Chapitre 12
Jay était dans une chambre d'hôpital, attendant d'être emmené au bloc opératoire. Les deux semaines précédentes s'étaient écoulées à une vitesse folle. Il n'était toujours pas sûr à 100% de sa décision, mais il était convaincu que ça serait toujours mieux que ce qu'il vivait en ce moment. Hailey était assise sur le bord du lit, il pouvait voir à quel point elle aussi était anxieuse, mais elle était en train de lui raconter une connerie qu'avait fait Ruzzek juste pour le distraire, ou peut-être que c'était pour les distraire tous les deux.
-Et là, la fille lui a collé un coup de pied dans les parties, t'aurai dû voir la tête d'Adam.
Et Jay rigola, mais grimaça aussi, pouvant imaginer la douleur de l'équipier d'Hailey. Mais sa femme rigolait ouvertement, revoyant à priori la scène dans sa tête.
-Je veux dire, c'est la deuxième fois que ça lui arrive. Il devrait comprendre la leçon, c'est pas parce qu'on est des femmes qu'on sait pas se défendre.
Et Jay le savait, il avait rencontré des femmes dans l'armée qui étaient bien plus féroces que n'importes lequel d'entre-eux, et il avait rarement vu quelqu'un de plus combatif qu'Hailey.
Il allait répliquer quelque chose quand quelqu'un ouvrit brusquement la porte de sa chambre, la faisant cogner violemment contre le mur derrière.
-Tu vas pas faire ça ?!
Il fallut une seconde à Jay pour réagir, c'était Will, qu'est-ce qu'il faisait ici ? Jay ne l'avait pas recroisé depuis la dernière fois. Ethan avait toujours fait en sorte qu'il l'évite lors de ses rendez-vous avec le chirurgien et l'anesthésiste.
-Dégage ! Dit Jay ne cherchant même pas à savoir de quoi il parlait.
Mais Will ne bougea pas d'un poil.
-Tu vas pas te faire amputer. Il y a d'autres solutions ! T'as conscience que c'est irréversible ! Que tu vas regretter ça toute ta vie !
-Oui merci Will ! Je sais que si je me fais amputer, ma jambe va pas repousser ! J'ai pas 3 ans ! S'énerva maintenant Jay, pour qui se prenait son frère. Il ne lui avait pas parlé en 12 ans, et maintenant il venait lui faire la leçon.
-Je te laisserai pas faire ! Cracha Will.
-Dégage ! c'était Hailey, n'importe quel autre jour, elle aurait pu faire preuve d'un peu plus de gentillesse, et encore elle n'en était pas sûre, mais pas aujourd'hui. Parce que de tous les jours qu'il aurait pu choisir il avait fallu qu'il en choisissent un qui était déjà assez stressant, mais qu'en plus il se permettait de donner des leçons, alors qu'il n'avait jamais été là pour son frère.
Mais Will ne bougeait pas, et Hailey sentit la colère monter en elle, alors qu'elle se tenait debout devant lui, formant un barrage entre lui et son frère. Tentant de protéger Jay.
-Sors ! Cette voix venait de quelqu'un à la porte, c'était Ethan. Il était avec un patient, lorsqu'il avait vu Will jeter un coup d'œil au planning des chirurgies prévues pour la journée. Il avait surement vu le nom de Jay, et le type d'opération qu'il allait subir. Toutes ces informations étaient notées, pour qu'en cas de besoin urgent de bloc opératoire, les médecins sachent rapidement quelles chirurgies il pouvait annuler.
Seulement, juste après avoir lu le tableau, son collègue s'était dirigé en direction du couloir qui menait à la chambre de Jay Il avait espéré que son instinct se trompait, et qu'il allait voir un autre patient, mais apparemment ce n'était pas le cas.
-T'as aucun droit sur moi ! Dit violemment Will à Ethan.
-T'as raison, mais si tu mets à mal le bien-être d'un patient, je n'hésiterais pas à appeler la sécurité pour te dégager, et en parler à Mme Goodwin.
-C'est mon frère.
-Ça ne te donne pas le moindre droit.
-Je me débrouillerais, mais cette opération sera annulée ! Fulmina Will.
Ethan s'approcha dangereusement de son collègue. Il le fixa dans les yeux, et malgré sa colère Will déglutit, impressionné par les yeux menaçant de l'autre médecin.
-Tu ne feras rien du tout. Jay va se faire opérer, aujourd'hui comme c'est prévu. Il est parfaitement capable de prendre des décisions sur sa santé. Et même si ce n'était pas le cas, sa mandataire médical c'est Hailey. Donc, je n'ai peut-être aucun droit sur toi, Will. Mais toi, tu n'en as aucun sur ton frère. Alors maintenant, tu dégages, et je te le répéterais pas une autre fois.
