JE SUIS SUR WATTPAD (même pseudo)

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¤¤¤¤ - Prologue - ¤¤¤¤

===Contes et Légendes===

« Bonjour à tous. Tout d'abord, je vous remercie d'avoir répondu présents à notre invitation… quelque peu singulière. Si vous êtes aujourd'hui assemblés ici, c'est pour participer à une expérience de magie encore jamais employée. Surtout d'une telle envergure : nous sommes plusieurs centaines réunis dans la Grande Salle de Poudlard, aménagée pour l'occasion. »

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Harry se demandait ce qu'il faisait là… Si Hermione n'avait pas tant insisté, il aurait fait faux bond à son ancienne enseignante sans état d'âme. Et même avec plaisir : il avait eu sa dose de discours et réunions d'après Guerre pour toute une vie ! Certes, cette histoire de "nouveau sort" aurait pu l'intriguer, mais il était juste fatigué d'avoir affaire aux dirigeants.

Il souhaitait juste vivre une vie paisible, loin de tous les tracas politiques ou des divergences d'opinions, et cela faisait dix ans que personne ne voulait le laisser tranquille. On lui demandait toujours de prendre partie en donnant son avis, ce qui ne lui attirait que des ennuis. Il aurait adoré pouvoir influer un tant soit peu et trouver une solution miracle… Mais non seulement il n'avait pas la position hiérarchique pour cela, juste un ridicule statut "honorifique", mais en plus on finissait par lui reprocher autant ses actions que ses inactions. Ça suffit ! Il en avait assez ! Si jamais quelqu'un osait lui suggérer de prendre la parole, il rentrerait chez lui en claquant la porte !

Déterminé et méfiant, il laissa son regard errer d'un auditeur à un autre, plus intéressé de savoir qui avait été convié à cette petite fête que par la réelle raison d'un tel rassemblement. Et petit à petit, sa curiosité fût piquée.

Certes, il y avait tous ses camarades Gryffondors de l'époque, et il voyait même plusieurs Serdaigles et Poufsouffles. De même que des membres du Ministère, des Professeurs, des parents… Par contre, il ne s'attendait pas à apercevoir des Serpentards et autres membres plus ou moins officiels du "camp des perdants" ! Particulièrement certains, qu'il avait vu de ses propres yeux porter la Marque des Ténèbres.

Il dût dévisager un peu trop longtemps Zabini, car celui-ci ne tarda pas à lui envoyer son insupportable air goguenard. Ils étaient devenus collègues au Ministère, l'un chez les Aurors, l'autre pour les Langues-de-Plomb, et réussissaient même à se croiser sans trop se disputer. Ce n'était pourtant pas l'envie qui leur manquait : le métis adorait l'énerver en jouant avec ses nerfs, toujours espiègle et moqueur. Potter ne se laissa donc pas démonter, et haussa les sourcils, à la fois provocateur et méprisant. C'était la seule réponse efficace… Et comme prévu, le Serpent ricana en reportant son attention sur le discours.

Cependant, le cœur de Harry s'accéléra… Si cet énergumène était présent, cela signifiait peut-être qu'"il" était là, lui aussi ?! Le Gryffondor se mit alors à tendre le cou, cherchant celui à qui il ne cessait de penser depuis plusieurs années sans jamais avoir eu le courage de le revoir… Un visage de son passé, d'un enfant devenu adulte…

Blond, de préférence.

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« Comme vous le savez tous, ces dernières années n'ont été que haine et esprit de vengeance, poursuivit la Directrice de Poudlard en foudroyant du regard le plus de personnes possible. Le sentiment d'injustice est grand pour tout le monde, et les Tribunaux Sorciers sont submergés de procès interminables, noyés sous les lettres de plus en plus virulentes des victimes insatisfaites de la Guerre. Pourtant, Azkaban n'a jamais été aussi remplie, au point que les gardiens se retrouvent dans l'incapacité totale de loger et gérer leurs prisonniers convenablement. L'anéantissement de Voldemort aurait dû nous permettre un retour à la paix et à l'humanité… Cependant, force nous est de constater qu'il n'en est rien ! »

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Draco ne le savait que trop bien : son propre père s'y trouvait, et la seule fois où il avait pu aller le voir avec sa mère lui avait laissé un goût amer. Évidemment, la prison n'avait pas pour vocation d'être un club de vacances. Il s'était attendu à le retrouver maigre, fatigué, frigorifié, malade, et sale… mais pas à ce point. Le Baiser du Détraqueur aurait été une bénédiction à la place. Seuls son éducation stricte et son amour pour lui, lui permirent de tenir bon jusqu'à leur retour au Manoir, où il avait vomi ses tripes au point de croire son estomac prêt à remonter dans sa gorge.

Ce souvenir le rendit nauséeux, et il se cacha plus profondément sous sa capuche pour dissimuler ses mèches blanches, trop reconnaissables. Il détestait ses cheveux… En fait, il haïssait tout ce qui ne lui permettait pas de se fondre dans la masse. Plus jeune, il avait adoré se distinguer des autres, et sa belle apparence gracieuse et androgyne l'y avait beaucoup aidé… Le temps l'avait guéri de son arrogance. Son physique était devenu une tare, l'empêchant de marcher dans la rue sans être harcelé et insulté. Depuis, il vivait reclus dans le manoir familial, terrorisé à chaque fois qu'il était contraint de sortir. Sa chambre le rassurait : un terrain connu où jamais rien ne se produisait… Et il attendait… sans savoir trop quoi…

Du coin de l'œil, il aperçut sa mère se mettre à trembler, et attrapa sa main. Il avait fallu les efforts combinés de la Directrice de Poudlard, du Ministre de la Magie, et du chef du Département des Aurors pour les convaincre d'assister à cette "expérience"… Ils ne savaient pas de quoi il était question, mais autant d'insistance, et la promesse qu'ils n'allaient pas se jeter en plein cœur d'un règlement de compte, avait intrigué le jeune homme plus qu'il voulait bien l'admettre. Pire encore : ils avaient tous assuré que cela les aiderait… Mais à quoi ? Comment ? Leur présence avait semblé primordiale pour ces personnes si haut placées dans le gouvernement… C'était incompréhensible ! Et Draco n'aimait pas quand un élément échappait à sa logique. Cela le rendait encore plus nerveux.

Mordant sa lèvre inférieure, il leva discrètement ses yeux gris clair vers ses voisins directs, inquiet… Il ne manquerait plus que Potter le repère ! Car le héros était forcément présent ! Sans doute même était-il l'un des instigateurs de cette mascarade pleine de bons sentiments ! Et il ne souhaitait pas lui offrir le plaisir de sa présence. Il ne voulait surtout pas le voir…

Il ne voulait pas que son ancien ennemi voit à quel point il était devenu misérable.

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« Bien sûr, nous comprenons tous ce besoin de demander réparation pour les préjudices subis, afin de reconstruire notre vie sur des bases saines. Nos cœurs ont beaucoup soufferts, certains plus que d'autres, et nous aspirons à panser nos blessures dans l'espoir d'un retour à la normale, à notre vie d'avant. Cela doit cesser ! Il est impossible de retrouver notre insouciance et nos bonheurs perdus ! Nous devons tous, une bonne fois pour toute, faire le deuil de notre passé ! Et cette envie, de plus en plus présente, de rétablir la justice à notre façon, devient un réel problème de société. Ce n'est pas cela, la Justice ! »

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Encore une fois, Ron voyait Hermione hocher énergiquement la tête, et soupira. Il aimerait tant rentrer à la maison, et lire des magazines de Quidditch ou un bon roman policier en sirotant le Whisky-Pur-Feu trente ans d'âge que lui avait offert Georges pour son anniversaire… Toute cette histoire ne l'intéressait pas. Il distingua d'ailleurs son frère du coin de l'œil, tenant fermement le bras de leur mère qui était prête à répliquer vertement contre le discours de McGonagall. Ils avaient tous eu leur lot de drames. N'était-il pas normal de réclamer une vraie justice, et ne plus avoir à subir cet insupportable laxisme ?

Soufflant de nouveau, il repensa aux arguments de sa femme, bien trop têtue et pugnace pour qu'il puisse tenir plus de deux minutes dans un débat tant elle lui retournait le cerveau. Elle avait beau sortir ses plus beaux arguments, il ne comprenait pas son indulgence. Quand il y avait crime, il y avait châtiment : rien de plus simple ! Pourquoi s'encombrer des "circonstances atténuantes" que de toute façon personne ne croyait ? Si on tuait, on allait en prison. Si on volait, on devait rembourser. Qu'importait les intentions, les faits étaient là, immuables. Et toutes les victimes et leurs familles en souffraient… Ce n'était pas normal. Ce n'était pas juste !

Même Harry avait depuis longtemps abandonné les discours polémiques avec son obstinée de femme. Il se contentait de l'écouter en hochant la tête de temps en temps, le regard fuyant… Il avait l'air de se sentir coupable, et ne pouvait pourtant rien faire pour arranger les choses. Il avait assez donné, ce n'était pas à lui de trouver une solution et de satisfaire tout le monde !

