée et l'oreille, bien réelle celle-ci, de Fol'Oeil, Hariel avait été capable d'espionner ce qui transitait au sein de l'Ordre du Phœnix, la milice privée de Dumbledore. Comme il ne pouvait pas toujours rester en stand-by pour savoir ce que l'homme entendait, disait ou voyait, il enregistrait tout sur son ordinateur.

Convertir des données magiques en données numériques était un jeu d'enfant. Dès qu'Ajuka Belzébuth avait commencé à travailler à créer de la technologie fonctionnant à la mana, il avait résolu cet épineux problème qui pouvait causer des difficultés de communication entre différents appareils. Ainsi des données provenant de Sorts comme les renseignements médicaux de Sortilèges d'Analyse, de Diagnostic, les coordonnés GPS de Sortilèges de Pistage ou même les images et les sons issus de Sortilèges d'Espionnages, étaient transformées en versions digitales lisibles par les systèmes informatiques. Grâce à cela, l'ordinateur d'Hariel recevait en permanence des fichiers audiovisuels de Maugrey Fol'Oeil et le tout, sans que l'homme ne s'en rende compte.

Sauf que ce matin-là, Hariel n'avait pas pris la peine de regarder ce qu'il avait enregistré et il avait été surpris. Bon, cette fois, ce n'était pas capital, mais cela avait eu l'effet d'une piqûre de rappel pour Hariel. Il ne devait pas baisser sa garde. En revanche, peut-être qu'il pouvait déléguer certaines tâches. Il était certain qu'Heathcliff, son Majordome dans le monde Démoniaque, serait plus que disposé à compulser les différents fichiers et à lui faire un résumé exhaustif quotidien ainsi qu'à le prévenir en cas d'information sensible.

En tout les cas, la présence d'un professeur potentiellement compétent n'avait pas persuadé les élèves de laisser tomber Ed. Après tout, la petite association avait depuis longtemps dépassé le cadre du simple apprentissage de la défense : leçons de techniques inédites, aide aux devoirs, lieu de détente et, à présent, centre de révisions.

Toutefois, conserver le secret était devenu encore plus difficile avec le nouveau professeur. Ombrage avait l'avantage du nombre, mais elle comme des troupes étaient des amateurs qu'il était facile de berner. Fol'Oeil, lui, était un Auror, un mélange entre un inspecteur de police et agent d'intervention armé. Il était connu pour les traques des Sorciers Noirs qu'il avait faites tout le long de sa carrière. Et son œil magique n'aidait pas à la tâche puisqu'il était capable de voir au travers des murs directement dans les passages secrets.

Fort heureusement, le système organisé mis en place mené par une Hermione bien décidée à ne pas se laisser faire, avait fait son œuvre. Grâce à la carte du Maraudeur, il était aisé de repérer les déplacements de l'homme et de transmettre ses coordonnées aux étudiants. Sans compter que la Salle sur Demande, elle, lui était toujours invisible.

Au final, rien n'avait beaucoup changé à l'exception bien sûr de l'humeur générale. Les premiers jours après le départ d'Ombrage avaient été assez émouvants. Il y avait eu des larmes réprimées trop longtemps qui avaient coulé m, des amitiés mises à mal par le secret ou les dissensions politiques qui avaient été renforcés et, de manière générale, élèves comme professeurs avaient pensé leurs blessures physiques et mentales.

Et puis la vie avait repris son cours comme auparavant. Ou presque.

« Hariel ? »

Celui-ci se tourna vers Draco.

Ils se trouvaient au Refuge, dans le sous-espace qu'il avait mis en place voilà plus de quatre ans auparavant, afin de se retrouver avec ses proches camarades. Assis devant son ordinateur, il faisait quelques vérifications sur la thèse de doctorat qu'il avait entrepris cette année-là, un sujet d'astrophysique au sujet de la création hypothétique de trous de ver, un objet tout aussi hypothétique, mais qui pouvait parfaitement s'appliquer à certains fondements de la magie. Le document ne débouchait sur aucun résultat concret, mais dans lequel les principes cosmologiques qu'il avait élaborés seraient sans doute très inspirants pour d'autres chercheurs.

Toujours était-il qu'à la voix de son compagnon, ses mains s'étaient immédiatement arrêté au-dessus du clavier et qu'il lui avait donné toute son attention.

« Je… enfin… est-ce que tu… » commença Draco.

Hariel leva un sourcil, perplexe. Draco était rarement hésitant ou gêné. Il se frottait l'arrière de la tête tout en évitant le regard d'Hariel. Comme il avait enlevé son glamour, la scène était encore plus étrange. Voir une montagne de muscles se tortiller comme un ver était un spectacle des plus improbable.

« En fait, j'aurais voulu te… euh… » poursuivit-il.

« Oui ? » Demanda Hariel pour l'encourager.

« En fait… tu sais qu'il y a bientôt une sortie à Pré-au-Lard et j'aurais voulu te demander… enfin… »

« Oui, j'y vais bien sûr. Ça nous fera du bien, je crois » dit Hariel qui ne comprenait pas pourquoi ce point semblait ainsi troubler son Serviteur.

« Non ! Enfin… oui, on pourrait y aller, mais en fait… j'aurais aimé savoir si tu voulais y aller avec moi… pas avec moi comme d'habitude, mais avec moi comme… pour un rendez-vous. »

Hariel cligna des paupières, surpris. Un feu agréable commença à lui monter aux joues et son ventre remuait étrangement. Sans qu'il ne puisse s'en empêcher, il sentit les coins de sa bouche se relever en un immense sourire. Celui-ci sembla rassurer Draco qui redressa la tête et fixa son camarade, les yeux pleins d'espoir.

« Alors ? Tu… tu veux bien ? » Demanda-t-il tout de même.

« J'adorerais » lui répondit Hariel.

0o0o0

Sirius se tenait juste devant la porte des appartements de Remus. Trois mois. Cela faisait trois mois qu'ils ne s'étaient pas dit un mot. Au départ, il avait tenté de discuter, de s'excuser pour son comportement, tant celui à l'annonce de sa grossesse que celui qu'il avait eu à l'école. Mais le Loup-Garou l'avait royalement ignoré.

À chaque fois qu'il avait cherché à lui parler, il devait aller s'entraîner ou répondre à une invocation pour exaucer un vœu. Bon, ce n'était peut-être pas totalement des excuses. Après les vacances de Noël et l'apparition des premiers véritables symptômes de gestation, Sirius avait commencé à prendre du poids. Son ventre s'était bien arrondi. Il ne se sentait pas plus faible ou malade, mais il avait été retiré du service actif sur recommandation d'Averroès. Les transferts dimensionnels pouvaient s'avérer risqués pour le fœtus à cause de l'énergie de la Faille.

Toutefois, il y avait également un autre problème.

Un peu plus de deux mois auparavant, vers la mi-mars, il s'était rendu compte que quelque chose clochait avec ses pouvoirs. Ils étaient devenus erratiques et imprécis. Il lui arrivait souvent de réapparaître à plusieurs mètres de sa destination quand il se téléportait. Quand il y parvenait ce qui ne se faisait pas toujours du premier coup. Il avait également du mal à juguler l'énergie de ses Sorts, les rendant parfois plus puissants qu'ils ne devraient ou trop faibles.

Selon les livres sur les grossesses d'êtres magiques que Sirius avait lus, c'était des réactions normales durant la gestation. Entre la Mana nécessaire au développement du fœtus et la formation de sa propre Magie qui finissait par influencer celle du Porteur, ce genre de raté était monnaie courante, chez les Magiciens comme chez les Démons.

