L'admirateur secret

Buck ouvrit son casier et resta interdit.

Une boite de chocolat avait été déposée à l'intérieur. Il jeta un œil à Chimney qui mâchouillait un je-ne-sais quoi de façon mécanique. Buck commençait à se poser des questions.

Tout avait commencé par une rose laissée sur le banc du vestiaire alors qu'il sortait de la douche. Puis, il avait reçu des lettres en forme de cœur, qui vantaient sa force et sa beauté et maintenant c'était une boite de ses chocolats préférés.

Il ne comprenait pas d'où ça venait.

Sa rupture avec Jonah l'avait miné un moment et il ne s'était pas vraiment intéressé aux cadeaux qu'il recevait. Il n'y avait pas de place dans son esprit pour traiter le sujet. Mais aujourd'hui, il y voyait plus clair et il était temps qu'il cherche d'où ça pouvait venir.

Il ne se sentait pas vraiment flatté.

Au contraire, il était excédé que son espace privé soit envahi de la sorte. Il avait pris le temps de guérir de son ex, trois semaines de déprime, vraiment, merci Jonah, et il maintenait sa décision de ne plus laisser personne entrer dans son cœur.

Chimney referma son casier et Buck se redressa en comprenant.

– Ok mec, c'est hilarant, lâcha-t-il alors que son collègue et beau-frère le regardait confus. Je paris que Hen est dans le coup avec un pari pour savoir combien de temps je vais courir après « l'admirateur secret » ?

– Quoi ? s'étonna-t-il visiblement perdu.

– Les fleurs, les mots doux, et maintenant du chocolat ? insista-t-il. Laissez tomber les gars, sérieusement, je n'ai pas envie de jouer à ça en ce moment.

Non, il n'en avait pas envie du tout.

Il s'était fait larguer le mois dernier, bon sang. Vraiment, il les adorait mais là, il ne voulait pas jouer à ça. Il n'en avait pas la force et la blague était même un peu cruelle après la façon dont Jonah l'avait traité.

Il avait presque emménagé chez ses parents depuis pour ne pas rester seul.

Ça avait aidé. Non pas qu'il l'avouerait à haute voix mais l'amour de ses parents et de sa sœur, leur façon de prendre soin de lui, de le rassurer, de juste le tenir dans leurs bras, ça avait aidé.

Il allait mieux.

Vraiment mais il était loin d'être prêt à se lancer dans quoi que ce soit d'autre. Et encore moins à courir après une chimère.

Il posa la boite sur le banc avec un soupir et retira son sweat qu'il fourra en boule dans son casier, avant d'attraper sa chemise d'uniforme.

– Et ça dure depuis longtemps ? demanda Chimney d'une voix inquiète. Que tu reçois tous ces cadeaux, je veux dire.

– Tu le sais très bien, non ?

– Non, Buck, claqua-t-il. Je suis inquiet parce qu'on ne te fait pas de blague. Il n'y a pas de paris en cours. Ça ne vient pas de nous.

Buck se tourna vers lui confus.

– De qui d'autre ?

– Justement, c'est le simple fait de l'ignorer qui m'inquiète, argumenta Chimney le regard rivé sur la boite.

– Attends, c'est vrai alors ? Vous n'êtes pas en train de me faire une blague ?

Chimney secoua la tête.

Buck voyait bien à son visage qu'il disait la vérité. S'il avait essayé de nier, il aurait éclaté de rire en moins d'une seconde mais Chimney semblait véritablement inquiet.

– Tu devrais peut-être en informer ta mère...

– Non, le coupa-t-il.

Surtout pas sa mère.

Elle le mettrait sous surveillance et l'assignerait à résidence jusqu'à ce qu'elle mette la main sur le petit plaisantin qui lui jouait un tour. Autant il l'adorait, autant il préférait éviter de la mettre en mode faucon.

– Hey mec, ça peut être grave, insista Chimney. Souviens-toi de ce type qui avait usurpé ton identité pour draguer des filles sur internet.