Son épouse raisonnait comme la Directrice, et avait même été la première à défendre Draco Malfoy quand le roux avait eu le malheur de rager contre le Tribunal. L'insupportable fouine avait été innocenté ! Disculpé soi-disant à cause de "sa jeunesse, les risques encourus, et la pression familiale"… N'importe quoi ! C'était ridicule ! À tous les coups, il avait encore menti quand il avait affirmé avoir suivi Voldemort car celui-ci l'aurait menacé de "tuer sa mère s'il ne lui obéissait pas". Comment se fier à cette langue de serpent qui mentait comme il respirait ?! Et ce n'étaient pas quelques autres pseudo "témoins" Mangemorts qui allaient le convaincre du contraire ! Le monde ne tournait plus rond si les dirigeants se mettaient à écouter la bave de crapaud des criminels !

Ron fulminait rien qu'en y pensant. Le jour de la relaxe du maudit peroxydé, il n'avait pas pu supporter d'entendre sa propre femme défendre son ennemi de toujours, et était parti en manquant de casser la porte. Même se saouler avec son meilleur ami ne l'avait pas aidé à se calmer, puisque celui-ci avait cherché à le modérer au lieu de s'emporter avec lui. Contre toutes attentes, ce fût avec Zacharias Smith, croisé par hasard, qu'il trouva une oreille attentive. Avec lui, il avait pu décharger toute sa colère trop longtemps contenue, et il n'était rentré chez lui que deux jours plus tard…

Oui… Il haïssait les Mangemorts. Surtout les blonds.

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« Le Ministère est de plus en plus inquiet de la tournure des événements. Un engrenage s'est mis en marche, et l'anarchie prend peu à peu le pas sur la Loi. Vous savez tous de quoi je parle ! Des groupuscules "anti-Mangemorts" s'en prennent à des innocents, pour seul prétexte de ne pas être né dans la bonne famille ! Une vague de "bien-pensance" envers les moldus, prônant pourtant l'acceptation et le respect de tous, ne devient plus que haine envers ceux ayant le malheur de penser différemment. Et pas plus tard qu'hier, une bombe sorcière a détruit une maison de prétendus pro-Voldemort, tuant une famille entière, dont deux enfants de moins de cinq ans ! Ils n'étaient même pas nés le jour de la Bataille Finale ! Et même si j'espère qu'aucun d'entre vous n'est l'auteur de cet odieux attentat terroriste, nous ne sommes pas pour autant blancs comme neige face à cette situation catastrophique. »

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Pansy ravala difficilement ses sanglots. Elle savait de qui il était question : leur ami Peregrine Derrick et sa famille. Lui et sa femme avaient eu une magnifique petite fille et un adorable petit garçon dont elle avait été la marraine… Elle possédait encore le cadeau qu'elle lui avait acheté pour ses deux ans, sans jamais avoir eu le temps de lui offrir. Ils s'étaient réunis ce matin même, Draco, Blaise, Theo, Millicent et Grégory, pour les pleurer. Et même en unissant ce qui restait de leurs héritages, ils avaient à peine trouvé de quoi les enterrer dignement ! Elle avait envie de hurler.

Cependant, jamais elle n'aurait cru entendre ces mots et cette compassion de la part de l'ancienne Directrice des Gryffondors. Si elle n'avait pas été aussi déçue par la vie, elle aurait pu avoir le cœur gonflé d'espoir. Pourtant, au contraire, elle redoutait le résultat final avec encore plus de méfiance. Elle soupçonnait la vieille chatte d'endormir leur vigilance pour mieux leur planter un couteau dans le dos…

Ainsi était l'Humanité : égoïste, revancharde, et perverse. Poudlard avait toujours cherché à mettre ces défauts sur le dos des Serpentards, mais tout le monde était fondu dans ce même moule. Les Quatre Maisons et la répartition par prétendues "qualités", n'étaient que de la poudre aux yeux ! La pire imposture de l'Histoire Sorcière du Royaume-Uni. À cause de ce classement arbitraire, ils étaient condamnés à porter cette étiquette toute leur foutue vie ! Quel beau moyen pour des enfants de démarrer leur vie !

Pourtant, aucun de ses amis Serpents n'étaient les monstres que les autres imaginaient. La preuve en était des derniers événements : tuer de sang froid d'innocents enfants était digne des pires fanatiques Mangemorts ! Et les coupables de cet attentat n'avaient certainement pas appartenu à la Maison Vert et Argent ! C'était une des rares certitudes qui lui restait.

La jeune femme avait trop vu et trop vécu pour retrouver un soupçon d'optimisme. Elle n'avait jamais supporté les chaînes, et se retrouvait pourtant à tirer laborieusement les siennes à longueur de journée… Elle aurait tant voulu aider ses amis à porter les leurs. Elle rêvait de pouvoir un jour s'enfuir. Tout lâcher. Tout oublier… Au moins pour quelques heures… Mais c'était impossible. Comment abandonner les êtres qu'elle aimait le plus au monde ? Et pourtant, elle ne pouvait que les regarder s'écrouler les uns après les autres, démunie…

Et cela la mettait en rage.

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« Si d'anciens Mangemorts se trouvent parmi nous, ceux-ci ont été innocentés ou ont terminé de payer leur peine aux yeux de la Loi. Si vous êtes ici, c'est que vous tous avez été ou êtes encore des symboles importants de la Guerre, quel que soit votre rôle ou votre camp. Par conséquent, les opinions que nous véhiculons et les messages que nous diffusons ont une influence bien plus considérable ! Que cela soit en bien, ou en mal. Et ce n'est pas parce que la plupart d'entre nous faisons partie des vainqueurs que les effets de nos discours sont sains. Oui, je parle également de moi : je reconnais avoir fait des erreurs dans mes agissements. »

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Hermione retint son souffle. Oui, oui, et encore OUI ! Depuis le temps qu'elle diffusait ce message auprès de tous ses proches, elle vivait le monologue de son ancienne Directrice comme une libération : enfin elle n'était plus la seule à penser ainsi !

Elle aussi reconnaissait ses torts. Pas une seule fois durant sa scolarité elle n'avait pensé au rôle des Serpentards. Pas une seule fois elle n'avait songé à discuter avec l'un d'entre eux pour en apprendre plus sur lui, son histoire, ses envies… Elle n'en connaissait aucun ! Elle les avait fui comme la peste, les jugeant tous comme des "Malfoy" en puissance… Et là encore, elle regrettait amèrement ses préjugés.

Bien sûr, cet insupportable blondinet avait largement mérité toute la haine dont elle avait été capable… à l'époque. Depuis, elle avait été forcée de mettre de l'eau dans son vin. Ils avaient été jeunes et immatures, chacun d'entre eux. Tout le monde avait sa façon de penser et d'être, il fallait l'accepter et le tolérer. Naturellement, ce n'était pas facile à admettre, surtout lorsqu'on n'avait pas le recul nécessaire pour cela. Mais avec le temps, elle avait compris beaucoup de choses… et elle traînait son lot de regrets derrière elle, comme autant d'actes manqués devenus impossibles à accomplir.

Elle apprenait à voir au-delà des apparences et des préjugés. C'était un travail très long qu'elle faisait sur elle-même, et elle encourageait les autres à l'imiter. Ce n'était pas simple, surtout quand son propre époux restait fièrement ancré sur ses principes qui devenaient de plus en plus dangereux dans l'ambiance actuelle de la société…

Plus les jours passaient, plus elle voyait la haine s'installer durablement, et cela la terrifiait. Elle avait cru que tout finirait par se calmer au bout d'un moment… Mais il n'en était rien. Dix ans avaient passé, et la situation était toujours aussi catastrophique. Le rat de bibliothèque qu'elle avait toujours été s'était réfugié dans les livres d'Histoire ou de Sociologie, afin de trouver un moyen pour améliorer l'humeur de la communauté sorcière. Tout se révéla complexe, long et difficile : un changement progressif des mentalités sur plusieurs décennies. Ou bien sanglant, violent et pour un résultat qui n'était pas meilleur : une révolte… C'était désespérant.

Alors entendre que les grandes instances avaient eu une idée novatrice lui mit du baume au cœur ! Enfin il y avait une lumière au bout du tunnel ! Et elle se mit à prier. Espérer qu'un jour prochain, tout s'arrangerait. Qu'un jour, amis et ennemis se serreraient la main en se voyant tels qu'ils étaient vraiment, autant leur part sombre que leur côté lumineux.

Et que peut-être, l'idylle qu'elle entrevoyait pourrait finalement avoir lieu.

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« En tant que Directrice de Poudlard, l'exemple que j'ai donné à mes élèves me fait honte. Car sans le vouloir, j'ai incité trois des Maisons à se liguer contre une, et un harcèlement de plus en plus violent s'est lentement installé dans les couloirs de l'école, jusque dans les salles de classe. Pire encore, les malheureuses cibles de ces brimades n'ont plus aucune confiance en moi et refusent donc de porter plainte. Par conséquent, j'ai décidé de tout faire pour changer mon image et mon état d'esprit afin de ramener la paix dans ce château. »

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Blaise avait été méprisant et désintéressé tout le long du monologue de la vieille femme, mais ne parvenait plus à se moquer des idées qu'elle tentait de partager. Il commençait petit à petit à la prendre au sérieux… et il n'aimait pas beaucoup là où le menaient ses soupçons. Même en travaillant au Département des Mystères, il n'avait jamais entendu parler de tout cela. Certes, ses collègues et surtout ses supérieurs, savaient merveilleusement bien garder leurs "secrets", mais tout de même ! Pas même un bruit de couloir ?!

Les yeux plissés, il cherchait à voir à travers les mots : où était le coup fourré ? Il avait l'habitude des gens qui essayaient de l'entourlouper, et à chaque fois, ceux-ci s'en étaient mordus les doigts ! Il était un Serpent, et fier de l'être ! Personne ne pouvait lui dicter comment il devait penser ou agir : sa liberté était tout ce qui lui restait, et il la défendrait coûte que coûte !

