La nouvelle de l'union définitive entre Anbei Furen et le Seigneur Anbei avait vitement fait le tour de la Capitale, un peu moins celui du Domaine au complet.
Sans la moindre surprise, les premiers cadeaux avaient commencé à rejoindre le Domaine Intérieur environ deux semaines après le début des rumeurs. Chaque seigneur régional voulait prêter allégeance et respect au nouvel homme fort du Domaine. En cas d'affrontement avec le Seigneur Anbei, peut-être qu'avoir le soutien de Anbei Furen pourrait leur sauver la vie.
Boya avait conscience des cadeaux qui arrivaient mais n'en avaient pas vraiment cure. Luo Lin s'occupait de les classer et de les ranger. Lui avait bien assez à faire entre ses différents apprentissages (Kuang HuaShi était revenu à la charge avec vengeance pour faire de lui l'Harmoniste qu'il savait pouvoir être), ses devoirs de Furen envers le Domaine et la Capitale, sa petite armée personnelle à gérer (même si Xie Weizhe s'en occupait déjà très bien), son propre entrainement aux armes (Weilan le poussait comme jamais personne avant ne l'avait poussé) et ce qu'on attendait en prime de lui, à savoir produire des rejetons. Qu'il les porte lui-même ou les colle dans le bide de son renard n'était qu'un détail.
L'anticipation populaire à la naissance tant attendu d'un ou d'une héritière pour le Domaine était harassant autant qu'embarrassant.
Quand Boya se promenait en ville, il n'avait presque plus besoin de ses sens de cultivateurs pour entendre les murmures autour de lui. Ce n'était pas méchant. Pas encore. Mais tous se demandaient quand il ferait son devoir. Boya avait régulièrement envie de leur aboyer dessus. Il faisait de son mieux mais rien ne pouvait être forcé. Dieux, il n'était même pas encore assez intime avec QingMing pour qu'ils aient même pu tenter de faire des bébés. L'un comme l'autre avait envie de prendre leur temps maintenant qu'ils étaient ensemble avec certitude.
"- Mon poussin ?"
"- Pardon Zhuque. Je suis juste un peu irrité par les attentes des gens."
"- Ces gens attendent depuis bien longtemps d'avoir un petit prince ou une petite princesse a gâter."
"- ils ont déjà une Furen, c'est déjà pas si mal." Marmotta Boya avant de sourire à un vendeur de bao auquel il acheta de quoi nourrir tout le petit groupe de soldats qui l'accompagnait dans sa tournée hebdomadaire de la Capitale.
"- Les gens sont toujours avides d'avoir plus qu'ils n'ont. Tu leur appartient maintenant. Alors ils en veulent encore plus."
Boya ne pouvait donner tort à son shishen malheureusement. C'était même en partie pour ça que Boya faisait cette tournée dans la ville. Il avait un peu intimidé les habitants au départ maintenant qu'il était officiellement marié à QingMing et plus simplement considéré comme une épouse volée comme le faisaient si souvent les renards.
Très vite pourtant, on était venu vers lui. On s'était ouvert à lui des difficultés de la vie ordinaire des gens simples. Il était certes l'épouse du Seigneur Anbei, mais il était aussi un cultivateur pragmatique qui avait le secours des autres chevillé au corps. Avant, il servait les habitants de la Capitale de l'Empire. Maintenant, il servait les habitants de la Capitale Démoniaque du Nord.
C'était similaire.
Les récompenses étaient autrement plus intéressantes dans le Nord.
Même si la population était à 85% une population de démons, 10% d'esprits et 5% d'humains, ils étaient plus reconnaissants pour ce qu'il faisait pour eux que tous les humains qu'il avait pu sauver et protéger jusque-là. Son secours et son aide n'était pas dût.