– Justement, tu te souviens aussi bien que moi de la réaction de ma mère. Ne lui dis rien, elle est trop protectrice et Dieu, je l'aime mais elle me rend fou quand elle agit comme ça.

– Mec, elle t'aime, elle veut juste te protéger.

– Je le sais. Ecoute, je vais juste... jeter tout ça et ne plus y penser. Le petit rigolo qui s'amuse avec ça va finir par se lasser.

Chimney fit un visage compliqué qui lui confirma qu'il n'y croyait pas vraiment. Il le laissa finir de se changer et quitta le vestiaire. Buck regarda la boite de chocolat et la jeta à la poubelle.

Il refusait de jouer avec l'auteur des cadeaux.

Il n'était pas du tout intéressé et il trouvait ça lâche de procéder de cette façon. Peut-être que certains pensaient que c'était romantique mais il détestait ça. Buck rejoignit l'équipe dans la cuisine pour manger un morceau avant le premier appel.

Il sut en arrivant qu'il n'allait pas manger avant un moment.

Son père se dirigeait vers lui avec un air inquiet sur le visage. Chimney était assis sur le canapé aux côtés de Hen avec un air coupable sur le visage.

– Tu lui as dit ! lui reprocha-t-il.

– Tu as dit de ne pas prévenir ta mère, se défendit-il. Tu n'as pas parlé de ton père.

– Le plus sûr moyen qu'elle l'apprenne c'est de le dire à mon père.

– Buck..., tenta son père.

– Je vais bien. Ce n'est rien d'autre qu'une blague, passablement cruelle. Et je m'en fous, ok ? Qui que soit la personne derrière tout ça, elle n'a aucune chance parce que je ne suis pas intéressé.

– Ce n'est pas une histoire de chance, affirma son père. Si c'était un incident isolé nous n'en parlerions même pas. Depuis quand tu reçois tous ces cadeaux ?

– Papa...

– Depuis quand, Buck ?

Buck soupira en croisant les bras sur sa poitrine.

Il affronta son père du regard et il fit de son mieux, vraiment mais son père avait appris le regard terrifiant breveté de sa mère et il laissa tomber en baissant les yeux.

– Trois semaines, admit-il. Depuis...

– Ta rupture avec Jonah, termina-t-il. Est-ce qu'il pourrait en être l'auteur ?

– Non, se moqua-t-il. Aucuns risques.

– S'il essaie de s'excuser...

– Ce n'est pas lui papa, j'ai vérifié.

Buck vit que c'était loin de le rassurer, au contraire.

Il voyait que son père était partagé. Il aimait son père, tellement mais il avait toujours été proche de sa mère. Son père était son modèle mais sa mère était sa confidente, son roc.

– Papa, s'il-te-plait.

– Buck... tu ne peux pas me demander ça. Si on lui cache ça, ta mère...

– Elle va paniquer, supplia-t-il encore.

– Je panique déjà mais elle aura les compétences pour te protéger.

Buck ferma les yeux et son père l'attira à lui pour déposer un baiser sur sa tempe avant de s'éloigner en sortant son téléphone. Buck espérait que sa mère ne répondrait pas et ne pourrait pas écouter le message, que son père allait inévitablement lui laisser, avant tard dans la journée.

Il espérait juste un peu de répit.

– Buck..., commença Chimney.

– Toi, tu es un traitre.

– Qu'est-ce que j'étais censé faire d'autre ? Ton père est mon capitaine, ta sœur est ma fiancée et ta mère est... carrément flippante. J'ai trop à perdre.

– Je suis ton pote, merde.

– Justement, je tiens à toi.

– Allez Buck, le tempéra Hen. Au pire, ta mère donnera un avertissement à l'auteur. Et s'il est plus dangereux, elle le fera enfermer.

– En impliquant la moitié des forces de police de Los Angeles.

– Je te rappelle que sa capitaine est ta marraine, se moqua-t-elle.

– Je suis dans la merde, pleurnicha-t-il.