Toutefois, ce n'était pas tout. Alors que les semaines progressaient, de nouveaux troubles étaient survenus. Un matin, Sirius sentait retrouvée avec le hoquet. Rien d'anormal sauf que chacun de ses hoquêtements faisait apparaître ou même disparaître un objet m, provoquant au mieux des accidents cocasses et au pire, des évènements un peu plus graves.

Puis il y avait eu la fois où tout ce qu'il disait se réalisait, notamment des expressions imagées. Lui d'ordinaire si bavard avait été terrorisé de prononcer un mot pendant 3 jours jusqu'à ce que quelqu'un en trouve une suffisamment sans conséquence pour qu'il fasse des essais et voir si c'était passé ou non. Heureusement, ça l'était.

Et puis il y avait eu ses renvois qui faisaient sortir des paillettes de sa bouche, celui où un contact de sa main faisait pousser des plantes et celui où ses cheveux et ses yeux n'arrêtaient pas de changer de couleur au fur et à mesure de la journée. Ils avaient fini par remarquer que ces changements avaient lieu quand il se trouvait en présence de personnes qu'il appréciait. Il se mettait alors à les imiter. Il avait donc eu des moments avec des cheveux rouges et des yeux verts, mais le plus souvent, ses iris étaient bruns et ses cheveux châtains à l'image d'un certain loup-garou ce qui avait été assez perturbant pour l'un ou pour l'autre.

Bien entendu, dès les premières fois, Sirius avait été envoyée voir Averroès, celui-ci étant à la fois le médecin du domaine et son "gynécologue" attitré. Tout le monde craignait, Sirius en tête pour la surprise de la majorité, que sa mystérieuse "maladie" ne soit néfaste au bébé. Heureusement, l'homme les avait détrompés. Il n'était pas tout à fait sûr du comment ou du pourquoi, mais il pensait que cela venait en fait de la magie du bébé lui-même. Apparemment, celle-ci semblait avoir plus d'influence sur celle de Sirius et surtout une puissance plus grande et erratique.

La seule hypothèse qui pouvait lui venir à l'esprit quant à la raison d'un tel phénomène était la présence d'une Sirius aux premiers stades de la grossesse en Faerie pendant la création du sceau de Trihexa. La longue stase temporelle qu'ils avaient subie n'avait pas eu énormément de répercussions sur leur Magie déjà bien établie, mais celle du fœtus était bien plus malléable. Il était donc possible qu'elle ait été "altérée" à ce moment-là que ce soit par l'énergie du pays de Fae lui-même, de celle du sceau ou même, à la plus grande horreur de tous, de celle de la Bête elle-même.

Averroès ne pensait cependant pas que cela ait causé de mal à l'enfant à naitre. Toutefois, il ignorait totalement quelles seraient les conséquences futures.

Au moment de cette annonce, Sirius s'était sentie extrêmement seule. Il aurait voulu avoir quelqu'un à ses côtés. Il aurait voulu avoir le père de son bébé, son Remus, à ses côtés. Mais celui-ci, bien que présent avec tous les autres, avait semblé assez indifférent à ce qui pouvait arriver à Sirius. Celui-ci avait alors éprouvé un sentiment de trahison. La colère qu'il avait ressentie à cela l'avait tenu éloigné de son meilleur ami jusqu'à maintenant, mais il pensait que ça devait cesser. En effet, lui, Sirius Black, avait décidé d'agir avec… maturité.

« Remus? » Appela-t-il en frappant sur le battant.

Aucune réaction. Sirius soupira.

« Remus, s'il te plaît, réponds-moi ! » Geignit-il. « Je sais que tu m'entends. Je veux… je veux juste te parler. »

Il n'y avait toujours rien. Sirius attendit, mais il ne percevait rien au travers de la porte. Aucun son, aucun mouvement. Est-ce qu'il le boudait ? Vraiment ? Pourtant il avait tellement à se faire pardonner…

« Remus… » soupira-t-il en posant sa tête sur le battant.

Il sentait ses yeux le brûler et sa vue se troubler.

« J'ai été un con » dit-il finalement. « Un vrai con. Sérieux, comment est-ce que j'ai pu t'accuser, toi, de m'avoir abusé et de m'avoir mis en cloque, franchement ? À ta place, je m'aurais aussi laissé tomber. »

Il déglutit.

« J'ai… beaucoup réfléchi à ce que tu m'as dit. À propos de moi et de James et de Barclay qui te poussions à faire des choses que tu ne voulais pas faire. J'ai essayé de me rappeler de toutes les fois où ça a pu arriver… je suis pas sûr de m'être souvenu de tout, mais ce que j'ai réussi m'a vraiment fait mal. Tout ce que je peux dire, c'est que je suis désolé. »

Une larme coula sur sa joue. Il ne parvenait plus à se retenir.

« Je suis désolé de ne pas avoir vu à quel point ça te mettait mal à l'aise, que ce soit à l'époque où maintenant et à quel point tu te forçais. J'ai pas vraiment été malin. Par contre, je t'assure que si jamais je m'en étais rendu compte quand on était à l'école, j'aurais fait attention. »

Il attendit encore, espérant une réponse ou même un simple mouvement ou un mot. Mais il n'entendit rien. Remus restait muet à ses excuses. Étouffant un nouveau sanglot, il se retourna et s'adossa à la porte.

« Tu sais, en me replongeant comme ça dans mes souvenirs de Poudlard, je me suis rendu compte de quelque chose. J'étais pas seulement con, j'étais aussi complètement aveugle. »

Il ricana pour lui-même.

« Je le suis toujours, je pense. Sinon je me serais rendu compte que je ressentais plus que de la simple amitié pour toi. »

À ce moment-là, il crut entendre quelque chose. Est-ce que c'était réel ou est-ce que c'était son imagination ?

« Je crois que je t'ai toujours cherché des yeux depuis qu'on s'est rencontré, mais sans jamais m'avouer que c'était parce que je te désirais. Je crois que je n'ai jamais autant été heureux que quand on était ensemble. C'est pour ça que je t'avais demandé de partager un appartement avec moi à la sortie de Poudlard sans même le demander aux autres. Pour James, c'était normal parce qu'il était avec Lily, mais à aucun moment je n'ai pensé à le proposer à Barclay… va d'ailleurs falloir que je le fasse pardonner auprès de lui… »

Cela faisait du bien de parler à un autre membre de leur bande qui n'était pas mort ou un traître.

« Je ne sais pas pourquoi je m'en suis pas rendu compte avant. Peut-être que j'étais trop jeune… ou trop con. Ou les deux. Peut-être que j'avais peur de perdre ce qu'on avait, notre amitié. Que je craignais que si ça se passait mal entre nous, notre groupe éclaterait. »

Il renifla alors que de nouvelles larmes coulaient sur ses joues.

« Moi aussi je dépendais de vous. Vous étiez les seuls en dehors de Reg avec qui je pouvais être moi-même. C'est peut-être pour ça que j'en ai fait trop, je pense. »

Il se redressa puis se tourna à nouveau vers la porte.

« Mais maintenant, je suis adulte. Autant que je peux l'être. Je ne veux plus me cacher et je veux te le dire en face. Je t'aime Remus Lupin. Je t'aime depuis que j'ai 11 ans. »

Il n'y avait toujours aucun bruit. À ce moment-là, Sirius sentit la colère monter en lui. Il était en train d'ouvrir son cœur et ce… ce connard n'avait même pas les couilles de lui répondre.