La seule chose que Boya avait encore du mal à intégrer était qu'il ne pouvait empêcher les démons d'être des démons. La violence était malgré tout le cœur de leur existence. Boya ne pouvait rien faire contre les meurtres en pleine rue, les bagarres et le vols. La seule chose qu'il pouvait vraiment faire était de s'occuper des victimes collatérales et de cogner les coupables prit sur le fait. Il avait toujours du mal à punir quelqu'un pour s'être fait attraper et non pour un acte répréhensible mais… C'étaient des démons.
Petit à petit, il commençait à le comprendre. Comme il commençait à comprendre l'attrait de QingMing pour le rendre fou.
C'était un pan entier du renard démon qu'il n'avait pas anticipé que Boya découvrait depuis quelques semaines. QingMing prenait un malin plaisir à tout faire pour le mettre en colère.
Boya avait été dubitatif au début. Essayait-il de le chasser ? De voir jusqu'où il pouvait aller trop loin ? A chaque fois que Boya avait tenté de garder son calme, QingMing avait poussé plus loin jusqu'à ce que le chasseur explose et lui hurle dessus. Ca n'avait qu'à peine calmé le renard qui était revenu à la charge. Ce n'est qu'après avoir réussi à faire sortir assez Boya de ses gonds pour qu'il le rosse physiquement que QingMing avait été satisfait.
Son QingMing aimait-il qu'il lui tape dessus ? Boya n'y croyais pas. Il connaissait ce genre de jeu même s'il n'avait jamais pratiqué. Non, le renard voulait quelque chose de lui et Boya n'arrivait pas à comprendre de quoi il s'agissait, à son grand regret. Et c'était bien le RENARD qui était demandeur de quelque chose. Pas QingMing.
"- Tu pourrais aussi lui demander."
"- C'est quelque chose que je dois comprendre seul." Soupira Boya.
Si tant est que QingMing le sache lui-même ce dont Boya doutait. Le Seigneur Anbei lui semblait parfois un peu déphasé par ses propres instincts animaux. Sans doute à cause de son rôle autant que de son âge qui l'avaient forcés à se socialiser bien plus que les renards démon ne l'étaient en général.
De plus, Boya n'avait aucune envie que quelqu'un vienne voir dans leur chambre ce qui s'y passait. Ou qu'il ne s'y passait pas encore justement. A moins que la réponse soit justement là. Il ne savait quasi rien de la biologie et des instincts des renards.
"- Xie Weizhe."
"- Anbei Furen ?" Le lieutenant avait pris du galon grâce à son amitié pour Boya mais méritait grandement sa place. Il était le Premier Général de Boya après tout même s'il se comportait encore comme un lieutenant.
"- Sais-tu s'il y aurait une guérisseuse renard dans la Capitale ? Ou une Ancienne ?"
Le militaire y réfléchit un moment.
"- Aucune idée. Mais nous pouvons faire le tour des dispensaires."
Boya hocha la tête.
"- Luo Lin"
"- Anbei Furen."
"- Vérifie s'il existe quelque part un index de tous les guérisseurs de la ville avec leur spécialités et leur lieu d'activité. Prépare la même chose pour les apothicaires, les acuponcteurs… Toutes les professions médicales. Nous devrions avoir une vue complète des capacités sanitaires de la ville. Je suis sûr que dans le lot il doit y avoir quelques charlatans. Comment sont délivré les concessions pour les médecins ?"
"- …Les quoi ?"
"- Comment un guérisseur peut-il se proclamer guérisseur pour exercer ? il y a un examen ? Quelque chose ?"
"- et bien… pas à ma connaissance ?"
"- Renseigne toi."
S'il y avait bien une chose de pratique dans l'Empire, c'était la fonction publique. Les éléments clés de la vie des gens étaient chapotés par des examens qui donnait droit d'exercer. Peu importait qu'un menuisier soit incompétent. Au pire, il perdrait toute clientèle et ça n'irait pas plus loin. Si un guérisseur était incompétent par contre, il risquait de tuer des gens. On ne pouvait le tolérer.