Il avait tout sacrifié pour en arriver là : celui qui avait le mieux réussi. Il s'était battu bec et ongle pour entrer à l'Université des Langues-de-Plomb, il avait fait ses preuves, travaillé sans relâche, écrasé vicieusement ses concurrents… Il avait mis à profit tous ses talents de roublard sans cœur, jusqu'à délaisser les personnes qu'il aimait le plus au monde… Parce qu'il n'avait pas eu le choix ! C'était ça ou sombrer avec eux. Et même s'il traînait son lot de regrets, il aurait recommencé de la même façon si on l'y obligeait. Car on n'aidait personne quand on était au fond du trou. Alors il se hisserait le plus haut possible, quitte à faire tomber de nombreuses têtes sur son passage, afin d'être en mesure de pouvoir leur tendre la main… Même si cela devait lui prendre cent ans !

Cependant, il serra les poings… Zabini savait qu'il perdrait beaucoup dans la manœuvre. En réalité, c'était déjà le cas. Certes, il s'était révélé exceptionnellement doué pour utiliser la moindre de ses ressources à son avantage et s'était attiré de nombreux ennemis… Mais il avait surtout ruiné sa plus belle relation : celle qu'il avait eue avec son meilleur ami qu'il commençait petit à petit à ne plus aller voir. Il était beaucoup trop difficile de le regarder s'enfoncer dans la dépression, et préférait fuir plutôt que de l'en sortir…

Par conséquent, il avait envie de croire. Pour la première fois de sa vie, il se surprit à espérer qu'un autre le sortirait du pétrin. Comme un fin petit espoir, le seul qui restait. Quand une lumière s'allumait quelque part, on voulait aller vers elle, pas la remettre en doute… Pour Draco… Et il avait peur que ce soit cela : une simple luciole vacillante prête à s'éteindre à la moindre brise. Et Merlin savait qu'ils se trouvaient tous au cœur d'une sournoise tempête.

D'un coup d'œil sur sa gauche, il observa Potter. Ce soi-disant "Survivant de l'Angleterre" n'avait pas eu l'air de se sentir concerné au début du discours. Pourtant, il avait maintenant les sourcils froncés et les yeux verts assombris. Cet idiot n'avait pourtant jamais vu plus loin que le bout de son nez. Pitoyable ! Il détestait ce sale type et adorait le faire tourner en bourrique. Alors il continuait à lui refuser la seule chose qu'il lui demandait toujours, et lui répondait en le raillant. Comment pouvait-il croire qu'il lui faciliterait la tâche ? S'il était vraiment le "Sauveur", qu'il se mette à sauver ceux qui en avaient le plus besoin ! Et par ses propres moyens !

Jamais il ne l'aiderait à revoir Draco ! S'il le voulait vraiment, il se débrouillerait !

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« Comprenez donc que je ne me pose pas en donneuse de leçon, mais plutôt en coupable repentante et désireuse de montrer l'exemple. L'heure est grave. Il est urgent que nous fassions tous l'effort de décentrer nos pensées de nous-même pour élargir nos horizons. Aujourd'hui, les dégâts que nous pourrions tous causer pourraient se révéler irréversibles pour l'avenir ! Le Ministère et moi-même ne vous demandons pas d'oublier, mais d'essayer de comprendre votre prochain. Comme beaucoup, je ne savais plus comment faire pour arranger les choses, rien qu'à l'échelle de cette école. Alors aux dimensions d'un pays, cela est gargantuesque ! C'est pour cela que nous comptons sur vous tous. Vous êtes l'espoir. Nous le sommes. Et ce sortilège peut nous aider à ouvrir les yeux sur nos semblables. »

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Ginny était méfiante. Elle ne voyait pas du tout où la Directrice voulait en venir, elle trouvait au contraire que la situation ne s'arrangeait pas trop mal. Certes, elle aurait préféré voir certains Serpentards derrière les barreaux, mais avait décidé de les ignorer. Ils n'en valaient pas la peine. Tant qu'ils ne se présentaient pas devant elle et restaient discrets, il n'y avait finalement pas de problème. Par contre, s'ils osaient se présenter devant elle… Elle n'en ferait qu'une bouchée !

Elle avait depuis longtemps compris qu'elle était une guerrière dans l'âme et n'avait pas peur des conflits. C'était une force dont elle était très fière et l'utilisait à longueur de temps, surtout dans son métier. Si on la cherchait, on la trouvait ! Et elle avait le sang chaud. Ceux qui avaient subi son courroux pouvaient en témoigner ! Harry en avait fait les frais lorsqu'il avait rompu leurs fiançailles, et il lui avait fallu de nombreux mois avant de comprendre qu'il avait fait le bon choix. Certes, elle lui en voulait toujours de l'avoir rejeté, mais avait admis que c'était pour le mieux. Ils n'auraient jamais fait bon ménage, ensemble. Et depuis, ils étaient restés bons amis.

Du coin de l'œil, elle observa le métis serpent, Blaise Zabini. Elle n'avait jamais eu de contact avec lui durant leur scolarité, l'apercevant toujours de loin aux côtés de Malfoy. Ces deux-là avaient été inséparables à l'époque. Il était étonnant de ne pas les voir ensemble, ce soir.

Depuis la fin de la Guerre, elle avait été contrainte de régulièrement croiser l'insupportable métis au Ministère, où elle était devenue une jeune recrue Auror, et lui, un apprenti Langue-de-Plomb… Et elle ne l'aimait pas du tout ! Il était méprisant, cynique, désagréable, vantard et grivois… Un cocktail explosif qui la faisait toujours sortir de ses gonds. Parfois, elle ne savait plus s'il cherchait à l'énerver ou à la séduire. Ce qui la faisait d'autant plus enrager. Elle ne supportait pas son comportement frivole et "m'as-tu-vu" !

Un peu plus loin, elle aperçut tout à coup Harry… Bizarrement, même s'ils étaient collègues Aurors, ce n'était pas avec le héros de Guerre que le mulâtre se disputait le plus, mais avec elle. Son ami et ex-fiancé ne lui portait que peu d'intérêt, à part pour demander poliment des nouvelles du peroxydé. Information que Zabini gardait jalousement, refusant de lui donner dans un horripilant sourire sardonique. Et toujours la même réponse : "t'as qu'à aller lui demander, Potter". Comme si cela pouvait réellement l'intéresser !

Vraiment. Elle haïssait cet homme.

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« Si notre Ministre m'a demandé de prendre la parole en première, c'est pour faire appel à votre nostalgie, à votre émotion, à votre lien si fort envers Poudlard et votre enfance. Mais aussi en l'honneur de la Bataille Finale, qui s'est déroulée en ces lieux. Il m'a parlé en détail de ce projet à grande échelle, et cela m'a redonné la foi. Cette magie nous permettra de nous ouvrir à d'autres horizons, de nouvelles perspectives, et de voir enfin le monde et nos proches sous un nouveau jour. Et croyez-moi, si vous pensez ne rien apprendre de plus, c'est que vous êtes une personne à la fois omnisciente, et d'une parfaite objectivité. Nous en ressortirons tous changés et grandis ! De cela, je ne doute pas. Et cette expérience nous permettra de mieux appréhender la situation actuelle pour, petit à petit, changer le monde qui nous entoure, diffuser des messages d'apaisement et d'acceptation, et faire évoluer les mœurs belliqueuses vers le pardon. »

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Theo grogna discrètement. Mais qu'est-ce que c'était que toute cette mascarade ?! De quoi la Directrice parlait ?! Il fallait que quelqu'un lui dise d'arrêter le Whisky-Pur-Feu, ce n'était pas bon pour sa santé mentale ! Il était même sûr qu'elle n'avait pas réellement conscience de ce dont elle parlait exactement. "Faire évoluer les mœurs" ? Vraiment ? En une soirée grâce à de la magie ? Ridicule ! S'il avait eu connaissance d'un sort permettant ce miracle, il l'aurait déjà utilisé à de très très très nombreuses reprises.

Rien que sur Draco, déjà ! Pour qu'il arrête enfin son inertie et de faire comme si tout allait bien alors que son univers entier s'effondrait lentement autour de lui. Sur Blaise, cet imposteur qui les avait tous abandonnés, même son meilleur ami, pour son propre profit personnel. Ou sur Pansy, qui espérait encore pouvoir s'enfuir sans ne plus avoir à subir aucune conséquence de la Guerre. S'il avait pu leur faire payer leur inconscience, il l'aurait fait sans état d'âme ! Il ne rêvait que de cela ! Si seulement il en avait le pouvoir…

Il grinça des dents en repensant au matin même, lorsqu'ils s'étaient tous réunis après l'attentat sur la demeure de Peregrine Derrick. Pansy ne comprenait pas pourquoi Draco n'arrivait pas à pleurer. Et Theo avait dû se retenir de ne pas les gifler tous les deux. Lui qui privilégiait toujours les paroles à l'action, qui n'avait jamais frappé personne, qui trouvait toujours une solution aux pires problèmes… Il était démuni. Il ne pouvait que regarder ses amis, sa vraie famille, ces êtres qu'il aimait le plus au monde, s'enfoncer tout doucement dans les Ténèbres qu'étaient devenues leurs vies. Et il ne pouvait rien y faire.