« Tu m'entends, Rem ? » cria-t-il en tapant du plat de la main sur la porte. « Je sais que tu m'entends avec tes oreilles de loups ! Je fais pas semblant que non ! Je t'aime Rem ! Moi Sirius Black je suis amoureux de Remus Lupin. Alors je sais pas si mes sentiments sont réciproques, mais tu pourrais au moins me le dire en… Aouch ! »

Alors qu'il disait ces mots, une douleur lui déchira le bas du ventre et il se plia en deux.

« Que… quoi ? » Balbutia-t-il en portant instinctivement la main à son abdomen proéminent.

Une autre douleur, plus importante encore le fit tomber en arrière. Il tenta de se rattraper avec ses mains, mais au moment où il touchait le sol, une douleur vrilla son poignet.

« Merde ! » Jura-t-il.

Mais il n'eut pas le temps de se préoccuper de son poignet, car, pour la troisième fois, il crut que ses entrailles se contractaient dans son ventre. Il poussa un cri.

« Sirius ! » Entendit-il.

Il tourna la tête en direction du bout d'un couloir d'où venait la voix et vit apparaître Remus qui courrait vers lui.

Et merde, se dit-il avec gêne, j'ai insulté une porte…

« Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne va pas ? » Demanda Remus en arrivant à son niveau et en s'agenouillant près de lui.

« J'ai mal… au ventre… le bébé… » balbutia Sirius.

« Mais… mais c'est trop tôt ! Tu n'en es qu'à 26 semaines ! »

« Toi et ta manie compter en semaine, ça me t… Ahhh ! »

Sirius poussa un nouveau cri en se contractant sur son ventre. Pendant quelques instants, Remus resta figé, paniqué, puis il passa l'un de ses bras dans le dos de Sirius et l'autre sous ses jambes afin de le soulever.

« Mais qu'est-ce que tu fais ? » S'exclama Sirius.

« Je t'emmène voir Averroès ! »

Remus faisait quelques centimètres de moins que Sirius. C'était déjà comme ça dans leur adolescence. Même usé par la prison où par une vie de fatigue perpétuelle à cause de transformations mensuelles, cet écart s'était encore creusé. Étrangement, quand chacun des deux avait retrouvé son corps de 18 ans grâce à la réincarnation, cette différence avait continué à exister. Remus avait perdu quelques centimètres et Sirius en avait, au contraire, en avait pris. Mais Remus était un Démon. Et un Loup-Garou. Il était naturellement plus fort ne le laissait supposer sa taille. Il n'avait pas tellement développé de masse, gardant le physique fin et délié d'un nageur sous sa forme humanoïde, toutefois, il lui fut très facile de soulever le corps plus grand et aux muscles plus marqués et durs de Sirius.

Fort heureusement, le médecin personnel du Clan Grégory se trouvait dans son laboratoire attenant à l'infirmerie. Il n'eut donc que quelque pas à faire pour rejoindre les deux hommes quand Remus, après avoir déposé Sirius sur l'un des lits, avait appuyé sur la petite sonnette d'appel. Celle-ci était enchantée pour qu'Averroès l'entende de presque n'importe où. Il avait déboulé dans la pièce en quelques secondes seulement pour être assailli par un Loup-Garou paniqué.

« Calmez-vous Remus ! » S'écria Averroès alors que celui-ci gesticulait en prononçant des phrases incompréhensibles. « Respirez et dites-moi ce qui se passe ! »

« C'est Sirius. Je revenais d'un appel et je me dirigeais vers mes appartements quand je l'ai entendu crier. Je me suis précipité et je l'ai trouvé sur le sol, devant ma porte alors qu'il se tenait le ventre. Pitié ! Dites-moi qu'il va bien ! »

« Je vais l'examiner » répliqua Averroès en repoussant Remus, toujours très agité.

Il s'approcha alors du lit et commença à jeter des Sorts de Diagnostics.

« Que s'est-il passé Sirius ? »

« J'ai eu soudainement très mal au ventre » répondit Sirius d'une voix sifflante. « Comme si mes entrailles étaient en feu. Et je crois que je me suis cassé le poignet en tombant. »

Le médecin regarda rapidement celui-ci.

« Juste une foulure » dit-il en caressant doucement la peau à cet endroit.

Sirius perçut alors de la chaleur à l'intérieur et il sentit la douleur refluer.

« Et pour les symptômes abdominaux ? Est-ce que c'est continu ou est-ce que c'est par vagues ? »

« Par… gnn ! » S'exclama Sirius alors qu'il se tenait à nouveau le ventre. « Par vagues. »

« Très bien » dit Averroès en hochant la tête. « Je vais vous donner quelque chose pour calmer les douleurs. »

« Est-ce que c'est grave ? » Demanda Remus en prenant la place que le médecin avait laissée au chevet de Sirius.

« Non » répondit celui-ci en se dirigeant vers l'une des vitrines qui garnissaient la pièce et qui obtenaient des médicaments. « Il n'y a rien de grave pour Sirius. Ou pour le bébé. Tout est parfaitement normal. »

« Normal, mon c… » grogna Sirius avant d'être interrompu par une nouvelle douleur.

Remus lui saisit la main et Sirius la serra de toutes ses forces.

« Comment pouvez-vous dire que c'est normal ? » Demanda le premier avec de la panique dans la voix.

« Il s'agit de contractions dites de Braxton-Hicks » répondit alors Averroès en sortant un bocal de pilules, « ou "fausses contractions". Je m'inquiétais d'ailleurs qu'il n'y en ait pas encore eu. D'ordinaire, elles commencent à se faire sentir aux alentours du 4e ou 5e mois. »

« Commencent ? » S'indigna Sirius. « Parce qu'il va y en avoir d'autres ? »

« En temps normal, elles commencent à se produire dès le début de la grossesse, mais sont trop faibles pour être perçu. Généralement, leur puissance augmente graduellement, mais des tensions peuvent en déclencher de plus fortes. »

« Super… » grogna Sirius.

« Ne vous inquiétez pas. Avec les médicaments que je vais vous donner, les suivantes devraient être plus calmes. »

« Parce que ça va continuer ? »

« En effet. Leur fréquence va augmenter durant ce dernier trimestre. Jusqu'à 10 fois par jours peut-être. Mais ne vous inquiétez pas, comme je vous l'ai dit avec ce médicament, vous ne devriez presque rien ressentir. »

« C'est un anti douleur ? » Demanda Sirius en prenant la gélule que lui tendait le médecin.

« Plutôt un décontractant musculaire. Vous en prendrez un tous les matins et à chaque fois que des contractions se déclenchent. »

« Si elles vont devenir plus fréquentes, comment est-ce qu'on saura s'il s'agit de vraie contraction ? » interrogea Remus.

« D'abord par le fait que les médicaments n'auront pas d'effet sur cela. Ou très peu. Ensuite parce qu'elles seront régulières tout en augmentant graduellement de puissance. »

Averroès prépara un flacon de gélules pour Sirius qu'il posa sur sa table de chevet avant de retourner dans son labo. Celui-ci prit le flacon, l'examina, soupira et le reposa un peu durement.

« Bordel ! » Siffla-t-il avec frustration en se renfonçant dans les draps.

« Je suis désolé » dit Remus.

« Quoi ? »

« J'ai dit que j'étais désolé. C'est ma faute si tu… »

« Arrête ! » Le coupé Sirius. « Ne termine pas cette phrase. C'est moi qui suis désolé pour avoir dit que c'était de ta faute. On était bourré tous les deux et… et c'est arrivé, c'est tout. Maintenant, le mieux c'est de penser à ce qui va se passer pour notre bébé. »

Remus releva la tête, surpris.