Boya allait proposer à QingMing de réformer les professions médicales pour s'assurer de leurs compétences.
Toutefois, ça ne réglait pas son problème néanmoins.
"- Si tu me trouves un guérisseuse renard, qu'elle me soit envoyé dans mon bureau. Je dois m'entretenir avec elle."
Son majordome s'inclina sommairement.
"- Bien Anbei Furen."
Boya repris sa ballade au milieu de la population. Les gens de QingMing étaient heureux de sa présence, comme il était heureux d'être là pour eux. Lui, le chasseur de démon, jouissait du calme de sa fonction de protecteur des habitants de la Capitale de son renard d'époux.
En attendant, il avait une autre idée qu'il voulait mettre en place. Celle-là serait une épine dans le pied de JingYun. C'était même pour cela qu'il voulait qu'elle soit implémentée au plus vite. Il allait leur voler tout ce qui leur permettait encore de tenir debout. Une fois que JingYun serait à terre, il demanderait peut-être à QingMing de faire le ménage pour lui. Boya n'avait jamais vraiment eut l'occasion de voir son mari se comporter en démon sanguinaire. L'idée lui donnait… très faim.
Le frisson qui lui remonta dans le dos autant que la bouffée de phéromones qu'il laissa échapper firent lever les yeux au ciel de ses suivant. Haaaa les jeunes mariés. Incapables de s'éloigner les uns des autres plus de quelques heures.
He Shouyue avait reçu la lettre de sa mère avec émotion autant que surprise.
C'était la première lettre qu'il recevait d'elle depuis qu'il était à JingYun.
Si la secte continuait à s'autodétruire avec enthousiasme, He Shouyue commençait à se lasser de leur chaos permanent.
Pendant quelques temps, il avait vraiment cru qu'il pourrait y faire sa vie. Maintenant qu'il avait retrouvé l'accès à ses pouvoirs autant qu'à son shishen, le chaos ambiant l'épuisait.
Recroquevillé sur son petit lit et sous une couverture a peine suffisante pour lui tenir chaud, He Shouyue déplia enfin le courrier.
De grosses larmes lui montèrent aux yeux.
Il manquait à sa maman.
Malgré sa colère contre ses parents, contre son père surtout, ils lui manquaient affreusement.
La lettre était plus légère qu'il ne l'aurait pensé. Il manquait à sa maman et il espérait que lorsqu'il aurait payé sa dette, il voudrait rentrer à la maison. La délicatesse de la proposition le toucha. Fangyue ne lui imposait rien. Elle voulait juste qu'il sache qu'il était un adulte et que la suite de sa vie ne dépendait que de lui. Mais s'il voulait revenir à la secte qui l'avait vu naitre, elle l'accueillerait toujours les bras grands ouverts.
"- Tu veux rentrer à la maison ?"
"- Je n'en sais rien." Soupira le jeune homme. D'un côté il en mourrait d'envie. De l'autre, il avait peur de retomber dans ses travers qui l'avaient amené là. "De toute façon, je ne peux rien faire tant que ma dette n'est pas payée." A tuer des gens, il avait fait des sous. Plus qu'il n'aurait pu espérer. "Et surtout… il reste Boya."
"- Tu ne lui dois rien !"
"- Je lui dois tout au contraire." Coupa He Shouyue.
Son shishen lui jeta un regard en coin. Cette moitié de lui qui lui avait été arrachée avait appris lentement à réfléchir et non plus seulement à ressentir et se nourrir. C'était à cause de ça aussi que le serpent était maintenant capable de répondre à cette partie bipède de lui-même.
"- Tu l'aimes bien."
He Shouyue rougit doucement. A son corps défendant, après l'avoir hait de toutes ses forces, il s'était attaché à Boya. L'avoir trahis l'avait déstabilisé. Puis l'avait écœuré avant de réellement le mettre en colère contre lui-même.