Alors écouter cette vieille folle leur promettre un avenir meilleur le faisait doucement rire. Il savait qu'il ne pouvait compter que sur lui-même. Peut-être son père avait-il raison de rechercher autant la puissance si cela pouvait permettre de dicter sa volonté aux autres, de pouvoir reprendre le contrôle de son avenir…

Il s'était laissé doucement bercé par l'amitié de ses proches et n'avait pas vu venir ce que son géniteur lui avait prédit : la misère. C'était exactement ce à quoi ils étaient tous réduits. S'il avait acquis un soupçon du pouvoir qu'il lui avait promis, il aurait pu les protéger. Il le regrettait tant… Il ne voulait que préserver cette lueur, à présent morte, dans leurs yeux…

Surtout celle de Draco. Son étoile. Le premier qui lui avait tendu la main. Celui qu'il aimait comme son Prince et à qui il devait tout. Et qui à présent, se mourait à petit feu…

Il en devenait fou.

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« Soit vous êtes curieux, soit vous nous faites confiance, à moi ou au Ministère, soit vous n'avez plus d'espoir. Mais si vous avez répondu présents aujourd'hui, c'est que vous avez au moins un peu conscience de la situation. Et je vous en remercie, de tout mon cœur. Alors écoutez avec attention Monsieur le Ministre de la Magie. Il va vous expliquer en détail en quoi va consister ce sortilège. Et je suis sûre que tout comme moi, vous serez très intrigués. Et impatients ! »

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Neville n'était pas du tout rassuré. Il avait peur de comprendre, et regardait les personnes autour de lui afin de vérifier s'il était le seul à penser ainsi. Et malheureusement, ses doutes se confirmèrent : la famille Weasley n'était plus que colère et incrédulité, même Hermione, récemment mariée à Ron, fronçait les sourcils. Harry tournait frénétiquement la tête en tous sens comme s'il cherchait quelqu'un, l'air inquiet. Seamus avait agrippé la main de Dean, son petit-ami, qui avait passé un bras protecteur autour de ses épaules. Zabini aussi, le seul Serpentard non loin de lui, semblait prêt à s'enfuir. La "confiance" évoquée par McGonagall n'avait pas l'air d'être à l'ordre du jour… Seule Luna, égale à elle-même, observait les événements d'un air rêveur et absent, n'ayant pas l'air de se sentir concernée.

Oui, il comprenait que la situation était loin d'être idéale. La fin de la Guerre aurait dû marquer le début de la Paix. C'était ce que tout le monde avait cru. Hélas le résultat était bien loin du renouveau attendu… L'attentat de la veille n'aurait jamais dû se produire ! Neville en avait été profondément choqué quand il avait lu les journaux, ce matin même. Mais le pire avait été la façon dont avait été rédigé l'article : il donnait l'impression qu'une véritable justice était en cours, et que la famille décédée avait mérité son sort. Il s'était senti si mal qu'il avait annulé son abonnement à la Gazette du Sorcier. Il ne voulait pas participer à un tel déferlement de haine, même de quelques mornilles. Il n'avait jamais souhaité ce monde dans lequel ils vivaient à présent. Cela lui donnait envie de vomir

Cependant, cette Magie à grande échelle était-elle la solution ? Les dirigeants étaient-ils obligés de leur "laver le cerveau", si c'était bien ce dont il était question, pour que tous acceptent enfin les différences de pensées sans pour autant crier au crime contre l'Humanité ? Neville était sceptique.

Il rêvait d'un idéal. Une personne qui se distinguerait de la masse, et guiderait le peuple vers la lumière… Oui, il pensait qu'aux heures sombres dans lesquelles ils nageaient tous, il était nécessaire d'avoir un guide : comme un roi ! Pas au sens propre du terme, mais plutôt métaphorique… Et il avait cru que Harry Potter serait celui-ci.

Pourtant, son ami avait refusé cette charge avec tant de véhémence… Il était devenu impossible qu'il soit ce fameux "berger" pour leur troupeau d'"infidèles". Et il le déplorait. Ce héros aurait été parfait dans ce rôle. Il avait tout : le charisme, la pugnacité, les antécédents, la force, l'éloquence… mais pas la volonté. Ce qui changeait tout. Pourtant, à la précédente élection de Ministre de la Magie, tous auraient voté pour lui. Londubat, le premier ! Certes, il ne se sentait pas capable de reprendre le combat à ses côtés, comme il l'avait fait durant la Guerre, mais il demeurait la seule personne qu'il jugeait capable de les mener vers un avenir meilleur.

Mais Harry avait tout abandonné… Et sans personne à suivre, Neville se sentait perdu.

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« Merci, Minerva, reprit le politicien fatigué : l'ancien Auror Kingsley Shacklebolt. Bonjour à tous. Après une telle introduction, il va m'être difficile de prendre le relais sans être ridicule, s'amusa-t-il en espérant détendre l'atmosphère… sans succès. Bien… Vous devez être impatients d'enfin connaître le but de votre venue ici. En collaboration avec le Département des Mystères, nous avons longuement cherché un moyen de résoudre notre "problème sociétal". Les Tribunaux ne peuvent que punir ceux qui ont déjà fauté, mais pas prévenir des futurs crimes ou diminuer la haine ambiante. Comme l'a si bien dit Madame McGonagall, les peines administrées ne peuvent pas satisfaire tout le monde, et beaucoup de familles des victimes se sentent spoliées et frustrées. Nous ne pouvons cependant pas nous permettre de condamner au Baiser du Détraqueur tous les accusés pour le bon plaisir de la population. Et je mets un point d'honneur à ce que notre Justice soit la plus droite et impartiale possible. Non, la solution ne se trouve définitivement pas dans les procès. »

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Millicent serrait et desserrait les poings, regardant nerveusement la porte d'entrée vers laquelle elle se dirigeait lentement. Alors comme ça, on voulait les obliger à changer d'opinion pour devenir plus "acceptables" ? Il en était hors de question ! Elle refusait de subir un tel menticide ! Ce n'était pas à elle ou à ses amis d'être convertis, alors qu'ils se faisaient persécuter par toute la communauté sorcière d'Angleterre ! Elle n'avait jamais été d'accord avec le Lord Noir, même si elle n'aimait pas beaucoup les Sang-de-Bourbe qui débarquaient dans leur monde magique, la bouche en cœur, convaincus de leur bonne foi en leur apportant du sang neuf et de la modernité. Comme s'ils en voulaient !

Une main se posa sur son épaule, la faisant sursauter, et elle rencontra deux iris gris perle. Draco avait l'air grave et déterminé, ses doigts la tenant fermement pour l'empêcher de fuir… Ou pour la soutenir ? Elle n'était pas sûre… Un sourire railleur étira tout à coup un coin des lèvres naturellement vermeil de son ami, plissant ses yeux en amande et creusant la petite fossette sur sa joue. Il se moquait d'elle ? De sa peur soudaine ? Elle allait s'en offusquer quand elle comprit : il cherchait à la détendre… Ce constat la rassura. Si lui, la première cible des haineux anti-Mangemorts, ne ressentait aucune crainte à se trouver là, alors tout allait bien. N'est-ce pas ?

Soufflant pour la forme mais le cœur plus léger, Millicent se retourna vers l'estrade. Elle vit Pansy les rejoindre et se placer entre eux deux, attrapant d'abord la main libre de Draco en la serrant fort, l'autre tenant toujours celle de Madame Malfoy, figée d'effroi. La petite brune replaça ensuite les mèches claires du jeune homme sous sa capuche noire, et tira sur le tissu pour mieux dissimuler son visage. Puis, elle glissa tendrement ses doigts entre ceux de Millicent avant de relever la tête vers le Ministre de la Magie, écoutant attentivement la suite de son discours.

Ils étaient ensemble. C'était le plus important. Si seulement elle pouvait faire payer ceux qui s'en prenaient à eux, la jeune blonde ne se priverait pas ! Elle avait l'imagination fertile, et même si ces idées n'avaient pas pour objectif de punir définitivement tous ces êtres malveillants, elles avaient le mérite de les forcer à réfléchir à leurs actions !

Cela avait toujours été sa spécialité depuis l'école, la raison pour laquelle elle avait atterri à Serpentard. Elle était une "donneuse de leçons" plutôt douée, et avait réussi à remettre dans le "droit chemin" plusieurs idiots qui s'étaient crus plus malins qu'elle.

Pourtant, elle ne pouvait rien faire contre une foule en colère… Elle voyait le moment venir où cette multitude laisserait éclater sa colère et viendrait enfoncer les portes de leurs maisons… Cela avait déjà commencé avec Peregrine Derrick et sa famille… Ce n'était que le début. Une ligne avait été franchie avec ces meurtres, comme un coup d'essai annonciateur des futurs drames… Et ils étaient sans défense…

Ses amis avaient raison : si le Ministère avait trouvé une solution, ils se devaient de la saisir.

C'était leur dernière chance !

