Vivant
Buck était nerveux.
Les derniers mois avaient été éprouvants et carrément terrifiants mais sa famille avait tout fait pour lui faire retrouver sa joie de vivre et il se sentait tellement reconnaissant. Presque sept mois plus tôt, il était prêt à lâcher prise. Il survivait comme il pouvait sans savoir de quoi serait fait chaque lendemain.
Mais aujourd'hui, sa vie était de nouveau sur les rails.
Grace à l'amour et à la persévérance de chacun des membres de sa famille, il avait repris confiance en la vie et en l'avenir. Il s'était enfin senti vu et écouté, enfin senti aimé.
Le chemin avait été long et fait de hauts et de bas mais le soutien infaillible de sa famille avait été sa plus grande motivation pour guérir. Maintenant, il se trouvait devant la caserne de la 118, prêt pour son premier jour de travail.
Il avait tellement voulu revenir ici qu'il avait failli se perdre.
A l'époque, c'était tout ce qu'il avait mais aujourd'hui, il savait qu'il avait toujours sa famille et il ferait tout pour ne jamais la perdre.
Il vivait toujours chez Hen et Karen.
Les deux femmes s'opposaient farouchement à chaque proposition d'hébergement que lui proposait les autres membres de leur famille et Buck se sentait bien avec elles. Mais il était conscient d'avoir dépassé son temps d'accueil et il cherchait un appartement.
Bobby lui avait proposé plusieurs fois de venir s'installer avec eux, tout comme Maddie et Eddie mais Buck voulait voler de ses propres ailes.
Il voulait son indépendance et son propre chez lui.
Il savait qu'Eddie et tous les 118 avaient loué son loft et ça le gênait de savoir qu'ils payaient pour lui, tout en sachant qu'il n'était pas sûr de vouloir y retourner mais il n'était pas parvenu à les faire renoncer. Il gardait donc cette opportunité en tête et il trouverait bien un moyen de les rembourser.
Il sortit de sa jeep et attrapa son sac de travail.
Il avait beaucoup insisté auprès de Hen pour pouvoir y aller tout seul. Hen avait été déçue mais elle comprenait combien c'était important pour lui de le faire seul. Elle était donc partie devant et Buck avait suivi.
Maddie était enceinte.
C'était ce qu'elle venait de lui annoncer, la veille au soir et Buck était tellement heureux pour elle et aussi pour Chimney. Son ami lui avait rendu visite deux jours après Eddie, le temps de comprendre où il se cachait.
Ils avaient beaucoup parlé et beaucoup pleuré aussi.
Chimney s'en voulait terriblement de ce qui s'était passé, de ne pas l'avoir pris au sérieux, d'avoir rit de son traumatisme pendant des mois. Buck lui avait assuré qu'il savait qu'il ne l'avait pas fait exprès, qu'il avait seulement mal interprété ce qu'il lui avait dit.
Mais Chimney lui avait promis que ça ne se reproduirait plus jamais et Hen lui avait dit qu'il s'était donné pour mission d'être plus à l'écoute de l'intégralité de ses collègues. Buck ne comprenait pas bien ce qu'il pouvait faire de plus mais il se disait qu'il le découvrirait bien assez tôt.
Bobby avait attendu qu'il soit prêt.
Buck fait un gros travail sur lui-même et préparé minutieusement ce qu'il voulait lui dire. Il l'avait même répété avec Maddie et Karen.
Il avait juste fondu en larmes dans les bras de son capitaine qui s'était contenté de le serrer fort contre lui, en pleurant également.
Ça lui avait fait bizarre de voir Bobby pleurer.
Ensuite, ils avaient parlé. Buck avait expliqué pourquoi c'était si important pour lui de revenir et Bobby avait écouté. Ce n'est que deux mois plus tard, que Bobby lui avait confié pourquoi c'était si dur pour lui de le voir revenir sur le terrain, combien il avait peur de le perdre, de ne pas être à la hauteur pour pouvoir le protéger et Buck avait écouté à son tour.
Ils avaient encore une fois beaucoup pleuré mais leur relation était à présent bâti sur une base saine où chacun d'entre connaissait sa place. Bobby était à la fois le capitaine et le père de cœur de Buck et il avait promit de ne plus se servir de son statut au sein du LAFD pour intervenir dans les décisions personnelles de Buck.