He Shouyue avait un besoin physique de pouvoir lui parler et lui demander pardon de vive voix. Si les choses avaient été différentes. Si lui-même avait été différent… Ho comme il regrettait.
On frappa soudain brutalement a la porte de sa chambre.
"- HE SHOUYUE ! SORT DE LA !"
Le jeune homme sauta de son lit après avoir reconnu la voix d'un des élèves de Tànli.
"- Qu'est ce qui se passe ?"
"- Tànli Shifu nous attends dans son bureau. Dépêche toi."
He Shouyue aurait voulu en savoir plus mais ne chercha même pas à poser question. Il sauta dans ses chaussures pour galoper à la suite de son ainé qui avait encore quelques arrêts à faire pour prévenir tout leur petit clan.
Lorsqu'ils rejoignirent enfin les autres, il ne manquait que les plus jeunes shidi qu'on avait laissé en paix dans leurs classes.
He Shouyue se glissa dans un coin, près de deux autres juniors de son âge. Au Yin Yang, il était considéré comme un Sénior. Ici….
"- Je sors d'une réunion avec les anciens." Le grognement général le fit sourire. "Ne vous plaignez pas, il n'en reste pas tant que ça et c'est moi qui les gère. Bref. Pour une fois la réunion ne concernait pas Boya." Ça en devenait même ridicule à quel point le chef de secte était obnubilé par le jeune homme. "Mais il semblerait que quelqu'un tente de fonder une secte directement à l'intérieur de la Capitale."
La nouvelle laissa un blanc. Comment ça une secte dans la Capitale ? Et avec l'autorisation de qui ?
Tànli leva les mains pour ramener le calme.
"- C'est l'analyse de notre cher chef de secte. Je suis plus prudent dans la mienne."
Une certaine excitation se faisait sentir parmi le petit groupe. Une nouvelle secte ? Ils étaient tous curieux comme tout.
"- Ne nous faites pas languir !"
"- Pour l'instant, il s'agit juste d'un orphelinat qui récupère tous les enfants qu'ils trouvent." Ce qui empêchait JingYun de les récupérer à leur place. Pire, le nouvel orphelinat ciblait principalement les enfants avec du potentiel.
"- Ça pourrait juste être une méthode pour affaiblir JingYun." Contra un des maitres.
Sans chair fraiche à sacrifier, le temple s'écroulerait rapidement, il fallait être réaliste. Ils avaient une consommation assez ignoble de jeunes enfants.
"- C'est ce que je pense aussi. " Confirma Tànli. "Je doute qu'ils soient confiés à une autre secte. Juste retirés de la rue pour qu'ils ne nous parviennent pas."
Un reniflement écœuré se fit entendre.
"- Pfff. Donc il faudra en acheter ailleurs. Ce qui veut dire que les prochains seront encore davantage criblés de dette et qu'ils n'auront aucune chance de s'en libérer un jour."
"- Je doute que ceux qui cherchent à nous retirer nos shidi pensent à cela. Ou s'ils y pensent, ce n'est pas un problème pour eux."
Les plus jeunes du clan étaient désolés de la chose. Les plus jeunes avaient moins de dix ans mais peinaient déjà à ne pas dépenser trop pour ne pas creuser trop leur propre dette. Même en faisant partie d'un clan qui prenait en charge le minimum, c'était compliqué.
Le petit groupe faisait grise-mine.
"- Qu'est-ce qu'on fait ?"
"- Pour l'instant, on se renseigne sur la raison réelle de cet orphelinat. Si ca se trouve, c'est juste un riche noble qui a envie de se refaire une virginité dans l'opinion publique." Parfois, les raisons les plus simples étaient les meilleures. "Ou une fille préférée qui veut se faire une réputation pour se trouver un mari." Les raisons pouvaient être nombreuses."
"- Quel que soit la cause, la conséquence est la même." Soupira Tanli. "Ce que je craint, c'est que notre vénéré chef décide de négocier le probleme par le feu et de récupérer la trentaine de gosses que l'orphelinat a déjà prit sous son aile."