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« Il devenait évident qu'il fallait changer l'état d'esprit de gens, afin de retrouver un climat de quiétude propice à la reconstruction, et non à la destruction. Mais comment y parvenir ? Nous ne pouvons décemment pas entrer dans les têtes et forcer quiconque à penser comme cela nous arrange. Il nous fallait un porte-parole. Une personne influente qui pourrait diffuser des messages et faire lentement pencher la balance. Le nom de "Harry Potter" doit certainement vous venir à l'esprit, mais je m'y suis catégoriquement refusé. Pour de très nombreuses raisons que je vais vous épargner. Quand Funestar et moi-même avons eu une idée : pourquoi se contenter d'un seul représentant ? L'efficacité serait démultipliée avec le nombre et la diversité. Malgré tout, notre souci principal n'était pas réglé : comment convaincre plusieurs personnes influentes de nous épauler ? Il était hors de question de les obliger, et nous devions être certains de partager les mêmes idéaux… Alors comment ? »

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Luna s'ennuyait, ne se sentant pas concernée. Elle ne voyait pas pourquoi ni comment on voulait la faire penser différemment. Évidemment, elle savait qu'elle n'était pas comme les autres. Les comportements et remarques d'autrui le lui avaient fait comprendre il y avait longtemps déjà. Cependant, cela n'était pas un problème, et elle n'avait jamais fait de mal à personne. Les soucis de "justice" que les autres réclamaient à cor et à cri ne l'intéressaient guère. Alors pourquoi l'avait-on convié à cette cérémonie ? Cela n'avait aucun sens.

Distraite, elle observa les bougies flottantes dans les airs, en dessous du faux ciel nocturne de la Grande Salle de Poudlard. Elle avait toujours eu du mal à se focaliser sur les longs discours, ce qui lui avait posé de nombreux problèmes lors de sa scolarité… Et puis, ce plafond lui avait manqué. Se perdre dans sa contemplation avait été l'une de ses activités favorites, et imaginer des formes fantasmagoriques dans les nuages ou les étoiles la distrayait si efficacement… En se concentrant assez, elle pouvait presque voir un Ronflak Cornu grogner au-dessus de là où se tenait normalement la table des Gryffondors. Et plus loin, un Nargol espiègle surplombant celle des Serpentards. La voix du Ministre n'était plus qu'un bourdonnement à ses oreilles, et elle tourna sur elle-même pour mieux étudier la position des astres, ce soir-là. Quand elle cogna contre quelqu'un.

Deux yeux marrons aux reflets violets la mitraillèrent, et son cœur rata un battement de stupeur. Comment s'appelait ce garçon, déjà ? Elle se souvenait l'avoir vu à la table des Verts et Argents, en compagnie de Malfoy et Zabini… Ah oui ! Nott ! Elle s'excusa pour sa maladresse dans un grand sourire, et ignora son air sidéré en retournant son attention vers le ciel. Là ! Un Enormus à Babille pouvait aisément se dessiner à côté de la Grande Ourse.

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« Déjà "qui" ? Vous avez certainement compris que vous êtes tous les "influenceurs" dont je parle. De toute origine, idéologie, milieu social, expérience… Vous avez tous eu une importance à un moment ou à un autre, et en avez toujours une, qu'importe le camp ou l'absence de camp dans lequel vous vous trouviez, il y a dix ans. Nous avons pris grand soin de choisir chacun d'entre vous, et tenions à ce que vous soyez tous présents, quitte à venir toquer à votre porte pour vous convaincre, comme certains s'en sont aperçus, ajouta-t-il dans un sourire amusé. Mais rassurez-vous, le sortilège que le Département des Mystères a récemment réussi à mettre au point n'a rien d'un lavage de cerveau. Bien au contraire. Il en est le total opposé ! »

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Grégory cherchait ses amis du regard, paniqué. Il était arrivé seul, et avait toujours détesté l'être. Il avait espéré les rejoindre avant le début du discours, et s'était retrouvé dépassé par la foule présente. Pourquoi y avait-il autant de monde ?! Ressentant l'hostilité des personnes autour de lui, il s'était caché dans un coin, derrière un pilier… Si seulement il avait pu trouver Draco ! Il se sentait toujours plus en confiance près de lui, même si tout le monde pensait que c'était lui, le garde-du-corps. Le blond avait toujours eu le don de l'apaiser par sa simple présence, grâce à sa confiance apparente et son calme à toutes épreuves. Seul Potter pouvait le faire sortir de ses gonds. Et Grégory s'était vite rendu compte qu'il ne pouvait plus se passer de son aura protectrice. Surtout en ces temps de troubles.

Trop grand, trop gros, trop gauche… Il avait conscience de son physique ingrat et de son corps de brute, les gens le craignaient et l'évitaient à cause de cela. Ceux qu'il considérait comme sa famille étaient les seuls à avoir su voir au-delà de son aspect disgracieux. Car en réalité, il était timide, malhabile, et avait la malchance de toujours se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment… Il avait la poisse ! Il n'y avait que Draco pour parvenir à le sortir du guêpier, et parfois Millicent. Ils étaient devenus ses "bonnes étoiles", celles qui parvenaient à contrer sa guigne. Avec eux, il se sentait heureux et vivant… et parvenait petit à petit à faire le deuil de son presque jumeau : Vincent

Il ne comprenait toujours pas les agissements de Crabbe. Quelle folie lui avait pris pour lancer le Feudeymon en plein milieu de la Salle-sur-Demande ?! Il avait failli tous les entraîner avec lui dans la mort ! Il en aurait presque remercié Potter et ses deux acolytes de les avoir sauvés… Mais jamais il ne le ferait. Il demeurait un fier Serpentard, fidèle aux Malfoy que sa famille jugeait encore et toujours les seuls dignes d'eux. Près du blond, il se sentait puissant et sûr de lui. Il ne savait pas s'il l'aimait comme son grand frère ou comme son chef, mais savait qu'il ferait tout pour lui. Tout !

Perdu, il se dévissa le cou afin de repérer ses cheveux blancs dans la masse et faillit le confondre avec Luna Lovegood… Il n'écoutait même pas ce que la Directrice ou le Ministre racontaient, le cœur de plus en plus compressé par son angoisse d'être seul. Quand tout à coup, il aperçut Theo à côté de la jeune Serdaigle. Vite, il fendit la foule pour le rejoindre et agrippa sa cape comme le ferait un enfant pour ne pas perdre sa mère. Grégory n'osait pas le regarder, il savait que son ami n'aimait pas qu'on le touche, mais ne pouvait pas s'en empêcher. Sa détresse devait se lire sur son visage, car le jeune brun passa un bras autour de ses épaules pour le rassurer, frictionnant son dos crispé.

Une bouffée de reconnaissance le submergea, et il ravala ses larmes de soulagement : son ami détestait les marques d'affection et les sentiments trop expressifs. Alors Goyle se concentra sur le ralentissement de son cœur, et écouta enfin la suite du monologue de Shacklebolt.

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« Puisqu'il s'agit de la solution que nous avons trouvé ! Ou du moins, un moyen pour y parvenir. Voyez-vous, puisqu'il s'agit de faire changer les mentalités, aucun long discours ne peut y remédier. Seuls l'expérience et l'apprentissage peuvent influer. Ceux des autres et de soi-même. Il faut se découvrir, être honnête avec sa propre personnalité, et parvenir à comprendre ceux qui nous entourent. Pourtant, cet exercice demande une rigueur morale et une clairvoyance dont peu de gens sont capables. Alors la magie devait être puissante… et durer dans le temps. Sans avoir les "conséquences" du temps. »

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Georges fronça les sourcils, dubitatif. Les paroles du Ministre étaient obscures… Lui et McGonagall tournaient autour du pot, sans jamais entrer dans le vif du sujet. Il détestait quand les gens faisaient ça, cela lui donnait toujours l'impression qu'on tentait de noyer le poisson-diable, comme si on cherchait à lui faire avaler une couleuvre. Alors il devait faire de gros efforts pour ne retenir que les mots clefs, et percer l'objet réel du monologue submergé par la multitude de phrases inutiles.

Il n'était pas en colère, juste fatigué de voir le gouvernement leur marcher dessus. La Directrice avait tout de même osé les appeler des "bien-pensants envers les moldus" qui seraient devenus "scandaleusement haineux". C'était assez culotté, il devait le reconnaître. Il était étonnant que personne ne lui ait jeté des Bombabouses dans la foulée. Sa mère ne se serait pas privée si elle en avait eu sous la main : elle trépignait d'une fureur grandissante malgré ses vaines tentatives pour l'apaiser.

Soupirant, il continuait à lui masser distraitement l'épaule, observant autour de lui. L'air hagard de tous ces gens immobiles lui donnait tellement envie de lancer un Marécage Portable. Cela aurait eu le mérite de les secouer un peu. Et si cela avait pu presser l'ancien Auror afin d'en venir à l'essentiel, il n'aurait pas hésité. Pourtant, au contraire, cela n'aurait fait que retarder la conclusion. Alors il prit son mal en patience, et attarda son regard sur Hermione.

Sa si intelligente belle-sœur était, sans surprise, très concentrée. Il aurait presque pu voir les rouages s'activer dans son cerveau bien trop sérieux. Il ne voyait pas ce que son petit frère lui trouvait : elle était certes très belle, mais sans fantaisie. Si elle ne l'aidait pas à tenir les comptes de son entreprise, il n'aurait jamais réussi à l'apprécier vraiment. Et il n'aurait alors pas eu toutes ces conversations passionnantes avec elle.

Ses réflexions sur la justice et une société saine l'avaient d'abord révolté… puis intrigué. Avec le temps et son insistance, elle avait fini par le convaincre du bien fondé du pardon. Cela lui avait laissé un arrière goût amer en songeant à la perte de sa moitié… Car il avait dû accepter de ne jamais voir le jour où tous les "coupables" seraient punis et mis derrière les barreaux. Mais au final, de quel criminel parlait-il ? D'après les dires de Percy, Fred était mort d'une explosion provoquée par Augustus Rookwood, et celui-ci avait déjà subi le Baiser du Détraqueur depuis longtemps… Alors pourquoi avait-il toujours la sensation que personne n'avait payé ?