« Notre bébé ? » Demanda-t-il d'une voix pleine d'espoir.

Sirius se tourna sur le côté sur le lit afin de faire face au père de son enfant.

« Je pense que je vais arrêter de bouder comme un gosse et voir la vérité en face. Toi et moi allons avoir un bébé… et… et je veux que tu fasses partie de sa vie… et de la mienne. »

« Je ne suis pas sûr de comprendre. »

Sirius gémit.

« Et moi donc ! J'ai peur que ça se termine mal et que ce soit notre enfant qui en pâtisse, mais oui, je voudrais bien essayer… avec toi… »

« Tu veux dire… » commença Remus.

Il rougissait.

« Comme un… couple ? »

« Ouais » dit Sirius.

Remus se tut pendant quelques instants avant de reprendre.

« J'ai vraiment cru que c'était fini entre nous après ce que je t'ai dit en janvier. J'avais même peu de te parler… »

« J'ai vu ça quand Averroès m'a signifié mon arrêt » avoua Sirius avec une grimace. « J'étais… très en colère contre toi à ce moment-là parce que j'avais désespérément besoin de quelqu'un à mes côtés. Je veux dire vraiment à mes côtés. Mais en même temps, je me détestais de ressentir ça contre toi parce que je ne m'en sentais pas le droit. Après tout ce que je t'ai fait à l'école… »

« Je sais que tu ne voulais pas me manipuler. Et puis c'est du passé. »

« Ce n'est pas du passé, tu les sais très bien. Et même si je ne voulais pas, ce n'est pas une excuse. J'étais ton ami. Nous étions tes amis, tous les trois. Nous aurions dû savoir. Donc pour tout ça, je suis désolé. »

Au lieu de répondre, Remus se pencha et posa ses lèvres sur celle de Sirius. Celui-ci écarquilla les yeux et se figea. Puis quand son camarade se recula, il papillonna des paupières.

« C'était comment ? » Demanda Remus, inquiet.

« … intéressant je dirais. Pas désagréable. Mais je crois qu'il m'en faudrait plus pour que je me fasse une idée. »

Remus rit et se pencha à nouveau. Cette fois, Sirius fut plus active. Il écarta les lèvres et se mit à sucer celles de Remus. Celui-ci gémit et allait approfondir le baiser quand un gloussement de la part de son amant le stoppa.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » Demanda Remus.

« Rien, c'est juste… ne soit pas trop jaloux, mais mes excuses je les ai d'abord faites à ta porte. »

« Vraiment ? C'est pour ça que tu te trouvais devant mes appartements ? »

« Je lui ai même fait une déclaration. »

Remus sourit.

« Ah ? » Demanda-t-il.

« Euh… oui… enfin… » dit Sirius en rougissant.

Il n'était pas encore prêt à avouer à nouveau ses sentiments. Tout à l'heure, c'était sous le coup de la colère. La prochaine fois, il voulait faire les choses dans l'ordre, qu'ils prennent leur temps pour laisser leur couple se former sans pression. Mais pour cela, ils devaient aussi mettre les choses au point.

« Écoute » dit-il, « ce qu'on va faire c'est que dorénavant, si je propose quelque chose et que tu dis "non", je n'insisterai pas. Et de ton côté, tu réfléchirais sérieusement si mes propositions te conviennent ou si tu acceptes seulement pour me faire plaisir. D'accord ? »

Remus sourit.

« Je suis d'accord » dit-il.

Il se pencha à nouveau et posa ses lèvres sur celle de son… petit ami.

0o0o0

Les yeux dans le vague, Hariel n'arrivait pas à s'empêcher de sourire. On était lundi. Son rendez-vous avec Draco datait déjà du samedi précédent et il n'était toujours pas redescendu de son nuage.

Comme c'était à l'occasion de la visite à Pré-au-Lard, il pensait que son petit-ami se contenterait du village. Il s'attendait au moins à un pique-nique aux alentours et un goûter au salon de thé de Madame Piedodue, un lieu de rencontre habituel entre les couples de Poudlard. Toutefois, Hariel devait admettre qu'il avait totalement sous estimé le Serpentard.

Dès leur passage des grilles, celui-ci l'avait traîné à l'écart pour se téléporter. Juste avant cela, il avait dissipé son glamour pour reprendre sa véritable apparence d'Hercules blond et changé ses vêtements pour quelque chose de plus passe-partout puis avait encouragé Hariel à faire de même. Celui-ci avait alors utilisé la magie qui lui donnait la taille du Prince, mais en conservant ses cheveux noirs et ses lunettes.

Ils étaient ensuite apparus dans une petite ruelle bordée d'immeubles à deux ou trois étages dont la crasse permettait tout de même de voir les couleurs chamarrées dont ils étaient peints. Des fils à linges parsemés de chemises et de pantalons humides pendaient entre les deux côtés. Une odeur iodée était parvenue aux narines d'Hariel et le cri des mouettes à ses oreilles. Cela devait être le bord de mer, mais il doutait que ce soit en Angleterre.

Ça n'y était pas. Pas du tout même. Quand Draco l'avait traîné derrière lui parmi les ruelles, Hariel avait croisé des gens, des locaux qui parlaient en Italien. Il aurait dû s'en douter. Pourquoi se limiter à un village quand le monde était à portée de main ? Il n'y avait que deux heures de différence entre le Royaume-Uni et l'Italie, une à cause du décalage de fuseau et la seconde parce que c'était l'heure d'été. Ce n'était donc pas énorme.

Finalement, Draco les avait fait déboucher sur le bord de mer. Le ciel était bleu et se reflétait dans l'eau claire de la Méditerranée qu'ils voyaient au-delà de l'allée ombragée par des palmiers, en contrebas. La plage était faite de galets gros et ronds qui scintillaient sous la lumière du soleil et à gauche, une double digue circulaire délimitait une marina.

« Où est-ce qu'on est ? » Avait demandé Hariel.

« Vintimille » avait simplement répondu Draco. « Tu aimes ? »

« J'adore » avait dit son compagnon avec un sourire.

Le visage de Draco s'était alors illuminé. Malgré ses tentatives de paraître assuré, Hariel avait bien vu qu'il était inquiet. Plus serein, il avait entraîné Hariel à travers la vieille ville, toute en venelles, en escaliers et en bâtiments colorés. Même la Cathédrale Santa Maria Assunta semblait scintiller sous le soleil.

Il était déjà midi en Italie quand ils y étaient arrivés, mais pour eux c'était encore 10 h du matin. Alors que les gens mangeaient, les deux adolescents s'étaient promenés puis, vers 14 h, ils étaient descendus jusqu'à la marina circulaire, la Cala Del Forte. Là-bas, Draco avait réservé dans un petit restaurant, le Palosanto. Ils avaient commandé en entrée des tentacules de poulpes marinés puis une grillade de bœuf pour deux accompagnés de pommes de terre épicées. Au dessert, ils avaient choisi un assortiment à partager avec churros, tiramisu, panna cotta, amaretto avec un verre de thé glacé.

Après une promenade digestive sur le bord de mer, Draco avait de nouveau téléporté son rendez-vous vers une mystérieuse destination. Cette fois, c'était Paris. Le temps y était plus sombre et frais donc il avait fait apparaître des manteaux pour les deux. Ils se trouvaient à proximité du palais du Louvre où se situait leur objectif : l'avenue Montaigne. Plus encore que sur les Champs Élysées, on pouvait trouver des boutiques de marques très connues comme Dior, Chanel, Bulgary, Dolce & Gabbana, Yves Saint Laurent, Gucci, Versace, Oscar de la Renta ou encore Jimmy Choo.