De son côté, Buck devait faire attention à ne pas confondre le regard professionnel de capitaine de Bobby avec son regard de père inquiet, et vice et versa. Ils avaient avancé dans leur relation mais il y avait encore un peu de travail et il savait qu'il y aurait certainement encore des ratés mais ils les affronteraient.
Durant sa convalescence compliquée, Buck avait passé énormément de temps à se rattraper avec son petit Diaz préféré et il devait admettre que cet enfant et sa joie de vivre étaient un véritable modèle pour lui.
Eddie avait également passé beaucoup de temps en sa compagnie, sachant s'effacer quand il le fallait et s'imposer quand cela était nécessaire, même s'il lui disait le contraire. Il avait reconstruit leur amitié et Buck n'avait plus peur d'être lui-même.
Buck avait appris que le docteur Wells avait plaidé coupable, après que le nombre de plaintes contre elle ait explosé et elle attendait à présent de connaitre sa peine de prison. Il était rassuré par le fait qu'il n'aurait plus jamais à faire à elle.
Son travail avec le docteur Copeland avait réouvert de nombreuses plaies mal cicatrisées mais Buck était confiant en l'avenir et en sa capacité à guérir de tout. Même d'un grand frère mort d'une leucémie juste après sa naissance et dont il ignorait l'existence, jusqu'à une séance commune avec Maddie.
Ça avait piqué mais il savait qu'il s'en remettrait.
Il entra dans la caserne et laissa sa main caresser la carrosserie du camion. Ça lui avait tellement manqué. Il prit une profonde inspiration pour se refamiliariser avec l'odeur typique du hangar. Il leva la tête pour voir la banderole de bienvenu qui l'accueillait et ne put retenir un sourire.
– Buck !
Il se tourna à temps pour recevoir un immense câlin de Chimney, qui s'accrocha à lui comme un koala et il se mit à rire.
– Je suis tellement content que tu sois là. Bienvenu à la maison, mon frère.
Buck lui rendit son étreinte et se dégagea avant d'être attiré dans les bras d'Eddie. Attirés par le bruit Bobby et Hen arrivèrent à leur tour pour le serrer dans leurs bras. Buck accepta les câlins et ils échangèrent quelques banalités avant que Chimney ne se redresse et pose sa main sur son épaule.
– Tu m'as manqué, Buck. On parlera plus tard. Le devoir m'appelle. Et ne mange pas tout le gâteau !
Buck le regarda disparaitre avec un jeune pompier stagiaire qu'il ne connaissait pas.
– Ça fait partie de ses nouvelles attributions non officielles, affirma Hen.
– Loin de moi l'idée de l'en empêcher, confirma Bobby.
– Moi, je trouve ça bien, lâcha Eddie.
– De quoi parle-t-on ? s'enquit-il désireux de comprendre.
– Chimney est en quelque sorte l'oreille amicale et le porte-parole des autres pompiers du 118. Si tu as un problème, quel qu'il soit tu lui en parles et il trouve une solution.
– Il ne veut plus que ce qui t'es arrivé se reproduise, compléta Bobby.
– Personne ne le veut, assura Eddie.
– Si Chimney peut aider, il le fait, sinon il m'en parle et on voit comment réagir avant que ça ne dégénère, poursuivit Bobby.
– Le tout avec un anonymat complet, affirma Eddie.
– C'est pour ça que ça a autant de succès. Les pompiers des autres quarts viennent aussi, termina Hen. Le chef Alonzo veut essayer de généraliser la mesure.
Buck était abasourdi.
Il ne s'attendait certainement pas à un tel investissement de la part de son beau-frère. Et, il trouvait curieux que personne ne semble se rappeler que Chimney était la plus grande commère de l'univers.
Eddie et Hen passèrent chacun un bras sur ses épaules pour l'escorter jusqu'au vestiaire et Buck eut un brillant sourire en voyant son casier orné des dessins de tous les enfants des 118.
Il était certain d'être de retour dans sa famille cette fois. Il avait arrêté de survivre et pour la première fois de sa vie, il respirait enfin.
Il était plus vivant que jamais.