Ce constat avait achevé de le convertir à sa cause : qu'importait les peines et les procès, son cœur resterait à jamais une plaie béante. Rien ne pourrait lui ramener son jumeau. Rien ne pourrait l'aider à faire son deuil…

La Justice ne servait à rien.

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« Le sort des Contes et Légendes. Durant une année, vous serez tous transportés dans un autre monde, où vous incarnerez un personnage appartenant à l'une des nombreuses histoires mythiques, qu'elles soient moldues ou sorcières. Et à la fin de ce temps imparti, vous reviendrez ici… et il ne se sera passé que quelques secondes à peine. Votre protagoniste ne sera pas choisi au hasard, la magie le sélectionnera minutieusement en prenant en compte tout ce que vous êtes : votre caractère, vos idéaux, vos rêves, votre passé… Il ou elle incarnera à la perfection votre vous profond, ce que vous êtes réellement. Et vous ne pourrez agir en contradiction avec ce fait. Ainsi, nous apprendrons à connaître les autres, à savoir qui ils sont. Mais également apprendre qui nous sommes, nous-mêmes. Ceci sera à la fois une quête de la connaissance de l'autre et de soi-même. »

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Narcissa resserra sa prise sur la main de son fils qui se crispait à ses côtés. Était-ce une blague ? Ils souhaitaient les envoyer dans un univers parallèle pendant une année ?! N'avaient-ils pas vécu assez de drames avec la Guerre ? Il fallait en plus qu'ils subissent les monstres, les dragons, les méchantes reines, ou les sorcières maléfiques ? Car les contes n'étaient pas réputés pour être de longs fleuves tranquilles. Ils étaient pleins de dangers et de mystères, et beaucoup avaient une fin tragique ! Elle se moquait de ce qui pouvait lui arriver, mais pas son enfant ! Il avait déjà assez à faire avec sa propre vie à l'avenir incertain !

Elle risqua un coup d'œil vers lui et résista difficilement à l'envie de le prendre dans ses bras. Plus elle l'observait, plus elle avait l'impression qu'il avait encore maigri. Sa robe noire, pourtant réajustée l'an dernier, semblait à nouveau bien trop grande pour son corps devenu si frêle. Elle ne pouvait voir son visage caché par la large capuche, mais elle savait ses yeux creusés de cernes et sa peau tendue par les soucis et la fatigue. Bien sûr, il tentait toujours de faire illusion devant elle, souriant faussement ou badinant sur la pluie et le beau temps… Mais elle n'était pas dupe : elle l'entendait parfois se réveiller en sursaut d'un cauchemar et sangloter quand il se croyait seul.

À ses côtés, Pansy et Millicent n'avaient pas l'air en meilleure forme : les jeunes femmes serraient la mâchoire, le regard dur et le front plissé. Aucun d'entre eux n'avait besoin de vivre de nouvelles aventures. Au contraire, ils manquaient cruellement de calme et de sécurité… Et Narcissa aurait donné sa vie pour en offrir un peu à son fils. Juste quelques secondes. Rien qu'un instant.

Et le voir esquisser un vrai sourire. Juste un. Rien qu'un

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« Que vous sachiez à l'avance dans quelle histoire vous avez atterri ne vous aidera en rien, car votre comportement pourrait parfaitement changer son déroulement et aboutir à une autre fin. De même, puisque plusieurs autres légendes se mêleront à la vôtre, chaque événement influera en bien ou en mal sur votre récit, le modifiant plus ou moins drastiquement. En réalité, nous pourrions lancer ce sortilège plusieurs fois de suite, il ne se produira jamais la même chose. Non, l'intérêt n'est pas de vivre une intrigue préétablie, mais plutôt d'écrire son propre roman et découvrir la morale de son récit personnel. Avoir connaissance de votre personnage sera déjà un grand pas vers votre réalité : savoir qui vous devez être et comment vous vous devez d'agir dans la vraie vie. Et je vous encourage à interagir avec votre environnement, à faire des rencontres… et surtout à vous retrouver les uns les autres. Vivez pleinement votre aventure ! Ne passez pas votre temps à attendre la fin. »

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Seamus avait des étoiles plein les yeux. Sérieusement ?! Vivre un conte de fée ?! C'était son rêve d'enfant ! Participer à intrigues passionnantes sous un autre nom, dans un nouveau décor, un autre monde ! Découvrir un univers tout entier peuplé d'histoires romanesques et de toutes sortes de magies bien plus palpitantes que celle qu'il connaissait déjà. C'était le plus beau cadeau de toute sa vie !

Se serait merveilleux de se retrouver dans la peau d'une princesse que son chevalier Dean viendrait sauver sur son cheval blanc ! Ou même être une méchante sorcière jalouse de la beauté d'une jolie jeune fille, il s'en moquait. Peut-être un vieux mage savant, une Marraine la Bonne Fée, un animal qui parle, un terrible dragon… Oui, il voulait être un dragon !

Cela faisait longtemps qu'il avait fait la paix avec son côté sombre, et avouait de bonne grâce adorer faire exploser des trucs. Il ne voulait juste pas qu'on le résume à un seul de ses traits de caractère. Pourtant, les légendes étaient très souvent manichéennes… Alors qu'allait-il être ? Quel était la part dominante de sa personnalité ? Un méchant ou un gentil ? Un guerrier ou une demoiselle en détresse ? Un personnage principal ou secondaire ? Un idiot ou un petit malin ?

Serrant plus fermement le bras de son petit-ami, le petit brun sautillait d'impatience. Le grand noir soupira en lui tapotant la main. Il semblait bien moins enchanté que lui à la perspective d'une épopée fantastique. En effet, Dean n'aspirait plus qu'à une petite vie paisible. Il poursuivait ses études dans une école supérieure moldue, spécialisée en cinéma d'animation. Il avait toujours préféré l'art à la magie, et les "Sans-Magie" étaient bien plus doués que les sorciers pour mettre en scène des histoires. De plus, il connaissait bien les contes de fée qui étaient très régulièrement utilisés dans la culture moldue… Quel ennui.

Pour lui, tout ceci était tellement cliché

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« Nous garderons tous le même corps et le même visage, il sera donc facile de nous reconnaître entre nous. Et vous serez très surpris de découvrir dans quelle personnage vos amis et connaissances vont se trouver. Pour l'avoir déjà expérimenté sur une plus courte période, je peux vous assurer que cela est très stimulant, ajouta-t-il dans un sourire goguenard. Et je répète : la Magie ne ment pas. Votre personnage sera celui correspondant le mieux à votre identité réelle. Plus vite vous l'accepterez, plus vite vous pourrez évoluer et grandir. »

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Daphné tirait sans s'en rendre compte sur la robe de sa grande sœur, Astoria. Celle-ci en était agacée, occupée qu'elle était à chercher Draco Malfoy dans la foule. Elle avait toujours eu le béguin pour ce garçon au visage fin et délicat, dont l'androgynie le rendait plus séduisant encore. Elle voulait être près de lui au moment du sortilège, dans l'espoir que cela les envoie tous deux au même endroit, dans le même conte. Elle avait enragé le jour où elle avait appris qu'ils auraient dû être fiancés si Lucius n'avait pas été envoyé en prison, et si le nom de la prestigieuse famille Malfoy n'avait pas été traînée dans la boue. Ses parents ne pouvaient plus tolérer une telle affiliation, qu'importaient ses sentiments.

Et à son grand désarroi, elle avait appris que sa petite sœur partageait le même premier amour. Pire : elle avait été plus proche du garçon de par son amitié avec Pansy Parkinson, et faisant partie de la même promotion… Astoria était jalouse. Même si Daphné avait finalement jeté son dévolu sur un autre jeune homme depuis, elle lui enviait ce temps passé avec ce prince si charmant. Alors il était hors de question qu'elle laisse passer cette occasion pour se rapprocher du beau blond !

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« Mentalement, vous garderez toujours le souvenir de qui vous êtes réellement, et de tout ce que vous avez vécu ou la raison pour laquelle vous vous trouvez dans cet autre monde. Quant au passé de votre personnage, il ne vous viendra que petit à petit, par bribes. Il vous faudra être patients, beaucoup parler et voyager pour tout savoir du protagoniste que vous incarnerez, car seuls certains mots-clés, réflexions, visions ou rencontres débloqueront votre mémoire. Mais je vous vois venir, s'amusa Kingsley en regardant Hermione froncer fortement les sourcils. Ce que nous sommes est lié à notre histoire, notre passé dans la vie réelle… Alors comment pourrions-nous nous montrer honnête et fidèle envers nous-même dans ce monde-là si nous gardons tous nos souvenirs, et aucun de ce nouveau personnage ? Cela est tout simplement lié au sort. Toutes actions ou paroles d'importance ne pourront être faites ou dites qu'en fonction de votre véritable personnalité. Par exemple, vous pourrez parfaitement devenir amis avec quelqu'un que vous détestez dans notre univers, tout en sachant pertinemment de qui il s'agit. Vous pourrez avoir des réactions qui vous surprendront, ou des pensées que vous n'avez jamais eu. Vous aurez l'impression d'être étrangers à vous-mêmes mais c'est faux. Gardez bien cela en tête. Vous serez ce que vous êtes vraiment! L'étranger ne sera que celui que vous êtes en ce moment même. Ne l'oubliez jamais pendant l'année qui va suivre. »

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Pour Charlie, découvrir un nouveau monde était exaltant ! Lui qui adorait la faune et la flore était surexcité à l'idée de parcourir des paysages inconnus et d'analyser des espèces qui ne pourraient jamais exister dans leur réalité. Tout un univers s'ouvrait à lui ! Des études en perspectives, des recherches à faire, des spécialistes à rencontrer ! Surtout les dragons des contes ! Étaient-ils similaires à ceux qu'il connaissait déjà, ou se montreraient-ils totalement différents ? Peut-être un peu des deux. Cela devait dépendre à quoi, ou plutôt à "qui" il aurait à faire…

Il regarda pensivement le Ministre, réfléchissant à ses dernières paroles et aux implications qu'une telle aventure pourrait engendrer. Se mettre soudainement à apprécier ou détester des gens, à l'inverse de leurs habitudes, allait en perturber plus d'un. Et dans un sens, ce n'était pas plus mal.