Les deux amoureux avaient papillonné entre les différentes boutiques, Hariel essayant diverses tenues dans les établissements les plus sélects et forçant de temps en temps Draco à faire de même. Il était donc sortit de chez Ralph Lauren vêtu d'un costume 3 pièces en tweed couleur lin avec une cravate cuivre et une pochette assortie soigneusement choisie par Hariel. Lui-même portait une robe Elie Saab avec un corsage en velours bordeaux en V et une jupe formée de voiles framboise. Il n'était pas certain que ce soit une tenue pour déambuler dans les rues, mais Drago avait insisté.

Bien entendu, aucun de leurs achats du jour ne serait à leur taille une fois de retour à leurs dimensions habituelles, mais il serait aisé de les retoucher par magie si nécessaire.

Finalement, Harry avait traîné Draco du côté des Halles de Châtelet et l'avait planté devant la boutique de Voctoria's Secret alors que lui-même y entrait. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas que Draco le voie nu, mais il préférait lui laisser la surprise. Une fois réunis à nouveau, ils avaient traversé la Seine par le Pont Neuf pour rejoindre Saint-Germain-des-Prés pour prendre un chocolat chaud au Café de Flore. Assis autour d'une table sous la véranda, ils ressemblaient à un couple de stars en goguette dans la ville de l'amour, attirant tous les regards. Ils avaient ensuite déambulé dans les venelles du quartier et s'étaient aventurés parmi les parterres colorés et les fontaines paisibles des Jardins du Luxembourg.

Il était déjà 9 h du soir, heure de Paris, quand ils étaient finalement rentrés. En Écosse, il était 19 h et les derniers élèves étaient depuis longtemps retournés à l'école. Hariel sentait préparé à reprendre son apparence ordinaire afin de se faufiler au château, mais Draco n'en avait pas terminé avec leur rendez-vous. Il l'avait délicatement pris dans ses bras pour qu'il n'abîme pas sa nouvelle paire de Jimmy Choo sur les pavés et les graviers des chemins de Pré-au-Lard et s'était dirigé vers la Cabane Hurlante.

Hariel avait eu la surprise de voir en entrant que le rez-de-chaussée de la bâtisse avait été restauré. Le bois du parquet et des murs paraissait neuf et était si bien ciré qu'il brillait à la lumière de bougies qui flottaient un peu partout et du feu qui ronflait dans la cheminée. La pièce était également décorée de bouquets de fleurs et de voilages rouges qui conféraient à la pièce une ambiance plus chaleureuse. Au centre se trouvait une table dressée avec une nappe impeccable, des couverts et des verres scintillants et deux serviettes carmins pliés en forme de cœur.

« Comme on n'a rien fait pour la Saint-Valentin, je me disais que je pouvais me rattraper maintenant » avait dit Draco.

Il avait alors sorti de sa Dimension de Poche plusieurs lourds sacs en papier avec les mots "Le Nôtre - Paris" écrits en lettre d'or sur les côtés. Il s'agissait de l'un des traiteurs les plus connus et haut de gamme de la capitale.

« Quand est-ce que tu as eu le temps d'acheter ça ? » Avait demandé Hariel.

« J'avais fait ma commande par avance et je suis allé la récupérer quand tu essayais des petites culottes » lui avait répondu Draco en prenant une bouteille de champagne Moët et en lui ôtant son muselet.

« Tu sais, je n'ai pas pris que des petites culottes dans ce magasin. »

Ces mots avaient été susurrés d'une voix lourde de sous-entendus. Draco en avait été tellement surpris qu'il avait fait sauter le bouchon de liège de sa bouteille puis juré quand la mousse fraîche avait inondé sa main. C'était donc sous les rires d'Hariel qu'il avait rempli leurs deux flûtes de cristal. Puis il en avait tendu une à son compagnon et tous les deux avaient trinqué avant de boire une gorgée du breuvage doré et pétillant. Bien entendu, pour ce soir-là, ils s'étaient contentés d'un seul verre d'alcool. Malgré leur apparence, ils n'avaient encore que 16 ans à peine.

Passant à une version non alcoolisée du spiritueux, Draco avait conduit Hariel près de la cheminée où une épaisse couverture duveteuse garnie de coussins moelleux était étalée. Il l'avait aidé à s'installer avant de retourner vers les sacs qu'il avait déballés par magie. Tout ce qui était pour le repas avait été déposé sur une desserte à côté de la table et les boissons, dans un seau à glace. Il ne restait qu'une belle assiette de mignardises salées, petites quiches, mini croque monsieur au jambon ou au saumon et gougères au fromage.

Pendant leur apéritif, les deux garçons parlaient avec enthousiasme. En début de journée, ils avaient été un peu gênés de se retrouver seuls ainsi, face à face. Ce n'était pas si souvent que ça. Hariel était fréquemment par monts et par vaux et quand ils étaient ensemble, ils étaient toujours entourés par des tas de gens. À cause de cela, il leur avait été difficile de trouver des sujets de conversation. Au départ, Draco s'était refusé à parler de l'école, de politique ou de quelconque sujet sérieux… comme la science.

Sauf que la science, comme il avait fini par le réaliser, était loin d'être un sujet "sérieux" pour Hariel. C'était un loisir. Un loisir qu'il avait plaisir à partager sans toutefois toujours trouver des interlocuteurs à son niveau. C'est pour cela que Draco avait étudié depuis Noël. Il avait lu les thèses d'Hariel, ses articles ainsi que certains ouvrages qu'il citait dans ses biographies afin de pouvoir en discuter avec lui. Malgré son intelligence décuplée, cela n'avait pas été si facile que cela. Après tout, il était question de concepts qui lui étaient totalement étrangers. Mais avec quelques lectures de base supplémentaire, il était parvenu à développer un certain talent pour comprendre et parler de science… voir même du plaisir.

Ainsi, ils avaient discuté mathématique au déjeuner, biologie moléculaire pendant leur balade digestive, psychocriminalité autour de leur café et enfin astrophysique lors de cet apéro. Leur conversation était toujours en cours quand ils étaient passés à table. Draco leur avait servi une salade de crevette et de pamplemousse et un éclair à la crème de champignons et au saumon en entrée. Cela avait été suivi d'endives braisées accompagnées d'un gratin de pommes de terre à la crème Cocotte.

Les plats étaient chauds signe que Draco avait utilisé la magie pour qu'il conserve leur température. Ils avaient ainsi pu continuer leur conversation avec un entrain renouvelé, prenant leur temps pour déguster leur repas qui ne refroidissait pas. Finalement, Draco avait tout nettoyé, évacué les déchets, fait disparaître table, desserte, nappe, couverts, verres et assiettes, le tout lavé soigneusement. Il ne restait plus que les décorations, les bougies, le feu dans la cheminée, la couverture, les coussins ainsi que trois boîtes de mignardises, un assortiment de mini éclairs, un de macarons et un dernier de chocolats.

Ils avaient dégusté les douceurs jusqu'à ce qu'Hariel, taquin, prenne l'un des éclairs entre ses lèvres et se rapproche du visage de Draco. Celui-ci avait alors senti de la chaleur se répandre dans son corps. Il avait avancé sa bouche et mordu dans la pâtisserie, frôlant les lèvres fines de son compagnon. Sans s'éloigner, il avait avalé sa part d'éclair avant de reposer sa bouche sur celle d'Hariel en un baiser auquel celui-ci répondit avec passion.