-Tu fais une grosse erreur. Ne put s'empêcher de dire Will avant de sortir de la pièce clairement toujours en colère. Avant que qui que ce soit puissent réagir, Hailey le suivit à l'extérieur de la chambre.
-Tu te prends pour qui Will ?!
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre avant de continuer.
-Ça fait 12 ans que tu ne lui as pas parlé, que tu es parti. Tu n'as jamais été là pour lui quand il en avait le plus besoin. Et maintenant tu te permets de juger sa décision, de le juger !
-J'ai téléphoné, j'ai envoyé des lettres, j'étais là !
-Au début, oui. Et puis tu as tout arrêté. Jay n'arrivait plus à te contacter. Quand sa mère est tombée malade, il t'a appelé, tu lui as dit « je viendrai ». Et puis t'es jamais venu ! Quand il est rentré d'opération à l'étranger, blessé, tu n'as jamais été là. Jamais !
-C'est lui qui a choisi ce métier !
-C'est tout ce que tu trouves à dire ?! C'est ça être un frère pour toi ! Faire des reproches ! J'ai l'impression d'entendre ton père ! Cracha Hailey, sentant une pure rage montait dans son ventre, s'ils n'étaient pas dans un hôpital, elle lui aurait déjà collé son poing dans la figure.
-T'as pas le droit de dire ça ! Tu sais rien de notre père !
-Si justement Will. Se radoucit Hailey. Je sais tout, et c'est exactement pour ça que j'ai le droit de te le dire. Maintenant, si t'as pas l'intention de changer d'attitude, sache que ça sert à rien que tu reviennes dans nos vies, je te conseillerais même de repartir à New-York.
-Je suis revenu pour lui.
-Ben écoute Will, c'est pas très clair au vu de ton comportement.
-La première fois qu'il m'a vu ici, il a refusé même de me regarder dans les yeux, le message était clair !
-Il a refusé parce qu'il était choqué, si tu nous avais prévenu, si tu avais parlé de tes intentions, peut-être que les choses auraient été un peu différentes. Et à ma connaissance, après tu n'as pas plus essayé de rentrer en contact avec lui.
Will resta silencieux, elle avait raison, elle avait généralement raison en ce qui concernait Jay.
-Maintenant si ce que tu dis est vrai, si tu es vraiment revenu pour lui, tu vas devoir lui prouver.
-Comment ? Je suis presque sûr qu'après ça tu voudras plus me voir.
-Tu sais très bien que si Jay accepte de te voir, je le suivrai, mais tu es son frère, c'est sa décision à prendre, se sera jamais la mienne.
Il ne dit rien, partit, en colère, contre lui-même. Il avait encore une fois complétement foiré. Au lieu d'améliorer la situation il n'avait fait que l'empirer. Quel genre de frère était-il ?
Hailey prit quelques secondes pour se calmer, avant de retrouver Jay. Lui en revanche n'était pas calme, du tout. Ethan était en face de lui, une main sur son épaule, tentant de faire ralentir sa respiration alors qu'il semblait en proie à une attaque de panique.
Hailey intervint aussitôt, et prit la place d'Ethan. Elle prit son visage entre ses mains, et l'obligea à la regarder alors qu'elle respirait calmement. Le forçant à faire correspondre son rythme au sien. Après quelques minutes, il était calmé. Ethan avait quitté la pièce pour leur donner un peu d'intimité.
-Ça va, tu vas bien. Tout va bien.
-Je sais pas si c'est une bonne idée, Hailey, je…
-Ne laisse pas ce qu'il a dit entrer dans ton cerveau. Il a tort, il ne te connaît pas, il a pas tous les paramètres. Jay, c'est la bonne décision, ton instinct te le dis depuis le début, tu n'as jamais douté de lui, et ne commence pas maintenant, il a toujours eu raison.
Il hocha la tête, et elle l'enlaça. Il n'avait pas besoin que de tels doutes s'insinuent en lui maintenant.
Une heure plus tard, il fut emmené au bloc opératoire, elle déposa un baiser sur ses lèvres, lui promettant qu'elle serait là quand il se réveillerait.
Puis, l'attente commença. Elle était dans la salle d'attente, quand elle entendit soudain une légère agitation à l'accueil, elle tourna la tête pour voir toute son équipe arriver. Elle sentit les larmes montées, elle ne serait pas seule.
-Les gars, vous aviez pas à faire ça.
-Si, on est une famille.
Adam lui tendit un sachet de ses barres de chocolat préféré et elle sourit, elle n'avait pas vraiment faim mais le geste la touchait plus qu'elle ne pourrait jamais l'exprimer.