Mais ce qui l'intéressait le plus n'était pas de faire de nouvelles connaissances, mais plutôt de percer enfin les mystères de ses plus proches. C'était une levée de voile forcée que proposait le gouvernement, et puisque lui n'avait rien de particulier à cacher, il était extrêmement impatient de percevoir la face cachée de sa famille et ses amis.

Le dragonologiste se permit un sourire narquois en observant Harry, un peu plus loin sur sa gauche. Certes, ce garçon n'était pas le seul à se voiler la face sur de très nombreux sujets, mais il était celui qui en générait le plus d'incidences, qu'il le veuille ou non. La presse "people" faisait chou gras de la moindre action du "Sauveur", et toute la population sorcière y allait de son opinion sur le sujet, même si elle n'avait pas son mot à dire sur la façon dont il vivait. Résultat : il n'osait plus faire un pas sans réfléchir pendant des heures aux conséquences, ou demander conseils à Hermione.

Sincèrement, cette expérience allait être une libération pour ce jeune homme à peine sorti de l'adolescence. Et Charlie se dit qu'il aimerait bien rencontrer celui qui aurait pu devenir son beau-frère, tel qu'il était réellement. Cela allait être très instructif.

Oui. L'idée du Ministère lui plaisait beaucoup.

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« Un autre point, que j'aurais dû aborder dès le début : il est impossible de mourir dans ce monde, affirma-t-il, entraînant une vague de soupirs de soulagement à travers la Grande Salle. Si un traumatisme quelconque venait à vous toucher, un système de sécurité a été mis en place pour vous réveiller instantanément, effaçant les dernières secondes de votre mémoire afin d'éviter de potentielles séquelles. Je l'ai testé moi-même, je peux donc vous assurer qu'il fonctionne parfaitement. De même, à la fin de l'année passée dans cet autre univers, nous reviendrons tous ici-même. Et encore une fois, si un an se déroule dans le Royaume des Contes et Légendes, il ne se sera pas passé plus de quelques secondes dans notre réalité. N'ayez donc aucune crainte au sujet des événements pouvant ou non se dérouler dans la vraie vie durant notre absence. Nous manquions de temps. Ce sortilège nous en donne. »

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Marcus Flint grognait. Il n'était pas revenu d'Allemagne en express pour ça, tout de même ?! Il avait été contraint de rater un entraînement de son équipe de Quidditch juste avant un match très important… pour des contes de fée ?! C'était une blague ?!

Il avait quitté l'Angleterre lorsque le Lord Noir avait pris le pouvoir, préférant de loin faire des passes avec un Souafle plutôt que se battre… dans il ne savait quel camp. La proposition de rejoindre les Busards de Heidelberg était tombée à pic, et il s'était jeté sur cette opportunité en entraînant toute sa famille. Loin de la Guerre. Loin des combats, de la mort et de la souffrance. Alors il ne comprenait pas pourquoi le Ministre avait tant insisté pour qu'il revienne, allant même jusqu'à faire pression sur son entraîneur et le Chancelier Allemand.

Certes, il avait été heureux de revoir plusieurs visages amicaux. Même son ennemi d'école, Olivier Dubois, avec qui il avait pu discuter amicalement quelques minutes avant le début du discours. Lui aussi avait fui en intégrant une équipe étrangère : les Tapesouafles de Quiberon, en France. Et lui non plus ne comprenait pas ce qu'il faisait là. L'un comme l'autre n'avaient aucune influence sur la société sorcière d'Angleterre. Alors pourquoi ?

Agacé, il échangea un regard avec Olivier, à sa droite. Celui-ci soupira en lui tapotant l'épaule, dépité. Et il comprit : ils n'allaient pas pouvoir y échapper.

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« J'ai une question, cria Theo d'un ton agressif, faisant se retourner tous les regards vers lui. En quoi aller dans le monde des Contes et Légendes règlera le problème auquel nous sommes confrontés ? Vous voulez quoi au juste ? Reconnaître qui sont les vrais méchants et les vrais gentils ? Parce que les contes de fée ne sont faits que de ça, finalement. Dans la réalité, rien n'est tout noir ou tout blanc. Cela ne fera qu'aggraver la situation, vous ne pensez pas ? Nous mettre tous dans des cases sans aucune échappatoire possible !

- Vous pensez être un "méchant", monsieur Nott ? demanda la Directrice de Poudlard.

- Bien sûr que non !

- Alors de quoi avez-vous peur ? De savoir qui vous êtes réellement ? Ce sort est infaillible, ce n'est pas nous qui décidons de qui sera qui. C'est votre inconscient et votre personnalité. Nous serons plusieurs à le lancer, et la moindre manipulation est impossible avec une telle formule. De plus, vous allez être surpris de découvrir toutes les nuances qui définissent le caractère de chaque personnage de contes. "Robin des Bois" n'est pas uniquement un héros, il est avant tout un voleur. Chaque protagoniste, même "méchant", possède ses propres motivations. Parfois bonnes, parfois mauvaises… Et suivant ce que vous êtes et comment votre vous profond décide d'agir, vous ne serez pas nécessairement un "méchant", même si vous en représentez un. C'est très compliqué… Sans compter que leur histoire de base n'a jamais été confrontée à celle des autres. Aucun d'entre nous ne peut prévoir ce qu'il va réellement se produire. Par exemple, si vous incarnez un "prince charmant", il est à prévoir que votre princesse ne sera pas forcément celle qui vous est normalement associée. Comme Aurore ne sera pas obligatoirement amoureuse de Philippe, ou Cendrillon ne se mariera peut-être pas avec Henri. L'ennemi de Blanche-neige ne sera pas automatiquement la reine Grimhilde, ou le Loup, celui du Petit Chaperon Rouge. Tout sera imprévisible. »

Harry avait eu la même pensée que Zabini. Mais en réalité, il angoissait. Il était devenu un "Survivant", un "héros", uniquement grâce à une prophétie, en étant la marionnette d'un vieil homme qui avait tout prévu à sa place, et en tuant un homme… Qu'est-ce que cela faisait réellement de lui ? Il avait peur de se retrouver dans la peau d'un "méchant" tel Hadès ou Scar, ou n'importe quel autre dessin animé moldu qu'il avait pu voir un jour. Il n'était pas prêt à faire face à une si cruelle réalité. Et il aurait tellement honte de croiser ses amis dans la peau d'un tel personnage ! Surtout Malfoy… À n'en pas douter, le blond gagnerait une gigantesque panoplie d'insultes en tous genres s'il le voyait dans cet autre monde… Non, Harry n'était pas prêt.

Au fond de la Grande Salle, Draco n'avait pas de réflexions plus plaisantes. Il grinçait les dents de contrariété, épuisé à l'avance de ce qu'allait être cette année pour lui : un cauchemar. En tant qu'ancien Mangemort et fils de Mangemort, même si cela était contre sa volonté, il n'avait aucun doute sur la nature du protagoniste qu'il allait devoir interpréter. Et il était fatigué de jouer au méchant. Son seul espoir était d'être un cruel sorcier lambda, seul en haut d'une tour noire, pour profiter d'une année en solitaire et au calme. Il n'allait certainement pas chercher la confrontation avec les "gentils" ! Par pitié, il souhaitait seulement qu'on le laisse tranquille ! Profiter juste de quelques moments de paix… et enfin pouvoir dormir.

Le silence s'éternisait et se faisait de plus en plus pesant. Dans les yeux des auditeurs, des milliers d'émotions et interrogations se succédaient à une vitesse folle. Mais personne n'osait plus élever la voix. Tout se mélangeait dans leur esprit, et la question qui taraudait tout le monde était "qui vais-je être ?". Ou plus exactement, "qui suis-je ?". Lancinante, obsédante, elle traçait un chemin brûlant dans toutes les têtes, réduisant les certitudes en cendres pour ne laisser plus que doutes et angoisses. Aucun ne pourrait plus se cacher derrière un masque. Ils allaient être mis à nu… D'un seul coup. Aux yeux de tous. À leurs propres yeux également. Sans aucune préparation, ni aucun moyen d'y échapper… Et cette réalisation émergeant lentement des consciences fût la plus terrifiante de toutes.