Pendant plusieurs minutes, leurs lèvres et leurs langues s'entremêlèrent avec une ferveur enfiévrée. Puis Hariel appuya son corps sur celui de Draco, le forçant à s'allonger sur la couverture puis le chevauchant tout en continuant à l'embrasser.

« Tu sais… tu n'es pas obligé de… » lui avait dit ce dernier quand il l'avait finalement relâché. « Je n'ai pas fait ça pour qu'on… »

Hariel avait souri.

« Quelle éloquence » avait-il soufflée avec un léger rire avant de reprendre, sur un ton plus sérieux. « Je ne me force pas. Je veux juste essayer d'aller un peu plus loin et voir où ça nous mène. »

Il s'était alors relevé et, d'un mouvement lest, avait baissé la fermeture de sa robe. Celle-ci était tombée à ses chevilles révélant la lingerie qu'il avait achetée dans la journée. L'ensemble était de dentelle noire et composé d'une brassière fine sans bretelles, d'une culotte et de jarretelles décorés de nœuds rouges. Sur les coudes, Draco était resté hypnotisé par le spectacle, les yeux écarquillés, les joues écarlates et une bosse révélatrice dans le pantalon.

D'un geste aérien du doigt, il dénoua la cravate de Draco et la fit glisser autour de son cou et le long de son corps tel un serpent jusqu'à lui. Le sinueux mouvement sur sa peau avait fait gémir Draco, mais pas autant que la vision de son amant enroulant la bande de soi autour de l'une de ses mains et de la tendre avec l'autre tel un fouet.

Comme il avait abandonné sa veste au début du repas, il ne restait plus que son gilet et sa chemise. Un à un, les boutons s'ouvrirent tout seuls, obéissant à la volonté d'Hariel. Finalement, le gilet glissa des épaules de Draco, le laissant dans sa chemise bleu ciel. À nouveau, les petits boutons nacrés s'étaient défaits avec une lenteur calculée.

La tension dans le corps et surtout dans le pantalon de Draco était visible, mais Hariel n'avait pas accéléré pour autant, révélant peu à peu le torse lisse et vallonné de Draco. Enfin, le dernier bouton de la chemise avait sauté. Cela avait alors été autour de la ceinture. La bande de cuir était sortie de sa boucle et avait décompressé légèrement la pression sur le bas ventre du Serpentard. Puis son amant Serdaigle avait ouvert le bouton puis lentement, très lentement, avait descendu la fermeture éclair du pantalon. Draco avait poussé un gémissement guttural en sentant la bosse qui déformait son boxer avoir soudainement plus de place.

Laissant partir la cravate de son amant, Hariel l'avait fait ramper directement sur son épiderme, l'utilisant pour faire glisser sa chemise et pousser son pantalon jusqu'à ses chevilles. Finalement, Draco s'était dégagé de ses derniers vêtements et s'était relevé pour faire face à Hariel. Chacun sentait mis à observer le corps de l'autre, se repaissant de la vision de leur peau claire et de leurs formes si différentes. Les mains avaient ensuite frôlé leurs épidermes doux et soyeux et leurs courbes à la fois solides et moelleuses.

Ils s'étaient allongés de nouveau, chacun explorant le corps de l'autre avec ses mains puis, au bout d'un moment, avec sa bouche. Embrassant, léchant, suçant, chacun avait parcouru la géographie de l'autre sans jamais cependant s'approcher de leurs organes génitaux. Ceux-ci demeuraient encore un mystère pour chacun, enveloppé dans des dentelles et des tissus lustrés. Toutefois, le plaisir qu'ils avaient ressenti de leurs caresses avait été immense et c'était finalement leurs corps entiers qui s'était frotté l'un contre l'autre et avait déclenché leur orgasme, les laissant pantelants dans les affres du plaisir.

Hariel en frissonnait encore en y repensant ce lundi-là. Le matin suivant, alors qu'ils avaient dormi blottis ensemble, ils s'étaient à nouveau donné du plaisir, mais à aucun moment ils n'avaient enlevé leurs derniers vêtements. Ils avaient décidé de prendre leur temps pour se découvrir l'un l'autre, leur corps, mais aussi leurs désirs.

Sentant justement son corps réagir, Hariel se dit qu'il était temps de penser à autre chose et décida de se concentrer sur son environnement. Il fut surpris de voir que l'ambiance de la Salle sur Demande était plus morose qu'à son habitude.

En temps normal, elle bourdonnait déjà d'activité et ces derniers jours, à cause de la proximité des examens, la tension était presque à son comble. Certains des étudiants plus âgés aidaient les plus jeunes dans leurs révisions et quand il y avait une difficulté, l'un d'eux se dévouait pour organiser un cours ou répondait à une question de manière détaillée à un petit groupe d'élèves.

Ce système profitait grandement aux seconds tandis que pour les premiers, devoir expliquer des concepts qu'ils avaient déjà appris leur permettait de les réviser encore. Après tout, le meilleur moyen pour assimiler un sujet était de pouvoir l'enseigner. Certains s'étaient même spécialisés et se lançaient dans des conférences impromptues sur des chapitres entiers du programme qui avait été peu voir pas du tout abordés en classe et sur lesquels ils avaient fait des recherches.

Dans ces cas-là, ses condisciples d'années étaient tout aussi à l'écoute que leurs camarades plus jeunes et il arrivait même que les aînés suivent également tout en travaillant de leur côté. De temps en temps, l'un d'eux intervenait pour préciser un point, lançant parfois des débats auxquels tous finissaient par participer. Si cela venait à dégénérer, Hermione ou un autre responsable s'en mêlait pour calmer le jeu, mais cela s'était en définitive assez peu produit.

En ce qui concernait la pratique, diverses techniques d'apprentissages avaient été créées. Pour l'étude des Sorts, plusieurs rangées de mannequins se succédaient contre les murs et servaient de cible. Ils avaient la particularité d'absorber l'énergie magique qui leur était lancée et de l'analyser. Ils pouvaient ainsi dire duquel il s'agissait et s'il était réussi ou non. De leur côté, les élèves ne jetaient que rarement leur Sort au hasard. Ils étaient le plus souvent accompagnés de condisciples (parfois bien plus jeunes) munis d'assortiments de fiches plastifiées indiquant un nom, une formule ou l'effet pour que son camarade lui cite les autres éléments avant de s'en prendre au mannequin.

Pour ce qui était de l'Astronomie, la Salle avait créé un véritable planétarium magique qui permettait de voir le ciel de chaque jour de l'année ainsi que tous les phénomènes célestes observables. C'était bien plus pratique que d'avoir un cours de nuit une fois par semaine. Là aussi, de nombreuses fiches plastifiées rassemblent les connaissances nécessaires si bien que les étudiants pouvaient non seulement réciter leur leçon, mais également indiquer à quoi ressemblaient les astres et les phénomènes dont ils parlaient.

En ce qui concernait la Botanique et les Potions, ils avaient imaginé des sortes de jeux à l'aide de blocs de bois. Des images de feuilles, de tiges, de racines, voire de plantes entières étaient imprimées dessus tandis que d'autres comportaient des arrosoirs, des pots en terre et des outils de jardinage. Chaque élève devait identifier les végétaux à partir de ce qu'ils voyaient, donner leurs caractéristiques et les effets de leurs composants puis utiliser les outils pour expliquer comment on s'en occupait.