Il se tut et attendit les propositions.
"- … On organise une surveillance ?"
L'idée plut a tout le monde.
"- Et si quelqu'un essaye de cramer le batiment, on intervient."
tanli approuva.
"- Organisez-vous comme vous voulez. He Shouyue. Tu participeras aussi a la surveillance." On l'incluait de plus en plus dans tout. "Il est plus que temps que tu prennes completement ta place dans notre petit clan."
On lui donna quelques tapes viriles sur l'épaule. Il les accepta pour ce qu'elles étaient, a la fois fier et désabusé. Il avait bien tué, il était récompensé. Il y avait de quoi être heureux, non ? Sa mère allait avoir tellement honte de ses actes… Quant à son père… Comme a chaque fois qu'il pensait à Zhong Xing, une certaine colère lui remontait dans la gorge. Il lui en voulait toujours tellement….
Son shishen serra doucement sa queue sur son poignet pour le sortir de sa fureur.
"- Ils t'attendent. Tu dois aller te préparer."
He Shouyue eut un curieuse impression en suivant le même chemin que Boya avait du emprunter des centaines de fois pour aller se préparer avant une mission. Il était vraiment son frère maintenant; Et ca le perturbait encore grandement.
La vie du Domaine Intérieur avait été quelque peu troublée pendant les premiers jours. A présent qu'ils avaient une vraie Furen déterminé à faire son travail, il avait fallu que chacun s'adapte au nouveau fonctionnement que son arrivée avait causé.
Une bonne partie des questions qui arrivaient sur le bureau de QingMing jusque-là trouvaient maintenant leur point de chute sur celui de Boya qui avait très vite exprimé sa déception de devoir s'enfermer loin de son mari pendant des heures pour gérer cette petite Némésis quotidienne qu'était la gestion de la Capitale. Son regret n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde puisque la Maison elle-même avait conspiré avec MiChong pour réinstaller le bureau de QingMing. Lorsque le renard avait voulu s'y réinstaller le lendemain, la grande pièce avait été élargie de partout, des portes coulissantes étaient apparues pour isoler quelques espaces les uns des autres au besoin, mais surtout, le bureau de Boya s'était retrouvé près de celui de son renard. Le couple pouvait travailler ensemble dans la paix et l'harmonie quand ils le voulaient. Ou se lancer des piques et du vitriol à longueur de journée pour finir par se tripoter sur le sol sous le regard maintenant blasé des gardes qui avaient rapidement appris à regarder dehors lorsque les queues de leur Seigneur commençaient à s'ouvrir comme un éventail. Ils n'avaient rien contre les débauches d'affection mais il ne fallait pas abuser non plus. Ils étaient heureux pour leur Seigneur bien sûr mais… Ils n'étaient pas là pour leur tenir la chandelle pendant qu'ils tentaient de faire des bébés. Enfin, s'ils s'y mettaient pour de vrai un jour. Encore une fois, ce n'était pas leurs affaires.
Toujours était-il que Boya était très occupé à rédiger un courrier de remerciement pour les édiles de la Capitale après avoir reçu de leur part un rapport détaillé sur l'état des égouts de la ville. Sujet brulant et passionnant s'il en était même si quelque peu puant.
Un énorme soupir échappa au chasseur.
"- Boya ?"
"- Si j'avais su que t'épouser me forcerait à me pencher sur l'évacuation des crottes de tes sujets, je serais partit en hurlant."
QingMing éclata d'un rire bon enfant.
"- Ha mon Boya, la vie de dirigeant n'est pas que jeux et fêtes j'en ai bien peur. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les humains s'entre massacrent si fort pour devenir Empereur."
"- Quand je vois tout ça, moi non plus." Soupira encore Boya. "je ne sais même pas quoi répondre."