Finalement, le moment était venu… Le Ministre demanda une dernière fois si son public était prêt. Et face au silence, il esquissa un geste de la main vers un Auror devant la porte. Plusieurs Langues-de-Plomb entrèrent. Ceux-ci se placèrent le long des murs, entourant la foule de plus en plus nerveuse, et se prirent par la main. Et ensemble, ils se mirent à murmurer l'incantation…

Le sol s'illumina au bout de trois secondes… Un vent léger sembla sortir des dalles en pierre… Le ciel magique devint blanc… Sa lumière s'intensifia petit à petit, jusqu'à devenir si puissante qu'ils durent tous détourner le regard. Ils furent obligés de fermer les yeux, agrippant leurs voisins comme pour se protéger… Leurs cœurs se soulevaient. Leurs tripes se brouillaient…

Tout à coup, leurs pieds quittèrent le sol… sans pour autant le quitter. C'était une sensation étrange, comme s'ils se divisaient en deux… Et ils eurent l'impression de voyager à très grande vitesse, un peu comme un transplanage, sans pour autant avoir la sensation de se compresser. Et pourtant, ils se croyaient aussi demeurer à Poudlard, debout sur les dalles de la Grande Salle… Et ils se sentirent tomber… et s'écrouler. S'évanouir sur la pierre froide comme s'ils n'avaient plus de force. La conscience de leur corps allongés s'éloignait au fur et à mesure que leur double voyageait à toute allure. Elle s'étirait jusqu'à ce qu'ils ne le sentent même plus… Puis, une chute brutale. Leur double s'écroula sur le sol…

Piégés dans l'univers des Contes et Légendes…

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NOTES DE L'AUTEUR

Bon bah….. oui, je sais…. ça fait des SIECLES ! Certains qui me connaissent vont probablement râler que je publie une nouvelle histoire au lieu de continuer les précédentes… puisque j'ai jamais rien bouclé… Et je sais que c'est frustrant… Pardon… C'est pas sérieux de ma part. Mais vous savez que je suis loin d'être une personne sérieuse ^^'...

Et pardon pour cette si longue absence ! Je pourrais dire "c'est la vie qui m'a trop occupée", mais ce serait mentir : en 5 ANS (je crois), on peut quand même trouver quelques minutes pour écrire !... Oui mais voilà… Je suis une personne TROP entière, TROP longue, TROP perfectionniste, TROP versatile… Quand je fais quelque chose, je ne fais QUE ça ! Et quand j'arrête, je mets des PLOMBES à reprendre… genre 5 ans. Mais ça m'arrive de revenir à mes anciens amours, comme vous pouvez le voir.

Et il y a quelques mois, j'ai tout relu ! Et franchement, j'ai parfois eu l'impression de lire quelqu'un d'autre (en bien comme en mal).

Petit bilan de mes fics WIP :

- "Le Justicier" = ma FAVORITE (avec celle que je suis en train d'écrire). Lorsque je l'ai relu, je me suis HYPE toute seule ! Vraiment, ce sera la première à être reprise dans le futur, je l'aime beaucoup trop. Même si il y a encore beaucoup de points où je ne sais pas encore quoi faire, elle fait partie de ces textes dont je peux fièrement dire "c'est MOI" sans en avoir honte…. même si certains détails, un peu, mais c'est anecdotique.

- "Semi-Divinité" = celle-ci, en la relisant, m'a tiré une larme. Mais elle à beaucoup de GROS points noirs… comme les premiers chapitres (sérieusement, le coup de l'installation de Draco dans son appart est TELLEMENT chiant !...) et le dernier (le comportement de Draco est pas du tout logique pour la moi de maintenant…). Ce sera la seconde à être reprise. Mais elle aura besoin d'un très sérieux lavage et remise à neuf ! Ça va me prendre beaucoup de temps…

- "We Were Born This Way" = alors… cette fic est, à la base, issue d'un gros DELIRE que j'ai eu avec moi-même… Hors, je ne partage plus ce délire du tout ! Sérieusement, imaginer Draco chantant et se trémoussant à la "Lady Gaga" est devenu impossible ! J'en aurais presque honte. Et je l'avoue, je peux même le dire après avoir essayé par le passé : je n'aime pas les song fic. Soit ça oblige le lecteur à écouter la chanson en même temps, soit ça casse tout… Non, j'aime pas. J'abandonne cette fic !

- "Les Iris et les Sentiments" = en plus de toujours avoir trouvé ce titre pourri, je ne sais pas du tout quoi raconter avec elle… Il n'y a ni but, ni morale, ni rien ! Elle est vide pour moi, même si elle a beaucoup plu. Je le regrette, mais si quelqu'un la veut, je la donne. J'abandonne cette fic… désolée.

Dans la vie, faut faire des choix…

Parlons maintenant de Once Upon !

En Octobre 2023, 5 ans (je crois) après ma dernière venue ici, alors que je bossais et glandouillais parce qu'il n'y avait pas assez de taf pour tenir la journée (ce qui à vite changé après, mais c'est une autre histoire), je me suis remise à lire les fanfic que j'ai aimé sur ce site… et puis mes propres fanfics ! Et je me suis HYPE toute seule.

J'allais reprendre "Le Justicier" que j'ai adoré relire, quand j'ai eu le MALHEUR de lire une fic que j'avais commencé en parallèle : Once Upon A Time !

Et là, c'était FINI ! Le concept est un grand classique, mais confère des ressources INÉPUISABLES ! On peut faire tellement sur ce sujet, et ne jamais écrire la même chose, c'en est indécent ! Et j'avais doucement commencé à forger quelque chose… et j'ai revu ce quelque chose. Et vraiment, le potentiel est ÉNORME ! Tellement que j'espère ne pas me vautrer ! Pour le moment, je suis vraiment TRÈS contente de ce que j'ai fait.

Il y a de l'aventure, de la manipulation, des surprises partout, des retournements de situations, du comique, du triste, etc.

Et surtout : ça part dans tous les sens ! Les personnages s'entrecroisent, les contes se mélangent, je fais un avec plusieurs et plusieurs avec un… Parfois, il me vient des idées que je glousse toute seule. Je l'annonce à mon conjoint qui n'a rien lu et il me répond "c'est bien, c'est bien…". Et moi je ricane comme une débile. Parce que l'idée est folle et je suis fière de moi. Haha ! Stupide, mais tellement stimulant !

Je passe des heures à chercher des contes, en re-découvrant certains ou en apprenant l'existence d'autres, en retraçant les origines ou en compulsant les morales… (en passant, les chevaliers de la table ronde est un GROS BORDEL ! même si je le savais, c'est encore pire que ce que je croyais, et pourtant j'en ai lu plusieurs… et encore en passant, lorsque j'ai lu il y a plusieurs années certains romans de Chrétien de Troyes, découvrir ce qu'était vraiment l'amour courtois a définitivement tué mes illusions sur la chevalerie…). J'ai pris un gros checker, j'ai mélangé tout ça avec Harry Potter, et je vous présente ce que ça donne !

Bilan :

- 200 pages écrites à ce jour. Sur un googleDoc, en Times New Roman, taille 11 = je ne me fous pas de vous !

- il y a entre 10-15 pages par chapitres, voire 40 pages pour d'autres (le chapitre 7…)

- il existe actuellement 7 chapitres. J'en prévois MOULT !

- 1 chapitre = 1 "conte" dont il porte le titre (bon, certains ne sont PAS des contes, mais des histoires célèbres… Vous verrez)

- Les premières publications seront peut-être rapides, mais à partir d'un certain moment (après le chapitre 7, probablement), il va vous falloir attendre plus longtemps avant d'avoir la suite… Parce que bon, écrire 40 pages, ça ne se fait pas en trois jours. Surtout que je relis 10 fois… et je trouve encore des coquilles… c'est assez frustrant… Mais c'est pas grave, vous allez avoir BEAUCOUP de lectures avec mes 200 pages !

Cette intro est longue, mais elle est nécessaire pour apprendre pourquoi ils lancent le sortilège (même si l'argument est un peu bancal, je vous l'accorde) / elle permet de voir la personnalité des personnages et à peu près ce qu'il s'est passé durant ces dix dernières années, même si on y revient de temps en temps / et il est PRIMORDIAL que les personnages de HP ne se souviennent que petit à petit de l'histoire de leur protagoniste, et qu'ils se connaissent dans le vrai monde avant ! Sinon, l'intrigue ne fonctionnerait pas.

C'est à la fois pratique pour moi, qui peut ainsi implanter des nouvelles idées sans avoir à revenir en arrière pour la rendre plus crédible, et à la fois sympa de faire que les perso réagissent comme le lecteur en se découvrant. Je ne vais pas vous donner d'exemple, vous comprendrez en lisant

Dernier point : je suis sur Wattpad ! (même pseudo)

Par contre, je ne comprends RIEN au système… J'ai déjà publié cette histoire dessus pour expérimenter, mais personne n'à OUVERT le document pour commencer à lire… Je sais pas comment rendre tout ça plus lisible… Encore, si on lisait mais qu'on aimait pas, je pourrais comprendre. Mais là, si personne ne l'à même ouvert, c'est que personne ne le voit…

Alors si vous faites un tour sur le site, venez me voir s'il vous plaît ! Aidez-moi à avoir plus de lisibilité ! Ça m'aiderait beaucoup… Si vous m'aimez bien :D

Voilà, je crois que j'ai fini pour le moment… J'espère que cette histoire va vous plaire autant que moi. Comme d'hab', j'ai peut-être un peu de mal avec mes débuts, mais j'essaie de les soigner autant que possible. La suite est mieux à mon avis. Vous me direz !

J'ai HÂTE de vous lire ! HÂTE de savoir si vous aimez ou non ! HÂTE de savoir vos réactions !

À très vite !

Ashu