De la même façon, d'autres cubes représentaient des ingrédients ou des outils de préparation tandis que sur les derniers étaient marqué des techniques de découpe, des températures, des durées de repos, des poids, etc. Ainsi quand l'un des étudiants choisissait une Potion à réaliser, il sélectionnait les ingrédients nécessaires et pour chacun indiquait le poids et la découpe afin qu'ils soient prêts pour la préparation. Ils ajoutaient ensuite chacun d'eux dans un récipient en bois symbolisant le chaudron (et sur lequel devait être suspendu un panneau indiquant la matière dans lequel il était fait) en suivant les étapes de la recette. Ils devaient également indiquer quand et comment remuer, la température du feu, s'ils devaient l'augmenter, le diminuer voir l'éteindre, si la Potion devait reposer, etc.

Les élèves les plus jeunes pouvaient garder les instructions à leur côté, mais pour les plus âgés, le mieux était de le faire de tête (souvent aidé d'un camarade qui lui disait s'il faisait une erreur). En effet, pour les épreuves des BUSEs ou des ASPICs, aucun document ne serait autorisé. Les examinateurs choisiront une recette parmi celles au programme et l'étudiant devra la préparer tout en répondant aux questions qu'on lui pose. Cela peut être une Potion rapide capable d'être réalisée durant le temps de l'examen ou bien une plus complexe où il lui sera demandé d'en faire une partie avant d'expliquer comment il ferait le reste. C'était très pointu et bien évidemment, la moindre erreur pratique pouvait être éliminatoire.

Juste à côté des cubes de bois se trouvait un atelier de préparation d'ingrédients. Pour faire une Potion, il était très important que les ingrédients soient préparés comme il était indiqué dans la recette. Que ce soient les feuilles, les racines ou les insectes, ceux-ci devaient être broyés, écrasés, pressés ou découpés en lanières, cubes, carrés, gros ou petits morceaux de façon précise pour qu'ils se mélangent à la perfection à la mixture. Bien entendu, ils ne s'entraînaient pas avec de véritables ingrédients. Hermione avait passé un accord avec les Brownies des cuisines. Ceux-ci leur apportaient les ingrédients destinés à la préparation des repas du jour afin que les élèves s'exercent aux différents traitements possibles. Bien évidemment, les plus jeunes n'étaient pas laissés sans surveillances, surtout s'ils devaient avoir un couteau à la main. L'un dans l'autre, cela fonctionnait bien et ils n'avaient déploré que des coupures mineures et quelques doigts écrasés.

Toujours était-il que la proximité grandissante de ces examens aurait dû rendre l'atmosphère de la Salle sur Demande électrique, mais c'était loin d'être le cas.

« Et bien, qu'est-ce qui vous arrive aujourd'hui ? » Demanda Hermione au bout d'un moment.

« Désolé » lui répondit une cinquième année qui ne s'était pas rendu compte qu'il tenait son livre à l'envers. « Je crois qu'il faudrait s'y remettre, non ? »

Autour de lui, il y eut des grognements d'approbation et les élèves se mirent à nouveau lentement en mouvement.

« Attendez ! Attendez ! » S'écria soudain Hermione, stoppant net les efforts de ses camarades. « Je ne disais pas ça pour vous critiquer. Les pauses aussi sont importantes pendant les révisions… oui, moi aussi je fais des pauses, de temps en temps. »

Elle avait prononcé ces derniers mots d'une voix forte alors que tous la regardaient, éberlués. Hermione Granger l'acharnée leur parlait de faire une pause ? Impensable.

« Je voulais simplement savoir pour quelle raison votre humeur était aussi sombre aujourd'hui, c'est tout. »

Plusieurs élèves se regardèrent jusqu'à ce que finalement, Parvati Patil prenne la parole.

« C'est à cause de l'entretien d'orientation. Nous avons commencé à en discuter et… disons que ça a un peu plombé l'ambiance. »

Hariel leva les yeux au ciel alors qu'Hermione soupirait et secouant la tête. Eux aussi avaient eu un entretien avec leur directeur de maison au sujet de leur avenir. Le principe était assez simple. Les élèves parlaient à leur professeur de ce qu'ils avaient envie de faire à la sortie de l'école et celui-ci leur précisait quels seraient les BUSEs et ASPICs qu'ils devraient avoir pour y parvenir et… et c'était tout. Quant à ceux qui ignoraient quoi faire, ils étaient simplement dirigés vers des études supérieures dans leur domaine de prédilection en espérant parvenir à quelque chose ou bien vers le Ministère. Après tout, il y avait toujours quelque chose à y faire, peu importe les diplômes obtenus.

En clair, les élèves n'avaient pratiquement aucune idée de l'offre en matière d'emploi dans le monde Sorcier. Il n'y avait aucune documentation, aucun temps d'information ou même encore de conseiller d'orientation. Les élèves entraient à l'école parce qu'il le fallait et à peine 1 mois avant les examens qui allaient déterminer s'ils pouvaient ou pas réaliser leur rêve (s'ils en avaient un), les professeurs semblaient enfin s'en soucier et leur demander afin de les aiguiller dans leurs révisions.

Cela mettait Hariel hors de lui parce que, encore une fois, les élèves venant de milieux Sapiants étaient désavantagés. Le Monde Magique Britannique étant en circuit fermé, les activités professionnelles étaient restreintes et bien connues, mais seulement pour les personnes qui y habitaient. Ceux dont ce n'était pas le cas se trouvaient dans l'obligation de devoir choisir une carrière sans avoir la moindre idée de l'offre après n'avoir vu de leur société qu'au minimum deux lieux qui le composaient : le Chemin de Traverse et Poudlard.

« Qu'est-ce que tu as dit à McGonagall ? » Demanda Hermione à sa camarade Gryffondor.

« Ben, que Lavande et moi on voulait s'associer pour vendre des vêtements » répondit Parvati. « Elle a dit que ce serait dur puisqu'aucune des boutiques existantes n'avait besoin de personnel. »

Un autre problème était que même pour les Sorciers ayant toujours vécu dans ce monde, il était difficile de trouver un emploi parce que le marché était bloqué. Presque aucune nouvelle boutique n'ouvrait, pas à moins qu'une autre semblable ne ferme ses portes. Et ça, c'était seulement si les élèves voulaient s'orienter vers la vente. À part cela, les seuls autres domaines vers lesquels se diriger étaient le Ministère et les études supérieures pour devenir soit chercheur, soit médicomage. Après, les emplois proposés par le Ministère étaient divers et variés allant des travaux d'administration jusqu'aux forces de l'ordre. Toutefois, cela rendait les choix de carrière excessivement restreints.

« Moi elle m'a conseillé de faire des études de Médicomage » dit Seamus avec une grimace.

« Tu veux être Médicomage ? » Lui demanda Hermione, dubitative.

« Pas du tout. Je lui ai dit que je voulais jouer au foot au niveau professionnel et que si ça ne marchait pas, j'aurais voulu être préparateur physique. J'ai essayé de lui expliquer ce que c'était alors elle m'a dit que le mieux serait de devenir Médicomage, mais que ce serait dur pour moi vu mes notes. »

Ça aussi c'était un problème avec le Monde Magique. Une fois qu'on y entrait, tous s'attendaient à ce qu'on y reste pour toujours. Aucune carrière en dehors, dans le Monde Sapiant, n'était proposée ou même encouragée. Ce n'est pas vraiment qu'ils désapprouvaient, c'est juste qu'ils n'y pensaient pas du tout. Pour eux, il était inconcevable qu'un Sorcier, quelle que soit son origine, puisse avoir envie de travailler ou même de vivre dans un milieu sans la moindre magie.

« Je crois qu'à un moment elle a voulu dire autre chose, mais finalement elle s'est ravisée » poursuivit Seamus pensif.