QingMing quitta son propre bureau pour venir s'asseoir derrière Boya. Il l'installa entre ses jambes, passa ses bras autour de sa taille et posa sa joue sur son épaule.
"- Dis-moi ?"
"- Tu veux vraiment savoir comment se portent les détritus de ta Capitale ?"
"- C'est ma Capitale justement." Boya avait posé une main sur celle de QingMing et la caressait doucement. "Plusieurs sections dans les quartiers les plus pauvres sont écroulés en surface et en profondeur. Il y a des émanations d'odeurs et de gaz. Ce qui conduit à une augmentation des rats et des nuisibles ainsi qu'a une prolifération de maladies. Même avec les démons de pestilences qui habitent dans le coin, ils n'arrivent pas forcement à tout garder sous contrôle. Mais les réparations vont couter une fortune"
"- C'est néanmoins indispensable." Soupira QingMing.
La Capitale était ce qu'elle était. Plus on s'éloignait du Domaine Intérieur, plus la qualité globale de la vie diminuait, comme dans n'importe quelle ville finalement. Loin des lieux du pouvoir et bien… Loin des yeux, loin du cœur. Et loin du nez. Les égouts dans les zones les plus pauvres étaient juste des tranchées recouvertes de tuiles de terre et rebouchées par-dessus. Dans les zones les plus riches, c'étaient de véritables rues sous les rues. Il fallait du temps pour construire proprement, plus encore pour une ville a fort développement comme la Capitale du renard. Les démons avaient tendance a se reproduire assez vite meme si le taux de décès était aussi très élevé.
"- … Je ne suis pas architecte !"
"- personne ne te demande de l'être, mon Boya. Juste de valider le budget pour les travaux."
"- Mais c'est ridicule ! On va dépenser une fortune pour des bout de ficelle qui s'écrouleront d'ici quelques années au lieu de reconstruire proprement."
"- mais ça couterait bien plus cher."
Boya lui pinça doucement la main. Il avait bien comprit que QingMing lui donnait une leçon de gestion. Et il n'aimait pas ça. Ca lui mettait encore un peu plus le nez dans leur différence d'âge et d'expérience. Boya n'aimait pas cette impression d'être un gamin maladroit.
"- Nous ne sommes pas assez riches pour faire des économies de bout de chandelle." Contra Boya. "travaux pour travaux, je préfère qu'on dépense dix fois la somme pour avoir quelque chose de définitif plutôt qu'on doive y revenir tous les deux ans jusqu'à ce qu'on se décide a finalement faire le travail qu'il faudra de toute façon finir par faire un jour.
QingMing ne pouvait qu'être d'accord dans l'absolu.
"- Alors signe, met ton sceau dessus et lance les travaux, mon bel oiseau." Zhuque trilla doucement. " je parle de Boya, Zhuque. Mais tu es aussi un magnifique oiseau." Apaisa QingMing lorsque le dieu gardien croassa son outrage.
Boya relut une dernière fois le rapport, les différentes propositions de réparation puis les biffa toutes sauf la dernière. Cette fois, ils feraient les choses bien. Il signa le décret puis appela un messager pour qu'il soit confié au responsable de quartier et aux unités de génie de la ville.
Un énorme soupir de plus lui échappa pendant qu'il se cachait à moitié dans les bras de QingMing.
"- Qu'est ce qui ne va pas mon Boya ?"
"- Suis-je vraiment fait pour cette vie de manchon ?"
Les doigts de QingMing s'étaient glissés dans l'une des fentes stratégiquement faites dans les vêtements du chasseur par un MiChong très fière de ses bêtises et qui permettaient aux deux hommes de se tripoter relativement discrètement autant qu'ils le voulait. Un frisson remonta dans le dos de Boya jusque les doigts du renard caressèrent sa hanche. Il voulait bien donner tout le temps du monde à son mari mais il n'était pas de bois. Le désir lui brulait de plus en plus les reins a mesure que QingMing ne faisait rien pour qu'ils consomment leur union.