Hariel grimaça. Il était au courant depuis près de 3 ans à présent que Dumbledore manipulait la Directrice Adjointe comme une marionnette. S'il ne l'appréciait pas, c'était surtout à parce qu'il ne pouvait pas lui faire confiance et non à cause de son incompétence. Après tout, celle-ci était du fait du Directeur, pas d'elle personnellement. Remus lui avait dit qu'il avait été étonné de son attitude quand il était professeur. Il se souvenait d'elle comme quelqu'un de plus fiable quand il était lui-même élève. Cela voulait donc dire que Dumbledore avait vraiment commencé à lui mettre une muselière après leur époque… Peut-être quand il avait comploté pour que la prophétie se réalise où quand il l'avait déposé chez les Dursley et qu'elle s'y était opposée.

Hermione se frotta le front, pensive. Elle jeta ensuite un regard à Hariel qui hocha la tête. Il n'y avait pas besoin de paroles entre eux.

« Et si vous pouviez faire ce que vous voulez, qu'est-ce que ce serait ? Oubliez ce qu'on dit les professeurs ou ce que vous pensez savoir sur ce monde. De quoi vous rêviez quand vous étiez plus jeune ? Quels projets avez-vous faits quand vous êtes arrivé dans ce monde ? »

« Nous on voulait vendre des vêtements » dit Parvati.

« Oui, mais quel genre de vêtement ? Des robes comme Madame Guipure, faites à la main ? Des vêtements Sapiants en prêt-à-porter ? »

« Peut-être… un mélange des deux » dit Lavande pensive.

« Sauf que ce genre de vêtement n'existe pas encore, non ? » Fit remarquer Hermione.

Hariel se fit l'observation que c'était le cas, mais seulement en Angleterre. Parmi les nombreuses boutiques dont il avait des actions aux États-Unis, certaines présentaient les créations de stylistes Magiciens qui mêlaient à loisir design Sapiants et traditions magiques.

« Moi j'ai quelques idées » dit une Serdaigle de 5e année.

« Vraiment ? » Demandèrent Lavande et Parvati d'une même voix.

« C'est pas grand-chose » dit la 5e année en rougissant. « Des pantalons, des corsets, des robes ouvertes… j'utilise un mix de matières et Henry m'aide à les coudre. »

Elle désignait un garçon de son âge et de sa Maison qui leva la main pour se faire connaître.

« Ouais. Je crée aussi des logos pour teeshirt qu'Ashley et moi on anime avec une Potion au moment de l'impression. »

« Et bien, voilà » dit Hermione. « À vous quatre, vous avez la production et la vente. Plus qu'à vous associer, non ? »

« Mais c'est que… je fais ça surtout pour le plaisir. Je n'ai jamais pensé à vendre » dit Ashley.

« Pourquoi pas ? »

« Et bien… euh… parce que je pensais que personne n'achèterait. »

« Ça, on le saura que si vous essayez » l'encouragea Hermione. « Vous n'avez pas à vous limiter à ce qui existe. Si vous avez une idée, suivez-la. Même si ça vous éloigne du Monde Magique. Si celui-ci ne peut pas répondre à vos aspirations, chercher ailleurs. »

Elle se tourna vers Seamus.

« Par exemple, qu'est-ce qui t'empêche d'intégrer une équipe Sapiante ? Ou mieux, qu'est-ce qui t'empêche de créer une équipe de football dans le Monde Sorcier. »

« Et bien… parce que les Sorciers n'aiment que le Quidditch, et… »

« Si seul le Quidditch leur est proposé, c'est normal. Et le fait qu'ils aiment le Quidditch ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas aimer le football. Tu n'as jamais manqué de joueurs quand tu organisais une partie, n'est-ce pas ? »

« Euh… non. »

« Et tous n'étaient d'origine Sapiante. Donc ça veut dire que ça peut les intéresser, tu ne crois pas ? »

« Ouais ! » Réalisa soudain l'Irlandais alors qu'un grand sourire ornait son visage.

« Sauf qu'on a pas tous le choix » dit une autre fille, une Poufsouffle de septième année. « Moi j'aimerais créer des jeux vidéos et c'est pas comme si je pouvais en faire pour les Sorciers… ou même en vendre. »

« C'est vrai, les appareils électroniques fonctionnent mal avec la magie. Mais comme je l'ai dit, rien ne t'empêche de travailler dans le Monde Sapiant et de vivre dans le Monde Magique. Voire même de partir dans le Monde Sapiant complètement. Tu n'en seras pas moins une Sorcière. Alors c'est vrai, il te sera difficile de partager ce que tu fais avec ce monde, mais qui sait, peut-être qu'une technologie résistant à la magie émergera dans les années à venir. »

À partir de là, le débat reprit de plus belle sans qu'Hermione n'ait à intervenir. Chacun parlait de métiers qu'il aimerait faire et de temps à autre, certains s'apercevaient qu'ils avaient les mêmes aspirations ou qu'elles étaient complémentaires. Des conversations se tissaient alors entre eux, parfois pour poser les bases d'accords commerciaux futures et d'autres simplement pour discuter de sujets communs.

C'est ainsi que, peu à peu, l'humeur dans la Salle sur Demande s'améliora. Chacun voulait partager sur ses aspirations et écouter celle des autres. C'est ainsi qu'était née en eux l'idée que, à leur grande surprise, l'avenir pouvait, éventuellement, devenir radieux.

C'est à peine deux jours plus tard qu'ils en eurent la confirmation, quand est parue dans le Skeeter une interview du Prince. Celui-ci annonçait l'ouverture d'une Fondation pour le Renouveau du Monde Sorcier. Celle-ci promettait notamment des aides au financement pour la création de nouvelles entreprises et les actions de rapprochement avec le Monde Sapiant ainsi que la favorisation de la recherche en technologie magique. Entre autres choses…

À suivre…

Et voilà un autre chapitre de terminé. J'espère qu'il vous a plu.

Vous allez rire. Au début, j'avais complètement oublié que c'était Sirius qui était enceinte et j'ai failli écrire que Remus avait des contractions 😅. Heureusement que je retourne fréquemment en arrière pour voir les relations entre les persos plutôt que de me fier à ma mémoire sinon on serait pas rendu. Y'aurait des tas d'erreurs… enfin, plus d'erreurs qu'il y en a déjà.

Le pouvoir de Sirius qui débloque m'ont été inspiré par Piper Halliwell dans Charmed (la VRAIE série) quand elle est enceinte de son aînée, Wyatt, et qu'elle ne peut plus se battre parce que le bébé transforme ses pouvoirs en truc pacifistes. Pour la déclaration amoureuse de Sirius à la porte de Remus, ça vient du livre « Menteur » le 1er Tome de la série « Faux Petit Ami » d'Eden Finley (des histoires de sportifs professionnels gays si ça intéresse quelqu'un). Aucun des deux n'était prévu quand j'ai commencé à écrire bien sûr .

Je tiens à m'excuser si certaines personnes ont trouvé des erreurs sur mon traitement des contractions de Braxton-Heeks et sur les traitements appropriés. J'ai fait quelques recherches, mais je n'ai pas tellement approfondi. N'hésitez pas à me dire si vous pensez que ça ne va pas et je ferai éventuellement des corrections.

Je n'avais encore une fois pas du tout prévu que le rendez-vous d'Hariel et Draco soit aussi… détaillé. Zut, ça m'a donné faim ce truc !

En tous les cas, merci encore de m'avoir lu. N'hésitez pas à me laisser des commentaires et je vous dis à la prochaine.