"- Je ne sais que te répondre, Boya. Je sais que c'est bien moins glorieux que de défendre des gens contre des méchants démons, mais…." Le renard haussa les épaules.
"- Ce n'est pas de ca dont je parle, A-Ming. C'est juste…. Je DETESTE la paperasse." Et il se forçait plusieurs heures par jour pour les passer avec son renard.
"- Boya… je ne t'ai jamais demandé de faire passer ta qualité de vie pour m'aider, tu sais."
"- Je sais. Mais comme ça au moins, je peux passer plus de temps avec toi."
"- je n'ai jamais autant travaillé que depuis que tu es là pour me forcer à m'occuper de toute cette paperasse, tu sais ?" Le ton du renard était fortement amusé.
"- QUOI ?"
QingMing eut un petit rire.
"- Tu oublies que le temps pour un humain ou un démon ne sont pas la même chose, mon Boya. Ce qui te parait urgent l'est, évidemment. Mais l'urgence pour un démon se compte en années. Pas en jours."
"- …Tu veux dire que je m'énerve là-dessus pour rien depuis des jours ?"
"- Pas pour rien. Mais disons que nous avons fait a deux plus de papiers en ces quelques semaines que tout ce que j'ai pu faire dans les trois années écoulées."
Boya se retourna brutalement dans les bras de QingMing pour le tacler au sol. Assis sur son ventre, il avait pris ses poignets dans ses mains et le toisait avec scandale. L'étincelle de fascination dans les yeux de QingMing lui aurait renvoyer une onde de plaisir dans les reins s'il l'avait vu
"- Je vais te faire mal, QingMing." Promis-il.
Les quelques du renard se figèrent lorsque Boya lui mordit durement l'épaule pour le punir. Il aurait put le lui dire avant ! La sale bete !
"- Rien que pour ca, je vais te forcer a trimer jusqu'à ce que tu pleures !" Une étincelle inquiète passa dans les yeux du seigneur démon sans que Boya ne puisse la voir. "Au moins un jour entier par semaine !" De ce que QingMing en disait ca resterait quand même plus que ce qu'il faisait jusque-là.
Le rire de QingMing lui fit encore une fois un coup au cœur. Boya embrassa fougueusement son mari une fois de plus. Un petit sourire aux lèvres, il ondula doucement du bassin contre le sien jusqu'à ce que le renard demande grâce.
"- Tu es cruel mon Boya."
"- Guère plus que toi."
"- Pouvons-nous arrêter de travailler pour aujourd'hui ?"
Boya était suspicieux.
"- Quelle idée as-tu en tete ?"
"- Un thé dans le Jardin des Fragrances avec mon très cher époux ?"
"- Que faisons-nous encore laaaaaa !"
Boya se retrouva très vite juché dans les bras de son renard. QingMing restait plus fort que lui physiquement et de loin. Il se laissa trimballer le long des couloirs sans protester, la joue sur l'épaule de son époux. Les dignitaires qu'ils croisaient s'inclinaient devant eux, habitués à présent aux excentricités du couple.
Lorsque QingMing posa Boya sur un nid de coussin dans l'un des nombreux gazebos du Jardin des Fragrances, MiChong avait déjà eut le temps d'apporter du thé.
Enfin seuls, Boya se recroquevilla une fois de plus dans les queues et les bras de son mari.
Il n'en avait pas parlé à QingMing mais il avait finalement trouvé une guérisseuse vulpine qui avait accepté de le rencontrer. Il devait la voir dans quelques jours. Il avait hate d'en savoir plus que la biologie de son renard. Il voulait lui donner ce dont il avait envie depuis des siècles.
"- Boya ?"
"- Pardon, Seigneur Anbei. Je réfléchis."
Ils étaient si heureux depuis leur mariage, Boya ferait tout pour que ca ne change jamais.
Quitte a tuer pour lui. Pour eux.
